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Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42]

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Veronica della Serata
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MessageSujet: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeVen 27 Oct - 12:28

Réunion de Famille
armando & veronica


[HRP/ Suite de Le Grand Voyage /HRP]

La tête de Véronica dodelinait au rythme des cahots de la diligence sur la route. Le voyage depuis Londres avait été éprouvant pour Armando et elle. La location d'un véhicule privé qui puisse les conduire jusqu'à Inverness leur serait revenu bien trop cher, aussi avaient-ils choisi de partager des fiacres publics, faisant des haltes régulières dans des auberges pour se reposer et marcher un peu. Ils avaient eu très peu de pluie, même depuis qu'ils avaient dépassé le Cumberland pour pénétrer sur les terres sauvages d'Écosse. Les lits avaient été relativement bons, ils avaient choisi des chambres avec des lits séparés, par pudeur et par confort. Ils ne se connaissaient certainement pas assez bien sur ce plan ci pour partager le même lit sans être tenus éveillés toute la nuit par la gêne !

Malgré la route longue et la promiscuité prolongée avec d'autres voyageurs, elle n'avait pas trouvé le voyage foncièrement désagréable. En réalité elle était même soulagée car beaucoup de détails avaient été réglés avant leur départ. Ils avaient déjà signé le contrat de mariage chez un notaire londonien qui l'avait surprise par sa bonhomie et sa gentillesse. La maison qu'elle occupait jusqu'à présent était en vente et ils avaient choisi d'emménager dans un nouveau foyer, dont ils prendraient possession au retour de leurs noces. Mr et Mrs Walters avaient choisi de rester sur place pour veiller au bon déroulement du déménagement. Véronica se demandait dans quelle mesure Mrs Walters n'avait pas saisit l'occasion pour éviter de passer deux semaines de voyage tout proche d'Armando, qu'elle avait copieusement gourmandé dans sa missive.
En regardant par la fenêtre de la diligence d'un air à moitié absent, elle se félicita qu'ils aient pris la décision de partir de zéro dans un nouveau foyer. Elle avait craint que son fiancé ne se sente jamais réellement chez lui s'il avait dû emménager dans le logement qu'elle occupait précédemment.

Au dehors, les hautes plaines vertes de la lande s'étendaient à perte de vue. Au loin, elle distingua même un troupeau de vaches, typiques de la région, en train de paître. Un sourire fendit son visage. Elle était revenue à la maison. Il faisait beau mais au loin, on pouvait voir que de lourds nuages s'amoncelaient au delà des montagnes, annonçant un orage d'été. D'une main distraite, elle caressa la tête d'Isis, endormie sur ses genoux, et se tourna vers Armando. Elle aimait le détailler de la sorte quand il ne la regardait pas. Elle pouvait faire attention au moindre de ses traits, tenter de le connaître sous toutes les coutures. Elle n'avait jamais réalisé à quel point son nez aquilin et son regard décidé lui donnaient des airs de statue antique. Elle se perdit un instant dans les reflets sombres de sa chevelure avant de sursauter quand une grand mère qui était montée avec eux à Inverness, accompagnée d'un enfant plutôt vif, brisa le silence de sa voix chevrotante.

- Tiens regarde Douglas, tu vois les toits là bas ? C'est Strathpeffer, nous arrivons !

Véronica sourit de plus belle. Elle avait grandi tout proche de cette ville, qui appartenait aux terres de son grand-père. Comme convenu dans la lettre que leur avait envoyé sa mère, un domestique les y attendrait avec un fiacre pour les conduire à Castle Leod. Comme une enfant, elle pressa son visage contre la vitre, désireuse de s'imprégner à nouveau de ce paysage qu'elle n'avait vu depuis longtemps. Les premières maisons arrivèrent bien vite dans son champ de vision et la diligence stoppa sur une grande place, face à l'hôtel de la bourgade. Le cocher, un homme rougeaud à l'air sympathique, l'aida à descendre en prenant toutes les précautions du monde pour que sa robe de voyage, en tissu à carreaux gris et rose foncé, ne s'attrape pas dans le marchepied. L'Alchimiste rattacha convenablement le noeud de sa coiffe autour de son manteau et repassa son châle en laine fine sur ses épaules. Isis avait foncé devant et gambadait autour d'elle alors qu'elle tentait de la maintenir avec la petite laisse qu'elle tenait entre ses mains.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de détailler entièrement la place du village, pour y retrouver ses souvenirs, un homme en livrée accourut vers elle. Il était grand et bien fait de sa personne, la mine certes un peu sévère mais adoucie par la barbe qu'il portait impeccablement taillé. Il la salua respectueusement alors qu'elle se demandait où elle pouvait bien l'avoir déjà vu.

- Mademoiselle, j'espère que vous avez fait bon voyage, ainsi que Monsieur. Si vous voulez bien me suivre, le fiacre est apprêté.

Soudain, l'intonation de la voix trouva un écho dans l'esprit de la future mariée qui sourit jusqu'aux oreilles.

- Angus ! Seigneur c'est vous ! Mais la dernière fois que je vous ai vu...

L'homme sourit. Lorsqu'il quittait son expression grave, on se rendait compte qu'il était plus jeune que ce qu'il laissait paraître.

- Je n'étais que valet de pied, en effet. Lord Mackenzie a jugé bon de faire de moi son chauffeur attitré et j'en suis très honoré. Il s'approcha ensuite de la diligence pour récupérer le plus de bagages possibles afin de décharger Armando et le cocher. Je vais m'occuper de cela, ne vous en faites pas. Je vous en prie, suivez-moi.

Vigoureusement, le jeune homme se chargea des valises les plus lourdes, de sorte que Véronica et Armando n'eurent à se charger que des paquets superflus, encore qu'Angus se trouva piqué de voir qu'ils ne l'avaient pas laissé tout porté, quand bien même cela aurait impliqué faire plusieurs voyages. Solennellement, il se chargea ensuite d'ouvrir la porte du fiacre et de faire monter la jeune femme, puis l'inspecteur. La voiture était un véhicule d'été et elle avait été décapotée. Ainsi ils pourraient profiter du paysage jusqu'à leur arrivée au château. Son petit chien semblait aussi impatiente qu'elle puisqu'elle ne manqua pas l'occasion de pointer le museau hors de la calèche alors que les chevaux étaient lancés à vive allure sur la route.

- Castle Leod est la demeure de ma famille depuis le douzième siècle mais le bâtiment date d'environ deux cent ans il me semble... Il est très différent de ce que l'on peut voir en Angleterre... C'est bien plus... Fruste selon certains. Mais je ne pourrais jamais préférer les demeures anglaises à cet endroit. Il est franc, vrai, sauvage, comme la lande qui l'entoure. Lorsque nous serons reposés, que diriez vous de faire le tour du domaine à cheval ?

Elle était plus enthousiaste qu'une enfant et ses yeux brillaient au moins autant que la bague sertie à son doigt.
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeDim 5 Nov - 16:31

[HRP/ Suite du rp "Le Grand Voyage"/HRP]

Armando
&
Véronica

Il est temps de songer à l'avenir.
Il n'est plus l'heure de fuir.


Les yeux rivés sur les vastes paysages qu'offraient les Highlands, Armando ne pouvait s'empêcher d'observer la végétation qui défilait au rythme du fiacre. Elle était plus dense qu'aux abords de Londres et tout semblait d'un vert irréel. Lorsqu'ils croisaient une forêt, celle-ci semblait posséder des arbres plus hauts et plus anciens que partout ailleurs. Lorsqu'ils traversaient des chemins de terre, au cœur de la lande, les buissons épineux et la mousse gonflée de vigueur donnaient aux roches des allures de gardes-fous submergés par leur invasion. C'était sans doute à cause de l'humidité naturelle des lieux, avec tous ces cours d'eau qui passaient de lacs en fjords et de village en village...
Tout était nouveau pour l'Italien qui n'avait jamais voyagé dans cette partie des terres. Depuis ces grandes étendues d'herbes grasses jusqu'à ces drôles de vaches à longs poils, en passant par les belles maisons de pierre brute, tout le dépaysait. Il se sentait particulièrement étranger à l'Ecosse et à son patrimoine. Certes, il connaissait quelques unes de ses légendes, un peu de folklore (que tout londonien était capable de retenir entre deux conversations avec des natifs écossais), mais il sentait que ce séjour allait lui rappeler combien ses lacunes étaient profondes. Secrètement, il espérait que Véronica ne lui tiendrait pas rigueur de son ignorance...
A cette pensée, son regard quitta la lande pour revenir sur la jeune Alchimiste. Il se rendit alors compte qu'elle l'observait depuis un moment. Gêné, l'agent lui sourit d'un air amusé.


- C'est magnifique...Je ne m'en lasse pas, fit-il en désignant d'un coup de tête le paysage derrière la vitre.

Il passa ensuite une main sur sa nuque en soupirant et se redressa un peu. Il avait très mal au dos. En effet, même s'il n'était pas très grand, il trouvait que le fiacre public n'était pas assez spacieux pour lui permettre de garder une position confortable. Le siège n'était pas suffisamment rembourré et le dossier ne cessait de répercuter les chaos de la route dans l'ensemble de leur colonne vertébrale.
Malheureusement, avec l'achat d'une nouvelle maison, ils avaient dû faire quelques économies. Castle Leod n'était pas la porte à côté et le long voyage qu'ils avaient entrepris leur revenait moins cher en utilisant les services de transports publics que de payer un cocher personnel. Il fallait dire que la mise à pied que le Yard avait imposée à Armando et les frais qu'il avait dû avancer pour ses soins à l'hôpital depuis l'affaire Maxwell n'avaient pas arrangé les choses...Une fois le mariage passé et le déménagement terminé, il reprendrait le travail et les finances retrouveraient l'équilibre nécessaire à leur ménage. L'Italien n'était pas inquiet à ce sujet. Il se savait bien payé. Et puis, Véronica était une de ces rares femmes qui travaillaient pour le gouvernement, dans la science et l'Alchimie : il ne doutait pas qu'ensemble ils auraient largement de quoi subvenir à leurs besoins. Mais pour l'heure, ils devaient économiser.
Armando jeta un coup d'oeil aux passagers qui partageaient leur véhicule. Le petit Douglas gesticulait un peu auprès de sa grand-mère. Il était jeune. Sa fougue amusait l'inspecteur. Après tout, on pardonne aisément un enfant qui s'agite. Au bout d'un moment, l'agent ramena son regard sur le paysage qui continuait de défiler lentement à travers les vitres poussiéreuses du fiacre. Ses grands yeux sombres se mirent à détailler un château au loin. Son architecture, monumentale, dépassait d'une colline boisée. Il paraissait en ruine, mais à cette distance il était difficile de s'en assurer. Un frisson parcourut l'Italien : quelque chose vivait en Ecosse, une étrange présence qui vous écrasait de son savoir. C'était comme si ces terres gorgées de mystères lançaient toujours un appel pour rassembler les cœurs autour de leur Histoire. Ici, les plus grandes familles du Nord s'étaient bâti des empires à coups de batailles et de blasons. Ce n'était pas la même impression qui prenait le voyageur en Italie. Ici, tout semblait plus ancien, plus sage, plus obscur...C'était à la fois rassurant et effrayant. L'Ecosse réclamait qu'on la respecte, à l'image de ses glorieux ancêtres, mais elle menaçait également quiconque foulerait ses lieux sacrés sans posséder la force de soutenir son regard inquisiteur. Même s'il n'était plus temps de reculer, Armando conservait une part d'appréhension à l'idée de rencontrer la famille de Véronica. Ce pays et ses coûtumes ne lui étaient pas familiers et il avait peur de faire mauvaise impression...


Le lieu du mariage avait été décidé le mois dernier, après qu'il ait offert à Véronica sa bague de fiançailles au bord du lac d'Hyde Park. La belle lui avait demandé si cela ne le dérangeait pas de concrétiser leur amour sur ses terres natales, dans la maison de son grand-père, à Castle Leod. L'agent avait accepté, pour lui faire plaisir et pour la simple et bonne raison qu'il ne possédait plus lui-même de famille susceptible de s'y opposer. Se marier en Italie n'aurait pas eu de sens et demeurer à Londres n'était pas dans leurs obligations. La faveur que Véronica lui demandait n'avait rien d'extraordinaire ni d'infaisable, autant la lui accorder. Après tout, un mariage n'est pas un événement anodin, surtout pour une femme. Armando voulait qu'elle se souvienne de ce jour comme le plus beau de son existence.
Une fois la chose décidée, ils n'avaient cessé d'entreprendre les démarches nécessaires à leur entreprise. Ils avaient envoyé des invitations aux membres de la famille de Véronica, Armando avait lui-même envoyé une lettre à son oncle resté en Italie, et la maison de l'Alchimiste avait été mise en vente. L'agent, qui habitait encore chez son ami, Dean Finnigan, se félicitait maintenant de ne pas avoir acheté d'appartement sur Trafalgar Square comme il avait prévu à la base. Au moins était-il déjà débarrassé de l'aspect matériel et financier que représentait l'abandon d'une demeure pour une autre. Il n'avait plus qu'à déguerpir de chez Dean. En rentrant de sa promenade avec Véronica, l'agent avait aussitôt informé son comparse du lieu choisi pour ses noces.


- En Ecosse !? Tu es sérieux ? s'était exclamé son ami, en repoussant doucement un carton qui encombrait son salon.

- On ne peut plus sérieux, avait répondu Armando en lui jetant un chiffon au visage.

- Ah ah ! Dean leva les yeux au ciel en réceptionnant le chiffon. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire de nos jours pour obtenir le cœur d'une demoiselle !

Cet homme était un ami de confiance et l'un des seuls qu'Armando avait invité au mariage, avec Diego Acosta, son second collègue. Il lui avait donc expliqué qu'il pourrait les rejoindre à Castle Leod, en compagnie de l'Espagnol, un peu avant le mariage pour les aider dans leurs préparatifs et surtout pour profiter de vacances sans doute bien méritées. Il suffisait de demander une autorisation au chef de division, qui rechignerait sans doute longtemps avant de la donner. Il fallait tout planifier à l'avance pour que tout se déroule comme prévu.

- Est-ce qu'il faudra que je porte le kilt ? Pouffa le fanfaron en esquissant un geste pour immiter la longueur d'une jupe. Toi, par contre, je doute que tu y échappes...Ah ah ah ! Rien que pour ça, je vais accepter ton invitation. Je ne peux pas louper une chose pareille !

Armando n'y avait même pas songé. Bien loin de penser à sa tenue, il devait déjà s'occuper des invitations et de leur déménagement. L'Ecosse n'était pas encore pour maintenant. Il leur faudrait du temps.

- J'ai hâte d'y être tiens !

La motivation de son collègue avait déteint sur Armando qui avait mis un peu plus de cœur à l'ouvrage par la suite. Il n'était pas du genre à apprécier les cérémonies, encore moins les bals ou les fêtes, mais la perspective de tenir Véronica dans ses bras, sans craindre que la morale puritaine ne les assaille de reproches, le comblait de joie. Il fut donc efficace, dans les premiers moments du moins car la fatigue l'envahit bientôt. Dean fut plus intenable que jamais et les semaines qui suivirent manquèrent de rendre fou le pauvre Italien qui ne su plus où donner de la tête. Heureusement, Véronica était d'un pragmatisme incroyable et elle semblait bien plus au courant des procédures que lui. Armando se laissa guider. Il fut même bonne pâte puisqu'il ne cessa d'accepter tout ce que la belle lui proposait : depuis l'identité des invités jusqu'à la hauteur de la pièce montée, il se contenta d'hocher la tête et de sourire. S'il y avait bien un domaine dans lequel il acceptait volontiers de lâcher les rennes, c'était dans celui des mondanités.


Chacun le sait : l'aiguille infernale du temps ne s'arrête jamais et semble toujours s'accélérer lorsque les échéances nous torturent l'esprit. Le mois de juin se termina à une vitesse phénoménale et juillet arriva si rapidement que l'agent lui attribua des accents de fin du monde. A mesure que la date fatidique s'était rapprochée de lui, Armando s'était mis à perdre son calme et à paniquer. Il était rare que l'Italien ne se départisse de son sang froid, mais plus il fréquentait Véronica et plus il entrevoyait un avenir qu'il s'était longtemps refusé. C'était comme s'il s'apprêtait à sauter par-dessus un grouffre qu'il avait lui-même creusé pendant des années et que la berge opposée rayonnait d'autant d'espoir qu'elle risquait de s'écrouler sous son poids lorsqu'il s'y accrocherait.
A part dans son métier, et pour sa sœur disparue, jamais il ne s'était engagé à quoi que ce soit, surtout pas avec une femme. Son cœur, encore ficelé d'hésitation, étouffait dans sa poitrine. Avait-il fait le bon choix ? Etait-ce bien raisonnable de se lier avec une Alchimiste ? Comment pourrait-il continuer sa quête sans craindre de la mettre en danger ? La famille de Véronica l'accueillerait-elle à bras ouverts ou le rejeterait-elle ? Auraient-ils...des enfants ? Toutes ces questions s'étaient mises à l'assaillir la veille du départ pour Castle Leod et l'avaient empêché de dormir correctement.
Heureusement, l'impatience enfantine de Véronica et sa douce présence l'avaient rapidement rasséréné. Ils avaient signé le contrat de mariage devant un notaire puis fait leurs valises dans la foulée. Le départ s'était déroulé comme prévu et Armando avait même reçu une réponse positive de son oncle la veille. Tout s'était bien déroulé. Entamer ce voyage lui avait même procuré un étrange plaisir. En effet, et contrairement à toute attente, l'Italien avait apprécié les petites galères du quotidien et les aléas de la route au travers de l'Angleterre, puis de l'Ecosse. Il avait appris à se détacher de ses craintes et à goûter, tout simplement, au bonheur de découvrir de nouveaux paysages en la compagnie de la belle Alchimiste. Sa bonne humeur, constante, et le sourire qu'elle ne cessait d'afficher lui rappelaient, tous les jours, qu'il l'aimait. Souvent, il suffisait qu'il la regarde et échange quelques mots avec elle, sur les châteaux et les légendes de son enfance, pour qu'il oublie ses à priori et reprenne confiance en leur entreprise.
Sur la fin du voyage, c'était son corps qui lui posait problème et non plus son esprit. Ses cicatrices tiraient encore sur son bas-ventre et sa cuisse, aussi les chaos du fiacre et les longues distances assises lui étaient-ils devenus très pénibles. Lorsque le petit Douglas pointa du doigt la ville de Strathpeffer, que sa grand-mère venait de lui indiquer, Armando poussa un soupir de soulagement. Il sourit à Véronica et tendit la main à Isis pour la laisser lui lécher le bout de son index.


- Je ne serais pas mécontent de me dégourdir les jambes...fit-il à la belle Alchimiste. Toi aussi, n'est-ce pas, Isis ?


Lorsque le fiacre public s'arrêta enfin, Armando sentit qu'il avait le cœur au bord des lèvres. Il laissa Véronica descendre, aidée par le cocher, et la suivit bientôt en se tenant un peu plus fortement au cadre du véhicule qu'à l'accoutumée. A terre, il respira un grand coup l'air frais et jeta un regard alentour. Un homme en livrée discutait déjà avec Véronica. Comme pour l'éviter, Armando s'activa à aider le cocher à décharger les bagages. Mais, par courtoisie, il laissa le reste entre les mains des domestiques du jeune homme qui devait les guider. Avec une répugnance qu'il dissimula comme il put, l'agent se glissa à l'intérieur du fiacre familial après avoir pris soin de saluer Douglas et sa grand-mère familial. En s'installant, il donna une caresse à la petite chienne rousse et jeta un regard fatigué à Véronica.

- J'espère que ce n'est pas très loin. Isis va finir par s'agiter...

Evidemment, il associait à la petite chienne sa propre lassitude. Heureusement, le fiacre familial était d'un confort hautement plus décent et l'Italien s'y trouva mieux d'autant qu'il avait été décapoté et que le soleil les réchauffait maintenant de ses doux rayons estivaux. Près de Véronica, Armando observa lui aussi le paysage qui environnait le château. La belle semblait presque trembler d'impatience. C'était amusant. Il l'écouta lui donner l'âge des bâtiments et perçut qu'elle s'excusait presque de leur aspect un peu brut.

- J'ai hâte de voir ça...Deux siècles ? C'est impressionnant, concéda l'Italien. Véroniqua lui proposa une balade à cheval après leur arrivée. Ce sera avec plaisir my lady, mais avant cela je vais avoir besoin de m'allonger un peu...Ma colonne refusera davantage de chocs...fit-il un peu gêné d'avouer ainsi sa douleur.

Malgré son nouveau confort, Armando subit le dernier morceau du voyage: il lui parut effroyable long. L'agent eut l'impression de ne sentir que ses cervicales douloureuses et il peina à conserver un visage ouvert. Les domestiques envoyés par la famille de Véronica n'étaient pas là pour bavarder, mais, déjà, l'agent se sentait observé et jugé. Il recommença à craindre les regards des membres de sa famille. Cependant, il fit des efforts pour sourire. Véronica semblait au comble du bonheur à la vue de ses terres natales. Sans doute reconnaissait-elle les lieux de son enfance...Il ne voulait pas gâcher sa joie.
Bientôt, les hauts murs du château se présentèrent au jeune couple. Armando ouvrit la bouche, stupéfait par l'allure à la fois impérieux et...macabre (?) du bâtiment. C'était donc cela le fameux Catle Leod ? En y attardant un peu le regard, Armando trouva que c'était un château imposant et franc, plein de mystères et sans doute de charme. Il ne savait pas trop qu'en penser. La visite de l'intérieur promettait d'être intéressante.


CODAGE PAR AMIANTE

Crédit images
Eilean Donnan Castle Highland par Antiquus Lupus.
Ayami Kojima


Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Sans_t11


Dernière édition par Armando della Serata le Lun 22 Jan - 19:22, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeDim 24 Déc - 0:11

Réunion de Famille
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Enfin, ils avaient posé le pied sur ses terres natales. La jeune femme, tout à sa joie, avait quelque peu oublié qu'Armando était encore quelque peu convalescent et n'avait pas saisi tout de suite à quel point il pouvait souffrir de ce long voyage sur les routes plus ou moins vallonnées de la sauvage Écosse. Elle rougit un peu en comprenant que l'inspecteur, malgré son allure qui se voulait altière, pouvait être exténué. Elle riva son regard sur le cocker spaniel roux qui s'agitait sous les caresses de l'italien, d'un air quelque peu attendri, puis regarda son fiancé dans les yeux, avant de reporter son attention sur le château qui se profilait à l'horizon.

- Oh, oui... J'avais oublié, je vous demande pardon. L'idée de revoir ma famille me rend tellement heureuse que j'en oublie la pénibilité du voyage...

Elle lui adressa un sourire adorablement confus alors que la calèche passait une arche en pierre qui marquait l'entrée sur la propriété. Les jardins semblaient sauvages, grandioses, laissés libres et pourtant subtilement entretenus. Les arbres séculaires bordaient de leur ombre délicate le sentier qui montait vers le château, sobre, sévère et pour autant, dégageant d'un certain esprit d'insoumission et de fierté propre au peuple écossais. L'air sentait l'herbe grasse et la bruyère. Isis semblait vouloir sauter hors du véhicule dès qu'elle en aurait l'occasion. Museau au vent, oeil vif, elle avait l'air d'analyser chaque possibilité d'action afin d'atterrir dans l'herbe moelleuse et de pouvoir s'y rouler.
Enfin, la calèche s'arrêta devant le parvis de la demeure. En rangs d'oignons, des servantes en uniforme et des valets en livrée attendaient, l'air grave mais l'oeil aux aguets, prêts à se mettre à disposition des maîtres de maison au moindre signal.
Au centre de cette assemblée de domestiques aux allures d'armée se tenait la famille. Il y avait trois hommes et trois femmes d'âge mûr voire respectable, souriants et débordant d'entrain. Ils étaient vêtus à la mode anglaise, dans des tissus d'excellente facture tout en restant assez simples, renouant ainsi avec l'esprit plutôt fruste de l'écosse perdue des Jacobites. Véronica se leva presque dans la voiture avant que celle-ci ne soit tout à fait arrêtée, manquant de tomber. Plus excitée qu'un enfant le jour de Noël, elle se tourna vers son fiancé, exaltée par ces retrouvailles. Dans ses yeux perlaient quelques larmes de joies.


- Je me sens si fébrile... Seigneur, je ne tiens plus en place, excusez-moi!

Il fallut un grand effort de discipline à la jeune femme pour ne pas sauter comme une furie de véhicule pour se réfugier dans les bras de ses parents. Au lieu de cela, elle resta aux côtés d'Armando lorsqu'ils descendirent de la calèche. Isis, toujours blottie dans son panier, n'osait descendre sans provoquer l'ire de ses maîtres, mais on sentait à ses battements de queue qu'elle n'attendait qu'un seul mot pour partir gambader. Ils n'eurent pas le loisir de s'avancer vers le porche de la maison. Une petite femme, d'environ une quarantaine d'année, franchit la distance qui les séparait en courant, faisant froufrouter sa robe de coton d'un rose soutenu.

- Véronica, ma chérie !

- Mère !

Avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit de plus, la jeune Alchimiste était enveloppée dans les bras tendres de celle qui l'avait portée, en tentant de retenir des larmes de joie. Au bout d'une étreinte pendant laquelle le temps lui sembla n'avoir plus cours, la jeune femme au visage épanoui se tourna à nouveau vers son fiancé.

- Armando, voici ma mère, Moira... Mère, je vous présente Armando.

La respectable femme, de petite stature, avait un visage fin, au nez allongé qui lui donnait un air de petite souris. Elle avait de splendides cheveux roux traversés par quelques mèches plus blanches en raison de son avancée en âge. Ses yeux étaient d'un gris profond, le même que celui des lourds ciels d'orage. Elle avait dans son regard l'étincelle d'une intelligence peu conventionnelle, il n'était pas difficile de comprendre d'où l'Alchimiste avait pris son caractère. En souriant, Moira s'avança vers Armando et saisit doucement une de ses mains pour la serrer dans les siennes. C'était un geste familier, certes, mais il témoignait bien de toute la chaleur de cette femme et de son mépris des conventions les plus élémentaires.

- J'attendais ce jour avec tellement d'impatience ! Dans ses lettres, Véronica n'a pas tari d'éloges à votre sujet... Je suis enchantée que vous fassiez bientôt partie de notre famille. Venez donc, nous allons nous installer dans le salon et prendre un thé, vous devez être éreintés après un tel voyage !

Moira leur ouvrit alors la marche, entre les deux rangées de domestiques, pour les amener vers les autres membres de la famille restés à leur place. Il y avait un homme, très grand et de stature imposante, bien que le poids de la cinquantaine rendait sa silhouette plus humble que par le passé. Si Véronica tenait son caractère, ses expressions faciales et son nez de sa mère, tout le reste lui venait de son père. En effet, l'homme arborait encore une épaisse chevelure brune semblable à celle de l'Alchimiste et son regard brillait d'un vert soutenu. Il gratifia sa fille d'une longue étreinte avant de serrer chaleureusement la main de l'italien, qui put sentir la rugosité de sa paume, celle d'un charpentier. Il gratifia l'italien d'un sourire chaleureux, le même qu'arborait la jeune femme parfois.

- Je suis Duncan Newburry, enchanté de vous connaître mon garçon. J'espère que vous vous plairez parmi nous.

Véronica lui présenta ensuite un couple. L'homme, de stature moyenne, arborait une barbe rousse impeccablement entretenue et avait l'air jovial. Sa ressemblance avec Moira laissait deviner le lien fraternel qui les unissait. A ses côtés, une femme aussi grande que lui, aux formes plantureuses et aux lourdes boucles blondes, semblait se tenir un peu en retrait. Malgré le sourire qu'elle arborait, elle semblait plus distante que le reste de l'assemblée.

- Je suis Dougal Mackenzie, l'oncle de Véronica, et voici ma femme Shona. Bienvenue à Castle Leoch.

Enfin, la jeune femme l'emmena devant un couple âgé. La femme affichait une ressemblance flagrante avec Dougal et Moira. Sa peau parcheminée et son chignon blanc d'où transparaissaient encore quelques mèches rousses lui donnaient un côté presque iréel. On aurait une bonne fée tout droit sortie d'un conte. Contrairement aux autres femmes de la maison, sa robe était taillée dans le tartan traditionnel du clan. A ses côtés se tenait un vieil homme voûté à la mine sévère, l'air grave dans son costume traditionnel. Il lissa tranquillement les pans de son kilt alors que ses yeux bleus semblaient jauger chaque centimètre carré de la silhouette de l'Italien. Véronica les salua tous les deux chaleureusement avant de se tourner vers son fiancé. Elle savait que son grand-père serait le plus dur à convaincre de son alliance avec Armando. Il n'était pas bien né, sans doute plus pauvre qu'elle, mais surtout, il était étranger et de surcroit, absolument pas originaire des îles brittaniques. Un défi lourd, mais elle savait que le reste de la famille serait de leur côté.

- Mes grands parents, Lady Isobel et Lord Gordon Mackenzie.

Sentant que son mari commençait à grommeler quelque chose, la vieille femme s'avança avec un grand sourire et gratifia Armando d'un signe de tête respectueux.

- Je suis ravie de vous avoir ici, en réalité je trépigne même d'impatience, cela fait si longemps que cette maison n'a pas vu de mariage ! Venez, venez, entrez à l'intérieur... Nous allons faire préparer un thé, peut-être qu'il est plus judicieux que je vous montre vos chambres, dans un premier temps ? Vous aurez l'occasion de vous reposer et de vous changer avant de nous rejoindre!

Lady Isobel guida les futurs mariés et la petite famille lui emboîta le pas. Alors que les domestiques s'affairaient, elle emprunta un escalier monumental, taillé en pierre, qui montait vers les étages. Bien que le mobilier ait été quelque peu modernisé, Castle Leod possédait une atmosphère bien différente des maisons anglaises. Le mobilier était récent, les murs lambrissés et le parquet ciré, il y avait quelque chose, comme un esprit qui planait toujours dans cette demeure. Le souvenir d'un passé vaillant et combatif, visible dans les reflets d'une arme exposée ou d'une armure fièrement dressée sur un mannequin, au détour d'un couloir.
Arrivée en haut des escaliers, la vieille femme se tourna avec un sourire bienveillant vers sa petite fille.


- Ta chambre n'a pas changé, tu peux t'y rendre. Je vais guider monsieur della Serata jusqu'à ses appartements.

Ils se séparèrent, prenant des directions opposées. Ils étaient certes fiancés mais tant que leur alliance n'avait pas été prononcée officiellement, jamais ils ne pourraient partager ne serait-ce que la même aile du bâtiment. La vieille femme arborait un sourire tranquille alors qu'elle marchait dans le long couloir.

- J'espère sincèrement que vous vous plairez chez nous. L'Écosse est très différente de l'Angleterre et peut surprendre quand l'on n'y est pas habitué mais j'espère que vous réussirez à vous y sentir chez vous !

Elle s'arrêta enfin et ouvrit la porte d'une chambre vaste, aux murs lambrissés d'un bois clair. Le lit, à baldaquins, était recouvert de couvertures d'un rouge profond, assorti au tapis et aux rideaux. Le mobilier, cossu, comprenait entre autre chose une table, deux fauteuils, un guéridon, une petite horloge délicatement ouvragée, un miroir à taille humaine et une armoire vitrée qui semblait contenir quelques livres. Il y avait deux portes, qu'elle lui présenta d'un signe de main, sans oser entrer plus avant dans ce qui était dorénavant, la chambre d'Armando.

- C'est ici que vous dormirez, jusqu'à vos épousailles. Derrière cette porte vous trouverez une salle de bains et de l'autre côté, un petit dressing room où vos affaires seront rangées tout à l'heure. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous n'avez qu'à sonner la clochette qui se trouve sur votre table de nuit et quelqu'un viendra vous aider. Prenez votre temps pour nous rejoindre, nous savons que vous avez besoin de repos.
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Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Signav10

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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeMer 24 Jan - 19:24

Armando
&
Véronica

On ne choisit pas sa famille.


Soulagé de descendre du fiacre, Armando n'en menait cependant pas large. Il avait lancé un sourire amusé à Véronica, qui avait manqué de tomber en quittant son siège, trop impatiente de retrouver les siens, et avait même été attendri par ses larmes de joie qui perlaient au coin de ses yeux émeraude. Mais l'agent ne pouvait s'empêcher de grimacer. La perspective de rencontrer la famille de la jeune femme le rendait nerveux comme jamais. Son corps, endolori, n'était rien comparé au stress qui montait en lui. Déjà, ses mains devenaient moites et son front perlait un peu sous ses longues mèches noires. Il était rare que l'Italien ne perde son sang-froid, surtout en société, mais ce qui se jouait aujourd'hui était, pour lui, une épreuve à laquelle il ne s'était pas suffisamment préparé.
Quand avait-il décidé de se lancer dans une aventure aussi périlleuse que celle du mariage ? C'était insensé ! Comme s'il avait le temps de se préoccuper de ces mondanités ! Et puis, même si l'Ecosse était un pays extraordinaire, dont il commençait à avoir envie de découvrir les grottes les plus profondes et les châteaux les plus imposants, il ne s'y sentait pas à l'aise. La panique le prit et il dut serrer un peu les poings pour s'empêcher de trembler. Il aurait tout donné pour que son ami Dean soit présent.
Les servantes et valets, bien alignés dans leurs livrées impeccables, lui rappelèrent ces soldats qu'il avait déjà eu l'occasion d'observer le long des routes de France. Ils lui évoquèrent en outre les domestiques que sa propre famille avait possédés, à une époque qui lui semblait aussi lointaine que les premiers jours du monde. Ses souvenirs d'enfance lui ramenèrent un goût particulièrement amer dans la bouche: à côté des Newburry, les Della Serata n'étaient plus qu'un fantôme de ce qu'avait été l'aristocratie. Armando se sentit plus pauvre que jamais et l'aspect guindé de ces hommes et femmes en livrées lui donna l'impression qu'il était si négligé qu'il allait mourir de honte en serrant la main du père de sa fiancée.

Ce fut donc le coeur battant à tout rompre qu'il fit crisser les gravillons du chemin sous ses souliers noirs et qu'il jeta enfin un coup d'oeil aux membres de la famille qui se tenaient au centre des domestiques. Trois couples les observaient. D'après la teinte des cheveux, Armando put aisément comprendre qu'il y avait-là au moins les parents de Véronica et ses grands-parents. Par contre, il n'était pas encore assez près pour deviner de quel côté de la famille ils venaient. Le couple moins âgé était sans doute des oncle et tante de la jeune femme. L'agent songea que la belle avait encore bien de la chance de posséder de la famille qui l'attendait ainsi à la maison. Que lui restait-il à lui ? Un oncle en Italie, trop loin pour qu'ils se voient régulièrement, et une soeur, disparue...Personne ne l'attendait. Personne. Son regard trouva celui de sa fiancée. Peut-être qu'elle, elle l'attendrait ?


- Nous y voilà... fit-il dans un murmure à peine audible.

Son sourire peina à être franc. Il était évident que l'inspecteur était particulièrement fatigué et que cette rencontre le perturbait beaucoup. Cependant, lorsque ses yeux revinrent s'attarder sur la famille de sa douce amie, il se sentit quelque peu soulagé de voir autant de joie et d'entrain évidents. Ils semblaient tous enchantés de revoir Véronica et de le rencontrer pour la première fois. Peut-être qu'il se faisait une montagne de banalités ? Après tout, c'était peut-être des gens très simples qui l'accueilleraient avec une franche amitié. Il n'y avait pas de raison qu'ils le rejettent. A part...l'argent.


La femme en robe rose se mit à courir vers Véronica pour l'enlacer avec ferveur. Cet échange tendre, débordant d'amour maternel, fit plaisir à voir. L'agent sourit, de nouveau attendri par les réactions de sa fiancée. Il l'avait connue plus conventionnelle et avait sans doute un peu oublié que même une femme de sa trempe pouvait avoir un rapport aussi doux et sensible avec sa mère.
La sienne avait été la personne la plus aimante au monde. Il avait eu soin de l'aimer en retour et d'être pour elle un fils modèle. La pauvre femme était morte en ingérant du cyanure, par mégarde, et il avait dû faire face à de nombreuses questions plus indignes les unes que les autres. Il considérait encore aujourd'hui que sa mémoire avait été salie par les doutes et les suspicions. Son coeur en gardait une terrible cicatrice.
Armando laissa Véronica lui présenter cette fameuse lady, qui répondait au doux nom de Moira. L'agent tâcha de ne pas la dévisager avec insistance mais il ne put s'empêcher de s'attarder sur sa chevelure de feu. Avait-elle donc des origines irlandaises pour présenter une telle couleur capillaire ? Elle dégageait en outre une certaine présence, rassurante mais également très intrigante. Une lueur d'intelligence lui donnait un air vif et assuré. Sa petite bouche souriait avec chaleur.
L'agent la regarda lui prendre les mains et rougit, sans savoir comme il devait réagir. Confus au possible, il esquissa une courbette, laissant ses mains inertes pour éviter de prolonger cet étrange contact physique des moins conventionnels. Il jeta un regard à Véronica, comme pour l'appeler à l'aide, avant de sourire de nouveau à la petite femme qui était en train de lui expliquer que sa fille leur avait écrit à son sujet et que cela les avait rendus curieux et impatients de le rencontrer. Un horrible sentiment de vulnérabilité se mit à ronger l'inspecteur du Yard. Il se sentit mis à nu, par des gens qu'il ne connaissait pas. Qu'avait donc écrit Véronica ? Qu'avait-elle dit sur son compte ? Son coeur battait d'autant plus fort à cette remarque qu'il ne se souvenait pas de l'avoir vue écrire. Il eut le sentiment désagréable qu'on avait profité qu'il tourne le dos pour le décrire en long, large et travers...


- Je...Je suis ravi de vous rencontrer, Madame.

Perturbé, Armando se contenta d'hocher la tête face à l'excitation de la femme et de confirmer qu'il était en effet épuisé. Un thé n'était pas de refus. Il tendit le bras à Véronica et, ensemble, ils suivirent Moira pour aller à la rencontre des autres membres de la famille.
Le père de Véronica s'avéra être un homme tout à fait aimable. Armando avait secrètement redouté sa rencontre, car c'était bien évidemment lui qui aurait le dernier mot concernant leur mariage. C'était lui qu'il devait convaincre avant tout autre. Sans son accord, la main de l'Alchimiste lui serait impossible à obtenir. L'agent fut donc agréablement surpris de trouver-là un père de famille aussi chaleureux que sa femme. Véronica tenait de lui ses yeux et ses cheveux.
En lui serrant la main, l'Italien ressentit pour lui un profond respect. C'était un de ces hommes habitués à l'exécution de tâches manuelles, qui ne rechignaient pas à rendre service ou à porter les valises. Cela se sentait. Il n'était pas fait de ce métal glacé dont la plupart des pères de famille nobles sont forgés. Il était humain, tout simplement humain, et cela rassura beaucoup Armando qui prit son "mon garçon" pour une marque d'affection bienvenue. Droit et distingué, il salua l'homme sans jamais quitter son regard.


- Enchanté, Monsieur Newburry. Armando Della Serata. C'est un réel plaisir de vous rencontrer, fit-il tout sourire. Je n'en doute pas...qui ne se plairait pas en ces lieux ? Vous possédez-là une magnifique propriété.

Il avait failli lui dire: "Merci de me confier votre fille" mais il se tue à temps. Quelle maladresse ! Sans doute l'homme aurait-il considéré l'agent comme un petit coq trop certain d'avoir obtenu ce qu'il désirait. Concrètement, Véronica et lui n'étaient pas mariés, du moins aux yeux de la famille. Officiellement, c'était chose faite, mais Armando n'était pas assez insouciant pour croire que tout était déjà gagné. Il devait encore faire ses preuves ici et donner corps aux noces. L'approbation de la famille était, à ses yeux, très important pour la suite de leurs aventures.

Le couple suivant était composé d'un certain Dougal Mackenzie, l'oncle de Véronica, et d'une femme aux cheveux blonds qui semblait un peu fermée. Son visage et la couleur de sa barbe ne laissaient rien au hasard: c'était le frère de Moira. Ainsi, c'était l'oncle maternel de Véronica. A retenir. Il avait l'air jovial et son ton rassura encore l'inspecteur qui lui serra la main avec fermeté. Sa femme restait un peu en retrait, mais Armando n'y prêta pas attention: il était normal que les femmes soient plus effacées, surtout si elles étaient les "pièces rapportées" de la famille.


- Merci, Monsieur Mackenzie, Madame...

C'était des banalités, mais des banalités nécessaires. Il devait sourire, serrer les mains, faire des courbettes, des baises-mains légers, sans se départir de son charme et de sa droiture. Il était parfaitement conscient que les premières impressions étaient les plus importantes dans ce genre de situation. Ses tremblements avaient cessé dès le moment où Moira lui avait enserré les mains. De la dignité et de la discipline !
Armando fut impeccable et son coeur s'était légèrement calmé dans l'exercice de ce petit manège mondain. Mais, lorsque Véronica et Moira le conduisirent à la rencontre des grands-parents, sa tension augmenta considérablement. Les vêtements traditionnels du vieil homme et les motifs de la robe de sa femme ne lui laissèrent aucun doute: ils étaient conservateurs, très fiers de leurs origines et prêts à défendre leur patrimoine.
L'air sévère de l'homme et son regard de juge lui donnèrent l'impression qu'il était soudainement jeune et indigne de cette famille. Il était italien, son accent et sa couleur de peau et de cheveux ne trompaient personne, mais en plus il ne possédait plus de quoi justifier la particule nobiliaire de son nom.
Crispé, Armando se redressa, si cela était encore possible, et évita de regarder le kilt de l'homme. Il songea un bref instant à Dean, qui aurait sans doute ri à gorge déployée en assistant à cette scène hors du temps, et à la possibilité qu'on l'oblige à porter semblable tenue pour embrasser Véronica devant l'autel. Un frisson le parcourut à la mention de "lord". Au fond de lui, il regrettait amèrement de ne pas avoir pris le temps de discuter de leurs famille respective avec sa fiancée. Il aurait aimé être informé de ce genre de chose...
Ce fut Moira qui fit les présentations. Armando perçut aussitôt les marmonnements du vieil homme dont les yeux le transperçait de par en par. Il se sentit serrer les dents d'appréhension et baisser les yeux comme un enfant. Que dire ? Que faire ? Il était évident que cet homme ne voulait pas de lui dans sa famille...Mais l'instant ne dura qu'une fraction de seconde: Lady Isobel passa devant son mari et engagea la conversation. Armando répondit à son signe de tête avec respect et l'écouta déverser un flot de paroles ininterrompu sur lui. Elle voulait sans doute noyer la gêne occasionnée par son mari et réduire à néant la tension qui s'était installée entre eux.
L'agent n'eut guère le loisir de répondre à la vieille dame. Elle semblait faire la conversation toute seule. Mais il eut ainsi tout le loisir de réfléchir. Elle "trépignait" d'impatience de voir ce fameux "mariage". Pour elle, il était évident que cela allait être une fête grandiose, un événement qui allait égayer son quotidien et lui permettre de choisir robes, fleurs et autres futilités du genre comme les biscuits, la pièce montée...Armando soupira doucement. Il n'y avait que les femmes pour trouver toute cette débauche de manières agréable et amusante. A ses yeux, ce n'était que contraintes et jeu de scène difficile à tenir, une corvée des plus pénibles. Son regard croisa celui de Véronica et il haussa discrètement les épaules. Il ne savait comment répondre, d'autant que Moira avait déjà proposé un thé quelques minutes plus tôt.


- Hé bien...Enchanté, my lady. Tout le plaisir est pour moi. En effet, un thé ne serait pas de refus, merci.


Lady Isobel les guida dans la demeure. Content de quitter le regard du vieux Mackenzie, Armando ne se fit pas prier pour entrer à la suite de sa femme. Son regard embrassa l'architecture grandiose du bâtiment, notamment son escalier qui l'impressionna de par ses dimensions hors du commun. Il remarqua que l'intérieur était particulièrement entretenu et que le mobilier était neuf. C'était plus chaleureux que ce à quoi il s'était attendu: parquet et boiseries diverses donnaient aux pièces une douceur que la pierre n'aurait pas permis. Les divers tableaux et objets, tels que des armes ou des armures policées, laissaient entrevoir le passé prestigieux de la famille. Une fois encore, Armando se sentit cruellement dépourvu de patrimoine. Qu'allait-il apporter à cette famille ? Rien de bien reluisant...
Lorsqu'il dut se séparer de Véronica, il lui jeta un regard un peu triste mais lui sourit avec amusement juste aussitôt. Il n'était pas à l'aise, certes, mais la perspective de découvrir sa chambre et de s'isoler un peu lui donnait envie. Il avait besoin de repos et surtout de calme. Après le voyage qu'ils venaient de faire, trouver un bon lit et une bassine d'eau lui ferait le plus grand bien. Le thé viendrait ensuite. Et puis, Lady Isobel le rassurait. Elle était bienveillante et enjouée. Avec elle, il ne risquait sûrement pas de remarques déplacées. En sa compagnie, loin des regards aiguisés du grand-père, il se sentait mieux. Et puis, si sa grand-mère et lui s'entendaient bien, il aurait plus de chances de plaire au vieil homme.


- Vous êtes bien aimable, my lady. C'est vrai, mais je serai heureux d'en apprendre un peu plus sur ce charmant pays et ses coutumes. Et puis, je pense que savoir s'adapter est important.

Il gratifia la vieille dame d'un sourire sincère et la suivit jusqu'à ce qui allait être sa chambre pour la suite de son séjour. Au premier coup d'oeil dans la pièce, il la trouva tout à fait à son goût. Ici aussi le bois des murs lambrissés donnait à la pièce une chaleur inattendue. Le lit à baldaquin, les rideaux et le tapis étaient d'un rouge profond, presque enflammé. Tout semblait avoir été organisé pour donner à cette chambre un aspect confortable et rassurant. La lumière ne manquait pas et les espaces de demi-pénombre qui rôdaient dans les angles étaient synonymes de silence et de paix.
Lady Isobel lui indiqua les éléments importants de cet ensemble: la salle d'eau, le dressing et également la petite clochette qui lui servirait à appeler les domestiques en cas de besoin. Armando resta muet un instant, laissant son regard toucher à cette horloge ouvragée qui était pour lui l'objet le plus intéressant de la pièce. Puis, il remercia chaleureusement la dame et la laissa prendre congé.


- Merci Lady Isobel. Je vais me reposer un peu, vous avez raison.


Une fois seul, Armando referma la porte de sa chambre et ouvrit son col. Il étouffait littéralement. Heureux de se retrouver dans l'intimité de la petite chambre qui lui était attribuée pour le séjour, il se promena un peu dans la pièce et observa plus attentivement l'horloge. Son cadrant lui plaisait beaucoup. Il le trouvait des plus élégants. Il laissa son index courir le long de ses courbes et soupira. Puis, il se retrouva devant le grand miroir et se rendit compte que sa queue de cheval était en partie défaite. Il grimaça et, plutôt que d'entreprendre de la refaire, il la défit complètement. L'Italien n'aimait pas s'attacher les cheveux, il ne le faisait que par convention.
Impatient de se mettre plus à l'aise, l'homme avisa la salle d'eau et y trouva de quoi se laver. Il fit doucement sauter ses boutons de manchettes et se rafraîchit sommairement le visage. Il avait le visage un peu ciré par la fatigue, le soleil et la poussière du voyage. Son teint habituellement doré était devenu grisâtre. Un peu d'eau et de savon le décrasserait suffisamment pour lui redonner une mine avenante, ou du moins plus agréable. Armando n'avait jamais été très avenant, ce n'était pas dans sa nature de taciturne désabusé, rongé par sa mauvaise conscience.
Il se débarbouilla donc, avant de revenir dans la chambre pour s'allonger sur le lit. En s'étirant sur l'édredon, il eut l'impression de déplier un corps brisé après qu'il ait été contraint d'entrer dans une boîte trop petite pour lui. Le voyageur n'avait plus qu'une hâte: se laver au complet pour se changer. Cependant, sans ses valises, il ne le pouvait pas. Il allait devoir être patient.
Au bout d'une bonne dizaine de minutes, durant lesquelles il se passa en revue les visages des membres de la famille de Véronica, il se souvint qu'il avait vu un peignoir dans la salle d'eau et décida de ne pas attendre plus longtemps. Il se leva et y retourna pour faire sa toilette. A l'aide d'une aiguillère et d'une grande vasque mises à sa disposition, il prit donc soin de se rafraîchir et enfila le peignoir.
Revenu dans la chambre, Armando abandonna ses vêtements de voyage sur une chaise et se dirigea vers le grand miroir. Son bas-ventre et sa cuisse le tiraillaient. L'Italien tendit l'oreille, pour écouter les bruits provenant du couloir, avant d'ouvrir son peignoir pour s'observer dans sa nudité. Face aux affreuses cicatrices que lui avait laissé l'affaire Maxwell, il grimaça de dégoût. C'était tout sauf agréable à regarder. L'agent examina de près celle qui lui traversait le ventre et songea qu'il avait décidément eu beaucoup de chance de s'en sortir sans infection maligne.
Des pas dans le couloir le firent se redresser d'un bond. Il referma son peignoir et passa une main dans ses cheveux en désordre pour les ramener en crinière derrière sa tête. Puis, il attendit. On frappa à la porte avec douceur. Il ouvrit lentement, conservant un air digne. C'était les domestiques qui lui faisaient parvenir ses valises. Heureux, il les laissa les déposer dans sa chambre et les remercia. Enfin, il défit ses valises et entreprit d'installer ses affaires personnelles. Brosse, parfums, onguents, costumes et vêtements divers trouvèrent leur place dans son nouvel espace.
Une fois habillé d'un pantalon plus frais et d'une chemise plus distinguée, l'Italien se laissa tomber dans le lit à baldaquins. Il soupira d'aise et observa le plafond du lit. Lentement, il saisit un des rideaux entre ses doigts et en apprécia la texture. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu de baldaquin, ou du moins dormi dedans ! Armando remonta un peu sur l'édredon et posa sa tête sur un des oreillers. Il s'endormit en quelques minutes.


La petite horloge ne sonna pas mais l'agent s'éveilla de lui-même. Il se redressa un peu vivement, inquiet d'avoir pu dormir plus longtemps que ce que la bienséance lui autorisait. D'un bond, il se retrouva devant l'horloge, les cheveux de nouveau défaits. En voyant qu'il n'avait sommeillé qu'une petite demi-heure, il soupira de soulagement. Cela était décent pour un homme qui venait de traverser la moitié du pays en fiacre public. L'Italien s'étira et se recoiffa. Fin prêt à affronter le château et ses habitants, il respira un grand coup et entrouvrit sa porte.
Son coup d'oeil fut celui d'un enfant qui n'ose pas sortir de sa chambre de peur de tomber sur ses parents alors qu'il y est consigné. Il crispa sa main sur la poignée de sa porte et tiqua. Il n'y avait personne, certes, mais maintenant qu'il y songeait, il ne savait pas du tout où aller. De quel côté était-il venu déjà ? Armando sentit son coeur s'emballer. Il craignait de se tromper et qu'on ne le retrouve errant dans le couloirs comme un imbécile. Où était donc Véronica ? Dans sa chambre ? Fallait-il qu'il retrouve le salon ? Il ne savait plus.
L'agent fit demi-tour et s'assit sur son lit. Il réfléchit quelques minutes, interrogeant ses choix et ses envies. Puis, il saisit la petite clochette qu'il se mit à agiter avec fermeté. Le mieux serait de se faire guider par un domestique. Il lui demanderait de le mener auprès de Véronica puis ils se rendraient dans le salon ou la salle à manger pour partager ce fameux thé que lui avaient promis sa mère et sa grand-mère. Peut-être qu'ils pourraient ensuite se promener un peu avant de revenir pour le dîner ? La perspective de se retrouver à table avec ces gens qu'il ne connaissait pas encore crispa un peu l'Italien. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix et son sens du devoir lui ordonnait de faire de son mieux.
Lorsque l'on vint lui demander ce qu'il désirait, Armando expliqua que ses vêtements de voyage nécessitaient qu'on les lave et demanda à ce qu'on le conduise à Véronica ou aux maîtres de maison. On l'attendait pour le thé.



CODAGE PAR AMIANTE

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Eilean Donnan Castle Highland par Antiquus Lupus.
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeLun 26 Fév - 22:46

Réunion de Famille
armando & veronica



Véronica pénétra dans sa chambre et respira les odeurs d'herbes aromatiques qui y régnaient. Avec un sourire, elle laissa sa main parcourir les murs, traçant de ses doigts les volutes végétales qui ornaient les tentures. Elle s'assit enfin sur le lit en bois clair, massif, et laissa son regard divaguer sur les baldaquins bleu ciel. Elle était de retour chez elle. Elle était à la fois rassurée par cet environnement familier et foncièrement déstabilisée. La dernière fois qu'elle avait dormi dans cette chambre, elle était une toute jeune fille qui partait en apprentissage. Elle y revenait à présent comme une femme, fiancée de surcroît. Elle se tourna sur le côté et avisa son reflet dans un petit miroir de poche qui était posé sur sa table de chevet. Elle avait les traits tirés par le voyage et le teint grisé par la poussière, c'était affreux ! Elle rougit en s'imaginant qu'Armando avait dû la voir ainsi des jours durant. Elle éprouva soudainement l'envie de se laver et se remettre d'aplomb. Elle se releva avec bien plus de difficultés qu'elle ne l'aurait cru, maudissant son corset et ses jupons, avant de se diriger vers la salle d'eau. Le personnel avait eu la bonne idée de faire monter une bassine en émail emplie d'eau chaude. Véronica fit glisser avec plaisir sa lourde robe de voyage, défit son corset et se dirigea, simplement vêtue d'une chemise blanche, vers l'aiguière.

Elle détacha ses lourds cheveux et posa l'aiguille de son chignon dans un coin avant de brosser vigoureusement ses mèches pour en enlever un maximum de poussière. Elle n'avait pas le temps de les laver, sa famille et Armando devaient certainement l'attendre... Énergiquement, elle saisit un pain de savon, le trempa dans l'eau et commença à se frotter le corps, avant de s'éponger avec un linge humide. Après cette toilette de fortune achevée, elle saisit un petit flacon pour se parfumer légèrement et ramena ses cheveux dans un chignon sommaire mais confortable. Elle se dirigea ensuite vers une armoire délicatement ouvragée, et en sortit une chemise, un corset et une robe propre. Les vêtements dataient un peu, ils avaient été confectionnés alors qu'elle avait une quinzaine d'année, mais elle n'avait pas grandi depuis.

Elle reparut ainsi dans le salon, le teint plus frais, la bouche souriante, vêtue d'une robe taillée dans un tissus fleuri, à la jupe moins ample qu'à l'accoutumée, ornée de manches gigots. Même si la coupe était passée de mode depuis presque 10 ans, Véronica l'appréciait toujours.
Accueillie par sa famille, elle fut alors prise dans le feu de la conversation. Sa mère, son père, son oncle et sa grand-mère semblaient plus que disposés à accueillir Armando dans leur famille et voulaient en apprendre davantage sur lui. Sa tante semblait s'en moquer totalement, le regard plus vide qu'à l'accoutumée, alors que son grand-père marmonnait qu'il aurait préféré que son unique héritière épouse un scot pure souche.
Lorsque l'italien fut annoncé au salon, Isobel lui intima gentiment de se taire, d'une tape bien sentie sur la main.

Une fois qu'ils se furent relaxés autour d'une infusion, la petite famille se dispersa avant le repas du soir. Les femmes voulaient travailler sur la robe de mariée de Véronica et intimèrent donc à cette dernière de ne pas se mettre dans leurs pattes. Lord Gordon décida d'aller faire une sieste alors que Duncan Newburry et Dougal MacKenzie se retirèrent pour fumer.


- Bien... Que diriez-vous d'aller dans les jardins ? L'air est bon en fin de journée et il y a de l'ombre. Nous pourrions nous y reposer.

Quelques moments plus tard, l'Alchimiste déambulait dans les allées caillouteuses du jardin botanique aménagé par sa mère, à l'arrière du château. Isis galopait devant eux comme une dératée, ce qui fit sourire sa maîtresse. Véronica avançait lentement, elle savait que son fiancé, encore blessé, avait des difficultés à se mouvoir et qu'il était toujours éprouvé du voyage. En souriant, elle observa le soleil qui se répandait en flaques sur sa robe, fractionné par la trame de son ombrelle. Elle était heureuse d'être ici. Elle ne disait rien, mais son silence et la lueur dans ses yeux trahissait son bonheur et son excitation.
Ils arrivèrent au bord d'un plan d'eau, près duquel un saule pleureur étendait ses lourdes branches. Un banc de bois à la peinture écaillée se tenait dessous et la jeune femme vint s'y asseoir, laissant de la place pour Armando.


- Mon père avait construit ce banc pour ma mère alors que j'étais encore un bébé... Quand je pleurais ou que je ne voulais pas dormir, elle venait me bercer ici pour me calmer. Je ne sais pas quel âge à cet arbre exactement. Grand-père pense qu'il a vu passer plus de générations de MacKenzie que le château.

Elle rit, comme pour masquer sa gêne. Ses yeux émeraudes effleurèrent sa bague de fiançailles puis se reportèrent sur la figure hâlée de l'Italien. L'Alchimiste était suffisamment clairvoyante pour sentir qu'il n'était pas à l'aise. Qui le serait ? Dans une terre étrangère, au milieu de la famille de sa future épouse... Plus d'un homme aurait déjà fait demi tour. Pourtant, elle ne voulait pas lui montrer trop ouvertement qu'il était troublé. Cela aurait pu le froisser.

- Tout le monde vous apprécie ici. Il est vrai que Grand-père est un homme fier avec l'obstination d'un âne bâté et l'amabilité d'un bloc de pierre mais... il est ainsi avec tout le monde.

Elle le détailla, sans plus rien dire. Elle ne savait plus réellement comment exprimer ce qu'elle ressentait sans faire un faux pas. Elle qui n'avait jamais eu la langue dans sa poche, l'approche de son mariage la rendait plus effacée sur de nombreux sujets, preuve de ses propres angoisses. Cependant, son regard bienveillant et son sourire trahissaient ce qu'elle n'osait plus dire. "Je suis là. Je suis là, je vous aime et je ne compte plus faire un pas sans vous à mes côtés."

Doucement, elle posa sa main sur la sienne.



****************

La nuit était tombée, alors que la famille était réunie dans la salle à manger du château pour partager un repas bien mérité. Un rôti d'agneau et des légumes avaient succédé à un potage froid délicatement relevé. Rien de trop sophistiqué et pourtant, tout était servi avec un faste et un cérémonial que Véronica s'était empressée d'oublier depuis longtemps.
Pour rompre le silence qui planait depuis un moment, Dougal, l'oeil taquin, regarda Armando avec un sourire en coin.


- Alors, Armando - permettez que je vous appelle Armando, maintenant que vous faites presque partie de la famille - vous êtes-vous préparé à porter le kilt pour votre mariage ?

À cette suggestion, Véronica sentit instinctivement ses oreilles rougir, alors qu'elle percevait d'ici le trouble de son fiancé. Moira toussa vivement, semblant avoir avalé de travers, alors que Shona haussa les yeux au ciel. Lady Isobel repoussa son verre de sa main parcheminée.

- Enfin Dougal !

Véronica tourna immédiatement ses yeux vers le tissus de sa jupe, rougissant plus que de raison. Elle savait qu'une des craintes d'Armando se cristallisait autour des us et coutumes écossaises, qu'il ne connaissait pas. Elle voulait les lui faire découvrir progressivement, sans préjugés, et voilà que son oncle mettait les pieds dans le plat ! Son père vint immédiatement à son secours et éclata d'un rire franc.

- Ne l'écoutez pas, Dougal est un plaisantin... Personne ici n'avait l'intention de vous faire porter le kilt !

L'Alchimiste cru qu'elle allait pouvoir respirer. Mais c'était sans compter sur l'intervention de Lord Gordon, qui fit furieusement claquer ses mains sur le bois de la table, faisant sursauter tout le monde.

- Il ne manquerait plus que ça ! Faire porter le kilt à un homme qui n'est pas né MacKenzie ! Tous nos ancêtres seraient capables d'en mourir une seconde fois !

Passant du rouge au blanc livide, Véronica hoqueta et roula des yeux dans la direction de son grand-père, serrant la nappe si fort que ses phalanges en blanchirent.

- Grand-père ! Vous ne vous entendez plus parler !

Isobel envoya un discret coup de pied à son mari sous la table mais rien n'y fit.

- J'entends parfaitement ce que je dis jeune fille ! Tes parents sont déjà bien trop gentils de te laisser épouser un étranger ! De mon temps cela ne se serait pas passé comme ça... Voilà ce qui arrive, quand vos enfants sont incapables d'engendrer une descendance ! On se retrouve avec une unique petite fille, bien trop gâtée !

Cette fois, ce fut au tour de Shona de rougir et de baisser les yeux vers son propre ventre alors que Dougal se décomposait. Sa pauvre boutade l'avait dépassé et on pouvait lire dans ses yeux qu'il s'en voulait. Alors que le vieux Lord continuait sa diatribe, foudroyé des yeux par une Isobel visiblement contrariée, Véronica sentait ses mains trembler. Elle avait soudain très peur. Et si, après les mots malheureux de son grand-père, Armando décidait de faire marche arrière ? Et s'il la délaissait, pour toujours ? Elle n'osait pas le regarder, elle ne pouvait pas affronter son regard. Soudainement, elle se leva, renversant son verre d'eau sur sa robe, sans y prêter attention.

- ÇA SUFFIT ! Je... Je refuse d'entendre un mot de plus ! Armando a plus de valeur que tous vos chevaliers scots réunis et je ne compte pas lui faire affront en le forçant à porter une de vos jupes immondes le jour de notre mariage !

Elle toisa son aïeul, qui s'était tu de surprise. C'était la première fois qu'elle lui tenait tête. Lord Gordon lui avait toujours fait peur. Mais ce soir là, elle refusait de baisser encore la tête, surtout pas devant son fiancé. L'Alchimiste se sentit soudain oppressée. L'assemblée bien moins souriante qui se tenait en face d'elle lui donnait le vertige. Sa voix était agitée de trémolos.

- Je me passerai de dessert.

La jeune femme tourna les talons et sortit à grands pas, en faisant claquer la porte en bois massif. Ignorant son corsage trempé, elle se rua à l'extérieur et courut dans les allées, jusqu'à son havre de paix. Elle était angoissée. Elle avait le coeur à l'envers et elle tremblait de peur. Rageusement, elle se laissa tomber sur le banc et s'y pelotonna, remontant ses jambes sur l'assise afin de pouvoir poser sa tête sur les genoux. Alors, dans ce simulacre de position foetale, elle s'autorisa enfin à pleurer.
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Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Signav10

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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeVen 23 Mar - 0:54

Armando
&
Véronica

Tu crois encore avoir le choix ?
Détrompe-toi, je suis là.


Armando observa un instant la jeune domestique aviser les vêtements de voyage qu'il venait de lui indiquer. Puis, il passa par dessus sa chemise un veston de bonne qualité et vérifia que ses cheveux étaient correctement attachés. Enfin, il passa en revue sa petite montre à gousset avant de l'attacher avec soin après son pantalon.
Fin prêt à suivre la domestique qui devait lui indiquer où retrouver Véronica et sa famille, pour ce fameux "thé" auquel Lady Isobel l'avait convié, l'Italien ferma la porte de sa chambre et lui emboîta le pas. Les couloirs lui parurent moins longs et froids qu'à son arrivée. C'était cet effet bien connu qui donnait aux paysages et allées déjà visitées un visage moins hostile qu'au premier passage. Finalement, l'agent se sentait déjà un peu plus à l'aise. Ses ablutions lui avaient fait du bien, de même que sa sieste. Il était plus frais et dispo, même si son dos lui était encore un peu douloureux.

Annoncé par la domestique qui lui ouvrait la voie, Armando se présenta au salon pour rejoindre Véronica et les siens autour d'un thé. Lorsqu'il vit sa bonne amie, son coeur fit un bond dans sa poitrine. Il avait l'impression de l'avoir quittée depuis des heures et sa présence le soulageait soudain. C'était chez elle et elle semblait si détendue dans sa belle robe fleurie que ç'en était apaisant. Quelque peu rassuré, l'Italien lui fit un petit sourire avant de prendre place sur le siège qu'on lui désignait.
Cette petite pause mondaine ne fut pas déplaisante. Elle aurait pu, si les convives avaient réellement été curieux, mais il sembla que les membres de la famille de Véronica savaient que harceler les deux amoureux à leur arrivée n'était pas des plus raisonnable. Il y eut donc peu de conversation et chacun pu apprécier le thé et les petits gâteaux qui avaient été disposés sur la table. A part quelques échanges autour du voyage, long et parfois pénible, qu'ils avaient fait, les impressions que l'Italien pouvait avoir de l'Ecosse qu'il avait vue au travers des vitres du fiacre, et de petites remarques au sujet d'Isis qui était la nouvelle attraction de la famille, Armando n'eut pas à chercher des sujets pour discuter, ni à se mettre trop en avant. Cela le soulagea grandement. L'espace d'un instant, il avait craint que cette réunion ne soit un prétexte pour l'interroger sur tout et n'importe quoi. Après tout, ces gens-là ne le connaissaient qu'au travers des lettres de Véronica et il était naturel qu'ils se posent bien des questions...

Le thé une fois terminé, les hommes s'éclipsèrent pour aller fumer. Armando résista à la tentation de les accompagner. Il tentait d'arrêter le cigare mais n'y parvenait qu'avec difficultés. Ce n'était certainement pas en s'enfermant dans une pièce avec deux gentlemen amateurs de bon tabac qu'il y parviendrait.
Heureusement, il n'eut pas à se trouver d'excuse : Véronica lui proposa une promenade dans le parc de la famille. C'était sans doute cette fameuse balade qu'elle aurait aimé faire à cheval en sa compagnie et qu'elle avait finalement réduite à une petite errance pédestre. Armando lui sourit, véritablement content. La perspective de savourer un moment avec elle, à terre, pour profiter du soleil et de la nature, lui plaisait énormément.


- Mais très certainement... fit-il avec joie.


Après avoir remercié les dames pour le thé et les biscuits, l'Italien s'assura que nul n'avait besoin de sa présence avant de suivre la jeune Alchimiste dans les jardins.
Sortir en compagnie de Véronica et d'Isis fit le plus grand bien à Armando. Attardant son regard tantôt sur l'ombrelle que tenait sa compagne, tantôt sur la petite chienne qui s'égayait dans les herbes, l'agent fut traversé pour la première fois depuis longtemps par un véritable sentiment de bonheur. Il oubliait Maxwell et ses idées folles, le Yard, la ville salle et grise de Londres, ses collègues...Le bruit des chevaux et des fiacres lancés à toute allure était remplacé par les gazouillis des oiseaux dans les arbres du jardin botanique. C'était un lieu paisible.
Bientôt, Véronica le conduisit vers un grand saule qui jetait ses rameaux souples jusqu'au sol. L'arbre, magistral, semblait avoir des siècles d'existence. Son tronc se fendait en profondes crevasses qui donnaient l'impression de rides sur un sage millénaire. La jeune femme mena l'agent jusqu'à un banc qui trônait sous l'arbre. Armando la suivit. Passant la tête entre les rameaux, l'Italien songea que ce banc ressemblait à un petit autel dédié à la paix. C'était comme si l'arbre le protégeait de l'extérieur et qu'il conservait au-dessus de lui un regard bienveillant.


- Quelle endroit splendide ! s'exclama doucement l'enquêteur.

L'Alchimiste s'installa sur le banc et le laissa s'asseoir à ses côtés. Heureux de pouvoir reposer son dos qui ne cessait de le tourmenter, Armando prit place avec précautions et soupira d'aise.
Sa fiancée lui expliqua alors que ce banc avait été fait par son père, en présent pour sa mère, et qu'elle venait souvent se réfugier près de cet arbre lorsqu'elle était petite. Armando lui sourit, attendri par ce petit récit.


- C'est une belle histoire. J'espère que ce banc et cet arbre resteront ensemble pour l'éternité...

L'agent se pencha un peu vers Véronica pour l'embrasser sur le front. Il savait que ce n'était guère raisonnable, mais il en avait eu envie, voilà tout. De toute façon, personne ne pouvait les voir à travers les rameaux, surtout pas de loin.
Il fallait bien avouer cependant que la perspective de retourner à l'intérieur du château n'enchantait pas l'Italien. Malgré la quiétude de ce moment, il pensait encore au grand-père de Véronica et à ce qu'il avait grommelé à plusieurs reprises depuis son arrivée. Le vieil homme ne l'appréciait guère, sans doute à cause de ses origines étrangères...
La belle Alchimiste dut percevoir ses angoisses qui se reflétaient un peu dans son regard soudain légèrement vague, car elle se voulut rassurante en lui affirmant que tous les membres de sa famille allaient finir par l'accepter tel qu'il était. Elle qualifia son grand-père d'homme buté comme un "âne" et d'homme presque sans coeur. Armando tendit un peu le dos à ces mots.


- Ne dis pas cela...Il ne faut pas...Je pense que c'est un homme qui tient plus que tout à sa famille et qui s'inquiète, voilà tout. J'espère pouvoir lui inspirer confiance un jour prochain et le convaincre de ma bonne volonté. Il finira par être bienveillant, tu verras. Nous le ferons sourire...

Armando était plus optimiste dans ses mots que dans ses pensées, mais qu'importe ? S'il pouvait rassurer un peu Véronica et la faire sourire elle, alors il avait gagné sa journée.
La belle posa sa main sur la sienne et l'Italien fit un mouvement pour la saisir doucement. Lentement, il mena ses doigts à ses lèvres et l'embrassa. Son regard perça celui de la jeune femme et pétilla d'amour.


- J'ai hâte que tu deviennes ma femme, Véronica.

Il aurait aimé l'embrasser réellement, sur les lèvres, et la prendre dans ses bras pour la serrer fort contre lui afin de lui prouver que ce n'était pas des mots en l'air. Mais il savait qu'il allait devoir être encore patient. Les attitudes qu'ils avaient pu adopter durant leur enquête dans les bas fonds de la capitale n'avaient pas lieu d'être. Tant qu'ils ne seraient pas attachés l'un à l'autre par les liens sacrés du mariage, ils ne devaient plus se permettre ce genre de...dérapage.


**************

Le souper fut annoncé. Armando suivit Véronica qui le conduisit jusqu'à la salle à manger où avait été dressée une magnifique tablée. L'agent prit soin de saluer de nouveau chacun des membres de la famille et de les complimenter tantôt sur le château et ses corridors, tantôt sur le jardin botanique qu'il appréciait particulièrement pour ses arbres et ses pelouses impeccables. L'Italien ne voulait pas seulement faire bonne impression : il voulait également faire honneur à cette illustre famille en lui montrant qu'il n'était pas insensible à ses trésors.
Le repas se passa calmement. Les plats se succédèrent, tous plus délicieux les uns que les autres - ce que l'agent ne manqua pas de répéter à plusieurs reprises - et les convives discutèrent aimablement. Ce fut calme. Peut-être un peu trop au goût de certains...C'était sans doute la raison pour laquelle Dougal finit par lancer une boutade à Armando en lui demandant s'il était prêt à enfiler le kilt traditionnel pour célébrer ses noces.
L'Italien lui jeta un regard amusé tandis que Véronica s'inquiétait à ses côtés. Moira toussota. Lady Isobel intervint pour réprimander Dougal. Apparemment, sa plaisanterie les embarrassait grandement: elles ne voulaient pas qu'Armando se sente mal-à-l'aise et il était évident que cette histoire de kilt risquait de le perturber plus que de raison.
L'enquêteur allait répondre lorsque le père de Véronica éclata d'un grand rire. Tous les convives tournèrent la tête vers ce dernier tandis qu'il tentait de rassurer son futur gendre en lui confiant que Dougal était un plaisantin et que cette histoire de kilt était une boutade. Armando lui jeta un regard plein de gratitude.

C'est à cet instant que lord Gordon intervint. De sa voix de stentor, il cracha qu'il était de toute façon hors de question qu'un "étranger" ne porte le vêtement si traditionnel et noble de leur famille. Cela jeta un froid sur la tablée. Armando déglutit avec peine. Cette fois, ce n'était plus drôle.
Véronica devint rouge comme une fraise et voulut calmer son grand-père. Malheureusement, le vieil homme explosa. L'agent grimaça en constatant que pour le lord il ne restait qu'un "étranger". Apparemment, ses origines italiennes allaient réellement poser problème avec lui...Mais le pire fut que Sir Gordon s'attaque à Véronica. Il la qualifia de "petite fille bien trop gâtée" et s'en prit également à Dougal et à sa femme qui ne parvenaient pas à faire d'enfants. Cette fois, le souper virait au règlement de compte. Armando avait blêmi et lâché ses couverts pour s'essuyer convenablement la bouche afin de pouvoir parler avec dignité.


- Allons...je...

Mais Véronica explosa à son tour et répondit à sa place. Hors d'elle, elle se leva brusquement, en renversant son verre par mégarde, pour hurler à son aïeul que son fiancé valait bien mieux que tous leurs ancêtres réunis et qu'il était hors de question qu'il porte un kilt un jour. Décontenancé, Armando lui jeta un regard où l'on put lire sa surprise d'être porté si haut dans son estime et sa peine de la voir aussi agitée et blessée. La pauvre jeune femme perdait ses moyens. Déjà, l'Italien sentait que ses larmes n'allaient pas tarder à poindre, cela s'entendait dans sa voix qui se brisait de colère et d'affliction.

- Véronica...murmura-t-il dans un souffle.

Mais la belle ne l'entendit pas. Aveuglée par sa colère, et sans doute par un sentiment effroyable de honte maintenant que le silence s'était abattu sur la tablée, elle quitta la salle à manger et disparut dans les couloirs. Une porte claqua et les convives se retrouvèrent muets de stupeur.
Armando serra les dents. Cette fois, le vieux scottish était allé trop loin. Il ne pouvait pas lui permettre de parler ainsi, que ce soit de lui, de ses enfants ou de sa petite fille ! Il arrive un âge où un homme doit savoir défendre ce qu'il aime en dépit de son image ou de la courtoisie.


- Monsieur, fit-il en jetant un regard noir au vieil homme, vous pouvez me considérer toute votre vie comme un vulgaire étranger, un parvenu, qui empiète sur vos terres et vient jeter à bas vos traditions, mais je ne permettrai pas une seule seconde que vous insultiez Véronica.

Se levant soudain, l'Italien jeta brutalement sa serviette de table près de son assiette et pointa du doigt son adversaire. Son regard s'intensifia à mesure qu'il parlait.

- Votre petite-fille est la femme la plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de rencontrer. Véronica est tout sauf une enfant gâtée. C'est une femme qui a du mérite, et vous le savez. Elle travaille dur, terriblement dur, au coeur d'un monde d'hommes où son sexe est considéré au mieux comme un fardeau, au pire comme un esclave. C'est une âme forte, pleine d'ambition, de bon sens et de coeur ! Elle ne vit que pour aider son prochain et je refuse de vous entendre la dénigrer ainsi !

Crispé, Armando se redressa un peu pour toiser le vieil homme de plus haut et adopter ainsi une attitude plus droite. Son but n'était pas de menacer le lord, mais bien de lui faire comprendre que rien ne l'arrêtait quand il s'agissait de défendre sa bien-aimée.

- Quant à moi, sachez Monsieur que la famille dont je suis issu, les Della Serata, a longtemps été parmi les plus illustres familles de la grande aristocratie italienne. Mon nom est connu de l'ensemble de mon pays natal et l'on peut encore le trouver dans les registres les plus prestigieux. Sachez également que si je ne puis plus justifier la particule qui y est rattaché, ce n'est qu'à cause de la mort prématurée de mes parents et de mon choix de faire carrière dans la police. Je préfère vivre en tant qu'inspecteur et apporter aux gens un semblant d'espoir au milieu de la nuit plutôt que de me vautrer dans ma propriété en Italie. Propriété qui, tenez-le pour dis, ferait facilement pâlir votre jardinier.

Armando n'en avait jamais parlé à Véronica mais il était vrai qu'il possédait en vérité une immense propriété et que sa fortune l'attendait, bien au chaud, entre les mains de son oncle, Léonardo.

- Je suis peut-être italien, Monsieur, reprit-il avec fougue, mais mon éducation est sans doute équivalente à la vôtre, à ceci près que je demeure tolérant, comme votre petite-fille. Ne sommes-nous pas tous nés de Dieu ? A moins que ce que l'on nous enseigne à l'église ne soit que boniment...

Armando avait l'horrible impression qu'il allait trop loin mais, maintenant qu'il était lancé, c'était trop tard pour faire demi-tour : autant aller jusqu'au bout et dévoiler tout ce qu'il avait sur le coeur.

- Je respecte votre famille, votre lignée, les exploits de vos ancêtres et vos traditions, mais je ne compte pas vous laisser interférer dans ce mariage qui est le mien. Je viens de faire des milles pour venir à Castle Leod vous rencontrer et vous tendre une main pleine d'amitié et de bonne volonté. Je suis même prêt à porter le kilt ou tout autre vêtement que vous me confierez selon votre bon plaisir ! Peu m'importe ! Mais si je dois emmener Véronica en Italie pour la marier, alors je n'hésiterais pas à m'en donner les moyens.

C'était dit.

- Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une fiancée à retrouver. Elle qui se faisait une telle joie de nous rassembler...


Sans se préoccuper des réactions des uns et des autres, Armando quitta la table et franchit bien vite la porte qui donnait sur le hall d'entrée. Bientôt, il se retrouva dehors. Quelques torches de jardin avaient été allumées mais il en manquait pour que le chemin soit suffisamment éclairé. Où avait bien pu passer l'Alchimiste ? Armando avait sa petite idée...
Il ne fallut pas longtemps pour que l'Italien retrouve le chemin qui menait au saule sous lequel ils s'étaient reposés dans l'après midi. Lentement, avec précautions, il se faufila sous ses grands rameaux si caractéristiques et s'approcha du banc. Véronica s'y trouvait bien. En position presque fœtale, la jeune femme pleurait à chaudes larmes. Comme il s'y attendait, la belle n'avait pas supporté le poids de cette scène.
Sans un mot, le jeune homme s'assit près de la belle et la prit dans ses bras. Tendrement, il la laissa pleurer contre lui et exprimer son désarroi. La pauvre était secouée par les paroles de son grand-père et il y avait de quoi...
L'agent lui caressa les cheveux tout en la gardant contre lui. Il demeura silencieux un moment, pour laisser à la jeune femme le loisir de soulager sa peine. Puis, quand il sentit ses pleurs perdre en intensité, il lui releva lentement le menton et lui sourit d'un air presque criminel.


- Tu sais, après ce que je viens de lui dire, ton grand-père doit vouloir me pendre...avec un kilt.

Son rire se perdit dans le baiser qu'il donna à Véronica. Sans plus se préoccuper de morale ou de bienséance, il prolongea son étreinte avec force. Leurs deux corps, pressés l'un contre l'autre, dégageaient une chaleur que même le froid de la nuit ne pouvait atténuer.
Lorsque l'agent détacha ses lèvres de celles de sa compagne, il plongea ses yeux dans les siens. Son regard en dit long sur sa détermination. Cette fois, il ne laisserait personne lui dicter ce qu'il devait faire. Certes, il n'était pas chez lui et il se devait de respecter la famille qui l'accueillait, mais il ne comptait pas non plus laisser qui que ce soit l'insulter et blesser sa bien-aimée ! Le vieux lord n'avait qu'à bien se tenir !


- Je ne connais guère le caractère des Écossais, confia Armando d'une voix douce, mais je peux te dire qu'un Italien est sans doute plus buté que quiconque sur cette terre.

Son sourire fut à la fois assuré et tendre. Sa main vint frôler la joue de Véronica et replacer une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.

- Allons, viens...Nous devons y retourner. Le dessert nous attend.

Lui tendant le bras, l'agent obligea presque la jeune femme à lui prendre pour le suivre. Il allait la reconduire à table et redonner à cette soirée la beauté qu'elle devait avoir. Véronica allait devoir supporter son acharnement encore longtemps : Armando était bien décidé à l'épouser et, plus que jamais, à faire ses preuves. Il n'était pas né celui qui l'empêcherait de la prendre à ses côtés !
Cependant, une ombre planait désormais plus franchement sur son coeur. N'avait-il pas insulté ses parents en rabrouant le grand-père ? Mettre en avant son ancien titre et sa propriété italienne avait été de très mauvais goût. Et puis, son attitude, bien trop belliqueuse, n'avait-elle pas choquée outre mesure les femmes qui étaient présentes ? Pauvre lady Isobel...Tant pis, il fallait désormais assumer ses paroles et garder la tête haute.


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Eilean Donnan Castle Highland par Antiquus Lupus.
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeMar 17 Avr - 22:30

Réunion de Famille
armando & veronica


Véronica avait eu peur, terriblement peur que les accès de colère de son grand-père ne fassent fuir Armando. La perspective de voir sa famille rejeter son fiancé, de voir son bonheur lui échapper, l'avaient faite sombrer dans le désarroi. Mais bien vite, un crissement de chaussures sur les graviers, une main chaude posée sur ses épaules et l'odeur doucement musquée des vêtements de l'italien vinrent la rassurer. Il passait au-dessus de tout cela, pour elle. L'écossaise se consola dans ses bras, isolée de tout sous ce saule centennaire. Elle serra la taille de l'enquêteur aussi fort qu'elle le put. Le flot de larmes finit par se tarir lui-même, laissant à nouveau place à la prairie paisible de ses yeux.
Lorsque son tendre aimé lui sourit, complice, en évoquant la perspective d'être étranglé par un kilt, elle ne put s'empêcher de lâcher un rire franc avec un regard amusé et coupable à la fois. Puis ce sentiment se perdit bien vite dans un langoureux baiser, qui lui fit fermer les yeux et trembler de délectation. Son coeur battit une nouvelle fois la chamade alors que sa chaleur voulait se mêler à la sienne, plus que jamais. Une de ses mains se perdit dans la chevelure de geais de l'enquêteur du Yard, jusqu'à-ce qu'ils décident de séparer leurs lèvres. PLus le temps passait, plus la jeune femme semblait devenir dépendante de cette sensation grisante que lui procuraient ses baisers.
Elle sourit à nouveau lorsqu'il lui confia qu'un italien restait plus buté qu'un écossais. De cela, elle n'en avait presque aucun doute, mais son grand-père restait un sacré morceau !


- Il est buté... Il l'a toujours été. Ce qui était autrefois le clan Mackenzie a été quasiment décimé lors de la bataille de Culloden Moor, qui a signé la fin des chefs des Highlands. Il est le descendant de l'un des rares survivants de cette terrible bataille et a dû plier l'échine face aux anglais pour pouvoir récupérer les terres sur lesquelles nous nous trouvons et préserver ce qu'il en restait... c'est un homme qui a grandi bercé par l'amertume et la peur des étrangers. Un nostalgique d'une époque qu'il fantasme et qui est définitivement révolue, pour son grand malheur.

Bien sûr, cela n'excusait en rien l'attitude de son grand-père, mais elle espérait que cela permettrait à Armando de comprendre que celui-ci n'avait rien contre l'italien en particulier, mais contre tout ce qui n'était pas écossais et qui venait fouler ses terres. Une cicatrice de l'histoire qu'on ne parviendrait jamais à gommer tout à fait...
Sur ces mots, ils glissèrent sur la perspective d'un dessert, auquel la jeune femme acquiesça volontiers. Elle le suivit dans les allées du jardin, un sourire rassuré sur le visage. Elle savait maintenant qu'il ne l'abandonnerait jamais.


****************


Les jours suivants se passèrent sans accroc. Le vieux lord semblait avoir abandonné la joute verbale pour se renfermer dans son mutisme habituel tandis que l'oncle et le père de Véronica se chargèrent de faire découvrir le domaine au futur marié, en l'emmenant à la chasse, à la pêche, en lui faisant découvrir les us et coutumes de la région... Pendant cette semaine, l'alchimiste n'eut que très peu le temps de le voir, hormis au moment des repas et en fin d'après-midi. Elle partageait ses journées entre l'écriture des derniers faire-parts, la confection de sa robe de mariée, le choix du menu, des placements, des fleurs et la création de son trousseau. Tout ceci en étant épaulée par sa mère, sa grand-mère, sa tante et la gouvernante. Elles ne furent pas trop de cinq pour venir à bout de ce travail monstrueux, délégué à la gent féminine. Le prêtre en charge de la paroisse du village se présenta deux fois pour faire répéter les futurs époux.
La jeune femme paniqua à de nombreuses reprises, prenant conscience que tout ce qu'elle voyait encore comme un doux rêve allait finalement se produire. Entre bafouillages, rougissements et maladresses, elle finit par répéter correctement, sous le regard patient de l'homme d'Église. La famille était contente. L'Écosse était en majorité catholique et l'Italie restait la nation mère de cette religion. Il n'y avait donc aucun obstacle à l'union des deux fiancés, ce qui n'était pas pour déplaire à la famille.

Bien qu'on en parla peu, les membres de la famille ne pouvaient s'empêcher de discuter entre eux de la prétendue fortune d'Armando, à laquelle Véronica n'avait jamais fait référence. Était-ce dans un souci de modestie ? Était-elle seulement au courant ? Comment un noble italien pouvait-il devenir enquêteur à Scotland Yard ? Tout le monde voulait en savoir plus mais personne n'osait, par peur de froisser le jeune homme ou de faire de la peine à la future épouse.

La veille du mariage, enfin, les invités arrivèrent. Héritiers de familles des terres voisines, amis de longue date de la famille, amies d'enfance de Véronica, anciens domestiques... L'auberge de la ville fut remplie presque exclusivement de gens se rendant à l'évènement. Bien sûr, une place au sein du manoir fut réservée à Dean, à l'oncle d'Armando ainsi qu'à Mr et Mrs Walters, qui avaient été autorisés à quitter la surveillance de la propriété londonienne de la jeune Newburry pour partager avec elle ce grand jour.
Ce soir là, Véronica ne put rien avaler. Elle se montra aimable avec l'oncle de son futur époux mais se trouva paralysée à l'idée de faire la conversation. On l'envoya se coucher tôt, alors que les autres membres de la famille, plus particulièrement les hommes, restèrent dans l'espoir de grappiller quelques informations à propos de cette famille Italienne qui leur semblait toujours plus mystérieuse.

Étonnamment, Véronica s'endormit comme une masse, devant la fatigue accumulée ces derniers jours. Elle passa une nuit lourde et sans rêves, avant de se faire réveiller aux aurores par une servante. Dans le chateau, les fleurs étaient montées et on préparait déjà la grande salle pour le banquet depuis le tout petit jour. Cette journée promettait d'être fantastique.

Elle prit un bain brûlant et se laissa tresser les cheveux avec le plus grand soin. On la força à avaler un consistant petit déjeuner, avant que sa mère et sa grand-mère ne viennent l'aider à passer sa robe. Celle-ci avait été taillée dans un satin de soie légèrement écru. Les manches étaient droites et courtes et l'avant du corsage était recouvert d'une passementerie en galon doré qui imitait des fleurs sauvages. Elle passa des gants en maille de la même couleur et se vit offrir une capote taillée dans une mousseline de coton très légère, presque translucide, par dessus laquelle on rabattit le voile de tulle. Véronica se contempla dans le miroir et eut un petit hoquet de surprise. C'était réel, tout était réel, enfin... elle faillit s'étouffer d'émotion. Pour parfaire sa mise, sa mère lui offrit un bouquet de lys, maintenus ensemble par un ruban de tarta aux couleurs de son clan. La préparation entière, le passage du corset et l'empilement des divers jupons avaient pris un temps considérable, si bien qu'il était presque onze heures lorsqu'ils quittèrent le château pour l'église, une demi-heure à peine avant le début de la cérémonie. Tout le monde était déjà sur place, il ne fallait pas que le marié et sa dulcinée ne se croisent avant l'heure fatidique.

Dans la calèche, Véronica froissa dans tous les sens son mouchoir de dentelle, incapable de respirer correctement. Elle se sentait presque vidée de toute énergie, Elle ne croyait pas à ce rêve devenu réalité. Elle se serait presque pincée pour savoir si tout était bien réel, tant elle ne pouvait croire qu'Armando ait accepté de l'épouser. Était-elle seulement prête ? Le serait-elle jamais ? Comment en être sûre ?
Elle avait presque envie de faire demi tour en voyant les villageois acclamer la calèche et lancer des fleurs à son passage. Elle ne se serait jamais attendue à être un jour le centre d'une telle attention. Et enfin, la silhouette de l'église, datée de la fin de la période romane, la toisa soudain de toute sa splendeur de pierre. On la fit descendre de la calèche et elle manqua d'en rater la marche. Une dernière fois, elle regarda derrière elle et inspira une grande bouffée de l'air des highlands avant que son père ne la guide vers l'autel, au son d'un air de cornemuse.

Lorsque la jeune femme pénétra le lieu saint, ses yeux semblèrent s'illuminer de milles étoiles alors qu'elle s'avançait vers le prêtre et son futur époux. Qu'il avait fière allure dans son costume ! La queue-de-pie le seyait à merveille et mettait en valeur sa carrure d'athlète. Elle rougit en sentant que les regards se posaient sur elle et garda la tête pieusement baissée en s'agenouillant devant le prêtre, sur le coussin carmin, pour s'empêcher de regarder l'enquêteur. Elle ne voulait pas qu'il sente son trouble et sa fébrilité. Cependant, comme pour le rassurer, lorsqu'elle avait croisé ses mains, elle avait laissé celle qui portait sa bague de fiançailles au-dessus, espérant que l'éclat de la pierre lui évoque la lueur complice qu'il trouverait toujours dans ses prunelles.

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Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Signav10

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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeVen 3 Aoû - 16:09

Armando
&
Véronica

Deux destins liés sur l'autel...


La lettre au commissaire général

Quelques jours après l'incident avec le vieux Scottish, Armando écrivait à son patron. Installé sur le bureau qu'on avait gracieusement fait monter dans sa chambre à sa demande, il trempait sa plume dans l'encrier noir en soupirant d'exaspération. Pourquoi fallait-il mettre autant de formes à un message destiné à une telle carne ? Les hypocrisies de ce genre l'avaient toujours révolté, mais sa bonne éducation en faisait malgré lui un maître dans cet art. Il se dégoûtait lui-même. Pourtant, c'était un mal nécessaire. Un mal pour un bien, comme on dit. Dans deux jours, il serait marié. Véronica deviendrait sa femme et ils iraient s'installer à Londres pour établir leur nouveau foyer :  il aurait besoin d'argent pour affirmer sa position sociale et donc de reprendre le travail. Rétablir ses liens avec le Yard était nécessaire.

En vérité, pour oublier le stress qui commençait à le ronger à l'approche de la cérémonie, Armando s'était replongé dans ses questionnements d'enquêteurs et avait réalisé avec amertume qu'il avait laissé une foule d'affaires en plan...
Où était donc passée la pierre philosophale trouvée chez ce fameux Nikola (ou plutôt Felton) ? C'était un objet dangereux, qui devait être analysé par l'Alchimist Room et sans doute mis sous cloche. L'affaire Maxwell n'était pas terminée...
L'agent avait également en travers de la gorge son petit tête à tête avec Raphaël Veneziano : il n'avait pas réussi à appréhender le criminel alors qu'il lui était tombé dessus en pleine rue...L'affaire du théâtre n'était pas terminée elle non plus. Le comte Keisuke était encore menacé, d'autant que Von Ravellow courrait toujours lui aussi. Cela faisait trop longtemps que la police passait pour un ramassis d'incapables. Sarah Spencer avait même été retrouvée par le Comte en personne. Quelle honte...
Et puis, sa soeur était toujours portée disparue. Même s'il l'oubliait un peu, avec ces histoires qui accaparaient tout son temps, il ne perdait pas de vue son objectif premier qui était de la retrouver. Son coeur souffrait de cet échec et saignait à chaque fois qu'il y pensait. S'il s'était engagé dans la police, c'était pour elle.

L'Agent soupira et continua sa lettre. Le chef divisionnaire devait comprendre que sa mise à pied n'avait que trop duré. Il était désormais rétabli de ses blessures, du moins en grande partie, et s'il ne se remettait pas au travail, il ne le supporterait tout simplement jamais.
Finalement, ce n'était pas réellement une question d'argent, car l'Italien savait qu'il allait recevoir de son oncle une somme conséquente, tirée de l'héritage laissé par ses parents, et qu'elle serait amplement suffisante pour pourvoir aux besoins de son nouveau foyer. C'était une question de principes, et aussi une question d'honneur et de bien-être personnel. Malgré la présence de Véronica, Armando ne pourrait vivre sans exercer ses fonctions d'agent. L'argent n'était qu'un prétexte.

Toutes ces réflexions fort désagréables se mêlaient à d'autres actes manqués qui ne cessaient de lui revenir en tête.
Certains étaient risibles, comme le fait qu'il n'aie pas encore achevé la lecture du
Pèlerinage du Chevalier Harold, que Véronica lui avait offert à l'hôpital. Il avait lu l'Oliver Twist mais n'avait pas trouvé la force de s'attarder sur l'ouvrage de Byron. Malheureusement, il l'avait oublié chez Dean. Quel imbécile !
D'autres le torturaient insidieusement, comme la lettre que Mrs Walters lui avait écrite au sujet des sorties nocturnes de sa future femme. Qu'est-ce qui avait donc tenu éveillée l'Alchimiste avant qu'il ne vienne lui faire sa demande au Yard ? Ce mystère ne s'était guère éclairci puisqu'ils n'en avaient jamais reparlé. Peut-être qu'elle avait travaillé sur la disparition de la Pierre Philosophale ? Un jour ou l'autre, ils allaient devoir ramener le sujet sur le tapis...

Une fois terminée, sa lettre demeura un moment sur son bureau sans qu'il ne la mette sous enveloppe. Il n'était pas certain des tournures de ses phrases et angoissait à l'idée qu'on le renvoie définitivement du Yard. Il savait que sa présence était presque nécessaire dans leurs services, et ce n'était pas de la prétention : on le lui avait suffisamment répété pour qu'il en prenne conscience. Mais le chef divisionnaire pouvait toujours l'assigner à la bureautique et lui interdire le terrain.
Après tout, il s'était mis en danger dans l'East End, avait agi sans mandat, tué des hommes, collaboré avec une Alchimiste d'Etat sans autorisation, violenté un de ses collègues pour une histoire de jalousie après avoir presque forcé l'entrée des bureaux...Il y avait de quoi le mettre au ban...
D'ailleurs, il ne comprenait pas comment il avait réussi à s'en sortir sans procès ou amende conséquente. Dean lui avait dit qu'Anne, sa secrétaire, et lui-même l'avaient couvert en partie mais l'Ialien demeurait persuadé que Diego* avait joué son rôle dans cette histoire.


(*ami et collègue de la section spéciale qu'Armando commandait)

L'horloge sonna 14h. Armando se redressa soudain et quitta son lit sur lequel il s'était laissé tomber. Il plia sa lettre, l'enferma dans une enveloppe et la cacheta rapidement. Il n'était plus temps de se poser ce genre de questions. Ce qui était fait, était fait. La décision finale ne lui revenait pas. Pour l'heure, l'oncle de Véronica l'attendait pour une partie de pêche...


*****************

Préparatifs

Armando souffrit un peu de l'absence de Véronica durant son séjour dans sa famille, mais les rares moments qu'ils passèrent ensemble furent les plus délicieux du monde : promenades, brunch, discussions autour des formalités à venir et de leur aménagement prochain...Ils semblaient toujours s'accorder sur tous les détails. C'était comme s'ils vivaient un rêve éveillé. D'ailleurs, même si l'Italien peinait toujours à exprimer ses sentiments, il s'adoucissait en la présence de la belle Alchimiste et quittait plus facilement son air sérieux lorsque la jeune femme lui souriait avec sa candeur naturelle.
Les deux répétitions qu'ils firent de la cérémonie furent certes des épreuves pour les deux fiancés, mais ils en ressortirent à chaque fois plus confiants que jamais dans leur décision commune de s'unir enfin aux yeux de l'église et de la société. Plus que quelques jours et ils pourraient repartir pour Londres pour fonder leur foyer...

Le temps passa à une vitesse folle pour Armando, d'autant que toute la famille, excepté le grand-père, se souciait de l'occuper et d'apprendre à le connaître. Apparemment, on ne lui tenait pas rigueur de son attitude quelque peu belliqueuse au repas tumultueux dont tout le monde garderait sans doute un certain souvenir. Cela soulagea l'Italien qui avait craint que l'on ne le regarde d'un mauvais oeil après qu'il eût ainsi grondé après l'ancêtre acariâtre.
Pour se faire en partie pardonner, et parce que son éducation était ainsi faite, il ne rechigna jamais à mettre la main à la pâte et proposa systématiquement son aide dans tous les domaines. Il se montra jovial autant que possible et curieux des habitudes de la famille. Il chassa avec entrain, pêcha avec maladresse mais motivation, joua aux cartes avec Dougal qu'il finit par battre...Ce furent des jours paisibles, même si les préparatifs du mariages ne cessaient en arrière-plan.


*****************

Au rendez-vous des amis

La veille du mariage, les amis de chacun arrivèrent. Armando était plus nerveux que jamais, mais la soudaine présence de Dean et de Diego le rassura. Dean lui avait rapporté le costume qu'il avait fait faire sur mesure avant de quitter la capitale et les essayages furent l'occasion pour eux de rire un peu du Scottish qui ne jurait que par le kilt.

- Le noir et blanc te va sans doute moins bien que les carreaux, mais nous faisons ce que nous pouvons, nous autres, fils de la ville et de ses débauches modernes...soupira Dean d'un air grave avant de sourire comme un idiot. Armando lui donna une tape dans le dos et Diego l'aida à finir d'ajuster ses boutons de manchettes.

Le trio se retrouva ainsi avec allégresse et l'Italien se fit une joie de leur faire découvrir le domaine de Castle Leod. Leurs conversations furent légères et détendues. Dans le parc, ils plaisantèrent encore sur la tenue qu'allait porter l'agent le jour des noces ; ils se moquèrent du chef divisionnaire qui s'était apparemment vautré dans une flaque de boue lors de sa dernière intervention sur le terrain...Ils mirent également en scène le fait que Dean allait se retrouver seul sans "son cher et tendre collègue"...


- Tu vas nous manquer...Enfin...me manquer...

- Arrête enfin ! faisait Armando, gêné des fausses démonstrations d'amour de son collègue.

- Ah ! Mon cher ami...Que vais-je devenir sans toi ?

- Trouve-toi donc une femme gros malin ! riposta Diego en lui tendant des fleurs qu'il venait d'enlever d'un vase sur la commode d'Armando.

Dean récupéra le bouquet et le ramena sous son nez pour le respirer comme le ferait une jeune ingénue qui vient de recevoir une marque d'affection particulière de son amant.


- Tu as raison...Ah ! Veux-tu m'épouser, toi ?

La nuit de noces devint un sujet particulièrement redondant. D'après Dean, cette dernière s'annonçait des plus mouvementée et les couloirs du domaine allaient leur faire sentir qu'ils n'avaient rien perdu de leur écho...Armando s'abstint volontiers de faire des commentaires à ce sujet. Il était déjà bien assez impatient et angoissé à l'idée qu'il puisse enfin partager son lit avec la jeune Alchimiste.

L'arrivée de son oncle, Leonardo, fut pour l'Italien une nouvelle bouffée d'air frais. A la mort de son père, il avait pris la relève, pour assurer à sa belle-soeur et à ses neveu et nièce une certaine protection. C'était lui qui les avait aidé à fuir en France puis à s'établir à Londres. C'était également lui qui avait pris soin de cacher une partie de la fortune des Serata et d'entretenir le manoir de son défunt frère. Il avait en outre joué un grand rôle dans la poursuite des hommes d'Arnolfo di la Piazza, celui qui avait été tué en duel par Ricardo, le père d'Armando, et dont les sous-fifres avaient décidé de venger la mort. Armando lui devait une fière chandelle. Même s'il n'avait pas connaissance de tout ce qu'il avait réellement fait pour lui et sa famille, il avait conscience que cet homme-là les avait souvent sorti du pétrin et qu'il demeurait en quelques sortes son ange gardien.
Lorsqu'ils se retrouvèrent, Leonardo le prit dans ses bras avec force, lui tapota les épaules avec un grand sourire, et s'enquit de sa santé d'un air légèrement soucieux. Il avait été mis au courant de l'hospitalisation de son neveu et lui avait beaucoup écrit pendant sa convalescence. Au passage, il l'avait encouragé dans ses projets de mariage et était fier que le jeune Italien aie suivi son coeur plutôt que de céder aux idioties de son supérieur hiérarchique et de privilégier sa carrière ou les rumeurs insignifiantes. Ce n'était certes pas très responsable, du point de vue de la société en tous cas, mais Leonardo était un homme à part...
Armando fut réellement heureux de retrouver son oncle et cela se vit. Leonardo représentait en quelques sortes sa seule famille encore en vie et il avait hâte de le présenter à Véronica. Il avait bien deux tantes, du côté de sa mère, mais il n'avait jamais été proche d'elles.
Bâti comme un lutteur, Leonardo était plus massif que son neveu. A ses côtés, Armando paraissait presque mince malgré ses larges épaules. L'oncle avait également le teint plus mate que celui de son neveu et l'on remarquait aisément que ses cheveux étaient presque bouclés alors qu'Armando les arborait aussi raides que ceux de sa défunte mère. Ils avaient en commun leurs yeux clairs, leurs nez et leurs fronts. Les Serata étaient réputés dans leur région pour leur air sérieux et leur caractère flegmatique mais Leonardo était bien plus expressif que son neveu. Il s'exprimait très fort, avec une voix de stentor qui faisait trembler les murs, sans jamais se départir de ses grands gestes, très italiens, ni de son sourire malicieux. C'était une forte tête qui possédait un grand coeur sous un corps d'athlète. Leonardo approchait de la soixantaine, comme le prouvaient ses cheveux déjà poivre et sel, ainsi que les petites rides qui sillonnaient le bord de ses yeux, mais il demeurait particulièrement robuste et dynamique pour un homme de son âge.


- Ah mon cher neveu ! Comme je suis heureux de te voir !

- Leonardo, le voyage a-t-il été bon ?

- Long ! Affreusement long ! Mais regarde qui m'accompagne...Tu te souviens d'Agathe ?

Agathe était une jeune femme légèrement plus âgée qu'Armando. C'était une domestique qui vivait sous le toit des Serata depuis sa toute petite enfance. Elle avait été recueillie par la gouvernante, à l'époque où la famille jouissait du faste qui était dû à leur rang. Leonardo l'avait ramenée avec lui pour qu'elle puisse offrir ses services à son neveu et à sa femme.

- Je me souviens du temps que l'on passait à te chercher lorsque tu t'échappais avec elle dans les cuisines...

Armando rougit violemment au souvenir de ses escapades dans les cuisines. Il se rappelait qu'il suivait volontiers Agathe pour s'empiffrer de jambon dans le dos de ses parents. La belle avait tellement grandi qu'il ne l'avait pas reconnue. Elle avait pris de la hauteur et des formes. C'était une vraie jeune femme désormais. L'Italien songea soudain à la réaction de Véronica. Et si elle ne désirait pas d'une domestique, surtout de cet âge-là, aussi jolie et complice avec son mari ? Il devait refuser l'offre, c'était évident.

- Je...Je me souviens oui. Mais je doute que je puisse la prendre à mon service. Nous avons un peu discuté avec Véronica. Nos revenus ne nous permettront pas de...

Il se tue. Le regard de Leonardo, insistant, lui coupa la chique aussi vivement que s'il avait pris un couteau pour l'égorger net.

- Ne te moque pas de moi, jeune homme, fit-il avec aplomb. Tu sais que je ne supporte plus de te voir vivre en-deçà de tes réels moyens.

Heureusement, seuls Dean et Diego, qui étaient assez près des deux hommes, entendirent cette réflexion légèrement sèche. Armando grimaça un instant face à la raideur dont faisait soudainement preuve Leonardo. Il acquiesça lentement, pour étouffer l'affaire, avant de le conduire auprès de ses hôtes. L'agent fit rapidement les présentations, annonçant son oncle comme un négociant d'étoffes et de fusils, ce qu'il était effectivement en partie.

- Mes hommages ! Je suis honoré de faire votre connaissance ! Tenez, c'est pour vous...

Leonardo avait ramené des présents pour la belle famille : un immense chapeau orné de plumes de faisan doré et de canard pour Moira, des biscuits italiens et du vin pour les hommes, ainsi qu'un petit tableau qui représentait un lac entouré de verdure réalisé par un artiste Florentin.

- C'est le lac de Côme. Je m'y suis arrêté sur le chemin.

Un peu plus tard, Armando parvint (avec difficultés) à trouver Véronica et à lui présenter son oncle. Leonardo lui fit un baise-main un peu osé et planta ses deux yeux dans les siens. Il sembla sonder son âme avec bienveillance.

- Mademoiselle, j'étais déjà au paradis en entendant que mon neveu allait enfin se marier, mais votre vision me donne soudain l'impression que notre Seigneur cache des lieux bien plus somptueux d'où descendent les anges de votre espèce...

Armando leva un sourcil, profondément surpris d'entendre une chose pareille sortir de la bouche de son oncle. On eut cru un charmeur en plein coeur d'un bal. Ce n'était pas du tout dans son genre de faire de semblables métaphores. Leonardo lui jeta un regard amusé et leva les yeux au ciel.

- Tu oublies souvent que je suis un homme...Je serai presque jaloux...

Plus tard, Armando expliqua à Véronica que son oncle n'avait jamais pris femme et qu'il s'était résolu à ne jamais en prendre. Pourquoi ? Il n'en savait rien...

Lorsqu'ils furent seuls, Leonardo s'entretint avec son neveu comme un père l'aurait fait.
Il loua la beauté de Véronica et le félicita quant à son choix d'épouse. Il la trouvait magnifique mais aussi intelligente. Il disait que rien qu'à son maintient et à son langage il avait senti qu'elle avait du caractère et cela lui plaisait beaucoup.
Puis il redevint plus sérieux et exposa à Armando les décisions qu'il avait désormais à prendre. Qu'allait-il faire de son héritage ? Allait-il ENFIN le revendiquer ? Ils débattirent pendant des heures, dans les jardins du domaine, et finirent par se mettre d'accord : Armando accepta de prendre une partie de l'argent qui lui était dû afin de mettre son ménage à l'abri du besoin. Il ne comptait surtout pas en faire étalage mais au moins en utiliser une fraction pour payer les domestiques et la maison.
L'agent ne voulait absolument pas que l'on déterre son passé et que l'on s'intéresse trop à sa vie privée. Il refusait de reprendre son statu d'aristocrate, d'organiser des réceptions et de se pavaner au milieu du beau monde.
Leonardo comprenait cette façon de voir les choses mais regrettait que Véronica dusse vivre comme une bourgeoise alors que son mari aurait pu lui offrir bien meilleure place. Finalement, il fut convenu que le manoir en Italie resterait sous sa bonne garde jusqu'à ce qu'Armando se décide à le récupérer.


- Tu n'as toujours pas renoncé à ta soeur ? demanda-t-il soudain après un certain silence. Tu en as parlé à Véronica ?

Armando resta muet mais fit "non" de la tête. Il était inutile de se lancer sur ce débat-là, la veille de son mariage. Ce sujet, particulièrement fâcheux, risquait de les brouiller tous. Comment son oncle pouvait-il croire qu'il abandonnerait ses recherches ? C'était-là remettre en question tout ce pourquoi il était devenu agent du Yard...

Heureusement, Leonardo n'insista pas et la fin de soirée fut d'un rocambolesque farfelu, notamment à cause de Dean qui poussa l'agent dans un ruisseau et de Diego qui lui mit dans les mains un pistolet au canon particulièrement énorme afin qu'il l'essaye. Ce fut un bon moment, entre hommes, au coeur duquel l'Italien se rendit compte qu'il tenait à ses amis bien plus qu'il n'avait jamais pu l'imaginer. La trahison de Jonathan l'avait blessé mais il lui restait deux partenaires réellement fiables et agréables.


*****************

L'heure de vérité a sonné

Le grand jour arriva et Armando se sentit bientôt écrasé par la pression qui ne cessait d'augmenter. Il était heureux, c'était certain, mais à mesure que l'heure fatidique de la cérémonie approchait, il devenait aussi nerveux qu'un étudiant face à un examen décisif pour sa carrière. Dean et Diego eurent bien du mal à le raisonner au fil de la matinée et même Leonardo ne parvint par à l'empêcher de fumer un cigare ou deux, ni de boire quelques verres pour se détendre.
Étrangement, ce n'est que lorsqu'il fut dans l'église, au frais, près du prêtre qu'il connaissait maintenant un peu, qu'il se détendit. Le silence s'était fait dans le lieu saint et même si la majorité des regards se tournaient encore vers lui, il savait que tous ne pensaient qu'à une personne en particulier : Véronica. Pour lui, les jeux étaient faits. A moins que le grand-père de la jeune femme ne se lève pour interdire le mariage, il n'avait plus qu'à réciter ce qu'il avait scrupuleusement appris et à faire de sa fiancé sa femme. L'effervescence des préparatifs lui semblèrent bien loin.

Dehors, des cris de joie retentirent bientôt et la calèche de Véronica s'avança. Armando et les membres de la famille qui occupaient l'église ne pouvaient pas la voir mais chacun tendait malgré tout le cou dans l'espoir d'apercevoir la jeune femme. Le coeur de l'Italien se remit à battre à tout rompre. Cette fois, il ne pouvait plus reculer sans faire de scandale.
Lorsque la belle Alchimiste entra dans l'église, l'agent entrouvrit la bouche, ébahi par sa beauté. Il avait toujours trouvé que Véronica possédait une beauté étrange, peu habituelle, et cela lui avait toujours plu. Mais dans cette robe brodée, Dieu ! Qu'elle était belle !
Dans les premiers rangs, Dean fit un geste de la main vers son collègue pour lui rappeler qu'il avait de la chance et fit semblant de bouder de jalousie. Cela eut le mérite de faire sourire l'Italien qui avait figé son expression et de le ramener à la vie.
Armando regarda l'Alchimiste évoluer dans l'allée centrale au milieu des invités qui s'étaient levés à son arrivée. Tous les regards étaient braqués sur elle, la merveilleuse apparition de la journée. Les dames observaient sa robe et son maintient, tandis que les hommes louaient la beauté de son visage ou de ses formes. L'Italien se demanda soudain si sa queue-de-pie allait convenir à la jeune femme...Il avait tant hésité à revêtir l'uniforme du Yard...
Lorsqu'elle arriva à son niveau, l'agent gratifia Véronica d'un sourire confiant. Il se voulut rassurant et ne cacha pas son admiration. Bien sûr, il vit qu'elle avait pris soin de porter la bague qu'il lui avait offerte et cela lui fit le plus grand des plaisirs.
Le prêtre attendit que tous soient en place et la cérémonie commença réellement. Tout passa à une vitesse extraordinaire aux yeux d'Armando. Lui qui pensait qu'il trouverait la cérémonie aussi longue et ennuyeuse que celles auxquelles il avait déjà assisté, trouva la sienne étonnamment courte. Peut-être était-ce tout simplement une impression ? Ne dit-on pas que pour celui qui vit les événements ces derniers semblent toujours plus véloces ?


- Vous pouvez embrasser la mariée.

Comment décrire l'explosion de joie qui gonfla le coeur d'Armando lorsque, enfin, Véronica et lui purent s'embrasser sur l'autel ? Les vitraux tonnèrent, le soleil les éblouit, le riz et les fleurs les couvrirent de baisers, les rubans de ces dames firent comme une corolle de couleurs autour d'eux et les applaudissements rugirent alentours. Le village était en liesse. La famille semblait ravie de cette union. Les amis chantaient déjà dans la rue. Jamais une calèche ne parut plus accueillante que celle qui les emmena tous deux vers le buffet qui les attendait au château...


*****************

Festivités

La suite de la journée fut remplie d'allégresse. Le buffet offrit à tous de quoi se rassasier à loisir et de quoi se désaltérer avec goût. La famille Newburry n'avait pas lésiné sur les moyens pour offrir à leur fille unique les noces de ses rêves. Armando et Véronica reçurent maints cadeaux de la part de la famille et de leurs amis. Ils passèrent beaucoup de temps à remercier les uns les autres.

- Je n'en reviens pas que le vieux Scottish n'aie pas interrompu la cérémonie !

- Chuuut...Ne l'appelle pas comme ça. Armando va te tuer. Ah ah ! Goûte ça, c'est au fromage je crois.

Les invités semblèrent beaucoup s'amuser durant ces festivités. Armando avait imaginé une soirée très calme, mais il fut agréablement surpris par les Ecossais. Musiques, danses traditionnelles et plats en abondance ponctuèrent une entreprise délicate en laquelle il n'avait jamais réussi à placer ses espoir avant de rencontrer la belle Alchimiste. Le sourire aux lèvres, un verre dans la main, il la regardait, heureux et fier d'être enfin son mari.


CODAGE PAR AMIANTE


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Eilean Donnan Castle Highland par Antiquus Lupus.
Ayami Kojima


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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeMer 15 Aoû - 11:03

Réunion de Famille
armando & veronica


Baignée par la lumière des vitraux, le cœur battant et les yeux écarquillés, la jeune écossaise se pensait en plein rêve. Cet instant tenait de l’irréel. Encore quelques mois en arrière, elle était persuadée de finir vieille fille, et voilà qu’aujourd’hui le destin faisait d’elle une femme accomplie. Elle ne vit pas passer la longue litanie du prêtre et ses mains tremblèrent d’émotions au moment de prononcer les vœux. Armando put sentir la fraîcheur inhabituelle de ses doigts quand elle lui passa son alliance, sous le regard bienveillant de l’assemblée. Enfin, lorsqu’il souleva son voile pour l’embrasser enfin, ce fut comme si elle le redécouvrait. Et elle l’embrassa, oh, elle l’embrassa comme si c’était la dernière fois, sous les acclamations de la foule. Plus rien ne comptait désormais que la peau douce de l’italien, son souffle contre le sien, alors que son cœur tambourinait plus fort que ceux de l’orchestre qui avait commencé à jouer.

Le retour à la maison, sous les airs de cornemuses et les chants du cortège. Véronica, logée dans les bras de son époux, regarda les villageois, sa famille, le ciel bleu, avec un sourire qui faisait le tour entier de son pâle visage aux joues rosies d’émotion.
Sous les fleurs et le riz, ils entrèrent dans le château, où la salle d’armes avait été dressée pour un banquet sans pareil. Jamais autant on ne mangea et on ne rit. Même le vieux grand-père de Véronica se surprit à sourire et se leva pour ouvrir le buffet. Accompagné par les sonneurs, il chanta de sa voix de Highlander éraillée, une balade qui était parue l’année précédente.

- By yon bonnie banks and by yon bonnie braes
Where the sun shines bright on Loch Lomond
Where me and my true love will never meet again
On the bonnie, bonnie banks o' Loch Lomond…



Ce chant qui sonnait presque comme un adieu fit presque pleurer la jeune femme, qui alla serrer le Scot dans ses bras. Pendant un bref instant, son visage sembla s’éclairer d’un sourire avant de retrouver bien vite sa mine grave.
L’alcool et la nourriture à profusion auraient rassasié une armée sans difficulté. La famille avait d’ailleurs décidé de donner tout ce qui n’aurait pas été utilisé aux petites gens du village, qui s’étaient également vu offrir une prime pour l’occasion.
Pendant une bonne partie de la soirée, Véronica resta sagement au côté de son époux, à recevoir les présents qu’on offrait au futur ménage. De la vaisselle, des torchons, des draps de belle qualité, des tissus afin de confectionner des vêtements, des objets de décoration, une ménagère…Au fur et à mesure que les objets s’entassaient, l’Alchimiste pensa qu’il lui faudrait bien quelques congés supplémentaires afin de mettre en route leur petit ménage. En bon italien, l’oncle d’Armando, qui avait déjà paru très sympathique à la jeune femme, revint accompagné d’une jeune femme qu’elle avait entraperçu sans lui parler. On la lui présenta sous le nom d’Agathe, elle se proposait pour servir dans leur futur ménage. Elle comprit que son époux et elle étaient proches. Bien qu’elle eut un léger pincement au cœur devant la sympathie qu’ils semblaient éprouver, accentué par la grande beauté de la domestique, Véronica n’eut pas le cœur de refuser, alors même que son mari éprouvait quelques réserves.

- Je m’en voudrais de la renvoyer si loin après tout le chemin qu’elle a fait pour venir nous voir… Et je dois admettre que l’âge avancé de Mrs Walters ne lui permet pas d’être aussi efficace qu’elle l’était autrefois. Un peu d’aide lui ferait du bien, elle pourrait achever de la former aux coutumes anglaises, qu’en penses-tu ?

Elle se mordilla la lèvre un instant, s’arrêtant pour prendre en compte l’aspect financier de la chose. Trois domestiques signifiaient autant de gages à payer, et la jeune femme ne voulait surtout pas se trouver dans l’incapacité de rémunérer correctement son personnel de maison.

- Cependant, il nous faudrait examiner nos rentes respectives avant de prendre une décision finale, mais j’imagine que si nous travaillons tous les deux, tout devrait bien se présenter.

Avec une grande délicatesse, elle posa sa paume sur le bras de son amant et riva ses grands yeux verts dans les siens.

- Cela te plairait-il ?

Quelques temps plus tard, la musique se lança enfin. Pas de quadrille ou de polka, chez les Newburry et les McKenzie, la tradition était à l’honneur. Comme un pied de nez aux anglais, qui avaient espéré étouffer le folklore écossais sans y parvenir, les bourdons des cornemuses et le rythme soutenu des tambours montaient dans l’air et emplissaient l’espace. Véronica bondit de joie aux premières notes et entraîna son époux dans une ronde endiablée.
Quand elle dansait, l’Alchimiste timide et maladroite devenait une flamme vivace au sourire éclatant. Sous sa robe immaculée, ses pieds s’envolaient et battaient en rythme. Elle ne se souvenait pas d’avoir dansé avec son époux depuis qu’ils se connaissaient. Il devait la découvrir sous un jour bien différent ! Dans un grand éclat de rire, elle pressa les mains de l’italien dans les siennes et tournoya sur elle-même alors que la ronde se désolidarisait.
Bien sûr, comme elle le savait encore blessé, elle ne l’obligea pas à rester pour toutes les danses afin de ne pas faire souffrir sa jambe. Prévenante, la jeune femme aux yeux d’émeraude le laissa en grande discussion avec ses amis du Yard pour danser avec les femmes de sa famille et ses quelques amies d’enfance.

Quelques temps plus tard, elle revint le trouver, essoufflée et rosie par l’effort. Quelques mèches et fleurs s’étaient échappées de son chignon délicat. Elle s’empara elle aussi d’une coupe de champagne et sourit à Dean et Diego.

- Messieurs, j’espère que la soirée vous plaît ? Je suis heureuse que vous ayez pu faire le voyage.

Elle reporta son attention sur son époux et sourit en tentant maladroitement de replacer une des mèches de son chignon.

- J’ai bien cru que je ne quitterai jamais cette ronde, mes amies sont inarrêtables ce soir ! Comment te sens-tu… ?

Elle s’inquiétait de ses blessures et de sa fatigue mais son air ravi la rassurait. Elle mourrait d’envie de se blottir dans ses bras et de le serrer contre elle mais la bienséance et la timidité la retenaient encore. Elle allait pour parler, quand, soudainement, l’horloge sonna. La nuit était déjà tombée depuis un moment mais elle ne se doutait pas qu’il était déjà minuit !
L’orchestre cessa soudainement de jouer alors que Dougal, déjà sévèrement arrosé, déclarait d’une voix forte :

- AH AH ! IL EST L’HEURE !

Véronica remarqua le subtil coup dans les côtes que son épouse lui décocha, alors que ses parents approchaient. Duncan, l’air gêné, serra la main d’Armando et embrassa sa fille sur le front alors que Moira la serra contre elle, chaleureuse.

- Il est de coutume qu’à minuit, les époux se retirent de la fête… Nous avons fait préparer une chambre, vous n’aurez qu’à suivre les rubans blancs.

Elle avait dit tout cela avec un calme qui ne lui ressemblait pas. Il était aisé d’imaginer qu’une mère n’était jamais tout à fait préparée à l’instant où ses propres enfants franchiraient le dernier pas qui les séparait de leur vie d’adulte. Rougissant, Véronica s’accrocha au bras de son époux alors que l’orchestre jouait une dernière balade. Le long des escaliers et des couloirs, les rubans blancs les guidèrent jusqu’à une porte en bois massif, délicatement ouvragé. Les bruits de la fête n’étaient désormais plus que des murmures étouffés alors qu’ils entrèrent dans la pièce. Les fleurs qui décoraient richement l’endroit et les draps frais crééaient une atmosphère paisible qui rassura l’Alchimiste. Lorsque la porte se referma sur eux, elle sentit son cœur faire un petit bond. Elle se doutait de ce qui allait suivre sans arriver à placer de mots dessus. Elle désirait cet instant autant qu’elle le redoutait et se sentit très gauche.

Elle osa à nouveau regarder son époux dans les yeux et réalisa combien elle était chanceuse de l’avoir. Portée par un élan d’affection, elle se précipita dans ses bras et le gratifia du plus doux des baisers.

- Je t’aime tant…

Au fil de leurs baisers, avec une grande délicatesse, Véronica prit le temps pour l’aider à défaire son corsage complexe et sa jupe. Elle n’avait aucune envie d’écourter ces instants, alors que sa respiration s’accélérait de minute en minute et que sa poitrine semblait sur le point d’exploser. Doucement, ses propres mains parcoururent le large dos de son époux et le débarrassèrent de sa redingote, puis de son veston.
Lorsque sa chemise glissa, elle rougit de pouvoir détailler son torse taillé par l’effort. Elle même n’était guère plus qu’en chemise et en bas.
Sa respiration lui parut s’arrêter lorsqu’elle s’allongea sur les couvertures moelleuses, noyée sous les caresses et les baisers. Les dernières épaisseurs de tissus finirent par disparaître à leur tour, les laissant ainsi comme au premier jour. Les joues cramoisies, l’Alchimiste chercha une ancre dans les yeux noirs de l’Italien. Elle brûlait de désir et de curiosité autant que de crainte. D’une voix soudain très atténuée, elle s’entendit prononcer quelques mots, comme si elle se trouvait à l’extérieur de sa propre enveloppe charnelle.

- Est-ce que… est-ce que je vais avoir mal ?

Véronica n’avait entendu que des bribes de ce qui était sensé se passer entre un époux et sa femme. On l’avait parfois entretenue de la douleur que l’épouse se devait de ressentir. Elle se doutait que, comme la plupart des hommes au moment de leur mariage, son époux était déjà déniaisé depuis un long moment. Il saurait sans doute la rassurer…
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Armando della Serata
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Réunion de Famille [Armando et Véronica] [Écosse, 28/07/42] Icon_minitimeDim 2 Sep - 22:01

Armando
&
Véronica

Maintenant et à jamais.


Cornemuses endiablées, confettis en fête, verres baignés de liqueurs, plateaux garnis de victuailles sans mesure, chants tonnants, danses effrénées, rires en cascades...Jamais Armando n'aurait imaginé retrouver avec autant de plaisir le faste des grandes réceptions qu'il avait pu connaître dans sa jeunesse, à l'époque où sa famille  connaissait la paix et la prospérité. Il n'en avait que peu de souvenirs, mais cette réception en l'honneur de son mariage ravivait chez lui quelques notions floconneuses, voletant dans son esprit embrumé, comme des cristaux précieux retrouvés au fond d'une malle couverte de velours. C'était donc ça la nostalgie ?

Se laissant prendre au jeu des mondanités, l'agent du Yard avait bu sans excès mais sans se retenir non plus. Il avait bien mangé, goûtant avec délice à tout ce qu'il ne connaissait pas, notamment sous les encouragements de Dean, et il avait même dansé quelques bondissantes étrangetés écossaises que la belle famille avait tenté de lui apprendre. Il avait tenu la taille de son épouse avec fierté, écouté les chants des anciens avec émotions et n'avait pas lésiné sur les courbettes et politesses face à chacun des invités qui venait lui offrir bénédictions et présents.

L'oncle Léonardo et son envie d'offrir au couple les services d'Agathe ne réussirent pas à ternir la soirée d'Armando. Le discours que le chasseur lui avait imposé en tête à tête au sujet de l'argent des Serata et son agacement visible quant à la vie que son neveu menait depuis des années ne furent qu'une petite tache dans le paysage merveilleux qui se dessinait devant ses yeux.
Finalement, Véronica accepta Agathe. Douce et complaisante, elle le rassura de sa voix et de ses gestes tendres en lui disant que la jeune femme pourrait grandement aider Mrs Walters et que cette dernière l'aiderait également à parfaire son anglais. L'argent ne manquerait pas tant qu'ils travailleraient.
Armando serra sa main sur son bras et lui sourit, heureux. Il mourait d'envie de lui avouer maintenant que l'argent ne serait pas du tout un problème, mais il désirait lui exposer les choses à sa façon, dans un contexte plus favorable aux confidences.


- Oui...Tu as raison, chérie. Nous allons la prendre à notre service. Elle sera bien avec Mrs Walters...Cela me fera plaisir, oui.

Véronica sut conserver son rôle de nouvelle épouse et laissa autant de place à son mari qu'à sa famille. Elle lui permit de rester avec ses amis et de profiter de la fête sans le préoccuper avec des sottises, ce qui n'était pas le cas de toutes les femmes dans pareille situation. Armando eut donc le loisir de discuter longuement avec Dean et Diego. Ensemble, le trio observa les invités et rirent beaucoup au sujet des dernières frasques du Yard. Ils mirent un point d'honneur à évoquer la journée de la veille et leurs petites débauches passées, ainsi que le kilt du vieux Scottish. L'Agent n'écouta parfois qu'à moitié ses deux comparses. Même s'ils rivalisaient d'ingéniosité pour trouver des surnoms aux petits nouveaux du Yard ou à chercher à quel vert correspondait celui qu'arborait la pelouse en Ecosse, il préféra s'attarder sur Véronica. Son regard la suivait dans ses danses folkloriques et son sourire éclatant faisait battre son coeur comme jamais.
Lorsqu'elle revint vers eux, après avoir effectué quelques pas à une cadence incroyablement soutenue, son teint rosi le frappa :  qu'elle était belle ! Qu'elle était rayonnante  dans cette robe ! Comme il la désirait !
Dean et Diego s'interrompirent dans leurs blagues et la considérèrent d'un oeil jovial. C'est que la petite Newburry avait de l'allure et du goût ! Ils étaient fort contents d'attirer son attention et de répondre à ses questions de circonstance.


- Mais nous allons très bien, ma chère amie...fit Dean en esquissant un petit bond vers elle. Votre mariage est une réussite ! Je vous en félicite ! Le plus beau que j'aie pu voir ! Ce folklore ! Ah ! Je trouve ça fantastique !

- Mon ami a raison, Miss Newburry...Heu...Mrs della Serata devrais-je dire. Diego rougit un peu, confus. C'est une belle fête !

Armando sentit un léger vide s'emparer de son estomac et grimaça sans s'en rendre compte. "Véronica della Serata"...C'était tout de même étrange de donner son nom à quelqu'un ! Étrange et étonnamment grisant. La lignée continuerait avec lui et il en éprouvait soudain une très grande fierté.

- Je vais bien, oui, ne t'en fais pas, fit-il tendrement en lui replaçant une mèche derrière sa petite oreille. Il passa son bras autour de sa taille et la serra un peu contre lui.

L'après-midi et la soirée étaient passées à une vitesse vertigineuse. Le soleil s'était déjà couché sur l'horizon des highlands et les ombres ne s'écartaient que grâce aux torches, lampions et bougies disposés un peu partout dans le domaine et sur ses pourtours. Comme s'il s'éveillait d'un étrange conte de fée pour retomber dans un autre, l'Italien vida son verre et sourit à Véronica, d'un air sans doute un peu bête.
L'orchestre s'arrêta soudain et Dougal poussa un cri d'appel. Sur le coup de la surprise, l'Agent fronça les sourcils : qu'avait-il donc à s'agiter de la sorte ? Mais lorsqu'il comprit que c'était l'heure pour lui de jouer son rôle de mari et de s'isoler avec Véronica dans leur chambre nuptiale, il devint cramoisi et serra son verre comme pour s'accrocher à une bouée tandis que son esprit s'affolait, à la dérive, et que des vagues d'appréhension et de honte (?) envahissaient son bas-ventre.
Dean explosa de rire et encouragea son ami à s'avancer et à suivre le cortège qui les emmenait vers leur petit paradis tant attendu. Armando ne put s'empêcher de blêmir quand Duncan lui serra la main. Il jeta un coup d'oeil à Véronica dans les bras de sa mère et sourit avec difficulté face à l'orchestre qui jouait maintenant pour leur marche vers leur chambre. Les rubans blancs et les fleurs leur indiquaient le chemin.
Le coeur battant à tout rompre, l'Italien laissa sa femme lui prendre le bras et leur procession extraordinaire lui parut d'une longueur indécente. Pourquoi fallait-il que tout le monde les regarde ainsi se diriger vers...vers cette chambre...cet...acte...? C'était réellement perturbant. Tout semblait tellement préparé, tellement organisé ! Ce n'était pas ce qu'il avait imaginé. Et pourtant, qu'aurait pu espérer d'autre ? C'était la coutume. Depuis le Moyen-Âge, tout le monde était attentif à la nuit de noce. Rien n'était plus évident que ce qui allait suivre...Mais tous ces regards, ces applaudissements, cette musique, ces fleurs, ces rubans, cette robe près de lui...c'était si oppressant !


- Il va défaillir je crois...chuchota Diego à l'oreille de Dean.

- Meuh non...Il est tout émoustillé, voilà tout ! C'est que ça fait un moment qu'il en rêve, le pauvre ! Ah ! Ah !

Léonardo jeta un regard en biais au duo de policiers et vida la fin de son verre avant de se retirer discrètement de la fête. Une pensée amère lui titillait le cerveau : Armando était-il prêt à ce genre de chose ? Ce mariage, cette femme, les Alchimistes, ce ménage, cette chambre, les enfants...? Est-ce qu'il était réellement fait pour cette vie-là ? Rien n'était moins sûr aux vues de son parcourt. Véronica parviendrait-elle à le dérider et à l'aimer jusqu'au bout, malgré ses défauts, ses peurs et ses démons ?

- Tu crois qu'il saura s'y prendre ?

Dean jeta un regard choqué à Diego dont l'air inquiet était, pour lui, le summum de cette soirée. Il partit d'un rire aiguë, qui attira l'attention sur lui et qui l'obligea un boire un verre pour se ressaisir, chose qu'il eut bien du mal à faire. Puis, il encouragea la fanfare et poussa Diego à danser avec les autres convives pour achever en beauté cette soirée qu'il n'était pas prêt d'oublier.


Armando éprouva un soulagement intense lorsqu'ils eurent refermé la porte de la chambre nuptiale. Adossé contre le bois orné du magnifique ouvrage, il poussa un grand soupir. Il reçut Véronica dans ses bras comme on reçoit une caresse après un effort particulièrement éprouvant. Son baiser fut pour lui comme une décharge qui le ramena à la vie. Après tout, il était temps de goûter aux douceurs que leur union autorisait désormais ! L'angoisse du cortège s'effaça en quelques souffles et ses lèvres ne semblèrent plus vouloir lâcher celles de sa compagne.

- Je t'aime aussi.

Lentement, avec une tendresse infinie, les deux époux s'ôtèrent respectivement les vêtements qui couvraient leurs corps brûlant de désir. Si Véronica fut douce et aidante, Armando fut d'une patience dévouée et d'une gentillesse exquise. Il rassura l'Alchimiste au fur et à mesure qu'ils se découvraient, en la caressant sans la froisser, en lui murmurant sans cesse qu'elle était magnifique et en tâchant de ne pas se hâter afin de lui laisser le temps de se refuser si elle le désirait. Jamais l'Italien n'avait violenté une femme. Jamais il n'avait fait passer ses envies avant celles de sa partenaire. Que ce soit leur nuit de noces ou non, rien, à ses yeux, ne pourrait justifier un acte non-consenti. Il désirait follement Véronica, mais il était prêt à lui accorder du temps si elle en avait besoin. Il le lui dit, aussi clairement qu'il le put, afin de lui faire comprendre qu'il ne lui ferait de mal sous aucun prétexte.
Lorsqu'ils furent enfin nus, l'un contre l'autre, sous la voûte voilée du drap qui les recouvrait partiellement, la jeune femme n'hésita pas. Cependant, elle sembla cristalliser une dernière frayeur et son regard brilla d'une lueur craintive que l'Italien identifia bien avant qu'elle ne lui en parle. Allait-elle souffrir ?


- Véronica...Je vais tout faire pour que tu n'aies pas mal...

Armando n'avait jamais été avec une femme vierge, mais il savait pertinemment comment il devait s'y prendre. Il fallait être un imbécile pour ne pas l'avoir compris à son âge, surtout après avoir été déniaisé aussi tôt et avoir régulièrement fréquenté les maisons de passes...

Message à contenu sexue!:


Le lendemain matin, l'Italien se réveilla étrangement tôt. C'était son instinct qui l'avait poussé à s'éveiller alors que le soleil ne commençait qu'à peine à effleurer les pâturages des highlands. Véronica était contre lui. Elle dormait, d'un sommeil paisible. Sa vue, dans la demi-pénombre de la chambre, emplit l'homme de loi d'un sentiment de complétude. Il s'assit pour la regarder de plus haut et pour soulager son dos qui le tiraillait. Le drap qu'ils avaient remis sur eux glissa et dévoila son giron. La vue de sa cicatrice sur sa cuisse le fit grimacer. Il l'avait oubliée...D'un geste, il replaça le drap et soupira, la tête contre le bois du lit.
Quelle était la suite du programme déjà ? Ils allaient devoir repartir pour Londres, regagner leur nouvelle demeure, rejoindre leurs boulots respectifs et démarrer cette vie rêvée dont ils venaient de jeter les bases.




CODAGE PAR AMIANTE


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Eilean Donnan Castle Highland par Antiquus Lupus.
Ayami Kojima


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