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Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42]

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Hawthorn Feathersigh
Membre de l'Ombre
Hawthorn Feathersigh
Nombre de messages : 88
Date d'inscription : 18/07/2015
Race : Humain
Classe sociale : Aristocratie, noblesse disgracieuse
Emploi/loisirs : Écrivain ; faire discrètement disparaître des cadavres / Lire, écrire, jouir des défuntes beautés nocturnes, fréquenter les salons, jouer du violon ...
Age : 23 ans.
Age (apparence) : Milieu de la vingtaine, en soit son age propre.
Proie(s) : Les reliquats de vie, les éclats d'existence ... Cadavres exquis.
Crédit Avatar : iayetta83, Deviant Art
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MessageSujet: Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Icon_minitimeDim 30 Aoû - 0:07

L’atmosphère était étouffante. Les volutes de fumées se mêlaient aux enivrantes fragrances émanant de la peau des dames et des verres d'alcool, en un sulfureux parfum. La lumière feutrée des candélabres agissait tels d'obscurs marionnettistes, faisant danser sur les murs richement tapissés de symboles complexes des ombres languides. Il s'y confondait les timides rayons de la lune, se glissant entre les rideaux pourpres tendus aux fenêtres. Porteurs du calme argenté de la nuit, ils déchiraient silencieusement la chaleur et les bavardages qui étreignaient le Pall Mall.
Le centre de la pièce était occupé par les danseurs, se livrant à une succession de quadrilles et de valses. Le son de leurs pas, des plus maladroits aux plus gracieux, marquait le rythme de la musique s'élevant de l'orchestre. Le morceau effréné semblait ne jamais prendre fin, éternel cri languissant emportant avec lui les corps comme autant de feuilles mortes au gré d'un vent automnal.  A l'écart des couples virevoltant se tenaient quelques tables destinées au jeu et à la conversation. La plupart était inoccupées : les gentlemans ne s'y bousculaient pas ce soir. C'était une anodine veillée, perdue dans le séculaire défilé du temps. Elle ne possédait aucune saveur particulière, aussi fade et morne que la veille, autant dénuée de promesses que celle à venir. Cependant, occupant l'une des tables basses ainsi que deux fauteuils confortables, deux hommes disputaient une partie de tarot. Un petit monticule rutilant de shillings se tenait à la droite de l'un d'eux, s'élevant comme le monument à la gloire de ses consécutives victoires. Son comparse, plus jeune, ne possédait pour toute richesse que les cartes qu'il détenait en main. Depuis le commencement de la soirée, il n'avait pas fait le moindre pli. Le comte Feathersigh ne fut jamais un virtuose des jeux de cartes. Cela se ressentait ce soir, plus encore que d'ordinaire. Daignant se montrer en compagnie de ces gentlemans qui attiraient essentiellement son mépris, le jeune aristocrate avait souhaité se distraire. La présence d'Henry Fellows, un haut bourgeois respectable et amateur de jeux en tout genre, lui avait procuré une source d'amusement. L'amertume de la défaite se fait parfois plus exquise encore que le goût trop sucré de la victoire aisée. Abdiquer possédait un charme indéniable. Aussi s'étaient ils entendus sur une partie de cartes, et non d’échecs que le comte aurait été certain de remporter.
Hawthorn laissa un soupire s'échapper de ses lèvres tandis qu'il ramenait ses cartes les unes sur les autres, sous forme de paquet. Les reposant sur la table, face verso, il passa une main dans ses cheveux d'un blond blanchissant. Rabattant ainsi vers l'arrière les mèches éparses qui effleuraient ses joues, il laissa ses paupières se clore à demi le long d'un instant. Son partenaire afficha un sourire amusé, effleurant de ses doigts les favoris qui lui dévoraient élégamment les joues. Son regard, emplit de malice, dévorait quant à lui le visage aux nobles traits qu'était celui de son adversaire. Comme désireux de pénétrer ses pensées, il fixait ses pales paupières. Il avait rencontré le comte il y a présent quelques mois, dans ce même salon. Voilà plusieurs semaines qu'ils ne s'étaient retrouvés à la même table. Au plus grand regret d'Henry : bien qu'Hawthorn demeurait peu enthousiaste à chaque partie livrée, sa compagnie était des plus intéressantes. Sa conversation, sa personnalité en faisait un être extravagant. Le jeune aristocrate ouvrit de nouveau les yeux, croisant le regard du gentilhomme. Un sourire factice se dépeignit sur les lèvres d'Hawthorn, tandis que ses yeux inexpressifs luisaient de cette couleur indéfinissable dans la lumière orangée de la pièce alentour. D'ordinaire d'un vert éteint, se fondant dans son visage blême, le regard du comte revêtait à la lumière des nuances émeraudes et changeantes. Les deux perles empoisonnées qu'étaient ses yeux semblaient alors irradier d'un étrange halo, devenant aussi acide que pouvait l’être sa verve. Henry se sentit immédiatement mal à l'aise. Le feint sourire d'Hawthorn s'agrandit un peu plus tandis qu'il se délectait intérieurement de la gêne du gentleman. De ce ton indolent et apathique qui n'appartenait qu'à lui, l'écrivain prit la parole, pianotant distraitement des doigts sur la table.


-Il va être temps pour moi de me retirer …

-En êtes vous bien sur comte ? Il est à peine dix heures … Et nous n'avons disputé que quelques plis. Restez donc ! Vos apparitions en ces lieux sont si rares …

-Est ce l'avidité ou la crainte de l'ennui qui vous fait ainsi vous exprimer, Henry ?

L'homme aux élégants favoris s'était écrié, se redressant légèrement sous son siège. L'artificiel sourire de l'aristocrate avait disparu au profit d'un rictus sinistre et cynique. Du bout de sa langue, il distillait dans les veines de son comparse le poison qu'était celui de ses mots. Vaniteux, méprisant au possible.
Le gentleman ne se départit cependant en rien de son aplomb. A ce qu'il voyait comme de la franchise, il répondait avec sincérité. C'est ce trait de caractère qui éveillait l'intérêt du comte.


- Je suis au regret de vous démentir … L'entente et la révérence seules m'attachent à vous. Ce que vous perdez aux cartes, vous le regagnez avec aise aux échecs ! Restez !

- Je me dois de me dérober à vos insistances … Cet air saturé par les discussions inopportunes m'incommode, de même que les piaillements incessants de l'orchestre dont les dissonances, aussi faibles soit elles, m'indisposent. Nous reporterons à plus tard nos confrontations, si vous le voulez bien …

-Ce serait avec un plaisir non feint. Que votre soirée s’achève dans la quiétude.

-A l’égal de la votre Henry. Merci.

Hawthorn décroisa les jambes avant de se lever, laissant sur la table ses cartes dans un alignement parfait et un léger froissement au tissu du fauteuil qu'il occupait jusqu'à lors. Il tendit sa main gantée de satin noir à son partenaire encore assis, qui la prit dans la sienne et la serra légèrement. Replaçant d'un geste gracile son haut de forme sur le dessus de son crane, et alors que le ruban d'une immaculée blancheur noué autour de celui ci renvoyait un éclat de lumière, il se retira sans ajouter un mot. Obscur silence traversé d'un éclat.
Avisant plus loin un valet en livrée, l'aristocrate se dirigea vers lui d'un pas empreint de volonté tout en conservant la délicatesse qui seyait à chacune de ses manières. L'apostrophant à quelques mètres de lui, Hawthorn lui intima de lui dénicher un fiacre, et ce, au plus vite.


-Mais my Lord … Votre propre véhicule vous attend au dehors, de même que le cocher préparé par nos soins et ...

-Je vous prierai également de ne pas me faire perdre mon temps en tergiversions inutiles, ainsi que par la réitération de mon ordre . S'il vous plaît.

Le ton de l'écrivain s'était fait sentencieux, intransigeant, n’appelant à aucune réplique. Son visage et son attitude ne se défaisait cependant pas de son flegme, de ce calme et de cette éternelle retenue qui le caractérisait. Le valet s'inclina légèrement avant de s'éclipser par une sortie latérale.
Hawthorn se détourna dans l'instant, se dirigeant vers la sortie du salon. Ne prenant la peine d'exercer le moindre détour, il fendit la foule des danseurs, ces visages poudrés et pales virevoltant comme autant de colibris dont les ailes seraient arrachées. Tel un oiseau noir, ombre silencieuse dans ce ciel aux couleurs vespérales chargé de volatiles ne faisant que parader, il se glissait gracieusement entre les corps se mouvant. Son plumage n'avait pourtant rien de la splendeur enténébrée des corbeaux qu'il affectionnait tant : seuls ses gants, ainsi que la dentelle au bout de ses manches et ses bottes, arboraient la sobre couleur. Sa chemise victorienne, pourvu d'un jabot et de manches bouffantes, était d'un rouge sanglant dans la lumière orangée du salon, et ne tarderait pas à retrouver ses teintes pourpres et carmins sous la lune blafarde. Le pantalon qui recouvrait ses jambes, près du corps, était d'un gris cendré.
Quittant la piste de danse, le comte reprit son pas habituel afin de sortir des lieux. Alors que son passage près des candélabres muraux faisait vaciller les flammes, il provoquait également quelques murmures, quelques ricanements dans l'anonymat des alcôves privées. Une rumeur feutrée le suivait comme son ombre, le précédant à l'égal de ses bruits de pas. Son nom sali se glissait discrètement à l'oreille du voisin, évoquant la disgrâce de sa lignée ainsi que la honte dans laquelle le plongea le procès à l’égard de ses œuvres. D'autres susurraient leur admiration pour ses œuvres, louanges qu'ils ne proféreraient au grand jour et encore moins en public. Bien que son ouvrage empestait la putréfaction morale, exhalant la corruption et les parfums méphitiques de la décadence, certains des contemporains de l'écrivain surent saluer l'art avec lequel il composa, ainsi que le lyrisme torturé et empoisonné qui était le sien. Hawthorn soupira faiblement. Les londoniens ressassaient ils tous inlassablement les mêmes faits, jusqu'à ce qu'ils leur apparaissent aussi sclérosé que leur sens de la philanthropie ? Les philanthropes finissent par perdre toute humanité. C'est leur trait essentiel. A cette pensée, un sourire cynique se dépeignit sur les lèvres pales du jeune aristocrate.  
Il gagna enfin la porte, s'extirpant du flot de ses contemporains, et se libérant de l’écume insalubre des insanités mondaines. A ce seuil possédant tout de la berge désirée, le valet entrevu tantôt l'attendait. D'ordinaire, le long manteau vert absinthe d'Hawthorn aurait été suspendu à son bras. Cependant, les nuits se défaisait peu à peu de leur froid si attirant en cette fin avril. Aussi ne tenait il à la main qu'un simple gilet sans manches, d'un gris cendré assorti au pantalon de l'écrivain. Tandis que le valet lui tendait, accompagné de sa canne épée, l'aristocrate le salua brièvement de la tête. Il s'accordait rarement une telle manifestation de reconnaissance envers qui que ce soit, de nature outrecuidante et condescendante. Il tenait néanmoins à congratuler l'efficacité de l'employé : au bas des marches l'attendait un fiacre affrété, prêt au départ. Le jeune homme s'était acquitté de sa tache en peu de temps, n'entravant en rien le timing du comte et n'entachant pas sa patience. Cet acte seul était à ses yeux digne de remerciement.
Dévalant les marches unes à unes, Hawthorn ferma un à un les boutons d'argent de son gilet. Le gris cendré s'accordait merveilleusement au pourpre sanglant de sa chemise. Parfait esthète doté des exigences d'un dandy, le jeune homme regretta un instant de ne pas disposer de coquelicot ou de lycoris à glisser dans sa boutonnière afin de parfaire sa prestance. Retirant son haut de forme, il dénoua de la base le ruban immaculé qui y était attaché. D'un geste gracile et précis, il s'en servit pour nouer ses cheveux d'un blond diaphane, dont quelques mèches lui effleuraient la nuque. Il replaça son couvre chef en arrivant au bas des marches. S’apprêtant à monter dans le fiacre, il glissa au cocher ces simples mots.


- Cimetière de Highgate. Au plus vite.


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"Et dans les cendres s'épanouissent les miasmes de cette beauté pervertie
Que contemple, aveugle, le crane souillé de la Poésie."

"Le deuil de la Muse", Jd Hawthorn


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Hawthorn Feathersigh
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MessageSujet: Re: Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Icon_minitimeSam 13 Fév - 22:09

Manoir des Feathersigh

La silhouette vêtue de noir tenait à la main un chandelier finement ouvragé. Les flammes vacillantes découpaient dans l'obscurité son visage à la peau tirée, couvrant de reflets ses cheveux brunâtres, mi longs. Sur les murs tapissés de bleu nuit et de poussière dansaient au bruit feutré de ses pas les multiples images de son ombre, se livrant à un ballet obscur et inconstant. Un lourd silence s'était déposé sur la demeure, à l’égal des draps blanchâtres recouvrant les meubles des pièces délaissées. Le manoir semblait sans vie, vaste crypte où errait un spectre en queue de pie.
La lourde porte ne grinça pas lorsque Feril Salieri la repoussa du bout des doigts et pénétra dans le bureau de son maître. Le halo de lumière que diffusait le candélabre éclaira la pénombre, auréolant le majordome de lumière. Élégant ange drapé de noir, il accomplissait sa traditionnelle ronde nocturne au sein de cet Éden voué au silence et à l'abandon.
La solitude lui avait parfois pesé tandis qu'il établissait les comptes de la demeure, retiré dans son office au rez de chaussé. Seul domestique au manoir, son maître n'avait jamais formulé le désir de s'entourer d'un personnel plus conséquent. L'ensemble des taches lui incombaient donc, excepté l'entretien de la roseraie et du jardin intérieur qui se trouvait derrière celle ci. Lui même n'avait accès à aucun de ces deux lieux. Le jeune comte en gardait jalousement les clefs, y veillant comme une araignée conserve ses proies dans sa toile, avant de s'en repaître.  

Feril passa devant le bureau de bois verni qui était celui de l'aristocrate. Des ouvrages le parsemaient, ainsi que des centaines de pages recouvertes d'encre noire, de cette écriture fine et élégante qui était celle du maître des lieux. Hawthorn était tel un arbre décharné à l'approche du froid de l'hiver, froid qui l'enveloppe et au cœur duquel il se calfeutre avec tant de plaisir. Ces feuilles churent des ramages qu’étaient ses pensées, fragiles branches que le souffle de l'existence faisait sans cesse ployer. Hélas, la mélancolie et les tourments veinaient chaque nervure de chacune des feuilles. Le majordome avait assisté au déclin progressif de l'aristocrate, à la perte de sa jovialité et à la disparition de ses rires. Il n'était plus que cynisme, mépris, poésie torturée … La disgrâce de sa lignée fut accompagnée de celle de son âme. Le vice rongeait sa psyché comme un ver, opalin et solitaire, rongerait les chairs et les entrailles d'un cadavre. Fervent croyant comme en témoignait la croix d'argent reposant sur sa poitrine, dissimulée entre les plis de ses vêtements, Feril s'interrogeait ce soir encore, seul dans l'obscurité de la demeure si Hawthorn pourrait un jour espérer la rédemption, finirait un jour par se repentir. Cela ne le départait néanmoins pas de l'affection qu'il éprouvait envers le jeune homme, à qui il avait apporté savoir et protection de longues années durant.
Un vélin attira l'attention de l'homme tandis qu'il passait devant le bureau croulant sous les reliquats des confidences de l’écrivain. L'écriture, plus maladroite, n'était pas celle de son maître. La missive miroitait faiblement dans la pénombre à peine dissipée par le halo du candélabre. L'étoffe qui enrubannait le mot était déposé dessus, s'étalant telle une opaque traînée de pluie. Feril reconnu sans mal l’émetteur de la missive : alors qu'il était employé par le père d'Hawthorn, il eu à maintes reprises l'occasion de correspondre avec Casper Deedcraft.
Un sourire fendit son visage noyé par l'obscurité.



† † † † † † † † † † † † † † † † † † † † † † †


Cimetière de Highgate

Les lumières pâlissantes des belvédères pâmaient la rue d'une étrange aura. Telles de somptueuses corolles jaunâtres, flétries, elles s'épanouissaient et exhalaient leur parfum suave et fétide. Elles dessinaient sur les murs des méandres exsangues, ainsi qu'un lierre brûlant courant sur les pierres froides du marbre alentour. Un léger froid s'était déposé sur la ville, comme le givre avait recouvert il y a quelques mois les pavés irréguliers des ruelles. Une lune gibbeuse plongeait l'entrée du cimetière dans un clair-obscur nacré.
Les vêtements d'Hawthorn émettait un son suave à chaque brise, bruit de tissu froissé. Pareil à un timide murmure que son corps adresserait à la nuit … Au loin, il entendait un pas chevalin s'éloigner. Le fiacre s'était fondu dans les lumières tamisées de la ville, après l'avoir déposé devant les grilles du cimetière. A l’intérieur devait l'attendre Casper, comme il l'exprimait dans les lignes de la missive reçue tantôt.
Le comte soupira faiblement tandis qu'il s'éloignait peu à peu des ruelles lumineuses pour se fondre à son tour dans les ténèbres et l’obséquieux silence qui régnaient en ce lieu funèbre. Prenant soin de ne pas être aperçu, il posa une main gantée de satin noir contre la grille de fer forgé, finement ouvragée. Au travers du tissu recouvrant ses mains, il put sentir les vestiges d'une diurne chaleur.
Posant son regard sur le métal à l’algide éclat, Hawthorn ne put s’empêcher d'admirer un instant les courbes grises s’entrelaçant, telle l'arachnéenne architecture d'une araignée d'argent. Cette sécrétion recouverte de rosée de nuit, luisant faiblement dans la clarté lunaire, évoquait alors au poète un lugubre attrape rêves. Protégeant les défunts des cauchemars pouvant tourmenter leur éternel repos … Il se promit d'écrire à son retour quelques vers à propos de cette pensée.
Lorsqu'il ouvrit la grille, celle ci émit un grincement rauque. Les morts pleuraient dans leur sommeil, rêvant que l'on violait leur domicile
.


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MessageSujet: Re: Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Icon_minitimeSam 13 Fév - 22:13

L'écrivain se muait entre les tombes qui se détachaient dans la nuit de leurs reflets glacials, semblables à de mélancoliques rêves saisis dans la pierre. Les monuments funèbres paraissaient autant de victimes, pétrifiées, d'une nocturne gorgone, dont l'iris blafard se dévoilait en partie dans le ciel de jais. Les nuages filamenteux, serpents en lambeaux composant la chevelure de cette céleste et obscure Méduse, distillaient en chaque rêveur le délectable venin d’écœurants songes.
Pareil à une fantasmagorie cendrée, un rougeoyant fantasme, un cauchemar de velours et de satin, Hawthorn marchait lentement le long des tombes, silencieux visiteur de ces ruines qui lui évoquaient le sommeil des défunts, si souvent côtoyés de lui. Sa mâchoire se crispa, la peau lisse de ses joues se trouvant marquée par la présence de ses os. Combien de fois avait il manqué de se faire surprendre alors qu'il faisait disparaître un cadavre ! A maintes reprises, des sueurs froides lui avaient offert leurs caresses lorsque il entendait au détour de la ruelle, scène d'un soir de sa lugubre comédie, des bruits de pas. Combien de fois avait il ainsi échappé à d'indiscrets spectateurs, que le hasard ne guidait seulement pour se réjouir de l'atroce spectacle qu'il offrait alors ! Lorsque un client venait le trouver, désireux de ses services, il ne prenait la peine d'emporter la relique d’existence qui lui était abandonnée loin du lieu où la vie lui fut ôtée. L'aristocrate ne disposait de lieu adéquat, et ne pouvait encourir le risque de changer sa demeure en mausolée où seraient ensevelis ses sinistres secrets. Bien que son unique domestique n'ignorait rien de ses activités, il aurait été inconvenant qu'un convive découvre un soir, souhaitant jouir d'une visite de la demeure après un fastueux dîner, l'un de ces hôtes si peu accueillants ou indisposés à la conversation. Froisser ainsi un invité aurait été indélicat.

Le comte cessa son indolente déambulation. L'angoisse l'étreignait à mesure qu'il taisait tout mouvement, imitant les nombreuses tombes qui l'entouraient. Devenant lui aussi un souvenir, un éclat de réminiscence, abandonné telles ces funèbres fleurs de marbre qui s'épanouissaient ci et là entre les ronces et les cyprès. Sous la suave caresse du zéphyr nocturne, seules les quelques mèches d'un blond étiolé s'échappant de son haut-de-forme se muaient, livides pétales de lys. Interdit, écoutant le froissement des feuilles et le murmure de la nuit, Hawthorn demeurait silencieux. Bien que son visage fut baigné du même froid que l'astre distillant la mélancolie dans ses veines, le comte se sentait rongé par l'inquiétude. La prudence pouvait lui avoir fait défaut. Nombreux sont ceux à qui il siérait de confondre un tel personnage en pareil lieu. Dans les salons abondaient les individus dont l’intérêt serait aimablement servi par un nouveau scandale entachant la réputation de l'héritier des Feathersigh. Il ne considérait seulement ses rivaux d'apanage littéraire,  mais aussi les gentlemen de bonne famille exécrant sa lignée, ou encore ceux auxquels Hawthorn fut antipathique auparavant. Si il existait une vipère dont le venin serait encre, le comte serait sans doute apparenté à ce spécimen. Sa verve, aussi élégante qu'empoisonnée, délicate qu'acide, attirait bien souvent l'animosité de ceux qu'il était amené à fréquenter. Il craignait également les êtres de la nuit, certain que quelques uns d'entre eux eurent déjà recourt à ses services.
Dans l'ombre des arbres décharnés et  nus semblaient se mouvoir des silhouettes argentées par la lune, déversant ses rayonnantes eaux en ces lieux ainsi qu'une fontaine marbrée en une vasque de silencieux remords. Le cimetière évoquait à l'auteur apeuré un jardin mortifère où fleurissaient ci et là de grisâtres et pestilents narcisses. Il contemplait d'un œil absent le tableau de son propre fantasme, indifférent à la réalité des alentours. Ceux ci se confondaient en un maelström de formes sinistres, se parant des couleurs que lui prêtait son imagination morbide, corrompue et lascive. Le monde, l'existence, n'étaient pour lui qu'un miroir poussiéreux et brisé dans lequel il mirait le reflet de sa fallacieuse sensibilité, reflet sans cesse difforme, grotesque ou angoissant. Il craignait les miroirs, par crainte d'y voir se faner sa jeunesse et sa beauté ; et il aimait la vie car il y reconaissait les figures de ses propres histoires, de ses propres vers. Comme si la nature, le destin n’étaient qu'un immense poème en prose, imitant chacun des effets stylistiques dont il parait ses propres écrits. Artiste narcissique, il faisait de chaque murmure des corps son œuvre.

Perdu dans la beauté de sa vision, il paraissait se confondre avec les statues de marbre en partie écroulées qui gisaient entre les offrandes fanées, tournant leurs visages exsangues vers le vide de la mort. Hawthorn les enviait : elles n’étaient sujets à de dévorantes passions, aux sempiternels désirs du mal du siècle. Cette maladie mortelle qui gangrenait son âme. Cette alchimie de la douleur, transformant l'or des jours en nocturne fer, les paradis artificiels en somptueux enfers. Elles ne connaissaient que l'ennui et le fastidieux spectacle de la débauche mortuaire. Les morts se livraient à leurs bals chthoniens, à ces orgies bacchanales et souterraines où les convives se drapaient de suaires raffinés, et où le poison que partagèrent les amants de Vérone coulait en chaque gorge.
Un nuage de cendres et de poussière que portait le vent vint envelopper le jeune auteur. Une quinte de toux l'arracha de sa contemplation. Baissant les yeux vers la main gantée dont il s'était couvert la bouche, un pale éclat attira ses yeux. Enfoui entre les ronces et les pétales étiolés, un crane hideux lui adressait un sourire d'outre tombe. Hawthorn s'inclina afin d'extraire cet éclat de vie, ce cristal osseux, du tombeau d'épine où il était enseveli. De nouveaux songes, pareils à un défilé de démons, établirent leur empire en l’âme de l’écrivain. Tenant à la hauteur de son visage cette vanité alanguie, le comte le trouvait semblable à une lune basse, jaunâtre, lourde de malédictions et de lugubres augures. Il plongea son regard empoisonné dans celui, mélancolique, que lui offrait les orbites noirâtres et décharnés. Parodiant ainsi un Hamlet occulte, l'esprit d'Hawthorn s’appesantit en de sombres méditations. Après ce soir, il ne serait plus inquiété des instants de plaisirs où ses caresses réduiraient ainsi les corps gagnés par la quiétude d'un éternel repos qui lui seraient confiés. Le noble déchu envisageait peu à peu de l'emporter, et d'en faire le muet confident de ses fantasmagories. De sentir son regard lors de ces nuits blanches, blanches comme les pages vierges qui s’amoncelaient sur son bureau et qu'il noircissait de l'encre de ses vers, blanches comme l'os de cet intime confesseur funéraire. Il s’apprêtait à effleurer les lèvres grisâtres du bout des doigts lorsque il perçût le contact glacial d'une lame sur sa gorge, le faisant tressaillir et lâcher le crane qu'il détenait jusqu'alors avec la douceur d'un amant. Celui ci se fendit lorsque il heurta le sol, faisant retentir ce qu'il semblait à Hawthorn un bruit de verre brisé.


- Vous êtes bien comme votre père … Aussi peu circonspect et si peu vigilant. Un jour prochain, l'on vous repêchera dans la Tamise.

- … Vous l'avez abîmé. Sa laideur était exquise. A présent, une odieuse fissure court sur face émaciée et desséchée. C'est décevant.

- Ne vous lamentez guère. Je suis certain qu'il vous sied bien mieux à présent. N'est ce pas vous qui avez écrit :
« Au sein d'une alcôve obscure et fallacieuse
L'amante contemple la mélancolique vanité
Qu'est le crâne décharné de son soupirant, lèvres putrides et délicieuses
Gisante sur les draps que leur romance impie a souillé » ?

Un sourire se glissa sur les lèvres d'Hawthorn à l'entente de ces vers étant de sa main, parus dans son premier recueil. Il senti la lame quitter sa gorge, tandis que Casper Deedcraft, qui se tenait dans son dos, s'en alla ramasser le crâne avant de le lui remettre.

- J'ignorais que vous me lisiez.

- L'ennui n'est pas le privilège des nobles seuls.

- Puissiez vous aller au diable, Casper.

- N'est il pas face à moi, my Lord ?

Hawthorn s'assombrit, ses lèvres exsangues se rapprochant l'une de l'autre. Casper n'avait guère changé depuis leur dernière rencontre. Toujours ce même égaiement, ce visage fin que les années n'avaient épargné. Et cette insolence qui plongeait le comte dans une profonde exaspération, souvent démentie par un rire, s'échappant de ses lèvres comme une menace pourrait se glisser d'un cercueil entre ouvert. L'homme d'une quarantaine d'années ne se départi point de son sourire lorsqu'il enjoignit à l'héritier de celui avec qu'il traitait autrefois de le suivre plus avant dans le cimetière. Pensif, le crane sous le bras, Hawthorn emboîta le pas à la silhouette qui s’avançait dans la lumière de la lune.  


Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Haw_si15
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"Et dans les cendres s'épanouissent les miasmes de cette beauté pervertie
Que contemple, aveugle, le crane souillé de la Poésie."

"Le deuil de la Muse", Jd Hawthorn
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Hawthorn Feathersigh
Membre de l'Ombre
Hawthorn Feathersigh
Nombre de messages : 88
Date d'inscription : 18/07/2015
Race : Humain
Classe sociale : Aristocratie, noblesse disgracieuse
Emploi/loisirs : Écrivain ; faire discrètement disparaître des cadavres / Lire, écrire, jouir des défuntes beautés nocturnes, fréquenter les salons, jouer du violon ...
Age : 23 ans.
Age (apparence) : Milieu de la vingtaine, en soit son age propre.
Proie(s) : Les reliquats de vie, les éclats d'existence ... Cadavres exquis.
Crédit Avatar : iayetta83, Deviant Art
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MessageSujet: Re: Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Sanctuaire sépulcral [Hawthorn] [27/04/42] Icon_minitimeDim 13 Mar - 18:47

La silhouette dansait devant lui, disparaissant parfois, semblable aux feux follets que l'on disait hanter le cimetière. Casper pourtant, n'avait du spectre que le teint blafard et poussiéreux : le visage émacié se tordait souvent d'un sourire narquois et néanmoins enjoué, dont la ligne était surplombée d'une élégante moustache s'achevant en spirales. L'homme précédant Hawthorn était le paradigme de cette classe bourgeoise naissant peu à peu, menaçant de sa croissance le piédestal de la noblesse. Dorian Feathersigh sut s'en accommoder et se faire un allié de l'un de leurs plus fidèles représentants, tant est si bien que son fils pouvait à présent en user toute à sa convenance. Un sourire mauvais étendit son ombre sur les lèvres délicates et expressives du noble déchu. La sensation de posséder autrui était ineffable. Non par attachement ou par instrumentalisation, mais par simple désir ou par contrat. Que cela soit tenir un être tout contre son cœur et s'abandonner au plaisir, ou l’étreindre par de simples mots, par intérêt, pareil à un diable torturant son âme, rédigeant avec délectation les dernières clauses funestes du pacte. S'immiscer ainsi dans l'intimité ou dans l'esprit d'autrui et le consumer de l’intérieur, éteindre d'un souffle la flamme bleuâtre de la chandelle de son existence. Ne jamais lui faire regagner le souffle vital … Et indolent, se consacrer aux autres candélabres. Au fond, peut être les hommes n'étaient il véritablement que de maladifs et éphémères feux follets.
Casper foulait sans vergogne de ses bottes de cuirs les fleurs fanées reposant sur le sol humide. Il n’émettait sciemment aucune parole, conscient qu'ils n'étaient peut être pas les seuls à roder en ces lieux funèbres. Ses craintes étaient néanmoins différentes de celles de son compagnon : seuls les pilleurs de tombes le hantaient. Un claquement retentissait parfois : ne pouvant se résoudre à bafouer une telle splendeur flétrissante que celle s'étendant à leurs pieds, comme une maîtresse offrant ses charmes, Hawthorn exécutait parfois un léger saut afin d'épargner ces bourgeons mort-nés. La mâchoire du crâne qu'il tenait sous son bras émettait alors un bruit sinistre. Le visage osseux et décrépit semblait rire de ces deux profanateurs, comme connaisseur de la tragédie à venir. Pour ce muet et lugubre spectateur, le cimetière devenant le plus plaisant des théâtres. Au moins celui ci ne serait il immolé par des hors la loi, et aucune funèbre fiancée ne disparaîtrait subitement du tombeau de celui qui la désire, de cet cadavre pourtant bien vivant et ne vivant que de sang. Voilà ce qu'aurait pu penser ce crâne, qui de ses orbites dans lesquels dansaient les ténèbres et les pensées qu'Hawthorn lui prêtait contemplait les nuages dissimulant le firmament se dissiper peu à peu. Le rideau se lève ; silence à présent.

Entre les statues à l’effigie de monstres et d'anges, se dessina bientôt la silhouette d'un mausolée en ruine. Sa façade était surchargée de bas reliefs et d'ornements de la plus grande finesse, lui conférant le charme baroque d'une cathédrale désacralisée. Une grille tordue, comme gagnée de la raideur cadavérique des corps reposant sous la terre alentour, laissant un mince accès à la lourde porte de marbre occultant l’intérieur de l'édifice. Casper se saisit du fer glacial de ses mains nues, et acheva de le déformer. Se glissant dans le passage ainsi crée, il retira de la poche de son manteau de cuir tanné (cet homme fut toujours un amateur de cuir, songea Hawthorn) une longue clef qu'il inséra dans la serrure défigurant la porte de marbre, dont la couleur de rouille évoquait à l'écrivain un cachet fermant un testament. Avec un grincement, la clef fit son office et la porte, par les efforts du bourgeois, s'ouvrit avec un raclement. Ce dernier se saisit d'une torche éteinte pendant au mur extérieur, à sa gauche. Se retournant vers le jeune homme, il lui adressa un léger signe de tête, lui intimant de le suivre, avant de s'engouffrer dans l'obscurité fétide du mausolée. Hawthorn se glissa précautionneusement entre les grilles. En aucun cas, il ne voulait déchirer la riche étoffe de ses atours. L'ascétisme du dandysme, si l'on pouvait ainsi le désigner, prohibait toute usure. Il tenait à ce que son apparence demeure immaculée, jouissant de voir la pureté dissimuler un corps ayant éprouvé les vices, la tentation et la perversité. A son tour, il pénétra le monument funèbre.

Les pestilentielles fragrances de la putréfaction étaient omniprésentes. L'humidité tapissait les murs dont les aspérités accueillaient des statuettes funéraires. Dans les fissures courant sur les bas reliefs ruisselaient des gouttes d'eau noirâtres, larmes que des défunts que plus personne ne visitait semblaient verser. Une flamme crépita et s'éleva lorsque Casper embrasa la torche dont il s'était emparé, projetant sur les murs décrépis d'angoissantes ombres insatiables, désireuses d’entraîner les profanateurs en leur enfer de marbre.


- Nous pouvons à présent nous exprimer librement. Seuls les morts auront l'honneur d'être nos auditeurs.

- Hâtons nous. Il me tarde que cette affaire soit conclue.

- A votre aise monsieur. Suivez moi.

Sans plus de manières, Casper s'engagea dans l'escalier de pierre s’enfonçant dans la noirceur de la tombe, menant sans nul doute à la chambre mortuaire. Des relents de décomposition s'en dégageait, comme d'un abîme de souffre. Hawthorn descendit à son tour, contemplant vaguement les fresques ornant les murs de l'étroit couloir dans lequel ils pénétrèrent. Du bout des doigts, il suivait les contours des visages éplorés et assombri par le deuil gravés dans la pierre. De l'autre main, le jeune décadent serrai contre lui le crâne qu'il considérait déjà comme son confident. Par le fantasmagorique jeu d'ombres que provoquait a torche tenue par son compagnon, les visages semblaient s'animer et sourire au jeune homme. Celui ci leur sourit en retour.
Une étrange lueur envahit bientôt le corridor que les deux hommes arpentaient. Ils passèrent ensemble sous une voûte de pierre, sur laquelle se dessinait une croix autour de laquelle s’enlaçaient  des rosiers. La chambre mortuaire s'ouvrait devant eux : en son centre, un sarcophage reposait, couvert d'un drap mortuaire d'un violet profond. Des chandeliers éclairaient la scène, plongeant la pièce dans une lumière pâlissante et vacillante, lui conférant une atmosphère macabre et surnaturelle. Les murs étaient dépouillés de tout ornement : seuls quelques toiles d'araignées faisaient figure de tableaux et d’hommages funéraires, les artistes les ayant confectionnés reposant elle aussi en cette pièce dont le charme séduisait Hawthorn. Elle était parfaite : le lieu était discret et isolé, et la décoration absolument délicieuse. L'exaltation le gagnait, enthousiasme que ses lèvres trahissaient. Seules celles ci semblaient dotées de vie : ses yeux demeurait froids et muets, luisant d'une lueur verdâtre à celle des chandelles. Son visage n'en demeurait que plus beau. Il fit quelques pas, s'approchant du cercueil reposant sur ce qui était une table de marbre, en parie dissimulée par le linceul. Délicatement, le décadent y posa le crâne qu'il détenait, jouissant déjà des longues heures qu'il passerait ici, se délectant de l'esthétique diabolique de ce tableau. Levant les yeux vers le plafond, il éleva également la voix.


- Casper, je vous félicite. Ces lieux sont des plus convenables et conformes au désir dont je vous fis part dans ma dernière lettre. Vous vous êtes surpassé.

- Je ne fais qu'honorer notre contrat.

- Et c'est tout à votre honneur mon cher. Je ne me livrerai qu'à une question : savez vous qui repose ici ? Je n'ai guère remarqué de nom sur une quelconque stèle lors de notre arrivée.

- … Ma fille.

- Oh, vraiment ?

Alors qu'Hawthorn s’apprêtait à se retourner pour lui offrir ce sourire cruel étant son apanage, sa tête heurta soudain le tissu étiolé du drap mortuaire. Le crâne qu'il avait déposé tantôt lui souriait, sensiblement ravi de tête à tête. L'aubépine refréna un gémissement de douleur. Casper s'était précipité sur lui, comprimant de sa main glacée sa nuque, maintenant son visage contre la pierre. Il reprit en hurlant :

- Ma fille ! Celle dont votre démon de père s'empara, dont il me priva, afin de perpétrer cet abomination que fut le rituel auquel il se livra ! Je ne sais quel horreur infernale il aspirait à convoquer, quel mal il projetait, quel blasphème il s’apprêtait à commettre. Il me prit ma seule enfant, dans la fleur de l'age ! Et il la tuée ! Sacrifiée sans le moindre égard, sans le moindre remord ! J'ai été témoin des atrocités de votre père durant des années, j'ai servi ses plans car il me menaçait. A présent qu'il a quitté la capitale, c'est terminé ! Et je tiens ma vengeance ! Je ferai couler le sang impie de votre lignée sur la tombe de ma fille, comblant enfin son âme afin de lui permettre le salut !  

Casper accentuait ses élucubrations en frappant la pierre du visage du jeune noble décadent, si bien que la peau de son front éclata en une gerbe de sang, teintant de pourpre le drap violacé. Des larmes trempaient le visage d'Hawthorn, sans qu'un cri ne franchisse ses lèvres. Il n'éprouvait de la peine à l'écoute des dires de Casper. Peu lui importaient les exactions de son père. Les siennes seraient sans doute plus méprisables encore. Le bourgeois dégagea le visage du comte et le projeta sans ménagement contre le mur de la pièce, contre lequel Hawthorn s’affaissa. Les yeux fermés, des éclats de lumières maladives éclairaient ses paupières. Il entendit le pas de Casper se rapprochant de lui, ainsi que le son que fit sa dague lorsqu'il la dégaina. Celui ci allait le tuer si il ne faisait rien.
Le décadent expira lentement et ouvrit les yeux. Prenant appui sur le mur, il se redressa et ôta lentement ses gants, jaugeant le visage déformé par la haine qui s'approchait de lui. Il essuya du tissu qui couvrait encore à l'instant ses mains le sang qui ruisselait son visage et sur ses paupières. Les jetant au sol, il se préparait à l'assaut de Casper, retrouvant peu à peu ses esprits. Ce dernier s'élança, se jetant corps et âme sur l'héritier du responsable de ses tourments, hurlant qu'il aurait sa peau. Hawthorn garda le silence, et roula contre le mur lorsque la lame de la dague se présenta à sa poitrine, esquivant ainsi l'estoc. La dague se brisa contre le mur de pierre, volant en éclats tranchants  qui dans leur chute sur le sol reflétèrent la lumière des candélabres. Casper tenta alors de frapper le jeune aristocrate du poing. Hawthorn arrêta le coup sans mal. Son adversaire était bien plus lent que Feril qui ne s'était contenté de lui enseigner l'escrime mais également la façon de se défendre au corps corps. Un individu fin et peu musculeux comme Hawthorn ne saurait pourtant rivaliser avec un homme comme Casper, malgré sa cinquantaine d'années. Néanmoins, son pouvoir s'éveilla. La main du bourgeois se putréfia à une vitesse ahurissante, la magie que pratiquait Hawthorn se trouvant exaltée par la douleur et sa colère. L'homme hurla, tombant à genoux, tandis que sa main se nécrosant, tombant en poussière. L'odeur était pestilentielle. La mort parfumait déjà le bourgeois de ses plus riches senteurs. L'autre main d'Hawthorn gagna les lèvres de son adversaire, tandis qu'il plaquait sa paume contre sa bouche. Ce geste ne put réduire au silence les hurlements presque inhumains que poussait Casper, que la souffrance menait peu à peu à la démence. Hawthorn plongea ses yeux empoisonnés dans les siens. Il n'éprouvait que mépris à l'égard d'un être aussi insignifiant.


- Au sein cet infâme cloaque qu'est l'humanité, il n'existe que deux genres d'individus Casper. Ceux qui souffrent et ceux qui font souffrir. Ceux qui perdent et ceux qui volent. Plutôt que de me lire, vous auriez du vous consacrer au Divin Marquis, que nous connaissons sous le nom de Sade. Autrefois mon géniteur vous prit et vous fit souffrir. Aujourd'hui, c'est à mon tour. Ainsi soit il.

Et c'est sans un sourire que le noble déchu porta sa seconde main à la gorge de Casper, provoquant sa nécrose. Sous la peau la main qu'avait placé Hawthorn sur les lèvres de son adversaire, se faisait sentir les os de ce dernier. Le bourgeois mourut dans les instants qui suivirent sous les assauts de la souffrance.
L'aurore se levait lorsque Hawthorn émergea du mausolée. L'astre solaire fleurissait comme une rose laissée sur la tombe de la nuit, dont le poète faisait déjà le deuil. Dans la poche de son gilet cendré, taché de sang, reposait la clef du mausolée. Il tenait sous bras le crâne trouvé dans la nuit, et soutenait de l'autre la dépouille de Casper Deedcraft. Cet être le dégoûtait, aussi ne pouvait il se résoudre à se charger lui même de faire disparaître son corps. Peu importait. Il l'abandonna non loin avant de disparaître dans les vapeurs que la rosée provoquait en s'évaporant sous la caresse du soleil printanier.
Le lendemain, un cadavre fut retrouvé. Les os de sa mâchoire était découverts, la peau de ses joues se décomposant. Sa gorge n'était que nécrose, et il ne présentait pas de main droite. Il fut identifié comme étant Casper Deddcraft.


[Fin du Rp. Suite à Liberate me ex Inferis]


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