Taille: 1m64
Poids: 49 Kg
Yeux: D'un bleu clair perçant
Cheveux: Blonds platines
Description détaillée: La marquise est une jeune femme à la silhouette fine, peut-être trop fine, et élancée. Ses formes restent agréables à regarder bien qu'elle ne possè
de pas une poitrine des plus abondantes et des hanches souples. Cela serait dû, en effet, à la maigreur
de son corps attribuée aux violences conjugales qu'elle subit mais également à son corset qu'elle serre assez pour qu'elle n'avale que peu
de nourriture, évitant ainsi
de paraître grossière aux yeux
de son époux à table. Sa minceur se distingue également au niveau
de ses mains légèrement osseuses et
de ses poignets aussi petits que ceux d'une jeune fille ainsi
de ses joues légèrement creusées. Auparavant, lorsqu'elle vivait encore chez ses parents, la demoiselle ne laissait percevoir aucune trace
de maigreur. Rien ne pouvait faire penser qu'en quelques années son corps s'est mis à changer aussi soudainement. Si nous mettons à l'écart tout cela,
Viviane reste une femme très belle. Son visage à la peau très pâle fait merveilleusement bien ressortir ses prunelles claires et bleutées. Des lèvres rosées bien dessinées et proportionnées prennent place sous son petit nez fin. Jamais elle se risque à les habiller
de rouge ou d'une quelconque couleur pouvant attirer les regards. L'élégance, la discrétion et la simplicité sont ses pièces maîtresses. Son visage angélique est encadré d'une longue chevelure soyeuse blonde platine qui possè
de parfois
de légères ondulations au naturel. S'évanouissant à hauteur des hanches, quelques mèches caressent ses joues et rend son regard turquoise encore plus profond. La douceur a imprégné ses traits angéliques.
Viviane laisse cependant bien rarement ses cheveux lâchés et les attache en un chignon tiré à quatre épingles empêchant ainsi une quelconque mèche
de s'y échapper et
de caresser ses joues. Le soir, pour dormir, la jeune femme se fait une longue tresse souple lui permettant simplement
de ne pas avoir les cheveux devant les yeux.
La duchesse est une femme très distinguée, toujours élégante et bien apprêtée. L'idée même
de se présenter en tenue
de chambre devant des invités suffirait à la faire rougir et à l'indisposer pour toute une journée. Il existe cependant des exceptions: la pudeur ne l'atteint plus lorsqu'elle fait face à l'un des médecins qui ont encore le courage
de venir lui rendre visite. Se montrer en tenue
de chambre ne la gêne plus et elle le laisse alors observer ses multiples blessures physiques. Si la jeune femme venait à prendre un jour un amant il prendrait très certainement peur. Si la jeune femme se couvre entièrement ne laissant que très rarement son cou en plein air c'est parce que les bleus, les hématomes, les marques
de coups et
de griffes, des entailles et des brûlures couvrent chaque petite parcelle
de sa peau. Belle certes mais abîmée, détruite par son mariage. Sa jeune beauté et sa distinction séduisent souvent bien des hommes qui finissent par entrer en froid avec son époux ou bien avec elle-même s'ils ne se sont pas montrés trop prudent dans leurs paroles.
Vêtements: Prude et d'une grande élégance,
Viviane revêt les accoutrements habituels des femmes
de son rang. N'omettant rien et ne dénudant aucune partie
de son corps elle possè
de une grande garde-robe composée d'une multitude
de robes et
de corsets aux couleurs pâles, discrètes et innocentes. Jamais, ô grand jamais elle ne se risquerait à porter des couleurs trop vives tels que le rouge ou bien le vert foncé. Les seuls tons plus sombres qu'elle revêtirait seraient le noir, le gris ou le bleu foncé en cas
de deuil personnel.
Viviane est très féminine, ainsi elle tâche
de porter sur elle des dentelles, des motifs fins et gracieux parfois à la française, ciselés d'or ou bien des pierres précieuses. Ses mains sont souvent couvertes
de gants clairs et un chapeau surplombe son visage empêchant ainsi le soleil d'abîmer sa peau nacrée, son visage étant la seule partie
de son corps le plus souvent intact.
De ce côté-là,
Viviane n'est pas une femme qui se détache des réglementations
de l'étiquette, rien est jamais osé dans ses accoutrements, pour son propre respect, sa réputation et celle
de son époux. Seules ses robes
de chambre, choisies spécialement pour elle par son époux, peuvent quelques fois être transparentes ou bien décolletées à son plus grand désarroi.
Pour ce qui est des chaussures, la duchesse ne s'éloigne pas
de la mode féminine
de cette époque et met des bottines à talon aussi haut que l'étiquette peut le lui permettre, mais surtout son époux.
Particularités: Mis à part ses yeux hypnotisant et étrangement clairs et ses blessures qui parsèment impitoyablement son corps,
Viviane ne possè
de rien d'autre que son élégance et sa dignité qui pourrait la différencier des autres femmes
de son époque.
Général: La duchesse n'est pas
de ces femmes vaniteuses, imbues d'elle-même et mesquines. Il lui arrive bien peu
de se montrer arrogante et si cela devait advenir en public c'est qu'elle a été offensé d'une quelconque manière, et dans la sphère privée en présence
de son époux il ne se priverait pas
de lui rappeler qui ici domine. Ainsi
Viviane n'est pas une femme que l'on pourrait qualifier
de mauvaise et que l'on pourrait déprécier. D'un naturel agréable et
de bonne humeur, la jeune femme ne laisse pas les désastres
de son mariage empiéter sur ses émotions lors des soirées mondaines. Pourquoi les autres devraient-ils donc se faire du souci pour elle?
De plus cela n'amènerait qu'une atmosphère tendue et pesante. Non, quand elle n'est pas seule avec son époux
Viviane aime entendre et voir les autres rire et danser. Bien-sûr sincère dans les sentiments qu'elle se permet
de montrer et honnête sur ce qu'elle pense lorsqu'il s'agit d'invité, il s'agit là d'une femme discrète, qui parle bien et peu, et pour qui les trop longues discussions autour d'une table ne sont qu'absurdités et futilités pour combler le silence oppressant. Elle laisse les autres remplir le vide qui pourrait s'installer et préfère s'exprimer que lorsqu'on s'intéresse un peu à elle. Elle sait d'avance qu'exprimer ses opinions en public sur des affaires politiques ou bien les journaux ne ferait qu'engendrer quelques violences
de plus au sein
de son couple. Discrète donc, la duchesse s'abstient
de tout commentaire pouvant rabaisser le nom
de son mari ou même
de l’entacher en parlant à sa place.
Viviane est une femme soumise aux volontés cruelles
de son époux qui la prive
de toute liberté que possè
de les autres femmes. Il lui arrive bien peu
de raconter sa vie et même ses amies ne savent rien des problèmes qu'elle rencontre quotidiennement.
Mais
Viviane est avant tout une femme aimante dotée d'une générosité sans borne. Elle hait l'injustice que peuvent subir les autres et les commérages
de la Cour. Elle n'est pas une femme
de la haute société dans l'âme. Elle préfère et
de loin la compagnie des gens simples. Elle côtoie suffisamment son mari pour exécrer tout ceux qui se montrent méprisants, mesquins, avides, hypocrites et cupides. Elle aiderait quiconque se trouverait sur son chemin du moment qu'il n'a commis aucun péché irréparable à ses yeux, comme le meurtre. C'est une femme d'exception ou tout simplement qui a un cœur en or. La duchesse est sans conteste une femme des plus appréciables et
de la meilleure compagnie qu'il soit quand on sait comment la prendre. Elle porte avant tout dans son cœur le plus bel amour
de sa vie, sa petite fille qu'elle cache des yeux
de son mari par peur qu'il lui fasse du mal un jour.
Cependant la jeune femme est également très stricte et à cheval sur les convenances et l'étiquette. Elle aime la simplicité, l'élégance, la discrétion et condamne fermement chez ses domestiques toute sorte exhibitionnisme même s'il s'agit d'un décolleté qui descendrait un peu trop bas ou d'un corset mal serré. C'est ainsi qu'elle voit les femmes: belles mais emprisonnées dans un monde d'hommes où ces derniers seraient les corsets. Dans la société où elle vit, la dignité fait partie
de sa manière
de vivre, jamais elle ne se permettrait d'attirer le regard malveillant des hommes par une tenue ou bien tout simplement
de fondre en larmes devant un tiers.
Loisirs: Les loisirs
de la Lady sont bien réduits. Son époux, trop strict avec elle, l'empêche
de sortir trop longtemps sans lui, contrôle ses allées venues dans la demeure familiale et l'accompagne dans beaucoup
de ses déplacements même s'il ne s'agit que
de se rendre au marché. Elle sort donc souvent pour aller se recueillir ou bien se balader dans les parcs et les marchés. Elle fréquente peu les salons, où son mari bien jaloux l'empêche
de côtoyer d'autres hommes que lui, et si elle s'y rend c'est à la condition qu'elle soit entourée
de nombres
de ses amies.
Religion:
Viviane est une femme très pieuse qui prie tous les jours pour le salut
de chacun et la protection
de sa fille. Elle se rend régulièrement dans les cathédrales et les chapelles pour prier en silence ou bien pour aller se confesser. Son livre
de chevet reste la Bible, bien qu'elle soit une femme très cultivée et ouverte qui a dans son répertoire littéraire un très grand nombre
de livres
de divers auteurs.
Qualités: Droite, digne, pieuse, généreuse,
de belle compagnie, a très bon cœur, forte, agréable, aimante.
Défauts: Un peu trop stricte lorsqu'il s'agit
de respecter l'étiquette ou
de l'éducation des enfants, soumise à son époux bien qu'elle tente
de lui tenir tête, réservée, trop gentille.
Résumé: Née en 1815 en France, la jeune
Viviane reçut une éducation très stricte, conditionnée dès son plus jeune âge pour devenir une épouse parfaite. Aimée
de ses parents, son enfance se passa dans la plus grande tendresse du moins auprès
de son père. Sa mère qui était un peu plus froide avec elle s'occupait
de son éducation. A l'âge
de 14 ans, ses parents arrangèrent une alliance avec la famille qui les aidait financièrement pour combler une partie
de leurs dettes envers elle. C'est à l'âge
de 19 ans qu'elle épousa Bartholomew
de Lovelace. Ce mariage arrangé fut terrible pour elle qui subissait sans réel répit les coups et les abus
de son mari. Elle vit dès ce jour dans un véritable enfer. Elle accoucha d'une petite fille à l'âge
de 23 ans, après plusieurs fausses couches, qui, non désirée du père par son étrange physique, dut la faire passer pour morte et l'emmena à l'orphelinat. Dès lors,
Viviane ne vit plus que pour voir cette enfant
de temps en temps quand elle le peut et rêve
de l'envoyer chez ses parents en France pour la mettre en sûreté. Les violences
de Bartholomew ne cessent guère même encore aujourd'hui et la santé fragile
de Viviane faiblit considérablement.
Education- La musique: La duchesse est une femme qui a reçu une éducation des plus strictes. Désirant que sa fille soit appréciée par la société elle a fait en sorte qu'elle soit des plus cultivé. La maîtrise des instruments fut donc à ses yeux une évidence et la belle sait jouer aussi bien du piano que du violon, du violon et
de la harpe. On lui a appris à jouer
de la flûte traversière mais la jeune femme ne porte que peu
de considération à cet instrument.
- Les sciences: Aucun mis à part le fait qu'elle est capable
de prendre quelques initiatives en ce qui concerne la médecine auprès
de ses domestiques. Le reste, rien ni personne ne le lui a enseigné. Elle se contente
de poser des questions lorsqu'elle en ressent l'envie irrépressible
de mettre un terme à ses questionnements.
- L'Alchimie: Aucun, le terme même d'alchimie lui serait presque inconnu.
- Les langues:
Viviane parle l'anglais, le français (qui est sa langue natale), mais également l'allemand.
Histoire « A ma fille,
Il y a
de cela 22 ans tu naquis. Nues dans tes couvertures en broderies fines tu ouvrais déjà tes beaux petits yeux bleus et nous fixais avec une telle intensité que ta mère ne détachait plus son regard
de toi. Déjà tu l'hypnotisais. C'était une petite poupée qu'elle tenait dans ses bras et était fière
de me montrer. Comment te résister? Tu reflétais la pureté et l'innocence. Nous avions dans nos bras ce petit ange blond que Dieu a bien voulu nous confier. Ce fut ce jour-là qu'elle choisit ton prénom.
Viviane. Elle se disait qu'avec ce nom là tu ne pouvais que ravir le cœur des hommes honnêtes.
Viviane la dame du lac. Et elle ne se trompait pas. Tu as très certainement tourmenté le cœur
de quelques hommes bons, à commencer par moi mais ne suis-je pas un monstre
de t'avoir trahie?
Je ne m'en suis pas rendu compte immédiatement, petite princesse, mais tu as grandi si vite. Ses petites mains sont devenues assez grande pour que tu puisses les orner
de bagues et tes cheveux ont tellement bien poussé qu'il te fallait les attacher tous les jours en un chignon bien serré. Mais que tu étais belle avec ces quelques mèches qui caressaient tes joues. Tu n'étais qu'une petite fille
de sept ans et pourtant tu refusais déjà que l'on te coupe un peu les cheveux pour que tu puisses les garder lâchés. Tu étais ma princesse et tu le savais, d'ailleurs tu me le disais toi même, toutes les princesses ont des longs cheveux. Te souviens-tu
de la fois où je t'ai emmenée en ville et que tous les petits garçons te regardaient avec des étoiles dans les yeux? Quelle fierté même
de voir quelques unes
de ces dames murmurer sur ton passage que j'avais là à mon bras une adorable petite fille qui fera plus tard une merveilleuse épouse. Nous nous sommes arrêtés dans un parc et nous avons flâné tout l'après-midi. Si gentille, si adorable et déjà tellement consciente
de tes priorités qu'il a fallu rentrer vite avant la nuit tombée car tu estimais que quelques uns
de tes cheveux n'avait pas leur place ainsi en dehors
de tes petites épingles. Malgré tout nous avons passé l'un
de ces merveilleux moments dont je me souviendrai toute ma vie.
Tu as reçu une éducation un peu trop stricte à mon goût. Ta mère n'était pas une mauvaise femme, elle voulait simplement bien faire et te faire aimer
de la société. Je suis certain qu'elle a réussi. Grâce à elle, tu as appris l'étiquette, tu te comportais encore plus dignement à l'âge
de 10 ans que ne pouvaient le faire certaines dames
de la haute société française. Tu lisais déjà comme ta mère et il m'étais presque impossible
de te surprendre sans un livre dans les mains. Déjà, elle t'avait enseigné la musique et le piano. Nos instruments qui prenaient tant la poussière dans le salon nous servait à nouveau. Le violoncelle
de ta mère était sorti
de son étui poussiéreux et tu t'entraînais d'arrache-pied jusqu'à ce que tu consentes à fermer tes petits yeux ans ton lit bien trop grand pour une seule personne afin
de dormir.
Comme je te l'ai déjà dit le temps est passé si vite. Tellement vite que tu étais déjà une femme à l'age
de 14 ans et que je ne pouvais plus te prendre dans mes bras et te tutoyer comme je le faisais quand tu ne m'arrivais qu'à hauteur des hanches. Je ne pouvais plus te prendre contre moi et l'éducation que t'avais prodigué ta mère t'éloignait un peu
de moi. Après tout tu avais raison ma fille. Il n'était plus convenable
de se jeter dans les bras
de son père quand le mariage était proche. Mais déjà tu me manquais. Nous ne te cachions plus que nous avions des problèmes d'argent déjà à cette époque. Nous étions peut-être une famille
de Vicomte mais nous avions une dette envers la famille des
de Lovelace. Une riche famille anglaise que tu ne connais que trop bien désormais. Endetté nous devions payer les impôts français et c'est à eux que nous avons demandé
de l'aide. Ils nous ont aidé et grâce à cela nous avons pu subvenir au moindre
de nos besoin après avoir remboursé ce que nous devions à l’État. C'est à cet âge-là, comme tu le sais, que nous t'avons promise à l'héritier
de cette famille. Avec ta dot qui servirait à rembourser ce que nous leur devions, argent qu'ils réclamaient plus expressément qu'avant, et ton mariage avec ce jeune homme nous n'aurions plus
de problème avec cette famille. Bartholomew
de Lovelace était donc destiné à être ton mari et nous étions si fière
de toi, toi qui allait devenir Duchesse
de Lovelace en Angleterre. Toi-même tu souriais à cette déclaration. France, ta mère, t'avait éduqué à cette fin et tu le savais. Tu étais si heureuse à l'idée
de nous savoir fiers
de toi quand tu te marierais! Il ne nous restait désormais plus que quelques années avant ton mariage, années que tu réservas tout particulièrement à apprendre l'Histoire
de France et d'Angleterre mais aussi à t'imprégner
de la religion. C'était protestante que tu devais devenir et non plus catholique. Tu te le devais pour ton époux qui lui vivait dans un royaume différent du nôtre. Tu appris même à maîtriser sa langue, l'anglais, puis l'allemand pour pouvoir parler plus aisément dans leur société. Il te fallait connaître les langues les plus parlées et Dieu sait à quel point tu t'es appliquée à cette tâche.
A tes 18 ans nous avons choisi la date du mariage avec l'homme qui allait devenir ton époux et sa mère. Ils étaient venus en France et Bartholomew
de Lovelace avait passé sa journée avec toi, à te parler, à conquérir ton cœur peut-être. La date fixée, tu allais te marier au printemps prochain, juste après tes 19 ans. Mon cœur se fissura pour la première fois ma fille, lorsque tu vins me voir après leur départ pour m'annoncer que cet homme ne t'inspirait pas confiance. Tu ne le trouvais que trop faux et mielleux à ton goût. Tu m'as même demandé à déplacer le mariage ou bien à le voir une seconde fois pour que j'en juge par moi-même. Tout était déjà décidé et nous ne pouvions faire marche arrière. Il en valait du bien
de notre famille. Oh pardonne moi, nous ne t'avions que très peu écoutée ce soir-là, tu n'es pas une menteuse, tu ne l'as jamais été et pourtant nous avons ignoré ta détresse pour notre bien. Nous avons été d'un égoïsme sans pareil et nous regrettons désormais et depuis le jour
de ton mariage
de t'avoir laissé à cette famille. Tu n'as jamais rien demandé, sauf ce jour-là. Et plus le temps passait plus tu priais et me demandais souvent d'annuler le mariage. Tu avais un mauvais pressentiment, son seul regard avait suffi à te donner des frissons non pas
de bonheur mais
de peur. Je te comprends désormais. Nous aurions dû attendre comme tu nous le demandais. J'aurais dû mieux regarder cet homme avant
de te laisser partir seule avec lui ce jour-là en compagnie
de notre majordome. Heureusement pour ses mains il ne t'avait pas touché, il avait simplement pris ton bras pour te promener dans le jardin familial et te faire la cour. Nous aurions dû comprendre qu'il n'était pas celui qu'il prétendait être. Nous avions placé notre confiance bien trop tôt et bien trop rapidement dans cet homme qui allait devenir notre gendre.
Je regretterai à jamais le jour
de ton mariage. Bien que tu nous restas calme et souriante, tes yeux trahissaient ta crainte et ta douleur
de devoir t'en aller si loin
de nous. Nous avions fait le déplacement jusqu'en Angleterre et le Duc avait très aimablement accepté
de nous prêter l'une
de ses chambres dans sa demeure. Nous étions leurs invités. Alors que nul homme ne pouvait rentrer dans ta chambre et te voir dans cette tenue
de mariée je suis venu. Tu étais tout simplement sublime. Pardonne-moi
de te parler si franchement
Viviane, mais j'avais devant moi ce jour-là l'une
de ces princesses que l'on lisait dans les livres. Ta longue robe aux couleurs pâles et aux broderies dentelées était serrée par un corset qui mettait en valeur certaine
de tes formes. Je me disais alors, et je me le dis toujours ma fille, que ton mari avait
de la chance d'avoir une si belle épouse que toi. Je finissais même par l'envier, malheureusement tu étais ma fille et c'était en tant que père que je devais te regarder. Je t'ai glissé autour du cou ce collier que tu chéris tant et qui appartenait à ma propre mère. Rehaussé
de diamants et
de saphirs, il soulignait à merveille tes prunelles bleutées qui m'envoûtent encore aujourd'hui, bien que nous sommes trop loin l'un
de l'autre pour que je puisse les contempler à ma guise. Ce sont dans des moments comme celui-là où je ferme les yeux et t'imagine encore une fois si belle avec tes cheveux relevés en un chignon délicat dont certaines mèches étaient tressées avec des rubans. Tu avais la grâce d'une déesse et la modestie d'une bonne sœur. C'est devant moi que tu as laissé s'échapper une larme
de tes yeux. Une petite perle s'est échouée sur ta joue et je n'ai pas résisté à te prendre dans mes bras essayant
de te rassurer et
de te convaincre que tout se passerait bien. J'ai dû arranger ta robe que j'avais légèrement plissé et j'ai essuyé ta larme du bout
de mes doigts après avoir embrassé ton front. Ce fut au tour
de ta mère
de venir te voir. Elle t'enlaça doucement ce jour-là avant
de te lâcher et
de t'expliquer une dernière fois ce que tu devrais faire jusqu'au soir-même.
La soirée s'était bien passée et déjà tu prenais place aux côtés
de ton mari qui avait enroulé un bras autour
de ta taille. Il était si fort à côté
de toi que je te revoyais comme ma toute petite fille qui pleurait d'effroi dans la nuit en voyant des petites lumières sous ta porte et que je devais réconforter pendant des heures jusqu'à ce que tu te rendormes enfin non pas dans mes bras mais dans ceux
de ta mère. Je n'ai jamais été jaloux d'elle, je trouvais cela normal mais ce soir-là,
Viviane, j'ai été l'homme le plus jaloux qui puisse exister sur cette Terre. Il t'enlevait déjà à moi et je ne pouvais rien faire d'autres que te regarder. Ta nuit
de noces n'a été que pleurs et souffrance. Je le sais, quand il a quitté la chambre et t'a laissé pantelante dans le lit je suis venu te voir. Tu ne t'en rappelles peut-être plus ma fille mais je t'ai prise dans les bras. Je le haïssais
de voir qu'il s'était montré si violent avec toi. Il t'avait montré la supériorité
de l'homme sur la femme et avait détruit pour la première fois ton petit cœur. Quelle douleur ce fut
de te voir recroquevillée sur toi-même gémissant
de douleur et pleurant dans ton coin. Tes cheveux défaits recouvraient ton corps presque nu à peine couvert par la robe
de chambre en lambeaux que l'on t'avait offerte. Du sang la recouvrait anormalement et des bleus commençaient déjà à apparaître sur tes épaules et tes cuisses. Ton cou, lui, saignait d'une toute autre blessure. Ce chien t'avait mordu jusqu'au sang. Je reste certain que ce soir-là il n'avait pas été qu'ivre. T'humilier avait été son but. Tu avais eu raison dès le début ma fille, il n'était pas l'homme qu'il prétendait être. Il venait
de nous montrer qu'il te possédait. Je ne pouvais rien dire et même pas agir. Si je le faisais
Viviane il m'aurait privé
de tout droit
de visite et nous dépendions encore
de leur famille. Ce soir-là j'ai pleuré avec toi avant
de te laisser aux bons soins
de tes nouvelles domestiques. Nous le savions tous trois. Toi, ta mère et moi. C'était le début
de la fin. Ta mère ne s'en est jamais remise et elle rêve encore
de te reprendre bien qu'elle ne le montre que très peu mais ne te méprend pas, elle t'aime bien plus que ce que l'on pourrait l'imaginer.
Si je me permets aujourd'hui
de t'envoyer cette lettre ma fille et
de te tutoyer comme dans ton jeune âge c'est pour t'implorer le pardon. Je n'ai pas été à la hauteur, je n'ai pas été le père que tu rêvais d'avoir. Certes j'ai été là mais comme je te l'ai dit un peu plus haut? Je t'ai trahie. Je t'ai vendue à cet homme sans regarder si ce choix te convenait. J'ai laissé ce mariage se faire et enfin je suis trop faible pour te protéger face à lui. Je n'ai pas l'autorité suffisante pour m'opposer à son jugement et ni le pouvoir ni l'argent pour le rouer
de coups comme je le fais souvent dans mes rêves. Je suis un lâche
de rester immobile face à
de telles insultes. Il te fait souffrir et ce faisant, il me fait souffrir. Sache ma fille que nous sommes fiers
de toi, tu subis sans rechigner chacune
de ces journées. Depuis ce jour j'ai perdu ma fille qui est devenue une femme, une femme fort belle mais détruite, je voudrais que tu saches que malgré la distance tu hantes mon cœur et mon esprit, que nous pensons chaque jour à toi.
Sache également que son crime ne restera pas impuni. Chaque minute qui s'écoule nous rapproche
de la fin. Quand nous aurons fini
de rembourser tout ce que nous leur devons
Viviane, je t'en fais le serment, je te vengerai. Il n'a pas le droit
de te faire souffrir
de la sorte. Je sais également que tu as peur. Tu ne veux pas que les autorités sachent ce que te fait subir ton époux. Cependant il faut t'y préparer: un jour tu seras
de nouveau libre. Je ne resterai pas les bras baillant, sans rien faire, lorsque nous aurons réglé nos problèmes. Et si pour se faire il fallait que l'on m'exécute alors je subirai ma peine avec dignité et honneur. J'aurai eu le courage, l'honneur et le bonheur
de te venger. Aujourd'hui tu as 22 ans. Tu es mariée depuis trois ans et tu n'as pas encore enfanté. Tu ne me dis rien à travers tes lettres qui ne puissent le déshonorer mais cela ne m'échappe pas, tout ceci est
de sa faute. Il ne doit pas te laisser le temps
de porter un enfant dans ton ventre.
Je n'ai plus assez
de papier convenable à te joindre, je dois donc arrêter là ma rédaction. Je voudrai, avant
de te quitter, te dire à quel point je t'aime, à quel point nous t'aimons. Nous viendrons certainement te voir en Angleterre l'été prochain. En attendant, prends bien soin
de toi,
Viviane et soigne toi bien.
Ton père qui t'aime,
Charles
de Vaudemont. »
Les mains fines
de la jeune femme froissèrent doucement le papier qui produisit un léger bruissement. Fermant les yeux, elle plaqua doucement le courrier contre sa poitrine secouée
de sanglots. La jeune femme pleurait silencieusement. Comme toujours. Son père lui manquait et surtout, il se sentait coupable. Elle ne lui en voulait pas. Non,
Viviane ne lui en avait jamais voulu. Ce n'était pas
de sa faute à ses yeux, rien ne l'était. Il avait fait ce qui lui semblait juste pour le bien
de leur famille. Certes, il aurait dû demander une aide financière à une autre famille dont l'héritier aurait été plus agréable mais rien aurait pu lui annoncer que l'époux
de sa fille serait un pareil monstre. Seulement...En France, aucune famille n'avait été prête à les aider, les
de Lovelace, qui faisaient partie
de leurs connaissances, avaient très aimablement accepté
de les aider. La famille
de Vaudemont avait besoin d'eux pour ne pas sombrer.
Une voix rauque et masculine appela la jeune femme qui leva les yeux sur la pendule qui trônait dans le salon. 21h00. C'était l'heure
de monter se coucher. Repliant la lettre et la glissant sous la planche d'un tiroir la jeune femme monta rejoindre son époux assis sur le lit. Elle avait tressé ses cheveux et le regardait
de ses prunelles bleutées. Il lui fit un signe et elle dut prendre place près
de lui, les bras
de Bartholomew s'enroulant autour du corps
de la jeune femme qui se laissa aller sans protester. Après tout, elle lui appartenait. Ce soir-là, les coups étaient encore
de mise et il lui fut difficile le lendemain matin
de se lever sans difficulté.
******
En 1838,
Viviane était bien grosse. Son mari lui avait laissé porter un enfant et elle avait enfin pu profiter
de la douceur d'un ventre rond et d'une vie qui s'y développait à l'intérieur. Elle avait attendu cela depuis si longtemps...Les complications lors
de l'accouchement n'avaient pas été nombreuses. Bien entendu elle avait souffert et son époux, au lieu
de se trouver à ses côtés pour la soutenir, s'était installé sur un fauteuil au bout
de la pièce, un journal dans les mains. Rien ne pouvait le perturber, pas même les cris
de sa femme qui se tordait
de douleur et essayait
de contenir sa souffrance, en vain. Contre toute attente, malgré les prières
de la jeune femme, l'enfant qui naquit fut une petite fille. La mère ne voyait en elle que son petit trésor alors que le médecin
de la jeune femme, lui, se tournait vers le père et lui murmurait quelques mots à l'oreille. Contre toute attente la jeune femme se releva et sourit, son époux s'était levé et s'approchait du lit se plaçant au-dessus d'elle.
Viviane releva la tête et murmura doucement:
- C'est une fille Monsieur, je suis si heureuse...
Elle prit la main
de Bartholomew qu'elle fit poser sur la tête du bébé. Cette enfant-là paraissait tout à fait normale aux yeux
de sa mère. Aux yeux du père, elle n'était qu'une plaie. Blanche, beaucoup trop blanche. Un duvet blanc comme celui d'un oisillon recouvrait son crâne et ses yeux extrêmement clairs étaient bordés d'une rougeur inhabituelle. Le bébé était albinos, cela n'avait presque rien d'étonnant quand on regardait bien la mère dont la peau était déjà très claire et les cheveux blonds platines. Serrant les poings Bartholomew arracha l'enfant
de la mère qui se reçut une gifle retentissante. Il ne lui fallut que quelques secondes
de plus pour refiler le nourrisson au majordome
de la famille et lui ordonner
de le noyer. Il ne voulait pas
de ça chez lui. Il faudrait s'en occuper plus que nécessaire et un enfant qui possédait un tel handicap n'avait aucunement sa place dans sa famille.
De plus...restant encré dans les anciennes visions des choses, Bartholomew considérait les albinos et les personnes rousses comme des créations du Diable, des monstres, des erreurs
de la nature. Cette enfant ne devait pas vivre.
Viviane poussa un cri en entendant les paroles du Duc. Se mettant à pleurer toutes les larmes
de son corps elle se jeta aux pieds
de l'homme et le supplia
de n'en faire rien et
de lui laisser garder le bébé ou au moins
de le confier à une domestique qui s'occuperait elle-même
de son éducation. Un signe
de la tête fit partir le majordome qui descendit dans les sous-sol et prépara une bassine d'eau froide pour y plonger l'enfant, le coeur serré.
Viviane, quant à elle, hurlait
de douleur et tentait
de se précipiter vers la porte alors que son mari la rattrapait et la repoussait avec fermeté, sans coeur. C'était son enfant qu'il lui enlevait, sa seule raison
de vivre. Comme une furie la jeune femme se jetait à nouveau vers la porte.
Le silence se fit. La duchesse reposait dans son lit inconsciente, une vieille femme épongeait son front fiévreux et sa tempe ensanglantée. Le majordome
de la famille avait gardé l'enfant contre lui. Il n'avait pas besoin
de présenter le corps à son maître. Silencieusement il était retourné dans le quartier des domestiques en cachant le nourrisson dans ses bras et en le confiant à la femme
de chambre
de la duchesse. Lorsque cette dernière se réveilla ce furent les premiers mots qu'on lui murmura à l'oreille alors qu'elle allait
de nouveaux éclater en sanglots. Son bébé était vivant. La forçant à garder le lit une journée
de plus, il n'avait cependant pas pu l'empêcher
de rendre visite au nourrisson pour le prendre dans ses bras et le bercer. Elle l'avait même allaité, un sourire béat scotché à ses lèvres. Elle ne pouvait cependant pas se résoudre à garder l'enfant. Si son mari la découvrait, le majordome le paierai
de sa place et le bébé
de la sienne. Elle n'avait aucune chance
de survivre ou bien
de vivre heureuse ici avec un père tel que lui. Après s'être habillée et avoir vérifié que Bartholomew était bien occupé, elle sortit la petite fille dans les bras déambulant dans les rues. Elle cherchait
de l'aide. Quelqu'un. La fièvre n'était que trop forte...Elle ne pouvait pas avancer aussi vite qu'elle le voulait. Une fine pluie tombait ce jour-là mouillant le visage
de la jeune femme qui s'arrêta finalement devant la porte d'une maison et frappa. Le souffle
de sa fille caressait doucement son cou. Un soupir
de soulagement s'échappa
de ses lèvres même si elle gardait la tête baissée pour ne pas risquer d'être reconnue. Seuls quelques mots s'échappèrent
de sa gorge. Elle suppliait la femme qui lui avait ouvert d'emmener sa fille à l'orphelinat, qu'elle-même ne le pouvait pas. Après lui avoir mis l'enfant dans les bras et l'avoir embrassé sur le front une dernière fois, une mèche blonde s'échappant
de son chignon, elle se retourna et s'en alla sans plus jeter un sel regard.
De retour chez elle elle prétexta être allée prier pour sa fille perdue, ce qu'elle fit une fois dans sa chambre au pied du lit.
****
Depuis ce jour,
Viviane rendit régulièrement visite à sa fille qui vivait désormais à l'orphelinat. Elle ne lui révéla jamais qu'elle était sa mère et se contentait
de lui apporter quelques cadeaux, des vêtements ou des jouets et même parfois
de l'argent pour qu'elle puisse être nourrie convenablement. Elle ne pouvait pas se risquer à ce que sa fille soit reconnue aux yeux
de Bartholomew. Il trouverait toujours un moyen pour la rayer
de Londres.
De plus la jeune fille était d'une santé encore plus fragile que la sienne. Elle attendait qu'elle grandisse un peu pour l'envoyer en France chez ses parents et peut-être lui révéler que sa mère ne l'avait jamais réellement abandonnée...Que c'était elle qui venait la voir presque toutes les semaines quand elle le pouvait et qu'elle avait simplement voulu la protéger. L'enfant était morte aux yeux du Duc et elle devait le rester.
Les violences conjugales que subissaient chaque jour la jeune femme ne s'arrêtaient pas. Plusieurs fois le médecin dut intervenir d'urgence pour que la belle ne s'éteigne pas. Sans pitié, Bartholomew ne se lassait pas
de sa femme. Jamais la duchesse n'en parlait à ses amies et feignait
de vivre bien du moins
de ne pas être humiliée quotidiennement par son époux.
De plus, à cause
de la peur lui tenaillait le ventre, elle ne le dénoncerait jamais d'elle-même. Après tout ne lui avait-il pas appris qu'il avait tout pouvoir sur elle et qu'elle ne devait pas se rebeller?
De plus, sa famille avait encore besoin
de leur soutien, il pourrait les mener à leur perte si jamais elle le dénonçait et qu'il était arrêté puis innocenté. Elle craignait également pour sa vie. Elle avait une jeune fille
de quatre ans à protéger. Les correspondances avec ses parents ne s'arrêtèrent pas non plus. Elle tenait profondément à eux et n'avait pas risqué
de leur parler
de sa fille, nommée June pour être née en Juin par les dames
de l'orphelinat, et s'était contentée
de leur annoncer que l'enfant était morte née. Malgré tout, elle ne s'empêchait pas
de vivre et riait et dansait dans les salons, les soirées mondaines et les bals. Quitte à ce que son époux la réprime juste après en rentrant, elle ne voulait pas rester prisonnière. Elle restait cependant fidèle à son époux et jamais elle ne ferait quelque chose qui irait à l'encontre
de sa réputation et
de son nom. Elle prônait le respect et le défendait bec et ongles si l'on venait à s'en prendre à lui. C'était ainsi qu'on l'avait élevé, c'était son époux qu'elle devait soutenir, pas les autres, même s'il avait faux sur une quelconque question.
- Vivre, survivre, pour elle. Pourvue qu'elle vive.