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Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42]

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Veronica della Serata
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Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Empty
MessageSujet: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeDim 24 Juil - 14:56

[HRP/ En venant de St Thoma's Hospital : Quand l'amour fait sa propre justice./HRP]

Le mois de mai était bien installé désormais. Les parterre de fleurs devant l’entrée de la maison de Véronica explosaient sous les couleurs et les parfums, les oiseaux chantaient, tout le quartier semblait ragaillardi. L’Alchimiste elle-même, semblait de bien meilleure humeur qu’à l’accoutumée. Il fallait dire qu’après l’enquête qui l’avait secouée en mars et la rupture soudaine d’Armando, elle avait failli tomber dans une dépression noire. Les premiers jours n’avaient pas été évidents. Elle s’était très peu nourrie, ne parlait plus, se réfugiait avec une haine farouche dans le travail comme s’il allait résoudre ses maux. Puis, petit à petit, alors que les journées gagnaient du terrain, l’orage reculait dans la tête de la jeune femme. Elle s’était fait une raison. Après tout, les circonstances particulières de cette enquête avaient éveillés des instincts qui se seraient sans doute effacés dans une situation normale. Peut-être même ne se seraient-ils pas plu en fin de compte ?

Pourtant… Pourtant ils avaient vécu, ils avaient pleuré l’un pour l’autre, ils avaient tué pour se sauver. Pourtant, ils s’étaient entendus sur beaucoup de sujets. Si seulement ils s’étaient donné plus de temps pour s’apprivoiser… Mais non, il avait fallu recevoir une minable lettre, froide et imprévue. Il n’avait même pas daigné se déplacer pour elle.
Véronica balaya ses doutes d’un revers de main. Si elle commençait à réfléchir, jamais elle ne s’en sortirait. Et puis elle préférait finir vieille fille plutôt que de perdre du temps à retrouver l’Italien et à lui faire changer d’avis. Il avait pris sa décision ? Grand bien lui fasse ! Qu’il reste donc à croupir entre ses dossiers.
L’Alchimiste allait mieux. Elle allait mieux car elle transformait sa tristesse en rancœur et sa rancœur lui donnait l’énergie nécessaire pour aller de l’avant et s’épanouir.

Et cela lui réussissait ! Promue par l’Alchemist Room au rang de médiateur entre son service et Scotland Yard, elle avait réussi à se faire une place entre ces messieurs et même, à se faire estimer par certains d’entre eux. Cette victoire la faisait sourire chaque jour. Et elle n’avait même pas peur de croiser son ancien coéquipier, puisque celui-ci avait été mis à pied pour quelques temps.

Véronica soupira en se laissant couler dans sa baignoire. C’était en l’honneur d’un de ses collègues qu’elle se pomponnait aujourd’hui. Enfin, pas pour lui personnellement, mais parce qu’elle avait été invitée, ainsi que la plupart des inspecteurs du Yard, à son mariage. Il se trouvait que le marié était le commissaire divisionnaire. Il épousait en secondes noces une petite baronne originaire du Sussex. Rien de très prestigieux en ce qui concernait la noblesse mais les deux familles étaient connues pour avoir des moyens considérables, ce qui promettait un certain faste.
La jeune femme se savonna vigoureusement et en profita pour laver soigneusement ses longs cheveux bruns avant de parfumer son corps avec de la cire d’abeille et de l’eau de rose.

Fraîche et pimpante, elle se sécha dans un drap de bain et enfila ses vêtements de dessous avant de filer s’asseoir à la coiffeuse. Mrs Walters l’attendait, avec son armada de peignes, de fers, de lotions et de laques. Véronica préférait ne pas imaginer toutes les coiffes, fleurs et broches qu’elle avait sorti. Une matinée pleine de tests capillaires en perspective…
Alors que sa gouvernante tordait, frisait, peignait et coiffait, Véronica se détailla dans le miroir. Bien qu’elle avait recommencé à manger, son visage et ses épaules frêles avaient gardé les signes de la tristesse qui avait suivi sa rupture. Cela ne lui allait pas si mal, bien que la mode allait plutôt à la rondeur ces temps-ci.
L’alchimiste se laissa aller à ses divagations, touchant machinalement un peigne du bout des doigts. Elle repensa à son écosse natale. Les Highlands lui manquaient de plus en plus mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner son poste. Ses parents avaient été très fiers d’apprendre qu’elle deviendrait Alchimiste d’Etat, elle ne pouvait décemment pas faire demi tour maintenant !
Mrs Walters avança soudain son bras pour attraper la cire nécessaire à la sculpture des boucles, faisant sursauter la jeune femme.


- Enfin, ne vous laissez pas aller comme ça mademoiselle ! Vous êtes ailleurs depuis ce matin ! Avez-vous entendu ce que je viens de vous dire ?

Elle avait parlé ? Ça alors… La jeune demoiselle n’avait rien entendu. Confuse, elle regarda sa gouvernante avec des grands yeux surpris.

- Je vous demande pardon ?

Mrs Walters fronça les sourcils puis se détendit en riant, tapotant les épaules de sa maîtresse.

- Ne vous en faites pas. Dites moi plutôt ce que vous pensez de votre mise.

L’Alchimiste se regarda dans le miroir. Sa gouvernante avait sculpté d’opulentes anglaises qui encadraient son visage mince et lui donnaient de la rondeur alors que le reste de sa chevelure était contenue dans un chignon tressé qui lui retombait élégamment sur la nuque. Le résultat était très simple, elle n’avait pas envie d’ajouter de fioritures. Et puis, avec le chapeau qu’elle porterait, ce n’était pas la peine.

- Parfait ! Mrs Walters vous êtes une fée !

- Oh si peu… Maquillez vous pendant que je vais chercher votre robe !

Habilement, Véronica utilisa de fards aux couleurs chaudes pour masquer ses joues creusées et utilisa une légère ombre pour accentuer son regard. Un peu d’onguent framboise sur les lèvres et elle était apprêtée sans paraître vulgaire. Il était tout un art de savoir se maquiller en conservant l’air le plus pur et ingénu possible.
L’Alchimiste se leva ensuite pour enfiler sa robe. De coupe simple, elle était à manches courtes, dans un beau satin crème recouvert entièrement par un léger voile sur lequel des fleurs étaient brodées, grâce à des fils dorés, verts et rouges. De quoi mettre ses yeux en valeur !
Entre le passage du corset et des divers jupons et paniers, il lui fallut une bonne demi heure pour l’enfiler totalement. Pour parachever sa mise, elle opta pour un collier en or agrémenté de grenats qui rappelait les motifs de sa robe.
Une paire de gants en dentelle, des petits escarpins raffinés, une étole printanière et enfin, sa capeline. Elle était fin prête. Son cab était apprêté, elle n’avait plus qu’à se mettre en route.

Alors que le véhicule allait partir, Mrs Walters sortit en trombe de la maison en agitant les bras et ouvrit la portière.


- Votre ombrelle mademoiselle ! Et votre sac ! Au fait, avez-vous pensé à emporter votre tête ou l’avez-vous laissée dans les édredons ce matin ?!

Embarrassée, Véronica saisit ses objets. Sa bourse contenait, en plus des accessoires exigés par la coutume, ses gants d’alchimiste et sa montre. Heureusement que sa gouvernante pensait à tout ! Souriante elle l’embrassa sur la joue.

- Merci Mrs Walters. Bonne journée.

La cérémonie se déroulait dans la propriété des parents du marié. Leur domaine était assez étendu pour contenir une chapelle privée et un jardin capable d’accueillir suffisamment de monde pour un buffet puis un bal. Véronica sentait son ventre se serrer. Bien qu’elle apprenait, petit à petit, à évoluer en société, la perspective de se retrouver noyée de monde dans un cadre extérieur à son travail ne l’enchantait pas…

Beaucoup d’invités étaient déjà arrivés lorsqu’elle  se présenta. On se dirigeait vers la chapelle… La jeune alchimiste eut à peine le temps de saluer quelques connaissances qu’il lui fallut suivre le mouvement. Pieusement, elle entra dans l’édifice et s’assit plutôt à l’arrière. Elle ne connaissait pas particulièrement les mariés, elle savait qu’elle ne serait pas la bienvenue ailleurs qu’à cet endroit. Et au moins, elle pourrait sortir plus vite dehors.
Elle n’eut pas le loisir de détailler les personnes présentes dans l’espoir de trouver quelqu’un qu’elle connaissait. La cérémonie n’allait plus tarder à se dérouler et le prêtre était déjà là.

La jeune fille entra au son des orgues. Une petite blonde rondelette, que l’alchimiste trouva exquise dans sa robe blanche, couleur revenue à la mode depuis le mariage de la souveraine d’Angleterre. Sous sa couronne de fleurs, elle avait l’air un peu timide. Véronica éprouva de la sympathie devant la physionomie bon enfant de cette jeune épouse, et un regain de nostalgie aussi. Les promesses de l’Italien lui revinrent en tête. Et si ça avait été eux ? Bien sûr, la cérémonie n’aurait pas été aussi fastueuse. Beaucoup plus intime, à n’en pas douter. Où auraient-ils habité ensuite ? Chez elle ? Auraient-ils vendu leurs précédents biens pour acheter une propriété plus apte à recevoir des jeunes mariés ?
Véronica fut interrompue dans ses pensées par l’assemblée qui se levait pour un premier cantique. Chassant ses préoccupations, elle chanta avec les autres, y trouvant un peu de réconfort.

La cérémonie se déroula sans encombres, et bientôt, il fallut sortir pour féliciter les jeunes époux. Comme toutes les autres jeunes femmes, elle s’amusa à lancer des grains de riz sur le couple, avec de l’amusement, à son grand étonnement. Puis, sans vraiment savoir pourquoi, toutes les demoiselles se rassemblèrent autour de la jeune mariée. A côté de Véronica, une femme d’âge mûr riait. Elle avait des cheveux roux tirant sur le gris et tout son visage respirait la bonhomie.

- Moi non plus je n’ai jamais été habituée à ce genre d’événements !

- Pardon ?! Demanda Véronica, étonnée qu’on vienne lui adresser la parole.

Avec un air tendre, la femme lui répondit.

- On voit que vous n’êtes pas à l’aise… Enfin, moi je le vois ! J’ai mis un moment à me faire à tous ces événements mondains… Je préfèrerais tant la compagnie d’un livre et de mes chevaux !

- Oh vous montez ? Quelle chance ! J’aimerais bien apprendre… Pour ma part j’élève des oiseaux…

- Quelle charmante idée ! Oh mais je manque à tous mes devoirs. Je m’appelle Aurelia. Aurelia Trollope. Je suis la tante de la mariée. Mon mari aime que je rajoute le titre de Lady mais je trouve cela d’un pompeux !

Véronica sourit gentiment, heureuse de trouver une âme sympathique.

- Je me nomme Véronica Newburry. A vrai dire je suis une collègue du…

L’alchimiste ne put pas finir sa phrase. Quelque chose de mou lui avait atterri dessus, la surprenant. Elle ferma les yeux en réflexe pour se protéger et saisit l’objet avant qu’il ne tombe. Un fort parfum de fleurs avait envahi son espace alors qu’elle clignait ses paupières. Soudain, elle rougit en réalisant.

Le bouquet. Elle avait reçu le bouquet, sans même faire des manières pour essayer de l’attraper. Même si elle n’était pas experte en événements mondains, elle savait ce que la superstition disait. Bouquet attrapé, mariage dans l’année. Mais avec tout ce que Véronica avait vécu, après sa désillusion sentimentale, ces fleurs sonnaient plutôt comme un pied de nez que comme une bonne nouvelle. Les regards ravis et jaloux des autres filles sur elle la firent rougir. Elle était confuse, ne savait plus quoi dire. Tous ces gens l’étouffèrent d’un coup. Elle ouvrit et ferma la bouche en essayant de trouver du secours alors que quelques petites remarques qui sonnaient comme des railleries lui vrillaient les oreilles.

Véronica se sentit très molle. Elle se faisait violence pour ne pas lâcher le bouquet, ce qui aurait été vécu comme un terrible affront. Elle avait envie de partir en courant. Soudain, Lady Trollope vola à son secours en la saisissant par le bras.

- Je crois que Miss Newburry est en train de faire un malaise, sans doute la chaleur. Venez très chère, allons dans le jardin. Et que quelqu’un récupère ce bouquet, vous voyez bien que tous ces parfums capiteux l’incommodent !

Une fille de l’assistance vint débarrasser l’Alchimiste du bouquet alors que sa sauveuse l’emportait déjà loin des autres. Au frais dans le jardin, avec un verre de citronnade apporté par une domestique, la jeune femme murmura.

- Merci… Mais vous savez, je ne suis pas allergique aux fleurs…

Lady Trollope rit.

- Voyons, ai-je l’air si bête ? J’ai été jeune et aventureuse avant vous, Miss Newburry. Et le visage que vous avez est celui d’une jeune femme déçue en amour. Ne vous en faites pas, la vie viendra vous sourire en temps voulu.

- Merci…

Véronica aurait voulu rajouter quelque chose mais tout s’étrangla dans sa gorge. Une main rassurante vint apaiser les sanglots qui montaient dans sa gorge.

- Finissez cette citronnade puis allons rejoindre la noce dans la salle de bal. Faites moi un sourire et oubliez le.

Alors que Véronica gratifiait la Lady d’un sourire reconnaissant, celle-ci soupira et regarda le ciel.

- J’ai moi aussi longtemps rêvé d’indépendance et d’un amour véritable… J’ai eu de nombreuses fois le cœur brisé mais j’ai aussi eu la chance de me faire guérir. Votre tour viendra, Véronica, j’en suis sûre. Mais ne vous laissez pas emporter dans des chagrins romanesques. Ici, la vie ne fait aucun cadeau aux âmes affaiblies. Dans le panier de crabes que représente notre bonne société, il nous faut toujours faire bonne figure pour garder une place. Et quel combat difficile !

Elle se releva et tendit une main à l’Alchimiste, qui la saisit.

- Allons y, ne nous laissons pas désirer ! Vous avez certainement des connaissances que vous n’avez pas encore saluées à l’intérieur !


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Signav10

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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeMar 16 Aoû - 11:26

[HRP/ A lire après En suivant une petite annonce/HRP]

- Arrêtez donc de bouger, bon sang!

Dean perdait son calme. Mais son ami, auquel il tentait désespérément de nouer un foulard bleu nuit, ne cessait de tourner la tête pour s'observer dans le miroir.  

- Dieu, que c'est long ! Vous êtes aussi doué que mon ancien majordome!

Le policier leva un sourcil en terminant d'ajuster le foulard sous le menton de son supérieur.

- Ah !? Parce que vous avez eu un majordome vous ? Il ricana. Mais comment est-ce que vous êtes arrivé à l'Albany dans ce cas ?

Armando soupira et l'écarta d'un revers de la main. Il acheva d'installer son col et vérifia ses boutons de manchette tout en lui répondant d'un ton quelque peu las :

- Je me suis séparé de mon personnel, je n'avais plus les moyens. C'était il y a longtemps. Et puis j'ai décidé de me trouver un appartement simple, d'où je pourrais enquêter sans risquer de me faire facilement prendre. Quoi de mieux qu'une chambre d'hôtel finalement ? Les gens vont et viennent, personne ne s'y intéresse vraiment...Je me rends compte aujourd’hui que j'avais bien tord...

L'Italien faisait référence à l'attaque qu'il avait subi avec la jeune Véronica Newburry. Depuis, sa chambre avait été condamnée et il avait dû élire domicile chez son ami et collègue. Cela faisait maintenant plus de deux mois.
Ajustant à son tour son propre foulard, Dean perçut la morosité qui piquait son supérieur.


- Bah. Vos démarches vont bientôt aboutir. Vous serez bien sur Trafalgar...Ce sera autre chose que cette chambre de bonne, c'est moi qui vous l'dis !

Armando sourit au bonhomme qui lui indiquait la porte. Maintenant qu'il avait enfilé son pantalon le plus ample et son veston le plus brodé, il était temps d'y aller. Le mariage n'allait certainement pas les attendre.

C'était un beau jour de printemps et le soleil caressait de ses doux rayons les fleurs multicolores qui pendaient à tous les balcons. La Tamise reflétait sa chaleur, ondoyante, mordorée comme un nectar divin, et les Londoniens semblaient au sommet de leur bonne humeur. Quoi de plus normal après des semaines de pluie et d'horreurs dans les journaux ?
Si ses sentiments n'avaient pas interféré au cœur de son métier, sans doute Armando aurait-il été aussi souriant que la plupart des passants qui croisaient désormais leur route, au brave Finnigan et à lui, tandis qu'ils se dirigeaient vers la chapelle où leur collègue fêtait ses noces. Malheureusement, l'agent du Yard ruminait encore ses dernières défaites. Ainsi, le jeune homme ne cessait-il pas de penser à ses deux dernières enquêtes. S'il avait bien réussi à arrêter Maxwell et sa bande de psychopathes, cela avait été au prix de terribles efforts qui lui avaient coûté non seulement une partie de l'usage de son rein droit mais également une partie de son honneur. En effet, s'il était parvenu à démanteler le réseau établi entre l'Alchimiste et le traître du Yard, s'il avait prouvé que Paniandy n'avait été qu'une victime collatérale et que Jonathan était un agent double, il avait tout de même frayé avec Véronica Newburry, une Alchimiste, en pleine mission ; il avait failli mourir en se faisant tirer dessus ; il avait laissé la jeune femme tuer le coupable principal ; et, enfin, il avait réalisé à quel point son patron l'utilisait comme un vulgaire pion. De plus, il avait été mis à pied pendant deux mois, à cause des balles qu'il avait reçues, notamment dans la cuisse et le bas ventre, mais aussi à cause de son insubordination répétée. Malgré cela, un mois après les événements, il avait enquêté sur les terroristes du théâtre et avait réussi à croiser le chemin du dénommé Raphaël Veneziano et d'un de ses complices (dont il n'avait toujours pas le nom). Cela aurait pu être une réussite s'il ne les avait pas laissé filer en plus de se faire prendre par d'autres collègues un soupçon trop soucieux des règlements. La jalousie est un poison qui ronge même les structures les plus solides...et cela il l'avait durement appris à ses dépends.
Obligé de rester enfermé chez Dean, il s'était donc mis à lire les journaux et des romans en maudissant tous ces empêcheurs de tourner en rond. Ses projets d'avenir ne reluisaient pas plus que ses nouvelles habitudes qui consistaient à boire à outrance un soir sur deux et à fumer le cigare : il prévoyait de quitter le Yard en faisant une annonce officielle. Dean et Diego s'y étaient fermement opposés quelques semaines plus tôt, mais sa décision était prise. Il ne voulait plus obéir à « des abrutis finis », des « manipulateurs porcins incapables de mettre un pied sur le terrain et qui se permettent de juger hommes et femmes sans prendre en considération leurs réussites et leurs convictions ». L'agent avait décidé qu'il chercherait sa sœur seul, loin de toute institution, sans cette bride qui le ralentissait dans sa progression. Il ne pouvait plus supporter l'ambiance des bureaux et les manigances de son patron.
Après tout, n'y avait-il pas de nouvelles recrues capables de faire le sale boulot ? Toute une flopée ! Grand bien leur fasse à ces naïfs ! Le Yard manquait de sang neuf ! Armando avait feuilleté quelques dossiers avant l'affaire Maxwell et il avait senti qu'un renouveau n'allait par tarder à transformer son quotidien. A la bonne heure ! Il quitterait les lieux sans regret, libre d'enquêter à sa manière ! Évidemment, il ne disposerait plus des moyens que le Yard mettait habituellement à sa disposition, comme l'accès aux archives ou aux dossiers de tous les agents, et il devrait éviter tout conflit armé car il ne serait plus habilité à utiliser son couteau contre un criminel sans encourir une peine de prison voire pire...Mais au moins se sentirait-il plus à même de fouiner dans des lieux obscurs et de questionner le peuple sans risquer de déplaire à qui que ce soit. En outre, il serait libre de fréquenter qui il voudrait, comme il voudrait, du moment que cela ne faisait pas scandale au point d'appeler la brigade des mœurs. Il pourrait même se trouver une femme et personne n'irait l'empêcher de choisir une Alchimiste par exemple...

Son cœur se serra.

Il avait tenté d'effacer de sa mémoire l'image de Véronica mais rien n'y faisait. Après trois mois de silence absolu, il avait eu l'espoir qu'il aurait tourné la page. Ce n'était qu'une rencontre au cœur d'une enquête, une collègue dans la résolution de l'affaire Maxwell, une victime à protéger, rien de plus. Il avait partagé des moments difficiles avec elle et s'en était malheureusement rapproché sans le vouloir vraiment. Cela n'avait été qu'un amour bâti autour d'un mal-être, d'une situation particulière et rien d'autre.
Persuadé qu'il avait fait le bon choix, Armando ne s'en voulait pas d'avoir rompu. C'était sur sa manière de l'avoir fait qu'il se blâmait encore. Il avait entretenu avec la jeune femme une correspondance enflammée avant de tout rompre d'un seul coup, avec froideur, sans se préoccuper des sentiments qui la déchireraient lorsque son doux regard tomberait sur ses mots cruels. Ce n'était qu'après qu'il avait réalisé que son geste avait été très brutal et indigne d'un gentleman. Mais le mal était fait et il n'avait pas trouvé le courage d'aller s'excuser. Blessé dans son corps et dans son orgueil, il avait préféré laisser l'histoire se clore ainsi, sans chercher à revenir sur sa décision ou à atténuer ses mots.


- Hé ben, en enterrerait votre mère que vous seriez plus souriant...

La voix de Dean sortit l'Italien de ses sombres pensées. Il lui jeta un regard interloqué et le pauvre homme crut qu'il l'avait offensé.

- Oh ! Mille pardons, monsieur. Je ne voulais pas mêler vot' mère à ça. Je suis désolé si elle est vraiment morte. C'est pas ce que je voulais dire ! En fait je disais juste que pour un mariage vous n'avez pas l'air très heureux. Enfin, c'est pas le vôtre, mais c'est censé être joyeux un mariage, vous voyez ce que je veux dire et...

- Ça ira, Finnigan, ça ira, le coupa Armando en esquissant un geste de la main pour le faire taire. Allons-y...J'espère que mon nœud tiendra, c'est tout...

Dean attrapa au vol le regard mesquin que son collègue lui lança et se mit à glousser dans sa moustache. C'était bon, Armando avait retrouvé le sourire. Ils allaient pouvoir déguster de merveilleux petits fours après une chouette cérémonie installés au frais sur les bancs de la chapelle et danser avec quelques belles filles ! Parfait !

Ils arrivèrent en retard.
Le cab que Dean avait fait venir se trompa de chemin par deux fois avant de les mener du côté de Saint James. Armando serrait les dents : entre l'inconfort du véhicule, la chaleur et la perspective d'arriver en plein milieu de la cérémonie, il sentait que ce mariage allait lui être fort pénible...Sans compter que Dean passait son temps à tenter de le rassurer en faisant des blagues gaillardes et en le prenant pour un véritable benêt.
Heureusement, lorsque les deux hommes s'élancèrent par les portières laquées du cab, les invités finissaient tout juste d'entrer dans l'édifice religieux. Le cœur battant, les deux agents arrivèrent au milieu de la foule et trouvèrent des places près d'autres collègues qui avaient guetté leur arrivée. Courir n'avait pas fait de bien à l'Italien qui souffrait un peu des côtes. C'est qu'il n'avait pas fait d'exercices depuis trois mois ! Et puis, sa cuisse n'avait pas encore complètement récupéré...


- Voilà, ça commence ! Vous avez eu de la chance ! Lança Paige Robert.

- Chuuut...Regarde-moi cette perle...fit Dean en dévorant des yeux la mariée qui venait de franchir les portes derrière eux. Je ne sais pas si c'est nous qui avons eu de la chance, mais j'en connais un qui va apprécier son baldaquin ce soir ! Ah ah !

Armando soupira en lui donnant un léger coup de coude. Décidément, Dean pouvait être d'un vulgaire ! Même dans ce genre d'occasion, il ne réussissait pas à refréner ses pulsions paillardes.
Le regard de l'Italien glissa à son tour sur la jeune mariée. C'était vrai qu'elle était belle, dans cette robe immaculée, avec ce petit air candide et ému qui lui teintait les pommettes d'un pourpre soutenu. Son père la menait à l'autel avec une assurance et une fierté qui faisaient plaisir à voir. Les mains croisées devant lui, l'agent suivit des yeux le duo qui avançait vers le centre de la chapelle.

Le sermon fut prononcé avec cette touche de joie collective et de divine béatitude habituelle. Cela parut très long, mais Armando savourait ces instants comme un connaisseur goûte en bouche un vin français d'exception. Cela faisait des semaines qu'il n'avait vu personne d'autre que Dean, aussi cette cérémonie lui permettait-elle non seulement d'apprécier le soleil et l'air frais de la chapelle, mais en plus de croiser quelques collègues. Il fut également heureux de trouver des visages inconnus à décrypter. Et puis, il savait qu'il y avait plus désagréable que de chanter des cantiques pour unir deux êtres...

L'Italien songeait à l'harmonie que toutes ces voix et l'orgue formaient dans la demeure de Dieu lorsque Dean se mit à s'esclaffer près de lui. Alors qu'il allait se tourner vers son collègue pour lui murmurer qu'il fallait qu'il cesse ses idioties, l'agent fut attiré par un visage parmi les autres. Son cœur manqua un battement et ses doigts serrèrent son haut de forme.
Elle était là, au milieu de la foule qui s'était levée pour chanter le cantique...Ses cheveux avaient été relevés en un chignon encadré de boucles sculptées avec talent et sa robe pâle en faisait une véritable fleur épanouie pleine d'une grâce plus charmante encore que les antiques figures qui ornaient les tableaux du National Gallery. S'appuyant sur le bois sacré devant lui, Armando retint son souffle. Véronica Newburry...

Dean dut sentir un changement chez son supérieur car il l'observa soudain avec un intérêt particulier et son regard s'aligna sur le sien.


- Oh... fit-il dans un chuchotement rauque, il n'y a qu'à l'ignorer...C'est bientôt fini.

Armando avait blêmi. Son estomac sembla se liquéfier et son cœur ne voulait plus retrouver un rythme normal. Lui qui était réputé pour son self-contrôle impeccable et son absence d'émotion même dans les pires situations qui soient, se sentit mal à la vue de cette femme qu'il avait tour à tour aimée et rejetée.
L'agent termina le cantique et la cérémonie dans un silence emprunt de gêne et de réflexion. A vrai dire, il ne se préoccupa plus ni des mariés, ni de ses collègues tant la présence de l'Alchimiste avait effacé les leurs. Il ne cessait de se demander ce qu'il allait lui dire s'ils se croisaient à la sortie de la chapelle. A chaque fois, il en venait à la conclusion qu'il fallait absolument qu'il s'éclipse bien vite avant qu'elle ne le voie elle aussi et qu'ils se sentent obligés de se saluer. D'une telle entrevue ne pouvait rien sortir de bon. Il voulait fuir son regard accusateur et son amertume. Il voulait éviter d'avoir à se justifier devant tant de gens. Il craignait aussi d'affronter ses propres démons...

Tâchant de ne pas la perdre de vue, Armando fit en sorte de la contourner lorsque la fin de la cérémonie fut annoncée. Il en resta le plus loin possible, glissant entre eux des groupes de plus en plus épais à mesure qu'ils avançaient parmi les invités. Avec Dean et les autres collègues, il s'éloigna de l'entrée tandis que les plus motivés jetaient du riz sur les mariés. Puis, il perdit Véronica de vue. Cela l'affola quelques minutes et il tendit le cou une paire de fois pour tenter de la retrouver. Mais il finit par abandonner, d'autant que ses collègues le pressaient de fumer un cigare. Allumant le petit rouleau brun pour le caler entre ses dents, il grimaça à cause de l'odeur âcre qui s'en dégageait et fuma quelques bouffées avant de le tendre à Dean.


- Vous savez bien que je ne fume pas d'habitude. Je n'aime pas ça.

- Oh allez, monsieur della Serata, un petit de temps en temps, ça vous fera du bien ! C'est un mariage ! fit Paige d'un air consterné.

Armando leva les yeux au ciel et s'éloigna un peu du groupe pour chercher une dernière fois Véronica des yeux. Il allait de nouveau abandonner lorsque son regard retrouva son chignon au milieu d'une bande de filles hystériques qui criaient autour d'elle. Que leur arrivait-il ? L'agent haussa les sourcils et fit mine d'aller voir ce qui se passait. Heureusement, Stevenson le remarqua et le rattrapa par la manche.


- N'y allez pas, malheureux ! C'est un truc de femmes ça ! Vous vous retrouveriez la bague au doigt sans avoir choisi votre compagne !

Dean explosa de rire à côté d'eux et fourra dans les mains de l'Italien une coupe de vin pétillant. Armando comprit assez tard ce qui se tramait du côté de ce groupe de femmes : la mariée avait jeté son bouquet depuis les marches du parvis. Coutume amusante.

- Allons ! Les petits fours sont déjà là ! Si nous restons de ce côté-ci, il ne nous restera rien ! J'ai déjà eu du mal à attraper des verres...

Armando tendit une dernière fois le cou en faisant mine de s'intéresser au bouquet de fleurs et suivit ses collègues du côté du carré d'herbe qui accueillait les convives. Il était persuadé que c'était Véronica qu'il avait vue avec le bouquet dans les mains...Ses pensées avaient fusé, avec ce grain de folie qui caractérise bien les hommes, et il avait rougi. Honteux, il engloutit deux petits fours que lui tendait Paige et finit son verre d'une lampée. Bientôt, il repartit en quête d'un nouveau verre.
Sa trouvaille entre les mains, il revenait vers ses amis en faisant profil bas, pour éviter que l'Alchimiste ne l'aperçoive. Il avait encore perdu sa trace, car elle s'était éloignée du groupe de femmes avec une lady qu'il ne connaissait pas. De retour parmi les hommes, l'Italien se mit à siroter son verre en observant les autres invités. Soudain, Stevenson lui secoua l'épaule avec frénésie.


- Hey ! Ce ne serait pas votre collègue, l'Alchimiste, Miss Newburry, que je vois là-bas ?!

Armando fit une grimace et tendit le cou sans motivation apparente. C'était bien elle.

- Mmh...possible...

- Vous savez que depuis votre affaire, elle a été promue au rang de médiatrice entre le Yard et l'Alchemist Room ? Il paraît qu'elle a du talent.

L'Italien but une gorgé de son vin et haussa les sourcils d'un air hautain.

- On m'a dit ça, oui...Du moment que les Alchimistes ne viennent pas fourrer leur nez n'importe où...

- Allons la saluer ! fit Stevenson avec une joie non dissimulée. Apparemment, Véronica était à son goût.

Armando grimaça de nouveau et tenta de le rattraper, mais c'était trop tard. Stevenson avait déjà fendu la foule et interpellé Lady Trollope qu'il connaissait vraisemblablement de longue date.


- Lady Trollope ! Miss Newburry ! Je suis ravi de vous voir ! Laissez-moi vous présenter mes collègues : Dean Finnigan, Paige Robert et Armando della Serata, même si vous, vous avez déjà travaillé avec messieurs Finnigan et della Serata, ajouta-t-il pour Véronica en lui faisant un grand sourire.

Armando s'était senti obligé de le suivre, histoire d'être poli, mais il mourrait d'envie de lui faire avaler ses gants. Face à Lady Trollope, il fit une courbette élégante. Face à Véronica, il ne put retenir une grimace de gêne et lui fit une courbette de circonstance.


- Cela fait longtemps...fit-il avec un sourire triste.


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Sans_t11


Dernière édition par Armando della Serata le Dim 27 Nov - 10:55, édité 1 fois
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Edward Carter
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeMer 17 Aoû - 22:43

Il y avait cette lettre, là, déposée avec nonchalance sur un coin de la table de la maison. Elle était comme isolée, rejetée par son destinataire. Il faut dire qu'elle n'avait pas tant de chances que ça, pauvre lettre, tomber chez Edward Carter avec l'adresse du chef divisionnaire du Yard. Elle n'était même pas ouverte, l'enveloppe blanche, sans plissures, encrée d'une délicate écrite de femme, des « o » très ovales si bien qu'ils tendaient vers de petits « l » très bas. La hampe de ces « p » ressemblaient à canne qu'on avait posée à l'envers. Malgré toute la délicatesse de la graphie, rien n'y faisait, l'inspecteur du Yard n'y avait rien fait, sinon la jeter, là, au coin de cette table.

L'aurore éclairait faiblement la lettre, le lycanthrope travaillait encore sur une affaire, des vampires, pour changer de ces derniers mois, il n'y avait que ça, des morsures, des corps vidés, des disparitions, mais il voulait percer ce secret, celui qui entourait l'organisation des vampires. Il n'avait pas les connaissances nécessaires pour déchiffrer se réseaux. Perché sur on lit, debout, habillé, il observait les preuves qu'il avait, quelques reproductions de la scène de crime, localisation des lumières et leur portée, présence des « témoins » et de leurs champs de vision. Il y avait quelque chose qui clochait dans cette scène de crime, c'est que les témoins auraient dû voir l'agresseur et pourtant il n'y avait rien, le seul endroit d'où pouvait venir l'agresseur était une impasse qui ne donnait sur aucune fenêtre avant le troisième étage. Quel était donc cette sorcellerie, les vampires possédaient d'aussi grandes capacités physiques ? Comment les démasquer ? Comme se jouer d'eux pour les capturer? Il fallait aussi connaître la tête suprême des vampires. Un cri de rage ébranla la maison des Carter avant que le fils de la famille ne descende pour prendre une partition de Jean-Philippe Rameau pour la réécrire plus justement, violon à l'épaule, plume de l'autre. C'était agaçant de ne pas pouvoir résoudre une affaire comme on le voulait.

L'inspecteur n'entendit pas le bruit rêche d'un ouvre lettre derrière sa porte, sa sœur, Emma qui passait par là pour rendre visite à son frère comme chaque jour, voyait cette lettre depuis plusieurs jours n'avait osée rien dire, mais l'avait finalement ouverte et lue, les Carter sont beaucoup trop curieux. Face aux mots qui s'inscrivaient sur cette lettre, la soeur ne pouvait pas rester sans rien dire et entra dans la chambre de son frère.


-Monsieur Carter ! Je vous saurais gré de me dire pourquoi n'avez-vous pas ouvert cette lettre ? C'est une...

-Invitation au mariage du chef divisionnaire oui, oui, oui, je sais, mais que veux-tu que j'y fasse, c'est une invitation de politesse, il espère que je n'y serait pas, tous me détestent au travail, car je vois tous d'eux, je n'ai pas ma place dans un bain de boue avec des porcs quand j'ai l'intelligence, le savoir-faire.

C'est une claque qui trancha l'air comme une lame, la joue de l'inspecteur rougit immédiatement et la douleur qui allait avec. Le regard mauvais et froid de sa sœur lui glaçait toujours le sang, car il ne pouvait pas la sonder, elle était impénétrable, rien ne se lisait sur ses yeux, le néant.

-Mais pourquoi ?

-Cesse d'être arrogant, tu n'es qu'un homme comme les autres et tes petits talents ne font pas de toi une personne supérieures, seuls les idiots se pensent supérieurs ou alors les suicidaires. Toi qui aime l'histoire je crois qu'elle te l'a assez démontré. Heureusement que mère ne voit pas ça, sinon elle t'aurait déjà mise la tête dans un seau d'eau. Elle fit une pause en observant la lettre. Comment as-tu deviné pour la lettre ?

-C'est simple, mon chef divisionnaire à une écriture carrée et brouillons, ses « o » ressemblent plus à des carrés qu'un cercle, ensuite il y a beauté de la graphie, je la trouve douce comme les écrits de Stendhal. Puis il y a une once de parfum de rose sur le papier, preuve que c'est une femme, riche, donc de la noblesse et apte à se marier avec mon chef divisionnaire. Et si je n'y vais pas c'est que ces événements sont d'un ennui !

-T'es gonflé, venant d'un maniaque qui se rabaisse au rang de paysanne à faire le ménage chez ses voisins je trouve ça gonfler de critiquer les autres. Du coup je présume que tu as vu l'ordre d'enquête ? Puisque tu sembles tant aimer les enquêtes ton supérieur t'en a collé une nouvelle. À croire qu'il te force plus qu'autre chose à venir, car tu dois voir ton associée.

-Ah bon... qui ça ?

-Une certaine... Veronica Newburry...

Le voilà qui manque de se vomir dans la bouche, ravalant difficilement sa salive et l'amer goût qui l'accompagne, l'inspecteur se redresse avec presque une larme à l'oeil.

-Car en plus on me colle ces incompétents d'alchimistes, ils sont incapables de travailler sans leurs tours de passe passe absolument débiles, ils ne représentent aucun intérêt, même les morts sont plus intéressant à regarder... bon dieu... Il râla un coup avant de partir vers sa penderie. Et bien je vais me préparer, à quelle heure est la cérémonie.

-Dans une heure et demie, si je ne m'abuse ton supérieur habite assez loin non ?

-Et bien ce n'est rien... j'arriverai en plein milieux, il le sait mon suppérieur, c'est le risque de m'inviter.

Il était déjà à prendre sa tenue la plus élégante après s'être dévêtu, saisissant une belle chemise d'un bleu pastel il la passait d'un revers de bras, sa sœur l'avait rejoint et boutonnait avec force cette chemise, elle faisait abstraction des manières de son frère, de toutes évidences il était intenable. Edward se saisissait d'un pantalon blanc, que son père avait confectionné comme toute sa penderie. Il l'enfila d'un saut. Emma s'était saisi d'un veston blanc avec de fine rayures du même bleu et enfin d'une belle et longue veste noire qu'il laissa ouverte après avoir enfilé le tout. Pour le reste, elle le laissa faire, nouant son foulard et laçant ses chaussures, il se saisit de sa canne qu'il passa sous le bras avant de mettre un volumineux haut de forme. Noir avec une petite bande bleue fort discrète.

-Bien j'y vais, je te laisse la charge de la maison, de toute façon tu n'as pas le choix, car si tu n'y es pas en mon absence et que le verrou est pénible à fermer, je risque de me faire voler, père et mère en seraient très vexés venant de toi !

Claquant la porte, le voilà parti, en bas, il détecta ce cavalier sur son destrier blanc, sans attendre il se précipita sur lui et dégaina sa plaque.

-En temps qu'inspecteur du Yard je prends votre cheval. Vous viendrez le récupérer au poste central, monsieur merci.

Sans attendre une réponse affirmative ou négative, le voilà qui tirait sur le cavalier pour l'extraire de son beau cheval blanc. Enfonçant ses talons dans les flancs du cheval pour le faire partir au galop, à ce rythme là, il serait, peut-être à l'heure, de toute façon, s'il devait arriver en retard et bien il arriverait en retard. Ils n'allaient pas lui tenir rigueur de quelques minutes de retard vu ses performances d'enquêteur. Les rues défilaient à une allure incroyable il faisait bon en cette période de mai et c'est pour cela que tous les rats de la capitale étaient de sortie.

Finalement, il arriva à la dite demeure,qu'elle était grande et élégante, pas le genre d'Edward, de toute façon son supérieur avait toujours eu quelque chose à compenser, sans entrer dans les détails cela devait sauter aux yeux, et certainement pas qu'aux yeux, mais c'est une autre histoire. Il ralentit jusqu'au pas pour ne pas trop abîmer l'herbe qu'il piétinait et ses quelques fleurs, il n'y avait plus personne sur la demeure du chef divisionnaire, preuve qu'il allait être en retard. Dans un profond soupire il accéléra un peu le pas. Au fond du terrain il pouvait distinguer la chapelle. Dans peu de temps, il allait entrer en contact avec des dizaines de gens qui ne l'aimait pas et qu'il n'aimait pas non plus. Ce serait plus fort que lui, en quelques instants il aura déjà trouvé les défauts de tous, et comme il se fera dévisager, il ne pourra s'empêcher de cracher son venin tel le  ringha, serpent cracheur découvert par Flemming il y a une vingtaine d'année.

Il vit au loin la mariée qui s'apprêtait à entrer avec son père, il accéléra le pas et s'arrêta non loin en confiant son cheval à un garçon, il avait encore un peu de temps avant qu'elle n'entre, aussi il couru aussi vite que possible et dépassa la mariée une petite dizaine de mètre avant qu'elle n'arrive à la porte et s'y présenta pour l'ouvrir puisque le garçon qui devait se charger de l'ouvrir était occupé avec un cheval blanc. Il ouvrit donc la porte à la mariée et les laissa pénétrer l'édifice avant de se glisser à l'intérieur en refermant les portes et de trouver une place assise.

Il s'ennuya à mourir. L'amour, ce n'était qu'un sentiment éphémère d'une grande bêtise, il était magicien et porteur de malheurs. Comment être heureux si celui-ci dépend d'un autre ? Comme être indépendant, fort si les qualités essentielles dépendaient d'une autre personne ? Ce sentiment échappait à l'enquêteur, non pas ses subtilités, mais son existence. C'était une question dont la réponse était impossible à trouver, mais elle permettait à Edward de ne pas écouter les mantiques, le ton parabolique du prêtre, il était comme une montagne lors de randonnées, il monte, puis redescend avec le même rythme, laisse toutes les demies phrases en suspend comme pour faire culpabiliser ceux et celles qui ne connaissent pas la suite de la phrase. La religion, ça aussi c'est quelque chose d'incroyablement inutile se disait l'employé du Yard, qu'est ce qu'il y a de plus stupide que ceux qui remettent tout aux mains de quelque chose dont il est impossible de connaître la réponse à part les loups-garous, et les loups-garous croyants, l'un n'empêchant pas l'autre dans le summum de la bêtise. Et Ô combien même Descartes aurait prouvé son existence grâce au doute, beaucoup d'auteurs se sont défaits de ses arguments.

Le temps coula lentement grâce aux entités, Michel et Henry faisaient gagnés de précieuses minutes, les discutions perdaient leur intérêt philosophique pour des questions d'enquête. Déjà, qui était cette Véronica, on lui connait des bâtons dans les roues avec ces histoires de duo, il pouvait remplir ses fonctions seul, puis ce n'est pas comme s'il y avait des milliers d'autres inspecteurs plus populaires et courtois. 

La fin, ce fut enfin la fin ! Il n'y avait rien de plus désagréable que cette scène où tous agitent les mains tels des pantins. Edward ne prit même pas la peine d'applaudir, car ça faisait mal aux mains, que c'était bruyant et qu'il n'y avait aucunes raisons d'applaudir un couple qui ne s'aimait pas vraiment. L'amour n'existe pas dans ce « haut monde » hypocrite. Il n'y a que jeux, stratégies, mesquineries. C'est là ce qui le rend intéressant, avec de la chance il y aurait un petit meurtre se dit-il, avec de la chance, un meurtre intelligent, plein de jalousie, de haine, d'hypocrisie, mais ça n'arrivera pas. Enfin dehors il bailla, sans mettre sa main devant sa bouche et parti prendre à manger aussitôt la nourriture sortie, autant y aller direct, quitte à passer pour une personne sans éducation, de toute façon les buffets étaient comme les lampadaires dont la lumière attirait en ses contours tous les insectes.


Il s'était ensuite éloigné, se plongeant sous un arbre, il commençait à faire chaud. Son chapeau quitta sa tête et devint un instrument à vent, il faisait chaud à cette heure de la journée. Il observa les gens, pour le « plaisir », c'était reposant de voir des fourmis s'agiter, mais il devait trouver cette Véronica. Il alla quérir un « collègue » en l'accostant comme s'ils avaient élevé les porcs ensemble.

-Salut John, j'espère que ça va, blablabla, non je suis là car le chef divisionnaire m'a invité juste pour que je rencontre, tu sais l'alchisme intermédiaire, oui je ne sais jamais comment ils appellent ça, mais si, l'alchimiste qui sert de médiateur, une jeune femme, belle à mon avis, pour nous pousser à rester cordial avec elle.

-Bonjour Edward... répondit l'interpellé. Vous trouverez mademoiselle Newburry là bas, avec monsieur della Serata et...

Edward tourna les talons, inutile de rester avec les personnes qui n'ont pas d'intérêt immédiat avec lui, après il ne fallait pas s'étonner que personne ne l'aime, mais comme il faisait très bien son travail, on ne pouvait pas lui dire grand chose. Il y avait un petit groupe avec l'alchimiste et l'agent spécial. Bon il avait entendu parler de celui-ci, l'affaire Maxwell était une formidable réussite, il y avait eut des dommages collatéraux, mais rien de bien méchant, mise à part la mort du suspect principal, mais démantelé un tel réseaux, ce n'était pas à la portée de tous. En arrivant à leur hauteur on pouvait se douter que la conversation était animée, mais ce n'était pas à grâce aux deux seuls acteurs qui l'intéressait, il régnait un certain malaise, il se fraya un chemin, chapeau à la main, canne dans l'autre et coupa net la conversation.

-Bien, vu le malaise qui régne dans cette conversation, personne ne m'en voudra d'y mettre fin ?

En même temps qu'il prononca cette phrase, il avait bien vu tout ce qu'il voulait, les gredins qui accompagnaient della Serata et Newburry n'avaient aucun intérêt pour lui. Il reprit donc.

-Après tout c'est vrai, les deux ici présents se revoient pour la première fois depuis quelques mois, sûrement depuis l'affaire Maxwell. La preuve en est, vous vous appuyez sur votre jambe saine monsieur della Serata, puis vous avez une main très proche du rein, ce qui suggère que vous souffriez encore un peu de la blessure, mais elle sera bientôt guérrit, vous souffrez également du ventre, vous tenir réellement droit vous fait encore souffrir. On n'oubliera pas de signaler que l’alchimiste ici présente est très importante à vos yeux, membre de la même famille ? Non trop classique et pas assez de ressemblances, je pense plutôt amour déchu, dont vous avez votre part de responsabilité car nous le savons bien, ces dames ne sont jamais responsables, n'est pas Son regard devia vers l'alchimiste après cette phrase au sarcasme cinglant. D'ailleurs madame vu votre tenue, bien que claire et égayée, c'est un masque, car vous êtes presque en deuil, sûrement de l'agent blessé car vous vous ne parlez plus et cette situation est très gênante, car tous deux auriez préférés y échapper. Monsieur à cause la gêne, madame car vous l'aimer encore, où vous l'aimiez jusqu'à peu et c'est d'autant plus gênant de se dire que vous aviez une chance de le reconquérir si vous l'aviez revu plutôt. Eh beh, si seulement le chef divisionnaire avait avancé son mariage arrangé de quelques semaines vous auriez pu espérer le reconquérir. Ensuite, oui, Véronica, si je suis là c'est juste parce que nous avons une enquête à élucider et même si je déteste faire équipe, surtout avec des magiciens de cirque et bien j'y suis forcé, car à défaut d'aimer les gens, j'aime mon métier. Bien, si vous n'avez plus rien à faire ici, peut-être pourrions-nous y aller, plus vite on commence, mieux c'est, non ? Il nous faut partir en voiture, car c'est à plusieurs heures d'ici et je n'aime pas voyager le matin. Il fit une courte pause.   Je ne me suis pas présenté, mais je ne prends même plus cette peine puisque de toute façon je suis déjà connu et détesté par tous à Scotland Yard, mais dans le doute que votre cerveau soit assez développé pour faire le tri intelligent des informations qui n'ont aucun intérêt immédiat pour vous, je veux bien vous le rappeler. Edward Carter, jeune inspecteur. Il regarda la scène. Et ne me dites pas que je manque de manière, de toute façon vos conversations devaient être aussi intéressantes que vos qualités d'inspecteur.

Il soupira en posant ses mains sur sa taille, il était temps d'y aller, il n'avait pas que ça à faire.
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeJeu 18 Aoû - 18:17

Véronica se sentait vraiment réconfortée par la présence de cette femme. Oui, un jour tout irait mieux, elle avait raison. Il suffisait d’aller de l’avant et de ne pas prêter attention aux ragots. Un jour, oui un jour elle découvrirait quelqu’un qui saurait la garder et la traiter comme son égale, pas comme un vulgaire mouchoir que l’on garde ou que l’on jette selon l’humeur du jour.
Bien sûr ce n’était pas vrai. Véronica, au fond d’elle-même, se doutait qu’Armando avait ses raisons personnelles d’en finir avec leur petite relation et, connaissant le personnage, elles étaient probablement tout sauf frivoles. Cependant… Cette lettre si sèche, sans plus d’explications lui avait laissé un goût tellement amer dans la bouche qu’elle avait envie de la lui faire manger, morceau après morceau.

« Nous devons cesser de nous voir »

« Nos métiers nous opposent »

« Nous aurions dû réfléchir au sens réel de nos actions »

« Insensées promesses »

Chaque phrase retentit dans l’esprit de l’Alchimiste et elle sentit poindre en elle l’amer goût de la rancœur. C’était une sensation difficile à chasser. Elle aurait aimé pouvoir pardonner et n’en faire que peu de cas mais elle n’y arrivait pas. La douce Véronica faisait douloureusement le deuil de son premier véritable amour, pour lequel elle avait tué sans hésitation. La jeune femme frémit. Elle avait du sang sur les mains désormais. Elle aurait beau se réfugier derrière son minois innocent et tout faire pour œuvrer dans le sens de la justice, elle n’en restait pas moins une meurtrière.

Ce fut le bras de Lady Trollope sur le sien qui la sortit de ses sombres pensées. Avec un air charmant, la quadragénaire désignait d’un signe de tête un groupe d’hommes qui s’approchait.


- Tenez, voilà ce cher Stevenson, un jeune homme tout à fait charmant ! Et si j’en crois cet air si enjoué, ce n’est pas moi qu’il est ravi de voir…

La jeune femme sourit en regardant dans leur direction. L’agent Stevenson était un des premiers à l’avoir accueillie au Yard dans son rôle de médiatrice. Il était prévenant avec elle sans être constamment sur son dos et bien qu’il laissait transparaître dans certaines de ses phrases, un machisme léger quoique récurrent chez la plupart des hommes, il restait quelqu’un d’appréciable.
Cependant, le sourire de la jeune Alchimiste se fana très vite. Elle connaissait les autres agents qui l’accompagnaient et en particulier ce grand homme très élégant dans son costume, malgré sa démarche légèrement boiteuse.

Armando.

Le cœur de Véronica rata un battement alors qu’elle serrait le bras de Lady Trollope. Avant que le groupe ne soit trop près, elle murmura :


- C’est lui…

En regard de leur précédente conversation, la jeune femme était persuadée que la Lady comprendrait. En tout cas, son discret hochement de tête le laissait à penser alors qu’elle arborait toujours le même sourire.
Dans un effort qui lui sembla surhumain, Véronica adopta une mine de circonstance : un léger sourire courtois, le dos bien droit et une main sur son éventail pour ne pas rester les bras ballants. Elle avait l’air de réagir comme si de rien n’était mais sous ses jupons, ses jambes tremblaient comme deux roseaux dans les bourrasques.

Stevenson, avec sa joie de vivre désarmante, vint lui présenter quelques collègues, dont deux qu’elle ne connaissait que trop bien. Avec tous les efforts du monde pour ne pas avoir l’air de trembler, elle plia doucement les genoux et inclina la tête pour répondre à leurs courbettes.

- Monsieur Stevenson c’est un plaisir de vous voir ici. Enchantée Mr Robert.

Elle se tourna ensuite vers Dean et Armando en essayant de ne pas regarder ce dernier.

- Ravie de vous revoir Monsieur Finnigan. Vous aussi Monsieur Della Serrata.

Ces derniers mots avaient été prononcés avec une froideur chirurgicale. Véronica était perturbée. Elle voulait des explications. Elle voulait des excuses. Elle voulait qu’il l’étreigne mais elle voulait également lui coller sa main dans la figure. Dieu qu’elle aurait voulu être un chat en cet instant précis. Elle n’aurait eu qu’à prendre la fuite en haut d’un arbre ou en se glissant sous une porte. Elle n’aurait même pas eu à supporter cette avalanche de sentiments contraires qui la mettaient dans un fol état de tension.

Devant elle, Armando fit une courbette qu’elle trouva raide. Sans doute à cause de sa jambe mais aussi de sa gêne. Ah ça, il pouvait être gêné ! Comme si revenir avec un sourire triste allait effacer ces mots qui la hantaient même quand elle croyait être passée outre ! Et sa remarque… A un moment, Véronica pensa qu’il se moquait d’elle, mais son visage la rassura. Non, il ne la tournait pas en dérision. Il essayait de garder constance face à elle, il savait qu’il avait sa part de responsabilité dans leur histoire.

Il y eut un moment de flottement puis elle répondit, devant le regard de Lady Trollope qui l’encourageait avec bienveillance tout en échangeant les politesses d’usage.


- Oui en effet, cela fait longtemps. Ceci dit, moins longtemps que ce à quoi je m’attendais. Il semblerait que vous ayez guéri plus vite que ce que les médecins laissaient présager.

Visiblement, ils ne s’attendaient, ni l’un, ni l’autre à se rencontrer ici. Devait-elle choisir de converser calmement ou plutôt de reconcentrer son attention sur Stevenson en ignorant complètement l’italien ?
Soucieuse néanmoins de ne pas jeter un froid malgré les sentiments qui l’habitaient, elle choisit la première option. Cependant, elle opta pour un sujet de conversation tout à fait banal. Armando ne l’entendrait pas parler, rêveuse, de ses envies de voyages et de découvertes. Non. Elle ne lui ferait pas l’affront de ne pas lui adresser la parole mais il n’obtiendrai rien de plus intelligent de sa part que de futiles remarques sur la météo et les festivités du jour.


- Quelle délicieuse journée ne trouvez-vous pas ? Les jeunes mariés ont bien de la chance de célébrer leur union sous un tel soleil… En mai, le temps est si capricieux ! Néanmoins, je gage que nous aurons encore de beaux jours de soleil, les oiseaux ne voleraient pas si haut si le mauvais temps était imminent…

Véronica s’arrêta net alors qu’elle sentait poindre un peu d’enthousiasme dans sa voix. Voilà qu’elle commençait à parler de ce qu’elle aimait. Encore. La nature, les oiseaux… Elle se comportait comme un garde-chasse ma parole ! Vite, il fallait trouver une parade… Elle appela de ce pas Lady Trollope au secours en se tournant vers elle.

- Lady Trollope, vous m’aviez confié que vous aviez de l’affection pour l’équitation, je suppose que vous allez profiter du temps pour vous promener dans Hyde Park ou vous rendre aux champs de courses ?

La grande dame saisit immédiatement la perche que lui tendait Véronica avec une facilité déconcertante.


- Evidemment ! Je comptais sortir en promenade après demain avec mon époux, il le cache bien mais il aime tout autant les équidés que moi ! Oh, j’ai même une idée ! Puisque vous semblez aimer monter, cela vous dirait-il de nous accompagner, Miss Newburry ? Et vous, Mr Stevenson ? Nous pourrions pique niquer tous les quatre, vous verrez, ma cuisinière fait d’excellents sandwiches !

Oh, malicieuse Lady Trollope. En agissant de la sorte, elle faisait clairement sous entendre qu’elle avait l’intention de jouer les entremetteuses entre l’Alchimiste et l’agent du Yard, sous le nez d’Armando. Elle essayait de piquer sa jalousie et l’air incrédule de Véronica, pas assez rodée aux habitudes mondaines pour comprendre le sens d’une pareille proposition, donnait encore plus d’efficacité à sa manœuvre.


Ce fut quelques instants plus tard que la tornade se déchaîna. Un jeune homme dégingandé arriva dans leur direction et coupa leur discussion avec la subtilité d’un boulet de canon. Alors que tout le monde était coi de surprise, il continua à parler, dévers ant un flot quasiment incessant de paroles blessantes. Véronica le regardait et rougissait au fur et à mesure qu’il étalait au grand jour le détail des sentiments qu’il supposait qu’elle avait pour Armando. Si elle avait été un peu moins prise au dépourvu, elle se serait certainement effondrée en sanglots mais elle n’y parvenait pas. Comment savait-il tout ça ?

Soudain, ce fut clair. Oui, ce devait être Mr Carter, cet insupportable enquêteur hautain, au maniérisme cinglant qui prenait un malin plaisir à repousser les autres plus bas que terre, à énoncer au grand jour des vérités qui auraient dû rester cachées et à jeter l’opprobre sur l’ordre des Alchimistes. Ses mains commencèrent à trembler lorsqu’il la qualifia de magicien de cirque. Cet homme se croyait intelligent mais il n’avait pas la moindre notion des enjeux de sa discipline ! Et puis, comment ça une enquête avec lui ? Pourquoi le divisionnaire la mettait-il avec cet énergumène alors qu’il savait pertinemment quel genre d’homme c’était ?
Les sourcils froncés, la jeune femme l’écouta jusqu’au bout sans dire un mot. Il était exécrable mais proportionnellement fascinant. Il avait du charisme, c’était certain. De l’assurance, peut-être. En tout cas, après une telle douche froide, elle eut beaucoup de mal à trouver la réaction adéquate. Ce ne fut que lorsqu’elle sentit qu’Armando allait exploser qu’elle pris les devants. Elle essaya de garder son calme pour sauver le jeune inspecteur d’un crochet du droit mais aussi pour ne pas entacher le mariage d’une altercation.


- Monsieur Carter. Il me semble que la plupart des gens se souhaitent le bonjour avant de commencer une discussion.

Elle le regarda alors, le transperçant de ses yeux verts. Il était banal physiquement, vraiment passe partout. Mais il dégageait quelque chose d’étrange, de puissant, à la fois déplaisant et intriguant. Elle devait agir vite avant qu’Armando ne le prenne à part. Il fallait prendre des pincettes et accepter de discuter avec cet homme. Par amour pour son travail au Yard.

- Monsieur Carter, je propose que nous continuions cette discussion plus loin.

Elle se tourna vers les autres avec un sourire courtois.

- J’ai peur que nous ne soyons contraints de remettre cette discussion à plus tard, vous m’en voyez désolée.

Elle passa ensuite devant l’agent pour aller plus loin dans le jardin, suffisamment à la vue des regards pour que les personnes alentour puissent voir qu’elles ne flirtaient pas mais suffisamment loin des autres pour qu’on ne vienne pas les interrompre. La jeune femme avait maintenant l’air remonté mais elle voulait paraître calme. Cela ne servirait à rien d’enguirlander un tel énergumène !

- Bien. Avant toute chose, si nous sommes amenés à collaborer, j’aimerais que vous me fassiez l’insigne politesse de ne pas manquer de respect à mon ordre. Aussi intelligent que vous semblez paraître, si vous réduisez l’Alchimie à de simples tours de passe passe c’est que vous n’avez absolument pas saisi de quoi il en retourne réellement et qu’en substance, vous feriez mieux de vous taire.

La jeune femme soupira. Ne pas s’énerver, surtout pas. Un coup d’œil vers Armando et la lassitude s’empara d’elle. Elle ne devait pas transférer sur le nouveau venu ses chagrins et colères passées.

- Ensuite, je doute que vous suivre maintenant soit une bonne idée. Je dois m’acquitter de ma présence ici. De plus, je n’ai absolument pas la tenue adéquate pour une enquête, vous non plus d’ailleurs. Le temps que nous partions, vu la circulation à cette heure-ci dans Londres, je ne serai pas chez moi avant deux heures, trois heures le temps que je rassemble tout ce qui m’est nécessaire. Ajoutons encore le temps de voyage jusqu’à notre destination, combien de temps nous restera-t-il pour enquêter ? Bien peu j’en ai peur.

Elle essayait de se montrer conciliante mais c’était dur, très dur. Elle n’avait aucune envie de collaborer avec cet individu.
Alors qu’elle allait ajouter quelque chose pour prendre congé et lui donner rendez-vous le lendemain, un cri se fit entendre depuis l’assemblée. La jeune femme tourna la tête et planta l’inspecteur ici pour courir en direction du buffet. Quelqu’un était blessé ?!

Quand elle arriva elle se rendit compte que le groupe d’Armando l’avait devancée. Les invités se tenaient en cercle autour d’une scène qu’elle ne pouvait voir. Délicatement, la jeune femme joua des coudes pour se frayer une place et découvrit, horrifiée, une Lady Trollope à la robe tachée de quelques gouttes de sang, les yeux baignés de larmes, alors qu’elle tenait contre elle le corps d’un homme.


- Mon mari ! Mon mari est mort !

Veronica, prise de pitié pour sa nouvelle alliée, fit reculer les gens avec l’aide des quelques agents présents pour la faire respirer puis s’agenouilla près d’elle. Elle ne voyait pas comment cet homme avait pu mourir mais vu le sang qui s’écoulait encore de la bouche et le visage des femmes présentes, la jeune femme hésitait. Était-ce un meurtre ou cet homme avait-il succombé à quelque violente attaque cérébrale ?

- S'il vous plait ! Y a-t-il un médecin ?

Elle regarda les agents présents qui semblaient penser comme eux. Lord Trollope avait probablement succombé à une maladie quelconque mais écarter la thèse du meurtre paraissait tout à fait non professionnel. Cet homme était mort, il devait y avoir une enquête pour en déterminer la cause.

- Il faut boucler la propriété. Que personne ne sorte jusqu'à nouvel ordre.

Devant les protestations des autres membres de l'assemblée, Véronica soupira en se disant que ce ne serait décidément pas simple d'obtenir la coopération des uns et des autres.


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Signav10

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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeMar 23 Aoû - 13:44

Stevenson avait toujours été maladroit. Maladroit et inconséquent. Bien sûr, il savait, comme tout le monde, qu'Armando avait décidé de ne plus avoir de rapport avec Miss Newburry. Et pourtant, il se précipitait déjà vers elle pour faire la conversation sans se soucier de ce que pouvait bien ressentir son collègue...

De son point de vue un peu étriqué, l'Italien avait fréquenté l'Alchimiste au cours d'une enquête afin de la protéger. Il n'avait pas eu le choix. Après cette affaire, l'agent avait même tout simplement décidé de ne pas la revoir puisqu'elle n'était pour lui qu'une victime, un témoin d'enquête et surtout une Alchimiste. Tout le monde avait entendu le patron de leur section ronchonner au sujet de ce duo inattendu et il était clair aujourd'hui qu'après son séjour à l'hôpital et sa mise à pied - qui avait continué chez Dean où il s'était installé - Armando n'avait rien fait pour fréquenter à nouveau la jeune femme. Apparemment, il s'était même arrangé par avance avec ledit patron pour ne plus avoir à travailler avec elle. Certes, les rumeurs étaient allées bon train dans les bureaux, et beaucoup avaient laissé supposer que l'As s'était attaché à la belle, mais par amour pour son travail, on disait également qu'il avait préféré couper les ponts entre eux. Il avait toujours eu cette réputation d'homme efficace que rien ne venait perturber. On le savait fort, mais aussi très solitaire.  
Évidemment, il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour comprendre qu'il s'était passé quelque chose entre les deux jeunes gens et que ce n'était que pour les apparences, pour le travail et son honneur, qu'Armando avait décidé de s'isoler. Il n'avait jamais fait mention de quoi que ce soit concernant une éventuelle relation avec la belle, mais elle coulait de source.
Stevenson, lui, était resté persuadé qu'ils n'avaient eu qu'une relation professionnelle. Pour lui, cette relation n'avait été gênante qu'à cause des rebondissements tragiques survenus au cours de l'enquête et, justement, à cause des rumeurs infondées. Aussi nourrissait-il en ce jour quelque espoir fou : puisque l'As avait décidé de travailler dans son coin et puisque rien ne prouvait qu'il avait envisagé une relation quelconque avec la jeune Alchimiste, non seulement il pensait que le duo pouvait encore se fréquenter dans le cadre d'un événement mondain, tel que ce mariage, mais en plus il songeait qu'il avait sa chance avec la donzelle : son collègue n'en prendrait pas ombrage puisqu'il n'avait jamais été intéressé !

Du point de vue d'Armando, la chose était tout autre...
Stevenson mettait le doigt sur un conflit qui remettait en question son sens de l'honneur et ses manières. Il le menait devant celle qu'il avait soigneusement évitée depuis l'enquête et sa dernière lettre, et il les plaçait tous deux devant leurs griefs et sentiments respectifs. Assombrissant la fête de leurs regards honteux et rancuniers, il ne se rendait même pas compte de la situation dans laquelle il les mettait. Pour Armando, Stevenson n'était qu'un imbécile profond qui méritait une bonne gifle.

La froideur avec laquelle Véronica le salua figea quelque peu l'Italien. Il ne pouvait que comprendre cette attitude et faire mine de n'avoir pas remarqué sa volonté d'éviter son regard, mais cela lui rappelait cruellement qu'il était coupable : coupable de l'avoir abandonnée sans réelle raison valable, coupable d'avoir été aussi raide dans sa dernière lettre...Au fond, l'agent ne regrettait pas son choix, car il pensait fermement qu'il avait agi au mieux, cependant il ne pouvait s'empêcher de songer qu'il aurait pu s'y prendre autrement, avec sans doute plus de douceur et de sincérité. Son cœur se serra. Comment aurait-il pu lui dire qu'il avait préféré procéder de la sorte afin d'éviter que son cœur ne l'en empêche ? Comment lui faire comprendre qu'alité, fatigué et désespéré, il n'avait pas trouvé le courage de venir la voir en personne pour lui expliquer sa vision des choses ? Il avait été affreusement lâche et discourtois...Et pourtant, il aurait tant voulu lui glisser à l'oreille qu'il s'occupait d'affaires de plus en plus dangereuses et qu'il ne voulait plus l'impliquer dans ces dernières parce qu'il tenait trop à elle ! Il ne voulait plus la voir souffrir. Il ne voulait plus que ses enquêtes soient perturbées par sa présence. Après tout, elle avait failli se faire violer devant ses yeux...et lui avait manqué d'y passer pour de bon...Il avait peur de ses propres sentiments et des conséquences de leurs liens. Quitte à faire un choix, il ferait celui qui assurerait la sécurité de la jeune femme et la sérénité de ses enquêtes.

Le regard fuyant, Armando esquissa un sourire de circonstance face à la petite remarque de la belle au sujet de leur dernière entrevue. Elle lui en voulait, c'était inscrit au fer rouge sur ses lèvres. Elle avait même pensé qu'ils ne se reverraient pas de sitôt, signe qu'elle avait même conçu de lui une image particulièrement négative. Pour clore au plus vite cette rencontre, l'agent répondit donc brièvement :


- Je vais bien, merci. Je vois que vous aussi vous avez récupéré rapidement. Vous m'en voyez ravi.

Dean grimaça un peu à côté de son ami. Cela se sentait, dans son ton, qu'il était tout sauf « ravi ». Stevenson avait décidément mis les pieds dans le plat ! Il allait tenter de détendre l'ambiance quand la jeune femme s'en chargea elle-même. Elle se mit en effet à parler du beau temps, sujet banal au possible, mais évident pour ceux qui cherchent à meubler une conversation.

-  Oh ! Oui ! Miss Newburry ! Nous ne pouvions pas rêver mieux pour le mariage de notre collègue ! Vous êtes observatrice, à ce que je vois. Je suis incapable de prévoir le temps avec les oiseaux, ah ah !

Armando observa la scène sans y participer vraiment. Il regardait surtout Dean et tentait d'être souriant. Cela lui coûtait déjà beaucoup. Véronica entreprit alors de chercher du secours auprès de Miss Trollope. Quelque part, ce fut amusant puisque la vieille dame saisit cette occasion en or de dérouler sa langue, qu'elle avait par ailleurs bien pendue. L'Italien sourit plus sincèrement. Lui-même appréciait l'équitation et ce nouveau sujet le détendit un peu sur le moment. Malheureusement, il déchanta presque aussitôt lorsque la grande dame se mit à inviter devant tous Véronica et Stevenson à les accompagner elle et son mari dans une future promenade. Armando rougit un peu et tiqua légèrement. Non seulement il se sentit exclu du cercle de miss Trollope, ce qui n'était pas des plus agréables, mais en plus il comprit immédiatement ce que cela sous-entendait par rapport à Stevenson et l'Alchimiste...Le visage de son collègue s'éclaira soudain et il se mit presque à battre des mains tant il était heureux de cette invitation.

-  Oh ! Miss Trollope ! Ce sera avec joie ! Je ramènerai un excellent vin qu'un de mes amis m'a ramené de Paris ! Vous verrez, il est exquis !

Dean profita que les deux femmes et Stevenson étaient occupés entre eux pour glisser discrètement à son collègue un « Quelle entremetteuse celle-là ! ». Armando serra les dents et resta muet comme une tombe. Il avait une soudaine envie de secouer Stevenson dans tous les sens...

Alors que le pique-nique s'organisait, un homme en pantalon blanc, chemise bleue et veste noire s'approcha vivement. L'Italien lui jeta un coup d'oeil intrigué et leva un sourcil en reconnaissant l'individu. C'était Edward Carter, un inspecteur connu pour ses manières quelque peu violentes. C'était un amateur de ce que l'on appelait depuis peu « la méthode déductive » qui consistait à analyser tous les éléments disponibles à la vue et à l'esprit pour en tirer des conclusion ahurissantes de vérité. Il était réputé au Yard car c'était un agent doué, vraiment doué, mais également un des plus insupportables. C'était un homme qui croyait toujours tout savoir et qui prenait un malin plaisir à clamer au grand jour toutes les vérités qui déplaisaient. Armando ne lui avait encore jamais adressé la parole, puisqu'ils travaillaient dans des bureaux différents et qu'ils enquêtaient séparément, mais il en avait longuement entendu parler.
Pourquoi venait-il donc dans leur direction ?
Sa première phrase coupa net la conversation qui était en cours et tous les regards tombèrent sur lui. Devant ses spectateurs interloqués, il fit alors une parfaite démonstration de ce qui le rendait plus arrogant que quiconque au service...
Armando se sentit immédiatement pris à parti lorsque le grand blond se mit à détailler son attitude pour en déduire ses blessures. Comment se permettait-il d'afficher ainsi ce qui le faisait encore souffrir et qu'il taisait pour éviter d'inquiéter ses collègues ? Comment pouvait-il aborder un tel sujet devant des ladies ? C'était vrai, son bas-ventre lui était encore très douloureux car il avait presque perdu un rein et sa cuisse l'empêchait de se tenir normalement...mais fallait-il en faire une telle annonce ? Armando entre-ouvrit la bouche pour lui répondre :


-  Je...

Mais l'agent Carter ne comptait pas se faire interrompre. Il parlait avec un débit qui ne permettait à personne d'intervenir pour récrier ce qu'il disait. Il se mit alors à décrypter ce qui le liait à Véronica. L'Italien fronça les sourcils et grinça des dents. Cette fois, il allait trop loin.

-  Dites-donc vous...Qu'est-ce qui vous permet de...

Il s'attaqua alors directement à Véronica, laissant Armando sans voix. D'un coup d'oeil, il partit du principe que la robe de la jeune femme était un masque pour cacher ses sentiments, qu'elle l'aimait toujours et qu'elle avait loupé sa chance de le reconquérir à cause notamment du délai qui les avait séparé et des exigences du chef divisionnaire. Puis, sans lui laisser réellement le temps de se défendre, il enchaîna sur le sujet de sa venue : ils avaient une enquête à résoudre et Véronica avait été désignée comme sa collègue. Il la pressait maintenant de quitter le mariage pour l'accompagner sur une scène histoire de résoudre au plus vite l'affaire qui l'occupait.

Armando serra franchement les poings et fit un pas en avant. Il allait le prendre au collet pour lui apprendre les bonnes manières mais Véronica eut le bon goût d'intervenir avant la catastrophe. Elle fit à Carter une petite leçon (que l'agent avait dénigrée avant même qu'elle ne la prononce) et lui intima de continuer cette discussion en privé, pour le bien-être de tous. Ainsi, la jeune Alchimiste laissa Miss Trollope, Armando et ses collègues pour éloigner d'eux cet énergumène et mettre les choses au clair à sa façon.
Dean posa une main sur le bras d'Armando dont les yeux lançaient des éclairs.


- Pas de folie mon ami, il n'en vaut pas la peine...

Bien sûr que si, il en valait la peine ! C'était un agent brillant, aux talents mille fois démontrés, mais son orgueil démesuré et sa manie de détruire tout soupçon de politesse méritaient d'être écrasés d'un bon coup de poing dans la face ! Il fallait bien que quelqu'un lui apprenne un peu à tenir sa langue en public et à choisir ceux qu'il décidait d'humilier !

- Non mais...pour qui il se prend !? Quel coq ! Rugit l'Italien sans quitter du regard le grand blond qui conversait un peu plus loin avec Véronica.  Je vais lui faire avaler ses...

- Allons ! Allons ! Insista Dean en serrant sa main sur la manche de son supérieur. Laissez tomber cet imbécile !

De son côté, Stevenson s'était rapproché de Miss Trollope et observait d'un air inquiet l'Alchimiste et l'importun. Si ce que Carter avait dit était vrai, il avait blessé della Serata...et miss Newburry ne serait jamais pour lui...Dieu ! Que cette façon d'interrompre leur conversation et d'aligner autant de détails privés était des plus déroutantes ! Que fallait-il croire ? N'était-ce pas là une feinte, l'étalage de ridicules déductions qui n'avaient aucun sens ? Il faudrait qu'il demande à l'Italien ce qu'il avait sur le cœur au sujet de l'Alchimiste, car il ne comptait pas lui manquer de respect.

- Allons au buffet. Miss Newburry nous y rejoindra. Inutile de les regarder...Fit bientôt Dean en les poussant tous à quitter les lieux pour éviter qu'Armando n'aille provoquer en duel le jeune prétentieux.

- Vous avez raison...répondit vivement Stevenson en donnant son bras à son amie. Venez miss Trollope, cela risque de prendre un certain temps et nous sommes de toute façon bien inutiles ici...Allons nous désaltérer et profiter du buffet.

Armando fulminait. Jamais, de toute sa vie, il n'avait été aussi humilié en public ! Jamais un homme n'avait osé le ridiculiser de la sorte devant ses collègues et, surtout, des femmes ! En plein mariage, il était prêt à envoyer valdinguer ce petit pédant insupportable par-dessus une table...Afficher ses blessures était une chose, étaler ainsi ses sentiments et ceux de Véronica en était une autre ! Comment avait-il osé ainsi briser tous leurs efforts pour tenter de garder la face depuis leur séparation ? Comment avait-il pu ainsi les compromettre ? Alors qu'il revenait tout juste au Yard et qu'il s'apprêtait à signer une décharge pour occuper un poste plus simple, Armando conçut soudain l'intérêt de conserver celui d'inspecteur spécial : il l'écraserait...

Cette idée en tête, ruminant tout ce que Carter venait de débiter sur son compte et imaginant bien des méthodes pour le faire descendre de son petit piédestal, Armando suivit ses collègues, la mine sévère. Il se passait déjà en revu tout ce qu'il avait entendu à son sujet. Il était efficace, très droit, mais aussi terriblement insolent...Il déduisait rapidement les choses et démêlait des enquêtes particulièrement ardues...Finalement, ils étaient bien plus proches l'un de l'autre que ce que l'Italien voulait bien admettre. Cela lui mit une certaine rage au cœur.

Quelques minutes plus tard, le petit groupe s'était dispersé autour du buffet. Armando était resté avec Dean, ruminant le rapprochement prévu entre Véronica et Stevenson, ainsi que les paroles de Carter.
Mais, alors qu'ils buvait un vin âcre et mangeait quelques petits fours à la tomate, un cri suraiguë déchira la foule. Abandonnant tout sur la table du buffet, Armando se précipita vers le lieu d'où provenant ce cri. Un cercle c'était formé autour d'une dépouille.


- Laissez passer !

Un homme était étendu dans les bras de Miss Trollope qui sanglotait. Beaucoup de sang sortait de sa bouche ouverte.

- C'est monsieur Trollope...souffla Dean en arrivant à la hauteur de son collègue.

- Éloignez les invités , commanda Armando sur un ton glacial.

- Laissez-les respirer ! Allons ! Du calme ! fit Stevenson en agitant les bras autour de Miss Trollope pour faire reculer l'assemblée.

Véronica arriva au moment où Armando et Dean tentaient de faire lâcher prise à la grande dame. Elle se chargea d'aider Stevenson à éloigner les convives et surtout à boucler le périmètre.

- Il faut un médecin ! Fit Armando en direction de la jeune Alchimiste.

- Je suis médecin ! Laissez-moi passer, pour l'amour de Dieu !

Un homme à longue barbe et veston doré fendit la foule avec colère pour se mettre à genoux devant le corps de Sieur Trollope. Il tenta de lui tourner la tête mais sa femme le tenait ferme et répandait sur lui toujours plus de larmes.

- Madame, il faut vous calmer. Allons ! Éloignez-la d'ici messieurs ! Vous voyez bien qu'elle est en état de choc !

Les mariés apparurent derrière les convives et la jeune femme se mit à pleurer. Un mort à son mariage, c'était quelque chose !

- Je pense que c'est l'aorte...murmura le médecin tandis que la foule s'agitait autour de lui. Il faut l'ausculter plus précisément. C'est peut-être une allergie alimentaire...A-t-il mangé quelque chose en particulier ?

Armando se retrouva quelque peu désarmé. Il n'avait que de vagues connaissances en anatomie et en médecine. Il était parfaitement incapable de répondre aux questions du vieil homme d'autant qu'il n'avait pas été présent au moment du drame. Apparemment, il n'avait aucune trace de blessure et c'était effectivement plus que probable qu'il ait avalé quelque chose de travers, qu'un aliment lui ait fait faire une réaction mortelle ou que quelque chose de plus grave se soit passé dans son système interne.


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Sans_t11


Dernière édition par Armando della Serata le Dim 27 Nov - 10:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeDim 18 Sep - 20:42

Son arrivée avait ravagé la joie du groupe comme la peste. À mesure qu'il parlait, il voyait bien les vagues d'émotions successives dans les yeux de ses deux interlocuteurs. Il y prenait presque plaisir, c'était agréable de pouvoir lire le flot émotionnel qui pouvait traverser une personne, passer de la joie à la colère en moins de trente secondes, sentir leur visage se métamorphoser, voir les traits qui s'étirent, les corps qui se crispent et les machoîres qui se serrent.

En l'occurence les réactions des subalternes n'avaient aucun intérêt pour lui. Véronica en avait pour une seule raison : il était obligé de travailler avec elle, et avant tout il devait apprendre à la connaître lorsqu'il était au sommet de son incorrection. Ainsi il éviterait qu'elle ne s'offusque de façon trop expressive et compromette leur « complicité » professionnelle. Les expressions qu'elle adopta en quelques instants révélait la véracité de ses propos, il était plus difficile pour lui de lire les comportements des membres du Yard ou de l'Alchismist Room, ils étaient supposés savoir se contrôler en toutes situations. Armando lui essaya de réagir, il ne gagna qu'un rictus satisfait d'Edward. Il avait touché en plein dans le mille, comme toujours. Après tout il était Edward Carter, un dieu de la déduction parmi ces pâles humains dénudés d'intelligence. Le fils de couturier ne s'était pas arrêté, il avait tranquillement finit de déverser ses paroles, devant un auditoire qui dégageait, comme toujours beaucoup de colère. En remarquant cette réaction, il soupira, ils n'étaient même pas capable d'apprécier cette joute verbale, il avait cloué net tout le monde sans aucune réelle option de rhétorique. Les hommes étaient faibles pensait Edward, les convenances sociales, ce genre de futiltiés, elles entachent la raison. Il faut être brute de décoffrage, ne pas ménager ses mots, l'hypocrisie est un fléau, au moins il ne cachait à personne ses sentiments, ils étaient les mêmes, il les détestaient tous. Ce n'était qu'une illusion pour Edward, il haïssait ces gens car ils les enviait, ils les enviait de pouvoir rire, parler, converser et se lier d'amitié avec d'autres. Depuis toujours il était l'exclu, depuis qu'il avait reçu ce « don », il était devenu l'homme à abattre, à garder sous silence, car tout finissait par se savoir avec Edward Carter. Alors on le taisait, on l'évitait, on le frappait, on le persécutait. Si bien qu'il ne lui restait que ça, ce « don », cette déduction que rien n'arrête, pas même les hauts gradés, les riches et nobles.

Si eux pouvaient vivre paisiblement leurs relations alors qu'on l'avait toujours écarté, pourquoi ne pourrait-il pas y mettre son grain de sel ? À la façon de tous ceux qui lui ont glissé un poing fermé et sec au creux du visage. Même à son arrivée au Yard il avait fait quelques efforts, surhumains, il avait pendant presque un mois salué ses collègues, retenu sa langue autant que possible. Mais Edward était susceptible et à chaque reproche lancé sur le ton de l'humour, il prenait tout à cœur et répondait sèchement, brisant net l'ambiance et ses espoirs d'amitié.

L'alchimiste fut la première à répondre, chose qui soulagea Edward en un sens à cause du poing serré de l'inspecteur italien. Il avait l'habitude de prendre des coups, mais pas au point d'aimer ça. La réponse froide de Mademoiselle Newbury lui arracha un sourire, il avait l'impression qu'elle forçait sur ses sentiments. Il eut un autre petit rictus avant de lui répondre en haussant les épaules.

- À quoi bon saluer des gens qui ne vous feront même pas le plaisir d'y répondre, je laisse cette naïveté aux animaux primaires.

Il soutint le regard vert de l'alchimiste, c'était un régal pour lui, il détestait se présenter à ce genre d'évènements, surtout lorsque le divisionnaire se jouait de lui en forçant sa présence. Puis il la suivit sans broncher au son de sa voix mélodieuse bien que contrariée. Le pas lent, sa belle canne en argent massif tapait régulièrement le sol pour appuyer sa démarche.

Ils étaient à une distance respectable, mais il n'y avait rien à espérer pour les yeux externes, il suffisait de reconnaître Monsieur Carter de loin pour comprendre qu'il n'y avait pas de flirt, tous et toutes le détestaient. Il l'écoutait d'une oreille, mais il aimait à se concentrer sur son attitude, observer ses efforts pour se contrôler. Il se devait de la faire craquer une fois avant le début de leur enquête en collaboration, il devait connaître ses limites pour ne compromettre l'enquête. Il n'aimait pas l'alchimie, il n'aimait pas les humains, mais il détestait encore et par dessus tout l'échec. Alors il se devait de connaître sa partenaire, bien qu'au goût de l'enquêteur, elle ressemblait à un fardeau. Il garda le silence jusqu'à la fin, il fit l'effort, surhumain, de ne pas la couper en plein milieux pour la presser de partir, mais finalement, il prit la parole.


-J'aimerais souligner que vous collaborez avec moi, pas l'inverse, pas d'équité. Avant que vous ne vous indigniez, cela n'a rien à voir avec vos attributs sexuels. Vous êtes une alchismiste au service du Yard, au service de la médiation, ce sera à vous de vous plier à mes exigences d'enquêteur. Mais le problème relatif à votre sexe, c'est vos manières, il vous vraiment tout ce temps là pour vous préparer ? Il est bien loin le temps ou les alchimistes étaient vraiment efficaces

On le coupa, que c'était désagréable. Mais comme c'était un cri, cela devait d'un coup intéressant. Était-ce quelque chose de bénin ou un accident ? Mieux, un meurtre ? Que le contexte était intéressant pensa l'enquêteur. Véronica s'élançait vers la scène, comme le groupe d'animaux accompagnant Della Serata. Edward lui s'avança un peu, tranquillement, sa canne tapait avec douceur le sol. Mais son esprit fulminait, il espérait du divertissement, il en aurait. C’était assez horrible à concevoir, mais rien chez Edward ne faisait battre son cœur plus fort qu'une belle scène de crime, c’était sans doute pour cette raison que circulait quelques rumeurs sur lui. On disait qu'il aimait tellement le crime, qu'il organisait lui même des meurtres pour enquêter dessus, et mettre en prison quelqu'un.

Edward tu es impossible *! Lança Michel, le loup roux n'entendait jamais d'une bonne oreille les mauvais comportements de l'humain, cela lui semblait même insupportable que l'on soit aussi peu conciliant*. Si tu ne fais pas d'efforts, tu vas finir pendu si ça continue ! Certains l'ont été, et pour moins que ça !*

*Tu as raison, il est injuste de les abaisser au rang d'animaux, c'est insultant pour vous, ils valent bien moins que des insectes*, rétorqua l'enquêteur.

*Bon presse le pas ! Il y a une enquête à élucider ! J'aimerai bien un peu d'action, c'est ennuyeux  d’écouter les mantiques d'un mariage,* rouspéta Henry, même s'il ne faisait que quatre milimètres, rien ne lui faisait peur. Meutres, nature dangereuse, animaux, humains. Transformé ou non, il cherchait sans cesse un peu d'action. Edward était le plus à même de lui en fournir.

L'enquêteur écouta les deux entités se chamailler comme des poissonniers sur le meilleur comportement à adopter. Mais lorsqu'il arriva non loin de la scène, il distingua Lady Trollope serrant un homme allongé. Il était déjà mort. Armando était là aussi, demandant la présence d'un médecin qui arrivait, il était encore à une dizaine de mètres. Mademoiselle Newburry, elle, restait aux côtés de Lady Trollope, les deux accompagnateurs d’Armando s'occupaient de faire reculer les membres présents.

D'un coup d'oeil, l'enquêteur observa la place du corps de la victime et des petits fours, quelque chose clochait. De toute évidence, Lord Trollope était resté à côté du buffet, à la même place depuis le début de celui-ci. Le lycanthrope contourna le groupe, croisant le médecin, il s'écarta pour lui, puis il continua au buffet. Il s'intéressa aux petits fours. Le médecin diagnostiquait un problème à l'aorte, c'était même logique. Sans se soucier des personnes présences, il s'occupa de manger un exemplaire de chaque petit four. Ce ne pouvait être qu'un intoxication alimentaire, sinon il y aurait eut plusieurs morts. C'était donc un meurtre visé, d'après ce qu'il avait comprit, Lord Trollope était l'oncle de la mariée, il y avait beaucoup de similitude dans le regard de la mariée et Lady Trollope. Il se dépècha d'avaler les petits fours, mais il en mis un autre dans sa bouche avant de passer devant ces messieurs dames. De sa main libre il retira sa redingote et d'un mouvement de l'épaule il s'en saisit à l'avant bras. Ce meurtre promettait de belles heures d'enquêtes, c'était beau à voir, un assassinat lors d'un mariage, c'était intelligent, briser la joie des gens de cette façon, même lui n'y arriverait pas, même avec toute la volonté du monde. Il avait encore à apprendre pour être quelqu'un d'éxcécrable. Il mit sa redingote dans les mains d'Armando qui était debout, il avala sa bouchée lorsqu'il sentit son regard sur lui.

-A défaut de pouvoir vous baisser, tenez ceci et laissez travailler ceux qui le peuvent. Ho, et ne me regardez pas comme ça, on se frappera après, mais soyez un minimum poli pour cette veuve, elle a perdue son mari, faites preuve d'un peu d'éducation.

Il lui lança un délicieux sourire avant de mettre dans sa bouche le dernier petit four qu'il avait et d'en savourer le goût, il y avait quelques murmures d'indignation dans l'auditoire, de toute évidence il hérissait le poil de beaucoup ici. La bouche enfin vide il lança.

-Délicieux. Bien, maintenant que nous avons de quoi nous divertir...

Il se pencha sur le corps, Lady Troloppe l'avait enfin abandonné, il repoussa doucement le médecin, il s'était rendu utile, puis il sentit l'haleine, il y avait un relent de cacahuète, les médecins rapportaient plusieurs cas d'intoxication aux arachides  Mais il n'en était pas exactement sûr, il reconnaissait bien les petits fours aux cacahuètes. À vrai dire il y en avait beaucoup même. Le goût était très discret en bouche et l'odeur aussi.  C'était donc de la poudre. Ce crime avait relancé sa journée. Ses doigts ouvrirent la bouche défunt, qu’il avait pleine de sang, mais aussi de nourriture. Il soupira et lança un regard à Armando et Véronica.

-Lady Trollope, votre mari avait-il des problèmes ave les arachides ? Véronica, votre mouchoir. Il soupira. S'il vous plait.

Il avait craché ses mots comme s'il avait des insectes dans la bouche. Le mouchoir en main il se leva pour récupérer une fourchette qui trainait. Il se saisit du dos de celle-ci pour extraire de la nourriture ensanglantée de la bouche du cadavre et de déposer sa « magnifique » trouvaille dans le mouchoir. Vu la texture et l'odeur, à condition d'ignorer le sang, c'était bien un petit four, c'était donc ce qui l'avait achevé, il n'avait même pas eu le temps de rendre compte qu'il avait avalé de la cacahuète qu'il était déjà condamné. Edward se releva, il laissa le mouchoir sur une table avant de retourner à son auscultation. Pour confirmer la thèse du meurtre par intoxication alimentaire, il devait trouver un symptôme. Il releva les manches du Lord Troloppe sans rien trouver, il descendit aux manches de pantalon, victoire, de l'eczéma , c'était un signe récurent chez les personnes souffrant de problèmes liés à un type alimentaires particulier Il remonta ses mains sur la veste de l'invité, mais le dos de sa main se heurta à quelque chose de dur. c’était dans la poche de la redingote. Sans se gêner, ignorant les commentaires, il sorti une fiole de digoxine, intéressant, trop même. Si Lord Troloppe avait bu, on avait sûrement dilué ce médicament en surdosage pour le rendre fatal. Le tueur voulait assurer le coup se dit l'inspecteur.

-Ah ha ! Lança-t-il comme s'il dénonçait quelqu'un prit sur le fait. L'assassin est un génie ! Car notre homme est mort deux fois ! Une première fois par intoxication alimentaire à la poudre de cacahuète et la seconde fois à cause d'un excès de digoxine. Il est donc évident que l'assassin connaissait Lord Trollope, mais un homme d'expérience ne pouvait pas être ainsi dupé par un inconnu. C'était une personne de sa famille, même très proche. Lady Troloppe ? Il la laissa le regard brillant. Vous cachez bien votre jeu derrière vos larmes et vos jambes tremblantes, mais quand on voit votre mari, il n'y avait que vous pour savoir ce genre de détails. Décidément, tout était bien choisi. Le lieu, le moment, c'est beau de savoir qu'une femme est prête à tout pour se venger de son mari. Bien affaire élucidée. Isolez la sans plus attendre dans le confessionnal de la chapelle. À défaut de voir une église pour l'enterrement de son mari, elle pourra voir celle-ci avant de finir en prison et pendue je l'espère.

Ce n'était pas elle. Edward le savait, mais il se servirait d'elle comme bouc-émissaire, en rassurant l'assassin, celui-ci finirait par faire une erreur, même minuscule pour se révéler. À ce moment là, il n'y aurait plus qu'à l'arrêter. Beaucoup d'agents dans l'assemblée n'osaient rien dire, bluffés, interloqués, saisit d'effroi. Certains y croyaient, car il était Edward Carter, il avait toujours raison, d'autres, plus proche des victimes étaient un peu plus sur la défensive. Le lycanthrope s'approcha d'Armando pour récupérer sa redingote et lui glissa doucement à l'oreille.

-Je me fou que vous ne m'aimiez pas, il faut la mettre en sécurité, j'ai toutes les raisons de croire qu'elle est la prochaine sur la liste. Il ajoute avec un sourire. Dans les minutes qui suivent, je veux que vous me fassiez enfermer dans une pièce sans aucune sortie autre que la porte qui mène dans la pièce. Si je suis enfermé et hors d'état de nuire, le tueur sera encore plus rassuré qu'il y ait des combats internes entre les agents, ça facilitera le travail. Vous pouvez me faire ce que vous voulez, tant qu'on met la main sur ce tueur, transmettez à Véronica, il n'y a que vous deux qui soyez compétents ici. Il le laissa en ajoutant à voix haute, pour faire diversion. J'espère que cette fois je ne vous ai pas trop vexé, ce serait dommage que je vous fasse mal, vous qui ne pouvez rien faire dans cette affaire.

Il s'en alla, avec un grand sourire aux lèvres. Si on l'enfermait dans une pièce noire, où il n'avait pas lieu de s'enfuir, il y arriverait quand même grâce à Henry et ses quatre millimètres, il pourrait ainsi agir sans aucun problème, sans être inquiété d'être vu ou non. Personne ne prêterait attention à cette petite araignée.
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeDim 16 Oct - 18:24

Nouvelle journée, nouvelle enquête. A peine Véronica avait-elle retrouvé Armando au cours d’une journée qui s’annonçait tout à fait galante qu’un nouveau meurtre s’étendait sur leur route. A croire que l’Alchimiste était poursuivie par une mauvaise étoile, chargée de semer des cadavres sur sa route. La jeune femme avait constaté avec horreur que la victime n’était autre que le mari de Lady Trollope.
Armando était déjà sur les lieux, ainsi que Dean, Stevenson et les autres. Avec toute la douceur dont elle était capable, elle réussit à faire en sorte que la grande dame se détache de son mari et soit emmenée un peu plus loin.


L’attroupement se faisait plus serré, malgré les efforts de quelques personnes pour aérer le cercle humain qui s’était formé. Véronica s’était levée et avait appelé une première fois un médecin, avant de demander aux policiers présents dans l’assemblée de boucler le lieu, par mesure de précautions. La voix autoritaire, impérieuse même, de l’Italien lui parvint. Il réclamait un médecin, la transperçant de son regard sombre. Il avait repris ses vieux réflexes d’enquêteur. D’un air mi-désolé mi-exaspéré par la remarque de son ancien collègue qui faisait redondance à sa propre initiative, elle ne put s’empêcher de l’apostropher, pour s’affirmer en face de lui, lui prouver qu’elle était capable de prendre les devants. Peut-être aussi par pure revanche… Impossible de décrypter l’ensemble des sentiments mêlés à l’adrénaline qui avaient traversé en bloc l’esprit de l’Alchimiste.


- Oui, je sais qu’il nous faut un médecin ! Si je pouvais le pondre, ça serait déjà fait !

Véronica n’eut même pas le temps de réfléchir au mordant de sa phrase qu’un homme fendit la foule pour venir ausculter le cadavre. Il fallut aider Lady Trollope à le quitter et ce fut tout sauf une mince affaire. Prise de désespoir et de panique, elle hurlait et ruait dans les brancards, à tel point que l’Alchimiste, qui essayait de lui parler avec douceur pour lui faire entendre raison, se trouva griffée au niveau du cou.
Heureusement, la supériorité numérique des hommes parvint à venir à bout de l’hystérique qui fut maîtrisée et emmenée quelques pas plus loin, toujours en sanglotant.

Véronica revint vers Armando et le médecin. Selon lui, le cœur avait lâché. Mais pourquoi si brusquement ? Était-il malade ? L »Alchimiste allait s’avancer pour apporter son aide lorsque l’exécrable Edward revint, attiré par la mort, par le mystère. Il s’avança vers l’Italien qu’il ne traita comme rien de moins qu’un vulgaire sous fifre. La jeune femme aurait bien voulu lui flanquer une correction. Elle n’avait toujours pas digéré la façon dont il l’avait traitée lors de leur entrevue quelques minutes auparavant et trouvait des plus insultantes sa façon de manger alors qu’un cadavre était étendu à leurs pieds. L’Alchimiste faillit s’étouffer quand il ouvrit la bouche de l’homme devant tout le monde tout en reniflant comme un limier. Elle savait qu’il avait sa façon d’enquêter mais était-ce nécessaire d’étaler le début d’autopsie devant tout le monde ?


- Monsieur Carter ! Vous pourriez faire cela à l’intérieur enfin !

Bien évidemment il l’ignora et commença à poser des questions à la Lady qui avait l’air confuse.

-Les arachides… Je… Non je ne crois pas… Enfin c’est dur à dire… Il… Il n’en aimait pas l’odeur alors nous n’en mangions jamais… Depuis quelques temps il a commencé à perdre son odorat… Je… Je crois qu’il ne savait même pas ce qu’il mangeait…

La Lady éclata à nouveau en sanglots. Elle était sous le choc. Foudroyant Edward du regard, l’Alchimiste jura intérieurement puis consentit à lui donner son mouchoir. Ce dernier était en coton blanc, bordé d’une fine dentelle. Ses initiales avaient été brodées à la main dans un des coins et il sentait encore bon la lavande. Un objet simple mais empli du raffinement et de l’innocence de la jeune femme… qui ne tarda pas à faire la grimace lorsqu’elle découvrit l’usage qui en était fait. Elle se mordit la lèvre pour réfréner sa gêne et son dégoût à la vision de la nourriture prémâchée et sanguinolente qu’il déposa à l’intérieur. Elle le laissa continuer ses investigations, quelque peu perplexe. Après des minutes qui lui parurent interminables et tandis que l’assemblée s’agitait, l’impertinent enquêteur se redressa soudain en levant fièrement un petit flacon. La jeune femme reconnut de la Digitaline, aussi connue sous le nom de Digoxine. Ainsi, l’homme était traité pour un problème cardiaque ? Peut-être n’avait il pas pris son médicament à temps, tout à la joie de la fête qui se déroulait et que cela lui avait été fatal ? Oui… Tout ceci ne pouvait être qu’un regrettable incident.

Mais devant tout le monde, le fier roquet commença à donner des conclusions hâtives, à parler de double meurtre et à accuser la Lady déjà en mauvaise posture. L’Alchimiste vit sa nouvelle amie blêmir et s’écrouler à moitié dans les bras des hommes qui la maintenaient alors que l’assemblée devenait des plus bruyantes. Cette fois s’en fut trop pour la jeune femme. Si ses yeux de chat avaient pu lancer des éclairs, il aurait été foudroyé sur place.

- Monsieur Carter, comment osez vous ! Nous n’avons aucune preuve de ce que vous avancez, ni son flacon ni son verre n’ont été analysés et vous vous permettez pareilles calomnies ! Vous devriez avoir honte de vous !

Néanmoins, elle choisit d’emmener Lady Trollope ailleurs. Elle en avait assez vu, on l’avait assez accablée.

- Je vais faire en sorte que Lady Trollope soit confinée mais certainement pas dans le confessionnal !

Véronica savait que la Lady avait besoin d’isolement. Et elle ne voulait écarter aucune hypothèse. Son mari pouvait bien être mort de causes naturelles mais elle n’avait aucune preuve qui lui permette de réfuter en bloc la thèse du meurtre… Et si Lord Trollope avait été bel et bien assassiné, elle pouvait tout à fait être la prochaine sur la liste !
Elle quitta la scène, accompagnée de deux policiers et de la jeune mariée, qui les conduisit dans une chambre d’ami. Là, ils aidèrent la quadragénaire tremblante à s’asseoir dans une bergère. Sa pâleur faisait peine à voir. L’Alchimiste lui aurait bien accordé quelques mots de réconfort… Elle s’adressa alors avec courtoisie aux hommes qui l’avaient portée jusqu’ici.


- Messieurs, auriez-vous l’obligeance de nous laisser quelques instants ? Je pense que Lady Trollope a besoin de se trouver seule avec sa nièce.

La jeune mariée était toujours présente dans un coin, presque plus pâle que sa tante. Sans mot dire, les policiers sortirent et Véronica s’agenouilla près de son amie.

- Je sais que vous n’y êtes pour rien… Cet enquêteur n’est qu’un roquet, un prétentieux sans envergure qui n’a de cesse de se faire remarquer. Mais monsieur Della Serata, malgré les différents que je peux avoir avec lui, est un excellent policier. Il saura faire la lumière sur cette affaire, j’en suis certaine… N’ayez crainte, vous ne serez pas inquiétée, j’y veillerai. Néanmoins, je dois savoir… Votre mari avait-il des problèmes de santé ? Pourquoi était-il sous digitaline ? Depuis combien de temps ? Croyez bien que je suis désolée d’avoir à vous accabler encore maintenant mais j’aurais besoin de ces informations pour pouvoir élucider l’affaire le plus vite possible.

Elle se releva alors que la noble dame prenait son visage entre ses mains dans un long soupir.

- Je vous remercie miss Newburry… Eh bien… Mon mari est… Enfin était… En traitement depuis trois mois. Il avait fait un malaise dans son bureau et le médecin a diagnostiqué un problème cardiaque. Il prenait de la digitaline à doses régulières pour calmer les battements de son cœur… C’est tout ce que je sais, j’espère que ce sera suffisant… Je compte sur vous…

La jeune Alchimiste s’inclina avec gravité devant elle puis devant la jeune mariée. Elle gardait constance mais son regard disait à quel point elle était désolée, désolée de voir que le jour qui devait sceller son union et la prospérité de son futur ménage avait été marqué par une horreur pareille.
Véronica sortit ensuite. Elle ne tenait pas à s’éterniser devant les deux femmes, rien de ce qu’elle n’aurait pu dire n’était capable d’apaiser la douleur de leur ressenti. Les deux hommes qui l’accompagnaient avait quitté le couloir mais Stevenson l’avait rejointe, à sa grande surprise.


- Miss Newburry ! Enfin je vous trouve ! Monsieur Della Serata est allé enfermer cet impertinent de Carter dans la remise et le corps de Lord Trollope a été transféré dans la cave à vin en sous sol, la pièce la plus froide de la maison. Le docteur est actuellement en train d’étudier le flacon de digitaline et le verre de la victime avec les moyens du bord mais je ne sais pas si ses investigations aboutiront… Quelle histoire !

La jeune Alchimiste le gratifia d’un sourire gêné suivi d’un soupir.

-Comme vous dites… Quel malheur pour cette famille surtout ! Nul doute que cela n’était qu’un malheureux incident…

Elle descendit les escaliers, rejoignant le hall. Les invités avaient été rapatriés dans la salle de Bal. Véronica aurait aimé entendre le son des violons, le son des rires… Mais seuls les murmures inquiets des invités se faisaient entendre. Seule avec Stevenson, la jeune femme commença à réfléchir.


-Bien, que savons nous exactement… Lord Trollope aurait ingéré de la poudre de cacahuète sans la sentir au préalable et cela aurait déclenché la réaction qui lui a été fatale. J’ai également appris qu’il était sous traitement de digitaline depuis trois mois pour des problèmes cardiaques. Tout porte à croire qu’il ne s’agit que d’un regrettable accident. Par acquis de conscience, il faudrait tout de même interroger les proches de Lord et Lady Trollope, qui font partie de la famille de la mariée. Stevenson, pensez-vous que vous pourriez vous en charger avec quelques collègues ?

Alors que l’homme acquiesçait, Véronica vit revenir Armando sur ces entrefaites. Elle ne put empêcher son cœur de refaire un bond mais garda contenance. Une enquête était en cours, il ne fallait pas se laisser gouverner par ses émotions. La tête haute, avec une certaine raideur, elle l’accueillit, ne se rendant même pas compte du regard désolé de Stevenson qui rassemblait des hommes pour interroger les membres de l’assemblée.

- Monsieur Della Serata. Loin de moi l’idée de contredire votre initiative d’enfermer cet importun mais que s’est-il passé entre vous au juste ? Nous sommes en présence de personnes influentes ici, il ne s’agit pas de se laisser dominer par nos émotions.

Véronica avait dit cela en partie pour elle-même, inconsciemment. Elle n’osait pas s’avouer ce qu’elle ressentait toujours pour l’Italien et s’efforçait de tout cœur à ne pas repenser aux blessures qu’il lui avait infligé. Cela devait rester dans le passé. Elle ne devait plus le voir comme autre chose qu’un enquêteur.


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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeDim 30 Oct - 22:02

- Je savais que c'était une mauvaise idée...

- Ne dites pas ça...Ce n'est pas votre mariage, vous êtes là pour profiter du beau temps et des petits fours. Ne vous occupez donc pas de ce pédant.

Armando tentait d'éviter d'observer Véronica et l'agent Carter, mais son regard ne cessait de revenir vers eux. Ils semblaient discuter avec vigueur. La jeune femme paraissait fortement contrariée face à son nouveau collègue qui, lui, affichait une mine presque jubilatoire. Il venait de l'humilier en compagnie de l'Italien, de lui apprendre qu'elle était affectée à une nouvelle mission avec lui et qu'elle devait quitter le mariage au plus vite. Apparemment, cette situation l'amusait beaucoup.
Ramenant son verre à ses lèvres, Armando bougonna d'une voix rauque:


- Il ferait bien de se méfier...Un de ces jours, il va tomber sur un os.

Celui que l'on surnommait encore récemment "l'As" ruminait tout ce que le jeune pédant venait de leur dire. Il avait fait étalage de ses blessures et de ses sentiments sans prendre aucune pincettes, sans respecter son intimité ni les principes basiques de la bienséance. C'était un homme sans manières aucunes, fier de son grade et de ses techniques d'enquête. Son assurance elle-même était une insulte tant il en faisait étalage. C'était presque grotesque..
Dean soupirait près de son supérieur. Il voulait profiter de cette journée, sans se préoccuper de l'Alchimiste qui rongeait encore le cœur d'Armando et sans s'attarder sur des individus tels que ce Carter de malheur.


- Vous n'y pouvez plus rien, Monsieur. Elle est là, il est là...mais ils sont désormais occupés ensemble. Oubliez-les. Vous n'êtes plus concerné ! Goûtez-moi ce soufflé au fromage un peu, et venez par-ici, nous ne les verrons plus. Qu'ils gèrent leur enquête sans nous !

Armando aurait aimé pouvoir avoir le cœur aussi léger que son collègue et simplement tourner les talons, prendre un nouveau verre, un petit soufflé et offrir son dos à cette femme qui le perturbait encore et à cet homme imbuvable. Il aurait voulu les oublier et rentrer chez son ami pour vider une bouteille de scotch sortie de derrière les fagots avant de tremper sa plume dans l'encre et de signer cette foutue lettre de démission qui trônait depuis une semaine sur sa table de chevet. Oublier cette affreuse enquête Maxwell, oublier cette empotée d'Alchimiste, oublier ce crétin de Carter...et boire jusqu'à plus soif, s'oublier dans son lit avec quelques journaux et un cigare, le même cigare que ses compagnons lui avaient proposé à la sortie de l'église et qu'il avait désagréablement refusé par principes...
Mais sa rage était telle qu'il superposait à ces envies de nouveaux objectifs qui mettaient en péril les actuels. Il désirait maintenant détruire la carrière de Carter et lui faire avaler sa fierté jusqu'à ce qu'il s'étouffe d'excuses au monde entier. Il voulait attraper Véronica par le bras et lui souffler qu'il ne laisserait jamais Stevenson la courtiser sans que cela ne finisse en duel.
Tant de pensées contradictoires lui agressaient désormais l'esprit ! Il souhaitait la paix et la guerre filtrait dans ses veines. Il espérait l'oubli mais il attisait les braises du souvenirs qui ouvraient un avenir plus incertain que jamais.


- Le chemin sera long...murmura-t-il pour lui-même avant de boire la dernière gorgée de son verre d'un air convaincu et déterminé.

- Pardon ? s'interrogea Dean près de lui

Armando lui fit un signe négatif de la tête pour lui faire comprendre que ce n'était pas important, puis il posa son verre au hasard sur le buffet.
C'est à ce moment-là que le cri de lady Trollope perça la foule et qu'une nouvelle enquête tomba sur les bras des agents du Yard.


**********

A demi-accroupi devant Lord Trollope, Armando tentait de calmer la foule et d'être efficace. Il fallait éloigner les convives et trouver un médecin. Il fallait également se charger de la veuve qui était en pleine crise d'hystérie.
Véronica arriva alors en courant et l'Italien la repéra au milieu de la foule. Cela le rassura, même s'il ne l'admettrait sans doute jamais, et il crut pouvoir s'appuyer sur elle. Son regard croisa le sien et il lui demanda de trouver un médecin au plus vite. La belle Alchimiste lui répondit brutalement en faisant preuve d'une ironie mordante. Armando en fut particulièrement blessé sur le moment et une lueur interrogative traversa son regard sombre, mais il ne put s'attarder sur son sentiment. Un médecin arriva à sa hauteur et se mit à examiner le pauvre homme dont la bouche bavait encore beaucoup de sang. De son côté, Véronica prit en charge la veuve Trollope qui tournait de l'oeil.

L'agent Carter intervint à son tour. La bouche pleine des petits fours qu'il venait d'engloutir comme un enfant avide devant un plateau de biscuits secs, il s'interposa entre Armando et le médecin pour lui fourrer dans les bras sa redingote. L'Italien la rattrapa par pur réflexe et écouta son possesseur lui demander de « laisser travailler ceux qui le p[ouvaient] ». Fronçant les sourcils en ouvrant la bouche pour lui répondre, Armando se fit immédiatement couper par le jeune coquelet qui lui demanda un peu de tenue et d'éducation face à la veuve. Muet d'incompréhension, l'homme regarda son collègue lui faire un large sourire, avaler un petit four supplémentaire et lui tourner le dos pour se pencher au-dessus du cadavre afin de l'examiner à son tour.
Résister à la tentation de lui faire avaler de travers sa dernière bouchée fut d'une incommensurable difficulté pour l'Italien. Il serra ses longs doigts sur la redingote de son collègue, comme pour déchirer ses fibres en y plantant ses ongles, et lui jeta un regard meurtrier. Dean gardait les yeux écarquillés, incapable de trouver les mots pour calmer son supérieur. Cette fois, lui aussi trouvait que Carter méritait un bon crochet du droit...
A partir de cet instant, Armando resta muet. Raide comme une statue, le visage figé dans une expression grave, il se positionna dans le rôle de simple observateur. Après tout, si Véronica le prenait pour un imbécile et si ce Carter voulait avoir main mise sur la situation, grand bien leur fasse ! Lui n'avait aucune obligation d'enquêter ici. Aucune. Et s'il fallait qu'il serve uniquement de larbin, de sous-fifre ou de guignol, alors il servirait comme tel. C'était ça ou il faisait sauter les molaires de ce petit paon qui se pavanait devant sa cour et se compromettait davantage avec l'Alchimiste en lui sortant quelques répliques cinglantes au sujet de leur petite excursion dans les bas fonds de la capitale.
Dean dut sentir que son collègue était au bord de l'explosion car il le rejoignit doucement tout en faisant mine d'écarter encore un peu la foule et se tint ensuite à ses côtés, fidèle et inquiet pour lui.

Carter obtint bientôt le mouchoir de l'Alchimiste et récupéra dans la bouche du cadavre un petit morceau de four pré-mâché. Abandonnant le mouchoir et son contenu sur une table, il retourna vers le cadavre sans se soucier des protestations de Véronica qui trouvait sans doute ses méthodes dégoûtantes en public. Armando ne dit rien, même s'il n'en pensait pas moins. Il était curieux de voir comment le jeune homme allait procéder par la suite. Ne dit-on pas qu'il faut connaître son ennemi pour mieux le vaincre ? L'Italien venait d'entrer en guerre, que cela dénature ou non sa ligne de conduite, et il savait qu'il devrait faire des sacrifices. Aujourd'hui, sa dignité en prendrait un coup, tant pis.
Dean, lui, fut moins patient.


- Allons, Monsieur Carter ! Attendez que nos hommes aient éloigné la foule...

L'agent continua son enquête. Pourquoi se soucier des moucherons qui volettent autour de soit lorsque l'on a découvert de quoi occuper des nuits entières ? Armando sentait que cet homme éprouvait un plaisir certain dans ce qu'il faisait. Apparemment, il prenait son pied lorsqu'il tripotait la veste du mort pour en sortir des objets clés pour son enquête. Armando remarqua que le jeune homme adoptait des mimiques qu'il avait sans doute eues lui-même quelques années auparavant. Quelque part, ils étaient proches sur ces points.
De son côté, lady Trollope tentait d'aider l'enquêteur en répondant à ses questions. Sa voix, entrecoupée de sanglots pitoyables, devint très aiguë lorsque ce dernier se mit à accuser la famille proche de la victime et elle-même. Dean sursauta. Véronica s'insurgea. Armando, lui, se fendit d'un sourire parfaitement moqueur et venimeux. Oh oui, comme il aimait choquer la foule, ce petit acteur puéril ! Oh oui, comme il l'aimait son public chéri...


- Ridicule...souffla-t-il entre ses dents serrées.

Les accusations de Carter devinrent alors plus précises et il demanda à ce que l'on arrête la lady. Armando leva un sourcil et Dean ouvrit la bouche. Il venait tout de même de dire à la vieille dame qu'il espérait la voir pendue ! Ses accusations étaient très graves, fondées sur peu d'éléments, et atrocement acides...Les agents alentour hésitèrent: Carter n'était pas le supérieur de tous et à y bien réfléchir, c'était Véronica, Alchimiste d’État, qui était la plus gradée dans l'assemblée.
L'agent vint alors près d'Armando pour récupérer sa redingote et lui confier quelques mots à l'oreille. L'Italien eut un léger mouvement de recul, comme pour se préserver d'un serpent venu lui susurrer son poison, puis il tiqua violemment. Il regarda du coin de l'oeil Véronica qui emmenait avec elle lady Trollope avant de ramener ses yeux noirs dans ceux du jeune enquêteur. Un sourire satisfait plissa la commissure de ses lèvres.


- Vous enfermer ? Vous faire ce que je veux ? l'interrogea-t-il entre ses dents. Si ça vous fait plaisir...je pense que beaucoup en rêvent...

Carter le considérait comme un des rares compétents du service, avec Véronica, et lui confiait apparemment la suite des opérations en utilisant un genre de bluff pour attirer le vrai meurtrier. Armando détestait ces méthodes qui consistaient toujours à affirmer le faux pour avoir le vrai, quitte à blesser des innocents, mais sa curiosité et la perspective de pouvoir humilier un minimum cet individu le convainquirent de le suivre dans son idée,  d'autant que Véronica avait maintenant disparu avec la veuve et qu'elle ne l'observait plus.
Carter saisit alors sa redingote et s'en fut en lui lançant une dernière réplique cinglante. Armando, qui avait comprit une partie de sa démarche et acceptait de jouer le jeu au moins pour le plaisir de l'attraper par le col, entra alors en scène...


- Monsieur Carter ! lança-t-il d'un ton impérieux que tous les agents et les derniers convives encore dans leurs pattes ne purent rater. Je ne peux tolérer de pareilles méthodes ! Vous insultez le Yard avec vos accusations sans queue ni tête ! Je vous ordonne de rester ici et d'attendre le chef divisionnaire. Vous répondrez de ces accusations outrageantes, je peux vous le garantir !

Sur ces mots, il vint au corps à corps avec l'homme et l'attrapa par le col pour le soulever un peu. Armando était fort pour un homme de sa taille, et sa poigne témoignait aisément de ses capacités de lutte. Tirant à lui le jeune enquêteur, il lui chuchota à mi-voix:

- Je ne sais pas à quoi vous jouez Carter, mais je suis déjà mis à pied: je ne suis pas en service. Je risque très gros dans cette histoire. Je vous préviens, si tout ça me retombe dessus, je saurais vous le faire payer...

L'Italien obligea alors faussement son collègue à avancer à son rythme et le mena vers une remise qui avait attiré son regard.

- Entrez donc là-dedans ! clama-t-il un peu fort en le poussant dans le bâtiment en bois, nous viendrons vous chercher lorsque que vous vous serez calmé !

Sur ces mots, il ferma la porte de la remise et abattit le loquet de bois.

- Monsieur Finnigan ! appela-t-il en se tournant vers son ami.

- Mais...à quoi jouez-vous bon sang ? fit le pauvre homme en accourant.

- Gardez-moi cette porte jusqu'à ce que je vienne vous relever.

Dean murmura, incrédule:

- Mais ? Vous n'êtes pas en mesure de...

- Faites semblant...lui souffla son ancien supérieur entre deux regards appuyés.

Quittant la remise et son collègue pour revenir du côté des invités, Armando se demanda si ce qu'il venait de faire avait un quelconque sens. Il risquait non seulement sa carrière mais aussi toute sa réputation déjà élimée par sa dernière enquête aux côtés de l'Alchimiste. Et puis, il risquait une amande cette fois, pour exercice de ses fonctions en dehors de ses missions. Il risquait même la prison pour le coup.
En revenant vers le banquet, l'Italien constata que les convives avaient tous été rassemblés ailleurs: il n'y avait plus personne. Il rejoignit donc Véronica et Stevenson qui se tenaient dans le hall. Face à l'Alchimiste et à ses remarques, il hésita un instant. Puis, il planta son regard dans le sien et tenta d'être efficace et clair:


- Miss Newburry, je fais ce qui me semble bon. Vous n'êtes pas du Yard, vous n'avez pas à intervenir dans ce genre de « conflit » propre à mon service. Et ce n'est pas mon initiative, ajouta-t-il plus discrètement afin que Stevenson ne l'entende pas. Son regard se fit plus connivent, comme s'il tentait de faire comprendre un sens caché à toute cette histoire. « On » me l'a demandé.

Stevenson se rapprocha un peu. Il n'entendait pas tout et pensait que c'était simplement parce qu'il n'était pas assez près de ses collègues. Armando lui jeta un coup d'oeil rapide et finit par aller vers lui.

- Stevenson, où en sommes-nous ?

L'agent grimaça et entreprit de faire la liste des éléments qu'ils avaient déjà, tout comme Véronica venait de faire avec miss Trollope:

- Lady Trollope est seule avec la jeune mariée, nous les avons isolées. Enfin...Miss Newburry les a isolées, se corrigea-t-il en esquissant un grand sourire vers Véronica pour lui montrer qu'il prenait en considération ses efforts. Lord Trollope est à la cave, avec une partie de nos agents. L'autre partie surveille les convives qui sont dans la salle de bal. Les hommes les fouillent et les interrogent. Une patrouille de renfort arrive dans moins d'un quart d'heure, j'ai envoyé un des nôtres chercher du secours. L'homme bomba un peu le torse, comme s'il était particulièrement fier de son initiative. Le médecin est à la cave lui aussi, il analyse le flacon trouvé par l'agent Carter. On sait que le défunt était allergique à la cacahuète et qu'il en a ingurgité. C'est tout.

Armando lui mit une main sur l'épaule et le gratifia d'un bref sourire complètement factice.

- Bon travail. Maintenant, allez interroger les proches de lady Trollope dans la salle de bal. Nous, nous allons commencer à rédiger le rapport.

Stevenson hésita un instant. Il aurait voulu rester en compagnie de Véronica mais le regard insistant de son collègue le poussa à exécuter ce qu'il venait de lui demander.
Enfin seul avec l'Alchimiste, Armando poussa un long soupir qui révélait à quel point il venait d'incarner un rôle qui n'était pas le sien. Se passant une main dans les cheveux, il récupéra son ruban pour le refaire. Occupé à cette tâche futile, il ferma un instant les yeux, tâchant d'oublier la présence de la jeune femme tout en réfléchissant à toute allure à ce qu'il allait lui dire. Son ruban correctement rattaché, il la regarda d'un air fatigué.


- Véronica, c'est Carter lui-même qui m'a demandé de l'enfermer. Ne me demandez pas pourquoi, je ne suis pas sûr de ce qu'il veut faire. Apparemment, il croit que son absence fera faire un faux pas au meurtrier. Il m'a également demandé d'isoler Miss Trollope et de la mettre en sécurité. Pour lui, elle est en danger de mort. Ce serait la prochaine sur la liste du meurtrier... L'Italien ne supporta pas le regard de l'Alchimiste. Il l'évita et se mit à marcher tout en parlant. Il ne croit pas réellement que ce soit elle la coupable, il n'a fait que jouer un rôle, tout comme moi en cédant à son caprice. Je ne sais pas exactement ce qu'il a en tête, mais je risque gros avec ses imbécillités...J'ai laissé Monsieur Finnigan devant sa porte. Je pense qu'il va attendre que le meurtrier se manifeste pour demander à mon collègue de le libérer...Je ne saisis pas tout à fait sa démarche...

Armando s'arrêta et se massa un peu le cou. Il avait l'air contrarié et épuisé. Au bout d'un moment, il plongea son regard dans celui de la jeune femme.

- Nous devrions rejoindre Miss Trollope pour la surveiller et l'interroger plus calmement. Venez.

Sans rien ajouter de plus, il se dirigea vers la pièce où avaient été isolées la marié et sa tante.


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Sans_t11


Dernière édition par Armando della Serata le Dim 12 Mar - 13:39, édité 1 fois
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeSam 28 Jan - 21:59

Véronica s'en voulait terriblement. Elle n'avait pas prévu que la soirée tourne au drame et se demandait si elle avait bien agi. Elle repensait à Armando, à ce qu'elle aurait pu lui dire si ce bougre de Carter n'avait pas interféré dans leurs affaires. Elle rougissait de honte en repensant aux mots secs qu'elle avait eu pour lui. La frustration et la panique aidant, elle n'avait pas vraiment réfléchi.

Après avoir réglé le plus de détails possibles relatifs à la situation de crise qu'ils étaient en train de vivre, la jeune femme avait retrouvé l'Italien dans l'entrée et n'avait pas pu s'empêcher de lui faire une petite leçon de morale. Elle se serait giflée si elle avait pu. Ils se revoyaient à peine, pourquoi diable fallait-il qu'elle fasse une aussi mauvaise impression ?
Elle se sentit vraiment misérable quand il la toisa, manquant de lui rappeler qu'elle ne faisait pas partie du Yard. Intérieurement, la jeune femme grimaça mais elle n'aurait pu dire si sa gêne avait également paru sur son minois. Effectivement, elle n'était pas du Yard et ne le serait jamais. C'était à peine si à l'Alchemist Room on la considérait mieux qu'avant. Si son rôle de coordonatrice lui avait valu quelques petits privilèges, elle se doutait que ce n'était au fond qu'une basse manoeuvre pour l'éloigner des affaires des Alchimistes. D'autres secrets dormaient certainement entre les murs de son service et ses supérieurs voulaient éviter qu'une fouineuse ne vienne mettre son grain de sel.

Véronica semblait confiante quand elle était épuisée. Elle ne savait plus ce que valaient ses capacités. Elle avait perdu l'envie de bricoler, de se rendre utile. Elle avait l'impression que, quoi qu'elle puisse faire, elle ne serait jamais rien de plus qu'une femme écrasée dans une discipline majoritairement masculine.

Elle tiqua à peine quand Armando sembla évoquer la possibilité qu'on lui ait demandé d'enfermer Carter. Déjà, Stevenson revenait, en ne manquant pas de la couvrir de sourires maladroits et de regards appuyés. Cet homme était brave, mais elle doutait vraiment de la nature de son affection. Il devait être un célibataire endurci, bien trop occupé pour meubler sa vie avec une présence féminine... Quand elle avait pris possession du petit bureau qu'on avait daigné lui accorder au Yard, il avait vu l'occasion de mêler son travail à sa réussite familiale. Il ne l'aimait pas tant parce qu'elle était Elle, Véronica, mais parce qu'elle était la seule femme qu'il devait avoir côtoyé depuis un moment.

Armando, une fois qu'il eût expédié Stevenson dans une autre pièce, se tourna vers elle pour lui expliquer le fameux stratagème de Carter. L'Alchimiste fronça les sourcils en se demandant à quoi pouvait bien jouer ce nouveau venu. Il pouvait avoir vu quelque chose, comme s'être trompé de la pire des façons... Elle n'en savait trop rien, l'échange de ce matin l'avait particulièrement refroidie. Sa main gantée passa sur sa joue de porcelaine, tapotant de façon répétée, comme pour appuyer sa réflexion


- Je ne saisis pas bien non plus... Ce Carter est décidément un homme bien étrange...

Véronica poussa un léger soupir et son regard émeraude croisa celui d'Armando. La détesta-til en cet instant ? Que pensait-il ? Que pensait-elle ? Elle aurait voulu lui demander des comptes mais elle n'y parvenait même plus. Quelle étrange chose que ces chagrins d'amour, qui vous font passer de colère en désarroi aussi vite qu'un oiseau change de branche. Elle ne trouva rien à ajouter et se contenta d'acquiescer lorsqu'il lui suggéra d'aller interroger Lady Trollope.

Elle monta les marches une par une, le pas mou, lorsqu'un tambourinement répété sur une porte attira son attention. Finissant la montée au pas de course, elle arriva avec Armando dans la chambre où elle avait laissé Lady Trollope et sa nièce. Cette dernière tambourinait sur la porte de la salle d'eau avec un air angoissé


- Ma Tante, sortez de là !! Je vous en prie !

Elle s'arrêta lorsqu'elle aperçut les deux enquêteurs et commença d'une voix étranglée.

- Elle a prétexté un malaise et s'est enfermée dans la salle de bains... j'ai si peur qu'elle fasse une bêtise !! Oh seigneur quelle terrible journée !

La jeune femme s'agenouilla en sanglotant, désormais pitoyable dans sa robe blanche. Véronica grimaça alors qu'elle posait un châle sur les épaules de la jeune épouse dans un geste qui se voulait rassurant.

- Armando, la porte a l'air très solide mais croyez-vous que vous arriveriez à la forcer ?! Je vais essayer de trouver un autre moyen d'entrer pendant ce temps !

L'Alchimiste avait rapidement observé la pièce. Ils se trouvaient en angle, il devait y avoir une fenêtre à chaque mur mais le mur qui jouxtait la salle de bains n'en était pas pourvu, ce qui voulait dire qu'il y avait au moins une fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Sans hésiter, Véronica se déchaussa et enfila son gant Alchimique avant de s'engouffrer sur le balcon. Elle allait essayer de passer par l'extérieur et d'alléger son poids en manipulant l'air... C'était difficile, mais la vie d'une femme était en jeu. Si Armando ne forçait pas la porte à temps, elle serait peut-être la seule capable de prendre Lady Trollope en charge. D'un air décidé, Véronica remonta ses jupes et les noua prestement sur la taille avant de dégrafer son jupon. En bloomers et bas apparents, elle put enfin escalader la rembarde et s'accrocher du mieux qu'elle put aux briques. heureusement, le balcon de la salle de bains n'était qu'à moins d'un mètre. Elle n'avait qu'à faire quelques pas jusqu'à l'angle et se raccrocher...

Les jambes de la jeune femme tremblaient. Elle pouvait entendre Armando en train de tenter d'enfoncer la porte. Lady Trollope devait avoir poussé les meubles tout contre pour que personne ne puisse entrer. Encore un pas, deux...

Véronica se rattrapa à la barrière de fer forgé et se hissa sur le balcon. D'un coup de pied bien senti, elle fit sauter le loquet de la fenêtre, à peine bloqué à cause de la chaleur de Mai, et entra. Elle découvrit une Lady Trollope apeurée, devant le lavabo, qui tenait un rasoir au dessus de ses poignets.


- Mais vous êtes folle ! Lâchez ça tout de suite !!

Véronica attrapa le bras de la quadragénaire qui se débattit avec la force et l'angoisse d'un animal condamné.

- NON, NON !! Il est mort, il est mort, je dois le rejoindre, je lui ai promis...

Visiblement elle délirait. Elle délirait mais se battait avec plus d'énergie que ce que Véronica aurait cru.

- Lady Trollope, votre mari n'est plus mais vous ne devez pas vous arrêter de vivre pour lui !! n'avez-vous donc aucune conscience ?! Vous avez une famille et des êtres qui vous aiment, n'entâchez pas leurs vies d'un second deuil si vous tenez à eux !!

Véronica réussit à faire lâcher le rasoir à la dame qui luttait, au prix de quelques coupures superflues. Mais elle refusait de se calmer, en pleine crise d'hystérie. L'accusation publique de Carter avait dû aggraver son état psychologique, déjà instable. Elle sentait les meubles bouger alors qu'on enfonçait la porte. Le barrage ne résisterait plus très longtemps et elle pourrait sortir avec la Lady. Cette dernière sembla s'arrêter un peu et se prostra par terre en gémissant.

- Tout ça... Tout ça à cause des hommes et de leur orgueil Miss Newburry... Toutes ces souffrances que nous endurons, tous ces sentiments que nous devons feindre pour leur complaire, cet honneur à conserver à n'importe quel prix, pour la satisfaction de leur ego... Ne vous mariez jamais Miss Newburry, jamais, jamais.

L'Alchimiste fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas, cette femme devait délirer dans la souffrance. Alors que les coups s'intensifiaient derrière la porte, elle fit un pas vers la Lady.

- Lady Trollope, si seulement je pouvais vous demander de ne pas désespérer... Je vous en conjure...


- Non... NON ! VOUS NE COMPRENEZ RIEN !!

La quadragénaire la repoussa avec une violence que l'Alchimiste n'avait pas prévu. La folie causée par le chagrin pouvait être bien plus imprévisible que tout ce qu'elle avait jamais pu imaginer. Véronica trébucha, glissa en arrière et un coin de sa tête alla heurter le carrelage froid.

Lorsqu'elle revint à elle, la jeune femme était allongée dans un lit. On lui avait repassé son jupon et ses souliers et sa robe avait été remise en place. Elle avait l'impression d'avoir dormi des dizaines d'années. Au vu de la lumière qui baignait la pièce, ce devait être la fin de journée. Machinalement, elle passa une main dans ses cheveux et rencontra une bosse qui la fit grimacer de douleur. Une silhouette de servante sembla se mouvoir jusqu'à elle et lui demanda si elle se sentait mieux. L'Alchimiste maugréa que oui et demanda des explications alors que la servante s'éclipsait déjà. Elle l'entendit vaguement, dans le couloir, prononcer quelques mots.


- Oui.... s'est réveillée... Doucement.... pouvez entrer....


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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeDim 12 Mar - 22:54

On dit souvent que ce qui différencie l'homme de l'animal, est son don de parole. Certains s'attardent volontiers sur sa conscience et sa possibilité de transcender ce monde terrestre pour rejoindre Dieu, d'autres s'acharnent à en observer les caractères physiologiques et langagiers. Mais, lorsque la parole devient un obstacle, lorsque les quiproquos et les mauvaises interprétations des uns et des autres, transforment ce "don" en cauchemar, n'est-ce pas là la preuve que l'homme et l'animal sont bien plus semblables que ce que l'on imagine ?

Armando n'avait jamais été un grand parleur. Son attitude, froide, distante, effroyablement pragmatique, en faisait un être qui semblait souvent dénué de tout sentiment. Lorsqu'il s'adressait à un de ses collègues, ce n'était jamais pour ne rien dire. Lorsqu'il jouait le mondain, puisque la société l'y obligeait, il suivait avec rigueur les codes édictés par la bonne éducation qu'il avait reçue. Ainsi, l'Italien ne parlait jamais sans avoir calculé ses paroles. Il mesurait tout, depuis la longueur de ses phrases, jusqu'au vocabulaire qu'il utilisait. Sa ligne de conduite et son manque de volonté concernant les hypocrites considérations qui infectaient le langage, lui évitaient depuis toujours les pertes de temps et surtout les maldonnes. Lui qui était un grand joueur de cartes savait pertinemment que les mots, à l'instar des atouts, ne devaient pas être joués n'importe comment. Pour lui, chaque situation avait son lot de règles à suivre si l'on ne voulait pas que le langage devienne purement chronophage, donc inutile, ou ridicule, car insensé.

Malheureusement, il avait fallu que ses émotions le rattrapent et que ses sentiments se mettent à le contrôler...Le mois de mars avait en effet complètement chamboulé ses habitudes et l'agent avait assisté, impuissant, à l’émergence d'une nouvelle sémantique qui venait le gangrener comme un parasite. Lui-même ne se reconnaissait pas.
Par exemple, depuis que son chef divisionnaire avait décidé d'en faire son larbin personnel et qu'il le brimait volontiers, Armando avait développé une forme de colère qui le faisait dévier de ses bons principes. De plus en plus, il quittait le chemin que tout policier de son grade était censé suivre sans s'en écarter. Il devenait facilement irritable et acerbe avec ses collègues, insolent avec ses supérieurs, et méprisant avec ceux qui le ralentissaient dans ses enquêtes. Au-delà de son habituelle froideur, il commençait à montrer des signes de faiblesses...des émotions somme toute humaines.
Depuis qu'il avait rencontré Véronica, il avait en outre été submergé par un étrange flot de sentiments qui l'avait déstabilisé bien plus qu'il n'aurait pu l'imaginer. Était-ce de l'amour ? L'idée même l’écœurait. Il n'avait pas besoin de s'attarder sur ce genre de bagatelle ! Jamais il ne s'était réellement intéressé aux femmes. Sa position sociale et ses desseins personnels ne lui permettaient pas d'y penser. Ce n'était donc qu'une forme d'attachement, mais un attachement qui le torturait assez pour qu'il se mette à hésiter dans son travail, à baisser parfois les bras, à se révolter ou encore à plonger dans une affreuse mélancolie qu'on ne lui connaissait pas.

Aujourd'hui, ce mariage dont il n'avait cure, la présence de cet insupportable Carter, celle de Véronica qui le méprisait ouvertement et ce mort inattendu qui déchaînait les invités et les agents sur place, rendaient à la parole toute son ambiguïté et sa difficulté.
Comment se comprendre en situation de crise lorsque les émotions personnelles s'en mêlent ? Comment s'accorder vers un but commun lorsque les griefs déchirent les coeurs et que les orgueils de chacun viennent interférer dans la logique des démarches à suivre ? Véronica était une femme, les autres agents étaient des hommes. Carter était fier comme un coq et méprisant, Armando était tout aussi orgueilleux, même si cela ne passait que par ses regards éminemment noirs. Dean et Stevenson étaient maladroits, Carter agissait de façon étrange, Véronica désirait prouver sa valeur et lui-même était au bord de la démission...Comment de tels caractères pourraient-ils se coordonner si la parole devenait pédante, venimeuse ou cruelle ? Comment les mots pourraient-ils encore les sauver s'ils ne s'écoutaient plus les uns les autres ?

Sentiments + Émotions = Maladresses = Incompréhension mutuelle = Inefficacité.

Même Armando, qui possédait un instinct de déduction incroyable, s'était laissé envahir par les émotions négatives au point qu'il avait négligé la raison pour laisser la place à ses envies passagères. La parole était inutile ? Carter ne l'écoutait pas ? Véronica lui crachait au visage ? Bien. Il ne dirait plus un mot et se contenterait d'observer et de suivre le mouvement, comme un enfant, un imbécile, histoire de voir jusqu'où ce "magnifique couple" irait.

Mais, une fois que Carter fut enfermé dans le réduit, Dean dépêché à sa surveillance, les invités rassemblés dans le grand hall avec Stevenson et ses hommes, lady Trollope et sa nièce isolées...l'Italien se retrouva seul face à Véronica et tout sembla de nouveau changer. En tête à tête avec la belle Alchimiste, il remit rapidement en perspective tout ce qu'il venait de se passer et il eut honte. Même s'il n'était pas en service, et même s'il était vexé par la piètre considération que Carter et Véronica lui avaient témoignée ce jour, il réalisa qu'il n'avait pas agi efficacement pour les biens de l'enquête. Un homme était tout de même mort ! Une assemblée demeurait en état de choc et une dame pleurait son mari à chaudes larmes. Il y avait peut être parmi les convives un meurtrier sadique, et ils étaient là à se faire la guerre sur des mots balancés au visage du plus acerbe, comme s'ils se trouvaient dans un bac à sable à se jeter des pelletés de poudre pour s'aveugler et détruire les remparts de l'autre en face. C'était tout bonnement puéril et mesquin !

Afin de débloquer la situation et d'agir avec un minimum d'honnêteté et de raison, Armando convia Véronica à le suivre tandis qu'il décidait de retrouver lady Trollope. Il fallait l'interroger et la surveiller. Quoi que Carter puisse avoir en tête, l'important était de faire avancer cette affaire afin de la clore au plus vite et d'éviter un second drame.
L'Alchimiste était aussi interrogative que lui au sujet des démarches du jeune enquêteur. Cela leur faisait au moins un point commun...Elle le suivit pour regagner les étages où la veuve avait été conduite par sa nièce.

Lorsqu'ils arrivèrent dans le couloir, ils se trouvèrent nez à nez avec la nièce Trollope qui criait devant la porte de la salle d'eau. Apparemment, sa tante s'y était enfermée et refusait d'en sortir.


- Calmez-vous...Calmez-vous...Nous allons lui parler. Poussez-vous un peu... fit l'agent en la prenant doucement par le bras afin de l'écarter de la porte.

La jeune femme s'écroula à genoux et Véronica prit le relais en lui passant un châle par-dessus ses frêles épaules. Armando tenta de forcer un peu la poignée et de pousser la porte, mais c'était verrouillé et quelque chose grinça contre le bois : la vieille dame avait dû placer une commode de l'autre côté. L'Alchimiste décida alors de passer par un autre chemin pendant que l'Italien continuerait de forcer le passage. Armando lui jeta un regard inquiet tandis qu'elle s'éloignait.


- Faites attention à vous ! Je vous rappelle que son innocence n'a pas encore été prouvée...Et...

Il ne termina pas sa phrase. C'était inutile : Véronica avait déjà disparu dans le couloir. De toute façon, l'Italien songea qu'il aurait été sans doute malheureux qu'elle l'entende lui dire qu'escalader les rebords de fenêtres était une tâche d'homme...Car il n'était pas stupide : si l'Alchimiste voulait trouver « un autre chemin », c'était forcément celui des fenêtres, à moins que des couloirs secrets, utilisés par les domestiques, ne soient disponibles, mais il en doutait fortement.

- Attention...mettez-vous par-là...fit-il à la jeune nièce en lui montrant le couloir d'un coup de tête.

Il avait besoin d'élan pour forcer la porte. La belle, qui avait compris la manœuvre, se releva en tremblant et s'éloigna un peu avant de se rasseoir contre la balustrade en bois qui entourait les escaliers.
Armando enleva sa veste et la posa sur cette même balustrade avant de dénouer son nœud de cravate et de remonter les manches de sa chemise blanche. Cette fois, il allait devoir jouer de ses muscles et vérifier que ses entraînements à la lutte lui étaient encore utiles...
L'homme recula de quelques pas et, après une grand inspiration, il se jeta contre la porte. Cela fit moins de bruit que ce qu'il avait imaginé, mais ce fut sans doute à cause de la dureté de l'obstacle. Son épaule droite lui hurla bien des reproches sur le coup, mais il ne s'en soucia guère. Un second essai le convainquit qu'un meuble aidait la porte à tenir. Un troisième fit assez trembler la porte sur ses gonds pour que du plâtre ne s'effrite sur son cadre et ne recouvre le tapis du couloir.


- Monsieur...Vous allez vous faire mal. gémit la petite nièce en ramenant ses mains sur ses oreilles d'un air apeuré.

Sans se préoccuper de cette remarque qu'il jugeait bien futile, l'agent recommença à deux reprises. Quelques perles de sueur coulèrent sur son front et son épaule commença à le lancer. Ce fut un cri aiguë dans la pièce de l'autre côté qui lui donna assez de forces pour faire sauter le verrou, entrouvrir la porte et repousser la commode d'une bonne vingtaine de centimètres.


- Véronica !? Est-ce que ça va ?! cria-t-il en tentant de se faufiler par l'ouverture.

Un coup d'oeil lui suffit à voir l'éclat d'un rasoir briller dans la pièce, tandis qu'un rayon du soleil l'éclaboussait depuis la fenêtre grande ouverte. Son cœur fit un bond : les deux femmes étaient au corps à corps et lady Trollope ne semblait pas vouloir cesser de gesticuler avec fureur. Dans cet état, elle était tout aussi dangereuse pour elle-même que pour Véonica.


- Lâchez ce rasoir ! rugit l'Italien en essayant en vain de s'extirper de derrière la commode.

La porte avait besoin d'un nouveau coup d'épaule. Armando recula donc pour prendre un nouvel élan. Pendant ce temps, lady Trollope se prostra et tenta de mettre en garde la jeune Alchimiste contre les hommes. L'agent du Yard n'entendit rien de cette conversation, trop occupé qu'il était de son côté. Il s'appuya sur la balustrade, pour se donner du courage, et se lança de tout son poids d'homme contre la porte. Il força ainsi le passage, avec l'énergie du désespoir, et poussa suffisamment le meuble pour entrer.
Malheureusement, il arriva au moment où la veuve repoussait violemment la jeune Alchimiste. Il n'eut pas le temps de lui porter secours. La belle glissa et bascula au sol. L'Italien vit sa tête heurter avec force le carrelage. Sa main se referma rapidement sur le poignet de la vieille dame pour la contrôler.


- Cessez immédiatement ces sottises, lady Trollope !

La vieille dame gardait les yeux écarquillés, fixés sur la jeune Alchimiste qui se trouvait à terre devant elle. Une marre de sang commençait à se répandre sous son chignon tressé en partie défait. Elle s'était figée, incapable de lutter plus longtemps sous la poigne de l'agent et sous l'émotion qui la traversait désormais. La culpabilité lui souleva le cœur et elle blêmit comme jamais. Armando la sentit tressauter dans sa main et bientôt il l'empêcha de chuter à l'instar de Véronica.

- A moi ! De l'aide ! Vite ! appela l'agent en criant en direction de la porte.

La jeune nièce entra, paniquée, et poussa un petit cri de souris en voyant l'agent au milieu des deux femmes évanouies. Le sang qui luisait sur le carrelage poussait à imaginer le pire, sans compter que Véronica se trouvait dans une tenue des plus indécentes. L'Italien serra les dents, impatient, et se releva en abandonnant lady Trollope.


- Mais ne restez donc pas plantée là comme une souche, nom de Dieu ! Occupez-vous de votre tante ! Vous n'auriez jamais dû la laisser seule ! Jamais !

Son ton avait été particulièrement sec et ses mots sans doute mal choisis, c'était sur le coup de l'émotion, et il s'en rendit compte aussitôt, mais Armando craignait pour la santé de Véronica. Il était déjà à genoux auprès d'elle lorsque la nièce se pencha au-dessus de sa tante. Une main sous sa nuque, l'autre passant dans ses cheveux pour défaire son chignon et vérifier sa plaie, l'agent grimaçait. Il s'en était fallu de peu pour que la veuve ne se suicide et que Véronica ne se fende la tête en deux ! Comment tout ça avait pu arriver sous son nez ? C'était impensable !
Des bruits de pas dans les escaliers se firent entendre et, le temps que ces derniers n'atteignent leur étage, Armando avait enlevé les épingles des cheveux de l'Alchimiste pour dérouler sa tresse et palper sa peau au travers de ses mèches rebelles. Ses doigts gouttèrent de son sang mais il eut bien vite la confirmation que ce n'était qu'une petite fente, à peine plus grande qu'une estafilade. Certaines zones saignent bien plus que d'autres, c'est bien connu.


- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?! beugla un agent en entrant comme un diable. Il fut aussitôt suivit de trois autres.

- On a entendu des cris et des chocs.

- Ah ! Monsieur della Serata ! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Dear God !

Armando sentit l'exaspération le gagner, d'autant qu'il surprit deux des agents attarder leurs regards sur les jambes de l'Alchimiste que sa tenue dévoilait avec une grande impudeur. Il se redressa soudain pour attraper un linge de bain et le placer en boule sous la tête de Véronica. Puis, il leur montra de sa main ensanglantée lady Trollope et sa nièce qui était en train de pleurer à ses côtés tandis qu'elle lui éventait le visage.

- Occupez-vous d'elles ! Lady Trollope a tenté de se suicider, il faut que vous l'ameniez dans une chambre et que vous fassiez revenir le médecin au plus vite. Un homme avec moi : Miss Newburry a fait une chute, il faut l'emmener elle aussi. Allez !

Les hommes restèrent muets un instant avant de se précipiter pour exécuter les ordres de l'Italien. Il était assez réputé au Yard pour qu'ils sachent que son grade lui permettait d'agir, et aucun ne savait qu'il était encore mis à pied. Trois hommes vinrent donc porter secours à la nièce. L'un d'entre eux ramassa le rasoir qui gisait sur le sol pour le jeter dans une bassine un peu plus loin. Un autre attrapa la nièce par les épaules et l'obligea à sortir. Les deux derniers attrapèrent la veuve par les aisselles et les pieds afin de la tirer de la salle d'eau et de la déplacer dans une chambre. De la même manière, Armando fut rejoint par un homme qui l'aida à porter Véronica. L'agent choisit de porter la belle par les pieds, afin d'éviter que son collègue n'aie une vue imprenable sur les genoux de la jeune femme, son bloomer et ses bas....Lui-même tenta de ne pas y faire attention tandis qu'il l'emmenait dans une chambre voisine à celle où lady Trollope était installée.

- Faites attention à sa tête...grogna-t-il à son collègue en lui jetant un regard noir.

Lorsque Véronica fut enfin déposée sur les draps, le linge de bain sous la tête, Armando ordonna à l'agent d'aller accélérer la recherche du médecin. Il lui répéta deux fois que Véronica avait besoin de plus de soins que lady Trollope. Pour lui, il était évident que la blessure à la tête que portait la jeune femme était plus dangereuse qu'une petite syncope de plus pour la veuve. Question d'intérêt personnel aussi...Tant pis.

Le médecin arriva au moment où l'agent passait la couverture par-dessus les jambes de la belle. Armando le laissa seul avec elle et sortit dans le couloir. Il passa la tête par la porte de la chambre de lady Trollope pour voir comment elle se portait et y trouva sa nièce et les agents en train de l'éventer et de passer sous son nez des essences parfumées afin de la réveiller. La petite nièce l'aperçut et elle vint à sa rencontre, anxieuse.


- Monsieur...Je suis navrée...Je n'aurais pas dû la laisser seule...Je le sais...Vous avez raison...Je suis tellement confuse...Vous savez je...

Armando la fit taire d'un geste.

- Miss...Pouvez-vous aller chercher les vêtements de mademoiselle Newburry ? Elle a dû les laisser dans une pièce mitoyenne à la salle d'eau. Vous seriez bien aimable de les lui rapporter...

La jeune femme comprit l'impérative et acquiesça en esquissant une petite courbette. L'Italien la regarda s'éloigner en trottinant et soupira en levant les yeux au plafond. Décidément, ce mariage avait pris une tournure des plus désagréables...
Le manège qui suivit cet incident mit les nerfs d'Armando à rude épreuve. Il dut presser la nièce d'aller rapporter les jupons à Véronica et répondre aux interrogations des agents qui s'étaient massés dans le couloir. Au bout d'un moment, il fit évacuer l'étage, pour « laisser respirer les dames ». Il ne laissa que trois agents : un dans chaque chambre et un dans le couloir, dont la mission était de filtrer les allées et venues dans l'escalier. La nièce fut envoyée dans le hall avec les autres convives.

Après une bonne vingtaine de minutes, peut être une demi-heure, la servante qui était venue aider la nièce à rhabiller Véronica et le médecin à mouiller le linge qu'il appliquait sur la bosse de la jeune Alchimiste, sortit de la chambre de cette dernière et l'informa qu'elle venait tout juste de se réveiller. Il pouvait aller la voir.
Armando décolla sa hanche de la balustrade contre laquelle il était resté appuyé les bras croisés, et se dirigea d'un pas mesuré vers la porte. Une fois arrivé sur le seuil, il frappa trois fois, avec légèreté, contre le battant ouvert et pénétra dans la chambre avec humilité. Il trouva le médecin qui faisait quelques dernières recommandations à la jeune femme et le salua lorsqu'il quitta la pièce. Laissant la porte ouverte, pour des raisons évidentes de bienséance, (même s'il y avait un agent dans la pièce, ce dernier était tourné vers la fenêtre, les mains dans le dos, pour éviter d'observer les pratiques du médecin et laisser un minimum d'intimité à la belle), l'Italien s'approcha du lit et sourit d'un air un peu narquois:


- Vous êtes la femme la plus casse cou que j'aie eu l'occasion de rencontrer dans ma vie...Puis il lui sourit avec un peu de chaleur en s'asseyant sur la chaise que le médecin venait de libérer. En tous cas, lady Trollope est hors de danger, pour le moment, et vous avez réussi à nous éviter le pire...Du moins, je crois...

Il plongea sa main droite dans une poche de sa veste qu'il avait remise sur ses larges épaules, sans passer les manches, et sortit des épingles pour les lui présenter.

- Tenez...C'est à vous. Navré...j'ai dû défaire votre coiffure...

Il rougit un peu en se souvenant du bloomer qu'elle portait et se passa une main dans les cheveux pour se redonner contenance.

- Il va falloir que vous évitiez de vous blesser à chaque fois que nous nous rencontrons...Les gens vont finir par croire que c'est à cause de moi que vous vous retrouvez au lit...Enfin...je veux dire...que vous vous blessez...Armando rougit encore. Il ne savait plus où se mettre.


Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Sans_t11
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Edward Carter
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MessageSujet: Re: Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42] Icon_minitimeSam 6 Mai - 22:00

Le poisson mordit à l'hameçon. Carter savait qu'en laissant à l'italien carresser l'espoir de se venger pour tous les maux qu'il a publiquement révélé, il allait jouer à son petit jeu. Redingote en main, il ne fit que quelques mains qu'on vint l'apostropher. Rictus au coin des lèvres, regard joueur, ses doigts lentement se refermaient sur son habit. Il n'eut pas le dire "ouf" que l'imposante stature d'Armando le dominait, le col saisit, le souffle restreint, son corps semblait fébrile, mais en réalité, son esprit travaillait. Il pouvait ainsi évaluer la force qui l'empoignait, le lycanthrope n'était pas dupe et se savait largement plus faible que l'ensemble des membres du Yard, heureusement sa grande gueule compensait sa frêle musculature. Aux mots voilé de son opposant, il répondit simplement avec un petit sourire.

-Osez me contredire si j'affirme que vous aimez le risque comme un alcoolique sa bouteille de rouge. Vous ne seriez pas au Yard sinon Della Serata.

Il se laissa tirer comme un poids mort sans se débattre, orgueilleux à l'extrême, il gardait sa fierté, bombant presque le torse et logeant quelques regards noirs et méprisants dans ceux qui observaient la scène. Lorsqu'il arriva à destination, il observa avec un petit rire. Pièce étroite, en bois, de chêne vu sa couleur... Mais un noir vint couper son analyse, le bruit du loquet et l'appel d'un agent confirma ses mots.

*Et maintenant?* Grogna Michel.

*Attends un peu Michel, tu vas voir, il faut que je reste digne de moi-même, faire croire que cette situation me convient, ne m'affecte pas le moins du monde!*

*Tu pourrais le faire croire si ça n'était pas le cas. Mais de toute évidence ça te convient et ça ne t'affecte pas.Je propose qu'on aille observer le cors, s'il y a quelque chose, il y a obligatoirement un indice, même minime.* Fit le loup.

*Pas bête, allons y.*

*Ca me fait penser, y a pas quelques suicides étranges ou morts accidentelles stupides en ce moment? Genre des riches gens qui meurent de façon stupides ou par suicide, le Yard pense que ça serait lié à une affaire de manipulations de grande envergure!*

*Manipulation...! Fort possible, il faudrait alors laisser l'affaire se tasser, mais il nous faut des preuves qu'il y a bien un manipulateur si c'est le cas. J'espère que les deux incapables de service en qui je place mes espoirs, maigres, certes, vont se montrer utiles.*

*Allons chercher des informations, les convives sont dans le grand hall!* Clôture Henry avec un ton joyeux.

Du trio, Michel était le seul septique, il n'était que très peu intervenu, mais une chose était sûre, quelque chose ne tournait pas rond ou alors tout était si "normal" qu'Edward refusait de croire qu'une mort puisse être naturelle, Henry n'aidait pas du tout, enjoué et casse-cou comme il était, il confortait Edward dans ses suppositions. Le loup roux prit la décision de se taire pour l'instant, si Edward se ridiculisait en public, il trouverait un moyen de faire croire que tout ça faisait partit d'un large plan et que la plèbe idiote et écrasante par sa bêtise ne pouvait pas comprendre la grandeur d'esprit d'un homme comme Edward. De la mauvaise foi, en gros. Pour agacer l'audience, Edward lança quelques remarques cinglantes à Monsieur Finnigan.


-Dites-moi monsieur Finnigan, à quoi ressemble la vie d'un être humain lambda, quoi qu'un peu plus stupide que la moyenne suivant aveuglément les ordres d'un "supperieur"? Je trouve ça formidable, cette façon qu'on les chiens à suivre aveuglément un mâle alpha dans la seule optique de trouve un peu de réconfort pour leur égo en se croyant utile, alors qu'ils sont en réalité assez lourd. Je ne fais pas référence à votre incapacité à prendre seul les choses en main bien sûr, c'est autre chose.

Il fallait provoquer chez son garde un sentiment assez négatif pour qu'il rumine dans son esprit une multitude de scénarios où il aurait l'occasion de voir Edward se faire mettre plus bas que terre d'une façon X ou Y. Edward continua ainsi quelques minutes, attaquant tantôt sur son silence qu'il qualifié comme "révélateur d'un manque de maturité certain et d'incapacité rhétorique flagrante" et ses réponses comme "dénudée de sens, d'ordre et de but et qui n'apportait rien au débat sinon toujours plus d'argument en faveur de l'incapacité de Monsieur Finningan à se hisser au statu d'être humain". Il finit par se taire et laisser Henry prendre les commandes en se transformant en une araignée paon de quelques millimètres seulement. Se fut sans difficultés qu'il se glissa entre la porte et le sol et la porte pour sensuite s'en aller incognito vers le grand hall.

On voyait le monde différemment avec quatre paires d'yeux, encore plus lorsqu'on mesurait moins d'un centimètre. Les distances pouvaient sembler très longues, mais avec le temps, Henry avait imaginé quelques techniques de saut pour avancer plus vite, une sorte de "voleur" version araignée. C'est en courant sur les beaux tapis persans colorés et richement ornementés qu'il arriva à se frayer un chemin vers la salle où l'on avait déposé le corps de Lord Trollope. Une personne montait la garde et avec ses capacités visuelles aussi développer qu'un poisson marche sur le sable, Edward n'eut aucunes difficultés à rentrer. Dans la pièce, il n'y avait personne, c'est à cet instant qu'il se redressa sous sa forme humaine pour observer le corps.


-Qu'est ce qu'on a là... dit-il avec un petit sourire à voix basse.

*Nous devrions faire vite, j'ai peur que des personnes arrivent ici *. Dit Michel avec une voix peu rassurée.

*Au contraire, il faut prendre des risques pour découvrir la vérité! Je ne sais pas ce que font tes deux acolytes par ailleurs Edward!* Continua l'araignée paon

*Mes acolytes? Ces bras cassés! Je suis le seul ici à avoir les capacités d'analyse, d'investigation nécessaire. Je suis le seul à avoir du talent, les autres, ils ne servent qu'à donner "une image" une "cosnsitance" au Yard, manière de montrer que nous sommes un certain nombre. C'est comme ce type qui "montait la garde", idiot au possible, inutile, bref, un homme qui ferait mieux de suicider, au moins ça fera plus de ressources pour les autres et dieu sait qu'on en a besoin.*

*Tu pries dieu toi maintenant?* Reprit l'araignée.

*C'est une expression Henry, parfois je me demande comment tu fais pour être i..*

*Incroyable oui je sais, je suis décidément trop fort, je sais que tu me jalouses Edward, mais ne t'en fait pas, un jour je t'apprendrai à faire de même.*

Ils discutèrent comme ça de long moment, même s'il sentait une certaine agitation, un meurtre? Non, un second garde vint infirmer son idée en racontant les exploits acrobatiques du lieutenant alchimiste et le sauvetage de Lady Trollope qui a tenté de se suicider.

*Dommage... moi qui pensait qu'on allait la tuer.*

Il fouilla longuement le corps, chaque recoin du cadavre fut examiné dans la limite du possible, mais le lycan ne trouvait toujours rien.

*Tu t'es peut-être juste trompé? Peut-être qu'il a mal réagit à ce repas et qu'il en est mort par inadvertence?*

*Ce n'est pas possible! Le crime est si parfait! Pas d'indice, pas de défault... Il n'y en a aucun!*

*Peut-être parce qu'il n'y a pas de meurtres Edward... continua le loup roux, peut-être qu'il n'y en a pas car à force de chercher des assassins talentueux, tu les imagines, tu traites le monde entier comme des animaux cadavériques...*

*C'est ce qu'ils sont...* coupa Edward.

*Alors il n'y a aucun talent parmi eux et sont donc incapables de tout ça*... trancha Michel.

Ils s'entichèrent longtemps dans une discussion à sens unique. À force d'examiner le corps il semblait évident que c'était un accident. Même en fouillant le corps il n'y avait rien en trop, ça en devenait exaspérant pour Edward qui avait face à lui un exemple parfait de bêtise humaine. La situation était si ridicule qu'il en devenait impossible de l'envisager. Il semblait que cet homme était mort à cause d'une mauvaise réaction.

*Je n'ose même pas imaginer la honte qui va tomber sur toi quand..*

*ASSEZ! Hurla l'enquêteur qui perdait son calme. Non! C'est impossible! Je ne peux pas échouer! Ce crime était si beau!*

*Il n'y a pas de crime Edward!*

*SI! La connerie humaine est un crime! Pourquoi les gens sont-ils si stupides! À cause d'eux les hommes de talents sont tournés au ridicule à force d'imaginer ce dont ils sont réellement capable!*

Edward paniquait, la simple image de la défaite le rendait fou. L'échec, ce mot pourtant si court, plongeait Edward dans une longue réflexion. Qu'allait-il advenir de lui, il imaginait tous les scénario, son cerveau travaillait trop vite. Renvoyé? Mise à pied? Écarté? Pire, interdit de scènes de crimes. Face à la détresse de l'inspecteur qui perdait ses moyens, Henry prit le dessus et se mit en tête de ramener son humain entre ses quatre planches. Celà ne lui prit que peu de temps, fort heureusement, car on venait vers "lui", s'agrippant à une chaussure, un rodéo de plusieurs mètres lui fit office de transport. On avait rêvé mieux comme voiture, mais bon, siège en cuir, confortable, à l'air libre, itinéraire de route intégré, le grand luxe, sauf les suspensions très sensibles et violentes! Profitant que les visiteurs discutent avec l'homme "de garde", Henry rentra et rendit à Edward son apparence.

*Tu as de la visite, reprend toi Edward*! Lança Michel.

Alors qu'il était de nouveau humain, on ouvrit la porte. C'était son supérieur justement, Edward avait reprit une apparence glaciale, le regard fier, mais on pouvait voir au fond de ses pupilles, la détresse d'un homme à qui l'on venait de détruire une partie de son égo. On lui commanda de se lever et sortir, chose qu'il fit en silence avant d'être convier à venir s'excuser auprès de Lady Troloppe, sa famille, Armando della Serata ainsi que Veronica Newburry. Lorsqu'il fut face à l'assemblée on lui demanda de s'excuser.

-Bien, commença-t-il, je dois avouer que je dois m'excuser très sincèrement auprès de vous tous, et de vous toutes. Il laissa un vide, bien évidemment que c'était louche, Carter qui s'excuse sans grogner. Je m'excuse d'avoir autant surestimer vos compétences cérébrales, imaginer un instant qu'ici, quelqu'un soit assez talentueux pour monter un crime aussi parfait... quelle erreur de ma part, alors qu'un homme est juste mort pour s'être empoisonné avec un amuse gueule au mariage d'un membre de sa famille. Si j'avais su.. je n'aurais même pas gaspillé mon temps à courir après un assassin aussi douer que moi. Je dois vraiment arrêter de croire que l'homme lambda vaut mieux qu'un chien... Sur ce, à dieu, je vous prie d'agréer Ladys, Lords, mes excuses les plus sincères d'avoir le talent nécessaire pour envisager ce que peuvent être réellement les hommes.

Tournant les talons il quitta la pièce. Il avait un rictus au coin des lèvres, comme s'il allait réellement s'excuser. Au fond son égo était détruit, cet échec, il ne se le pardonnerait jamais, il quitta les lieux et lorsque s'ébruita son "discours" d'excuses, un membre du Yard s'approcha de Véronica et d'Armando un peu hésitant.

-Excusez-moi de vous importuner, mais... concernant l'inspecteur Carter, il se murmure que dans ses exploits qu'il a résolu, certains pensent qu'il aurait lui même orchestrer des séries de meurtres pour satisfaire son appétit à résoudre des énigmes policières si complexe que lui seul le pourrait avec sa logique, puisque vous avez eut quelques altercations avec lui, j'ai cru bon de vous en parler, mais ce ne sont que des rumeurs, je sais que l'agent Carter est détesté et il est fort proprable que ce soit faux, je l'espère.

Il s'en alla et quelques minutes après, c'est le directeur du Yard qui vint à Véronica.

-J'annule votre mission avec Carter, je mettrai deux autres agents sur l'affaire, il faut que ce jeune avorton s'étouffe quelques temps dans son orgueil, c'est un excellent élément, juste très immature.

Edward avait déjà quitté "la fête avec un arrière goût amer au fond de la bouche.

[HRP: Finit pour Edward, j'ai envisagé la possibilité du meurtre machiavélique et l'empoisonnement par erreur, si vous voulez une suite ou non à cet événement ou ridiculiser encore plus Edward! Bon vent et bon RP! Sauf toi Armando, j'aime pas les italiens <3 /HDR]

[HRP: Suite au Quartier de Belgravia dans : Nul besoin d'aller enquêter à Epsom pour avoir du sel. /HRP]
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Festivités de printemps [Véronica, Edward, Armando] [25/05/42]

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