L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
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Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
 
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[16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo)

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Krieg
Membre de l'Ombre
Krieg
Nombre de messages : 34
Date d'inscription : 19/12/2015
Race : Loup-garous, indubitablement
Classe sociale : Âme errante. Je n'existe pas aux yeux de votre société, vermine humaine.
Emploi/loisirs : Chef de meute. Tente d'unifier les gangs de Londres sous la lumière de La Lune.
Age : 334
Age (apparence) : La trentaine passée.

Proie(s) : Tout le monde.
Oui.
Absolument tout le monde.
Résistance mentale : 5/5 de résistance mentale.
Crédit Avatar : Veronica Anrathi
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MessageSujet: [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) Icon_minitimeLun 15 Jan - 17:02

Ils avaient tout deux rêvés ce moment. Et ils l'avaient déjà vécu. Tant de fois auparavant. Dans tant de pays différents. Lors de tant d'époques différentes. C'était toujours la même chose. D'abord, le regard. Elle fuyait le sien, comme si elle pouvait encore craindre la folie qui y résidait. Il souriait. Les autres témoins affichaient des mines chargées d'incompréhensions. La pluie...Par l'enfer, pourquoi pleuvait-il toujours, lorsqu'ils se retrouvaient?
"-Ma belle." Souffla le vieux loup, incapable d'encaisser un silence plus long.
A ses cotés, Slick fronça les sourcils. C'était la pluie, évidemment. C'était de l'eau de pluie, qui coulait le long de la joue du boss, pas vrai? D'une bourrade, il se débarrassa de la main que William avait posée sur son épaule.
"-On devrait y aller, Slick.
-Mais...Quoi?"
Finalement, les regards se croisèrent. Celui du loup, d'un vert empoisonné, chargé d'une émotion inconnue de lui-même en temps normal, rencontra celui de la louve, aussi gris que les nuages au-dessus d'eux. Il n'y avait pas d'émotion dans ce regard-ci. Elle avait toujours été meilleure dans ce domaine que lui. Rien ne filtrait jamais sans qu'elle ne le veuille. Mais le loup connaissait sa louve. En un instant, les deux silhouettes ne firent plus qu'un. Ils s'enlacèrent mutuellement...Et puis...Elle attrapa le bras contre sa nuque...Pour mordre dedans.
Slick avait déjà sorti de leurs fourreaux respectifs deux de ses couteaux lorsque la première goutte de sang se mélangea à la boue aux pieds du couple. La main libre de Krieg s'éleva dans sa direction, lui intimant l'ordre d'arrêter...Ou de partir?
"-Si tu touches à un seul cheveux de cette femme, Slick. Je vais te tuer."
Les lames retrouvèrent leurs fourreaux. Les yeux exorbités, le possesseur de ces derniers tenta de dire quelque chose avant d'être aussitôt interrompu par son chef :
"-Pars. Maintenant. Partez, tous."
Les concernés échangèrent de nouveaux regards interloqués...Puis s'exécutèrent. Très vite, au milieu de cette ruelle sombre et trempée, il ne resta plus que deux êtres liés par plusieurs siècles d'un amour étrangement pur...Pour eux. Patient, Krieg attendit que sa compagne termine de gouter à sa chair et son sang en observant l'eau ruisseler le long des murs de pierres grises autour d'eux, l'esprit perdu parmi de trop nombreux et douloureux souvenirs. Toujours. Ils se retrouvaient toujours. Qu'importe les distances, qu'importe les conditions, qu'importe les âges ou  même les probabilités. Rien ni personne ne pouvait empêcher la louve et le loup de se retrouver. Rien. Lentement, les dents sortirent de leur tunnel de chair, accompagnées par une petite cascade de sang remplissant les fossés qu'elles laissaient derrières-elles. Et finalement, Mila posa ses deux mains sur le visage de l'homme qu'elle avait un jour détesté :
"-C'est toi. C'est vraiment toi."
Alors toute la peur, la colère, la haine, la tendresse, l'amour et la tristesse qu'elle refusait de montrer aux autres, à ceux qui n'étaient pas lui, jaillit de ses yeux. Ils étouffèrent un sanglot de joie ensemble. S'embrassèrent de nouveau. Puis Krieg se mordit la langue en perdant son visage dans la crinière blonde de sa compagne.
"-Quelqu'un te traque?
-Non. Et toi?
-Pas encore."
Nouveau silence. Un rire nerveux secoua le corps de la louve, qui mit fin à l'étreinte d'elle-même pour essuyer ses joues couvertes de larmes. Krieg l'observa faire, satisfait par le simple fait de pouvoir la regarder à nouveau. Elle. Sa louve. Si belle. Si dangereuse.  Des commissures de ses lèvres pincées s'écoulait le sang qu'elle lui avait prit durant la morsure... Et c'était juste ce qu'il fallait. Le détail parfait, ajouté au corps parfait de celle qui serait toujours pour lui la seule et unique. Un frisson d'excitation parcourut l'échine du vieux loup alors qu'il redécouvrait le désir, antique et animal, sous la forme d'une vague de chaleur le parcourant de haut...En bas.
Quelque chose dans son attitude avait dû trahir l'évolution de ses pensées, car la louve, en se mordant la lèvre inférieure, lui adressa un regard équivoque.
"-Trouvons une chambre." Fit-elle, alors que ses dents, aussi aiguisées que celle de son loup, commençait à déchirer sa propre chair.

†††

A quatre heure de l'après-midi, le bordel "La Rose-fée" était on ne peut plus calme. Les clients aimaient passer le soir, au plus tard, lorsque les ténèbres de la nuit se chargeaient de masquer aux autres leurs "mœurs déplorables". Ce qui, pour tout dire, soulageait plutôt son possesseur au visage brûlé, enfermé dans son bureau. Dans l'état actuel des choses, il n'aurait certainement pas eu la patience de traiter avec tel ou tel particulier avides de nouvelles expériences grotesques.

"-J'y comprends que dalle."
Pour illustrer ce fait, Slick se sentait obligé de faire les cents pas, de gronder, de jurer de temps à autres, en prenant un air de chien battu, son inarrêtable circuit prenait une telle proportion que la lampe à huile, pendue au plafond, juste au-dessus de lui, commençait à se balancer à son rythme. Alasker l'observait, faire le sourire aux lèvres en triturant sa dernière cicatrice en date : Une pointe de couteau en plein milieu du front, reçut deux jours auparavant, que son sang de loup avait déjà partiellement fait disparaître.
"-Nous commençons à le savoir." Souffla finalement l'observateur, l'index enfoncé dans sa cicatrice.
Slick s'arrêta pour se tourner vers lui et hausser un sourcil.
"-Hein?"
Fergusshon, l'air mesquin, se replaça tranquillement sur le tonneau qui lui servait de siège, épousseta sa chemise ouverte, puis répondit :
"-Le grand costaud essai de te faire comprendre que nous commençons à comprendre que tu n'y comprends rien."
Deux des trois participants de la "conversation" se mirent à rire. Pas Slick.
"-Trois semaines que cette foutue cinglée se trimballe dans notre secteur. Fourre son nez partout...
-Très joli nez, par ailleurs." Apprécia Fergusshon, peu soucieux de couper la parole au défiguré. Slick le fusilla du regard.
"-Deux de nos gars sont morts. Elle les a découpés tellement salement qu'on ne sait toujours pas où est passé le bras droit de l'un d'eux.
-Ils se sont fait rétamer par une nana." Intervint le nouvellement balafré, sans cesser de gratter vigoureusement la crasse s'étant accumulée autour de sa cicatrice. "Qu'ils essayaient de détrousser...Ou de trousser. Pour ce que j'en sais, c'est plutôt une bonne nouvelle qu'elle nous ait débarrassé de tels blaireaux.
-Qui plus est, les nanas qui savent se défendre, le boss à tendance a les apprécier. Regarde, Red non plus il ne l'a pas tuée." Compléta Fergusshon, en toisant d'un regard dégouté l'attitude répugnante de son collègue.
Slick leva les yeux au ciel, haussa les épaules et soupira.
"-Red ne les avait pas tué.
-J'ajouterais aussi que le patron n'apprécie définitivement pas cette dame de la même façon qu'il apprécie Red'.
-Ferg' a raison. La gamine, le boss l'aime bien. Elle, là...C'est autre chose."

William effleura un tas de feuille tâchées d'encres, posé au bord du bureau grinçant sur lequel il était assit. Les feuilles volèrent aussitôt dans toutes les directions, assombrissant un peu plus l'humeur de leur propriétaire.

"-Ramasse. Et fais attention un peu." Cracha Slick à l'adresse de l'avorton.
Fergusshon leva les yeux au ciel.
"-Ne te venge pas sur le gosse. C'n'est pas de sa faute si t'es de mauvais poil. Et c'n'est certainement pas de sa faute non plus si tu ranges aussi bien tes appartements que feu ma mère."
William lui adressa un remerciement silencieux qu'il salua par un hochement de tête discret.
"-Ce n'est pas moi qui range ici. Je ne passe pas souvent. Officiellement, c'est mon bureau. Mais c'est La Fouine qui  y passe tout son temps.
-Raison de plus pour n'en avoir rien à foutre." Grinça Alasker dans un affreux sourire."M'étonne pas qu'il soit tout le temps là, tiens. Tu parles d'un trou à rat. J'ai eu des godasses plus grandes que cette pièce."
De fait, la pièce peinait à accueillir quatre personnes. Surtout lorsque l'une des quatre personne possédait la largeur d'épaules d'Alasker.
"-Vu l'établissement, je ne m'attendais pas à autre chose. Quelle idée de nous avoir amené ici?" Manda Fergusshon, sans se départir de son propre sourire méprisant.
"-Il pleuvait des cordes, c'était la planque la plus proche et j'avais pas envie d'être trop loin du boss, juste au cas où..."
Celui qui avait posé la question pouffa.
"-Les flammes t'ont bouffées plus que le visage, visiblement.
-Quoi?
-Vu la scène que m'a décrit Will', la dame ne risque pas de vouloir nuire au patron. Mais tu le sais, non? Tu étais là quand il a dit "ma belle". Et quand il l'a enlacée. Et quand il t'a dit que si tu la touchais, il allait te t...Oh ! Je vois. Tu t'inquiètes pour ta position, hein?"
Slick s'immobilisa et cligna des yeux. William redoubla d'effort pour rassembler les feuilles par terre.
"-Ne joues pas au bouffon du roi avec moi, Ferg'."
Le concerné pouffa de plus belle.
"-Ce serait plutôt le bouffon du Prince, si je jouais avec toi. Et peut-être même le bouffon du valet, si la dame décide de rester, qui sait?
-Boucle-la !
-Avoue, c'est ça qui te chagrine? En te menaçant, il t'a clairement fait comprendre que ta vie ne valait rien comparée à celle de sa dulcinée. Et le fait que tu sois moins important que quelqu'un d'autre, aux yeux de papa loup, ça t'énerve, hein?
-T'as entendu Slick, Ferg'." Gronda Alasker alors que le tueur au visage brûlé commençait à poser sa main droite contre le manche d'un de ses couteaux. "Il t'a dit de fermer ta gueule. Alors tu la fermes maintenant. J'ai pas envie de jouer la nounou en vous séparant comme deux gosses.
-Plutôt en m'écartant du cadavre de cet abruti." Fit Slick, le regard fou.
Le rire d'Alasker trahissait plus une grande fatigue qu'un quelconque amusement.
"-Arrêtes de te prendre la tête. Si Ferg' a raison, tu t'inquiètes pour rien. Si la dame reste, elle sera la reine et lui le roi. Le boss te fais trop confiance et te connais trop bien pour ne serait-ce que penser à te "dégrader". Alors reste tranquille. Tu resteras le prince de sa Meute, quoiqu'il arrive."
Fergusshon se renfrogna lorsqu'il vit la colère quitter les yeux de Slick. Déçu, il reporta son attention sur ses ongles et entreprit de les nettoyer une énième fois. De son coté, le Prince de La Meute soupira une nouvelle fois...Avant d'aller s'asseoir à son bureau. Au passage, il s'excusa auprès de William et lui dit de laisser les feuilles là où elles étaient.
"-J'espère que t'as raison, Alasker." Fit-il, une fois posé."J'espère que t'as raison."

†††

"-J'avais oublié que j'étais une femme, avec le temps." Ronronna Mila, la tête posée contre le torse nu de son loup. "Merci de me l'avoir rappelé."
Krieg n'aimait pas le sourire trop chaleureux qu'il arborait à cet instant. Mais ça n'avait pas d'importance. Pas ici. Pas maintenant.
"-Combien de temps?" Demanda-t-il, les yeux rivés sur la masse de cheveux blonds posée contre lui.
Elle ne répondit pas tout de suite. Un timide silence s'installa entre la question et la réponse. C'était toujours difficile, après tant d'années.
"-Trente ans, peut-être quarante?"
Elle mentait, évidemment. Elle savait exactement combien d'année s'étaient passées sans qu'ils ne se voient. Elle le savait. Parce qu'il le savait aussi.
"-Quarante-trois." Répondit Krieg en caressant la peau excessivement blanche de sa louve.
Il ne pouvait pas voir son sourire, allongé comme ça. Il n'en avait nul besoin.
"-Tu as compté aussi.
-Chaque jour, ma belle. Chaque heure. Chaque minute."
Elle glissa contre lui, lascivement. L'embrassa une nouvelle fois.
"-Fais-moi l'amour. Encore. Que ce jour ne se termine jamais."

†††

"-Mon père." Slick salua Roderick d'un hochement de tête que ce dernier lui rendit poliment.
-Tu es le deuxième à venir me voir aujourd'hui." Fit l'étrange prêtre.
Slick haussa un sourcil, interloqué. L'homme de foi n'y prêta pas la moindre attention et se contenta d'entrer dans le petit cabanon. Le jeune balafré le suivit. A l'intérieur, ce qui avait un jour été son propre refuge. Sa planque. Sa maison...Etait devenu l'un des lieux de recueillement du prêtre des loups. A la place de son matelas infesté de puce se trouvait désormais un autel grossier, fait de pierre ramassées sur le chemin et nettoyées à l'eau claire. Encerclé d'ossements humains. Des côtes, des crânes. Des phalanges. En son centre se trouvait la sinistre représentation du "dieu" de ce culte. Une sphère parfaitement blanche, elle aussi faites d'os reliés les uns aux autres. Une lune d'ossement. Faite avec les os de sacrifices innocents et certainement pas consentants. Pour la gloire de l'astre argenté. Même Slick trouvait ça malsain.
"-Il faut dire que vous avez adopté un comportement troublant, aujourd'hui. Votre crise en a inquiété plus d'un."
L'autre, dans un geste rituel, se lacéra la paume de la main droite avec un couteau rouillé, posé derrière l'autel, puis recouvrit la lune d'os de son sang.
"-Alasker n'est pas venu me voir pour me faire la morale, car il savait que ce serait inutile.
-C'est Al, le premier à être venu?
-Bien entendu. Il vient plus souvent que tu ne le penses ici-bas."
Ce fait ne rassurait Slick d'aucune façon.
"-Ma "crise" n'en était pas une. J'ai simplement remercié notre mère pour les avoir de nouveau rassemblés.
-Qui?
-Ne fais pas semblant de ne pas savoir de qui je parle mon ami.
-Pourquoi?"
Les yeux rivés sur l'idole sacrilège, le prêtre, d'un air solennel, répondit :
"-Serais-tu aveugle mon fils?
-Seulement d'un oeil, de temps à autres, quand il pleut." Grinça le concerné.
Roderick sourit.
"-Tu commences à parler comme Lui."
Slick apprécia le compliment en s'interdisant de dériver d'avantage.
"-Est-ce que vous pouvez vous débarrasser de ces foutus simagrées deux secondes, "mon père"?"
Le père hocha la tête. Ferma les yeux. Cessa sa contemplation.
"-Elle est exactement ce qu'il nous fallait. L'ajout parfait.
-Pour votre petite secte?"
Le prêtre hocha la tête.
"-Ne comprends-tu pas? Quand j'ai parlé à ton patron de mon idée. L'idée de concevoir un culte, basé sur la lune. Il m'a presque rit au nez. Mais il m'a écouté en prétendant que "l'humain en chaque loup pouvait être assez stupide pour y croire." Et il avait raison. J'ai une douzaine de disciples maintenant. Des frères perdus. Quatre ont déjà rejoint la Meute grâce à "ma petite secte". Les autres suivront bientôt, je peux te l'assurer.
-Je ne vois pas vraiment le rapport avec cette foutue femme.
-Les mythes anciens."
Les sourcils de Slick n'auraient pas pu se hausser d'avantage.
"-Quoi?
-Les mythes anciens, mon fils. Les nôtres, ils s'échangent des histoires à chaque rencontre. Se transmettent de vieilles légendes sur notre condition, d'anciens mythes. J'ai isolé un de ces mythes. Celui qui, très franchement, sortait du lot tant il y avait de garous connaissant une ou plusieurs versions le concernant. Passé mon "mois" d'intégration, j'ai commencé mes recherches. J'ai récolté tellement d'informations sur ce sujet que je pourrais en faire un roman. Lors d'un festin dans les bois, un Lycanthrope m'a raconté que même son ami vampire connaissait cette histoire."
Slick se rendit compte qu'il était pendu aux lèvres du prêtre et tenta aussitôt de reprendre un minimum de contenance. Roderick n'y prêta pas attention.
"-Les loups ont leur Adam et leur Eve. Tu comprends? Les Géniteurs. C'est ainsi qu'on les nomme.
-Classique.
-Exact. Et, pour ce culte, l'arrivée de cette "Mila" est une bénédiction.
-Attendez une minute...Nan. C'est stupide. Personne ne croira ça.
-Ah? Et qui pourrais contredire le culte si il l'affirmait? Un loup et une louve. Sans origines connues. Tous deux immortels. Atemporels. Père et mère de morsure de peut-être un millier des nôtres, à travers les âges..."
Slick secoua la tête.
"-Tout deux ont pleinement embrassés leurs bestialités. La sauvagerie trônant dans leurs cœurs n'a plus besoin d'attendre la pleine lune pour sortir. Et lorsque la pleine lune vient enfin, ils gardent un contrôle parfait. Quel autre loup fait ça? Connais-tu une créature plus vieille que notre père de morsure? Plus expérimentée? Plus dangereuse?
-Ce n'est pas parce que je ne connais pas quelque chose de plus dangereux que Krieg que ça le catapulte au rang de demi-dieu.
-Ca suffira pour mes disciples. Ca a suffit pour moi. Et pour Alasker.
-Krieg vous contredira.[/color]
-Seul un dieu peut humblement refuser le titre de divinité lorsque de simples mortels..."
Slick le coupa.
"-Gardez vos sermonts pour ceux qui sont assez désespérés pour y croire, mon père. Le patron est beaucoup de chose, expérimenté, oui. Dangereux, aucuns doute possible. Mais jamais, jamais il n'a été "humble"."
Le sourire que le prêtre afficha alors le mit mal à l'aise. Vraiment.
"-Crois-tu, mon fils?
-Oui.
-Mais alors, dis-moi. Pourquoi vit-il au milieu de nulle part? Pourquoi Krieg ne revêt que de simples frusques, alors qu'il paie grassement chacun des siens...
-Il n'aime pas afficher son aisance.
-Et n'est-ce pas là une façon, pour le moins flagrante, d'être humble?"


Ce monstre n'est pas un loup-garou ordinaire. Cruel, calculateur, sadique et manipulateur, il est l'avatar même de ce que nous, humbles chasseurs, avons jurés d'exterminer. ~Extrait du journal de feu Charles Moorhis.


Dernière édition par Krieg le Lun 15 Jan - 17:36, édité 1 fois
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Krieg
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MessageSujet: Re: [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) Icon_minitimeLun 15 Jan - 17:23

Krieg souriait comme un imbécile, sans jamais lâcher des yeux le corps nu de sa compagne. Elle était sortie du lit pour prendre un verre d'eau, et déambulait désormais librement dans la pièce, dans le plus simple appareil, en se délectant du regard de son loup. Mila, comme toujours, se déplaçait sans un son, avec cette espèce de timide grâce qui avait jadis retenu l'attention du mercenaire. Sur la pointe des pieds, elle semblait glisser sur le parquet couvert de poussière et de sang sans jamais voir un seul centimètre de sa peau pâle tâchée ou salie. Dans un coin de la pièce, les deux propriétaires de la baraque, un homme et une femme d'âge mûr, avaient finit d'agoniser depuis longtemps. Mila avait ouvert la gorge du premier avec une carafe brisée pendant que Krieg plantait un poignard dans la rate, puis dans le poumon droit, de l'autre. Les yeux vides de leurs cadavres avaient ainsi fixés les ébats de leurs meurtriers, tandis que ceux-ci, non content d'avoir prit leur vie, souillaient leur lit conjugal avec la joie cruelle d'adolescents sans barrières ni peurs.
"-Ce que tu vois te plait" Minauda la tueuse en fixant le mur tâché de sang devant elle.
Krieg pencha la tête sur le coté en fixant les fines hanches de sa compagne et la cascade de cheveux blonds qui descendait jusqu'en bas de son dos. Après un court silence, il finit par grincer :
"-A moitié seulement."
La louve fit volte-face pour dévorer à son tour le loup du regard.
"-Et là?"
Il répondit tout en fixant effrontément les seins de l'auteure des dernières paroles.
"-Toujours à moitié."
Mila fronça les sourcils en posant son poing libre contre sa hanche.
"-Mais encore?"
Krieg se leva du lit pour la rejoindre et effleurer du doigt la discrète cicatrice d'une entaille horizontale, située juste en-dessous du nombril de sa compagne.
"-Qui t'a fait ça?
-Ce n'est qu'une cicatrice. J'en ai plein, tu en as plein."
Quelque chose de très froid et de très dangereux s'infiltra dans l'esprit du loup lorsque ce dernier sonda le regard de son amante. Une pensée impensable. Un songe horrible. Le souvenir d'une cage et de deux formes recroquevillées l'une contre l'autre, s'effleurant et s'aimant à travers les barreaux qui les séparaient.
"-Je connais toutes ces cicatrices-là, ma belle. Et tu connais toutes les miennes. Je ne connais pas celle-ci."
Mais Mila restait de marbre. Elle le fixait, avec le plus grand sérieux du monde. Les sourcils toujours légèrement froncés.
"-Qui t'a fait ça?"
Court silence. La louve but son verre d'eau, le jeta derrière-elle, puis pouffa :
"-J'avais oublié ton amour du détail et...Ta paranoïa naturelle.
-Dit-elle sans jamais cesser de fixer la nouvelle entaille que j'ai à l'épaule.
-Et celle au niveau des omoplates."Compléta-t-elle, souriant un peu plus." Qu'est-ce qui a fait ça? Une hache de guerre médiévale? Une scierie?
-Un homme mort, ma belle. Tu le sais bien. Toi, par contre, vu comme tu évites le sujet, je devine que celui qui t'a fait ça est encore en vie."
Nouveau silence. Pour la première fois, elle tenta d'éviter son regard. A la vue de cette esquive soudaine, Krieg sentit une colère, froide et inhabituelle, traverser son corps.
Il ne dit rien. Du tout. Silencieux comme la mort, le loup attendit simplement, sans esquisser un seul mouvement, que sa louve réponde enfin. Dehors, la pluie continuait de marteler les toits de Londres.
"-Quand je suis partie j'avais...Des doutes.
-Des doutes?" Répéta le mercenaire, en reprenant peu à peu son attitude cynique, moqueuse, faussement détachée, qu'il avait en présence de tous, sauf elle. En temps normal.
Les yeux de Mila se plissèrent.
"-Ne commence pas.
-Alors termine.
-Ce n'est pas facile.
-Bien sûr que si.
-Tu promets de ne pas t'énerver?
-Non.
-Je suis partie voir Maxwell."
Mila ne tenta même pas de lutter lorsqu'il l'attrapa par la gorge, la souleva du sol pour la coller contre le mur derrière-elle. Tout en tentant de reprendre son souffle, la louve se délecta de voir à nouveau la sauvage jalousie de son loup se dessiner sur son visage.
"-Je savais que tu réagirais comme ça." Souffla-t-elle, ravie, en lui caressant le visage.

Maxwell Hoffmann était l'une des seules personnes pouvant se targuer d'appartenir à la fois au monde des vivants et à la liste, quasiment infinie, de ceux que Krieg haïssait tout bonnement. C'était un homme étrange, que le couple de loup-garou avait rencontré lors de circonstances non moins étranges, après qu'ils aient apprit qu'un original cherchait à récupérer toutes les recherches (relativement douteuse) de celui qui avait été leur bourreau pendant bien trop longtemps. : L'alchimiste Richard Von Klinge.
Inquiets d'assister à la naissance d'un nouveau tortionnaire, Mila et Krieg s'étaient mit en chasse peu de temps après avoir apprit la nouvelle. Et la chasse n'avait pas durée longtemps.
C'était lui, Maxwell. Un homme de stature assez imposante, au sourire charmeur et aux attitudes excessivement raffinées. Un petit bourgeois ayant élu domicile dans une grande, très grande cave, d'où il tentait diverses expériences sur des morceaux de cadavres en relisant les notes d'une dizaine de chercheur tous aussi peu scrupuleux que Von Klinge. Ils étaient entrés le plus simplement du monde, en enfonçant la porte. En tuant les chiens de gardes et trois servants tremblants de peur.
En découvrant la tête de loup-garou posée sur la table en plein centre de la pièce où officiait Maxwell, Krieg avait décidé de noyer ce dernier dans de l'eau bouillante après lui avoir brisé tout les doigts. Mais Mila l'avait retenue. Parce qu'il leur avait dit "bienvenue, fils de la lune", sans même tenter de fuir, en les voyant arriver.
Alors, au lieu de le tuer, ils l'avaient écouté.
Ils avaient écoutés son récit larmoyant de chiot terrifié par son ombre, son histoire répugnante de faiblesse, dans laquelle il expliquait être un loup-garou prisonnier de "la malédiction" aspirant à redevenir un homme normal. Il leur décrivit comment, au fil des années, l'immonde parodie d'eux-mêmes s'était tournée vers l'alchimie pour tenter de percer les secrets de ce qu'il ne cessait d'appeler "la malédiction". Et comment il avait, bien évidemment, lamentablement échoué. Durant tout ce temps, tout ce récit, Krieg avait senti sa haine envers lui grandir. Maxwell était tout ce qu'il n'était pas. Terrifié par sa forme lupine, il en était devenu la victime plutôt que le maître. La bête en lui était la source de tous ses cauchemars, de toutes ses craintes, de tous ses malheurs. L'évolution délirante de sa condition l'avait amené à désacraliser, à "étudier" les corps lacérés que les hunters, une fois leur travail accomplit, laissaient derrière-eux. Face à son bureau, dans un tube de taille humaine rempli d'un liquide gélatineux et...Vert, baignait le corps d'un jeune garçon mordu. Quelqu'un l'avait tué avant qu'il n'achève complètement sa transformation et le liquide dans lequel il flottait empêchait autant son corps de reprendre une apparence normale que de simplement se décomposer. Ainsi, le gosse restait là, mort mais jamais en paix, à servir de modèle pour les croquis d'un malade obsédé par sa propre faiblesse. Même pour lui. Même pour Krieg, c'était trop. Trop tordu. Trop abracadabrantesque. Trop ingrats. C'était comme ça que les cinglés du style de Von Klinge naissaient. Et c'était exactement ce qu'il avait dit.
Mais Maxwell, en jurant sur son nom et sur tout ce qu'il avait de sacré que jamais il ne prendrait de cobaye vivant, avait sorti du tiroir de son bureau un pieu en argent pour le tendre au vieux loup.
"-Regardez-moi dans les yeux. Sondez mon âme. Et si vous trouvez en moi les mêmes horreurs que mon prédécesseurs, plantez cette horreur dans mon cœur."
Krieg ne l'avait pas tué. Parce que la seule chose qu'il avait trouvé, à l'époque, dans le regard de cet imbécile trop maniéré, ça avait été de la peur et des remords.  De la faiblesse. Et une admiration sans faille pour le couple qu'ils formaient avec Mila.
Les choses avaient visiblement bien changées.

"-Tu es partie pour aller voir ce chiot pleurnichard et tu l'as laissé poser ses sales pattes sur toi?" Gronda le mercenaire, en serrant un peu plus sa prise.
Mila aurait bien voulu répondre de vive-voix, mais aucun son ne pouvait sortir d'une bouche asphyxiée. Alors elle continua simplement de caresser le visage de son loup. Et, après une longue minute d'absence de lutte, son loup la relâcha. Elle tomba dans ses bras.
"-Tu doutes vraiment de moi? De ma fidélité?"
Krieg répondit sans savoir s'il devait la repousser ou l'enlacer.
"-Le devrais-je?"
La louve se colla un peu plus contre lui.
"-Il fut un temps où tu me faisais confiance. Pour tout. Tout le temps.
-Et il fut un temps où tu ne me quittais pas sans un mot pour aller frayer avec un espèce de morceau de..."
Elle l'interrompit, la tête posée contre son épaule.
"-Je voulais savoir...Si je pouvais avoir un bébé. Avec toi."
Court silence. Le loup accepta finalement l'étreinte en fermant les yeux.
"-Je te l'ai dis, ma belle. La lune ne donne pas sans prendre quelque chose en retour. L'immortalité n'est pas gratuite."
Il la sentit trembler contre lui, retenir un sanglot. Reprendre son souffle.
"-Il m'a dit que...Certains des nôtres arrivaient à avoir des enfants...Des enfants normaux. Mortels...Mais...
-Ce sont des cas extrêmement rares.
-Notre longévité est un cas extrêmement rare aussi. Alors, je me suis dis, peut-être que... Et je lui ai demandé...Je lui ai demandé de...
-Qu'est-ce que tu lui as demandé, ma belle?
-Je lui ai demandé de m'ouvrir. De regarder ce qui n'allait pas, dans mes entrailles. Pourquoi je ne tombais jamais enceinte."
Krieg ne dit rien. Parce qu'il ne savait pas quoi dire. Une situation détestable...Et tellement rare.
Le sanglot qui fit trembler le corps de son éternelle promise, emprisonnée dans ses bras, manqua de le faire sursauter.
"-Tu aurais dû me le dire.
-Jamais tu n'aurais accepté."
Sur ce point, elle avait raison. Le loup avait tiré un trait sur l'idée d'avoir une quelconque descendance depuis bien longtemps. Avant leur union, il n'y avait même jamais pensé. Après...Cela avait alimenté quelques petits doutes. Rien de plus. Si ils n'avaient tout deux vécus qu'une vie mortelle, jamais ils ne se seraient rencontrés. C'était autant grâce à la lune que grâce à leur tortionnaire que le couple existait. A ses yeux, elle valait plus que n'importe quels descendants, évidemment. Aucun doute à ce sujet...Jusqu'à cet instant, il avait toujours pensé que ce sentiment était partagé.
"-Ce qu'il nous a fait..." Il la sentit se raidir un peu plus. "Ca m'a empoisonnée, chéri. J'ai pu guérir, en partie...En partie seulement. L'argent de ses outils m'a brûlée de l'intérieur... Ce n'est pas parce que je suis une louve que je ne peux pas avoir d'enfant. C'est...C'est parce qu'il m'a...
-Deux loups ne peuvent pas avoir d'enfants de toute façon, ma belle.
-Tu ne peux pas en être certain.
-Ca n'a aucune importance pour moi."
Nouveau silence. Il avait chargé ses dernières paroles de reproches à peine dissimulés. "Pour moi, pas pour toi". C'était ce que ça impliquait. Et Mila l'avait bien comprit.
Elle se détacha de lui brutalement, sans qu'il ne cherche à la retenir. Rassembla ses habits répandus sur le sol. Se rhabilla silencieusement.
Pendant ce temps, Krieg fixait les cadavres de leurs dernières victimes. Son esprit, remplit de pensée contradictoires, nocives, tentait de se concentrer sur ce qu'il connaissait le mieux. La morbidité. La colère. La destruction. Pour cela son regard s'attardait sur les ouvertures sanguinolentes et les faciès figés de ceux a qui il avait prit la vie. En cette vision, le loup tenta de trouver un peu de satisfaction et de s'en nourrir...Mais aucun sourire ne vint se poser sur son visage, cette fois.
"-Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses un jour penser de pareilles choses sur moi.
-Tu es partie sans rien dire, ma belle. Et maintenant que tu reviens, j'ai l'impression que tu ne le fais que parce que ton entreprise à échouée. "
Mila fit volte-face sans un son. Toujours aussi vive. Toujours aussi précise. Quelque chose vint cogner contre l'épaule gauche du mercenaire. En sentant le sang couler le long de sa plaie, Krieg conclut que ce devait être une sorte de couteau de lancer. Sans ajouter quoique ce soit, elle quitta la pièce en claquant derrière-elle ce qui restait de la porte.
Après un court instant de flottement, le vieux loup décida qu'il n'allait pas la laisser partir.


Ce monstre n'est pas un loup-garou ordinaire. Cruel, calculateur, sadique et manipulateur, il est l'avatar même de ce que nous, humbles chasseurs, avons jurés d'exterminer. ~Extrait du journal de feu Charles Moorhis.
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Krieg
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Krieg
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Race : Loup-garous, indubitablement
Classe sociale : Âme errante. Je n'existe pas aux yeux de votre société, vermine humaine.
Emploi/loisirs : Chef de meute. Tente d'unifier les gangs de Londres sous la lumière de La Lune.
Age : 334
Age (apparence) : La trentaine passée.

Proie(s) : Tout le monde.
Oui.
Absolument tout le monde.
Résistance mentale : 5/5 de résistance mentale.
Crédit Avatar : Veronica Anrathi
[16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) Empty
MessageSujet: Re: [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) [16/11/1841] - Autant que cette ville pourra nous donner (Krieg/solo) Icon_minitimeLun 15 Jan - 17:33

"-Frappe plus fort, bon sang.
-Mais c'est ce que je fais !"
C'était précisément pour ça que William détestait accompagner Alasker et Alexey lors d'un boulot. Qu'importe le temps, qu'importe l'heure, qu'importe le boulot en question. Il y avait toujours un moment où la grande brute décidait que "le gosse a besoin d'entrainement".
Et ils se retrouvaient systématiquement dans un coin glauque et désert, du genre de ceux que seul Alexey pouvait connaître. Au milieu des ordures et des rats fouillants dedans. A faire divers exercices stupides du genre : "Frappe dans mes poings, aller ! Mets-y toutes tes forces surtout !" ou "saute par-dessus ce truc" ou même "Touche la tête de cette bestiole avec ce machin, attention, ça bouge vite, t'as droit qu'à un seul essai."
Il finissait presque toujours avec des ampoules sur les mains et des courbatures dans l'intégralité du corps. Chose dont il se plaignait souvent, sans que les deux bandits n'y prêtent vraiment attention. "Ca te muscle, ça te renforce, ça te fouette le sang". Toujours les mêmes réponses, oui, mais surtout, toujours les mêmes douleurs.
Pour l'heure, ils se trouvaient au milieu d'une maison en construction, abandonnée pour des raisons uniquement connue par ses propriétaires. Du coté des docks. A l'abri de la pluie sous le toit presque fini du bâtiment. Alasker avait posé le corps attaché de leurs cibles contre un mur avant de demander à William de l'utiliser comme sac de frappe. Les crèves-la-faim qui trainaient dans les environs avaient aussitôt fuit. Seuls quelques courageux s'étaient entêtés suffisamment longtemps pour qu'Alexey ne les fasse détaler lui-même. Par miracle, personne n'avait été blessé dans l'opération.
Leur cible, un pauvre type ayant tabassé une prostituée sous la protection de La Meute sans même l'avoir payée, encaissait depuis dix bonnes minutes les coups de poings du jeune fouineur. Il avait déjà perdu deux dents et l'arrière de son crâne, à force de buter contre le mur derrière-lui, commençait à saigner abondamment.
Alasker et Alexey l'observaient faire d'un oeil critique, les bras croisés et le sourire aux lèvres.
"-C'est bon, arrête. Je crois qu'il est inconscient.
-Et moi je crois que je me suis ouvert le pouce !" Grogna le gosse, en détaillant ses mains couvertes de sang.
Alexey, qui s'était assit contre le mur opposé, se redressa et souleva le seau d'eau froide posé à ses cotés.
"-Pauv' biche. Recule un peu, tu vas être trempé."
Le contenu du seau fut renversé sur le visage enflé, réveillant son possesseur en sursaut, qui se cogna une fois de plus l'arrière du crâne contre le mur.
"-Aaaaaaaaaah." Cracha-t-il avec difficulté, les yeux entrouverts.
Alexey s'accroupit face à lui, frottant d'une main gantée ses courts cheveux gris, avec une lenteur étudiée.
"-On t'a jamais appris à respecter les dames?"
L'autre cracha un peu de sang avant de répondre :
"-Putain...Mais c'est pour ça? Tout ça?
-Bah ouai. C'est déjà pas mal."
Un rire sans joie secoua sa carcasse endolorie. Quand le trio l'avait trouvé, à la sortie d'un bar, à moitié saoul mais entièrement insupportable, William l'avait tout de suite rangé dans la catégorie de ces sales petits bourgeois se croyant tout permit avec ceux qui "ne valaient rien". Habits distingués mais sombres. Visage parfaitement rasé. Parfum capiteux. Canne au pommeau brillant. Rictus témoignant d'une profonde autosatisfaction sur les lèvres. Un jeune et riche fils à papa s'étant découvert une passion pour l'encanaillement. Maintenant que les gars l'avaient coincés, tabassés, forcé à boire l'eau des égouts, son allure en avait prit un coup. Ses habits couverts de boues et à moitié déchirés lui donnaient l'air du parfait crève-la-faim. Ce qui avait permit aux groupes de le porter jusque là sur leurs épaules, totalement inconscient, en le faisant passer pour un énième pochetron n'ayant pas su s'arrêter avant le coma.
"-Vous êt' malade...Vous savez qui je s...
Alexey lui attribua ce qu'il appelait une "petite claque". Ce qui lui cassa deux dents supplémentaires. Sous le choc, il en avala une et recracha l'autre. William s'éloigna un peu plus de la scène pour se cacher dans l'ombre. Mal à l'aise.
"-Ecoute...Hm...Math?
-Nathan." Le corrigea Alasker, qui s'était avancé d'un pas.
Les yeux paniqués de la victime se posèrent quelques instants sur l'énorme silhouette du grand casseur de la Meute. Et son visage prit une expression profondément pitoyable.
"-J'suis désolé je...
-Non mais non. Par contre, non. Tu la fermes. Sinon je vais le laisser te taper à ma place. Et tu ne veux pas ça. Regardes-moi. Tu. Ne. Veux. Pas. Ca. "
Un hochement de tête frénétique répondit à Alexey, qui lui sourit en retour.
"-C'est bien, t'apprends vite. Bon. On sait où tu habites. On sait où ton père travail, on sait que tu adores ce sale cabot qui gueule tout les soirs et on sait même que ta pauvre maman est malade. Qu'est-ce que tu en déduis?
-Qu'il faut que j'arrête tout !"
Alexey se retourna pour échanger un regard avec Alasker, qui grogna.
"-Et que tu t'excuses.
-Je m'excuse !
-Pas à nous, pauvre tâche. La dame que t'as tabassé bosse toujours dans le même coin. Quand tu seras remis, tu vas aller la voir, t'excuser, lui offrir un bouquet de rose, et le double de ce que tu lui dois.
-Le double?
-Je déteste répéter.
-Ok, ok!
-Inutile de préciser que si un jour on te revoit tu vas perdre beaucoup plus que quelques dents ou le contenu puant de ta vessie, hm?
-Totalement inutile!
-Tu comprends vite."
Alexey mit fin à la conversation d'un coup de poing dans la tempe, précipitant aussitôt le fautif dans l'inconscience, de nouveau.
"-Je déteste les hommes qui passent leurs nerfs sur des femmes innocentes et sans défenses." Gronda Alasker, en crachant sur le corps avachi.

†††

Elle avait fait couler le premier sang. Et le deuxième. Et le troisième.
Le quatrième et le cinquième aussi.
Maintenant que Krieg était à terre et qu'elle continuait de frapper en riant, pleurant et l'insultant tout en même temps, la logique aurait voulue qu'il esquisse ne serait-ce qu'un mouvement dans le but de se défendre.
Mais le vieux loup s'y refusait. Pas parce que la douleur n'avait aucun impact sur lui, au contraire, les coups de l'ancienne infirmière étaient toujours calculés pour causer le plus de douleur à sa ou ses cibles. Pas non plus par galanterie, car Krieg avait, en trois siècles, frappé, torturé et assassiné autant de femmes que d'hommes, ce qui n'était pas peu dire. Non, c'était la peur qui motivait son inaction. La peur de lui-même.
Car ici, à cet instant précis, alors qu'il venait de réveiller des sentiments endormis depuis trop longtemps et maintenant que ces derniers commençaient à se mélanger au tourbillon de violence sans fin qu'était son quotidien, Krieg doutait de sa capacité à ne pas tuer sa propre compagne, si ils se lançaient dans un de ces sanglants combats ayant caractérisé leurs premières années de "couple".
Qu'il était étrange d'aimer quelqu'un au point d'avoir peur de l'assassiner.
"-Mon existence est la tienne ! Ça a toujours été le cas ! Depuis le début, on se l'est juré !"
Hurlait-elle au-dessus de lui, sans cesser de frapper son poing contre sa tempe. Le cou de la louve portait la trace de trois longues griffures descendant jusqu'à sa poitrine. Elle se les était infligée elle-même, de rage, juste avant de se jeter sur lui.
La scène avait arrachée un sourire à Krieg. Sourire toujours présent, malgré les coups, de moins en moins fort. De plus en plus désespérés.
"-Je donnerais tout pour toi. Pour toujours et à jamais, comment est-ce que tu peux douter de moi, pauvre imbécile?! Je voulais simplement nous offrir une descendance. Des enfants ! Mais même ça Il nous en a privé ! Que la mort ! Je ne donnerais que la mort, jamais la vie, c'est ça, que je viens t'apprendre, et toi tu m'accuses d'être une putain infidèle?!"
Krieg l'attrapa par les poignets, stoppant la nouvelle avalanche de coups. Et prononça quelque chose qu'il ne prononçait jamais :
"-Pardonne-moi."
Mila s'écarta de lui et essuya les larmes qui couvraient ses joues. Toute tremblante, elle s'éloigna de son compagnon pour se recroqueviller dans un coin de la pièce, comme un animal blessé.
Le vieux loup resta allongé, à fixer le plafond, pendant quelques minutes. Les seuls bruits troublant le silence venait de la pluie frappant contre la vitre de la cuisine où ils s'étaient "battus" et des sanglots de la femme qu'il aimait. Son arcade sourcilière droite, ouverte par l'un des premiers coups, avait déjà cessée de saigner. Une croute de sang séché obstruait déjà la plaie, qui guérirait complètement dans l'heure et disparaîtrait, comme des centaines d'autres, peut-être même des milliers.
"-Tu as toujours été...Un sale con. Egoïste, puéril..."
Le loup se redressa en s'étirant pour aller la rejoindre et doucement l'enserrer.
"-Cruel. Cynique. Jaloux. Excessivement séduisant et intelligent, je sais." Compléta-t-il."Et toi, tu as toujours su me décrire à la perfection, ma belle."
Le regard dans le vide, elle retint un nouveau sanglot et dit :
"-Je voulais simplement des enfants."
Alors, sur le sol de cette cuisine miteuse, au beau milieu de la maison d'un couple qu'ils avaient assassinés, Krieg fit une promesse au seul être qu'il avait peur de tuer :
"-Nous aurons des enfants. Je te le jure. Nous aurons autant de fils et de filles que cette ville pourra nous donner."


Ce monstre n'est pas un loup-garou ordinaire. Cruel, calculateur, sadique et manipulateur, il est l'avatar même de ce que nous, humbles chasseurs, avons jurés d'exterminer. ~Extrait du journal de feu Charles Moorhis.
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