L'Ombre de Londres
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La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

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Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim)

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MessageSujet: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMer 26 Sep - 23:07

Le manoir O'Sullivan était une belle bâtisse victorienne qui se situait dans le quartier de Westminster. Un manoir bien entretenu, avec ses allées soignées, sa grille en fer forgé et son perron donnant sur une imposante porte de chêne. Le lierre grimpait aux murs, apportant une touche de mystère à l'édifice. Tout dans dans cette façade respirait la richesse, l'élégance et l'opulence. Le propriétaire ne manquait pas de moyen et l'affichait ostensiblement.
A l'intérieur, l'entrée décorée de jolies boiseries vernies donnait sur un imposant escalier de marbre. Si de lourds rideaux n'avaient pas totalement occulté la lumière extérieur, l'endroit aurait pu respirer la vie et la joie. Seulement, plongé dans une pénombre volontaire, le manoir était éclairé par les nombreux chandeliers qui couraient le long des rambardes de l'escalier et des murs.
Pour l'heure, les domestiques de la maison se cachaient, n'osant faire le moindre bruit, le moindre geste. A l'étage, on entendait déjà le grondement annonciateur d'une des nombreuses colères du maitre des lieux. Et pour cause...

La jeune femme hurla de douleur et de terreur, ses longs doigts maigres crispés sur ses cheveux, lesquels étaient tirés avec force en arrière, la poussant à se traîner au sol pour ne avoir la tête arrachée. Ses cervicales malmenées la faisait souffrir, et ses genoux étaient écorchés et brûlés par les frottements sur les luxueux tapis persans qui recouvraient les couloirs du premier étage du manoir O'Sullivan.
Alors qu'elle hurlait de toutes ses forces, les autres domestiques la regardait avec peine et frayeur, sans pour autant lui venir en aide. Ils s'étaient cachés dans l'ombre et observaient la scène avec impuissance, chacun étant conscient du sort qui les attendait s'ils osaient défier leur maître : La mort pour tous.
Le maître en question, un homme de taille moyenne au physique agréable et avenant quoi qu'un peu maigre, tenait fermement les cheveux d'une jeune femme de chambre, et la traînait vers l'escalier principal. Sa longue chevelure rouge était lâchée dans son dos, ondulant derrière lui comme des flammes infernales. Quant à son regard... D'un bleu aigue marine aussi dur que l'acier, il luisaient d'une malveillance et d'une colère sans nom.
Car Glen n'était pas seulement contrarié ou vexé, il était surtout dans une colère noire et froide, une colère que seul un meurtre pourrait calmer un tant soit peu... Rien n'allait comme il le souhaitait, et la jeune servante en faisait les frais. Pourtant, elle avait tout pour lui plaire. Jeune et jolie, elle avait un visage assez rond encadré de jolies boucles châtain, deux beaux yeux noisettes, et des formes comme il les aimait. Mais ce soir là, elle ne l'attirait plus du tout, et il ne voyait plus en elle qu'un tas de viande putride et tout juste bonne à être jetée en pâture aux loups.

Quelle faute avait-elle commise ? Pouvait-on seulement appeler ça une faute... Elle était entrée ce matin dans la chambre du Marquis, qui était d'humeur guillerette, pour lui apporter une missive urgente. Glen l'avait lu, et la bonne humeur avait immédiatement quittée ses traits. Après avoir froissé le papier, il s'était jeté sur la jeune femme, l'étranglant pratiquement, pour passer sa colère sur elle. Dans ce pli signé de Kane, son homme de main, il avait apprit l'échec de l'un de ses agents infiltrés dans les hautes sphères du gouvernement britannique dans le but de démasquer un vampire un peu trop bavard. Un incapable qui avait été confondu avant d'avoir pu remplir sa mission. Deux Hunters avaient capturés l'espion, et l'avaient enfermés afin de l'interroger sur ses activités et son commanditaire. Fort heureusement pour Glen, Kane était parvenu jusqu'aux cellules et avait tué le vampire, le réduisant par la même occasion au silence.

Si Glen ne serait pas inquiété cette fois-ci, il n'aimait pas avoir l'impression d'avoir subit un demi échec. Il devait être plus prudent, plus malin... Pourtant il l'était déjà... C'était ses subordonnés, qui manquaient cruellement de savoir faire. Tous des incapables... Tellement aveuglés par leur soif de sang et leur haine qu'ils en oubliaient la discrétion... Glen avait avant tout besoin d'une personne digne de confiance, qui pourrait être ses yeux et ses oreilles à n'importe quel moment. Mais ce genre de vampire se faisait rare.
Kane avait beau être d'une puissance redoutable, c'était un assassin et une machine à tuer, pas un espion. Quant à la ravissante Aisling, elle ne pouvait assurer seule une telle tâche, aussi compétente soit elle. Il lui fallait une aide, un soutient... Mais en qui Glen pouvait-il avoir confiance ? Lui qui ne l'accordait jamais à personne ? La situation était délicate, il ne supportait pas de ne pas être en mesure de tout maîtriser. Sa récente rencontre avec le Comte lui avait apprit bien des choses, dont une: Ne jamais rien laisser au hasard, s'attacher à tous les détails, même les plus insignifiants.
Tenant toujours fermement la jeune femme par les cheveux, le vampire commença à descendre les escaliers, la traînant toujours derrière lui. S'arrêtant au milieu des marche, alors que toute la maisonnée les observait, Glen se baissa, pour la regarder dans les yeux. Elle pleurait, ses larmes luisant sur son visage rougit par la peur, et le nez coulant, lui donnant une allure bien moins avenante.


-Tu sais ce qui arrive aux méchants enfants qui n'ont pas été sages ? Le sais-tu ? Commença-t-il d'une voix menaçante et cruelle.

Elle secoua la tête, ne souhaitant pas en entendre plus. Glen se contenta de sourire avec cruauté en hochant la tête. Il lui caressa doucement la joue, essuyant ses larmes.

-Là... Là... Calme toi... Sèche tes larmes, tout est oublié... Je te pardonne !

La jeune femme écarquilla les yeux en tremblant de tout son corps, avant de sourire et rire nerveusement. Elle balbutia un merci timide en prenant la main de son maître dans la sienne. Celui-ci lui agrippa le poignet, le tordit et le brisa. Le hurlement de la domestique déchira le silence pesant qui s'était installé quelques secondes plus tôt.

-Mais tu te doutes bien qu'il va te falloir plus qu'un pardon pour être entièrement excusée...

D'un geste sec et violent, il prit la tête de la jeune fille entre ses mains, la retourna et lui brisa les cervicales. La dernière chose qu'elle vit fut le regard de sa petite sœur, elle aussi domestique, empli de larmes de chagrin. Son regard s'éteignit et la pauvresse mourut ainsi, une expression de terreur pure à jamais ancrée sur son visage. Glen la lâcha, et le cadavre roula dans l'escalier tandis que le vampire époussetait sa chemise blanche, froissée et entrouverte, comme s'il avait à peine prit le temps de s'habiller correctement. Il jeta un regard emplit de dégoût vers la morte. Il ne lui avait même pas fait l'honneur de l'achever de ses crocs, son apparence le répugnait bien trop. Et maintenir l'innocence dans l'esprit de ses domestiques lui coutait bien trop pour qu'il se risque à lever le voile sur sa véritable nature. Enfin, il se tourna vers les autres domestiques, qui sursautèrent en voyant sa mine colérique.

-Qu'attendez-vous ? Nettoyez ça, si vous ne voulez pas finir comme elle... Aisling !

La ravissante vampire sortit de l'ombre en sautillant, guillerette et joyeuse. Elle sauta par dessus le cadavre et alla rejoindre son maître, lequel lui accorda à peine un regard.

-Monsieur ?
-Trouve moi une nouvelle domestique... Muette, de préférence. Laisse-ci m'a donné une de ces migraines, à force de hurler..., dit-il en soupirant, se pinçant l'arrête du nez.
-Tout de suite, monsieur ! Oh... J'allais oublier..., dit-elle avec une lueur de malice dans ses yeux rubis, Vous ne devriez pas vous énerver comme ça pour si peu... Vous prenez dix ans chaque fois que vous avez l'air contrarié !

Elle lui sourit d'un air innocent tandis que Glen la foudroyait du regard. Depuis qu'Aisling avait sentit l'odeur du Comte sur son maître, elle lui en voulait. Elle n'arrivait pas à comprendre qu'il lui ait offert son sang si facilement, alors qu'elle le suivait depuis plus de deux siècles. Elle même lui avait tendu sa gorge en signe d'acceptation, tandis que lui n'avait jamais esquissé le moindre mouvement vers elle. Elle ignorait tout de la confiance qu'il avait pour elle mais qu'il refusait d'avouer. Elle seule avait été le témoin des moments de faiblesse du Marquis. Elle connaissait nombre de ses plus noirs secrets, elle avait vu ses songes, elle connaissait une grande part de son passé... Et même s'il restait des zones d'ombre, elle n'avait pas besoin de son sang pour comprendre qu'il avait de l'intérêt pour elle. Un intérêt mesuré, certes, mais présent.
Seulement pour l'heure, elle l'agaçait et ne l'aidait pas à calmer sa colère.


-Cesse de te moquer de moi, siffla-t-il.

La jeune vampire à la peau ambrée et aux cheveux d'argent repartit de son pas sautillant et disparut dans un couloir. Glen descendit l'escalier en soupirant, se passant la main dans les cheveux avec lassitude. Il se sentait un peu moins en colère, mais toujours aussi contrarié. Il s'approcha d'un petit meuble dans le grand living room et s'empara d'une petite boîte métallique contenant ses cigarettes. Il en alluma une grâce à une chandelle et se tourna vers Kane, lequel venait tout juste de rentrer de sa mission. Glen le fixa un long moment sans un mot, tirant sur sa cigarette avec nonchalance.

-... Moui... Tu es toujours aussi bavard et amusant, tiens... Tu pourrais au moins essayer de me divertir !
-...
-... Au moins tu ne me casses pas les oreilles...

Ce dialogue de sourd aurait pu durer encore longtemps si des coups ne s'étaient pas faire entendre à la porte, derrière le grand vampire aux cheveux noirs. Celui ci se retourna, puis regarda Glen, qui haussa les épaules.

-Qu'attends-tu, grand imbécile ? Va ouvrir ! Si c'est encore un mendiant ou un colporteur, arrache lui la tête de ma part ! Sinon, fais le passer dans le grand salon !

Il fit volte face et se dirigea vers le salon en question. Assez vaste et chaleureux, ses couleurs dominantes étaient l'acajou, le rouge et l'or, et Glen alla s'asseoir dans un moelleux canapé de velours écarlate. D'une main, il tenait sa cigarette. De l'autre, il tapotait nerveusement l'accoudoir du canapé, fixant sans le voir le feu dans l'âtre face à lui. Il était presque éteint et il régnait une fraîcheur peu commune dans la pièce, ce qui ne semblait nullement gêner Glen, qui ne ressentait pas le froid. Dans sa tête, un nombre incalculable d'idées toutes plus farfelues les unes que les autres se battaient pour s'imposer, et il avait déjà en tête deux ou trois plans... Mais qui nécessitaient un membre de plus, une arcane supplémentaire dans son jeu... Le regard sombre et maquillé de noir du vampire fixait toujours la cheminée, comme s'il avait cherché à ranimer le feu par la force de sa pensée. Portant la main à son cou, Glen se mit à tripoter machinalement le pendentif qu'il portait toujours sur lui, avec la furieuse envie de le jeter dans les flammes presque taries.
Il fit à peine attention à la personne que Kane faisait entrer, trop occupé à réfléchir à la suite des événements.


Dernière édition par Glen O'Sullivan le Mar 16 Oct - 23:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 28 Sep - 2:55

Le soleil s’était couché depuis une heure déjà lorsque la jolie brune ouvrit les yeux. Le réveil était dur ce soir-là. Durant la journée, elle n’avait eu cesse de se repasser les évènements de la veille en mémoire. Elle était tracassée par le futur. Comme elle le pensait depuis le début, cette « collaboration » forcée avec Wynn allait s’avéré être une véritable épine dans le pied. C’était s’engager dans des difficultés, dans des réactions qu’elle ne savait pas gérer, dans une relation sociale dont elle n’avait pas l’habitude. Et son incompréhension de cet homme ne l’aidait guère à faire avancer les choses ! C’était consacrer bon nombre de ses nuits à un apprentissage long et méticuleux. Tous ses projets s’en retrouvaient chamboulés ! Ses projets personnels, sa vengeance… Elle ne pouvait plus agir comme elle le voulait. Il ne lui manquait plus que Wynn la fasse surveiller pour que sa vie se transforme en véritable cauchemar !
Ce fut donc résolu à faire ce qu’elle voulait de la soirée qu’Elie se leva ce soir-là. L’homme pouvait bien lui laisser des mots sur son perron, elle ne répondrait pas présente ! Après tout, elle aussi avait des choses à faire ! Et elle était bien résolue à le faire jusqu’au bout, quitte à s’attirer les foudres de l’homme. Après tout, ça ne changerait pas à d’habitude. Même quand elle ne le voulait pas elle s’attirait sa colère. Ça devait être innée en elle, instinctif !

Elle était tendue cependant, et c’est avec une lenteur affligeante qu’elle enfila sa robe de coton crème et ses bottines. Pas besoin d’une grande toilette ni d’une tenue masculine pour ce qu’elle avait à faire ce soir… Une tenue simple suffisait ! Elle jeta sur ses épaules son long manteau pour s’engouffrer dans les rues encore froides à cette époque, de Londres. Elle se faisait discrète. Ce soir, il était hors de question qu’on lui fasse le reproche de s’être trop fait remarquer ! Non… Cette fois elle comptait bien éviter le Comte et Wynn… Sa mission était simple et ne demandait guère d’efforts vains. Le tout serait d’avoir de la patience, et beaucoup d’observation !
Ainsi, elle se détourna bien vite de quartiers mal famés, tout comme des quartiers animés de la ville. Ce n’était pas cela qu’elle recherchait ce soir, et même si l’appel du sang se faisait ressentir un peu plus violemment ce soir, elle n’était pas décidée à le laisser céder… Elle savait très bien qu’elle s’en mordrait sans doute les doigts le lendemain, mais il était inutile d’essayer de lui faire changer d’avis, elle était concentrée sur son objectif du soir… Les quartiers aristocratiques ! Elle pensait trouver là-bas ce qu’elle recherchait… Un moyen de s’approcher de la Reine. Elle avait bien vu que les moyens forts n’avaient pas fonctionnés. Essayer de s’introduire en toute illégalité ne lui apporterait que plus d’ennuis que ce qu’elle avait déjà… Non il lui fallait jouer en finesse... Et pour ça, rien de mieux que d’infiltrer l’entourage direct de la Reine. Pour une personne suffisamment bien placée, il n’était pas bien dur ensuite de se faire inviter à des réceptions où elle serait présente… Même si elle rechignait à en arriver là, éconduire un bel aristocrate était encore le moyen le plus direct ! Et pour ça, elle comptait bien entendu sur le charme qu’apportait le don vampirique à leur semblable… Au moins une chose qui pourrait lui servir… Ce serait bien la première fois qu’elle en userait. Elle se savait maladroite dans ce genre de situation, mais elle n’avait plus le choix, il lui fallait agir maintenant.

Ainsi elle pénétra dans le quartier résidentiel non loin du Palais de Westminster. Que des demeures superbes, plus ou moins récentes… Il était sûr que leur propriétaire avait un goût de faste et de luxe marqué ! C’était à celui qui aurait la plus belle et la plus grande… Sans doute ceux-ci ne devaient pas regarder souvent les pauvres gens croulant sous le travail pour gagner ne serait-ce qu’un sou ! Une classe sociale marquée par le mépris et l’égoïsme… Voilà ce qu’elle voyait sous ses yeux… Une débauche de luxe lorsqu’elle voyait un magnifique fiacre s’arrêter devant une résidence, déposant une belle dame dans une somptueuse toilette, et là un belle homme dans sa redingote flambant neuve ! Avait-elle été aussi méprisable que cela un jour ? Non… Cela n’était pas possible ! Elle se serait écœuré elle-même !
Alors elle continuait de marcher encore… Jusqu’à trouver la bonne personne, la bonne demeure… Il ne lui fallait pas se précipiter, et trouver le bon humain qui serait réceptif à son charme… Autant dire qu’il ne serait pas aisé pour elle de mettre la main dessus !

Mais le hasard semblant vouloir en décider autrement lorsque son ouïe, surdéveloppée grâce à ses dons vampiriques, capta des cris venant de l’une des bâtisses !
Piquée dans sa curiosité, la jeune femme se rapprocha de ces éclats de voix. Une voix de femme… Terrifiée apparemment ! Que pouvait-il donc se passer dans cette maison ? Elle passa les grilles en fer forgée qui entouraient la résidence. Le son de voix était ténu, au vue de la distance, il avait été vraiment chanceux qu’elle puisse capter le moindre son…
Puis plus rien… Le silence… Elie se rapprocha encore. Son ouïe était certes puissante mais pas au point de pouvoir tout entendre ! Jusqu’à ce que son oreille perçoive, imperceptiblement, cette phrase qui lui ouvrirait peut être la clé du succès de son plan. Il lui fallait une nouvelle servante ? Elle lui en donner une si ce monsieur en voulait… Elle saurait gravir les échelons, même si cela lui en coûterait ! Elle n’avait pas peur, et surtout n’avait rien à perdre, alors après tout pourquoi ne pas tenter…
C’était pour elle l’occasion rêvée. Après tout elle était habillée correctement pour la circonstance… Il est vrai que voir débarquer une dame habillée d’une belle toilette en prétextant être une domestique pouvait porter à confusion… Non, il lui fallait maintenant prendre son courage à deux mains !

Elle finit de parcourir la distance qui la séparait de la bâtisse ! Un magnifique manoir de pierre… Sans doute encore un homme affreusement riche… Elle se demandait bien le visage qu’il pouvait avoir ! En tout cas il avait du goût, et imposant de la rigueur dans l’entretien de son bien. Les arbustes étaient coupés avec minutie et sa demeure semblait bien ancienne ! Les lumières de la maison semblaient être éclairés de partout, preuve que toute la maisonnée était encore debout à cette heure-là… Une nouvelle chance pour elle ! Ses pas s’arrêtèrent au seuil d’une grande porte en chêne, semblant dominer quiconque se présentait devant elle. Elle se sentait bien petite face à elle, et c’est d’une petite main qu’elle fit entendre ses coups toqués à la porte… Il était inutile d’hésiter à présent… Elle se redressa, se tenant droite devant celui qui lui ouvrirait la porte, sans non plus paraître trop digne. Elle devait se mettre dans la peau d’une domestique… Ça pouvait paraître simple dis comme ça, mais pas pour quelqu’un qui avait l’habitude d’être en haut de la pyramide et non à la base…
Elle rajusta nerveusement sa robe en attendant qu’on lui ouvre, tentant d’afficher d’un sourire timide et aimable sur ses lèvres… Il lui faudrait sans doute penser à faire sa reconversion en tant qu’actrice !

Lorsque la porte s’ouvrit enfin, elle ne put que lever la tête vers son interlocuteur ! Encore un géant ! Il la dépassait facilement de plusieurs têtes ! Un homme, à l’aspect froid et sauvage. Tout de suite la jeune femme eue envie de faire demi-tour ! Ça ne devait pas être sa semaine pour qu’elle tombe toujours sur des types comme ça… Mais elle n’était pas là pour faire machine arrière ! Et puis de toute façon, il ne devait certainement pas être le maître des lieux.

-Bonsoir…

Il ne semblait pas tellement bavard… Mais ce n’est pas pour autant qu’elle se dégonfla. Enfin… jusqu’à ce qu’elle se rende compte de la nature de l’homme… Un vampire ! Pourquoi avait-il fallut qu’elle frappe à la porte d’une demeure habitée de vampires ? Elle maudit à ce moment-là sa malchance… Du coup, elle ne savait même plus quoi faire, mais elle n’allait pas rester comme ça statique sur le seuil de la porte. Alors elle dit la première chose qui lui passa par la tête, fixant un semblant de jovialité dans sa voix elle répondit :

-Bonsoir ! J’ai entendu dire que vous étiez à la recherche d’une nouvelle domestique ?


Ben bravo… Elle ne pouvait pas la jouer plus fine. Surtout devant ce vampire statique. Que pensait-il ? C’était une bonne question. Il semblait encore pire que Wynn niveau impassibilité ! C’est pour dire… Il y avait là du niveau ! Il s’effaça tout de même dans l’entrée, ouvrant un peu plus la porte en lâchant un simple :

-Entrez…

En franchissant les quelques pas qui lui permirent de pénétrer la demeure, Elie se sentit comme un prisonnier à qui on venait de prononcer sa sentence de mort… Impossible de faire machine arrière. Elle se haïssait, elle et ses idées stupides ! Mais plus question à présent de se morigéné, elle devait trouver une solution pour se sortir de ce mauvais pas.
Elle regarda à peine la décoration de la maison… En un mot, elle n’en retenait qu’une chose… luxure à outrance… Encore un vaniteux qui profitait de sa richesse ! Mais au moins elle devait reconnaître une chose, pour un lieu où logeait un vampire, cette demeure était moins morbide que ce qu’elle aurait pu imaginer !

Elle suivit donc le vampire jusqu’à ce qui semblait être un salon. Le propriétaire était là, dans un canapé de velours. Il semblait quelque peu agité. Elie le nota tout de suite dans ses petits mouvements répétitifs de la main. Elle n’eut aucun mal également à deviner que cela venait de réflexions sans doute désagréables au vue de comment il tripotait ce collier de son autre main. Au point même qu’il ne l’accueillit même pas comme tout bon hôte devait le faire. Elle nota tout de suite son aspect étrange… Notamment ses cheveux d’un rouge vif. De l’excentricité ? Ce n’était pas pour lui déplaire… Il fallait parfois savoir sortir des chantiers balisés ! Il était soigné dans son apparence et pourtant tout son être semblait contraster à cette facette d’aristocrate qu’il abordait partout dans sa maison… Quelque part, rien que son apparence pouvait s’avérer être dérangeante, et malgré qu’Elie ne l’ait même pas entendu parler, cette personne la mit immédiatement mal à l’aise…
Sans compter qu’elle eut la désagréable surprise –enfin peut-être pas finalement- de voir que le propriétaire des lieux était également un vampire ! Elle pouvait donc dire définitivement adieu à son projet. Cela l’agaça. Elle était déjà tendue ce soir, mais là, son humeur atteignait son paroxysme. Encore une soirée de gâchée…
Cela lui délia sans doute la langue puisqu’elle commença à s’adresse à cet homme, puisqu’il ne daignait pas le faire…


-Bonsoir…

Elle s’avança vers l’homme un sourire amusé à ses lèvres… Amusé de sa propre bêtise, autant qu’amusé de savoir qu’elle s’était encore mise dans de beaux draps…


-J’avais entendu dire que vous recherchiez une nouvelle domestique mais je vois à présent que mes petits projets tombent à l’eau…

Ou peut-être pas complètement… Après tout, il y avait des vampires dans l’entourage de la Reine… Le tout était de savoir si celui-ci pouvait lui être utile dans sa tâche ou non… En perspective une manipulation qui se voulait plus fine que ce sur quoi elle avait établi ses plans au départ. Il allait lui falloir jouer de diplomatie… En outre un combat envers soi-même avant qui que ce soit d’autre !

-Mais je ne me suis pas présentée encore… Elizabeth, Elizabeth Dawson !


La partie était lancée… Il lui fallait maintenant composer avec les réactions de l’homme…
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 28 Sep - 19:14

Le regard toujours tourné vers l'âtre à présent éteint, Glen continuait de réfléchir, se souciant bien peu de ce qui l'entourait. Après tout, qui que ce soit, le nouveau venu ne pouvait que l'importuner un peu plus... Peut-être un de ses nombreux espions ou l'une de ses récentes connaissances de salons, à qui il n'avait même pas envie d'accorder un regard.
Pourtant, Glen daigna tourner la tête pour détailler la nouvelle venue. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il congédiait Kane d'un simple signe de tête.
Un jolie brin de jeune fille, un doux bouton de rose fraichement sortit de l'adolescence, à peine entré dans l'âge adulte. Sa toilette n'avait rien à avoir avec les robes de taffetas et dentelles compliquées des dames de la cour, la crinoline ne venait pas donner de volumes à ses jupons, pas de corset pour venir ceindre sa taille déjà menue, et elle ne portait pas de coiffe ouvragée. Cette demoiselle était différente de celles que Glen avait l'habitude de côtoyer. Il aimait les jeunes aristocrates riches et sans cervelle, celles à qui il susurrait des mots d'amour imbibés de venin en leur caressant le visage avec une tendresse totalement factice. Il aimait leur promettre un un paradis de beauté et de faste, une utopie à la hauteur de l'El Dorado, pour finalement ne leur laisser comme souvenir que son parfum dans leur décolleté. Glen était devenu maitre dans l'art de briser une innocence ou un mariage, et c'était devenu pour lui un passe temps qui avait au moins le mérite de chasser son ennui le temps d'une soirée. S'attachait-il parfois? Non. Jamais. Il n'avait pas suffisamment de respect pour ce genre de créatures, tout juste sorties du berceau et à peine capable de marcher seules sans l'appui de leurs géniteurs. Glen n'était pas fait pour aimer, c'était un être passionné, façonné par des sentiments violents et ravageurs, il pouvait avoir du respect, de l'attachement, mais l'amour... Restait un concept qui lui était encore inconnu.

La nouvelle venue n'avait rien à voir avec les dames auxquelles Glen pensait. Sa beauté était simple et sans artifice, presque fragile mais d'une infinie délicatesse. Ses beaux yeux de biche auraient pu poser sur lui un regard éperdu d'admiration, mais elle se contenta d'adopter une distante amabilité. Elle lui plaisait déjà, avec ce visage fier et impassible, ses cheveux châtains lâchés dans son dos et cette simplicité vestimentaire qui lui allait très bien. Il y avait quelque chose de félin chez elle, quelque chose de sauvage et farouche qui plaisait beaucoup au vampire.
La plus grande qualité qu'il releva chez la jeune femme à ce moment là fut sa nature. Elle et lui appartenaient au même monde, à ceci prêt qu'il aurait pu être son ancêtre, éloigné de plusieurs générations. Elle était jeune, cela se sentait dans son aura, elle ne devait pas avoir plus de six ou sept ans de vie vampirique. Glen se rendit alors compte du fossé immense qui les séparait. Ils avaient plus de quatre siècles d'écart, un gouffre monstrueux à l'échelle d'un humain.

Ecrasant sa cigarette dans une coupelle de verre, Glen se leva pour aller saluer la belle. Son aura se fit douce et agréable, à l'inverse de son humeur agacée. C'était un acteur né, et il savait très bien jouer de sa personne. Intérieurement, il était toujours aussi contrarié et fâché, mais il n'en laissa rien paraître, et il aurait fallut bien le connaître pour le savoir. Hôte remarquable, il savait accueillir ses invités avec une franche amabilité.
Face à la jeune fille, il se pencha pour lui prendre une main et y déposer un baiser.


-Bonsoir, Elizabeth Dawson... Je suis le marquis Glen O'Sullivan, ravi de vous rencontrer!

Ravi... L'était-il réellement? Peut-être pas, mais il n'était pas non plus fâché de voir enfin une nouvelle tête, un nouveau visage différent du modèle londonien habituel.
Alors qu'il tenait toujours la main d'Elizabeth, Glen la retourna et l'observa. Domestique? Elle n'en avait ni l'air ni la chanson. Ses doigts longs et fins, sa paume délicate dépourvue d'imperfection... Elle n'avait pas les mains d'une domestique ayant passé des années à récurer le sol, éplucher des légumes ou laver du linge. Elle avait les mains d'une femme plus raffinée que cela, ou peut-être les mains d'une artiste. Peut-être était-elle peintre ou comédienne? Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du vampire.


-Vous n'avez pas les mains d'une domestique, Elizabeth... Dites moi plutôt ce qui vous amène réellement ici. Vos plans m'ont l'air plus ambitieux que ceux d'une femme de chambre, si je puis me permettre...

Sa voix était douce et grave, sans aucune menace ni agressivité, mais son regard était perçant et alerte. Elizabeth n'était pas tout à fait honnête, elle avouait elle même que ses plans tombaient à l'eau. Elle devait donc avoir une autre idée en tête, et Glen avait horreur que l'on se joue de lui. Elle s'introduisait chez lui, certes en bonne et due forme, et osait lui mentir? Allons... Elle ne le connaissait pas.

-Vous avez vos petits secrets, j'ai les miens, dit-il en lâchant sa main et agitant la sienne comme s'il avançait des propos totalement futiles, mais soyons honnête l'un envers l'autre et dites moi au moins pourquoi vous êtes ici...

Reculant, il l'invita à prendre place dans un moelleux fauteuil de velours pourpre. Il alla se rassoir dans son canapé, observant Elizabeth. Qu'avait-elle derrière la tête en venant le voir, lui? Elle méritait plus qu'une place de domestique, ils pouvaient certainement s'entendre sur autre chose...
Levant la tête, Glen éleva la voix.


-Meredith! Apporte nous donc à boire, je te prie!

En présence d'un invité, Glen faisait toujours preuve de beaucoup de politesse, même avec ses domestiques... Lorsqu'il n'y avait personne d'autre que les résidents habituels, il était souvent odieux, méprisant et mesquin. Rien à voir avec ce ton aimable qu'il employait. C'était un hypocrite, mais un hypocrite doué et discret. Tournant à nouveau la tête vers Elizabeth, il lui sourit d'un air aimable. On eut dit un requin prêt à se jeter sur un minuscule poisson. Maintenant qu'elle était là, il allait pouvoir s'amuser un peu plus. Les plans de la jeune femme n'étaient peut-être pas si différents des siens, après tout? Et dans le cas contraire, il jouerait avec elle jusqu'à ce qu'elle explose.
La soeur de la domestique que Glen avait assassiné quelques minutes plus tôt entra dans la pièce, portant un lourd plateau de bois vernis. Tremblant de toutes part, elle le posa sur la table basse et s'inclina. Se tournant pour sortir de la pièce, elle croisa le regard glacial et impitoyable de son maitre. Un frisson la saisit, puis elle quitta le salon, masquant au mieux son visage rougit par les larmes. Glen aurait volontiers éclaté de rire. Si petite, si fragile... Si facile à briser, finalement! Il écraserait son esprit comme il avait broyé les cervicales de son ainée. Parce qu'il n'avait aucune pitié et n'avait aucune envie de faire preuve de clémence.

Sur le plateau reposaient deux verres ainsi qu'une bouteille contenant un liquide rouge sombre. D'un geste, il invita Elizabeth à se servir.


-Je vous en prie servez vous! Je ne voudrais pas vous assoiffer alors que vous vous apprêtez à me compter votre fabuleux récit..., dit-il avec une touche d'espièglerie.

Elle pouvait lui cacher les véritables raisons de sa venue, elle pouvait lui mentir, Glen ne pouvait le vérifier en lisant dans ses pensées. Il n'avait pas le pouvoir de s'abreuver de connaissances à leur source même, mais le moindre mouvement ou tressautement serait fatal à la jeune femme si elle osait le prendre pour un imbécile. Il se fichait de connaître tous les détails, il voulait les fait dans leur aspect le plus général.
Glen n'aimait pas qu'on lui résiste, mais il laissait toujours le choix entre la vérité et le mensonge. Il n'aimait pas particulièrement imposer ses propres décisions simplement parce qu'il était plus vieux ou plus puissant. Il préférait laisser placer une aura de menace qui irait en croissant jusqu'à atteindre son paroxysme plutôt que d'user d'une puissance à l'état brut qui l'aurait fait passer pour un rustre. La finesse était sa plus grande amie, même dans la violence et le mensonge. Il ne tenait pas à faire fuir Elizabeth dès maintenant, il voulait la mettre suffisamment à l'aise pour qu'elle comprenne qu'ils pouvaient avoir des intérêts communs. Mais pour cela, il fallait qu'elle parle. Elle avait tout son temps, Glen n'était pas pressé. Il était simplement assez contrarié pour être plus lunatique encore qu'à l'accoutumé. Une phrase pouvait suffire à changer son visage, le faisant passer d'une amabilité certaine à une colère froide. La jeune femme ne tarderait pas à le comprendre.
Jouant à nouveau avec son médaillon Glen la regardait sans ciller. Une beauté pleine de secrets, voilà ce qu'il avait en face de lui. Il saurait les percer, ses secrets, même si pour cela il devait lui arracher la peau par lambeaux afin de mettre son esprit à nu. L'esprit de l'aristocrate était tellement malmené qu'il n'y avait plus que sang et chair fraiche dans ses pensées.

Et alors qu'ils discutaient tous deux, un grand bruit se fit entendre. Tournant la tête vers la porte avec une mine plus qu'agacée, Glen siffla avec impatience.


-Eh bien eh bien... Que se passe-t-il encore...? Si vous voulez bien m'excuser...

Le marionnettiste se leva et s'approcha de la porte avec un regard suspicieux. Il avait reconnu au loin la voix d'Aisling, et il avait sentit son aura changer. Elle était en colère, il en était certain. Enfin, il la vit approcher, tenant une femme par le col.

-Monsieur! Cette trainée s'est introduite dans le manoir! Je l'ai surprise dans les cuisines en train de fouiner! Gronda-t-elle.
-Moui et alors? Lui demanda Glen avec un haussement de sourcil. Il n'y a pas de quoi en faire un drame!
-Mais... Vous n'allez tout de même pas la laisser faire? Et... Qui est-ce? Demanda la jeune femme avec une pointe de jalousie en désignant Elizabeth.
-Mon invitée! Elizabeth Dawson! Je te remercie, tu as fais du bon travail, blablabla, tout ça tout ça, tu peux te retirer!

Glen lui fit un grand sourire, fier de se venger des réflexions que sa seconde lui faisait depuis la veille. C'était un enfant qui n'aimait pas qu'on se moque de lui mais adorait le faire des autres.
Aisling lâcha la nouvelle venue et la poussa vers Glen avec un dédain évident. Jetant un regard glacial à Elizabeth, elle fit volte face et repartit la tête haute. Qu'elle pouvait être puérile, parfois... Trop de temps passé avec Glen avait fini par la rendre toi aussi gamine. Lui faisant un signe de main des plus moqueur, le rouquin prit la peine de la rassurer.


-Mais ne t'en fais pas! Je vais m'occuper de ta charmante amie! Dit-il en détaillant la nouvelle venue... Au physique fort avantageux qui le fit sourire avec une pointe de malice.

Finalement, Glen alla se rassoir dans son canapé, invitant l'inconnue à se joindre à lui et Elizabeth.


-Eh bien! Moi qui m'attendais à passer ma soirée seul, me voilà en bien agréable compagnie! Dites moi tout heu... Ravissante inconnue! Qui êtes vous? Et que venez vous faire dans mes cuisines? Ce n'est pas très gentil de venir voler l'honnête homme que je suis, vous savez...

Un ricanement s'échappa de sa gorge. S'il avait apprécié la mesure et la politesse d'Elizabeth, il était en revanche très agacé par l'attitude de cette étrangère. Qui était-elle pour se permettre de le voler? Cherchait-elle à lui nuire? Elle n'était pas beaucoup plus âgée qu'Elizabeth, même si c'était elle aussi un vampire. Mais elle se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude si elle croyait pouvoir se jouer du vampire.

-Parlons peu mais parlons franchement! Allons y, tout est permis, je vous écoute! Dit-il en faisant un grand geste théâtral. Vous... Vous connaissez? Ou c'est un pur hasard si vous vous retrouvez ici ce soir? Je suis curieux!

S'asseyant en tailleur, Glen posa un coude sur sa jambe pour pouvoir reposer son menton. Un grand sourire vint éclairer son visage de clown, lui donnant un air enjoué et guilleret. Il avait tout de l'aimable compagnon à qui l'on raconte ses dernière aventures, mais une ombre bien plus inquiétante planait derrière lui. Car s'il commençait à s'animer de la sorte, il n'allait pas tarder à tenir des propos incohérents et étranges. Que les deux femmes l'aient remarqué ou non, Glen n'avait pas toute sa tête et en cette soirée mouvementé, il avait laissé sa sanité d'esprit de côté.


Dernière édition par Glen O'Sullivan le Mar 16 Oct - 23:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 28 Sep - 23:22

Le vent soufflait doucement ce soir-là, juste assez fort pour se glisser sous les vêtements et sous les toitures pourries et trouées des plus humbles demeures de Londres. Dans les combles d’une vieille bâtisse qui se dressait encore tant bien que mal du côté de Piccadilly, trois personnes se regardaient, inquiètes. Cela faisait deux semaines qu’aucun contrat, aucune offre ne leur était parvenue. Leurs maigres revenus avaient fondu comme neige au soleil, et cela faisait maintenant quelques jours que leurs ventres criaient famines, les quelques petits larcins commis ça et là ne leur permettant pas de se nourrir décemment. Debout devant l’unique et minuscule fenêtre de la mansarde, une cigarette plantée entre ses crocs acérés, Mim contemplait la ville, l’air mauvaise. La situation ne l’enchantait pas du tout. Les rues grouillaient de ses potentiels repas alors que sa sœur et son meilleur ami mourraient lentement de faim. Tirant une longue bouffée, elle expulsa la fumée blanchâtre en soufflant entre ses dents serrées.

- C’est ridicule ... marmonna-t-elle enfin.

Edward se retourna vers elle. Le visage du jeune homme, déjà sec en temps normal, avait eu le temps de s’émacier davantage. Ils avaient l’habitude de ne pas manger durant plusieurs jours, mais la période était particulièrement difficile, et les soirs de chasse épuisaient grandement leurs réserves d’énergie à tous. Pourtant, malgré son aspect fragile qui ne lui allait guère, il parla d’une voix claire et ferme.

- Est-ce qu’on a une autre solution ? Qu’est-ce que tu veux faire, aller cambrioler quelqu’un ?
- Et pourquoi pas ? lui répondit la vampire en se tournant vers lui, le dévisageant par-dessus les verres teintés de ses lunettes de soleil.

Le Hunter fronça les sourcils et se leva pour lui faire face, la dépassant désormais d’une bonne demi-tête.

- On avait pourtant dit pas de vols ! Mim, à quoi ça sert d’établir des règles si c’est pour les briser dès que c’est un peu trop dur ?
- Un peu trop dur ? Tu plaisantes, j’espère ? Ed’, ça fait cinq jours que vous avez rien avalé. Cinq foutus jours ! Combien de temps tu crois que vous allez tenir comme ça, hein ?

Le garçon de noir vêtu croisa les bras.

- Et pour qui tu nous prends ? On n’est pas n’importe qui, on ne va pas mourir bêtement comme le premier clampin venu !
- Ah, vraiment ? Parce que de mon point de vue, t’as l’air d’un clampin en sacré mauvais état.
- Dixit celle qui se fait casser le nez toutes les trois nuits !
- Tu veux survivre, oui ou merde ?
- Arrêtez ...

La voix qui s’était élevée était faible et timide. Tournant la tête, Mim et Edward posèrent les yeux sur Abigaël, assise sur le bord de l’un des deux lits de la pièce. Déjà d’ordinaire pâle et faible, les privations l’avaient rendu presque famélique, et quelques fines veines bleues se dessinaient sous sa peau presque translucide tant elle était blanche.

- Arrêtez, dit-elle à nouveau, ça ne sert à rien de se battre. C’est idiot ...

Mim soupira tandis que le jeune homme secouait la tête. La jeune fille avait raison : rien ne servait de se disputer ainsi sur un sujet où l’un comme l’autre avait des positions bien arrêtées. La vampire releva la tête et fixa sa sœur un long moment, sentant se serrer son cœur qui ne battait plus en voyant l’état lamentable dans lequel elle se trouvait. Elle finit par redresser les épaules et se tourna vers son ami.

- Si tu tiens tant à respecter quelques « règles », soit, fais-toi plaisir. Mais je laisserai pas Abi crever de faim.

Les deux autres personnages présents dans la chambre écarquillèrent les yeux.

- A-ah, attend ... bredouilla Abigaël.
- On a dit pas de vol, Mim ! Bon sang, on est pas des gens comme ça ! Pour quoi on risque de passer si on se fait avoir, hein ?

La jeune femme, accroupie sur le rebord de la fenêtre qu’elle venait d’ouvrir, se retourna à moitié et haussa les épaules.

- Toi, j’en sais rien. Moi, je passerai pour un monstre.

Elle lui décocha un large sourire, révélant ses crocs bien trop longs, et bondit. Son ouïe affutée lui permit d’entendre le soupir agacé du Hunter ainsi qu’un sec « très bien, fais comme tu le sens ». Elle ne s’en occupa pas davantage, et atterrit souplement sur le sol. Elle remonta ses lunettes sur son nez, dissimulant son regard de feu derrière les petites vitres pourpres, réajusta son corset orange et ses mitaines, resserra sa terriblement longue queue-de-cheval, et vérifia que ses pistolets ainsi que sa petite hachette étaient bien harnachés dans son dos, à la ceinture maintenant en place son short de toile noir, puis se mit en marche. Marche qui se transforma bientôt en trot, puis en course de plus en plus rapide. S’agrippant aux aspérités d’un mur de brique, la jeune femme escalada avec une vitesse époustouflante la façade d’un bâtiment, profitant d’une rue déserte pour ne pas se faire remarquer. Son ascension terminée, elle prit un instant pour contempler le paysage. Londres se déployait sous ses yeux, comme l’ombre d’une créature géante mouchetée de quelques lueurs ça et là où l’on pouvait se permettre de faire brûler des bougies et du pétrole. Des nappes de brumes s’étalaient paresseusement au-dessus de la ville, illuminées par les rayons argentés de la demi-lune accrochée haut dans le ciel nocturne piqueté d’étoiles. La brise soufflait toujours, fraîche et revigorante, faisant claquer les pans du grand manteau de cuir dépourvu de manches de la spectatrice qui, du haut de son point d’observation, traçait mentalement le chemin qu’elle suivrait ensuite.
Finalement, lorsqu’elle eut décidé de son itinéraire et qu’elle se fut lassée du spectacle à ses pieds, elle repartit, sautant de toit en toit, insensible au froid, au vent et au brouillard. Tous les sens en alerte, elle restait attentive, prête à contrer le moindre potentiel assaut, la moindre attaque. Mais rien ne vint l’empêcher de continuer. De multiples effluves lui montèrent au nez, tour à tour alléchantes et répugnantes. Des odeurs de nourriture, d’urine, de pâtisserie, de fange et d’eau croupie vinrent titiller ses narines, et à tout cela s’ajouta le parfum entêtant du sang, quasiment omniprésent dans l’air pour qui ou quoi arrivait à le percevoir. Mais il était bien trop faible, bien trop atténué pour attiser l’appétit de la vampire.

Arrivée dans le quartier résidentiel non loin du palais de Westminster, elle ne put retenir une grimace écœurée. Tout ce faste étalé au grand jour la mettait dans un état de nerfs redoutable. Elle qui avait toujours vécu humblement, pauvrement même, ne supportait pas un tel déploiement de luxe et de fioritures plus chères les unes que les autres. Cela ne la dérangerait pas le moins du monde de dépouiller le propriétaire de l’une de ces riches maisons d’une petite partie de ses victuailles. La jeune femme jeta son dévolu sur un manoir à la façade de pierre aussi bien entretenue que le vaste parc qui l’entourait. Elle fronça les sourcils en constatant que de la lumière filtrait par de nombreuses fenêtres, et s’apprêta à rebrousser chemin lorsqu’elle se fit la réflexion qu’à cette heure-ci, elle ne trouverait pas de demeure vide. C’est donc en soupirant qu’elle passa rapidement par-dessus le muret encerclant le domaine et se faufila jusqu’à l’imposante bâtisse, silencieuse comme une tombe, usant des ombres pour se dissimuler. Elle ne croisa personne, mais ne manqua pas d’entendre quelques sanglots provenant de ce qu’elle prit pour une chambre de bonne. Elle se demanda ce qui avait bien pu se passer, et décréta que ça n’était pas ses affaires. Elle avait autre chose à faire que de s’occuper des déboires de servants maltraités par leur maître.
Enfin, elle finit par trouver une porte dérobée par laquelle elle se glissa. Là encore, usant de la pénombre et des lourds rideaux de velours tombant devant les hautes vitres d’une propreté éclatante, elle serpenta le long des corridors élégamment décorés, se fiant à son odorat jusqu’à finalement pénétrer dans les cuisines. A l’instar du reste de la maisonnée, elles étaient très bien fournies, et d’alléchantes odeurs s’échappaient des fourneaux. Si Mim avait encore été humaine, nul doute que son estomac l’aurait trahi en gargouillant bruyamment, appâté par l’idée des délicieuses nourritures que pouvait receler la pièce. En silence toujours, la vampire attendit que tous les domestiques aient déserté les lieux pour sortir de sa cachette. Elle glissa d’un placard à l’autre, cherchant des pots à emporter, des boîtes de ferraille où aurait été rangé tel ou tel condiment, un sac de tulle dans lequel elle aurait pu empaqueter de quoi nourrir Abigaël et Edward pendant quelques jours. Elle passa rapidement devant un feu allumé et au-dessus duquel rôtissait quelque viande juteuse à souhait. Elle dépassa également une étagère où se trouvaient plusieurs récipients transparents, et s’arrêta brusquement une seconde plus tard. Une sensation étrange l’avait saisie, et elle sentait ses crocs lui faire mal sans comprendre pourquoi. Tournant la tête, elle observa par-dessus son épaule ce devant quoi elle venait de passer. Elle fit demi-tour et vint se placer au-dessus du plan de travail. Fronçant les sourcils, elle tendit une main et saisit l’un des gros flacons de verre remplis d’une substance rouge sombre et vaguement gluante. Ce ne fut que lorsqu’elle en ôta le petit couvercle que l’odeur de fer caractéristique de l’hémoglobine lui sauta au nez, et elle dû faire un effort considérable pour ne pas avaler d’une traite l’intégralité du pot.


*Oh ... ohoh ...* pensa-t-elle, soudain bien moins sûre d’elle.

Un frisson couru le long de sa colonne vertébrale. Elle se retourna d’un bloc. Elle n’eut que le temps de voir un poing fermé foncer vers elle à toute vitesse avant qu’il ne s’écrase sur son visage. Mim plaqua une main sur son nez, lâchant le pot de sang pour libérer l’autre, qu’elle glissa prestement dans son dos. Cependant, elle n’eut pas le temps de refermer les doigts sur le manche de sa hachette : un coup de genou dans l’estomac lui coupa le souffle, la faisant se plier en deux. A quatre pattes sur le sol, elle retint comme elle pu la bile de remonter dans sa gorge. Les larmes aux yeux, elle regarda la jeune femme qui la toisait. Une vampire elle aussi. Son aura ne laissait aucune place au doute. C’est en reprenant sa respiration que la jeune femme lâcha avec ironie :

- Vous savez accueillir les invités ici.

Un nouveau coup parti, la pointe d’une chaussure venant cette fois s’enfoncer dans ses côtes.

- Je me demande quelle sorte d’invité s’introduit dans les maisons par les cuisines.
- Pas le genre d’invité que tu fréquentes, chérie.

Un autre coup de pied la fit décoller et elle atterrit sur le dos, sentant ses côtes fêlées commencer à se réparer. Elle se remit debout tant bien que mal.

- Bon, je vois que ma présence est mal appréciée, donc je vais m’en aller, hein ! Désolée pour le dérangement, tout ça.

Elle pivota sur ses talons et s’apprêta à détaler lorsqu’elle sentit quelque chose agripper sa longue coiffure et la tirer en arrière. La poigne de l’autre vampire se referma sur le col de son manteau.

- Parce que vous pensiez vraiment vous en tirer si facilement ?

Un léger sourire cynique vint étirer le coin des lèvres de Mim.

- Pas spécialement, mais ça fait pas d’mal de rêver.

La femme qui l’avait attrapée la traîna sans ménagement en dehors des cuisines, sans relever les remarques fort peu agréables que lui adressait sa « prisonnière ». Prisonnière qui se tût dès qu’ils arrivèrent dans le hall d’entrée, car elle avait perçu quelque chose de violent qui ne lui disait rien de bon.
Paru alors un homme qui devait approcher de la trentaine, tout au plus. Ses cheveux d’un rouge flamboyant cascadaient dans son dos, dégringolant le long de ses épaules couvertes d’une jolie chemise de soie. A voir la manière dont il se tenait et agissait, il devait certainement s’agir du maître des lieux. Mim se laissa donc faire, se disant qu’il valait mieux ne pas aggraver son cas en se débattant bêtement. La réflexion que fait la jeune femme la tenant fermement par le manteau manque cependant lui arracher des insultes bien senties
.

*Traînée ? TRAINEE ? J’t’en foutrai, moi, des traînées, grognasse !*

Elle se contenta de serrer les dents et de la foudroyer du regard, attendant vaguement la sentence de son maître. Mais à sa grande surprise, il se contenta de gentiment envoyer promener sa comparse, qui s’en alla fort vexée après avoir poussé Mim dans la direction de l’homme aux cheveux cramoisis. Et ce ne fut que lorsqu’elle fut plus près de lui qu’elle comprit d’où venait le malaise qu’elle ressentait depuis quelques instants. L’aura qui émanait de lui laissait clairement entendre qu’il s’agissait d’un vampire, et d’un vieux ; le genre d’être qu’il ne fait pas bon provoquer lorsqu’on est une créature de la nuit tout juste née. La jeune femme sentit ses muscles se tendre légèrement – pur réflexe d’un instinct de survie surdéveloppé. Elle inclina néanmoins la tête pour saluer le noble, ne manquant pas de remarquer le coup d’œil qu’il jeta à son opulente poitrine. Elle baissa rapidement les yeux pour vérifier que son corset couvrait encore l’essentiel, puis reporta son attention sur l’homme qui l’invitait à entrer au salon. Se faufilant dans la pièce à sa suite, elle remarqua qu’une toute jeune femme se trouvait déjà assise sur l’un des canapés. Là aussi, sa nature apparu très clairement à Mim dans les secondes qui suivirent.

*C’est pas vrai, je suis tombée dans un nid ou quoi ?*

Elle ne s’attendait certainement pas à tomber sur d’autres membres de son espèce – encore moins en aussi grande quantité, et dans le manoir sur lequel elle avait jeté son dévolu. Elle se fit la réflexion que la prochaine fois qu’il lui prendrait l’envie d’aller voler de la nourriture, elle prendrait le temps de vérifier que l’endroit n’est pas habité par une créature susceptible de la tuer d’un simple claquement de doigts. Elle tâcha de garder contenance et de faire bonne figure. Le ricanement que laissa échapper son hôte inattendu ne manqua pas cependant de lui glacer le sang. Quelque chose n’allait pas du tout et elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle se contenta donc de répondre le plus poliment possible.

- Je ne suis qu’une humble habitante de Londres, monsieur, rien de plus. Quant à vos cuisines, vous me voyez bien désolée de vous avoir fait un tel affront, mais cela fait quelques jours que je n’ai rien avalé, et j’ai cru sentir venant de chez vous des odeurs très ... attirantes. Je ne pensais pas à mal, vraiment, mais je n’ai pas spécialement eu le temps de m’expliquer auprès de votre servante.

Cela lui demandait un gros effort de parler aussi bien, n’étant pas le moins du monde habituée à ce type de langage. Néanmoins, elle fit de son mieux pour ne pas paraître trop rustre aux yeux des deux personnes qui lui faisaient désormais face. A la seconde question, elle secoua la tête, fixant la jeune femme de derrière ses verres teintés.

- Non, je ne connais pas votre amie.

Elle avait utilisé le terme « amie » sans même savoir s’il convenait à la situation, et à dire vrai elle s’en fichait un peu. Elle ne voulait qu’une chose, sortir d’ici rapidement, si possible avant de se prendre Dieu seul savait quelle calamité sur le coin de la figure. Elle croisa les bras sous sa poitrine, tripotant machinalement l’endroit où reposaient son paquet de cigarettes et son briquet à amadou. Elle avait une folle envie de fumer. Et elle ne savait absolument pas comment se sortir de ce traquenard.


Dernière édition par Mim Haydn le Sam 6 Oct - 17:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeLun 1 Oct - 4:14

Lorsqu’il releva son visage vers elle, le vampire changea du tout au tout de comportement ! Un sourire s’afficha sur son visage tandis qu’il prenait le temps de l’observer. C’était déjà un bon point. Il ne semblait pas être l’une de ses personnes qui étaient dégoûtées rien qu’à la vue d’une personne inférieure à leur rang ! Ou du moins en apparence… Mais ce changement d’attitude était pour le moins déroutant. Plus de trace d’agacement, d’irritation ou du moindre tracas… Juste ce sourire charmant, et un visage jovial. Il semblait que la jeune femme ait attiré son attention d’une manière ou d'une autre, car il éteignit immédiatement sa cigarette pour venir lui faire face. Enfin elle avait en face d’elle un homme dont la taille n’était pas celle d’un géant ! Cela était fort appréciable ! Tout comme son physique… Il était bel homme. Son visage aux traits raffinés était magnifié par des yeux d’un bleu si clair, qu’ils évoquaient à Elizabeth l’océan qu’on pouvait trouver à l’autre bout du monde… Sa chemise entrouverte, laissait apercevoir un torse finement sculpté. Un corps tout en finesse, pas de musculature superflue, juste une anatomie soignée et raffinée.
La jeune femme sourit à l’homme. Ce n’était pas le moment qu’elle laisse son mauvais caractère s’exprimer. Elle se laissa faire également lorsque l’homme lui fit un baisemain, bien que ce geste l’ait toujours mise mal à l’aise. Elle n’aimait pas cette proximité, et si elle ne se serait pas trouvée dans la demeure d’un vampire bien plus ancien qu’elle, sans nul doute qu’elle aurait retiré sa main. Dans tous les cas, ce geste lui portait préjudice, car l’homme lui retourna la main, semblant observer leur manque d’imperfection… Eh oui, comme le faisait remarquer Monsieur O’Sullivan, ses mains n’était aucunement souillées pas un quelconque travail de domestique… Tout comme celles de l’homme. De longs doigts fins et pâles. Définitivement, il n’y avait aucune chance pour retirer cette étiquette d’aristocrate qui lui collait à la peau. Mais plus encore, ce fut la perspicacité de l’homme qui lui frappa aux yeux. Observateur… Sous ses manières, il n’en restait pas moins quelqu'un aux sens aiguisés. Il lui faudrait donc faire attention. Il lui faudrait jouer des apparences, retomber dans ce monde terriblement faux qu’était celui de la Haute Société si elle voulait traiter avec cet homme. Il n’avait rien à voir avec Wynn avec qui elle pouvait se permettre d’être beaucoup plus nature. Mais dans un premier temps, elle ne pouvait nier les affirmations de l’homme…


-Certes…

Elle planta son regard dans le sien. S’il voulait jouer, elle pouvait le faire aussi… Même si à ce jeu il semblait peut-être meilleur ? Dans tous les cas, qui aurait pu se douter à ce moment-là qu’Elie pouvait se montrer comme la plus pure des garces ? Il ne s’agissait pas de se faire passer pour une femme fragile et innocente… non, de cela la jeune femme pouvait être sûre que personne ne la croirait, mais pour une femme bien moins ambitieuse et bien moins forte qu’elle pouvait l’être. De la mesure… elle allait devoir en faire preuve ! Mais pourquoi tant de méfiance à son égard ? Peut-être était-ce dû aux cris qu’elle avait entendu avant d’entrer ? Ou bien ce changement brusque d’attitude, ou ce regard qui semblait scanner le moindre de ses mouvements ? Ou peut-être aussi son aura… Quel intérêt avait-il à se montrer si courtois avec elle, plutôt que de la renvoyer dehors, comme une pauvre fille des rues ? Il n’était pas net. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui clochait exactement, mais quelque chose en lui éveillait sa vigilance.
Elle laissa sa main dans celle de l’homme jusqu’à ce qu’il veuille bien la lui rendre, partant dans un discours qui amusa beaucoup la jeune femme. Secret était un bien faible mot pour définir ce qu’elle cachait. C’était un fardeau plus qu’autre chose. Mais elle ne laissa rien échapper d’autre qu’une mine amusée.
Elle s’assit dans le fauteuil que Glen lui présenta, croisant immédiatement les jambes pour à nouveau porter son attention sur l’homme. Il était drôle de voir qu’ils se fixaient tous deux, se demandant ce que l’autre voulait ! Elie le laissa demander à boire avant de commencer à lui répondre.


-Je vous avouerai bien volontiers que je n’ai jamais été domestique. Musicienne serait sans doute le terme exact !

Elle se tut lorsqu’elle vit arriver la jeune servante avec son plateau. Elle tremblait de la tête au pied, et semblait en grande peine pour contrôler ses émotions. Elie n’eut aucun mal à apercevoir ce regard apeuré qu’elle lança en direction de son maître. Un tortionnaire avec ses domestiques ? Elie n’aimait pas ça… Elle n’avaitt pas une fervente ardeur à défendre le pauvre et l’orphelin, mais elle n’aimait pas non plus ce mépris que certains pouvaient avoir envers les classes les moins aisés. Elle préféra détourner les yeux de ce triste tableau, faisant semblant de s’intéresser à la décoration du salon. Somme toute, rien de bien intéressant, jusqu’à ce qu’elle ramène son regard sur le plateau apporté précédemment. Ce fut le liquide rouge qui attira son attention. Elle savait très bien ce que c’était, et n’avait aucunement l’intention de s’en servir un verre, malgré l’invitation de l’homme. Elle n’avait pas envie de devenir incontrôlable une fois de plus, d’autant plus qu’elle était sevrée ce soir-là ! Elle préféra ramener son regard vers l’homme, se concentrant sur ses yeux bleus plutôt que sur la tentation que représentait le sang. Elle sourit une fois de plus, malgré les battements de son cœur qui s’accéléraient dans sa poitrine comme pour lui rappeler ce qu’elle avait sous le nez.
Il était plutôt préférable pour elle, qu’elle lui réponde. Quelle réponse lui apporter ? Vérité ? Mensonge ? Vérité partielle ? Elle opta pour cette dernière.


-Pour tout vous dire… Je ne pensais pas rencontrer une personne… de votre nature… en venant frapper à votre porte !


Elle hésitait sur ce qu’elle allait dire par la suite… Elle n’avait aucunement envie de lui dire ses réelles intentions… D’autant plus que la situation s’était à présent retournée contre elle. Elle ne connaissait pas cet homme, et tout son être lui disait de se méfier de ce sourire si jovial. Elle se sentait aussi tendu qu’un élastique qu’on étirait toujours plus loin, prête à craquer au moindre faux pas. Elle lissa les plis de sa robe dans un geste purement nerveux et machinal, tandis qu’elle réfléchissait à la suite des évènements. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle s’était introduite dans le quartier aristocratique pour séduire un homme dans le seul but de se rapprocher suffisamment de la Reine pour l’assassiner… Non cela était impensable !
Elle s’enfonça un peu plus dans le velours du fauteuil, croisant alors les mains sur ses genoux, ramenant un sourire confiant sur son visage, totalement à l’inverse de ce qu’elle était vraiment.


-Les humains sont des êtres tellement faciles à manipuler et modeler… Je pensais pouvoir…

Mais sa phrase fut coupée lorsque la maison de l’homme fut l’objet d’agitation inattendue. Quel soulagement ! Cette petite diversion permettait de mettre fin à cette conversation pour le moins glissante. Quelle que fut la raison de ce tintamarre, Elie lui en était reconnaissante ! Elle put voir le visage de son hôte changer complètement d’émotion, passant d’une charmante amabilité à un agacement peu contenu. Il n’aimait pas être dérangé, ce qui pouvait être tout à fait compréhensible. Mais une fois encore il contrastait totalement à l’image qu’il s’était donné quelques minutes plus tôt… Il s’excusa pour aller voir la cause de tout ceci. Tant mieux… cela donnait un temps de répit à Elie. Elle n’était pas habitué à jouer ainsi un rôle, mais elle s’en sentait obligée, autant par la menace qu’il représentait, que pour l’atout qu’il pouvait être… Elle se sentait prise au piège de sa propre stratégie… Elle devait jouer le jeu jusqu’au bout si elle ne voulait pas perdre la face…

Tout de même curieuse de nature, elle suivit l’homme du regard afin de savoir elle aussi, de quoi il en retournait. Elle vit bientôt arriver deux femmes. Des vampires toutes deux… L’une d’elle avait la particularité d’avoir les cheveux argentés. Son regard vermeil brillait de colère, tandis qu’elle tenait par le col une autre femme. Cette dernière n’avait rien à voir avec sa geôlière… D’une taille grande, elle n’en restait pas moins élancée et possédait une poitrine plus qu’avantageuse. Elle semblait aussi belliqueuse qu’Elie pouvait l’être ! Elle sut cela au regard agressif qui fut adressé à sa détentrice.
Glen quant à lui ne sembla pas partager la colère de sa disciple… Il ne s’alarmait aucunement que quelqu’un se soit introduit illégalement chez lui… Encore une réaction qui avait de quoi surprendre !
Jusqu’à ce que la jeune femme s’aperçoive de la présence d’Elie dans la demeure de son maître… Sa réaction amusa beaucoup la violoniste qui reconnaissait bien là un trait de caractère purement féminin. Elle se serait bien amusée de cela, et elle en eut l’occasion lorsqu’un regard noir lui fut adressé. Elle y répondit, profitant que l’homme ne puisse la voir, par un sourire moqueur, limite victorieux ! Voilà qui laisserait matière à ruminer à cette garce… Elle se demanderait surement la relation que son maître pourrait bien avoir avec elle… Peut-être même la prendrait-elle pour son amante ? Voilà de quoi lui faire se ronger les sangs…
Elle reprit néanmoins une attitude totalement sérieuse et mesurée avant que Glen ne se tourne à nouveau vers le salon. Cela était un petit jeu lancé entre elle et sa disciple… pas besoin qu’il soit au courant, d’autant plus qu’il pourrait facilement aller dans un sens ou dans un autre, ce qui retirerait tout l’attrait dans ce genre de situation… Tout le sadisme résultait de l’imagination que pouvait avoir une femme, lorsque sa jalousie entrait en vigueur… Elie ne faisait que l’attiser un peu plus…

Mais l’agacement commençait lui aussi à pointer. L’arrivée de cette femme n’était pas un bon point pour elle. Autant avait-elle pu espérer ce sortir de ce guêpier, mais il semblait qu’au final Glen veuille profiter de ses deux invités. Cette nouvelle arrivante avait un certain avantage physique qu’elle ne possédait pas… Cela réduisait sans doute considérablement ses chances de manipuler cet homme par le charme… Ce soir, Elie jouait fortement de malchance ! Elle allait devoir trouver une autre solution… Malheureusement, les solutions ce n’était pas ce qui sonnait au portillon… Au final, elle espérait que cette jeune femme puisse suffisamment distraire Glen pour qu’il ne s’intéresse plus à elle, et ainsi repartir sans encombre… Mais elle se doutait bien que cela relevait de l’impossible ! Elle allait devoir composer avec !

Une fois tout le monde de nouveau confortablement installé, la conversation repris, comme s’ils avaient toujours été à trois pour la commencer… Et la première question fut celle qu’Elie se posait elle aussi. Pourquoi sa présence ici ? Et cette dernière eu une réponse. Adieu la fougue qu’Elie avait pu apercevoir… La jeune femme semblait s’être calmée depuis l’apparition de l’homme. Sa réponse était tout à fait polie, et l’homme eut même le droit à des excuses. Voilà qui mettait un coup à la fierté de la violoniste… Dans ces circonstances, elle savait très bien qu’elle aurait sans doute beaucoup de mal à avoir une réaction aussi mature que sa comparse… Sa bêtise l’aurait une fois de plus conduit à faire une bêtise… Une fois un mauvais pas de fait, elle ne pouvait s’empêcher d’en faire d’autre, c’était plus fort qu’elle !

Puis vint une question à laquelle Elie ne s’attendait pas du tout. Est-ce qu’elles se connaissaient ? Voilà une bien étrange question ! Pensait-il qu’une était là pour distraire pendant que l’autre le dépouillait de ses biens ? Il était vrai qu’avec les paroles d’Elie et de sa mention de ses « plans » cela pouvait porter à confusion. Après tout, c’était un plan qui aurait très bien pu fonctionner sur une maison habitée par un simple humain… Mais il s’avérait qu’aucune des deux ne se soient jamais croisées ! S a comparse fut la première à réponse, ce à quoi renchérit Elie :


-Un pur hasard… Nous ne nous sommes jamais croisées.


Puis, saisissant la seule solution qui semblait s’imposer à elle, Elie se tourna vers la jeune femme, une mine ennuyée sur le visage, lui demandait d’une voix polie –à vrai dire tellement polie que celui lui en écorchait la bouche :

-Excusez-moi chère amie, mais il ne me semble pas avoir saisie votre nom ?

Attirer l’attention et la conversation vers cette femme… Voilà bien un moyen, certes fourbe, mais qu’elle voulait efficace pour que Glen la laisse tranquille avec ses questions !
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMer 3 Oct - 0:25

L'agacement se mêlait à l'amusement sur le visage de Glen. S'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était bien qu'on se moque ouvertement de lui. Elizabeth avait eu la présence d'esprit de lui avouer qu'elle n'avait jamais été domestique mais musicienne. Il avait donc vu juste en la pensant artiste et non femme de chambre. Il resta silencieux, la regardant avec un léger sourire. Glen n'était pas omniscient ni voyant, mais il n'était pas né de la dernière pluie: Le mensonge était sa spécialité, et il n'était pas question qu'il se laisse marcher sur les pieds par une enfant qui croyait pouvoir le berner. Sa présence chez lui n'était pas un hasard, elle devait l'avoir entendu parler depuis l'extérieur... Ou bien écoutait-elle aux portes? Que c'était vilain... Le sourire du vampire s'élargit alors qu'il laissait la parole à la jeune femme. Si elle persistait à fureter ainsi et surprendre des conversations qui ne la regardait pas, il finirait par être tenté de lui taper sur les doigts pour la punir!

Puis la jeune servante entra. Elle avait tout juste dix neuf ans, mais l'angoisse tirait ses traits, lui donnant cinq à six ans de plus sans efforts. Bien vite, Glen détourna son regard de l'humaine, plus intéressé par la jolie veine qui palpitait frénétiquement dans son cou que par son bien être. Dont il se fichait éperdument d'ailleurs. Il avait la bonté d'âme de la loger et de la payer, mais se préoccuper de sa santé aurait pu nuire à son égocentrisme exacerbé.
Ayant de nouveau tourné la tête vers Elizabeth, il nota une réaction qui l'amusa beaucoup. Elle détournait le regard elle aussi, mais sûrement pas pour la même raison. Elle semblait gênée... Ou peut-être plutôt désolée pour la servante. Elle ne devait pas être habituée à voir des domestiques aussi mal traités, pourtant c'était monnaie courante à Londres, et pas seulement chez les vampires.
L'observant toujours, il la vit regarder avec insistance la bouteille. C'était un jeu, pour Glen, un jeu déloyal et fourbe... Elle était jeune, elle devait probablement lutter jour et nuit contre l'appel du sang. Après tout, ils passaient tous par là, et lui n'y avait pas échappé. Le vampire voulait savoir si elle allait se jeter sur la bouteille et la vider d'une traite, prête à en redemander quitte à se mettre à genoux devant lui, ou si elle résisterait et garderait ce masque de marbre qu'elle arborait si fièrement.

Et c'est ce qu'elle fit. Elle ne toucha même pas à la bouteille et bientôt, le rythme soutenu de son coeur sembla se calmer pour reprendre sa marche paisible et sereine. Glen n'en était que plus satisfait. Elle savait se maitriser tant bien que mal, et elle ne lui donnerait pas la satisfaction de craquer. Tant mieux, puisqu'il avait horreur de la facilité. Lui même n'accorda aucune attention au sang posé sur la table, et il préféra s'intéresser de nouveau à ce que disait la jeune femme.
Peut-être lui disait-elle la vérité, peut-être lui mentait-elle... Mais elle avouait enfin qu'elle aurait préféré tomber sur un humain. Berner un homme d'une trentaine d'années était un pari bien moins risqué que tromper un vampire âgé de quatre cent ans.


-Vous pensiez pouvoir? Obtenir les faveurs d'un humain? Allons... Vous avez plus d'ambition, j'ose l'espérer! Manipuler les Hommes, c'est ce que nous savons faire de mieux, mais je suis curieux de savoir pourquoi vous, charmante demoiselle, vous le souhaitez à ce point... Vous n'avez pas visé le bas de la pyramide, si je puis dire...

Il se tut, lui souriant d'un air qui aurait pu paraître aimable et avenant... S'il n'y avait pas eu ses crocs acérés pour assombrir ce curieux spectacle. Elizabeth ne laissait rien paraître, elle était impassible même dans ses hésitations. Que cherchait-elle? Trouver un bienfaiteur ou un homme assez naïf pour la faire entrer chez lui en lui promettant le ciel et la terre? Il y avait autre chose, quelque chose de plus profond mais quoi? Si elle parlait de modeler et manipuler les humains, c'est qu'elle ne devait pas être étrangère à ce genre de pratiques. Corruption, sournoiserie, fourberie faisaient malheureusement partie du quotidien des créatures de la nuit. Un vampire honnête et droit, prêt à déclamer sa nature au grand jour à qui voudrait l'entendre était voué à mourir brûlé sur le bûcher. L'humanité n'était pas encore prête à l'entendre, et pour le moment, ils se comportaient comme de gentils pantins articulés entre les mains d'un marionnettiste bienveillant. Chaque fois qu'une poupée essayait de tirer un peu sur ses ficelles pour s'émanciper, une main ferme venait les rappeler à l'ordre pour les calmer. Les Hommes étaient crédules mais pas fous, loin de là. La véritable folie, celle qui rongeait l'esprit comme une gangrène et pourrissait le corps de l'intérieur, était réservée à ceux qui avaient la chance ou le malheur de vivre plus d'un siècle.

Mais déjà, leur paisible conversation était interrompue par une agitation inhabituelle, qui ne manqua pas d'énerver Glen. Il le cachait bien, mais il appréciait beaucoup Aisling. Elle était forte, droite et fière, elle ne déviait jamais du chemin qu'elle s'était tracée, et malgré son caractère espiègle et parfois sournois, elle mettait un point d'honneur à ne jamais rien dévoiler des secrets de son maitre. On aurait pu la torturer de mille et une manières, elle n'aurait ouvert la bouche que pour hurler. Ils se connaissaient depuis trop longtemps pour que Glen compte les années, et il y avait encore des choses qu'elle même ignorait, mais elle devait être une des seules personnes qu'il apprécie suffisamment pour donner de sa personne en cas de danger. Mais la vampire avait aussi le don de l'exaspérer prodigieusement par moments. Elle devait pourtant savoir qu'il avait horreur d'être dérangé lorsqu'il discutait, mais ce détail ne semblait pas la gêner.
Glen s'était d'ailleurs retenu de rire en voyant sa seconde ramener une jeune vampire par le col. Aisling faisait bien dix centimètres de moins qu'elle, le tableau en devenait presque comique... Et Glen n'avait pas envie de faire preuve de gentillesse en tapotant gentiment la tête de l'irlandaise.

Après avoir invité l'étrangère à s'assoir avec lui et Elizabeth, il la détailla. Elle portait une tenue... Etrange. Un short si court qu'il aurait choqué les dames de la haute société, un corset délavé qui semblait peiner à soutenir son opulente poitrine, et un manteau de cuir marron qui devait avoir vécu des jours meilleurs. Elle n'avait pas du tout l'allure d'une bourgeoise et encore moins celle d'une aristocrate. Elle avait même tout de l'aventurière, celle qui va au devant du danger et fonce tête baissée sans jamais se poser de question.
Un instant, Glen regarda ses deux invitées. Ce qui le frappait chez Elizabeth, c'était sa droiture et son port de tête. Elle se tenait d'une façon distinguée, le visage impassible et la tenue impeccable. La jeune femme lui avait dit être musicienne, l'information aurait du lui mettre la puce à l'oreille. Seuls les aristocrates et les bourgeois pouvaient avoir les moyens de s'offrir un instrument, quel qu'il soit, et d'apprendre à un jouer. Une simple roturière n'aurait pu se payer ce luxe, et les mains d'Elizabeth trahissaient une pratique régulière du piano, ou peut-être du violon... Un instrument nécessitant un doigté rigoureux. Pourquoi diable cachait-elle tout cela sous le masque d'une ouvrière, prête à prendre le poste vacant d'une domestique? Ce point là restait à éclaircir, mais Glen entendait bien apporter une réponse à ses questions.
Il se tourna à nouveau vers Mim. Celle-ci n'avait pas l'allure imperturbable de sa consoeur, et elle semblait bien plus gênée par la présence de Glen. Elle lui répondit d'ailleurs avec une politesse qui le fit sourire. Elle cherchait ses mots, apparemment... Elle ne devait pas avoir l'habitude de discuter avec un homme comme lui.


-Les rues de Londres regorgent de mendiants qui ne demandent qu'à être saignés, ma jolie... Vous introduire dans mes cuisines, tss tss tss... Dangereux, vous ne croyez pas? Vous ne savez donc pas vous servir de vos crocs? Demanda-t-il en faisant claquer les siens avec amusement. Mais restons sérieux, je m'égare. J'imagine que ce n'est pas du sang que vous cherchiez, mais une nourriture plus... Humaine! Vous souhaitez vous rendre malade?

Cette fois, il haussa un sourcil, sincèrement étonné. Les vampires ne pouvaient rien ingurgiter en dehors du sang, et la nourriture les rendait malade. Elle pouvait même les tuer, si elle était consommée à outrance. Par nostalgie, Glen grignotait parfois quelques gâteaux et sucreries, son pécher mignon lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. Mais les pâtes sucrées et épaisses, les perles de sucre et tout le chocolat du monde n'auraient su lui donner goût à la nourriture. Elle prenait une consistance pâteuse et infecte dans sa bouche, et chaque fois que l'envie lui prenait, son organisme le lui faisait amèrement regretter. Ses vieilles appétances le rattrapaient toujours et le rendait nostalgique d'une vie passée dont il avait à peine souvenir. Les cuisines de son manoir n'étaient jamais totalement vides, et lorsqu'il accueillait des humains, Glen savait ravir leurs papilles de tous les délices. Et lorsqu'il n'y avait personne... Les domestiques avaient au moins la chance d'être bien nourrit à défaut d'être bien traités.
Se penchant un peu en avant, les jambes toujours croisées sur le canapé, l'irlandais fixa la vampire avec insistance.


-Ou alors... Vous nourrissez des humains? Non c'est absurde, bien sûr... Quoi que..., il réfléchissait à voix haute.

Il se redressa et se cala confortablement dans son canapé. Il n'avait pas relevé la comparaison d'Aisling avec une servante. Elle était dans la pièce d'à côté, il pouvait sentir sa colère comme si elle avait été assise près de lui. Elle devait avoir entendu l'allusion, ce qui amusait beaucoup le vampire.


-Donc vous ne vous connaissez pas... Quel dommage... Ça n'a pas d'importance, bien sûr... Pourtant vous semblez vouloir me cacher des choses toutes les deux, et je dois avouer que cette attitude me déçois. Vous êtes ici chez moi, j'aimerais comprendre pourquoi!

On sentait poindre une certaine forme de menace dans sa voix, ainsi que de l'agacement. Elles étaient toutes les deux bien trop laconiques... Avaient-elles peur qu'il se mette en colère et les punaise à son mur en guise de décoration? Il préférait les prendre à son jeu et les pousser à la parler plutôt que d'adopter tout de suite l'attitude du tyran.
Toutes deux se ressemblaient. Elles cherchaient à lui soutirer quelque chose. De la nourriture pour l'une, un soutient, une protection, pour l'autre? Elizabeth n'était pas suffisamment claire pour qu'il sache ce qu'elle attendait de lui, ou ce qu'elle avait attendu d'un humain en s'introduisant ici. Glen était prêt à leur offrir ce qu'elles désiraient... En échange d'un soutient de leur part. Elles étaient jeunes et certainement incontrôlable, mais il savait bien composer avec des marionnettes un peu trop récalcitrantes. Et si elles refusaient... Il connaissait bien d'autres techniques pour s'amuser.

Elizabeth prit son relai, demandant à la nouvelle venue son nom. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'irlandais. Il commençait à l'apprécier, elle était subtile et directe à la fois. Il attendit la réponse de la jeune femme avant de reprendre, sur un ton plus joyeux.


-Elizabeth me disait tout à l'heure qu'elle était musicienne, mais votre arrivée l'a coupée dans son élan... Dites m'en plus je suis curieux! Et j'adore la musique! De quoi jouez-vous? Demanda-t-il en posant à nouveau son menton dans le creux de sa main.

S'il fallait renvoyer la balle d'un camp à l'autre pour ne pas donner l'illusion à l'une ou l'autre d'être tirée d'affaire, Glen le ferait. Tant qu'il pouvait éviter d'être le questionné... Pour le moment, ni l'une ni l'autre ne s'était aventurée sur ce terrain miné. Poser des questions à Glen... Pouvait être un véritable casse tête. Il répondait parfois honnêtement, parfois par énigmes, et il lui arrivait aussi de ne pas répondre du tout. Tout dépendait de son humeur et de la question.
Curieux de nature, le rouquin avait encore une foule de questions à poser aux deux jeunes femmes. Il voulait les tester, voir si elles étaient capables de montrer patte blanche avec lui ou si elle préfèrerait fuir sans demander leur reste. Et il voulait en savoir plus sur elles, ce qu'elles faisaient, ce qui les amenaient... Ayant déjà posé une question à Elizabeth, il reporta son attention sur Mim.


-Et vous ravissante demoiselle! Dites-nous tout! J'imagine que les petits larcins dans les cuisines ne font pas votre quotidien... A quoi occupez vous vos journées? Enfin... Vos nuits serait plus exact! Dit-il en ricanant à nouveau d'un air sombre.

Dans son regard dansait une flamme folle et malsaine que son sourire avenant ne parvenait pas à dissimuler. Une chose devait pouvoir soulager les deux femmes. Qu'importe ce qu'elles diraient, même si elles le mettait en colère, Glen ne pourrait leur arracher la tête pour calmer ses nerfs. Il avait beau être bien plus vieux qu'elles, il n'avait tout simplement pas le droit de faire couler le sang d'une créature appartenant à son espèce. Quand bien même il l'aurait souhaité, il n'en avait ni le droit ni le pouvoir. Mais l'heure n'était pas à ce genre d'idées. L'irlandais n'aspirait qu'à une discussion tout à fait ordinaire, entre gens... Presque civilisés. Et puis il avait toujours besoin d'une personne digne de confiance, une personne discrète qui pourrait lui être utile. Etant donné le regard que lui jetaient les deux jeunes vampires, il n'attendait aucune aide de leur part pour le moment. Mais les choses pouvaient encore changer.

Leur conversation fut interrompu par le majordome, qui entra dans la pièce, s'approcha du canapé du marquis et lui remit un billet. Glen le remercia d'un hochement sec de la tête. Décidément, il ne serait pas tranquille ce soir... Se levant à nouveau, il s'inclina poliment devant ses «invitées».


-Du mouvement, du mouvement, tout s'agite ici, ce soir! Je vous prie de m'excuser, je reviens! Dit-il d'une voix étrangement enjouée.

Puis il sortit de la pièce d'un pas décidé. Il donnait l'impression d'être joyeux, mais plus on le dérangeait, plus il sentait l'agacement monter en lui. Glen avait la fâcheuse manie de s'énerver très vite, et ses colères avaient quelque chose de démesurément violent.
De longues minutes s'écoulèrent avant que quelqu'un n'entre dans le salon que Glen avait quitté. Durant ce laps de temps, il laissait Mim et Elizabeth seules, leur donnant par la même occasion une raison de fuir en vitesse. Il était curieux de connaître leur réaction.
Mais avant qu'il n'ait pu revenir, une autre personne fit irruption dans le salon. Aisling n'avait pas l'intention de rester sur sa faim, et l'insulte de Mim n'avait pas encore été digérée. Servante? Pour qui se prenait-elle, cette voleuse?
Contrairement à Glen, Aisling n'était pas folle, elle était même totalement saine d'esprit, mais elle avait horreur de sentir son maitre et ami lui glisser entre les doigts. La veille, elle n'avait su comment lui faire comprendre à quel point elle était blessée qu'il fasse confiance à un vampire qu'il connaissait à peine, un étranger! Glen en avait à peine parlé, mais elle le connaissait assez pour lire ses expressions sur son visage. Elle n'était pas dupe... Et ce soir, il se payait le luxe de converser avec deux gamines sorties de nulle part? Il l'évinçait par la même occasion?
L'orgueil de la vampire en avait prit un coup. Contenant tant bien que mal sa colère, elle s'approcha des deux femmes d'une démarche souple et féline, un sourire fier accroché aux lèvres.


-Et bien et bien et bien... Quel tableau... Pitoyable. Glen a peut-être l'air conciliant, mais moi je ne le suis pas... Je n'aime pas les parasites... Ceux qui viennent voler, elle tourna la tête vers Mim, et ceux qui viennent fureter, puis vers Elizabeth.


Dernière édition par Glen O'Sullivan le Mar 16 Oct - 23:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeSam 6 Oct - 21:33

*Je vais prendre cher* fut la première pensée de Mim lorsqu’elle entra dans le salon, ses yeux allant et venant entre son « hôte » et la jeune femme déjà présente dans la pièce. Elle se demanda un moment à quoi la conversation de ces deux vampires pouvait bien ressembler avant qu’elle n’arrive comme un cheveu sur la soupe, mais reporta très vite son attention sur un problème beaucoup plus urgent. Il lui fallait sortir d’ici, et vite. Elle détestait l’ambiance qui régnait entre ces murs, comme si un danger s’apprêtait à s’abattre sur eux à tout instant. Danger incarné en la personne de ce curieux et, quelque part, menaçant personnage qu’était l’homme aux cheveux rouges assis en tailleur sur son canapé. A la question qu’il lui posa, elle répondit aussi bien que possible, cherchant ses mots, faisant bien attention à ne pas tomber dans la vulgarité par mégarde. Face à un noble de son rang, ç’aurait été mal vu, et l’irriter davantage était la dernière chose qu’elle voulait.
La réponse qu’elle lui donna eut pour effet de le faire ricaner à nouveau. C’était un son qui lui glaçait le sang sans qu’elle parvienne à expliquer pourquoi. L’ironie de la remarque qu’il lui fit lui arracha un demi-sourire bien malgré elle.


- Les derniers mendiants que j’ai dévorés avaient un goût vraiment immonde. On se demande ce qu’ils mangent en ce moment.

Elle regretta immédiatement d’avoir parlé et se maudit en silence. La question sur la nourriture humaine la pris un peu au dépourvu. Elle n’avait aucune justification plausible à lui fournir, malgré ses méninges tournant à vive allure. Elle trouva un semblant de répartie, et s’apprêta à répliquer quand la réflexion du vampire la figea net. Elle eut une brève seconde d’absence, se demandant comme il pouvait savoir, comment il avait eu l’intuition nécessaire pour deviner que les aliments qu’elle était venu voler n’était pas pour elle mais pour des humains bien humains. S’il décidait de la suivre ou d’envoyer quelqu’un la pister jusqu’à chez elle lorsqu’elle repartirait – si elle repartait vivante – Edward et Abigaël seraient les cibles de tout une maisonnée de créatures de la nuit aux auras plus menaçantes les unes que les autres. Elle fit de son mieux pour dissimuler son trouble, heureuse que ses lunettes aux verres teintés aient dissimulé ses yeux écarquillés, puis sourit comme si son hôte avait raconté une bonne blague et agita un peu la main.

- Absurde, comme vous dites. Quel vampire irait nourrir des humains de son plein gré ?

Une fois encore, elle se détesta pour avoir parlé.

*Mais tais-toi, bon sang !* se molesta-t-elle, furieuse que sa langue trop bien pendue soit susceptible de lui jouer des tours malgré toutes les précautions qu’elle prenait et la mesure dont elle faisait preuve.

L’agacement commençait à poindre dans la voix de ce drôle de personnage aux cheveux flamboyant, et si ni elle ni l’autre invitée ne faisaient attention, elles risquaient fort d’en payer le prix. Elle ne connaissait pas la jeune femme, mais espérait que si elle avait un minimum de bon sens, elle ne provoquerait pas l’aristocrate. C’était bien la dernière des choses à faire si elle tenait à rester en un seul morceau. Légèrement plus tendue de seconde en seconde, la vampire tourna la tête vers ladite invitée lorsque celle-ci s’adressa à elle. Elle ne s’y attendait pas du tout, persuadée que l’autre ne lui prêterait pas plus d’attention que cela malgré le fait qu’elle se soit incrustée dans la conversation, contre son gré, certes, mais tout de même. Elle resta silencieuse un moment. Elle ne voulait pas divulguer d’information à son sujet. Ca l’aurait exposée, d’une manière ou d’une autre. Elle savait qu’il était plus facile d’oublier un visage lorsqu’on ne pouvait pas y associer de nom. Un nom s’entend, se retrouve toujours un jour ou l’autre, alors que le temps efface les photographies, estompe les souvenirs, les déforme, jusqu’à ce qu’un beau jour, toute souvenance d’une personne au patronyme inconnu ait disparu. Mais là, elle ne pourrait pas se défiler par une pirouette. Les bras toujours croisés sous sa poitrine, elle regarda tour à tour ses deux interlocuteurs, et finit par dire :


- ... Mim. Je m’appelle Mim.

Elle ne fit aucune mention de son nom de famille. Premièrement, il ne leur dirait certainement rien, étant humble roturière et eux faisant partie des classes supérieures, et deuxièmement, parce qu’elle estimait que son prénom était amplement suffisant. S’ils lui réclamaient ce qu’elle ne leur disait pas, elle leur révèlerait de mauvaise grâce, mais ne jouerait pas les imbéciles en risquant beaucoup juste pour avoir voulu rester un peu trop discrète.
Leur hôte se tourna alors vers l’autre jeune femme, et Mim apprit son nom par la même occasion. Elizabeth semblait aussi peu à l’aise qu’elle, et se dit qu’elle pourrait peut-être s’en faire une alliée temporaire. Si elle avait aussi envie qu’elle de fausser compagnie au vampire, alors peut-être qu’elles parviendraient à s’arranger pour parvenir à s’éclipser subtilement. Mais était-elle seulement digne de confiance ? C’était à voir.
L’homme se tourna à nouveau vers elle, lui posant une nouvelle question. Mim commençait à se sentir franchement mal à l’aise et souhaitait plus que tout que ce petit interrogatoire prenne fin. Elle avait peur de faire une erreur, une regrettable erreur, de laisser échapper une parole malheureuse qui aurait ruiné tous les efforts qu’elle déployait depuis tout à l’heure. Hors de question cependant de montrer son malaise. Elle haussa un sourcil et sourit, un sourire en coin un peu cynique. Elle était tentée de fumer, mais se retint.


- Mes nuits ne sont pas spécialement passionnantes, j’en ai peur. Elles me servent tout juste à faire un peu de ... nettoyage.

Etre vampire et Hunter avait quelque chose de terriblement ironique. Et de dangereux. Une créature de la nuit en chassant d’autres pouvait être très mal vu lorsque les meurtres se faisaient en dehors du contexte des luttes ancestrales opposant les différentes espèces. Et puis, Mim avait à deux reprises brisé l’une des règles fondamentales de la Mascarade en tuant des vampires. Le premier s’apprêtait à lui arracher le cœur, se fichant éperdument des règles énoncées par ses pairs. Le second avait vu les siècles lui arracher sa raison lambeaux par lambeaux, jusqu’à ce qu’au final il n’en reste plus rien. Ce n’était plus que l’ombre du redoutable chasseur qu’il avait été autrefois, une enveloppe animée par la folie la plus profonde et un désir de mort. Elle n’avait pas eu le choix. C’est parce qu’elle avait abattu deux membres de son espèce qu’elle craignait autant la réaction de son vis-à-vis. Rien ne lui disait qu’il n’en avait pas fait autant et n’était pas capable de recommencer. C’est pourquoi elle restait sur ses gardes, en permanence, le montrant le moins possible. Elle sentait peser à sa ceinture le poids de ses énormes revolvers et de sa hachette à lame d’argent, dissimulés dans son dos.
Elle dû retenir un énorme soupir de soulagement lorsque son hôte eut à s’absenter, retenu par une affaire quelconque dont son majordome venait de lui faire part.


*C’est ça, amusez-vous bien, prenez votre temps surtout, hein.*

Elle regarda partir le vampire aux cheveux rouges, puis, dès qu’elles furent seules, elle se tourna vers Elizabeth.

- Ecoute, j’ai aucune idée de pourquoi tu t’es retrouvée ici, mais personnellement, j’ai pas envie de m’éterniser plus que ça, et je pense que toi non plus. Alors, soit on se casse maintenant, et on se cache le temps qu’il nous oublie, soit on monte un bateau quelconque pour qu’il nous laisse partir.

Elle regardait la jeune vampire, cherchant une quelconque forme de soutient, lorsque quelqu’un entra dans la pièce. Pivotant sur elle-même, Mim croisa le regard de la femme qui l’avait surprise dans les cuisines. Elle se tenait très droite et les toisait toutes les deux avec mépris. La Huntress haussa un sourcil en l’entendant parler. Pathétique, elle les trouvait pathétique. Cependant, à ses yeux, c’était elle la plus pitoyable du lot.

- Si la maison était mieux gardée, les « parasites », comme tu dis, ne mettraient jamais les pieds ici.

Elle lui décocha un sourire éclatant de cynisme et d’ironie. Autant elle se tiendrait à carreau avec le maître des lieux, autant elle ne se laisserait certainement pas dicter sa conduite par une femme un peu trop zélée. Mim ne l’aimait pas. Elle avait moyennement apprécié de se faire ainsi conduire jusqu’à leur hôte comme une malpropre, et l’appellation de « trainée » lui restait en travers de la gorge. Ce serait l’occasion de s’amuser et se détendre un peu. Réajustant ses lunettes sur son nez, la vampire se promena nonchalamment dans la pièce.

- Mais au fait, qui t’es, pour lui ? Son larbin ou son amante ? Non, parce que, pour foudroyer Elizabeth du regard comme si tu l’avais surpris en train de l’embrasser avec passion, c’est un peu ridicule – non, en fait, c’est carrément risible.

Elle la provoquait sciemment, espérant une réaction violente de sa part. Elle espérait qu’elle lui donne une raison pour s’éloigner de ce manoir où se tramaient des choses qui ne lui disaient rien qui vaille.
Elle réajusta son corset, soupirant en sentant la pression sur sa poitrine. Elle maudissait parfois la taille fort respectable de ses seins, qui ne lui avait valu que des regards appuyés et quelques belles chutes à plusieurs reprises. Plongeant la main à l’intérieur de son manteau, elle en sortit une cigarette et son briquet à amadou. Plantant le petit objet entre ses crocs, elle dévisagea la gouvernante aux cheveux argentés.


- Je te demande pas ton avis, hein. D’une, j’ai pas envie, et de deux, j’ai pas envie de t’entendre me dire non.

Elle alluma l’extrémité et tira une longue bouffée, soufflant la fumée entre ses dents serrés. La petite lueur se reflétait sur les verres de ses lunettes qui, ayant un peu glissé, révélaient ses iris d’un rouge sanglant, fendus par de fines pupilles en amande. Un léger ricanement s’échappa de sa gorge.

- Quand je pense que tu nous trouves pitoyables. Franchement, je pense que t’es la dernière à pouvoir nous faire cette remarque.

Elle posa une main sur sa hanche, l’air de rien, néanmoins prête à refermer les doigts sur le manche de sa hachette à la vitesse de l’éclair si l’autre décidait de l’attaquer.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMar 9 Oct - 18:40

Délicate position que voilà… Glen était perspicace… Bien trop même. Il suffisait d’entendre sa réponse pour le savoir… En effet, le plan d’Elie ne se limitait pas à une simple manipulation, et ce vampire était bien trop malin pour qu’il se laisse berner par une simple explication. Elle se sentait observée dans ses moindres faits et gestes, ses paroles étaient décortiquées au mot près. Elle était tombée sur un fin stratège, un homme qui savait se jouer des autres. Il ne fallait que voir comment il se montrait à la fois prévenant, mais tout aussi redoutable ! En somme, un nouveau mystère qu’il faudrait résoudre…
Il était bien difficile d’interpréter son sourire, teinter subtilement d’agacement… Que pensait-il derrière ? Il tentait sans doute de faire bonne figure, mais que pouvait-il bien imaginer sous ce masque ? L’esprit de la jeune femme n’était pas encore assez tordu pour réaliser l’étendu du jeu qui se déroulait devant elle. Ce qu’elle prenait pour un geste de courtoisie et de savoir vivre, n’était en fait qu’un piège à son encontre, un test pour évaluer sa résistance aux attraits du sang… Elie était loin d’être aussi fourbe ! Sa droiture ne serait qu’une épine face à cet homme, un désavantage énorme.
Malgré tout, les crocs acérés de l’homme l’aidait à ne pas perdre pied dans cette situation. Ils lui rappelaient à qui elle avait affaire… Un vampire, un ancien…. Un être dangereux pour qui oserait se le mettre à dos.
Elle pinça les lèvres, agacée. La spontanéité lui saillait mieux que la manipulation ! Elle se sentait mal à l’aise dans cette situation, et si elle n’avait pas tenu un tant soit peu à ses projets, il y aurait bien longtemps qu’elle aurait été bien plus directe dans ses propos, mais tout aussi évasive…

Et l’inspection méticuleuse de l’homme recommença aussitôt que les deux femmes furent assises dans la pièce. Il faisait penser au chasseur devant sa proie… Ne la quittant pas du regard une seule seconde, étudiant ses gestes pour les anticiper… Faire bonne figure devenait alors horriblement difficile !
Fort heureusement, ce fut vers son autre invitée que se tourna vers Glen, dans une remarque tout à fait pertinente… Pourquoi un vampire chercherait-il à subtiliser de la nourriture humaine ? Elie se souvenait parfaitement de cette amère leçon qu’elle avait reçue. Elle n’avait pu s’empêcher, malgré les mises en garde de son maître, de se laisser aller à son péché mignon… des fraises ! Trop désireuse de retrouver cette saveur de sa vie passée, elle s’était laissé tenter… Cruelle fut sa déception quand ce fruit, si juteux et sucré, s’était transformé en cendres dans sa bouche, ne lui laissant qu’un goût pâteux et amer sur la langue. Pire encore… des crampes d’estomac atroces l’avaient tenue alitée pendant deux nuits, pendant que son corps rejetait violemment cette nourriture qu’il ne lui était pas destiné. Oui… Aussi alléchant que pouvait se montrer ce genre de condiment, ils ne leur étaient plus dévolus à présent…
Alors qu’est-ce qui pouvait bien motiver cette jeune femme ? Ne savait-elle pas tout cela ?
Et pourquoi Glen préparait-il de la nourriture humaine dans sa demeure ? Ressentait-il quelques regrets de sa condition passé ? Elie ne pouvait croire que cette cuisine préparait des mets aussi raffiné seulement pour les quelques humains habitant en ces lieux ! Il avait montré quelques minutes plus tôt son peu d’intérêt, voire même sa cruauté, envers ses domestiques ! Les cris qu’elle avait entendus un peu plus tôt en étaient aussi la preuve !

Elie haussa un sourcil à la réponse de sa comparse. Les mendiants ? Que cherchait-elle ? Les nourrir pour que leur sang ait meilleur goût ?! Idée totalement insensée ! Aussi rocambolesque que ce que pensait Glen. Nourrir des humains… Dans quel but ? Pourquoi ? Se lier à des humains était, aux yeux d’Elie, complètement improbable ! Est-ce qu’un lion s’acoquinait avec une gazelle avant de la dévorer ? Certainement pas ! Une fois vampire… il fallait bien se séparer des mortels ! Rien n’était plus comme avant… Rien que leurs conditions de vie les mettait à l’écart de la société ! Alors pourquoi se rapprocher d’eux, sinon se mettre en danger ?
Ce fut en tout cas une idée que cette inconnue nia.
L’histoire semblait ainsi close… Enfin pour le moment. Glen changeait déjà de conversation, s’aventurant sur un sujet bien plus épineux… La raison de leur présence ici. L’homme commençait à perdre patience, cela s’entendait, ce qui n’était pas pour avantager les deux jeunes femmes. Il fallait trouver très vite de quoi intéresser suffisamment l’homme pour qu’il puisse enfin mettre de côté ce sujet !
Ce fut l’une des raisons qui poussa Elizabeth a demandé son nom à sa comparse, tout autant qu’elle voulait détourner la discussion de sa propre personne. Le silence se fit. Par ce simple fait, Elie devina aisément que la réponse de son interlocutrice devait lui en coûter. Pourquoi tant de récalcitrance ? Un nom, un prénom… si ce n’était pas le vrai, cela pouvait aisément s’inventer.
Mais enfin la voix de la jeune femme s’éleva dans un prénom tout simplement. Mim… Peu courant, mais au moins il sortait de l’ordinaire ! L’homme semblait avoir attendu d’avoir cette réponse pour pouvoir embrayer une nouvelle fois sur des questions à son sujet.
Un petit sourire amusé s’afficha sur les lèvres de la jeune femme avant qu’elle ne fixe sans ciller Glen. Il avait compris son petit manège apparemment, et ne semblait pas vouloir la laisser mener la danse. Certes… Il gagnait cette manche.
Elle se renfonça dans le fauteuil avant de répondre calmement.


-Vous adorez la musique ? Nous devrions bien nous entendre dans ce cas… Mais n’avez-vous pas une petite idée de mon instrument de prédilection ?

Elle appuya son coude sur l’un des bras du fauteuil pour y appuyer elle aussi son menton, son regard toujours fixé sur son interlocuteur. Elle aussi avait bien le droit de s’amuser… Elle se doutait bien que l’homme avait sans doute une idée sur la question. S’il était si fin observateur, peut-être avait-il senti l’odeur caractéristique de la colophane servant à entretenir son instrument, l’odeur du bois composant son violon, ou bien même le vernis le recouvrant ! Tant d’indices olfactifs pouvaient le mettre sur la piste…
Mais peut-être ne fallait-il pas trop tenter le diable… Entrer dans le jeu de l’homme, oui, mais dans une certaine mesure !


-Du violon… Je joue du violon. Et vous, êtes-vous aussi instrumentiste ?


En revanche, rien ne l’empêchait d’inverser la tendance, et de mettre l’homme sur la sellette, même si sa question restait, somme toute, très simple. Il lui fallait en savoir un peu plus sur cet homme si elle voulait s’en faire un atout. Manipuler quelqu’un nécessitait de le connaître, or pour le moment elle ne savait rien de plus sur lui que son nom, qu’il était fin observateur, voire même manipulateur et qu’il semblait terrifier ses servantes. Cela était un maigre bagage ! Elle tâcherait de pallier cette ignorance !

Mais l’attention du maître des lieux semblait déjà s’être reportée sur Mim. Une question à laquelle elle apporta une réponse assez mystérieuse. Un vampire, faire du nettoyage ? Que voulait-elle dire par là ? Elle aussi restait évasive dans ses réponses. Elle semblait vouloir éviter les questions et pourtant les justifications qu’elle apportait avaient plus le don d’apporter de nouvelles interrogations que de les cesser… A quoi jouait-elle ? Cherchait-elle, elle aussi, quelque chose de la part de l’homme ? Si elle voulait s’en attirer la curiosité, elle devait sans doute avoir gagné ! En tout cas c’est ce qu’elle avait provoqué chez Elie. Ce mot, nettoyage… Il était bien vague…
Elie fixa Mim un long moment. Cette femme cachait beaucoup de choses ! De ça la violoniste était certaine ! Mais ce n’était pas elle qui l’intéressait, mais bien l’hôte de la demeure qui, après avoir reçu un message d’un majordome, s’excusa puis s’éclipsa de la pièce, laissant derrière lui les deux femmes.

A peine furent-elles seules que Mim se tourna vers Elizabeth, lui soumettant son plan. Enfin… si on pouvait appeler ça plan ! Il s’agissait d’idées, mais rien de plus qu’un ébauche, rien de bien solide à présenter au maître des lieux ! Fuir… Oui, pourquoi pas, si elle le voulait Mim pouvait bien le faire, mais Elie n’avait pas pour habitude de fuir fasse à un quelconque danger. C’était peut-être tenter le diable, mais il lui faudrait tenter sa chance jusqu’au bout maintenant qu’elle était face à un congénère aristocrate.
Lui présenter un mensonge pour qu’il les laisse partir… Était-elle sotte ? Il leur faudrait une grande habilité pour lui faire croire à des couleuvres… Peut-être n’avait-elle pas remarqué ce regard perçant posé sur elles, les scrutant, les scannant pour y déceler la faille. Que voulait-elle lui inventer de suffisamment crédible pour qu’il n’ait plus envie de leur présence dans cette demeure ?
Dans tous les cas, Elie tiqua, son visage s’assombrissant. Mim montrait enfin son vrai visage. La violoniste se savait peut subtile, mais Mim la surpassait dans ce domaine de loin !
Les murs avaient des oreilles… Il était peu intelligent de maintenir une telle discussion dans une maison peuplée par des vampires… Aussi envieuse qu’elle avait de se sortir de ce faux pas, Elie lui répondit tout de même dans un soupire :


-Ne soyez pas stupide… Sous-estimer cet homme serait une grave erreur !

Elle décroisa les jambes et se redressa dans le canapé, prête à se lever pour faire face à Mim quand on entra dans la pièce.
Elie se rencogna immédiatement dans le fauteuil et regarda la nouvelle arrivante. Lorsqu’elle vit qu’il s’agissait de la « servante » de tout à l’heure, un sourire amusé s’afficha sur ses lèvres. Ainsi elle revenait à la charge… Une petite têtue, une obstinée… Une attitude qui plut tout de suite à Elizabeth. Cette femme l’amusait. Elle se reconnaissait quelque peu dans son attitude, tout comme dans la provocation ouverte qu’elle fit aux deux femmes. Il était alors plus facile de s’amuser d’elle lorsqu’on connaissait cette attitude…
Mim entama le combat que semblait vouloir mener la servante de Glen. Elle aussi était une femme spontanée. Étrangement, ses réponses furent bien moins hésitantes et évasives, et surtout bien moins polies que précédemment… Mim s’amusait à la provoquer, jouant sur la loyauté de la jeune femme… Puis, plus sournoisement sur les sentiments qu’elle entretenait pour son maître… Bien joué… Elle aussi avait remarqué sa jalousie ! Puis, poussant le vice jusqu’au bout, elle sortir une cigarette et l’alluma dans une ultime provocation.

Peut-être était-elle inconsciente… Qu’allait-il se passer ensuite ? Voulait-elle déclencher une bagarre ? Si elle voulait s’attirer les foudres de Glen, elle semblait bien partie ! En tout cas, une personne mettant du désordre chez quelqu’un n’était jamais très bien perçue !


-Allons allons… Mesdames !


Elle se redressa. Pour une fois, elle semblait se poser comme la plus sage de la pièce… Mais cela n’empêchait en rien sa verve de s’exprimer… Des mots qui pouvaient sembler anodins et sages, mais qui, si on connaissait bien Elie, n’étaient que pure provocation et relevaient bien à quel point elle était une garce au fond… Mais une garce plus subtile...

-Vous ne voulez tout de même pas vous attirer les foudres de l’hôte de ces lieux ?

Se relevant, elle se planta entre les deux femmes. Elle se tourna vers Mim.

-Ne lui en voulez donc pas pour son audace… Une femme jalouse est prête à tout pour s’attirer l’attention de son bien aimé… Sans doute se sent-elle menacée par votre physique avantageux…


Elle se tourna ensuite vers l’autre femme, un sourire amusé s’affichant sur ses lèvres.

-Et vous… Vous êtes une femme ! Ne savez-vous donc pas user de vos atouts pour vous attirer les faveurs de votre maître ?

Elle s’appuya alors négligemment contre le canapé. Peut-être rajouterait-elle de l’huile sur le feu, ou bien calmerait-elle les esprits. Dans tous les cas, elle ne resterait qu’une spectatrice, et non une actrice si les deux femmes venaient à se battre. Il n’était pas question qu’elle se fasse remarqué devant l’homme. Elle ne paraitrait que comme une femme mesurée et réfléchie, en aucun cas comme une garce… Dévoiler son jeu devant Glen n’était peut-être pas la bonne solution. Mais la tentation avait été forte de provoquer sa servante… Et encore… Elle s’était bien retenue, se méfiant de l’ouïe des vampires un peu trop aiguisée à son goût. Elle laissa tout de même échapper, sournoisement, une dernière réplique :


-Si vous le voulez je peux vous donner quelques conseils…

Son sourire s’agrandit. Dedans, aucune malignité, juste un sourire innocent… Et pourtant… Derrière ce masque de jeune femme douce aux yeux de biches, se cachait une femme redoutable….
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMer 10 Oct - 22:41

Tac tac tac tac, faisaient les ongles de Glen en tapant sur son genou. Son sourire n'avait pas changé, et il avait toujours le menton posé nonchalamment dans le creux de son autre main, mais le tapotement régulier de ses doigts trahissaient un agacement qui ne cessait de croitre. Mim, la mesurée, la sérieuse Mim, qui avait fait preuve de tant de politesse quelques minutes plus tôt montrait enfin son vrai visage. Elle était narquoise et cynique, et elle croyait pouvoir user de cela avec Glen? Grave erreur... De ses deux invités, elle était la plus susceptible d'attiser sa colère. L'irlandais avait tendance à juger très rapidement les gens. Trop rapidement souvent, et un seul pas de travers pouvait suffire à attiser le plus profond des dégouts chez lui. Pour l'heure, il lui accordait le bénéfice du doute. Il voulait tester les deux jeunes femmes, savoir laquelle pourrait lui être vraiment utile, et puis... D'un autre côté, Mim lui offrait une vue qui était loin d'être désagréable pour l'incorrigible libertin qu'il était. Dans d'autres circonstances, il aurait sûrement usé de mots doux et autres subterfuges pour faire d'elle sa compagne d'un soir, mais elle n'avait pas l'air naïve à ce point. Le simple fait qu'elle croise les bras en gardant cette posture fière le prouvait: Elle ne se laissait pas faire facilement, et encore moins avec quelques jolis mots placés au détour d'une conversation. Quel dommage... Hormis son caractère, elle aurait pu lui plaire, mais elle l'avait un peu trop énervé pour qu'il tente quoi que ce soit.

A ce stade, Elizabeth lui plaisait davantage. Elle était plus mesurée, plus en retrait. Elle se montrait attentive, sans pour autant faire preuve d'une curiosité déplacée. Il y avait quelque chose chez elle qu'il aimait particulièrement, et même ce côté mystérieux avait quelque chose d'attrayant. Pour l'heure, Elizabeth correspondait davantage à ce que Glen recherchait.
Cependant, le marquis se doutait qu'il pourrait moins la manipuler et jouer avec elle. Elle était trop méfiante, trop distante... Et elle n'avait pas l'air d'avoir peur.
Mim avait eut un sursaut de frayeur en l'entendant ricaner, elle avait conscience du danger que le vampire pouvait représenter, et il saurait jouer là dessus. Il voulait la voir se dévoiler au grand jour et exploser... S'il lui fallait la déchirer pour comprendre qui elle était, il le ferait.
Pouffant légèrement de rire, il susurra d'une voix très douce.


-Certains se nourrissent de restes humains, à ce que l'on dit... Ce doit être l'arrière goût peu fameux dont vous parlez... Rompre ainsi la chaine alimentaire, ce n'est pas très bon pour nous...

Chacun de ses mots étaient enduit de poison et saupoudré du plus dangereux des acides. Oui ce qu'il disait était malsain, et il ne ferait sûrement que la faire fuir un peu plus loin, mais il ne cherchait qu'une chose: La dégouter encore plus en entrant dans son jeu. Elle voulait plaisanter? Soit. Il le ferait aussi, mais à sa manière.
Il était prêt à ajouter quelque chose, mais Mim le devança. Le sourire du vampire s'élargit alors qu'il continuait de la fixer droit dans les yeux. Son regard s'était fait plus bestial, à l'instar d'un fauve qui aurait repéré une proie juteuse. Elle venait de se jeter dans la gueule de loup, sans qu'il ait à se fatiguer outre mesure. C'était si simple, si évident... Elle lui avait apporté la réponse qu'il attendait: Elle s'occupait d'humains, les nourrissait... Et ce de son plein gré. Il suffisait de prendre ses paroles à l'envers. Ainsi donc, elle était encore suffisamment attachée à son existence humaine pour se mêler aux Hommes.
Glen aurait pu trouver cela pathétique, mais il ressentait un curieux pincement au coeur. Depuis qu'il était vampire, les humains étaient une nourriture, une friandise à ses yeux. Mais ils représentaient aussi tout ce qu'il n'avait plus, tout ce qu'il ne pourrait jamais avoir, même en faisant des caprices comme un enfant de cinq ans. Il ne pouvait plus sentir la caresse du soleil sur sa peau, il n'était plus capable de partager un délicieux thé accompagné de gâteaux comme le fais aient tous les anglais, et il ne pouvait même plus prétendre avec des liens de sang avec qui que ce soit. Il avait beau le nier, il ne cesserait jamais de regretter quelques bribes de son passé. Un vampire ne pouvait renier ce qu'il avait été, ceux qui le faisait devenaient des bêtes sanguinaires guidés par leur instinct et non leurs émotions. Elle lui faisait mal, cette humanité qu'il gardait enfouie en lui, mais il ne pouvait s'en séparer, il s'y refusait car elle lui était vitale.
Pourtant, il avait du mal à comprendre pourquoi Mim continuait à s'accrocher à cela. Pour lui, cela revenait à imaginer un humain conversant et vivant avec une colonie de lombrics... Cette femme était étrange, il ne parvenait pas à la comprendre et plus les minutes passaient, plus il était méfiant. La jeune femme avait marqué une longue hésitation avant de leur donner son nom. Elle ne souhaitait pas leur révéler son identité... Etait-ce par mépris? Non... Sa réaction ressemblait davantage à de la peur. Plus il observait ses deux invitées, plus Glen les trouvait différentes. Elizabeth s'était immédiatement présentée à lui, et qu'elle ait usé d'un faux nom ou de sa véritable identité, elle l'avait fait en le regardant droit dans les yeux, sans ciller.
Cette fois, il avait en face de lui une récalcitrante. Donner son nom permettait à un potentiel ennemi de garder quelque chose de concret en mémoire. D'autant que ce prénom, Mim, n'avait rien de courant. Il était original, simple à retenir, et avait une jolie sonorité. Craignait-elle que Glen joue avec son identité pour lui soutirer des informations? Il était fourbe, mais pas à ce point. Son nom ne servirait qu'à établir un climat d'égalité au sein de la conversation.

Mais il laissa ses réflexions de côté et se tourna vers Elizabeth. Elle aussi l'intriguait. Tout était dans la retenue, chez elle. Jamais un mot plus haut que l'autre, une finesse exemplaire dans le choix de son vocabulaire... Elle était habile, c'était certain, mais dans quelle mesure? Etait-elle capable de se battre à armes égales sur ce terrain avec lui? Elle aussi semblait vouloir jouer, mais elle usait de la technique inverse. Mim préférait le cynisme, Elizabeth avait choisit de calquer sa démarche sur celle de Glen, et même s'il appréciait d'être surprit, il préférait cette manière de procéder.
Soutenant le beau regard de la jeune femme, il lui répondit sur le même ton.


-Je suis un grand amateur d'art en général. J'apprécie tout particulièrement l'opéra et les oratorios. La musique traduit ce que les mots ne peuvent exprimer, j'ai toujours trouvé cela fascinant! Dit-il d'une voix sincèrement transportée. Vous voulez jouer aux devinettes? Soit... J'aime les énigmes...

Souriant toujours, il l'observa à un long moment. Là où il avait eu l'air d'un serpent agressif et venimeux avec Mim, il apparaissait comme un gros chat ronronnant avec Elizabeth. Un véritable caméléon, en soit.
La jeune femme avait les mains fines et longues, et elle semblait y apporter un soin tout particulier. Elle n'avait pas les ongles longs que pouvait se permettre une flûtiste ou une hautboïste. Elle ne pouvait qu'être pianiste ou violoniste, altiste, violoncelliste... Se penchant légèrement vers les mains de la demoiselle, il tendit l'une des siennes.


-Puis-je? Demanda-t-il avant de lui prendre la main gauche pour l'observer à nouveau. Je vous aurais volontiers répondu pianiste, vous avez de belles mains qui siérait à merveille à un piano! Seulement..., Il marqua une pause en étudiant attentivement le bout des doigts d'Elizabeth. La corne sur vos doigts me fait penser le contraire. Vous pratiquez donc un instrument à cordes, mais lequel... Le violoncelle est un instrument très masculin, la contrebasse également. Je n'ai malheureusement pas assez d'éléments pour déterminer votre véritable instrument de prédilection, mais je pense que vous êtes altiste, ou bien violoniste!

Son petit exposé terminé, Glen lâcha la main d'Elizabeth et reprit sa posture décontractée. Il adorait chercher de minuscules indices en ayant très peu d'informations, il savait s'amuser de peu de choses. Elizabeth vint lui confirmer son hypothèse selon laquelle elle était violoniste, et se lança à son tour dans un jeu de questions avec son interlocuteur. Celui-ci lui sourit d'un air énigmatique sans répondre. Elle s'aventurait sur un terrain très dangereux, et si elle montrait trop entreprenante, Glen se verrait obligé de la rabrouer pour la remettre à sa place. Mais la question était anodine, et il y répondit, comme lorsqu'il avait avoué aimer la musique.

-Oh je ne pratique pas la musique comme vous semblez le faire. Je l'écoute, la plupart du temps. Mais il m'arrive encore de laisser mon esprit vagabonder sur le clavier d'un piano. Rien de bien extraordinaire, j'en ai bien peur!

Un sourire vint appuyer ses paroles. Glen n'avait rien de fabuleux à lui apprendre à ce sujet. Il n'avait reçut aucune formation musicale durant son enfance, et ne s'était intéressé à la musique que bien plus tard, avec l'avènement du Baroque et l'ère du Classique. Il n'avait que peu pratiqué le clavecin, qu'il n'appréciait pas du tout, mais s'était découvert un véritable amour pour le piano. Elle était loin, cette idée selon laquelle les irlandais jouaient tous du Fiddle ou du Whistle, et Glen n'avait touché ni à l'un ni à l'autre.
Alors qu'il cherchait une nouvelle question à poser à Mim, l'aristocrate fut interrompu par son majordome et dû quitter la pièce. Il était conscient que ce petit jeu ridicule finirait pas énerver l'une des deux femmes, mais il ne pouvait s'empêcher de poser toujours plus de question. Sans le vouloir, Mim lui avait avoué pourquoi elle s'était introduite chez lui. Pour trouver de la nourriture humaine. Mais Elizabeth... Que lui voulait-elle? Elle n'avait pas dit un seul mot, pourtant Glen ne lui réclamait pas toute la vérité et sa multitude de détails...

A l'autre bout du manoir, il sentit monter la colère d'Aisling et eut un sourire. Laquelle s'en mordrait les doigts à l'arrivée, il n'en savait rien...

Dans le salon, la belle irlandaise toisait ses adversaires avec un dégout évident. Elle avait horreur de voir des intrus débarquer chez elle, et encore plus lorsqu'il s'agissait de rôder autour de Glen. Que voulaient-elles? De l'argent, des conseils, de l'aide? Elle eut un sourire. Ces deux vampires n'avaient pas frapper à la bonne porte. Pour prétendre avoir le soutient de Glen, il fallait lui promettre l'équivalent en retour, ou être très doué pour le manipuler.


-Habituellement, même les vampires de votre âge sont un peu plus... Subtils et intelligents, ils savent sentir notre présence et ne s'approchent pas de ce manoir... Mais il faut croire que vous êtes toutes les deux bien bêtes ou naïves! Dit-elle avec un sourire narquois.

Elle était droite et statique, mais elle se retenait de ne pas se jeter sur Mim pour l'étrangler. Son assurance et son insolence l'exaspérait, et elle voyait en elle un danger bien plus grand qu'Elizabeth, qu'elle n'avait pas encore entendu parler.
Son sourire se fana lorsque Mim lui demanda si elle était l'amante ou le larbin de Glen. Les yeux écarquillés et les dents serrées par la colère, Aisling garda un moment le silence avant de répondre.


-Ne me parle pas sur ce ton, gamine... Je ne suis pas son larbin... Ni son amante d'ailleurs, siffla-t-elle.

Cette fois, c'est Elizabeth qui prit la parole, et Aisling daigna enfin la regarder, la détaillant de haut en bas. Elle était tout aussi jeune que Mim, mais beaucoup plus mesurée dans ses paroles. Pourtant, l'irlandaise n'y croyait pas, quelque chose sonnait faux chez elle, horriblement faux... Elle était intéressée et opportuniste, c'était d'elle qu'il fallait se méfier.


-Je n'ai pas grand chose à craindre. Vous deux en revanche, tss... Surtout toi, dit-elle en se tournant vers Mim.

Aisling n'ajouta rien, laissant sa phrase en suspend avec un petit sourire mesquin. Elle savait se montrer courtoise et mesurée, mais elle n'avait pas sa langue dans sa poche. Contrairement à Mim et Elizabeth, elle connaissait très bien Glen et savait appréhender la plupart de ses réactions. L'une d'elles serait la cible de sa colère, c'était certain. Aisling n'aurait su dire laquelle mordrait la poussière, mais ça ne serait pas elle.
Et déjà, Elizabeth poursuivait, renchérissant avec une phrase qui déstabilisant la belle vampire aux cheveux d'argent. Elle avait frappé vite et fort, visant sa plus grande faiblesse.
Une expression de haine pure se dessina sur son visage pendant quelques secondes avant qu'elle parvienne à retrouver sa contenance. Seul le frémissement de ses narines trahissait sa colère.
Elizabeth avait raison, Aisling était jalouse, horriblement jalouse. Elle n'aimait pas sentir le regard de Glen se poser sur une autre Vampire, et encore moins une gamine à peine sevrée. Les sentiments qu'elle avait pour le marquis avaient quelque chose d'étrange. Elle avait de l'admiration pour son ambition, aimait par dessus tout cette folie latente qui l'habitait, était fascinée par son intelligence et sa perspicacité, et pourtant, elle détestait plus que tout son caractère capricieux. Elle avait horreur qu'il l'envoie au quatre coins de la ville lui chercher quelque chose de totalement inutile, simplement parce qu'il en avait envie. Aisling haïssait son attitude de gamin pourrit gâté, et c'est bien pour cela qu'elle lui tenait tête, la plupart du temps. Elle le temporisait à sa manière, mais Elizabeth avait vu juste. Bien malgré elle, l'irlandaise était fasciné par le charme dangereux et loufoque de son maître. Et elle était consciente que jamais elle n'aurait cette même attention de la part de Glen. Il était détraqué, incapable d'aimer... Elle lui était inférieure, elle était plus jeune et moins puissante, et parce qu'il se sentait au dessus d'elle, il ne serait jamais capable de lui rendre ses sentiments. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Glen ne pouvait donner pleinement son affection qu'en se sentant en position d'infériorité. Sans cela, il se sentait exempt de ce genre d'obligations et n'en voyait pas l'intérêt.
Les poings serrés, Aisling ne savait quoi répondre à Elizabeth, car elle avait raison, en partie.


-Comme tu es présomptueuse, gamine... Tu as la langue bien pendue, pour une si petite fille. Aurais-tu quelque chose à prouver? Tu te permets des conclusions bien hâtives, je trouve.

Aisling avait dit cela d'une voix étrangement calme, horriblement tendue. Il fallait qu'elle garde son calme, qu'elle reste posée, mais elle avait du mal à conserver son sang froid. Depuis la veille, elle bouillonnait de rage et devait contenir sa colère. Et lorsque Mim alluma sa cigarette, l'irlandaise lui jeta un regard en coin, un demi sourire forcé aux lèvres.

-Oh mais je t'en prie... Fais donc... Mais tu joues avec le feu...

Grossière erreur de la part de la chasseuse. Elle ne tarderait pas à s'en mordre les doigts. Finalement, elle se tourna pleinement vers Mim, les bras croisés.

-Regarde toi... Tu retrouves l'usage de la parole parce que Glen n'est plus dans cette pièce. Mais je t'ai entendu, tout à l'heure. Tu es terrorisée! Dit-elle en ricanant.

Aisling se mordit la lèvre. Elle entrait dans le jeu de Mim et se montrait aussi puérile qu'elle. Il lui fallait faire preuve de plus de subtilité, mais sa colère l'empêchait de réfléchir correctement.
Et Elizabeth venait renchérir, enfonçant toujours plus le couteau dans la plaie. Quelle abominable garce... Elle ne faisait aucun geste agressif, elle était presque polie dans sa façon de parler, mais elle était mesquine et sournoise, elle avait vu juste et frappait maintenant avec acharnement. Aisling l'aurait volontiers envoyé valser à l'autre bout du salon, mais se faisant, elle lui aurait donné raison.
Elle se contenta de s'approcher de la jeune femme, menaçante.


-Mon maître, dis-tu? Tu ne le connais que depuis quelques minutes... J'ai passé plus de deux siècles avec lui, crois-tu sincèrement que j'ignore tout de lui? Allons... Tu es bien naïve... Tu voudrais me donner des conseils? Mais tu n'es qu'une enfant, que connais-tu à tout cela? Toi qui te présente ici en haillons, as-tu seulement idée des efforts qu'il te faudrait déployer pour susciter autre chose qu'un intérêt matériel pour lui? Que veux-tu, que cherches-tu? Qu'attends-tu de Glen?
-On parle de moi? Dit une voix joyeuse.

Immédiatement, Aisling se retourna et recula de deux pas, s'éloignant d'Elizabeth.


-Oh vous faisiez connaissance? Mais continuez, je vous en prie, je m'en voudrais de vous déranger!

Glen alla s'adosser à un mur, les bras croisés en regardant les trois jeunes femmes. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres alors qu'il se redressait, après un long silence.

-Aisling, Aisling... Combien de fois devrais-je te dire qu'une conversation commence par «Bonjour! Comment allez-vous?» Ce n'est pourtant pas difficile à retenir!

Il s'approcha d'elle et lui tira les joues comme s'il avait eu affaire à une petite fille de quatre ans, ricanant doucement. Lui lâchant les joues, il la prit par la taille et se pencha vers elle, un sourire de requin aux lèvres. L'irlandaise déglutit en soutenant son regard.

-Alors comme ça tu m'aimes? Vrai de vrai? Oh je suis transporté de joie!! Dit-il avant de faire la moue, la lâchant par la même occasion. Trêve de plaisanteries. Ce que Aisling pense de moi ne vous regarde pas, il me semble. Elle a eu tort de vous provoquer de la sorte, et je saurais me souvenir de son attitude déplacée...

L'irlandaise fit la grimace. Elle allait passer un sale quart d'heure, quand les deux vampires ne seraient plus là. Mais elle l'avait cherché, et avait désobéit à son maître. Qui reprit.

-Aisling n'est pas mon amante. Et encore moins mon larbin. Ne soyez pas aussi présomptueuses, mesdemoiselles. Vous jugez hâtivement, ça ne me plait pas beaucoup... Et l'une d'entre vous m'exaspère tout particulièrement.

Ses yeux bleus se posèrent sur Mim, puis sur la cigarette qu'elle tenait à la main. Elle ne manquait pas de toupet, ni d'audace... Et un sourire nerveux naquit sur les lèvres du vampire. C'était un mauvais point de plus pour elle, et elle n'allait pas tarder à franchir une ultime limite. Il tendit la main, et la cigarette quitta celle de Mim pour se poser doucement entre ses doigts. La télékinésie était un pouvoir qu'il appréciait beaucoup, un don qui ne lui permettait pas encore de grandes choses mais qui était tout de même fort utile dans ce genre de situations.

-Quand on est poli et bien élevé, on demande la permission, mademoiselle..., dit le rouquin en portant la cigarette à ses lèvres pour en tirer une bouffée. On ne t'a pas apprit les bonnes manières?

Le vampire s'avança, écrasa la cigarette dans un cendrier et s'approcha d'Elizabeth, se désintéressant totalement de Mim.

-Bien! Elizabeth, à nous deux. Je ne suis pas aveugle et encore moins sourd. Ce que tu as dis à Aisling... N'était pas très gentil, tu ne trouves pas? La pauvre, elle ne fait que protéger son petit territoire! Dit-il d'une voix moqueuse.
-C'est bon, je sais me défendre toute seule, bougonna l'irlandaise.

Glen se tourna vers elle avec une mine contrariée. Elle ne comprenait pas... Le vampire ne cherchait pas à la rabaisser ou lui nuire, il voulait même lui offrir une subordonnée pour l'aider. Et pour cela, il avait besoin de tester Elizabeth et Mim. Aisling était obnubilée par sa colère... Il fallait avouer que Glen n'était pas très clair dans ses intentions, pour ne pas dire totalement flou. Mais Aisling et Elizabeth se ressemblaient. Elles avaient cette même insolence masquée sous la mesure et la politesse, elles usaient toutes les deux de paroles vives et acérées, sans pour autant les cracher comme du venin. Elles auraient pu s'entendre, dans d'autres circonstances... Et si Aisling avait mit de côté son sale caractère et sa jalousie. Se tournant à nouveau vers la jeune vampire, Glen poursuivit.


-Et bien puisque la demoiselle sait se défendre toute seule... Tu m'intrigues, Elizabeth Dawson. Je pourrais te mettre dehors ou te faire démembrer pour ce que tu as osé dire à Aisling et pourtant, j'apprécie cette retenue, cette finesse dans tes propos... Tu as un talent certain pour exaspérer, mais j'aime cette sournoiserie... Je l'apprécierais sûrement beaucoup moins si tu me parlais ainsi, bien sûr... Si tu consentais à me dévoiler ne serait-ce que la surface, l'intitulé de tes plans, je suis certain que nous pourrions nous entendre..., lui dit-il avec un sourire énigmatique.

Glen avait jeté son dévolu sur Elizabeth, elle était jeune et probablement incontrôlable, mais son soutient pouvait s'avérer très utile. Accepterait-elle de se plier à une forme de collaboration, tout en sachant ce qu'elle impliquerait? Si elle souhaitait son aide, elle pouvait l'obtenir, si elle consentait à l'écouter.


Quant à Mim... Glen se tourna vers elle en soupirant. Elle avait tout de la mercenaire, l'allure, la posture, le parlé... Elle aussi pouvait lui être utile, quel gâchis... Oh oui qu'elle gâchis... C'était elle qui avait attisé la colère d'Aisling la première, elle qui mentait également depuis le début. Du nettoyage? Qu'entendait-elle par nettoyage? Et cette manie qu'elle semblait avoir d'héberger des humains... Etait répugnante. Elle avait montré deux visages radicalement différents: L'un déformé par le malaise devant Glen, l'autre insultant devant Aisling. Et le vampire était prêt à parier que sa véritable personnalité était la seconde.

-Mim... Que vais-je bien pouvoir faire de toi... Ou plutôt, comment te faire comprendre les choses...? Dit-il en s'approchant doucement.

A mesure qu'il avançait, Glen laissait s'épanouir son aura autour de lui. D'une petitesse presque timide, elle passa à une sombre menace, de déployant dans la pièce comme un nuage orageux. Son aura était emplie de folie et de sagesse à la fois, elle suintait de cruauté et de perversion... Cette aura n'avait rien d'avenant. Elle semblait s'épaissir et s'opacifier alors qu'il la concentrait sur Mim, l'écrasant sous une poigne invisible. Et pourtant, Glen ne prit pas la peine de la déployer entièrement. Il n'en avait pas besoin.
Lorsqu'il fut face à la jeune femme, il plongea son regard aigue marine dans les prunelles rubis. Il n'était pas beaucoup plus grand qu'elle, quelques centimètres seulement, mais cette faible différence de taille ne l'empêchait pas de faire une chose: La regarder de haut. Il pencha la tête sur le côté, détaillant le visage de la jeune femme. Il s'en serait voulu d'abimer un si joli minois... Mais d'un geste vif, il lui saisit un poignet et la projeta contre le mur derrière elle. S'avançant vers elle sans lui laisser le temps de faire le moindre geste, Glen plaqua l'une de ses mains à côté du visage de Mim, la détaillant toujours avec le même regard amusé. Son sempiternel sourire de clown fiché sur les lèvres, il avait l'air tout à fait calme.


-Peut-être vais-je devoir me montrer plus clair, avec toi..., dit-il en penchant la tête vers la gorge de la jeune femme.

Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres de sa peau, l'effleurant doucement de son souffle glacé. S'il y avait bien une chose avec laquelle Glen savait jouer à la perfection, c'était bien sa sensualité. Il savait la modeler et faire passer d'amères paroles pour de douces déclarations. Relevant légèrement la tête, il alla murmurer quelques mots à l'oreille de Mim. Sa voix se mua en un souffle, un timbre fait de velours et de douceur.


-Si tu oses faire le moindre geste, si tu esquisses ne serait-ce qu'un mouvement, ce n'est pas ta gorge, que j'arrache mais celle de tes précieux petits humains. Je les écorcherai vifs sous tes yeux jusqu'à ce que l'odeur du sang te rende complètement folle, c'est bien clair? Je pense qu'à l'avenir, tu y réfléchiras à deux fois...

Un léger ricanement s'échappa de sa gorge, alors que ses lèvres venaient à nouveau effleurer la gorge pâle de Mim. Glen n'avait pas besoin d'user d'une violence extrême pour montrer sa supériorité ou pour effrayer qui que ce soit. Quelques mots, des gestes presque vicieux et une aura menaçante suffisaient à faire passer le message: Il ne plaisantait pas. Si Mim bougeait, s'il la sentait faire le moindre mouvement, il ratisserait tout Londres pour retrouver le précieux trésor de la jeune femme et le mettrait à sac sans aucune pitié.
Glen s'apprêtait à lâcher Mim lorsqu'un bref éclat lumineux attira son attention. La main libre du vampire se glissa insidieusement sur la hanche de la jeune femme, sous son manteau. Il ricana à nouveau en saisissant un objet lourd et froid, fait de métal.

Reculant vivement, Glen revint faire face aux trois femmes, tenant un Bloody Rose du bout des doigts. Une moue dégoutée et enfantine vint remplacer son expression cruelle, et son aura se rétracta autour de lui.


-Ouh... Quel vilain jouet... Je n'aime pas les armes à feu, elles sont grossières. Et puis... C'est si facile de tuer un homme en lui tirant une balle en plein coeur! Un véritable combat se mène à l'épée ou par les mots! D'autant que celui-ci... Comment ouvre-t-on cette chose, d'ailleurs...

Aisling soupira en voyant Glen s'escrimer avec le revolver, le lui prit des mains et ouvrit le barillet, dévoilant six balles à coque d'argent. Le vampire remercia sa seconde d'un sourire éclatant et siffla de surprise en voyant le contenu de l'arme. On aurait presque pu le croire très lunatique voire même schizophrène, tant son humeur était changeante et pourtant, Glen était simplement fou, rien de plus.

-Et bien et bien! Des balles en argent! Rien que ça! Dis moi, Mim... Si je ne m'abuse, tu es un vampire. Ou alors tu nous imites très bien. Alors que fais-tu avec une arme habituellement réservée aux chasseurs? Je serais curieux de connaître cette nouvelle fable! Et pas de mensonge, cette fois! Souviens toi de ce que je t'ai dis tout à l'heure!

Glen fit tourner le Bloody Rose sur son index en fixant la jeune femme. Si elle essayait encore une fois, une seule fois de lui mentir, il lui briserait chaque vertèbres jusqu'à en faire de la poussière... Son sourire pouvait paraitre amusé, mais en réalité Glen commençait à sentir la colère monter en lui, et son manque de patience ne tarderait pas à reprendre le dessus. Il n'accepterait plus la moindre raillerie... La plaisanterie avait assez durée.


Dernière édition par Glen O'Sullivan le Mar 16 Oct - 23:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeJeu 11 Oct - 22:57

Mim se détesta de toute son âme pour avoir osé faire preuve de cynisme et d’ironie en présence de l’aristocrate. Elle se doutait pourtant que c’était la dernière chose à faire en sa présence. Sans jamais détourner le regard, ne souhaitant pas passer pour une lâche ou une peureuse, elle apercevait du coin de l’œil les doigts du noble tapoter sur son genou en un geste de plus en plus rapide, de plus en plus agacé, contrastant furieusement avec le sourire aimable et enjoué qu’il arborait depuis le début de la conversation et ne semblait pas devoir quitter.
La réplique qu’il donna à la réponse de la Huntress la fit déglutir discrètement. L’appréhension commençait à monter de plus en plus. Elle ressentait le besoin pressant de s’enfuir au plus vite, comme si sa vie en dépendait, comme s’il lui fallait s’éloigner dès que possible de l’étrange maître des lieux avant que les choses ne tournent très, très mal. Elle sentait l’étau se refermer sur elle de seconde en seconde, d’autant qu’elle le pensait très malin. Le fait que son sourire s’agrandisse lorsqu’elle affirma que l’idée de nourrir des humains était absurde ne fit que lui confirmer ce dont elle se doutait : elle venait de se faire repérer bêtement. Du moins, elle imagina que ce fut cela, mais un vague espoir persistait en elle. Peut-être la trouvait-il distrayante, tout simplement.

*Ha, tu parles* pensa-t-elle, sur la défensive.

L’homme aux cheveux flamboyants la fixa encore un bon moment, puis reporta son attention sur l’autre personne présente avec eux. Mim tourna également ses iris écarlate en direction de la jeune femme. Elizabeth l’intriguait. Comment diable s’était-elle retrouvée en compagnie de cet hôte étrange ? D’après ce qu’elle avait compris, elle était venue le voir de son plein gré. L’aventurière se demanda ce qui avait bien pu la pousser à pareil folie. Elle chercha ce qui avait bien pu la motiver pour venir sonner à la porte de ce manoir à la façade rongée par la vigne, et se fit la réflexion que peut-être, si elle avait su qui en était le propriétaire, n’aurait-elle pas franchi le seuil de l’imposante porte d’entrée. Elle aussi lui apparaissait comme une potentielle menace, certes bien moindre comparée à celle du noble assis sur son divan, mais ne sachant rien d’elle, elle préférait garder ses distances encore un peu.
Elle écouta parler les deux vampires, et une moue agacée et peut-être même un peu jalouse passa sur son visage durant une fraction de seconde tandis qu’elle sentait une désagréable douleur lui piquer le cœur. Elle se trouvait face à deux personnes cultivées, bien élevées et dont les vêtements seuls laissaient entendre qu’ils appartenaient à la classe supérieure. Elle se sentit étrangement insignifiante et stupide, sentiments qu’elle n’éprouvait que peu souvent, sa nature fière l’empêchant de se complaire dans les plaintes et les jérémiades. Elle savait qu’elle avait commencé presque tout en bas de l’échelle sociale, et s’était battue tous les jours de sa vie depuis qu’elle avait commencé à vivre dans les rues de Londres pour ne pas descendre les derniers échelons qui la séparaient de la fange de l’humanité – les mendiants, les lépreux, les malades, les fous, tous les rebuts dont personne ne voulait, pas même leurs propres pairs. Elle s’était battue pour ne pas sombrer, ne pas baisser les bras, faire survivre sa petite sœur, son meilleur ami et elle-même, elle s’était battue pour trouver un revenu qui lui permette également d’accomplir l’objectif qu’elle s’était fixée du temps de son humanité, et elle s’était aussi battue pour ne pas se laisser dévorer par sa nouvelle nature, par la monstruosité qu’elle était devenue. L’appel du sang, le désir de tuer, l’envie de planter ses crocs dans la première gorge qui passerait à sa portée, tout ceci, elle avait réussi à passer outre. Mais elle s’était rendue compte qu’en devenant un vampire, il lui manquait quelque chose : l’élégance, la culture, l’intelligence dont faisaient preuve ces créatures. Elle n’avait rien d’une bourgeoise, encore moins d’une noble. Elle n’était qu’une humble fille des rues qui avait eu le malheur de s’attaquer à la mauvaise personne au mauvais moment. Elle avait été transportée de force dans un monde qu’elle n’aurait jamais envié, qu’elle n’aurait jamais convoité. Et maintenant, elle était là, face à un homme et une femme dont l’univers lui était totalement fermé. Retenant un soupir, elle chassa rapidement ces sombres pensées et reporta son attention sur ses deux vis-à-vis. Elle retenait le plus d’informations possibles sur Elizabeth, souhaitant savoir à qui elle avait à faire. La réaction qu’elle eut lorsque l’aristocrate à la rouge chevelure lui prit la main pour l’étudier de plus près, ainsi que le fait qu’elle s’enfonce légèrement dans son fauteuil en lui répondant lui indiquèrent clairement qu’elle non plus n’était pas des plus à l’aise en sa présence.

Mim vit alors le vampire se tourner vers elle, apparemment près à lui poser une autre question, quand son majordome vint le chercher pour une quelconque affaire. La jeune femme retint un soupir de soulagement en le voyant s’en aller. Dès lors qu’elle le jugea suffisamment loin, elle alla parler de son plan – si tant est que l’ébauche d’idée qu’elle lui présenta puisse être qualifiée de plan – à Elizabeth, mais celle-ci la regarda d’un air sombre, et lui répondit quelque chose de très pertinent. C’aurait été sous-estimer leur hôte que de vouloir s’enfuir avec des arguments aussi idiots qu’une obligation imaginaire.
La Huntress s’apprêta à ajouter quelque chose, quand la vampire aux cheveux d’argent entra dans la pièce. Les remarques acerbes et pleines de cynisme et de mépris qu’elle leur lança la firent sourire avec amusement. Ravie de pouvoir lâcher un peu de pression et se venger de l’humiliation qu’elle lui avait fait subir, elle lui répondit avec aussi peu de politesse et de subtilité que d’ordinaire. L’une de ses réparties en particulier sembla faire réagir la demoiselle. Le sourire de Mim s’étira encore un peu.


- Alors comme ça, t’as le béguin pour ton boss ... c’est mignon.

Elizabeth prit la parole à son tour, et Mim la trouva tout à coup un peu plus sympathique. Elle aussi avait une verve redoutable, et peut-être se montrait-elle-même plus acide encore. La servante – ou bonne, ou intendante, peu importe – de l’aristocrate aux cheveux rouges frémit de colère, les traits de son joli visage déformés quelques secondes par une rage pure, bestiale. Elle venait de leur révéler sa plus grande faiblesse, et il ne faisait aucun doute que celles à qui elle avait parlé avec si peu d’amabilité sauraient s’en souvenir en temps et en heure. Elle se tourna vers la Huntress après avoir répliqué tant bien que mal à la remarque cinglante de la jeune violoniste. Mim sourit un peu plus et haussa un sourcil, dévisageant la vampire par-dessus les verres de ses lunettes de soleil.

- Ah, vraiment ?

Elle tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, et souffla la fumée dans la direction de la belle demoiselle. A la remarque suivante, elle ricana à son tour, en profita également pour retenir le nom du maître des lieux.

- Ouais, peut-être que j’ai la trouille. En attendant, tu perds tous tes moyens dès qu’on en parle ou qu’on donne l’impression de lui tourner autour, et c’est franchement ridicule.

Elizabeth parla à nouveau, encore plus mesquine et sournoise qu’un instant plus tôt. Mim se tourna vers elle en souriant, les sourcils haussés. Définitivement, la jeune femme lui plaisait de plus en plus. Elle était sûre qu’en d’autres circonstances, elles auraient pu s’entendre pour jouer un mauvais tour à l’irritante intendante qui se permettait de se montrer beaucoup plus hautaine et zélée que ne le lui permettait son rang. Elles se seraient certainement beaucoup amusé, et puis auraient continué leur route sans se soucier de se recroiser un jour ou non. Les choses auraient pu être autrement plus agréables si elles n’avaient pas été toutes les deux prisonnières entre ces murs.
Et puis, tout à coup, une voix fit se figer Mim qui écarquilla les yeux sous la surprise, sentant la boule de l’angoisse revenir se loger dans son estomac. Elle se redressa un peu et déglutit à nouveau, se tournant vers Glen. Ce dernier, appuyé contre un mur, vint à la rencontre de la vampire à son service, offrant par là-même son nom à ses deux « invitées ». La manière dont il se comporta avec elle fit presque de la peine à la Huntress. Presque.
Et il se tourna vers Mim. La façon dont il s’adressa à elle, ses paroles, son attitude, tout cela contribua à la stresser encore plus. Lorsque sa cigarette s’envola d’entre ses lèvres pour atterrir dans la main de l’homme aux cheveux rouges, elle sentit un frisson dégouliner le long de sa colonne vertébrale comme un filet d’eau glacée. Les mots moururent dans sa gorge au moment où elle chercha à répondre quelque chose de poli et de satisfaisant, mais se garda bien de le faire au final, sachant pertinemment que ça ne ferait qu’envenimer la situation.
Glen s’approcha ensuite d’Elizabeth, semblant totalement se désintéresser d’elle.


*Tant mieux* pensa-t-elle, *ça retarde un peu mon exécution en place publique.*

Elle écoutait avec une attention redoublée ce que le maître des lieux avait à dire à la jeune femme. Il ne cachait pas qu’il l’appréciait et aimait son comportement. Il lui proposait plus ou moins une alliance dont Mim ne saisit pas toutes les subtilités, se disant qu’il aurait fallu pour cela être présent dès le début de la conversation qu’ils avaient entretenu avant qu’elle n’y soit impliquée de force à cause de son inattention et de cette imbécile d’Aisling que, décidément, elle ne portait pas dans son cœur.
La chasseuse se tendit en voyant Glen se tourner à nouveau vers elle. Elle n’aimait pas du tout le soupire qu’elle venait d’entendre, pas plus que la lueur étrange qui brillaient dans ses yeux bleus. Que voulait-il dire exactement par « que vais-je bien pouvoir faire de toi » ? La réponse ne tarda pas à lui être délivrée lorsqu’elle le vit s’avancer vers elle doucement. L’aura qu’il déploya tout à coup était tellement opaque et oppressante qu’elle en devenait quasiment visible. Mim se figea, un nouveau frisson désagréable courant le long de son dos. Elle se sentait écrasée, broyée par quelque chose de fondamentalement malsain et vieux. Très vieux même, beaucoup trop vieux pour qu’elle puisse faire quoi que ce soit contre ce qui venait de s’abattre sur elle. Elle avait peur, et elle luttait contre son envie de fuir, aussi bien par instinct de survie que par orgueil et par fierté. Mais cet homme qui s’avançait vers elle avait l’air si tordu, si pervers, qu’elle lutta de toutes ses forces pour ne pas montrer les crocs en grognant, comme un loup blessé et effrayé qu’on aurait acculé à un mur, tendant vers lui une fourche de fer chauffée à blanc. Elle remarqua à peine qu’il s’était arrêté tout près d’elle, ses iris rouges rivés dans les siens. Ce fut la poigne glacée se refermant autour de son poignet qui la ramena à la réalité. Trop tard : le vampire l’envoya valser en direction du mur, contre lequel elle s’écrasa avec violence. Serrant les dents, elle eut à peine le temps de relever la tête qu’il était déjà devant elle, une main plaquée à côté de sa tête. Il souriait toujours, comme si ce rictus ne devait jamais quitter son visage. Et c’est avec un calme redoutable qu’il pencha la tête vers sa gorge. La jeune femme écarquilla les yeux, crispée, tendue au possible, appuyée contre le mur comme si elle voulait s’y enfoncer et disparaître. Le léger contact des lèvres froides comme la pierre contre sa peau lui arracha un nouveau frisson et lui donna la chair de poule. Elle détesta immédiatement cette sensation. Elle la haït profondément, et cela dû se voir un bref instant sur son visage. Juste le temps pour Glen de venir murmurer à son oreille quelques mots prononcés d’une voix écœurante de douceur, rendue détestable par le ton sensuel qu’il employait. Mim écarquilla les yeux. Il menaçait de tuer « ses » humains ; d’abattre sous ses yeux sa sœur et son meilleur ami, celui qu’elle considérait comme un frère, jusqu’à ce que l’odeur de leur sang s’échappant de leurs blessures ne la rende folle de douleur, de rage et de faim, folle de désespoir aussi, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus rien qu’une bête qui se laisserait mener par sa faim. Alors, pendant que Glen retournait effleurer sa gorge de sa bouche, elle ne fit pas le moindre geste, retenant ses tremblements, s’empêchant de faire racler ses ongles contre le mur de pierre dans un geste purement nerveux, bloqua même sa respiration de peur que cela ne fâche encore plus le vieux vampire. Ses yeux rouges écarquillés étaient fixés sur un point du vide, immobiles aux aussi. Elle était semblable à une statue de marbre que rien ne semblait capable de faire bouger. Elle se retenait de frémir en sentant la respiration de l’homme aux cheveux rouges dans le creux de sa nuque, se demandant s’il comptait planter ses crocs dans sa chair tendre et déchirer sa gorge, ou s’il avait quelque idée beaucoup moins salissante mais d’autant plus malsaine en tête. Une mince ride de dégoût apparu au coin de son nez pendant une rapide seconde, et elle posa son regard sur le vase à l’autre bout de la pièce. Les fleurs qu’il contenait se mirent à vibrer tout doucement tandis que la Huntress faisait un violent effort pour ne pas libérer son pouvoir de graviter et s’enfuir tandis que tous et toutes seraient collés aux murs. Elle se contenta de rester en apnée et de ne pas broncher, se focalisant sur Abigaël et Edward. Elle devait penser à eux avant tout. Ils pouvaient mourir beaucoup trop facilement par rapport à elle, et elle ne se pardonnerait pas leur disparition. Jamais.

Elle se crispa encore, serrant les mâchoires aussi fort que possible, en sentant la main froide de Glen se glisser sur sa hanche, lentement, sensuellement, remonter le long de son flanc et se glisser dans son dos ... pour revenir quelques instants plus tard, tenant l’un de ses Bloody Rose.
Le sang de Mim ne fit qu’un tour, et il lui sembla bien que son cœur aurait cessé de battre si ça n’avait déjà été le cas depuis les quatre dernières années. Elle déglutit en voyant son « hôte » tourner et retourner l’énorme revolver dans tous les sens, puis Aisling s’en approcher et ouvrir le barillet, révélant les six balles à coque d’argent qu’il contenait. Bien évidemment, Glen lui demanda ce qu’elle pouvait bien faire avec une telle arme, sachant qu’elle était généralement réservé aux Hunters – ceux-là mêmes qui décimaient les vampires de Londres. La jeune femme sentit trois paires d’yeux se braquer sur elle en attendant qu’elle réponde, ceux du maître des lieux la terrifiant plus que tout, lui donnant l’impression de se faire transpercer de parts et d’autres. Cette fois, plus question de cynisme, plus d’ironie, plus d’humour, plus de mensonge par omission, plus de mensonge tout court. Si elle s’avisait de lui mentir à nouveau, il n’hésiterait pas à l’abattre, après avoir prit soin d’égorger brutalement Abigaël et Edward sous ses yeux. Elle recommença à respirer, calmement, profondément, puis détourna le regard.


- Je ... Je suis chasseuse, moi aussi. Je ... chasse les loups-garous et les chimères, sur contrat en général, pour raisons personnelles parfois, pour empêcher leur prolifération souvent.

Elle avait parlé d’une voix un peu rapide et tendue, agitant un peu ses mains pour souligner ses propos. Elle en leva une devant son visage et laissa échapper un sifflement agacé et nerveux entre ses dents serrées en constatant qu’elle tremblait. Elle se détestait dans cet état : c’était indigne d’elle, et elle ne serait bonne à rien. Du bout du doigt, elle remonta ses lunettes rondes le long de son nez, dissimulant son regard écarlate. Elle sembla se calmer un peu, sans plus, frémissant toujours légèrement. Elle se tourna vers Glen.

- Je ne mens pas, cette fois. C’est ceci que j’entendais par « nettoyage » tout à l’heure, lorsque vous m’avez demandé à quoi j’occupais mes nuits.

Elle déglutit à nouveau, crispant à peine les doigts pour faire cesser les tremblements. Elle aurait tué pour une cigarette, pour l’effet anesthésiant qu’avait le tabac sur ses nerfs, pour le goût de la nicotine sur sa langue et l’odeur âcre de la fumée qui s’échapperait de ses poumons brûlés. Mais il était hors de question qu’elle commette cette erreur une nouvelle fois. A partir de maintenant, elle marchait sur des œufs, et le moindre faux pas allait lui coûter extrêmement cher.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeDim 14 Oct - 21:45

La tension montait dans la pièce, tout comme l’agacement de Glen, qui tapotait machinalement l’accoudoir du fauteuil. Sa colère allait tomber, irrémédiablement… Elizabeth espérait seulement que ça ne serait pas à son encontre ! Elle se méfiait de ce qui pouvait se trouver sous ce sourire. Il avait quelque chose de malsain dans son attitude, elle ne comptait pas tenter le diable pour avoir la réponse à son interrogation. Du moins sur ce point. Tant qu’elle ne saurait pas de quoi il était capable, il valait mieux ne pas se frotter à cet homme.
D’autant plus que la réponse qu’il apporta à Mim eut le don de dégoûter la jeune femme. Elle ne partageait pas son humour… D’autant plus que ses paroles avaient quelque chose d’étrangement sinistre. Ses mots sonnaient comme une menace. Elle entendait au loin le tocsin la mettre en garde contre cet homme. Cette façon de dire les choses dans un sourire… Tout cela semblait fort l’amuser, et démontrait qu’il était un excellent comédien. Seul son clapotement de doigt dénotait son irritation. Ce n’était certainement pas son visage qui allait le trahir… En revanche ses paroles, elles, n’étaient pas à prendre à la légère. Ce fut la raison pour laquelle Elie y resta très attentive. Et plus elle observait l’homme, et plus elle se disait que Mim s’enfonçait dans un jeu dans lequel elle ne semblait pas en comprendre l’ampleur, ni la potentielle conséquence… Pourtant tout à ses yeux lui faisait sonner l’alarme…
Et plus Mim continua à parler, plus elle creusait sa tombe… Cette façon de nier les choses en rigolant, cette façon d’agiter les mains pour au final affirmer qu’elle ne nourrissait pas d’humains… Cela Elie le connaissait bien ! Sa gêne se cachait souvent sous un rictus et des remarques qui pouvaient paraître légères… Et pourtant, il s’agissait bien là d’un masque… Un masque qu’on ne pouvait pas lui cacher. Mim était atrocement nerveuse depuis un moment. Elle s’agitait, et Glen semblait l’intimider fortement. Et il ne faisait aucun doute que cette information aurait mieux valu ne pas être découverte pas leur hôte… Son regard prit une lueur inquiétante. D’une façon ou d’une autre, Mim lui avait placé une arme entre les mains. C’était comme le soufflet servant à attiser le feu de la cheminée. Il fallait qu’elle se calme avant que la situation ne s’empire !

Mais l’homme se tourna une nouvelle fois vers elle. L’orage grondait mais la foudre ne semblait pas encore prête à s’abattre. Et Elie fut sincèrement surprise de la réponse de l’homme à sa question. Ils partageaient là une passion commune, et Glen semblait vraiment emporté dans ce qu’il disait. Tout comme elle approuvait fortement sa façon de penser. Pour elle la musique était un langage universel qui pouvait toucher chacun à qui savait l’écouter. Elle était au-delà des mots, elle exprimait des sentiments purs, des émotions. Et pour cela, sa sympathie pour Glen augmenta. En effet, elle appréciait les personnes éprouvant de l’intérêt pour son art. Son sourire s’agrandit alors, tandis qu’elle hochait la tête pour le laisser observer ses mains. Elle voulait voir à quel point il pouvait être malin. Il n’était pas sûr qu’il lui donne sa façon de penser, mais il serait toujours intéressant de voir ce qu’il allait déduire.
Leur peau était aussi froide à l’un qu’à l’autre. Son interlocuteur avait lui aussi des mains longues et fines. Des mains qui auraient fait pâlir d’envie plusieurs pianistes…
Il commença alors à faire ses déductions à haute voix. Son cheminement était construit et logique, et il mit bien vite le doigt sur la réponse exacte. Cela confirmait une fois de plus ses talents de fin observateur et Elie se laissa retomber également dans le moelleux du fauteuil dans une nouvelle question.
Elle sentit bien que son petit jeu était risqué. Le sourire énigmatique de l’homme la renseigna sur une chose. Autant il était peu aisé pour lui de lui soutirer les informations qu’il voulait sur elle, autant que pour lui ce serait carrément un travail de longue haleine. Cette atmosphère mystérieuse qui planait autour de lui semblait lui plaire, et depuis le début de la conversation, il mettait un point d’honneur à laisser planer l’ignorance des deux femmes le concernant. Un point intéressant qu’Elie ne manqua pas de relever. Une telle attitude cachait généralement bon nombre de secrets… Bien sûr, elle garda cette réflexion pour elle.
Finalement Glen lui répondit. Il avait sans doute pu juger que cette question ne représentait pas de danger pour lui. Mais il avait eu tort… Ce n’était pas la réponse qui la renseigna, mais son attitude face à elle ! Oh bien sûr, il cachait tellement bien son jeu qu’Elie ne pouvait pas encore dire ce qu’il cachait derrière cet air énigmatique et ce sourire, mais tout était faux… Atrocement faux. Pourquoi sourire lorsqu’on est agacé ? Pourquoi sourire lorsqu’on veut cacher quelque chose ? Des interrogations qui ne trouvaient pas de réponse dans l’immédiat puisqu’il s’éclipsa.

A sa place… Aisling ! La joute verbale pu commencer ! Mim s’en donna à cœur joie. Elle avait la réplique facile et n’hésita pas une seule seconde à descendre littéralement l’irlandaise. Et pourtant… celle-ci ne semblait pas vouloir se laisser faire ! Un caractère fort et prononcé ! Et un langage tout aussi peu subtil que celui de sa comparse. Malgré qu’Elie veuille participer aux hostilités, elle se montrait très attentive aux attitudes des deux jeunes femmes. Il y avait là une combine à exploiter pour en savoir plus sur Glen. Comment l’aborder ? Quelle attitude adopter pour ne pas s’attirer sa colère ? Mieux encore… comment s’en attirer les faveurs ? Les deux femmes allaient bien l’aider pour ça. Aisling était proche de l’homme, elle vivait avec lui… Elle devait sans doute s’être attiré ses faveurs d’une manière ou d’une autre.
C’est pour cette raison qu’elle laissa les deux femmes s’escrimer toutes deux sans intervenir. Pourtant, plusieurs choses lui avaient déplus… Ce terme de parasite ou bien même être traitée aussi facilement de personne naïve… C’était là juger bien trop facilement son adversaire… Que savait-elle au fond ? Elle l’avait vu que depuis peu… Elle ne savait rien de ses intentions, rien de ses plans. Si ça se trouve, elle pensait trouver Elie là pour un plan bien moins ambitieux que ce qu’il n’était vraiment. Un petit rire s’échappa de ses lèvres. Si cette femme voulait la provoquer, elle tomberait sur un sacré problème… Elle était plus âgée, mais elle verrait bien qu’en face d’elle se trouvait une femme qui n’avait rien à perdre, mais tout à gagner ! Un adversaire féroce et sauvage… Il n’était plus temps que quelqu’un dirige sa vie, et il était hors de question que ce soit cette femme qui le fasse à présent.
Elle laissa échapper dans un soupir :


-Nous sommes donc quittes…

Une façon bien courte pour lui retourner le compliment… Elle tourna son regard vers les deux femmes, qui semblaient bien décidées à se friper toutes deux jusqu’au bout ! Elles usaient des mêmes armes pour frapper l’autre, appuyant chacune sur les faiblesses de l’autre… Elles étaient aussi hargneuses l’une que l’autre, et se ressemblaient beaucoup dans leur manière plus qu’enfantine de répondre. Est-ce que ça valait vraiment la peine qu’Elie intervienne ? Sans doute pas… Mais malheureusement, elle avait une fierté, et aimait peu qu’on la piétine impunément. Encore une fois, celle-ci pourrait la conduire à sa perte… Elle le savait, sa fierté était un point sensible qu’il lui faudrait un jour ou l’autre affronter. C’est pour cela qu’elle se plaça entre les deux femmes. Une fois de plus Aisling les prit de haut. Elie se jura alors de la faire tomber de son perchoir. Elle ne craignait rien de son maître ? Elle aimerait bien voir ça. Craignait-elle vraiment rien de son maître ? Elle saura en trouver la réponse en temps voulu…
Pour le moment, elle allait lui montrer ce que c’était de se frotter à elle... Et apparemment elle visa juste quand elle vit une expression haineuse passer sur le visage de la femme. Elle n’avait pas la maîtrise d’elle-même et elle cacha, trop tard malheureusement, à quel point cette remarque l’avait atteint. Voilà qui lui donnait une bonne leçon. Elle lui montrait ainsi qu’elle avait pris le temps de l’observer avant de frapper… Et cela sembla la décontenancer quelques instants puisqu’elle garda les poings serrés avant de finalement lui répondre. Elie haussa un sourcil avant de s’avancer vers elle. Gamine disait-elle ? C’était plutôt Aisling par sa taille qui pouvait être considérée comme telle ! Et la violoniste lui fit bien comprendre, la toisant de haut, comme si la vampire en face d’elle n’était qu’une enfant qu’elle venait de gronder. Son visage avait perdu son sourire, redevenant tout d’un coup sérieux et froid.


-Je n’ai rien à prouver à personne… et encore moins à vous…

Toujours pas d’agressivité dans son ton… Non, elle avait parlé calmement, comme si elle avait parlé de la pluie et du beau temps. Non… son agression venait plutôt de la façon qu’elle avait eu de la regarder, cette façon de la toiser de haut, de se comparer à elle pour au final vouloir l’écraser par sa propre taille, plus haute que la sienne, par ce contraste entre ses paroles et la réalité physique… C’était mesquin, il est vrai, mais maintenant cela ne laissait plus de doute à Aisling, elle aurait droit à une réponse plus cinglante encore si elle continuait ainsi à la chercher… Mais elle n’allait certainement pas en venir aux mains, ni toucher à ce joli minois. C’était sans doute ce qu’elle cherchait. Tout resterait dans l’implicite, tout dans les mots, le regard. Elle n’allait pas se trahir pour cette donzelle !
Elle reprit ensuite sa place initiale, comme si de rien n’était, laissant de nouveau les deux femmes s’envoyer moult répliques.
Puis, l’Irlandaise souligna un trait chez Mim qu’Elie avait remarqué. Elle était effrayée. Et par sa simple attitude, elle devenait complètement énigmatique pour la violoniste. Pourquoi continuer dans la provocation dans ce cas-là ? Pourquoi sortir les griffes alors que les conséquences pourraient être terribles ? Ne se rendait-elle pas compte qu’elle aggravait son cas ainsi ? Et quoi que puisse faire cette jeune femme, Elie ne pourrait certainement pas lui tendre la main pour essayer de la sortir de là. Elle aussi était mise sur la sellette, elle n’allait pas compromettre tous ses projets pour une jeune impudente ! Même elle avait dû mettre de l’eau dans son vin, il fallait que Mim fasse de même si elle voulait sortir de la maison vivante. Si ce n’était pas le maître, ce serait Aisling qui lui tomberait dessus, et malgré tout ce qu’Elie avait pu dire, cette dernière était plus puissante qu’elle, plus âgée, et sans doute redoutable ! D’autant plus si c’était pour défendre son maître… Son zèle suintait par tous les pores de sa peau… Elie se demandait même si elle ne serait pas capable de donner sa vie pour défendre Glen ! Ce genre de personne était dangereux, il ne fallait pas les sous-estimer non plus !

Elle se permit tout de même d’ajouter un dernier petit pic. Aisling prit une nouvelle fois la mouche. Elle garda le contrôle de son visage, laissant juste planer la menace dans son attitude, comme l’avait fait Elie un peu plus tôt. Son regard était fixé dans celui de la jeune femme et s’agrandit à ses paroles. Deux siècles… deux siècles qu’elle devait l’aimer sans avoir de retour de la part de Glen… pas étonnant qu’elle soit devenue si amère ! Elle voulait le protéger, de cela Elie était sûre. En revanche ses paroles apportaient une réponse toute faite pour la violoniste. Elle commença à ouvrir la bouche pour lui répondre, quand Glen revint dans la pièce. Dommage… Elle était sûre que sa réplique aurait une nouvelle fois piquée au vif la jeune femme. Après tout, ce n’était pas comme si elle allait lui conseiller de changer de méthode après deux siècles d’attentes vaines et de faux espoirs ! La séduction ne devait pas être son fort si elle le connaissait tant bien que ça ! A moins qu’il ne la trouve pas à son goût… Pauvre fille… Elie en avait presque pitié ! Elle avait devant elle une femme qui était prête à se mettre à dos pas mal de monde pour plaire à son maître… Ou du moins le garder pour elle seule, malgré qu’elle ne puisse être son amante !
Mais l’heure n’était plus à Aisling à présent, mais bien à l’hôte des lieux de retour. Sans nul doute qu’il avait entendu la conversation. Tout ? Une partie ? Aucune idée pour le moment, c’est pour cela que la jeune femme resta sur ses gardes. Elle tourna son regard noisette vers le vampire, le calme retrouvé sur son visage. Elle ne savait pas qu’elle allait être sa réaction et ne voulait pas lui donner de raison de s’en prendre à elle. Il lui fallait montrer un comportement exemplaire… Oublier la colère, oublier cette envie qu’elle avait d’humilier plus encore cette femme qui avait osé la prendre de haut. Elle prit quelques secondes pour réfréner la colère en elle, profitant du silence général avant que Glen ne reprenne une nouvelle fois la parole. Il s’adressa à son intendante comme à une enfant, qui d’ailleurs ne répliqua rien. Elle aussi craignait son maître, sinon elle ne resterait pas silencieuse devant l’humiliation qu’il lui infligeait actuellement. Après tout, elle devait l’être cette petite fille quelque part. Et c’est sans doute cette attitude qui lui mit la puce à l’oreille. Etait-il son créateur ? Oui car après tout, elle voyait en eux le père avec sa fille… Mais comme dans ce que tout semblait faire cet homme, une attitude malsaine planait autour d’eux. Et ce malaise empira ensuite. Il avait entendu les trois quart de la conversation… Plus aucun doute à présent ! Et il en jouait, se fichant totalement des sentiments de sa subordonné ! Pour quelqu’un qui se disait en joie, il n’en avait rien ! Cette phrase sonnait comme de l’ironie, une nouvelle condamnation pour Aisling, une nouvelle confirmation de cette absence de sentiment amoureux de son maître… Elie commençait même à se demander si cette femme n’était pas qu’un simple pantin entre ses mains, voire même son bouffon, son remède contre l’ennui.

Puis Glen reprit, s’adressant cette fois aux deux jeunes femmes, leur reprochant leur attitude. Elizabeth ne bougea pas d’un poil. Elle était curieuse de nature… Elle n’avait fait qu’assouvir ce besoin ! Après elle ne voulait pas savoir leur relation, elle l’avait déjà en partie perçue par l’attitude d’Aisling, mais au moins eu-elle la confirmation de ce qu’elle pensait… Ils n’étaient pas amants. Son larbin en revanche ? Il s’évertuait bien peu à montrer l’inverse vu son comportement avec elle. Mais la violoniste n’en fait pas la remarque. Il y avait fort à parier que Glen n’apprécierait pas cette effronterie !
Cependant, leur comportement respectif fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Quand il annonça que l’une d’entre elle l’exaspérait, Elie ne put s’empêcher de se tendre, attendant la sentence… Qui ne tarda pas à tomber sur Mim. Tendant la main vers elle, la cigarette qu’elle tenait entre ses doigts changea de propriétaire, s’envolant vers Glen.
L’attention d’Elizabeth redoubla tandis qu’un irrépressible sourire amusé s’affichait sur ses lèvres. Sa mimique pouvait être mal interprétée, faisant passer ça pour l’amusement de la situation actuelle. Et pourtant il n’en était rien… Non, juste un intérêt particulier pour le pouvoir dont venait d’user Glen. La télékinésie ! Nouveau point commun entre eux deux. Elle aussi était douée de ce don. Elle détailla une nouvelle fois l’homme. Il éveillait vraiment son intérêt, et il commençait à lui plaire malgré le danger qui semblait le caractériser. Le danger n’était pas ce qui lui faisait vraiment peur… Elle y était confrontée tous les jours… Sans doute pour ça qu’elle commençait à concevoir Glen comme pouvant vraiment l’aider dans ses plans. Maintenant, si comme Aisling l’avait dit, il était dur d’éveiller son intérêt, elle allait devoir user d’intelligence.
Le passage au tutoiement lorsqu’il s’adressa à Mim ne devait pas être bon signe. Lui qui s’était toujours montré poli et courtois envers ses invités devait vraiment être contrarié. Cette femme aurait dû fuir lorsqu’elle le pouvait encore… Maintenant il était trop tard. Ce petit détail sonnait comme le glas, la fin du jeu et le début des hostilités.

Puis il sembla se désintéresser de Mim et s’approcha d’Elizabeth. Cette dernière se tenait droite et regardait Glen sans ciller. Son visage était neutre. Elle attendait de savoir à quelle sauce elle allait être mangée. Et ce fut des remontrances pour son comportement envers Aisling qu’elle eut droit. Quelle surprise ! Ainsi ce petit vampire appréciait suffisamment sa subordonnée pour prendre sa défense, ainsi injuste puisse-t-elle être ! Car les torts étaient partagés ! Après tout c’était Aisling qui était venue la chercher ! Son regard glissa de cette derrière puis de nouveau sur son maître tandis qu’elle se défendait d’un quelconque besoin d’être défendue ! Au final, ils formaient un duo amusant… Avaient-ils simplement conscience de que l’autre ressentait pour eux ? Elie ne fut pas sûre que ce soit le cas pour Aisling… Peut-être même que Glen ne se rendait pas compte qu’au final il tenait à sa subordonnée plus qu’il ne l’avouait. Tout cela était fort intéressant et une lueur de malice traversa le regard de la jeune fille. Bien utilisé, cela pour se révéler une arme… On ne savait jamais ce qui pouvait traverser la tête de cet homme…
Après avoir montré son mécontentement à son intendante, Glen se tourna une nouvelle fois vers la violoniste. Un sourire clairement amusé s’afficha sur ses lèvres lorsqu’il lui parla de démembrement. Quelle excentricité ! Il y avait des moyens bien plus rapides, mais non moins douloureux de tuer quelqu’un ! Mais il était plus le temps de jouer. Glen se mettrait maintenant beaucoup plus direct dans ses propos. Il n’avait plus l’intention de tourner autour du pot. Soit Elie saisissait sa chance maintenant, soit il serait trop tard. Son sourire se fana sur ses lèvres, tandis qu’elle arborait à présent une expression atrocement sérieuse. Il allait falloir faire comprendre à cet homme, que de son côté ses projets étaient importants. En aucun cas elle ne voudrait d’une personne les prenant à la légère. Son regard se fit perçant, et après un instant de réflexions elle lui répondit d’une voix posée, mais pourtant dure :


-Si j’ai sonné chez un aristocrate ce n’est pas pour rien… Vous avez le bras long et pouvez m’emmener là où, seule, je ne peux être. Maintenant, que vous soyez un vampire, ne peut au final qu’être un avantage pour moi. Je recherche une aide une assistance. Les années et l’expérience me font défaut, je le sais. J’ai besoin d’aide afin de déjouer les pièges qui pourront m’attendre parmi la Haute Société. Personne n’est sans savoir que beaucoup de vampires ont su se faire une place parmi l’Aristocratie…

Elle marqua une pause. Elle se mettait en danger en révélant tout ceci. Mais elle ne comptait pas en dire plus. Rien n’empêchait de la faire passer pour une opportuniste, avide de se faire une place parmi la société. Il serait même mieux que chacun croit ça.

-Pour ce qui est du reste, personne n’a besoin de le savoir.

Et encore moins Mim…
Le décor était planté. Maintenant il fallait savoir si Glen pouvait y trouver son compte… Elle n’était pas sans deviner que cette assistance aurait un prix. Lequel ? Elle l’ignorait. Mais si assouvir sa vengeance pouvait être faisable grâce à Glen, alors elle était prête à en payer le prix… Même si, elle devait bien se l’avouer, elle était plutôt sceptique sur ce que pourrait lui demander cet esprit dérangé, comme compensation. Mais cette conversation devrait attendre…

Il se tourna ensuite vers Mim, et sa phrase eut le don d’annoncer les évènements futurs. Autrement dit… elle allait passer un sale quart d’heure ! Et son aura en fut une preuve. L’atmosphère devint lourde et hostile. Même pour Elie contre qui elle n’était pas dirigée, elle devenait lourde et pesante.
Mim quant à elle, fut comme figée. Elle suintait la peur et elle fut bientôt projetée contre le mur par Glen. Il ne lui laissa pas une seconde de répit, s’avançant déjà vers elle. Il était étrange de voir une scène emprunte de violence, mais à la fois si calme et mesurée. Tout était contrôlé, tout était mesuré, et pourtant la colère était là… Du mois, le pensait-elle.
Elie quant à elle, ne fit pas le moindre mouvement. Se mettre entre un vampire et sa proie n’était jamais une idée très brillante… Wynn en avait fait les frais !
Cette fois, Glen commençait à révéler son jeu, ses paroles étaient acides et horriblement sadiques… Il avait repéré le point faible de Mim, et s’amusait avec. Elie prenait maintenant pleinement conscience qu’elle avait bien fait de se montrer mesurée. Elle ferait bien plus attention encore à l’avenir… Montrer sa faiblesse, c’était se risquer à devenir son jouet… La violoniste ne voulait pas faire cette erreur !
Mim semblait tétanisée par Glen. Il la tenait, elle le savait ! Après tout, cela avait quelques avantages de ne pas avoir d’attaches… pas de chantage, rien d’autre que soi-même…
Elizabeth était totalement impuissante face à cette situation. Elle ne voulait pas risquer de voir compromettre ses plans. De plus, Mim avait fait preuve d’une parfaite naïveté en croyant pouvoir se jouer ainsi du maître des lieux. Ne lui avait-elle pas dit de ne pas le sous-estimer. Allumer une cigarette sous son toit était une parfaite provocation ! Elle avait manqué de finesse et cela se retournait à présent contre elle ! Elle ne pouvait que s’en mordre les doigts !

Mais Elizabeth eu l’occasion de se raidir lorsque l’homme sortit du manteau de la jeune femme, ce qu’elle identifia comme un bloody rose. Elle fronça immédiatement les sourcils, son regard se plantant sévèrement sur Mim. Que faisait-elle avec une arme vouée à la destruction des vampires ? Se mêlait-elle au travail des hunters pour « nettoyer » comme elle disait ? Cela n’était pas pour plaire à Elie. Non pas qu’elle avait une quelconque compassion pour les vampires qui auraient pu mourir sous l’arme de cette femme, mais surtout par cette mise en danger qu’elle représentait. Qui aurait pu prévoir qu’elle ne veuille pas tout d’un coup s’en servir pour leur tirer dessus ?!

Sa méfiance s’accrut quand, avec l’aide d’Asiling, Glen ouvrit le barillet pour y découvrir des balles en argent… Un vampire qui manipulait une arme pouvant le détruire… Quelle ironie ! L’ironie fut d’autant plus grande quand elle affirma être une chasseuse ! Elie ne savait que croire… Mais il est vrai qu’en y réfléchissant bien, il était peu probable qu’elle s’en prenne à des vampires au vu de son comportement actuel ! Si elle tremblait de peur devant eux, il est clair qu’elle ne ferait pas un bon chasseur !
Elle s’avança alors vers Mim, se campant à côté de Glen. Elle n’aimait pas la présence de cette arme ici, mais elle devrait faire avec. Elle tourna alors son regard vers la chasseuse et perça enfin l’atmosphère pesante qui régnait.


-Nous en parler dès le début nous aurais permis d’éviter ce genre de quiproquo…

Elle se tourna ensuite vers Glen. Pour la première fois, elle ne savait pas vraiment quoi faire. La situation était extrêmement tendue. Mais elle réfléchit à ce qu’elle avait vu plus tôt. Si Aisling s’écrasait devant lui c’est qu’il ne devait pas aimer qu’on le contredise. Ses ordres devaient être absolus, et il n’hésitait apparemment pas à sévir en cas de désobéissance. Non, il lui fallait donc faire profil bas. C’était sans doute la chose la plus intelligente à faire !

-Je crois que cette jeune femme a bien saisi son impertinence et saura s’en abstenir à l’avenir… Après tout, vous semblez avoir des arguments convaincants…

Elle tâtait le terrain… Elle essayait de montrer patte blanche, mais c’était une tâche guère aisée. Elle ne le connaissait pas suffisamment pour savoir encore quoi dire ni faire dans ce genre de situation. Cette fois, il n’était plus question de sourire, de plaisanter ou quoi que soit d’autre. Elle avait conscience qu’elle pouvait être l’objet de la colère de l’homme et là n’était pas le but. Surtout qu’il semblait avoir retenu des griefs contre elle également… Non, à présent il valait mieux se taire, essayer de calmer le jeu ou l’attiser au contraire était à ses yeux une grave erreur. Elle jeta un dernier regard à Mim avant de reculer. Elle saurait attendre son heure, et pour le moment ce n’était pas le cas. Tant pis si elle se mettait à dos cette femme pour sa non-assistance, et pour cette apparente approbation de comportement de l’homme mais rien ne saurait se mettre entre elle et son objectif, pas même une quelconque moralité…
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Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Empty
MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMar 16 Oct - 0:32

La peur... Cette sensation étrange et désagréable, présente chez tous les êtres vivants... Un sentiment intimement lié au danger et à la menace.
Ce danger, Mim l'avait perçut, mais trop tard. Elle n'avait pas sentit le poignard affûté sous sa gorge, n'avait perçut que la douceur étrange du sourire de Glen. Car il souriait toujours, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il soit de bonne humeur ou non. Quoi qu'il fasse, le clown se séparait rarement de ce rictus charmeur ou amusé. Il pouvait frapper, asséner des coups avec une violence inouïe, recouvrir des murs de sang ou de chair, briser un silence par des cris, il continuait de sourire aimablement, presque avec élégance.
Car elle lui plaisait, cette peur, cette terreur, même! Lorsqu'il avait effleuré le corps de Mim de ses doigts et de ses lèvres, il avait sentit cette angoisse lui saisir la poitrine. Son corps s'était figé alors qu'elle l'écoutait, son coeur s'était mit à battre la chamade, et plus il courait, plus il donnait envie à Glen d'enfoncer cette pique brûlante dans le crâne de la jeune femme.
Il sentait la peur s'insinuer en elle, se coulant le long de son échine comme une forme arachnéenne et venimeuse. Elle lui tordait les entrailles de ses pattes chitineuses, enserrant sa cage thoracique dans une étreinte qui n'avait rien de rassurant ou d'agréable. L'irlandais cultivait cette abominable talent, et prenait un malin plaisir à terrifier en usant d'une voix douce et sucrée, sensuelle et presque tendre. Il n'avait pas besoin de hausser la voix, un murmure suffisait, il n'avait pas besoin d'y mettre de l'acidité, la soie lui saillait mieux que la toile rêche.
Vu de l'extérieur, on aurait même pu penser qu'il faisait la cour à Mim, couvrant sa gorge de baisers et lui susurrant des mots d'amour à l'oreille... Aisling en eut un sourire mauvais.
Lorsque Glen la réprimandait, il la prenait toujours pour une enfant que l'on vient de surprendre en train de chaparder une confiserie, et même si la vampire avait horreur de cela, elle préférait ne pas s'en plaindre. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité que Glen lui parle comme à Mim. Ces paroles suintantes de vice, cette menace pendue au dessus de sa tête comme une épée de Damocles, c'était cela qu'elle craignait chez lui. Car l'irlandais tenait toujours ses promesses, dans ce genre de situations: Il ne menaçait jamais à la légère. Si Mim décidait de lui tenir tête, elle ferait rouler à terre celles de ses amis. Et Aisling se prit à avoir une pointe de pitié pour elle, malgré la joute verbale qui s'était tenue entre elles quelques minutes plus tôt.

Car contrairement à Glen, la jeune irlandaise savait encore faire preuve de clémence ou de pitié, elle gardait de profonds restes de son existence humaine. Lui n'éprouvait pas la pitié, il la méprisait. Et comprendre pourquoi était une chose évidente pour Aisling, qui connaissait son histoire dans son intégralité. Elle savait que Glen avait horreur de se plaindre de son passé, et pleurer une vie cruelle et perdue à jamais n'était pas dans ses habitudes. Quand il se plaignait, c'était uniquement pour des choses futiles ou absurdes. Les vrais plaintes, il les gardait pour lui et les hurlait dans son sommeil, luttant contre un silence assourdissant. La jeune femme avait vu ses songes, les avait traversé à ses côtés, et c'est avec un frisson d'angoisse qu'elle chassa cette pensée de son esprit.

La tête toujours penchée dans le cou de Mim, les yeux mi clos, Glen avait le regard rivé sur la magnifique veine palpitante dans le creux de sa gorge. Partant de sa clavicule, elle allait se perdre derrière son oreille, vibrant au rythme effréné de son coeur. Cette peau, si douce, si tendre, si jeune... Il avait envie d'y plonger ses canines, de ce repaitre de ce sang qui coulait en dessous...
Mais il n'en fit rien, et en quelques secondes, Glen s'était reculé, tenant le Bloody Rose dans une main. Il n'avait pas l'intention de faire de mal à Mim... Il voulait juste l'effrayer suffisamment pour qu'elle se tienne tranquille. Et le sang de vampire n'était pas vraiment son péché mignon... Seul celui des plus vieux pouvait avoir une saveur enivrante et un parfum qu'il ne pouvait même pas imaginer.

Bien vite, Glen oublia totalement sa gourmandise, se concentrant exclusivement sur ce que Mim avait à dire. Son sourire se fit plus enjoué, plus espiègle. Une vampire chassant les loups garous et autres créatures de la nuit, c'était un point à ne pas négliger. Enfin elle remontait dans son estime. Certes, le marionnettiste n'aimait pas les hunters, pour ne pas dire qu'il le méprisait profondément, mais il savait composer avec beaucoup d'éléments, même les plus handicapant. Après tout, il avait trouvé un terrain d'entente avec Aria, cette jeune chasseuse au sang froid impressionnant pour une humaine. Mim pouvait s'avérer être un atout capital pour ses plans délicats, et sa nature vampirique lui procurait des pouvoirs et une résistance qu'aucun humain n'avait. Elle était plus rapide, avec une ouïe et un odorat surdéveloppés, et peut-être même quelques talents rares dont Glen ignorait tout.
Il avait sentit les murs trembler quelques minutes auparavant, mais la jeune femme s'était contenue au mieux pour ne rien laisser paraître, attisant encore plus sa curiosité.
Mais Mim serait aussi bien plus difficile à convaincre qu'Aria... Glen lui avait offert une certaine forme d'éducation, lui avait promit de lui apprendre à lire et écrire, mais cette mercenaire... Que pouvait-il lui promettre? Il venait à peine de la menacer, il n'aurait eu aucune crédibilité!
En revanche, quelques mots avaient fait tiquer le vampire. «Sur contrat en général», avait-elle dit. Elle était donc payée pour ses services, et à en juger par sa condition, elle ne devait pas souvent cracher sur quelques shillings. Elle s'était aventuré jusque dans ses cuisines, et à en juger par sa maladresse, le vol ne devait pas être sa spécialité.

Mim avait besoin d'argent, peut-être pour se nourrir, sûrement pour se payer un logis, et Glen avait bien besoin de vampires pour l'aider dans sa tâche... Or, Mim pouvait lui apporter ce qu'il souhaitait, et lui pouvait la payer plus cher qu'elle ne l'imaginait pour son travail. Ils avaient tout deux à y gagner. Seulement, si la jeune femme acceptait son offre, elle s'enchainait d'elle même au vampire et acceptait de travailler pour lui... C'était aussi dangereux pour elle que de refuser.
Glen en était conscient, et il adorait cette tension qui régnait dans la pièce, cette atmosphère lourde d'incertitude et de rancoeur.
Et alors qu'il fixait Mim avec un mélange de malice et de cruauté, Elizabeth vint se placer à ses côtés. Le vampire tourna la tête vers la jeune femme, haussant un sourcil étonné. Quelle curieuse façon de procéder... Elle montrait déjà le camp qu'elle avait choisit, par ses gestes. Peut-être ne s'en rendait-elle pas compte, mais elle se dressait en partie contre Mim, et la laissait à présent seule contre trois potentiels ennemis.
Glen fut à la fois amusé et agacé par cette attitude, surtout lorsque la jeune femme reprit la parole. Rêvait-il ou était-elle en train de lui faire la morale? Il n'avait pas besoin qu'on lui fasse remarquer que Mim s'était calmé, il était assez grand pour le faire tout seul. Il fut tenté de lui asséner une réplique cinglante qui l'aurait remise à sa juste place, mais il se retint. L'heure n'était plus aux querelles ni à l'agressivité. Il devait se temporiser et faire preuve de patience, chose qui lui faisait hélas souvent défaut.
La voix du vampire se fit néanmoins plus froide lorsqu'il parla:


-Oui, je crois en effet, merci... Tu as raison, Elizabeth. Et j'ai bien mieux à te proposer à présent, Mim. Du moins... Si tu l'acceptes...

Derrière Glen, Aisling se mordit la lèvre pour ne pas rire. Cette fois, il passait aux choses sérieuses. Il voulait quelque chose, et il l'aurait. Il n'avait pas encore répondu à Elizabeth, laissant ses explications en suspend pendant qu'il s'occupait de Mim. Mais il ne l'avait pas oublié, et comptait bien mettre certaines choses au clair avec elle avant la fin de cette entrevue pour le moins étrange. Depuis la veille, Glen apparaissait changé aux yeux de la belle vampire aux cheveux d'argent, et elle doutait que sa rencontre au cimetière ne soit étrangère à son attitude. Il suivait le même chemin, la même route en ligne droite depuis près de quatre siècles, et ce brusque changement de direction, cette brutale agitation chez lui était anormale. Glen calculait toujours tout et aux échecs, il avait toujours un coup d'avance et usait de la même stratégie à chaque fois. Mais cette fois, il semblait avoir changé d'avis, et l'ouverture de la partie ne s'était pas faite avec ce pion, celui qu'il choisissait à chaque fois. Il avait du être prit au dépourvu ou être suffisamment intéressé par autre chose pour délaisser ainsi une stratégie pourtant bien établie. L'irlandaise sentait que son maître s'aventurait sur un autre terrain, un terrain qui n'était plus seulement le sien et qu'il devrait désormais partager avec un autre... Elle n'aimait pas cette ignorance, ce faux sourire que Glen lui montrait, cette habitude horripilante qu'il avait de toujours la mettre au courant à la dernière minute... Quelque chose se préparait, elle le sentait, et Glen en était exalté et curieusement terrifié.

Lui même avait du mal à le reconnaître, mais ce qu'il avait vu et apprit la veille l'avait fasciné et inquiété à la fois. Car au fond de lui, enfouit au plus profond de son âme, Glen avait peur de ne pas être à la hauteur de la mission qu'on lui avait confiée. Il avait confiance en lui, en ses pouvoirs, mais ne pas pouvoir prévoir ce qui se passerait ne le rassurait pas. Il refusait catégoriquement de voir les évènements le dépasser, et s'agripperait à cette mission jusqu'à s'y enraciner si profondément qu'on ne pourrait plus l'y déloger. Non pas que Glen veuille jouer les petits chiens obéissants, ça hors de question! Qu'on le flatte et qu'on lui donne un sucre pour bonne conduite et il saisirait n'importe quelle occasion pour mordre. En revanche, la finalité lui plaisait... Elle l'exaltait, même. Car il n'y avait jamais songé, et elle apportait enfin une forme de nouveauté à son ennuyeux quotidien. Quelques mots, quelques phrases avaient su le toucher suffisamment pour qu'il accepte de se détourner de son propre idéal chaotique.
Glen jeta un coup d'oeil à sa seconde. Il sentait son regard se faire insistant, il savait à quoi elle pensait. Mais il s'en désintéressa totalement et sortit une petite clé cuivrée de la poche droite de son pantalon.


-C'est un marché, que je te propose, et un marché se conclut à deux... Ou trois, ou plus, mais jamais seul. Aussi, tu es en droit de refuser. Voici ce que je te propose!

Se disant, il se dirigea vers un petit secrétaire en bois d'acajou vernit. Le meuble, fragile et finement sculpté était à l'image du reste de la pièce. Glissant la petite clé dans une serrure située sous le plateau marqueté, Glen la fit tourner et ouvrit un tiroir, qui glissa sans broncher. Il en sortit un petit sac de toile rouge délavé, et rejoignit les trois jeunes femmes.
Il lâcha le sac sans ménagement, lequel alla percuter la table basse dans un fracas métallique. Il était à peine fermé, son ventre béant dévoilant plusieurs dizaines de pièces de monnaie, lesquelles brillaient à la lueur des bougies.


-Je te propose 15 shilling pour la tête d'une chimère et 10 pour celle d'un loup garou. Si l'on te paye mieux ailleurs, c'est que tes employeurs doivent être bien riches... Avec ça tu auras largement de quoi engro... Nourrir tes précieux humains, se reprit-il avec un sourire innocent.

Glen était un véritable requin et l'héritier d'une grande fortune. Il n'avait pas eu énormément de mal à la faire prospérer, et son nom suffisait à le faire vivre, en Irlande. Acheter les services de Mim était loin d'être au dessus de ses moyens, mais il avait saisit comment la convaincre, ou du moins l'amener à hésiter. Elle avait une famille ou des amis à nourrir, elle n'était pas issue d'un milieu très favorisé, cela se voyait. Elle avait une fierté et une prestance non négligeables, mais elle n'avait ni la raideur de l'aristocratie, ni la prétention des bourgeois. Cet argent, elle en avait besoin.


-Et... Si tu acceptes de m'apporter la tête d'un vampire sur un joli plateau, je te récompenserai d'autant plus. Ne te leurre pas, je ne suis pas un criminel qui fait abattre les siens, seulement les dégénérés nous sont trop nuisibles pour que nous les laissions vivre. Alors? Qu'en dis-tu?

La question était claire, et ferme. Si elle refusait, Mim conservait toute sa dignité, mais elle perdait un argent précieux par la même occasion. Qu'elle tire pile ou face, elle gagnait et perdait en même temps. Elle avait un choix à faire, et pas des moindres... Et Glen savait qu'il lui imposait une décision difficile à prendre. S'il lui avait imposé sa volonté, elle n'aurait pu que le haïr ou être soulagée. En lui laissant son libre arbitre, il la poussait à considérer son offre et accepter en quelque sorte de marchander avec lui.

-Je vais te laisser quelques minutes pour réfléchir à tout ça, le temps que ma proposition marine suffisamment pour que tu m'apportes une réponse! Dit-il en se tournant vers Elizabeth. A nous deux! Je t'ai fais attendre bien longtemps, j'en suis navré! Que de choses à voir, à dire! C'est merveilleux! Diablement merveilleux! Conclut-il d'une voix enjouée.

Il détailla un moment Elizabeth, cherchant un quelconque indice sur son visage. Mais il restait de marbre, figé en une expression placide et particulièrement détendue. Elle n'avait pas peur, même après ce qu'il avait fait à Mim, elle ne le craignait pas... Elle était difficile à impressionner, et ce point était autant un atout qu'un handicape pour le vampire. Car il pouvait en jouer, et perdre comme triompher. A quoi pensait-elle, que voulait-elle prouver en se mêlant à l'aristocratie? Qu'avait-elle à y gagner? Elle était loin des lumières aveuglantes des ragots et rumeurs, à l'abri d'une étiquette formelle de hypocrite qu'il fallait adopter, et exempt de toutes obligations dévolues à la noblesse. Ce n'est certainement pas ce qu'elle recherchait. La richesse, la gloire? Des envies bien masculines, qui ne lui correspondaient pas. Un parti important, l'occasion de faire ses preuves dans le grand monde? Peut-être, mais Glen en doutait. Les véritables intentions d'Elizabeth lui étaient cachées, et il commençait à trouver cela frustrant. Elle avait le droit de nourrir quelques secrets, mais cette attente et ce trépignement n'aidait pas le vampire à faire preuve de patience.
Et son ton ne lui plaisait guère... Personne n'a besoin de le savoir? Elle venait de se trahir toute seule. Elle prouvait bien que derrière cet air détaché se cachait quelque chose de plus sombre ou de plus profond. La finalité de ses plans n'était certainement pas une place parmi les aristocrates, mais plutôt ce que celle ci pouvait lui permettre d'accomplir.

Et Elizabeth faisait bien de taire ses plans. Car si elle lui avait avoué vouloir s'en prendre à la reine et son entourage, Glen aurait été contraint de refuser son offre et de lui faire obstacle. Le vampire avait bien saisit la menace, dans la voix du Comte: S'il touchait à la reine, c'est sa tête qui tomberait. Et Glen tenait bien trop à cette fragile entente avec le vieux vampire pour jouer ainsi avec le feu.
Seulement pour l'heure, il ignorait tout des plans d'Elizabeth, et refuser une aide qu'elle pouvait lui apporter alors que ce qu'elle demandait était si simple en apparence aurait été un gâchis monumental. Il avait proposé à Mim un rôle offensif, meurtrier, mais ce qu'il attendait d'Elizabeth n'avait rien à voir. Il voulait de la discrétion, de la subtilité... Se faire passer pour une innocente jeune femme et battre des paupières pour endormir totalement les soupçons.
Glen se mordilla brièvement la lèvre, frustré de ne pas savoir ce qu'Elizabeth cherchait en réalité, puis il se décida à reprendre.


-Je ne suis pas un petit baron fraichement sortit de la fange de la bourgeoisie, mais je ne suis pas non plus l'aristocrate le plus influent de Londres... Je suis irlandais, je reste un étranger, et même si mon nom a une certaine place dans cette hiérarchie, il va te falloir redoubler de patience, car si je peux faire beaucoup de choses... Je ne suis pas pour autant faiseur de miracles!

Pourquoi lui révéler ainsi quelques petits détails sur sa personne, ses origines, sa place, son rang? Glen voulait tout simplement attiser la curiosité d'Elizabeth, tout comme elle l'avait fait avec lui. La balle était dans son camp, mais il entendait bien la renvoyer dès que possible et la surprendre.

-Si tu souhaites entrer dans la danse, il va me falloir te donner quelques cours, car le rythme aristocrate ne se bat ni à trois temps, ni à quatre. Il est capricieux souffre souvent l'agogique... Tu devrais comprendre de quoi je parle, toi qui est musicienne...

Un sourire mystérieux s'étira sur ses lèvres. Il avait connu plusieurs générations de rois et reines, des régimes menés de manières totalement différentes, et pourtant, une chose n'avait pas changée: Les Hommes étaient toujours les mêmes, et l'égoïsme les caractérisait. Esquisser un joli pas de danse pouvait se faire agréablement remarquer, mais faire un pas de travers, un seul conduisait irrémédiablement à l'échec.

-L'aristocratie britannique est une vaste et grotesque mise en scènes, ou hyènes et autres charognards se disputent de maigres restes... Commet une erreur, une seule, et ils te jetteront en pâture aux lions. Et à ce moment, tu ne pourras compter sur personne pour t'aider à te relever, car dans ce milieu, il n'y a qu'une seule règle: C'est chacun pour soi!

Enfin, Glen invita les deux femmes à s'assoir à nouveau avec lui. Aisling s'inclina légèrement et quitta la pièce sans rien ajouter de plus. Elle en avait suffisamment entendu et savait maintenant où son maitre voulait en venir.
Une fois confortablement installé dans son canapé, Glen regarda Mim et Elizabeth tour à tour, toujours aussi enjoué.


-Elizabeth, si tu souhaites à ce point t'élever socialement, je dois pouvoir t'y aider. En revanche, j'attends de toi une contrepartie. Je n'ai malheureusement que deux yeux, Aisling également... Une troisième paire ne serait pas de trop! Je vous ai montré que j'aimais semer la pagaille et la discorde, mais j'ai horreur de voir quelqu'un qui s'y essaye... Sans aucune discrétion! Ces cafards là sont à débusquer, à dénoncer, et à éradiquer. C'est aussi simple que cela...

Glen ne serait pas plus explicite que cela. Si Elizabeth était aussi futée qu'elle en avait l'air, elle comprendrait où il voulait en venir. L'irlandais avait été adopté par les Lasombras et élevé dans le culte du Sabbat, et il partageait bien des avis communs avec eux. En revanche, révéler l'existence des vampires à qui voulait l'entendre, c'était autre chose. Pour Glen, c'était une façon de les pousser à se rassembler sous une seule et même bannière pour chercher à les détruire. L'ignorance leur allait bien mieux, et c'est pour cela que le vampire détestait ces dégénérés qui se croyaient assez fort pour tout révéler à tout bout de champ.
D'un autre côté, le marionnettiste était conscient du jeu dangereux auquel il jouait. Elizabeth était mystérieuse, déterminée et trop peu bavarde pour qu'il puisse la percer à jour si facilement. L'avoir près de lui suffisamment longtemps pour lui apprendre les rudiments de la noblesse victorienne, et l'aider à atteindre ce sommet qu'elle cherchait, pouvait lui permettre de la surveiller et de la cerner assez pour savoir s'il devait s'en méfier ou non. Pour l'heure, il n'avait aucune confiance en elle.

Enfin, Glen saisit le revolver de Mim et l'observa un moment. C'était une belle arme, lourde et imposante, et il aurait presque pu la trouver à son goût. Malheureusement, Glen n'était pas un combattant physique, et encore moins un adepte des armes à feu, il l'avait clairement fait comprendre à la jeune vampire.
Il trouvait presque cela ironique. La veille, il s'était retrouvé visé par une telle arme. Aujourd'hui, c'est lui qui la tenait dans ses mains. Il trouvait cela si incongru, finalement! Les vampires pouvaient vivre pour l'éternité, ils ne souffraient ni la maladie, ni les poisons, mais une simple balle pouvait suffire à les achever. Un si petit objet...
Se détournant du revolver, Glen le tendit à Mim.


-Et bien damoiselle! Fais moi donc part de ta réponse!
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeJeu 18 Oct - 23:54

La peur s’était insinuée dans toutes les fibres de son corps, dans les moindres recoins de son esprit, et son instinct de survie lui hurlait de s’enfuit, de laisser derrière elle ce manoir grouillant de vampires, ce cet hôte aux cheveux écarlates qui puait le vice et la folie, la cruauté et la mort. En cet instant, Mim aurait tout donné pour avoir l’occasion de prendre la poudre d’escampette et s’éloigner de cette demeure à la façade recouverte de lierre.
Mais bien sûr, toute possibilité de retraite lui était coupée.
Elle regardait Glen dans les yeux, attendant la réaction de l’aristocrate après ses révélations quant à ses véritables occupations. Son métier, dans sa condition, avait tout pour déplaire : quelque part, elle trahissait toute la confrérie des créatures de la nuit au grand complet en les éradiquant les uns après les autres. Oui mais voilà : Mim ne faisait pas partie des leurs depuis longtemps ; pas suffisamment, en tout cas, pour qu’elle revienne sur les promesses qu’elle avait fait du temps de son humanité. Elle avait trop de choses à défendre, trop de personnes à protéger pour faire demi-tour pour un prétexte aussi futile. Elle s’était brûlé les doigts sur la surface lisse de sa hachette et de ses balles à coque d’argent une paire de fois, avait connu la morsure douloureuse des premières lueurs de l’aube sur sa peau et été témoin de l’effet redoutable des rayons du soleil sur ses pairs, elle avait failli mourir empoisonnée à l’eau bénite et évitait autant que faire se peut les terres consacrées, mais jamais elle n’aurait renoncé à poursuivre le but qu’elle s’était fixé.

Elle avait vu le sourire de Glen s’étirer un peu plus encore en entendant ses explications. Elle ne sut pas si c’était une bonne chose pour elle ou non. Elle s’attendait à tout, même au pire, et restait sur ses gardes quoi qu’il arrive, sentant le poids de son autre revolver à sa ceinture, rassurant. Si elle devait se battre, au moins ne serait-elle pas totalement démunie face à ses adversaires.
C’est alors qu’Elizabeth vint clairement montrer le camp dans lequel elle se rangeait. La Huntress la dévisagea derrière les verres teintés de ses lunettes rondes. A la peur se mêla la colère – une colère sourde et froide générée par un sentiment d’injustice profond. La jeune violoniste ne cherchera pas à la soutenir, et ne tentera pas non plus de tempérer les propos de leur hôte. Elle voulait se faire bien voir, quittes à ce que cela se fasse au détriment de Mim qui plissa légèrement les yeux, lui lançant un regard peu amène par-dessus ses lunettes qui avaient légèrement glissé le long de son nez alors qu’elle avait tout juste baissé la tête. Bras croisés sous son opulente poitrine, elle fit tapoter ses doigts une fois sur la surface rugueuse de son manteau de cuir, en un geste à la fois agacé et rancunier. Quoi qu’il puisse se passer après, elle ne lui pardonnerait certainement pas de l’avoir laissée ainsi à la merci du noble au sourire de fou. Mais alors qu’elle s’attendait à ce que ce dernier rebondisse sur les paroles d’Elizabeth pour lui porter le coup de grâce, il se contenta de remercier froidement la jeune femme avant de se tourner vers elle à nouveau ... et lui proposa un marché.
La vampire fut frappée de stupeur. Il avait failli l’égorger quelques secondes plus tôt, avait sans doute eu l’esprit traversé par un tas d’idées plus malsaines les unes que les autres et avait menacé Abigaël et Edward – « ses » humains – tout ça pour ensuite ... vouloir faire affaire avec elle ?


*Ca sent l’arnaque ...* pensa-t-elle, rendue méfiante par les précédents évènements.

Elle écouta cependant ce que Glen eut à lui dire.
Elle fixa le sac rouge qui tintait dans la main délicate de l’homme, ce dernier le jetant négligemment sur la table au milieu du salon. Des pièces s’échappèrent de l’objet que le choc de la chute avait ouvert. Le regard écarlate de Mim fut attiré par l’éclat de la lueur des bougies qu’accrochait la surface irrégulières des nombreuses pièces de monnaies étalées devant ses yeux. Il y avait là de quoi acheter suffisamment à manger à sa sœur et son meilleur ami pour les deux prochains mois au moins. Elle releva la tête vers son hôte.
Elle écarquilla les yeux et manqua lâcher une injure de surprise en entendant le prix qu’il lui offrait pour chaque chimère ou loup-garou dont elle prendrait la vie. C’était plus, bien plus qu’on ne l’avait jamais payé, si l’on exceptait certains cas où elle avait augmenté ses tarifs pour telle ou telle raison. Quinze shillings ou dix en fonction de la cible qu’il lui désignerait.


- Je ... c’est ...

Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu’il lui parla d’abattre des vampires. Là, en revanche, cela risquait de poser problème. Autant se lancer à corps perdu dans la chasse aux créatures de la nuit ne la dérangeait pas, autant risquer de se mettre à dos la quasi-totalité de la société vampirique ne la tentait pas du tout. Il parlait de dégénérer, comme ceux qu’elle avait déjà tué, mais elle se doutait qu’il arriverait peut-être un jour où il lui demanderait d’ôter la vie à un noble aux dents longues dont le seul défaut aura été de lui déplaire ; et dans ce cas, elle n’aurait d’autre choix que d’obéir – si jamais elle acceptait la proposition.
Elle hoche la tête.


- Très bien. Je ... j’y réfléchis ...

Son cerveau fonctionnait à plein régime tandis qu’elle essayait de calmer le flot de penser qui s’était abattu sur elle. L’offre était belle, et ne se représenterait pas deux fois : de plus, si elle refusait maintenant, il était hors de question qu’elle revienne plus tard pour mendier ce qu’il lui avait proposé et qu’elle avait décliné. Il allait donc falloir lui donner une réponse, et vite. Une fois qu’il en aurait terminé avec Elizabeth, la Huntress ne doutait pas qu’il se tournerait à nouveau vers elle pour lui demandé ce qu’elle avait choisis.
Et le choix s’avérait extrêmement rude. D’un côté, elle avait l’assurance d’un revenu plus que décent, qui suffirait à faire vivre sa famille, voire même, s’ils se débrouillaient et savaient rester raisonnables, quitter leur misérable chambrée dans les combles de cette maison croulante et venteuse à Piccadilly pour aller s’installer dans un endroit moins désagréable – non pas qu’elle se préoccupa spécialement de l’endroit où elle dormait, mais sa fierté en prenait un coup à chaque fois qu’elle mettait les pieds dans leur humble et humide habitation. De plus, les temps étaient durs depuis quelques mois, et si l’hiver s’annonçait aussi rude qu’elle le pressentait, Edward et, surtout, Abigaël courraient le risque de dépérir, de tomber malade, voire de mourir purement et simplement. Une semaine et demi de privations les avait déjà affaibli bien plus que ce que la vampire ne pouvait supporter, et si elle ne faisait rien bientôt, leur état ne cesserait de s’aggraver.
Mais d’un autre côté, travailler pour Glen signifiait, d’une certaine façon, se lier à lui, et donc perdre l’indépendance qu’elle revendiquait depuis toujours. De plus, elle se mettrait au service de l’une des créatures qu’elle poursuivait habituellement, et cette magnifique preuve d’hypocrisie ne lui plaisait pas du tout. Aussi, cela aurait signifié rester proche de ce fou aux cheveux de feu, revenir dans ce manoir qui l’oppressait de plus en plus au fur et à mesure que les secondes passaient et dans lequel elle avait mis les pieds totalement par hasard. La jeune femme déglutit et passa la main dans son cou, là où Glen avait presque posé ses lèvres quelques à peine quelques instants auparavant. Le contact lui avait fortement déplu, tout comme les mots pleins de cruauté qu’il avait susurré à son oreille d’une voix doucereuse. Rester près de lui et à sa disposition la mettait en danger, et mettrait en danger Abigaël et Edward si elle ne prenait pas garde. D’un autre côté, l’argent qu’il lui promettait valait la peine de prendre le risque.


*Ou pas* pensa Mim, qui se retint de pousser un juron de frustration.

La décision était difficile à prendre, aussi reporta-t-elle un instant son attention sur la conversation entre Glen et Elizabeth.
Elle écouta avec attention ce que leur hôte avait à dire à la violoniste. Elle nota soigneusement le fait qu’il n’était que Londonien d’adoption, puis se dit que cette information lui serait sûrement parfaitement inutile, et la relégua dans un coin de sa mémoire. Elle ne comprit pas un traître mot de ce qu’il raconta lorsqu’il utilisa des termes musicaux pour définir la danse régissant la vie de l’aristocratie. Un léger sourire en coin étira les lèvres de la jeune femme durant une brève seconde. Apparemment, le vampire avait une opinion bien particulière sur le monde auquel il appartenait. Elle ne pouvait que se dire qu’il n’y avait pas que des avantages à vivre dans l’opulence. L’on serait bien incapable de reconnaître lequel de nos amis les plus proches nous plantera en premier un couteau entre les deux omoplates pour s’approprier votre fortune, vos terres ou la couche de votre femme. La bassesse humaine ne se voyait pas que chez les voyous et les criminels. Ceux dont les veines étaient remplies de sang bleu savaient se montrer tout aussi mesquins et viles, voire davantage encore, que les classes qu’ils méprisaient ouvertement pour la plupart d’entre eux.
Lorsque Glen leur fit signe de s’asseoir, Mim obéit sans rien dire, se posant sur le seul fauteuil encore libre – le premier étant déjà occupé par Elizabeth et le canapé par le vampire aux cheveux rouges, et il était hors de question qu’elle s’approche de lui plus que nécessaire. Elle écouta d’une oreille distraite la proposition qu’il fit cette fois à son autre « invitée ». La Huntress aux longs cheveux se demanda ce que la demoiselle avait bien à perdre pour venir ainsi se jeter dans la gueule de ce loup féroce. Elle voulait s’élever encore un peu dans la société ? Ne pouvait-elle donc pas le faire seule ? Fallait-il qu’elle vienne quémander de l’aide au premier noble venu ? Mim sentait que quelque chose n’allait pas, et décida qu’au final, elle ne s’en occupait pas tant que ça. Elle avait toujours une décision délicate à prendre, et se lancer dans des réflexions complexes sur sa vis-à-vis ne l’aiderait certainement pas à avancer. Quelque chose bougea sous son nez, et elle réalisa que Glen lui tendait son revolver, crosse tournée vers elle pour qu’elle puisse le saisir. Elle releva les yeux vers lui et déglutit discrètement à nouveau. Ainsi donc, l’heure était venue pour elle de lui donner sa réponse.
Un instant, alors qu’elle enroulait ses doigts autour de son arme, elle se dit qu’il serait très simple de tirer une balle dans la tête de cet étrange individu, d’abattre Aisling lorsqu’elle se jetterait sur elle pour venger son maître et ensuite s’enfuir en dissimulant ses traces. Cependant, elle se doutait qu’elle n’aurait même pas le temps d’ôter la sécurité que son hôte lui aurait brisé les cervicales. Cette fois, pas question de faire d’excès de zèle, pas question de menacer quelqu’un d’aussi instable et sans doute rancunier ; pas question de mettre en danger les deux seules personnes qui lui restait. Il était temps de décider de leur sort.


- Je ...

Elle ramena doucement l’arme vers elle et la regarda un instant. Le métal poli reflétait les flammes orangées des bougies allumées, ainsi que les rayons de la lune parvenant à filtrer jusque dans la pièce. Elle sentait le poids de l’arme dans sa main, entendait vibrer l’argent dans le barillet, sentait les quelques effluves de poudre datant de la dernière fois où elle avait appuyé sur la détente. Oui, le choix avait été dur, vraiment très dur à prendre.

- ... J’accepte votre proposition.

Son égo en prenait un sacré coup, mais il s’agissait d’une aubaine sur laquelle elle ne pouvait décemment pas cracher. Peut-être s’en mordrait-elle les doigts plus tard et devrait-elle chercher le moyen d’échapper à l’emprise que le vampire aurait sur elle, mais pour le moment, elle prenait la décision qui lui semblait la plus judicieuse par rapport à Abigaël et Edward. Elle leva légèrement la main.

- Mais à une condition : que ma fam ... mes humains ne soient jamais exposés, et qu’ils n’aient pas à subir vos foudres si je devais commettre une quelconque erreur. Si je suis assurée qu’il ne leur arrivera rien, et qu’ils n’auront pas à payer pour ce que je ferai, alors, j’accepte votre offre.

Elle ravalait sa fierté et se séparait partiellement de sa liberté. Elle se mettait à la merci d’un maître qui promettait déjà d’être difficile à vivre, et elle aurait à subir la présence d’Aisling. Mais au moins pourrait-elle faire vivre sa famille à peu près correctement.
Faisant glisser le pan de son manteau sur sa hanche d’un geste ample, elle raccrocha son revolver à côté de son frère et se tourna vers Glen. C’est d’une voix tendue qu’elle finit par demander, cédant à son envie et ne prêtant pas attention aux mots qui lui écorchaient la bouche lorsqu’elle les prononça :


- Est-ce que vous ... m’autoriseriez à fumer, s’il vous plait ?
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeDim 21 Oct - 19:29

Elizabeth avait fait un choix… Le choix de la folie plutôt que de la raison, celui du danger plutôt que de la sécurité. Elle savait très bien qu’en défendant Glen, elle montrait très bien où allait son intérêt, ainsi ne fut-elle guère étonnée du regard peu amical de Mim. Elle ne pouvait que la comprendre. Elle la laissait seule face à un homme qui semblait avoir autant de pureté d’esprit que le diable… Mais cet homme représentait un intérêt pour elle, alors, à moins de tout raconter à Mim, elle n’était pas prête de s’en faire une amie ! De tout cela elle était consciente, et il y avait bien longtemps qu’elle avait pesé le pour et le contre… Aussi soutint-elle son regard, aussi statique que la pierre. Elle était bien au-delà d’une simple amitié ou inversement. Et puis, au mois ça ne la changerait pas de ses habituelles relations… Là était le prix à payer. Depuis des années maintenant qu’elle courait après sa vengeance, elle ne s’était jamais fait un seul ami, et cela lui convenait ainsi. Que ferait-elle d’eux après qu’elle l’eut accomplie ? Elle ne savait déjà pas quoi faire de sa propre peau, ce n’était en aucun cas pour compliquer encore plus les choses. Non… Choisir Glen dans un moment pareil relevait plus de l’opportunisme que d’une réelle sympathie. Elle devait s’armer face aux embuches qui se dresseraient devant elle. Glen, aussi psychopathe qu’il semblait être, était intelligent, observateur, et sans aucun doute rusé. En trouvant la combine, il pourrait sans doute se trouver d’une précieuse aide… Alors non, elle ne regrettait rien, même devant ce regard accusateur !
En revanche, là où elle s’en voulu, ce fut lorsqu’elle entendit Glen lui répondre froidement. Elle le savait qu’elle n’aurait pas dû ouvrir la bouche. Il était si difficile à comprendre, si difficile à appréhender qu’il aurait peut être mieux valu en savoir un peu plus encore sur lui avant de réagir. Il n’aimait pas être interrompu, or c’est ce qu’elle venait de faire. Il avait délibérément mise de côté leur propre discussion pour s’intéresser à Mim. Le mieux était encore de le laisser finir leurs propres petites affaires. De la patience ! Elie allait devoir en faire preuve ! C’est pourquoi elle se mit en retrait, ne répondant rien à ce ton qui pourtant aurait tôt fait de la faire réagir dans d’autres circonstances. La volonté d’Elizabeth pouvait être forte lorsqu’elle avait une idée en tête ! Elle se contenta d’observer la scène en silence. Glen avait une idée en tête, sinon il ne réagirait pas de cette façon. Il y a deux minutes, il semblait prêt à la détruire, pour maintenant la regarder avec cet air si amusé. Quelque chose avait éveillé son intérêt chez cette femme. Quoi ?
Elle ne tarda pas à le savoir lorsque l’homme lui proposa un pacte, sortant d’un meuble un sac débordant d’argent qui aurait fait pâlir d’envie le premier pauvre gens venu. Elie quant à elle ne sourcilla pas. Elle ne s’intéressait nullement à l’argent. Elle n’en manquait pas souvent, volant ce que possédait ses victimes sur elle, gagnant un pécule grâce à son violon également. De toute façon, pour un vampire comme elle, l’argent ne signifiait pas grand-chose…
En revanche pour Mim, cela devait sans doute être quelque chose de vitale, si elle venait à faire vivre des humains. L’argent était un rouage essentiel, ce qui déterminait une qualité de vie, autant matériellement que sanitairement. C’était finement joué de la part de Glen. Aussi fourbe que le voyait Elie ! Elle commençait vraiment à s’apercevoir à quel point il était dangereux !
En tout cas, cet argument non négligeable dû avoir l’effet escompté sur Mim, vu son air surpris. En revanche, son froncement de sourcil à l’évocation de tuer des vampires, fut à l’image de celui d’Elie. Qu’attendait-il de l’épuration de leur race ? Car c’était bien ce que c’était. Se débarrasser des nuisibles, des dangers pour ne garder que les meilleurs. Une sélection, un génocide à l’encontre des plus faibles, pour ne garder que les meilleurs, les plus forts. Pour qui se prenait-il ? Un dieu ? Il semblait à ce moment quelque peu narcissique et mégalomane, et cette image eu tôt fait de lui rappeler celle du Comte. Fâcheuse tendance qu’avaient les anciens de s’estimer beaucoup… Ce n’est pas pour autant qu’elle en fit la remarque… Généralement ce genre de remarques n’était pas apprécié. Elle se contenta seulement d’observer Mim, apparemment perplexe face à ce choix, ce qui était, après tout, fort compréhensible.

Puis l’Aristocrate se tourna vers elle. Il était temps maintenant qu’ils règlent cette affaire. Elie ne broncha pas, n’exprimant ni impatience, ni peur ou appréhension. Elle était là, c’est tout. Elle écouterait ce que l’homme avait à lui dire… Ce qu’elle ferait ensuite ? Elle verrait bien… L’avenir lui dirait… Elle se contenta de l’observer, se demandant bien ce qu’il se cachait dans sa tête. Elle avait compris maintenant que sous ce ton enjoué pouvait se cacher bien des choses… L’était-il vraiment ou lui cachait-il une petite surprise à sa sauce ?
Puis il reprit la parole. Il se disait Irlandais ? Il avait su prendre facilement les habitudes des Anglais à ce qu’elle voyait. Leur distinction… même son rang avait su être mis à profit en arrivant en Angleterre… mais qu’importe pour elle qu’il ne soit pas l’Aristocrate le plus important de Londres… Ce n’était pas ça qu’elle voulait. Ce n’était pas lui qui allait être le bras de sa vengeance… Il ne serait que sa béquille, son soutient, mais ce serait bien ses mains qui seraient souillées de sang ! Mais de cela, il n’était pas obligé d’être au courant ! C’était un risque que de se jouer d’un vampire ancien comme il semblait l’être… Mais le Comte l’avait mise au pied du mur ! Elle ne voyait pas d’autres perspectives ! Elle espérait seulement que Glen pourrait l’emmener au sommet, avant que le vampire de la ville ne s’en rende compte… En soi une mission bien périlleuse !
Elle sourit cependant lorsqu’il lui dit qu’il n’était pas faiseur de miracle. Et pourtant… si elle parvenait à ses fins grâce à lui, il le serait ! Cette idée de vengeance s’éloignait tellement chaque jour un peu plus qu’elle commençait à être essoufflée de courir après, fatiguer de baser sa vie autour de cela. Et pourtant, elle s’y attachait comme un naufragé à sa bouée ! Rien ne pouvait lui en faire démordre…
Glen continua sur sa lancée, lui expliquant les méandres de l’Aristocratie. Elle les connaissait que trop bien puisqu’elle avait fait partie de ce monde. Elle avait bien tentée de se déroger à ces réceptions Ô combien ennuyeuses, mais elle était bien obligée de tenir son rang… Pourtant, elle écouta attentivement l’homme. La raison ? Elle ne s’était pas présentée en tant qu’Aristocrate, et qu’il découvre qu’elle en faisait partie malgré elle ne ferait que soulever plus de questions qu’autre chose. Elle devait repartir de zéro, comme une fille du peuple. Il lui fallait tout réapprendre comme dans son enfance, poser des difficultés là où elle n’en avait aucune, et ne pas se montrer une élève trop brillante dès le début. L’homme était intelligent… A l’image de ce qu’il disait, le moindre faux pas, et ce serait lui qui la jetterait en pâture aux lions !
Mais ce caractère belliqueux de la Haute Société, elle le connaissait ! Elle en avait fait les frais, elle et sa famille ! Une fois qu’une famille était sur la mauvaise pente, personne ne se gênait pour la descendre plus bas que terre, tels des rapaces, prêt à prendre la place désormais vacante ! Cette idée pinça le cœur de la violoniste dans une ribambelle de regrets. Et s’ils n’avaient jamais été Aristocrate… Et si leur route n’avait jamais croisé celle de la Reine… Tant de supposition, d’imagination, mais qui restaient loin de la réalité, de ce qui fut et de ce qui est… Une famille détruite, décimée et à présent aussi insignifiante qu’un ver dans la boue putride de Londres.
Elie se mordit l’intérieur de la lèvre, une rage bouillonnant au fond d’elle. Ce qu’elle leur en voulait à tous ! Mais bientôt la justice serait rétablie. Elle allait éradiquer la cause de tout ceci.

Ce fut fermement décidée qu’elle alla s’assoir comme l’invitait Glen. Mim en fit de même. Elle était tendue. Glen, pour le moment, n’avait fait part à Elie de choses qu’elle savait déjà. Mais il s’était exprimé au conditionnel. Pas encore de oui catégorique, et surtout il n’avait pas encore fixé ce qu’elle devrait faire en contrepartie… Rien ne lui empêchait de lui dire non, ou bien même lui demander quelque chose qu’elle ne pourrait lui offrir. Qui sait les choses farfelues qu’il pouvait bien penser ! Elle ne le coupa donc pas, attendant qu’il finisse de lui exposer le fond de sa pensée.
Ce qu’il fit sans attendre ! La jeune femme posa son regard, étrangement placide dans celui de l’homme. Et pourtant, tout se bousculait en elle. Cette attente était insupportable, et si elle s’était trouvée en face d’une autre personne que Glen, elle se serait surement agitée sur son siège. Mais rien de tout ça avec lui. Calme… C’était le maître mot. Puis la délivrance vint au travers des paroles de l’homme. Ainsi, il recherchait une personne dans l’ombre, une sorte d’espion, une personne se mouvant sans faire de bruit, mais horriblement observatrice… Par contre, qui étaient ces cafards dont il parlait ? Elle avait déjà une petite idée sur la question… Tuer un vampire était interdit… Il lui fallait de la discrétion… Il voulait donc qu’elle l’aide pour son petit génocide… Qu’elle l’aide à décimer leur peuple, à le « purifier » comme il aimerait l’entendre ! Mais cette mission était plus simple écrite sur le papier qu’en vrai… C’était là s’exposer au danger… Autant de la personne prise pour cible que par toute la communauté vampirique… Et au-delà de ça… Il lui fallait se maîtriser parfaitement pour remplir correctement ce rôle. Pas question qu’elle perde le contrôle ou elle pourrait être, elle-aussi, considérée comme une dégénérée. L’apprentissage de Wynn devenait donc incontournable ! Elle allait devoir redoubler d’efforts, autant pour sa sécurité que pour la concrétisation de ses projets… Ses nuits allaient être décidément bien longues… Mais de toute façon, il allait bien falloir qu’elle règle ce problème…
Son regard se posa quelques instants sur la bouteille de sang. Elle savait très bien que, ouverte, cette bouteille la mènerait à sa perte. Elle perdrait son sang-froid, ses efforts seraient balayés en un instant, toute cette comédie serait réduite en miette.
Elle retint un profond soupir de lassitude. Il serait mal venu. Elle s’enfonça un peu plus dans le fauteuil avant de relever son regard vers l’homme. Sa décision était prise…


-Très bien… Si cela est votre prix, je l’accepte !


Elle se rapprocha alors dans son fauteuil pour ajouter d’un air sceptique :

-Mais dîtes moi… Croyez-vous qu’exterminer la dégénérescence vampirique soit suffisant pour l’éradiquer ? Ne vient-elle pas, à la base, d’un maître négligeant, voire même inconscient ?


Idée peut être audacieuse, mais elle ne faisait qu’exprimer son point de vue. Mais ce n’était pas son seul but en effet… La vision de l’homme s’arrêtait-elle seulement à un simple vampire décadent, ou bien avait-il un but beaucoup plus complexe que cela ? Si ça se trouve, il n’avait proposé là, à Mim et Elie, que la surface de son plan sans en montrer toute l’envergure, un peu comme avait fait la jeune femme auparavant. Il était malin et savait bien cacher son jeu. Elle devait agir avec prudence avec elle, aussi la question qui lui brûlait les lèvres, à savoir l’intérêt final qu’il éprouvait à cette extermination et surtout, dans le pacte qu’il passait avec Mim et elle, resta au fond de sa gorge. Ce serait s’exposer au retour de cette question. Que pourrait-elle alors répondre à l’homme ? Il valait mieux que tout cela reste tapi là où c’était. Personne n’avait encore posé la question et c’était mieux ainsi.
Dans tous les cas, Glen s’exposant en leur racontant ceci. Après tout, n’incitait-il pas les jeunes femmes à commettre quelque chose qui était contre tous les principes vampiriques ? Même si Elie ne connaissait pas les lois vampiriques, elle savait que tuer était une loi universelle pour tous. Tuer sa propre race était un acte impardonnable, qui les exposait tous à de lourdes conséquences. Elie n’était pas franchement réjouie de devoir partager ce secret avec autant de personne, car, et il fallait y penser, si l’un était pincé pour un tel acte, qu’est-ce qui l’empêchait de balancer tous les autres pour amoindrir sa peine ? C’était un jeu dangereux ! Mais elle n’avait pas le choix ! Le mieux était encore que personne ne commette le moindre faux pas !

Enfin Glen reporta son attention sur Mim. Il lui tendit son arme, et aussitôt les muscles d’Elie se raidirent. Qu’est-ce qui empêchait Mim de vouloir tirer sur l’homme pour se débarrasser de lui ? Et ensuite ? Qui dit qu’elle ne se tournerait pas vers elle par pur esprit de vengeance, pour lui ficher une balle en plein cœur. Non, Elie ne faisait confiance à personne et se méfiait de tout. Cette arme était une menace, autant dans les mains de Glen et encore plus dans celle de la jeune femme, qui, elle, devait savoir s’en servir parfaitement puisqu’elle était une chasseuse !
L’arme changea de propriétaire tandis que Mim scellait le pacte. Elle acceptait elle aussi. L’appât du gain avait été le plus fort… Elle devait vraiment les aimer, ses humains, pour se frotter à pareil danger. Après tout, les deux femmes se ressemblaient… Elles étaient prêtes à tout pour leur idéal… Mim pour ses humains, Elie pour sa vengeance… Même si cela signifiait pactiser avec le diable !
Mais alors qu’Elie pensait que la chose était réglée, Mim se permis une chose qui parut aux yeux de la violoniste fort audacieuse ! Poser une condition à cet homme était peut-être tirer un peu sur la corde. D’autant plus qu’il ne semblait pas porter beaucoup d’attention à l’affection qu’on pouvait avoir pour les autres, d’autant plus si c’était des humains, et plus encore lorsqu’il pouvait, au contraire, en jouer. Mais cela n’était pas ce qui chagrinait Elie. Non… Elle ne connaissait pas ces humains, et n’y portait que peu d’importance… Mais l’évocation d’un potentiel échec lui fit poser ses yeux sur le visage de la jeune femme avec, une fois de plus, sévérité. Ne comprenait-elle donc pas ? Tout dans ce pacte exposait ses humains… Elle n’avait pas droit à l’erreur, sinon elle emporterait avec elle ces chers êtres qu’elle aimait tant dans les ténèbres. Glen ne semblait pas avoir de compassion, peut-être même qu’il se ficherait pas mal d’eux, mais surtout… si le fait de tuer des vampires venait à se savoir, croyait-elle que les conséquences n’allaient pas avoir un impact sur ceux qu’elle aimait ? Cela en était exaspérant… Elle était coincée dans cet engrenage, luttant pour atteindre la surface, et pourtant, plus le temps passait et plus elle s’enfonçait un peu plus dans les ennuis…
Mais d’un certain côté, Elie admirait cette dévotion pour les êtres qu’elle aimait. Une fois de plus, elles étaient semblables… Si la violoniste courait si ardemment après sa vengeance, c’était bien pour laver l’honneur souillé de sa famille, bien pour venger leur nom ainsi que leur mort si injuste ! Elle était loyale à cette idée au point même qu’elle acceptait à se lier avec un fou, alors de quel droit pouvait-elle juger cette femme ? Elle ne le pouvait pas, et ne le ferait ainsi pas. Mais qu’il lui soit bien tenu pour compte… Peut-être que Glen en lui tiendrait pas compte d’une potentielle erreur, même si elle en doutait, mais elle si… Sa vengeance n’avait aucun prix… Et ne tolérait aucun échec…

[HRP : Excusez-moi pour ce post pas terrible et si court >.< *part s'exiler*]
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 26 Oct - 12:30

HRP:
Spoiler:


Lorsque Mim avait hésité, Glen avait retenu un ricanement. Désormais il en était sûr, elle se plierait à sa volonté. Si elle avait envisagé de refuser, elle l'aurait fait immédiatement. Or, elle ne pouvait se permettre de cracher sur l'offre qu'il lui faisait, et même s'il se doutait qu'en son esprit devait se dérouler un véritable combat manichéen, elle finirait par céder. Elle s'était peut-être montrée présomptueuse avec lui, mais elle n'avait pas l'air bête, loin de là. Ses intérêts, elle les connaissait, et Glen en jouait.
A vrai dire, il était même particulièrement fourbe. Parce qu'il avait trouvé une faille intéressante, il ne pouvait s'empêcher de la creuser plus encore, à la recherche d'une quelconque richesse.
A quoi pouvait-elle bien penser...? Elle devait avoir comprit que Glen était loin d'être une personne digne de confiance, et qu'il valait mieux réfléchir longuement avant de lui accorder quoi que ce soit. Car il savait tirer profit de la plupart des situations, même les plus dangereuses. Pourtant, malgré cette responsabilité qui pesait sur ses épaules, Mim restait étrangement calme. Elle avait à perdre et à gagner dans les deux cas. Dans l'un, elle n'aurait plus de soucis pour nourrir sa famille mais s'enchainerait à un vampire qui l'avait déjà menacé une fois. Dans l'autre, elle sauvait son honneur mais n'aurait pas un centime.
Le sourire de Glen ne quitta pas ses lèvres tandis qu'il songeait à cela, fixant Mim comme un chat une souris. Il l'avait prise au piège, et aussi mesquin que cela puisse paraître, il aimait cette situation. On ne jouait plus d'une fois avec lui, car dès lors qu'il avait les dés en main, il menait la partie.

Mais inconsciemment, Glen était presque jaloux de cet attachement que Mim portait à sa famille. Il n'en avait pas réellement conscience, car cette jalousie était si profondément ancrée en lui qu'il n'y faisait même plus attention. La jeune femme était prête à se battre, à risquer sa vie, à se plier à ses désirs pour leur permettre de vivre... C'était un acte honorable, d'une grande beauté, beauté dont il ne percevait même pas la surface. Au mépris de sa vie, Mim s'était introduite chez lui. Et peut-être l'ignorait-elle, mais Glen était en droit de la torturer s'il le souhaitait, car après tout, elle n'avait pas été invitée. L'idée avait un instant traversé l'esprit du vampire, mais bien vite ses habitudes intéressées et opportunistes avaient reprit le dessus. A quoi bon lui tordre les boyaux si elle pouvait lui être utile? Depuis son plus jeune âge, Glen avait apprit à profiter de tout, même de la plus insignifiantes des choses.
Il se demanda un instant qui étaient les membres de la famille de Mim. Elle était très jeune, pour un vampire, et devait donc encore avoir des frères ou soeurs de sang en vie, mais Glen ne lui demanda rien. Il ne voulait pas attiser un peu plus sa méfiance et guider son choix vers un refus définitif. Peut-être pouvait-elle encore croiser le regard aimant d'une soeur, ou entendre le rire enjoué d'un frère... Le ton de l'irlandais se fit amer, et son sourire se ternit. Même en devenant vampire, elle n'avait pas renoncé à sa vie d'avant, et devait probablement avoir bien plus d'humanité que lui. Mais d'un autre côté, que pouvait-il regretter? Il avait été ignoré puis abandonné par son propre père, traité comme une marchandise par un ivrogne, et avait même été totalement délaissé par celui qui aurait du être son maitre. Quelle ironie, pour quelqu'un qui avait choisit de ne plus faire confiance à qui que ce soit, se mettant à dos bon nombre de gens par la même occasion. Mais à ses yeux, l'abandon représentait une des formes les plus bestiales que pouvait revêtir la cruauté.

Glen finit par chasser ces pensées de sa tête et afficha de nouveau cet air enjoué qui le caractérisait tant. Montrer aux deux femmes son aigreur était bien la dernière chose qu'il souhaitait.
Aussi choisit-il de s'intéresser à nouveau à Elizabeth. Une femme plus réservée, plus mystérieuse que Mim, qui devait probablement cacher une foule de secrets. Elle ne laissait rien paraître, elle était si stoïque que Glen n'arrivait pas à la cerner. Il n'avait perçu qu'une minuscule brèche dans sa carapace. Lorsqu'il avait usé de son pouvoir de télékinésie pour prendre la cigarette de Mim, il l'avait vu sourire, l'air intéressé. Peut-être avait-il rêvé, mais la jeune femme avait semblé sincèrement intrigué par ce don. Pourtant, Glen n'avait rien fait de très extraordinaire, à ses yeux. Il y avait sûrement quelque chose à découvrir, et il entendait bien creuser un peu plus en elle pour cela.
Déjà, il plantait le décor en lui exposant les rudiments de l'aristocratie. Quelques explications de plus et les figurants étaient en place. Elle semblait intéressé et l'observait sans broncher, attentive. Il ne manquait plus que le lever de rideau et elle pourrait entrer en piste pour jouer son rôle. Mais pour cela, il lui faudrait intégrer les mécanismes complexes de la noblesse anglaise, comprendre chaque signe et interpréter chaque symbole, et tout cela prendrait du temps. Même si elle appartenait très certainement à la bourgeoisie, elle avait encore du chemin à faire, et Glen serait sans pitié avec elle. Si elle souhaitait passer pour une véritable lady, l'erreur ne serait pas tolérée, mais elle semblait en avoir conscience.
Elizabeth le prouva même à l'irlandais en acceptant sa proposition. Elle n'avait pas mit de temps à se décider, car bien sûr, l'enjeu était moins grand pour elle que pour Mim. En y repensant, Glen ignorait tout des projets d'Elizabeth, ce qu'elle comptait faire une fois qu'il l'aurait aidé à intégrer l'aristocratie... Plus il y songeait, moins il aimait cette situation. Hors de question qu'elle lui file entre les doigts. Il saurait la surveiller et la rappeler à l'ordre au moindre faux pas, mais ne pas savoir ce qu'elle avait en tête le frustrait affreusement.

Aussi, lorsqu'elle se pencha vers lui, prenant une position invitant à la conspiration, Glen ne put s'empêcher de se pencher à son tour, un sourire énigmatique aux lèvres.


-Tiens, tiens, tiens... Ne serait-ce pas de l'aigreur, que je perçois dans ta voix? De quel maître parles-tu? Des incapables qui engendrent des êtres incomplets et instables? Du maître de cette ville? Tss tss... Tout cela te tient à coeur, on dirait!

Un ricanement lui secoua les épaules, tandis qu'il se penchait un peu plus, plongeant ses prunelles bleutées dans le regard de biche de la jeune femme.

-Ou bien... Parles-tu de ton propre maître...?

Se disant, Glen suivit le regard d'Elizabeth, rivé sur la bouteille de sang toujours hermétiquement fermée. Elle ne laissait presque rien paraître dans ses paroles, encore moins dans sa gestuelle, mais un regard, un sursaut pouvait vouloir dire bien des choses, chez elle. C'est à ce genre de petits détails que Glen avait choisit de s'intéresser. Il ignorait totalement de qui Elizabeth voulait parler. De son tuteur? D'un autre? Qu'importe, elle semblait suffisamment remontée contre cette notion de maître et d'élève pour qu'il y voit un intérêt.
En y repensant, l'irlandais se dit qu'Elizabeth ne devait probablement plus avoir de maître. Ou un être bien négligeant et irrespectueux. Un vampire censé ne l'aurait pas laissé vagabonder ainsi dans Londres, encore moins pour aller pactiser avec un clown détraqué et enclin à la violence arbitraire. Etait-ce ce qu'elle venait chercher? Une reconnaissance sociale pour sentir le regard de son tuteur sur elle?
Poussant un léger soupir, Glen recula et se laissa aller contre le dossier du divan.


-Ce que tu dis n'est cependant pas dénué d'intérêt. Traiter le problème en surface n'arrangera rien, c'est à la racine qu'il faut agir. Seulement... Ne vous méprenez pas, toutes les deux. Je ne suis pas un meurtrier qui fait assassiner les membres de sa propre race par simple caprice princier. Ceux dont je vous parle ont abandonné leurs sentiments, leur humanité! Par lâcheté, souvent, par volonté, rarement. Il est plus facile d'oublier ses regrets, de rejeter ce que l'on a été... Ca nous évite des souffrances inutiles, mais sans cette étincelle de nostalgie, un vampire ne peut que devenir un monstre. Ils sont guidés par l'envie de meurtre, par une soif de sang intarissable, mais si vous en croisez un, demandez-lui donc s'il a un but, si quelque chose lui tient à coeur! Il sera incapable de vous répondre! Ces vampires là sont dangereux. Ils n'ont aucun scrupule à enfreindre les règles, ils tuent sans distinction les leurs et les humains...

Glen marqua une courte pause, le regard animé d'une fureur et d'une passion étranges. Lui même l'avait frôlé, cette dégénérescence. Sa soif de vengeance apaisée, il n'avait pu compter que sur sa volonté et sa hargne pour s'empêcher de sombrer. Et même après quatre siècles de vie, il se sentait parfois hésitant, entre lucidité et sauvagerie pure. L'irlandais gardait précieusement ces ersatz d'humanité, ces minuscules particules de regrets et de sentiments humains qui lui restaient.
Chaque fois que l'ennui lui dévorait l'esprit, il sentait la nostalgie s'y joindre pour l'entrainer un peu plus dans l'abysse, et Glen avait beau ne craindre que peu de choses, cet abandon de soit le terrifiait. Perdre sa volonté, devenir à son tour la marionnette d'une nature qu'il n'avait pas choisit était l'une des seules choses qui pouvait lui faire réellement peur.
Saisissant un verre, comme s'il s'apprêtait à ouvrir la bouteille pour se servir, l'irlandais le porta au niveau de ses yeux, y observant le reflet de la lumière vacillante des bougies.


-Je te rejoins sur un point, Elizabeth. La négligence de certains est à l'origine de ce problème, mais ils ne sont pas les véritables fautifs. Un vampire laissé seul dans la nature peut tout à fait s'en sortir, s'il en a la volonté. J'en suis la preuve vivante...

Glen tourna la tête vers Elizabeth, lui lançant un regard insistant. Il la défiait sur son territoire, il en était conscient, mais il voulait voir jusqu'où elle était prête à aller. Depuis quelques minutes, chacune de ses paroles le mettait en scène par sous entendus. Il lui révélait certains aspects de sa personnalité ou de son histoire par bribes, pour attiser un peu plus sa curiosité et l'amener à lui poser des questions. Car si elle se lançait dans les interrogations, il ne perdrait pas l'occasion de se prêter au jeu à son tour. Sa dernière phrase laissait en suspend un grand nombre de question, et c'est ce qu'il cherchait. C'était une information dont lui se fichait totalement, à vrai dire.
Après tout, il avait été mordu par un vampire... Plus qu'étrange. Un homme solitaire et vagabond, connu pour avoir mordu des dizaines d'humains, pour les avoir changés en vampire, et surtout pour les avoir abandonné sans un mot, sans une indication, rien. Un original qui semblait prendre un plaisir fou à torturer un peu plus des esprits déjà bien amochés. Glen n'avait apprit son nom que bien après sa transformation, l'appelant la plupart du temps l'épouvantail, ou l'autre, à défaut de lui trouver un surnom original. Alors pourquoi l'irlandais se fichait-il de révéler une telle information? Tout simplement parce qu'il n'avait jamais revu son maître, et surtout parce que celui ci était mort depuis près de deux siècles. Glen n'avait jamais cherché à le retrouver, contrairement à beaucoup de vampires qui cherchaient à se venger de leur tuteur ou encore à s'approprier leurs pouvoirs.
Mais il espérait bien qu'Elizabeth serait assez curieuse pour chercher à en savoir plus. Savoir qui elle était, d'où elle venait, son passé, il s'en fichait. En revanche, il avait besoin de connaître ses véritables motivations et la raison de sa présence chez lui. Glen lui avait mentit, en lui disant que connaître simplement l'intitulé de son plan lui suffisait. En réalité, il était contrarié de ne pas en savoir plus.
Ce qu'elle cherchait à accomplir devait être assez important à ses yeux pour qu'elle soit aussi déterminée.

Frustré de ne pas en savoir plus, Glen se tourna néanmoins vers Mim, pour s'enquérir de sa réponse. Elle restait hésitante, comme si quelque chose en elle la poussait à refuser l'offre du vampire. Quand enfin sa réponse tomba, comme une sentence, l'irlandais eut un sourire mauvais. Il était satisfait que Mim accepte sa proposition, et ce même si elle restait plus que méfiante. Immédiatement, elle en vint à poser certaines conditions, et Glen mit le doigt sur ce qui l'inquiétait réellement. Elle craignait qu'il ne s'en prenne à sa famille, et elle avait raison! Il y aurait immédiatement pensé, bien sûr! Faire souffrir ceux que la jeune femme aimait lui ferait sans doute bien plus de mal que s'il s'en prenait à elle directement. Mais l'irlandais se contenta d'éclater de rire.


-Et bien et bien! Nous n'avons même pas encore conclut cette affaire que déjà tu poses tes propres conditions? C'est bien, j'aime les initiatives!! Mais ne pars pas perdante dès le départ, sinon tu ne gagneras jamais la course! Inutile de nous embarrasser avec des détails... Futiles pour le moment. Je ne toucherais pas à tes précieux humains, tu as ma parole!! Et si jamais tu échoues... Tant pis! Je chercherai un nouveau tueur à gages! Mais quel gâchis... Et tu perdrais ma modeste contribution...

Un ricanement lui secoua l'échine tandis qu'il jetait à Mim un regard emplit de méchanceté. Sa famille n'aurait pas à subir ses foudres, mais si elle échouait, il ne lui donnerait plus un centime, et le résultat serait le même, au final. La menacer de passer ses nerfs sur elle en cas d'échec n'aurait fait que la faire passer pour la victime de l'histoire, et ni lui ni elle ne devaient souhaiter cela. Elle avait tout l'air d'une battante, pleine de volonté et de hargne, le visage de la martyr ne lui allait décidément pas. En revanche, la faire culpabiliser, laisser peser sur ses épaules cette responsabilité lui semblait bien plus approprié. Si elle échouait, il voulait qu'elle ne puisse s'en prendre qu'à elle même. Une attitude purement sournoise mais qui avait fait ses preuves.

Enfin, Mim eut une réaction qui plut grandement à Glen. Ces quelques mots durent lui arracher la langue et la gorge, mais c'est avec une grande politesse qu'elle lui demanda l'autorisation de fumer. Le vampire avait finit par croire qu'elle préfèrerait s'en passer, mais finalement, son envie semblait avoir reprit le dessus. En un sens il la comprenait. Lui même ne résistait à ce type de drogue douce lorsqu'il était énervé ou simplement contrarié.
Le regard de Glen se posa un instant sur Elizabeth. Elle était la seule à avoir réagit face à l'étrange breuvage posé sur la table, là où Mim n'avait même pas sursauté. L'irlandais soupçonnait une certaine angoisse due à la perte de contrôle, ou peut-être une addiction particulière au sang? Dans tous les cas, la jeune femme n'était pas rassurée. Mim avait sûrement trouvé dans le tabac une forme de dépendance qui lui permettait d'oublier sa soif de sang.

Finalement, Glen laissa un silence s'installer, regardant Mim avec un sourire amusé. Il se décida enfin à lui répondre.


-Mais je t'en prie, fais! J'ai cru que tu n'oserais pas me le demander ! Dit-il en attrapant une bougie sur la table d'appoint prêt de lui. Ce n'est pas difficile d'obtenir ce que l'on désire... Il suffit d'y mettre les mots...

Le vampire posa la bougie sur la table, face à Mim. En réalité, la voir fumer ne le dérangeait pas, mais pour une raison qui lui échappait, il avait envie de la faire tourner en bourrique. Simplement pour la voir se mordre la langue de dépit et prendre des pincettes à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. Finalement, cette jeune femme l'amusait beaucoup. Et malgré la tension qui régnait dans la pièce, Glen avait envie de jouer avec ses nerfs, sans se soucier des conséquences.
Pourtant, c'est à Elizabeth qu'il s'adressa à ce moment là. Malgré le calme apparent de leur conversation, ils se regardaient tous les trois sans savoir réellement quelle attitude adopter, et il était temps de changer un peu de registre, avant que l'un deux n'explose et ne brise leur fragile entente.


-Tout ceci est magnifique, formidable et même exaltant, mais je trouve qu'il manque quelque chose... Une note de beauté et de féérie qui viendrait parachever notre oeuvre future, vous ne trouvez pas? Elizabeth, toi qui es musicienne... Ne voudrais-tu pas nous faire partager un semblant de poésie?

Un sourire rayonnant naquit sur son visage alors qu'il se tournait vers elle. Elle n'avait pas emmené son violon avec elle, mais Glen était persuadé qu'un musicien devait savoir tirer n'importe quel son sur n'importe quel instrument. Heureusement pour elle, l'irlandais possédait un piano et un violon. Ou plutôt seulement un piano. En réalité, le violon était un cadeau qu'il avait fait à Aisling. Mais cela, il s'en fichait totalement. Elle n'avait pas vraiment son mot à dire là dessus.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeLun 29 Oct - 22:56

Mim avait longtemps hésité à répondre. Peu importe ce qui allait se passer désormais, elle ne pourrait plus faire machine arrière. D’un côté, elle pouvait partir en conservant son honneur, sa dignité et, surtout, sa liberté et sa dépendance ; cependant, cela impliquait de risquer voir dépérir Abigaël et Edward faute de moyens. Et elle savait pertinemment qu’elle ne supporterait pas de passer l’hiver en les regardant mourir dans ses bras. De l’autre côté, Glen lui offrait un emploi très bien payé, et qui lui permettrait en plus de ça de continuer à nettoyer les rues de Londres des créatures malfaisantes qui y rôdaient – mais cela signifiait s’enchaîner à lui, devenir son employée, son larbin quelque part. La main armée d’un fou qui semblait changer d’avis comme de chemise. Une légère appréhension persistait dans l’esprit de la vampire : que se passerait-il si, un jour, il lui ordonnait de retourner son arme contre quelqu’un qu’elle connaissait ? Contre Elizabeth, contre Aisling ou contre lui-même, bien que cette dernière hypothèse soit hautement improbable ? Mim ne tenait pas les deux jeunes femmes dans son cœur, c’était un fait, mais tuer pour tuer, gratuitement et sans raison, cela ne l’enchantait pas le moins du monde. Depuis qu’elle savait se contrôler, elle n’avait plus jamais ôté la vie à quelqu’un ou quelque chose sans justification. Dans le cas des loups-garous et des chimères, elle les savait capables de dégâts incommensurables, et si elle pouvait éviter aux Londoniens de se faire régulièrement dévorer une fois la nuit tombée et la lune accrochée haut dans le ciel au-dessus de leur tête, alors tant mieux. Pour les deux vampires qu’elle avait abattu, elle n’avait pas eu le choix : entre un forcené fou de rage ne jurant plus que par le sang et la violence, et l’autre tellement vieux que le poids des ans avait fini par le rendre sénile et incroyablement dangereux même pour les autres membres de son espèce, ses balles n’avaient pas été inutilement utilisées. Même si leurs morts lui restaient un peu sur la conscience à cause des règles strictes régissant la Mascarade. Elle se fichait bien qu’il lui arrive quoi que ce soit : elle avait l’habitude de vivre rudement, et une éternité à jouer à cache-cache avec de vieux suceurs de sang envoyés à ses trousses ne la gênerait sans doute pas plus que cela. En revanche, en ce qui concernait sa famille, c’était une autre histoire : hors de question de les exposer, hors de question qu’elle leur fasse courir le moindre risque à cause de sa nature et de ses « crimes ». Ils avaient déjà suffisamment à faire avec leur dur métier de Hunters, alors en rajouter une couche, non merci, sans façon.

La jeune femme était toujours perdue dans ses réflexion lorsque la voix de l’aristocrate la sortie un peu de sa rêverie. Il s’était adressé à Elizabeth, et la vampire aux yeux écarlates se dit que toute information était toujours bonne à prendre, surtout sur une éventuelle ennemie. Mim les observa tous les deux, leur trouvant des airs de conspirateurs à se pencher ainsi l’un vers l’autre, la demoiselle d’un calme impressionnant tandis que son vis-à-vis arborait toujours ce sourire malicieux et un peu énigmatique qui pouvait, en une fraction se seconde, devenir profondément malsain et mauvais.
Tendant discrètement l’oreille, elle réalisa que leur discussion tournait maintenant autour des maîtres vampires. Pendant un instant, elle se concentra plus sur ce que disait leur hôte aux cheveux rouges plutôt que sur son dilemme. Le sujet l’intéressait, c’était le moins que l’on puisse dire. Elle ne savait pas ce que cela faisait d’avoir pu suivre une éducation d’aucune sorte, et son éducation en tant que « monstre », elle n’y avait pas eu droit non plus. Elle avait dû se débrouiller seule, comme toujours.
Elle écouta Glen en haussant légèrement les sourcils, surprise de ses propos. Etonnamment, ils se révélaient assez proches de ceux qu’elle tenait. Un vampire sans humanité, que ce soit en grande quantité ou juste un soupçon, ne valait pas mieux qu’une chose affreuse et difforme dépourvue de tout honneur, tout but, toute raison d’être. Ces vampires qui rejetaient tout ce qu’ils avaient jamais été pour éviter les remords et les regrets, pour échapper à la souffrance qui, inévitablement, finirait par s’emparer d’eux, n’étaient que des lâches espérant fuir un destin qu’ils ne pourraient que subir, à moins de le déjouer, à moins de s’accrocher encore et toujours à cette ultime petite lueur qui sommeillait en eux : celle de l’homme prisonnier sous la bête.
L’aristocrate leva un verre devant ses yeux, observant le reflet que lui renvoyait la surface miroitante du verre poli et soigneusement nettoyé. Mim le regarda, étonnée, lorsqu’il révéla à la petite assemblée que dans son cas, il n’avait pas eu de maître. La jeune femme ferma les yeux, et un léger sourire en coin vint étirer ses lèvres. Elle murmura plus ou moins inconsciemment :


- Ca nous fait un point commun ...

Elle remit ses lunettes en place du bout du doigt. Elle non plus n’avait jamais eu de maître. Le vampire qui l’avait mordue l’avait fait à dessein, la condamnant à la folie et à la dégénérescence, en guise de punition pour avoir pourchassé et massacré des êtres qu’elle n’avait jamais compris – qu’elle n’aurait jamais pu comprendre, de toute façon, sinon en devenant comme eux. Et alors, seulement alors, elle verrait ce que cela ferait d’être la proie et non pas le chasseur, de se retrouver devant la gueule béante et noire d’un Bloody Rose plutôt que de le pointer vers une cible, d’être à la merci du moindre morceau d’argent, de la plus minuscule goutte d’eau bénite, du plus délicat rayon de soleil. Plus jamais elle ne verrait la lumière du jour, plus jamais elle ne verrait l’aube sans ressentir dans toutes les fibres de son être une frayeur sans nom, sans qu’un instinct purement animal ne vienne la saisir et lui hurle de fuir, fuir pour sauver sa vie, fuir pour se cacher de ces flèches éblouissantes qui auraient tôt fait de la réduire en poussière, elle, la faible, la fragile, la nouvelle monstresse, la meurtrière, la suceuse de sang.
La vampire.
Mais elle avait réussi à s’en sortir. A coups de privations, de patience et de regrets lorsqu’elle cédait à ses pulsions, apprenant sur le tas ou en épiant ses nouveaux frères et sœurs, ne gardant d’eux que le meilleur, rejetant tout le reste, elle avait finit par échapper à la sentence de mort qui planait au-dessus de la tête des vampires nouveau-nés qui, à l’image de nourrissons laissés par leurs parents sur le porche sale de vieilles maisons pour que le froid, la faim, la maladie ou les chiens les emportent, une fois livrés à eux-mêmes, mourraient affamés, fous ou tués par le premier Hunter qui croisait leur chemin.
La jeune femme secoua la tête et se reprit, chassant ces pensées de son esprit pour se concentrer sur une affaire beaucoup plus pressante, à savoir : devait-elle, ou non, accepter la proposition de Glen ?

Lorsque son choix fut fait, qu’elle résista à la tentation de se sortir de ce traquenard en se servant de la force brute et qu’elle lui eut donné sa réponse, elle posa une condition. Une seule et unique condition : qu’il ne touche pas à sa famille, sous aucun prétexte, surtout si elle le décevait. Elle devait être seule et unique responsable de ses actes et de leurs conséquences, et s’il devait la torturer pour lui montrer à quel point il était mécontent, et bien soit, elle en avait vu d’autres.


*Tout*, pensa-t-elle, *quitte à me faire éventrer s’il le faut, mais pas Abi ni Ed. Que je paye mes conneries, d’accord, mais ils ont pas à le faire à ma place.*

Le rire qui secoua son hôte au regard azuré la fit se tendre une fois encore. Elle se traita de tous les noms, se disant qu’elle avait été un peu trop téméraire, cette fois, et qu’il allait gentiment la mettre à la porte avant d’envoyer ses chiens la pister et les dévorer, elle, sa sœur et son ami. Sa remarque cependant eut pour effet de titiller son ego et son orgueil un peu trop grand. Haussant un sourcil, elle eut un léger sourire.

- J’ai dit « dans le cas où j’échouerai ». Je n’ai jamais dit que je laisserai ça arriver. Vous n’aurez pas à vous plaindre de mes services, je vous le garantis.

Elle se retrouvait cette fois dans la peau de la mercenaire signant un contrat avec un client. Pour peu, elle aurait pu lui expliquer par A plus B pourquoi il avait bien fait de l’engager, avant de se rappeler qui il était, où elle se trouvait et dans quelles conditions elle en était venu à travailler pour lui.

*Faut que j’en grille une avant de craquer ...*

Se renfrognant, elle se racla la gorge et, prenant sur elle, fit un effort surhumain pour poliment demander à fumer. Les yeux de Glen se posèrent un instant sur Elizabeth, et la jeune femme se demanda bien ce qui pouvait traverser son esprit tordu à ce moment. Son regard bleu revint à elle tandis qu’un sourire amusé étirait ses lèvres. Quelques secondes s’écoulèrent, durant lesquelles Mim se retint de tapoter nerveusement des doigts sur ses genoux, se forçant à rester calme à tout prix. Elle avait sauvé sa tête de justesse, ce n’était pas pour perdre le très fragile intérêt du vampire juste parce qu’elle manquait cruellement de patience !
Enfin, il lui donna sa permission. Bloquant un soupire de soulagement dans sa gorge, elle inclina légèrement la tête.


- Merci ... monsieur.

Le dernier mot lui avait écorché les lèvres plus qu’elle ne voulait l’admettre. Son travail n’avait pas encore débuté qu’elle commençait déjà à regretter : devoir ainsi s’abaisser à une politesse et une bienséance dont elle n’était absolument pas familière lui pesaient lourdement sur des nerfs qu’elle avait déjà trop fragiles pour quelqu’un dans sa condition. Aussi, lors de la dernière remarque du vampire, elle s’empêcha de lâcher un retentissant :

*Oh ta gueule.*

Elle sortit une cigarette du paquet dissimulé dans la poche à l’intérieur de son manteau, et s’apprêta à saisir son briquet lorsque l’aristocrate posa sur la petite table près d’elle une bougie allumée. Elle arrêta son geste et baissa la main, se disant qu’il aurait été très mal avisé de ne pas s’en servir. Allumant le petit bâton de nicotine à la flamme vacillante qui renvoyait sur son visage et les verres teintés de ses lunettes quelques reflets orangés, ce fut avec soulagement qu’elle tira une bouffée du poison qui, de toute façon, ne causerait pas de dommages à son organisme bien longtemps, ses dons de régénération ayant tôt fait de réparer ses poumons et nettoyer son sang et ses chairs de tous ces produits néfastes.
Maintenant légèrement plus détendue, elle se tourna vers Elizabeth lorsque, de manière totalement inattendue, il lui proposa de leur jouer un morceau de musique. Enfin, proposa ... Il aurait été sûrement très maladroit de refuser pareille offre. Posant une main sur sa cuisse, la Huntress se pencha légèrement en arrière, un léger sourire presque enjoué aux lèvres.


- Oh, mais quelle bonne idée, dis donc ! J’aimerai beaucoup t’entendre jouer aussi.

La jeune femme dévisageait la violoniste par-dessus les verres pourpres de ses lunettes qui, ayant légèrement glissé le long de son nez, révélaient son regard rouge rehaussé de reflets flamboyants. Et ce regard, à ce moment précis, pétillait de malice et semblait dire à Elizabeth : « Ce n’est qu’un juste retour des choses pour le coup en traître de tout à l’heure. »
La vampire expira un nouveau nuage de fumée qui vint danser devant son visage avant de s’élever et s’évaporer dans la pièce.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeDim 11 Nov - 18:02

Elizabeth pensait stupidement n’avoir fait aucun faux pas dans ces paroles. Elle pensait être entrée dans le jeu de l’homme, avoir suivi ses plans et pourtant…
Elle regretta amèrement d’avoir parlé de la notion de maître. Glen cherchant la faille s’était engouffrée dans cet élément qu’elle venait de lui donner. Comme elle, il était à la recherche de la faiblesse de l’autre, et, percevant une ouverture, avait tâté le terrain. A juste titre ! Le maître d’Elie… Voilà bien un sujet fâcheux ! Elle n’aimait pas l’aborder et cela constituait sans doute une grande faiblesse chez elle. Son sourire se flétrit quelque peu, tandis qu’elle fixait son regard dans le sien. Le maître de la ville ? Elle ne finirait jamais d’en faire la critique ! Tout comme de ces maîtres insouciants qui créaient de nouveaux vampires pour ne jamais s’en occuper. Et son maître… Bien sûr qu’elle avait beaucoup à lui reprocher ! L’abandon de son devoir tout d’abord ! Et puis, ce piétinement de tout ce qu’elle pouvait ressentir aussi… Ce sentiment d’abandon, de rejet… La liste pouvait être longue, et pourtant… Elle n’admettait pas que ce soit quelqu’un d’autre qui en face la critique. Ses paroles avaient sans nul doute été guidées par tous ces éléments. Elle gardait au fond d’elle tant d’amertume qu’elle en arrivait à la globaliser à tous ces créateurs si négligent !
Elle se força néanmoins à sourire à nouveau, comme si de rien n’était, malgré ce nœud qui lui tiraillait le ventre. Il n’était pas bon de remuer d’anciennes blessures, cela ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Elle savait très bien que Glen avait noté immédiatement la réaction qu’elle avait eue. Qu’importe… S’il y avait bien une chose sur laquelle elle n’arrivait pas à tricher, c’était bien sur cette animosité qu’elle ressentait envers son maître. Ce n’était pas pour autant que Glen pourrait se jouer d’elle à partir de cet élément, elle y veillerait ! Elle avait vu la menace qu’il représentait avec les bons éléments en main, elle n’allait pas faire la même erreur que Mim.


-Il se peut que ce soit en effet le cas, mais ceci ne serait-il pas parfait pour servir vos projets ?

Elle restait évasive dans sa réponse. Elle n’allait pas lui servir sur un plateau doré les raisons exacts de ce sourire crispé. Elle se renfonça dans son fauteuil pensivement. Ne plus avoir de maître menait-il irrévocablement vers la dégénérescence ? Si c’était le cas, elle-même était condamnée. Mais contre toute attente, Glen continua sur sa lancée, leur expliquant un peu plus en détail ses projets… Pouvait-on vraiment reprocher à ces êtres d’avoir rejeté leur sentiment et leur humanité ? Face au poids qu’ils pouvaient représenter, seule la folie les attendait au bout du chemin. C’était des êtres condamnés. Elie ressentait de la pitié pour eux. Ne leur ressemblait-elle pas ? Chaque jour elle se sentait glisser un peu plus vers cette frontière qui les séparait… Sans une accroche solide, il était bien difficile de garder son humanité. Peut-être étaient-ce des êtres à qui on n’avait jamais laissé une chance d’exister ! Elle se garda bien tout de même de le faire remarquer à leur hôte.
Elle se demanda tout de même, qu’elle était cette étincelle de nostalgie dont il parlait pour son cas. Était-ce, comme elle se l’était demandé tout à l’heure, celle de son passé en tant qu’humain ? C’était là un sujet qu’elle approfondirait par la suite… Dans tous les cas, ce sujet semblait l’animer d’une ferveur qu’elle ne lui avait pas encore vu. Qu’est ce qui lui faisait autant tenir ce sujet à cœur ? Quel but final y trouvait-il ? Elle n’allait pas gober que c’était par bonté d’âme qu’il voulait se débarrasser des rebuts de Londres !

Puis l’homme tendit la main vers un verre, semblant vouloir se servir de cette bouteille de sang pas encore ouverte. Elie n’esquissa pas le moindre mouvement, cela aurait été se trahir, mais il aurait fallu de peu pour qu’elle ne retienne pas l’attention de Glen sur autre chose pour le détourner de la bouteille. Cependant, son visage, pourtant déjà pâle, devint presque livide. Non, pensait-elle ! Tout mais pas le sang… Elle ne voulait pas voir tous ses efforts gâchés en quelques instants… Elle ne pourrait pas se contrôler ce soir-là… Il y avait bien trop longtemps qu’elle luttait déjà… Elle n’aurait pas la force qu’on lui agite sous le nez. Qu’est-ce qui empêcherait à Glen de conclure ensuite qu’elle faisait partit de ces vampires incontrôlables, de la menace qui planait sur Londres, de ces rebuts de la société ? Elle l’avait déjà été durant sa vie humaine, était-elle condamnée à l’être également en tant que vampire ?! Elle ne le permettrait pas…
Tendue comme un ressort, elle fut finalement soulagée de le voir porter le verre à hauteur de ses yeux, sans y verser quoi que ce soit… C’est là qu’elle comprit… Le fourbe… Elle devrait pourtant savoir qu’il épiait le moindre de ses mouvements. Elle fronça les sourcils quelques instants, fâchée de s’être laissée abuser si facilement. Elle se reprit tout de même vite. Très bien… Il voulait jouer à ce petit jeu ? Il semblait être passé à l’offensive, elle aussi pouvait le faire !
Elle l’écouta parler, celui-ci répondant à la question qu’elle s’était posé un peu plus tôt. Un vampire seul pouvait s'en sortir… Eh bien pour son cas, elle se demandait ce qui aurait été le mieux ! Glen n’avait pas basculé dans la folie sanguinaire, mais bien dans la folie tout court… Dans le sadisme et la manipulation… Son humanité ? Il semblait l’avoir éteinte… Alors était-il mieux que les vampires dont il parlait… Là était la réelle question !
Mais ce qui la gêna, ce fut le regard que lui lança le vampire, comme si elle devait vraiment se sentir concernée. Cela l’agaça. Très fortement même. Il la jugeait. Il pensait la connaître alors que ça faisait à peine une heure qu’ils s’étaient rencontrés. Elle soutint son regard, presque avec défiance. S’il n’y avait pas eu cet accord qu’ils avaient passé, il n’y aurait eu aucun doute qu’elle aurait remis en place sèchement cet homme. Son énervement ne lui fit même pas prêter attention à Mim, qui, elle, semblait s’identifier à l’homme.


-Je n’en doute pas une seule seconde…

Cela devait bien être la phrase la plus hypocrite qu’elle devait avoir dite depuis leur rencontre. Surtout avec ce petit sourire qui l’accompagnait. Elle l’avait prononcé aimablement et pourtant… Au fond c’était bien de l’ironie qu’elle avait utilisé. Bien sûr, il aurait été de bien mauvais goût de laisser percer clairement l’ironie. Et bien imprudent… Mais elle ne pouvait pas nier que le vampire l’avait irrité, et que sa langue acérée n’avait pas pu s’empêcher de lui répliquer d’une manière ou d’une autre… Elie n’aimait pas se laisser provoquer… Par fierté, mais aussi par réflexe. Devenue vampire, elle s’était promis de ne plus se plier à la volonté de quiconque et de ne pas fléchir devant les provocations.
Elle comptait bien contre attaquer maintenant…


-Grâce à cette nostalgie dont vous parliez, les regrets… La nostalgie de sa propre humanité peut-être…

Ce fut son tour de regarder Glen avec insistance. Elle avait fait une supposition, il était à présent temps de voir si celle-ci était juste. Il voulait jouer de sous-entendus, elle aussi pouvait le faire. Elle le faisait même avec un plaisir malsain. Qui a dit qu’Elie était toute blanche… Elle avait aussi ses parts d’ombres…

L’attention se porta ensuite sur Mim, qui devait donner sa réponse. Ce qu’elle fit, en posant ses conditions. Elie craignait ce que pouvait être la réaction de l’homme. Il était tellement imprévisible ! Il pouvait autant aimer son audace que la trouver déplacer. Cette femme savait-elle au moins ce qu’elle encourait ? Fort heureusement, c’est l’hilarité de leur hôte qu’elle obtint. Cet homme semblait le seul dans la pièce à s’amuser de la situation. En même temps c’est lui qui tenait toutes les rênes en mains, c’était le seul qui pouvait se permettre de se relâcher quelque peu. Il accepta ses conditions sans vraiment rechigner, lui faisant clairement comprendre en revanche, qu’elle y perdrait beaucoup si elle en venait à échouer. Cela sembla ramener à la raison Mim qui s’empressa de répondre avec fierté qu’elle n’échouerait pas. Voilà qui était préférable… Elle se positionnait enfin en ce qu’elle était supposée être… une tueuse à gage. Jusque-là, elle n’avait pas vraiment montré ses dons. Se pouvait-il finalement que Mim soit un peu plus digne de confiance que ce qu’Elie pensait ?
En tout cas, elle gagna en sagesse, lorsque, cette fois-ci, elle demanda l’autorisation à Glen pour allumer une cigarette. La violoniste comprenait parfaitement ce qui lui en avait coûté pour lui demander ! Cela lui rappela la difficulté qu’elle avait eu à prononcer les simples mots « je m’excuse » envers Wynn… Mettre sa fierté de côté n’était jamais chose aisée !
Glen fixa Elie quelques instants, laissant planer des interrogations chez cette dernière. Qu’est ce qui pouvait bien lui traverser la tête pour qu’il la fixe ainsi ? Rien de bien intéressant, semble-t-il puisqu’il reporta son attention sur Mim. Le silence qui s’installa se fit pesant tandis que la réponse de Glen se laissait désirer. Un nouveau jeu du vampire sans doute. Il attendait peut être de voir si Mim allait craquer ou non. Mais celle-ci tint bon jusqu’à avoir la réponse, positive du vampire. Lâchant un remerciement qui dut être sans doute tout aussi difficile que sa permission pour fumer, elle sortit une cigarette qu'elle alluma, au plus grand malheur d’Elizabeth. La cigarette avait beau ne pas lui causer de dommage sur sa santé, elle n’en aimait tout de même pas l’odeur. Elle l’avait même en horreur, la senteur du tabac froid la dégoûtant à chaque fois qu’elle lui parvenait aux narines. Elle s’abstint tout de même du moindre commentaire, tournant son visage vers Glen, dans un intérêt feinté, pour l’imiter les effets désagréable de la nicotine.

Vint alors une demande à laquelle elle ne s’attendait pas. Un sourire ravit s’afficha sur les lèvres de Glen tandis qu’il voulait qu’elle lui joue un morceau de musique. Elle haussa un sourcil, étonnée, avant de sourire avec amusement. Surtout devant la remarque et le regard que lui lança Mim. Pensait-elle l’embêter en lui demandant de faire ce à quoi elle tenait le plus ? La musique était sa plus grande passion ! Si sa vie humaine n’aurait pas été autant chamboulée, il y aurait longtemps qu’elle serait une artiste reconnue ! Alors, vraiment, lui demander de jouer du violon était loin de l’agacer ! En revanche, chose bien embêtante, elle n’avait pas pris son instrument avec elle. Il allait être dur de faire profiter de son art sans…
Elle se tourna alors vers Glen, perplexe.


-Ce serait avec plaisir que je jouerais un morceau, seulement je n’ai guère pris mon violon… A moins que vous n’en ayez un à me prêter…

Du coin de l’œil elle regarda Mim, avant de lui adresser un sourire rayonnant. Pure provocation de sa part, pour lui montrer à quel point son pic lui faisait peu d’effet…
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeMer 14 Nov - 1:06

La pointe d'amusement dans la voix d'Elizabeth fit sourire Glen. Elle pesait chacun de ses mots avec une minutie incroyable, ne s'aventurant jamais dans la négation ou l'acquiescement, oscillant toujours entre les deux sans jamais être catégorique. Elle était intelligente et futée, Glen devait le reconnaître, et elle avait vu à quel point il pouvait être dangereux, notamment avec Mim. Peut-être ne voulait-elle tout simplement pas commettre la même erreur. Et elle avait raison d'agir de la sorte. Montrer trop facilement ses émotions ou ses opinions pouvait couter cher face à Glen. Il lisait un dégout évident sur le visage de Mim, une peur et une répulsion nette et sans appel. Elle n'avait pas plus envie de se trouver là que de partager sa couche avec un cancrelat. L'irlandais l'avait noté, et il ne put contenir une moue déçue. Car cette allure d'aventurière, ce charme volontaire et son langage bien plus fleurit que le sien ne lui déplaisaient pas. Elle était à l'opposé des jeunes femmes à la peau pâle comme la porcelaine qu'il côtoyait habituellement, ces demoiselles pomponnées dont les gorges découvertes peinaient à se gonfler sous la poigne de fer de leur corset. D'ailleurs, ni Mim ni Elizabeth n'avaient cette allure.
Reportant son attention sur cette dernière, l'irlandais éclata de rire, s'enfonçant un peu plus dans son canapé.


-Servir mes projets? Que nenni, ma jolie! C'est une simple curiosité de ma part, je ne fais que m'intéresser à ce que tu dis!

Un mensonge éhonté et volontairement très mal dissimulé. Bien sûr que cette information pouvait lui être utile, voire même capitale. Car si Elizabeth venait chercher son aide pour se débarrasser d'un maitre disparut, ou encore pour se venger, Glen voulait savoir de qui il s'agissait. Si le maitre en question faisait partie de ses connaissances, il préférait se méfier de la jeune femme. Un allié puissant valait toujours bien mieux qu'une enfant à peine sortie du berceau. Et Glen était un opportuniste sans coeur qui n'hésitait pas à se débarrasser des maillons faibles de la jolie chaine dorée qu'il s'appliquait à faire briller chaque jour.
Au fond, les deux jeunes femmes pouvaient craindre les réactions du vampire. Il avait acheté Mim suffisamment cher pour s'assurer sa loyauté, et la menace qui planait au dessus de sa tête ne jouait pas en sa faveur. Cette révulsion qu'il lisait dans le regard de la jeune femme, il comptait bien en jouer. Pousser ce vice et cette sensualité morbide à leur paroxysme, pour lui soulever le coeur d'un dégout qu'elle ne pourrait exprimer totalement. C'était un jeu, pour lui, un jeu horriblement déloyal, sans aucune règle, d'aucune sorte, sans équilibre, un amusement des plus arbitraires car au fond, il n'avait aucune bonne raison de jouer avec la jeune femme de cette façon.
Quant à Elizabeth, sa mesure et sa tenue exemplaire ne permettaient pas à Glen de se montrer aussi mauvais avec elle. Il ne pouvait jouer de la même manière et se retrouvait à marcher sur des oeufs. Il n'avait aucun moyen de pression, aucune menace à proférer, pas le moindre chantage, et s'il refusait de l'aider, elle pouvait aller voir un autre noble et le soudoyer. Seulement, il s'y refusait. Le vampire avait besoin de cette aide précieuse, tout comme il avait besoin de la garder à l'oeil. Son visage d'ange cachait peut-être un coeur d'obsidienne et une volonté de fer, une ambition qui allait bien au delà de ce qu'elle disait. Orner ses cheveux de jolis rubans de satins, se vêtir des plus couteux brocards, sourire à tous les gentilshommes, tout cela ne pouvait qu'être un masque, pour une jeune femme aussi mesurée. Tôt ou tard, Glen espérait bien découvrir ce qu'elle cherchait à accomplir mais pour l'heure, il n'avait aucune confiance en elle. Ce qui était probablement réciproque. Ces deux ententes fragiles que le vampire venait de façonner avec Mim et Elizabeth ne tenait qu'à une chose: L'intérêt. Il n'y avait ni bonté d'âme, ni confiance, ni gentillesse là dedans. Rien que des intérêts personnels et égoïstes à servir. Mais cela convenait à l'irlandais et probablement à ses deux interlocutrices. Ainsi il ne leur devrait rien, en cas de soucis.

Et alors qu'il continuait à parler, Mim murmura quelques mots qui le firent brusquement réagir. Le vampire tourna vivement la tête vers la tueuse à gages, la dévisageant un long moment. Ils se ressemblaient dans leur histoire, finalement. Tous deux n'avaient aucun maitre, aucun géniteur vampire auquel se raccrocher, seulement le souvenir diffus d'un visage ou celui d'un nom. Glen avait découvert l'identité de son maitre des années après sa transformation, et à mesure que les années passaient, il oubliait son visage, ne gardant que ses paroles en mémoire. Il ignorait si Mim avait connu la même chose. Si elle aussi était incapable de parler de cet inconnu avec certitude.
Pourtant, une chose les distinguait l'un de l'autre. Lorsque Glen s'était retrouvé seul, livré à lui même avec pour seul but la vengeance, personne n'avait été là pour l'aider à se relever. Il n'avait pu compter que sur lui même, tandis que Mim avait la chance d'avoir une famille, peut-être nombreuse, peut-être pas. C'était une chance pour elle, une véritable bénédiction, car ce lien inébranlable l'aidait sûrement à ne pas perdre pied et à se sentir encore humaine.
Elle avait sûrement avec elle l'arme la plus puissante qui soit pour vaincre la mélancolie et la rage de son côté vampirique. Et ce malgré l'absence de son maitre. Glen comprenait un peu sa maladresse, à présent. Un vampire censé n'aurait pas laissé son protégé s'introduire chez un autre, tout en connaissant les règles régissant leur communauté. Ce fait aurait du mettre la puce à l'oreille de l'irlandais, qui pourtant n'avait pas tiqué sur le coup. Il rangea cette information précieuse dans un coin de sa tête, décidé à poser quelques questions à Mim un peu plus tard.
Peu à peu, la jeune femme semblait laisser échapper des bribes de sa personne, dévoilant au vampire ce qu'il envie de savoir. Il ignorait si cette attitude était involontaire ou si elle agissait ainsi dans un but précis, mais il remarque bien vite qu'Elizabeth usait de la tactique inverse. C'est elle qui posait à présent les questions, et qui attaquait. Et le regard que Glen lui lança était glacial.

Elle venait de toucher l'un de ses points sensibles, qu'il avait cru pourtant bien protégé. Nul doute qu'elle parlait de lui. Des regrets? De la nostalgie? Il s'agissait justement des deux phénomènes qui empêchaient Glen de basculer dans une folie sanguinaire intarissable. Elizabeth pouvait croire ce qu'elle voulait, penser n'importe quoi, Glen n'était pas aussi inhumain qu'il en avait l'air. Mais il ne pouvait lire dans ses pensées et savoir ce qu'elle ressentait à son égard. En revanche, ses regrets ne cesseraient jamais d'occuper une grande part de son esprit. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Glen avait des regrets incroyablement ordinaires, il regrettait des choses banales et même futiles, pour un vampire. Il aurait voulu avoir une enfance ordinaire, épouser une jeune aristocrate que ses parents lui auraient choisit pour son nom ou sa fortune. Un mariage certes forcé, mais il aurait certainement fini par avoir quelques sentiments pour la dame en question. Hériter de la fortune et du château de son père, y élever ses enfants, pourquoi pas? Il en aurait sûrement vu mourir plus d'un en bas âge, n'aurait peut-être pas su bien s'en occuper mais au fond, il aurait été un noble ordinaire. Il serait sûrement parti en guerre avec son aîné, peut-être seraient-il morts sur le champ de bataille pour défendre leurs idéaux? Peut-être aurait-il vieillit aux côtés de son épouse et aurait rejoint ses ancêtres à tout juste soixante ans. En somme, Glen avait bien des regrets, mais ils n'avaient rien d'extraordinaire. Il était bien conscient que parfois, les envies les plus dévorantes pouvaient être d'une simplicité impressionnantes.
Affichant un sourire crispé, l'irlandais ne prit pas la peine de renchérir. Elizabeth devait avoir comprit qu'il enviait les humains autant qu'il les haïssait. Glen n'avait jamais regretté son immortalité, même si parfois elle lui pesait. Pas plus qu'il n'avait à se plaindre de ses pouvoirs et de sa puissance qu'il gardait jalousement. En revanche, il lui arrivait de souhaiter retrouver le goût des mets les plus ordinaires. Celui du pain de seigle, l'arôme des fruits rouges, celui de n'importe quel aliment qui pouvait ravir les papilles d'un humain. D'ailleurs, la plus grande frustration culinaire de Glen aurait fait rire plus d'un vampire: Le chocolat. Il n'y avait tout simplement jamais goûté. On lui avait maintes fois répétés que le goût du cacao était absolument divin, et il ne pouvait que le croire sur parole.
Si le vampire avait choisit de confier tout cela aux deux jeunes femmes, il aurait prit le risque de passer pour un homme mélancolique voire même franchement dépressif. Pourtant il n'en était rien. Glen souriait constamment, et ses regrets ne l'empêchait pas d'être de bonne humeur la plupart du temps. C'était un bon vivant un peu trop adepte de l'humour noir et déplacé, tout simplement.

Le verre que Glen tenait dans la main menaça de se briser, alors que sa poigne involontairement puissante l'enserrait. Mais il se reprit à temps, le reposa tranquillement et retrouva son air détaché.
«Jubile tant que tu le peux, ma belle...», pensa-t-il. Il n'avait aucune animosité envers Elizabeth, mais sa façon de jouer était si semblable à la sienne qu'il ne savait plus sur quel pied danser. Il finirait pas l'amener à suivre sa propre valse ou son propre contrepoint... Ou il serait contraint de la laisser sur le côté de la piste.
Finalement, l'irlandais décida de détendre l'atmosphère en proposant à la jeune femme d'interpréter un morceau de son choix. Il fut ravit de constater qu'Elizabeth était prête à se plier à ce nouveau caprice. Glen avait envie de la voir jouer mais surtout de l'entendre. Certaines émotions transparaissaient-elles sur son visage ou dans son jeu, lorsqu'elle avait un violon entre les mains? S'ouvrait-elle plus à la musique qu'à des êtres vivants? Toutes ces questions méritaient une réponse.


-Ne te fais pas de soucis, j'ai justement un violon à ma disposition! Si jouer sur un instrument qui n'est pas le votre ne vous ennui pas, bien sûr... Aisling!

Quelques instants plus tard, la jeune irlandaise passa la tête dans l'entrebâillement de la porte, n'accordant même pas un regard à Mim ou Elizabeth.

-Conduits ces demoiselles à l'étage, jusqu'au petit salon, s'il te plais! Mim, termine ta cigarette ici, je n'aimerais pas retrouver des cendres partout dans mon manoir! Ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

Aisling acquiesça et attendit patiemment qu'Elizabeth se lève pour la suivre. Quand enfin Glen fut seul avec Mim, il lui tendit aimablement le récipient qui lui servait de cendrier. Profitant de ce geste en apparence anodin, l'irlandais saisit la main de la jeune femme et l'attira à lui, tenant fermement son long manteau pour la forcer à se pencher vers lui.
Il détailla un long moment le visage de la demoiselle, un sourire aux lèvres.


-Nous voilà seuls... Tu dois te dire que c'est de l'acharnement pur et dur voire du harcèlement... Ce n'est peut-être pas faux... Je te dégoute, je le lis dans ton regard. Mes gestes te révulsent et tu te crispes dès que je te regarde... De quoi as-tu si peur...? demanda le vampire en laissant insidieusement courir un doigt sur la cuisse nue de Mim. De ça? D'autre chose? Ce n'est pas pour tes humains que tu as peur mais pour toi. J'aimerais comprendre pourquoi...

Il se tut un moment, ses doigts effleurant toujours avec une étrange douceur la peau de Mim. Il se demandait ce qui pouvait lui passer par la tête à ce moment là. Probablement l'envie de lui tirer une balle entre les deux yeux, ou encore une méthode bien moins orthodoxe visant une partie plus basse de son anatomie. Et cette situation l'amusait. Car à aucun moment Glen n'irait plus loin que cette simple caresse. Il ne ferait que sous entendre ou laisser planer un doute, pour jouer avec les nerfs de la demoiselle. L'engloutir toute entière n'aurait fait que lui donner raison, et le marquis préférait sentir un regard éperdu d'admiration sur lui plutôt que du dégout, il était bien trop orgueilleux!
Attendant une éventuelle réponse de la part de la jeune femme, Glen l'observait, détaillant ses traits un à un, redessinant du regard les courbes de ses joues, les ridules de son front et de ses fossettes. Rien. Elle n'avait rien de différent des autres. Le sourire du vampire se fana, lui donnant un air soudainement plus sérieux.


-Tu n'as pas plus connu ton maitre que moi... Tu es orpheline, tout comme moi, alors comment fais-tu? Ton lien à tes humains te permet sûrement de rester droite, mais ils vieilliront et toi non... Y as-tu jamais songé? Ignores-tu la réalité? Ou as-tu trouvé le moyen de la surmonter...?

Il était cruel de lui parler de la sorte, lui rappelant une fois de plus que la vie d'un humain était bien éphémère, comparée à celle d'un vampire. Mais plus il y songeait, plus il se disant que l'attachement, le sentiment de compter aux yeux d'une famille, d'un ami, d'une amante, était ce qui lui manquait pour conserver sa lucidité. Lui qui avait horreur d'être ignoré ou oublié, il comprenait au contact de Mim qu'il lui manquait encore cette étincelle pour y voir plus clair dans l'obscurité. Il se raccrochait à l'affection qu'il avait pour Aisling, qu'il ne pouvait considérer comme sa soeur ou sa protégée tant leur lien était étrange et presque fusionnel. C'était une chose qu'il ne s'expliquait pas, mais qui n'avait rien à voir avec l'affection évidente que Mim avait pour sa famille.

Un rictus glacial naquit alors sur les lèvres de Glen, tandis que sa main droite quittait le genou de Mim, la gauche tenant toujours fermement son manteau. Ses doigts se glissèrent à sa propre ceinture, et il en tira un objet brillant et tranchant qu'il fit danser sous les yeux de la jeune femme. Prenant bien soin de pas en toucher la lame, Glen jouait avec un poignard en argent.


-L'ennui avec la réalité, vois-tu... C'est qu'elle horriblement cruelle!

Et sans ajouter un mot de plus, le vampire planta la lame du poignard dans l'abdomen de Mim, l'enfonçant jusqu'à la garde en l'attirant un peu plus vers lui.

-C'est pourquoi il faut toujours se méfier des apparences..., murmura-t-il en lâchant la jeune femme.

Dans sa main, il n'y avait plus aucune trace de la lame d'argent, pas plus qu'il n'y avait d'entaille sur le ventre de la jeune femme. Comme si rien ne s'était passé, comme si le poignard n'avait tout simplement jamais existé. Car la vérité était là: Glen n'avait fait que se servir de son don d'illusionniste pour tromper les sens de Mim et l'amener à croire à l'existence de l'arme qui la menaçait. S'agissant d'un petit objet, l'illusion avait été frappante, et s'était montrée incroyablement crédible.
Déjà, Glen se levait, sans donner la moindre explication à la jeune femme. Il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet, son pouvoir n'ayant servit qu'à illustrer ses propos... Et surtout à jouer un peu plus avec les nerfs de Mim.


-Cela va sans doute te paraître étrange, mais tu as toute mon attention, Mim. Tu es jeune, très jeune et pourtant, malgré tes erreurs, tu n'as pas eu les mêmes réflexes qu'Elizabeth, répliqua le vampire en désignant la bouteille toujours pleine sur la table. A ton âge, la plupart des vampires ont du mal à résister à la vue du sang, mais je t'ai à peine vu tiquer... Tu m'intéresses, je fille! Pour un vampire n'ayant pas eu de maitre, je te trouve incroyablement résistante! Mais ce n'est pas pour autant que je vais cesser mon petit jeu car vois-tu... Je suis un grand joueur, et je m'amuse beaucoup!

Un éclatant sourire enfantin naquit sur les lèvres de Glen alors qu'il invitait Mim à le suivre. L'intérêt qu'il lui portait était différent de celui qu'il avait pour Elizabeth. Cette seconde avait un intellect et une façon de se dissimuler qui l'intriguaient beaucoup. Et alors qu'il gravissait les escaliers menant à l'étage, il ne se doutait pas qu'Aisling avait elle aussi une idée derrière la tête.

Quand l'irlandaise avait quitté le grand salon, Elizabeth sur ses talons, elle était restée muette. Ce n'est qu'une fois à l'étage, qu'elle se décida à parler.


-Entre et ne fais pas de bruit, je n'ai pas beaucoup de temps...

Aisling fit entrer Elizabeth dans un petit salon qui n'avait rien à voir avec celui du rez de chaussée. Ici, les couleurs allaient du bleu lavande à l'argent, dans une ambiance plus froide mais aussi plus sereine. Un imposant piano à queue en bois brun trônait au milieu de la pièce, accompagné d'un petit fauteuil taillé dans le même bois. Aisling passa devant le piano et alla s'emparer du violon qui attendait sur son trépied. L'instrument était de bonne facture, sans pour autant être celui d'un luthier mondialement connu, et l'irlandaise ne pouvait nier qu'elle appréciait peu de le laisser entre les mains d'une autre, même une musicienne.
Pourtant, elle revint vers Elizabeth et lui tendit le violon et l'archet, qu'elle avait préalablement couvert de colophane.


-Ecoute... N'interprète pas mes propos comme une mise en garde ou une menace. Ne te fais surtout pas d'idées à mon sujet, je suis et resterai fidèle à Glen, même s'il décidait de mettre le feu à tout Londres. Seulement... Je suis inquiète. Je ne sais pas ce qu'il prépare, il étrange en ce moment et je n'aimerais pas que tu viennes tout briser. Surtout méfie toi de lui. Tu as décidé d'adopter une attitude distante et très mesurée avec lui, mais il te faudra sûrement jouer la franchise à un moment ou un autre. Crois moi, tu as tout intérêt à faire taire les soupçons qu'il a.

S'approchant de la porte, Aisling vérifia que Glen et Mim étaient encore au rez de chaussée avant de poursuivre.

-Je ne sais pas ce que tu cherches à accomplir et honnêtement ce n'est pas mon problème. Mais je tiens à ce que les choses soient claires. Tu me verras sûrement plus souvent que lui, mais fais tout de même attention. Adopte la demi mesure et tu comprendras! Ajouta-t-elle avec un sourire. Cette Mim a moins bien comprit la situation que toi, on dirait... Mais si je peux te donner un conseil, plus tu insisteras sur le mystère qui t'entoure, plus Glen aura envie de le découvrir. Et crois moi, tu n'as pas envie de le voir s'acharner sur toi!

D'un geste, Aisling rouvrit la porte du petit salon, attendant son maitre et sa seconde invitée. Ayant réfléchit, elle s'était rendue compte qu'elle ne gagnerait rien à se mettre à dos Mim et Elizabeth. Pour la première, l'irlandaise n'avait pas envie de faire le moindre effort. Mim était un peu trop grande gueule pour elle. Quant à Elizabeth, ses réflexions l'avait réellement blessée, mais Aisling entendait bien la pousser à changer d'avis à son sujet. Toutes deux se ressemblaient, et elle avait conscience du rôle qu'elle pourrait jouer dans les projets de Glen et par extension, les siens. Amadouer Elizabeth, voilà ce que cherchait Aisling. Mais d'une manière bien plus honnête que son fou de maitre. L'amadouer signifiait en quelque sorte s'en faire une alliée sûre, pour elle.
Et surtout, l'irlandaise était inquiète depuis deux jours, l'attitude de Glen était si différente, il s'était brusquement animé comme s'il avait radicalement changé d'avis. Mais changé d'avis sur quoi?


-Alors? Quel est... Ton avis sur la question?

Aisling voulait avant tout connaître le point de vue d'Elizabeth sur la situation, et surtout son avis. Elle était prête à faire des efforts, mais elle ne voulait pas parler à un mur.
Seulement, quelques instants plus tard, Glen faisait irruption dans la pièce, mettant fin à l'entrevue improvisée. L'irlandaise fit un signe bref de la tête, lui indiquant qu'elle souhaitait lui parler. Sans rien ajouter, il la suivit jusque dans le couloir.


-Glen... A quoi est ce que tu joues, cette fois...?

Celui-ci laissa planer un temps de silence avant de lui répondre, fixant Mim et Elizabeth dans le petit salon.

-Je ne joues plus... Ou plutôt si! Je viens d'ajouter deux jolies cartes à mon jeu! Et pour une fois je ne triche pas! Dit-il en baissant les yeux vers la jeune femme.
-J'espère que tu sais ce que tu fais...
-Oh! Ne sois pas jalouse, tu restes ma préférée, ça te va? Et... J'aimerais que tu gardes un oeil sur Elizabeth. Je ne lui fais vraiment pas confiance...

A sa première réflexion, Aisling avait éclaté de rire, le regardant avec un air malicieux. Maintenant qu'il lui demandait de surveiller Elizabeth, elle ne pouvait qu'acquiescer.

-C'était prévu... J'ai cru comprendre que tu peinais à la faire parler..., répondit-elle avec amusement.

Glen fit la moue. Elle avait raison, il avait du mal à cerner la jeune femme. Et sans ajouter un mot, il regagna le petit salon, dont il referma la porte.
Une fois à l'intérieur, le marionnettiste alla s'assoir derrière le piano dont il retira le couvercle et la bande de feutre recouvrant le clavier. Ses doigts parcoururent les touches tandis qu'il s'échauffait les doigts en faisant quelques gammes.


-Aaah! Je n'avais pas touché à un piano depuis quelques temps, j'ai l'impression que mes doigts ont rouillé! Je t'en prie, prends le temps de t'accorder, Elizabeth! Je ne te gênerai pas que tu joueras! Qu'as-tu l'intention de nous interpréter? Ses gammes et arpèges se muèrent en gigue guillerette et optimiste. Une danse entrainante? Avant de brusquement changer de ton, laissant place à une complainte romantique et larmoyante. Un air triste? Pour enfin revenir à un arrangement d'air d'opéra classique. Ou encore un air bien connu? Il y a tant de possibilité, la musique est une véritable source de magie et de sentiments! Mais trêve de bavardages, nous t'écoutons!

Glen cessa de jouer, se leva et apporta un siège à Mim. Il retourna alors s'assoir derrière son piano, posa un coude sur le dessous et reporta son attention sur Elizabeth. Attentif, il avait hâte de l'entendre jouer.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeSam 17 Nov - 14:28

Dès que Glen appela Aisling, Mim se leva de son siège, attendant qu’Elizabeth en fasse de même. Elle avait hâte de sortir de cette pièce, hâte de passer à la suite des festivités pour enfin terminer cet entretien qui ne faisait qu’éprouver ses nerfs un peu plus chaque seconde. Et, surtout, elle voulait s’éloigner de Glen autant que possible sans que cela ne risque de l’énerver. Elle se sentait mal à l’aise en sa présence – d’autant plus désormais qu’elle lui était liée, pas par le sang, certes, mais en tant qu’exécutante. Elle était devenue la mercenaire d’un fou, et elle ne doutait pas une seconde que cela n’allait pas lui attirer que des bonnes choses.

*Mais dans quoi je me suis fourrée, encore ...* pensa-t-elle, commençant presque à regretter de s’être ainsi laissée acheter. Le visage d’Abigaël, rendu maigre à faire peur par la faim, s’imposa à son esprit, l’empêchant de faire demi-tour et de tout annuler. Ca, et l’instinct de survie. Nul doute que leur hôte n’aurait pas particulièrement apprécié ce subit revers.

Mais alors que la jeune femme s’apprêtait à emboiter le pas à la jeune violoniste, le vampire aux cheveux cramoisis lui demanda de rester le temps de terminer sa cigarette. « Je n’aimerai pas retrouver des cendres partout dans mon manoir » avait-il dit en souriant malicieusement. La tension qui s’était un peu estompée depuis quelques secondes retomba lourdement sur les épaules de Mim qui se contenta d’un hochement tête pour toute réponse.
Tandis qu’elle tira le plus calmement possible sur sa cigarette, laissant la fumée lui emplir les poumons, elle se demanda ce qui pouvait bien lui arriver de pire encore. Que pouvait bien lui faire Glen pour s’amuser ou lui montrer à quel point son comportement plus tôt lui avait déplu ?
Ce fut lorsqu’il lui tendit le cendrier, l’air de rien, et qu’elle tendit la main pour y écraser le petit bâtonnet de tabac qu’elle eut sa réponse.
L’aristocrate lui saisit le poignet et l’attira à lui si brusquement que la tueuse à gages écarquilla les yeux sous la surprise. De sa main libre, il attrapa son manteau de cuir dépourvu de manches, la forçant à se baisser pour le regarder. Elle déglutit et ne dit rien, ses muscles devenant presque douloureux sous la pression. Elle le laissa faire, ne pouvant décemment pas se défendre – elle aurait risqué beaucoup et condamné sa famille si elle avait esquissé le moindre geste pour se dégager de cette emprise tout à fait inattendue. Glen, lui, avait l’air ravi. Ou plutôt, son sourire donnait l’impression qu’il appréciait grandement la situation présente ; de là à savoir si c’était vrai ou s’il ne s’agissait encore une fois que d’un masque joliment accroché sur son visage, Mim n’aurait su le dire. Et elle ne s’en souciait pas plus que cela.
Le vampire lui dit qu’il se rendait compte qu’il la dégoutait, que ses gestes la révulsaient. Il n’avait pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Ce contact, c’était quelque chose que Mim n’avait jamais réellement expérimenté. Des regards lubriques, des mains baladeuses, des sous-entendus plus ou moins subtils, elle en avait essuyé beaucoup, et toujours elle avait répondu violemment à ces gestes déplacés. Elle avait la « chance », par rapport à d’autres jeunes femmes, d’avoir la force physique pour se défendre et se dépêtrer de ces situations désagréables. Mais là, face à un homme tellement plus vieux et puissant qu’elle, elle ne pourrait rien faire d’autre que subir s’il décidait de pousser le vice beaucoup plus loin.
Un frisson lui parcouru l’échine quand elle sentit le doigt de Glen glisser sur sa cuisse. Le contact de sa peau contre la sienne la crispa encore plus qu’elle ne l’avait prévu, et elle se retint de se jeter à la gorge de l’homme à l’air si guilleret. Elle avait envie de faire claquer ses crocs, de lui enfoncer sa hachette dans le crâne s’il le fallait pour le faire reculer. A la place, elle se contenta de répondre à sa question entre ses dents serrées.


- Parce que pour l’instant, c’est moi qui suis en première ligne, pas eux. C’est moi qui suis à votre disposition, et je ne pourrai pas me défendre contre quelqu’un comme vous.

*Et j’ai pas spécialement envie d’être ton jouet*, pensa-t-elle, priant pour que le vampire n’ait pas la capacité de lire les esprits.

Elle tenta de faire abstraction de la main posée sur son genou et caressant toujours doucement sa cuisse nue, se focalisant sur le visage du noble qui, en quelques secondes, avait perdu cet air enjoué pour devenir bien plus sérieux, et la jeune femme aurait juré que dans les yeux bleus qui la fixaient intensément brillait une pointe de rancœur.
Il lui posa une nouvelle question, que Mim trouva relativement cruelle. Elle sentit son cœur se serrer et fronça légèrement les sourcils en plissant tout juste les yeux. Ignorer la réalité ? Bien sûr que non. Elle n’avait que trop conscience de sa condition encore nouvelle pour elle, d’être coincée dans ce corps de vingt ans sans que les siècles, la maladie ou les blessures ne le détruisent petit à petit. Jusqu’au jour où elle mourrait, elle resterait éternellement jeune, dusse-t-elle périr dans un an ou dans mille. Elle était une vampire, après tout, et rien ne changerait plus jamais cela. En revanche, sa famille comptait deux humains bien humains que le Temps n’épargnerait sûrement pas. D’ici une poignée de décennies, ils ne seraient plus rien que des corps morts et froids allongés dans des cercueils de bois, reposant sous la terre humide d’un cimetière quelconque de Londres. Elle les verrait vieillir sans rien y pouvoir, sans avoir aucune emprise sur la course folle des années qui défileraient à une vitesse ahurissante. L’éternité n’a pas que des avantages.
La jeune femme regarda Glen, l’air calme quoiqu’encore tendue.


- Bien sûr que j’y ai pensé. C’est une des premières choses que j’ai réalisé avec le fait que j’étais devenue un danger pour eux. Je sais très bien ce qui arrivera d’ici quarante ans, cinquante si on est chanceux. C’est une peur qui ne me quitte pas, de savoir qu’ils partiront sans doute bien avant moi. Mais on n’en parle pas – aucun de nous trois, comme on ne parle pas du fait que je doive boire du sang pour survivre. On profite de l’instant tant qu’on le peut, parce qu’on vit des vies dangereuses, même pour un vampire, et surtout pour un vampire aussi jeune que moi. On est ensemble jusqu’au bout, c’est tout ce qu’on sait. Pour la suite, on aura tout le temps d’aviser quand la question deviendra vraiment pressante.

Ce qu’elle omit de dire à Glen, c’est qu’elle avait terriblement peur du jour où elle se retrouverait sans son ami ni sa sœur à ses côtés. C’était quelque chose qu’elle n’avait pas envie de vivre, bien qu’elle sache pertinemment que cela arriverait tôt ou tard. Eternité, jeunesse éternelle, pouvoirs dépassant l’imagination : la mercenaire se demandait bien quel était l’intérêt de posséder tout cela si c’était pour, au final, être désespérément seul.
Mim fronça les sourcils, soudain encore moins rassurée, en voyant le rictus sur le visage du fou aux cheveux rouges. Sa main quitta son genou – à son grand soulagement – et glissa à sa propre ceinture tandis qu’il en tirait ...
Le cœur de la jeune femme rata un battement ; la lame d’argent du poignard fin et élégant accrochait la lueur des bougies, brillant d’une manière tout à fait atroce aux yeux de la jeune femme. Jamais le métal mortel ne touchait la main du vampire qui maniait l’arme presque négligemment. Et, attirant Mim plu près de lui, il la lui planta dans le ventre.
Les yeux écarlates de la jeune femme s’écarquillèrent sous la surprise et la douleur. Une douleur lancinante, qui s’insinua dans toutes les fibres de son être, n’épargnant pas le moindre de ses muscles ni de ses nerfs. Elle s’était déjà blessée sur des armes en argent, et elle avait eu suffisamment mal avec de simples égratignures pour redouter des blessures plus profondes. Alors, lorsque la lame traversa l’épiderme fin de son abdomen, transperçant ses organes au passage, elle se dit que même le soleil ne pouvait pas causer pire souffrance que celle-ci. Le souffle lui manqua et son cœur rata un battement.
Elle allait mourir, ici, bêtement.
Et ce fut tout.
La douleur disparut aussi brutalement qu’elle était arrivée. Le souffle un peu court, la vampire regarda son ventre où elle avait crispé ses mains et ne vit rien. Pas de poignard en argent, pas de sang, pas de blessure. Rien.


*Mais qu’est-ce que ...*

Elle ne comprenait absolument pas ce qui venait de se passer, mais cet évènement ne fit que lui confirmer ce qu’elle savait déjà : Glen était un homme dangereux, un être dont il faudrait à tout prix se méfier. Il n’était pas digne de confiance, ou en tout cas était beaucoup trop instable pour qu’elle puisse le considérer comme tel.
Elle se retourna pour lui faire face. Au moment où elle allait lui demander des explications, il fit une brève déclaration qui la laissa sans voix. Elle l’intéressait, rien que ça ! Elle ne sut si cela allait jouer en sa faveur ou non, mais au moins en savait-elle désormais un peu plus sur la manière dont il la considérait. Lorsqu’il désigna la bouteille de sang, elle haussa les épaules.


- La vue du sang ne me fait plus grand-chose, à vrai dire. Il faut savoir se contrôler un minimum, surtout quand on est dans ma situation.

Un sourire cynique et un peu carnassier vint étirer ses lèvres. Il voulait jouer ? Et bien soit.

- Nous sommes deux dans ce cas, répliqua-t-elle.

A vrai dire, elle ne s’amusait pas tant que ça. Glen l’inquiétait et elle aurait donné cher pour pouvoir sortir de ce manoir et effacer les évènements de la soirée. Vraiment, elle avait joué de malchance cette fois encore. Il ne tenait plus qu’à elle de faire tourner les choses à son avantage.
Elle suivit son hôte jusqu’à l’étage sans broncher, sans laisser échapper un mot de plus. Elle se demandait quelles allaient être les réjouissances à venir, et empêcha un rire nerveux et profondément ironique de s’échapper de sa gorge.


*Bizarrement, j’ai pas vraiment envie de le savoir ...*

Une fois dans le petit salon, le vampire la laissa seule avec Elizabeth, repartant avec Aisling Dieu seul savait où. Elle alla se placer devant la fenêtre, regardant les rues de Londres encerclant le manoir. Elle renifla un peu, puis se prit la tête à deux mains en grimaçant.

- Mais quelle abrutie ! « N’y va pas, Mim, c’est pas dans nos habitudes de voler les gens, Mim, ça va nous faire passer pour quoi, Mim » ; ben pour des morts en sursis, voilà pour quoi ça va nous faire passer ! Rha ...

Elle n’avait pas parlé très fort. Sa voix n’avait certainement pas dépassé le seuil de la pièce. En soupirant, elle joignit les mains devant elle et, fermant les yeux, inspira longuement. Il fallait absolument qu’elle se calme, qu’elle ne laisse pas son naturel nerveux reprendre le dessus. Remettant rapidement en place les cheveux qu’elle avait dérangés sur son crâne, elle se tourna vers Elizabeth et la dévisagea un temps, se demandant ce qu’elle avait derrière la tête. Elle s’apprêta à lui poser la question lorsque Glen entra dans le salon en refermant la porte derrière lui, ce qui eut pour effet de tendre la mercenaire encore une fois. Elle observa le vampire jouer et se dit que oui, vraiment, il était totalement fou. Elle le remercia d’un hochement de tête lorsqu’il lui apporta un siège et s’y assit, jouant avec ses doigts pour évacuer la pression. Elle posa le regard sur Elizabeth. Elle aussi était curieuse de l’entendre jouer. Et surtout, pendant qu’elle était sur le devant de la scène, plus personne ne pensait à elle, ce qui l’arrangeait bien.
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeJeu 6 Déc - 22:52

Elizabeth ne put s’empêcher de sourire à la réponse de l’homme. Tout deux savaient pertinemment quel jeu se tramait derrière leurs paroles, ainsi il ne fut pas bien difficile de voir ce grossier mensonge qu’il venait de dire. Pourtant elle sentait au fond d’elle, que ces paroles masqués devaient le rester. Parler franchement et sans détour aurait mis fin à ce petit test entre eux. Il n’en résulterait alors rien de bon… Elie l’avait suffisamment observé pour se douter de la menace sous les paroles. Chaque mot qu’elle prononçait était susceptible de provoquer autant la colère que l’amusement de l’homme… Quant à savoir lequel ferait quoi… Ce n’était pas une mince affaire ! Il semblait à l’opposé de la raison… Réagissant bien quand quiconque d’autre le ferait mal et inversement… Elle marchait sur des œufs, et cette situation était loin de lui plaire ! Pourtant, il était possible que ce soit justement ce genre de personne qui puisse l’aider… Loin de tous les habituels nobliaux qu’on pouvait trouver dans Londres ! C’est de cet esprit si indépendant et marginalisé qu’elle espérait trouver une force et un soutient. Mais pour l’heure, ils n’en étaient pas encore arriver là. Quelque chose lui disait que cet homme lui réservait encore bon nombre de surprises !
Comme par exemple sa réaction lorsqu’elle évoqua la nostalgie… Jamais elle n’aurait pu penser qu’un homme si mesuré puisse à ce point lâcher la bride. Son regard intima immédiatement Elie à ne pas continuer sur cette voie. Elle n’en avait pas eu l’intention de toute façon… Pour le moment elle ne faisait que tester… Elle cherchait les points faibles de l’homme, et de toute évidence, elle en avait trouvé un !
Elle devait se l’avouer, elle était plutôt satisfaite de voir ce sourire crispé sur le visage de l’homme. Un petit plaisir malsain à voir son masque se craqueler. Elle ne dit mot, ses paroles ayant déjà eu l’effet escompté sur lui, mais son regard insistant ne le quitta pas une seconde.

Comme tout bon acteur qu’il était, il finit par se reprendre, se recomposant instantanément son visage d’auparavant. Plus la moindre trace de trouble, toujours cet air impassible.
Au contraire, adoptant une attitude enjouée, il proposa à Elie de lui jouer un morceau, ce qu’elle accepta volontiers, tout en soulevant tout de même le problème de son absence d’instrument. Mais il semblait que l’homme ait déjà tous ce qu’il lui fallait chez lui.
Elizabeth hocha la tête pour lui signifier son approbation. Bien entendu qu’elle n’aimait pas jouer sur un instrument qui n’était pas le sien, mais elle n’avait pas d’autre choix que de faire avec. Pour elle l’instrument était quelque chose de très personnel, presque d’intime, comme un prolongement de sa propre personne.
Puis Aisling entra dans la pièce, sur l’ordre de son maître, avec pour directive de conduire Elizabeth au petit salon. Celle-ci se leva sans dire un mot pour suivre le vampire. Elle trouvait cela étrange que Glen l’isole ainsi avec Aisling… Ou peut-être était-ce lui qui s’isolait avec Mim ? Etait-ce calculé, ou bien Glen pensait-il vraiment à ce que la cigarette de Mim ne mette pas de cendres dans toute la maison ? Elizabeth ne savait plus quoi en penser. Cet homme était tellement imprévisible… Cela expliquait sans doute pourquoi elle se tint sur ses gardes. Elle n’avait pas oublié non plus comment elle avait remis Aisling à sa place… Loin du regard de son maître, peut-être celle-ci voudrait-elle lui montrer son amertume… Aussi, elle se tint à une distance respectable du vampire, respectant le silence qui s’était instauré entre elles deux. Jusqu’à ce qu’elles arrivent à l’étage, devant ladite pièce. Elle haussa les sourcils, perplexe devant l’attitude soudaine conspiratrice d’Aisling, mais obéit à son ordre. Elle était bien curieuse de savoir ce qu’elle lui voulait. Peut-être mettre les choses au point entre elles deux… Ou bien parler dans le dos de son maître, mais cette attitude-là, Elie en était sûre, serait surement mal accueillit par Glen !

Elle pénétra donc dans un petit salon à l’aspect bien plus cosie que le précédent. Le regard d’Elizabeth fut immédiatement attiré par le piano qui trônait fièrement dans la pièce. Elle s’approcha de l’instrument, sa main caressant le bois vernis. Elle en possédait un avant… Lorsqu’elle était toujours humaine… Malheureusement, rare fut les moments où la mélodie fut extraite de son instrument. Il semblait résolument muet, le couvercle fermé sur les touches de nacre. L’envie prit à Elizabeth de s’installer sur le tabouret qui lui faisait face et d’en tirer une note, n’importe laquelle. Mais déjà Aisling reprenait la parole, la violoniste laissant à regret ce souhait de côté.

Elle reporta donc son attention sur la jeune femme qui lui faisait face, un violon entre les mains qu’elle prit avec reconnaissance. Ce n’était pas un instrument de très grande valeur, mais il restait tout de même de bonne facture… Et entretenu avec soin, observa-t-elle directement. Fort heureusement les deux femmes avaient la même physionomie, ce qui permettait d’avoir un instrument parfaitement adapté à la taille d’Elizabeth.
Mais là n’était pas son principal tracas. Aisling, par son attitude étrange, avait éveillé sa curiosité et elle était bien décidée à savoir de quoi il en retournait. Ce fut donc avec attention qu’elle écouta les paroles de la jeune femme. Ce qu’elle lui expliqua la fit sourire. Sa loyauté envers Glen, elle n’en doutait pas une seconde ! Surtout après la petite démonstration qu’elle lui avait faite lorsqu’il y avait Mim. En revanche sa mise en garde était assez étonnante. Quel intérêt y voyait-elle ? Elizabeth avait du mal à croire que la jeune femme avait agi de simple bonté de cœur. Quant à protéger son maître c’était tout à fait honorable, mais dans ses paroles, elle présentait plutôt la distance qu’avait instauré Elie envers son maître comme néfaste pour elle-même que pour Glen. C’en était à ne plus rien comprendre ! La méfiance était de mise, et malgré l’apparente bonne volonté d’Aisling, la violoniste ne pouvait cacher son scepticisme.
Cette dernière ne put retenir un sourire lorsque son avis fut demandé. Elle prit son temps avant de répondre, laissant le silence créer une tension dans la pièce. Elle voulait bien choisir ses mots…


-Mon avis dis-tu ? Ton raisonnement semble logique… Après tout Glen ne semble pas être homme à aimer être dupé… Pourtant… j’ai du mal à comprendre pourquoi tu me donnerais ces conseils après ce qu’il s’est passé tout à l’heure…

Elle s’arrêta quelques instants laissant son regard perçant lui signifier que « l’insulte » qu’elle lui avait faite il y a peu était encore bien vivace dans son esprit. Elle reprit alors d’une voix sérieuse.

-Mais pour tout te dire, est-ce vraiment une bonne idée d’être totalement franche avec lui ? Tu as bien vu où la franchise de Mim l’a conduite… Ton maître restera un danger quoiqu’il arrive… Dans les secrets par sa volonté de tout connaître et par le savoir pour ce qu’il peut en faire… Après tout, manipuler autrui n’est-il pas une spécialité chez lui ?

Elle s’adossa alors au piano, observant l’Irlandaise avec intérêt. Cette femme s’avérait être plus intéressante qu’elle n’y paraissait. Passer plus de temps avec elle que Glen ne lui déplaisait pas. L’homme était tellement difficile à cerner alors qu’elle… Sans le vouloir elle était nature et franche dans ce qu’elle ressentait. Sa dévotion avec quelque chose d’admirable. Surtout quand on voyait qui était son maître… Peut être valait-elle la peine qu’Elie s’intéresse un peu plus à elle, d’autant plus si elle devait la côtoyer souvent !
Sa voix s’adoucit alors lorsqu’elle lui répondit :


-Merci tout de même de tes précieux conseils… Je tâcherais d’en prendre bonne note !


Elle ne continua pas plus dans ses dires. Dans le couloir se faisait déjà entendre les bruits de pas de leur hôte et Mim. Elle se redressa, prête à les recevoir comme si sa conversation avec Aisling ne s’était jamais passée. Seulement elle ne put retenir un pincement de lèvres lorsqu’elle vit l’Irlandaise indiquer à son maître de la suivre dans le couloir. A quoi jouait-elle ? Essayait-elle de lui arracher quelques aveux pour ensuite les rapporter à son maître ? Si tel était le cas c’était une stratégie fort mauvaise… Mais Elie comptait à ce qu’Aisling soit assez intelligente pour ne pas le faire aussi ouvertement…

Pendant que les vampires s’étaient absentés, Elizabeth se tourna vers Mim. Cette dernière semblait une fois de plus bien agitée. Cela piqua la curiosité de la belle qui se demandait ce qu’il avait bien put se passer en bas pour qu’elle revienne une fois de plus dans un grand état de stress. Jusqu’au point où elle se parla seule, se morigénant d’avoir eu l’idée lumineuse d’aller voler de la nourriture… Sans doute avait-elle oublié la présence de la violoniste, qui la regardait, prostrée vers la fenêtre, se débattre avec sa peur. Elle lui murmura alors, paroles qu’elle seule pouvait entendre au vu de son ton :


-Calmez-vous donc… Votre peur fait sa force.

Elle n’ajouta rien de plus, elle n’avait pas envie de se dévoiler plus de peur d’être entendu de Glen. Voilà bien un conseil qu’elle aurait voulu donner plus tôt à Mim pour éviter toute cette mascarade. Sans doute une manière aussi de lui montrer que quelque part, elle la comprenait et n’était pas totalement insensible à son sort !

Puis revint Glen. Il était temps à présent qu’elle leur fasse profiter de son art. Mais elle eut l’étonnement de voir tout d’abord ce dernier se diriger vers le piano et soulever le couvercle pour laisser ses doigts courir sur le clavier, illustrant chacune de ses paroles par un petit air de musique.
Son visage retrouva son sourire tandis que ses yeux se teintaient de malice.


-Si je vous dis tout de suite ce que je vais jouer, il n’y aura plus aucune surprise… Je vous le dirais plutôt après avoir joué…


Mais avant… il était important d’accorder ce violon, et surtout d’en tester le son ! Elle porta alors l’instrument à son menton, avant de frotter les cordes d’un geste sûr mais affreusement raide qui la fit tressaillir. Dans toute cette histoire, elle avait oublié qu’il y a à peine deux soirs le pistolet de Wynn lui avait littéralement détruit la main… Elle n’avait ainsi pas encore retrouvé toute sa souplesse. Pourtant, elle reprit son travail sans broncher, ne laissant guère cette raideur l’emporter sur ce qu’elle comptait faire.
Après une minute à resserrer les cordes pour les accorder correctement elle s’apprêta enfin à jouer. Elle se laissa quelques secondes afin de se remémorer la partition, ses difficultés, ses nuances et différentes interprétations puis enfin se lança… Son visage revêtit un aspect sérieux et concentré, presque serein tandis que les premières notes s’élevaient. Une musique mélancolique pleine de regrets et de tristesse. Une musique qu’elle prenait le temps d’interpréter, accentuant chaque note qui pouvait lui donner tout son sens.
Oui elle avait choisit cette musique qui la caractérisait si bien… A vrai dire elle pouvait même étendre cela à toutes les œuvres de ce compositeur… Chopin qu’on l’appelait. Un génie de la musique qui avait écrit tant de merveilles au piano que d’autres, tout aussi férue de musique que lui, s’étaient empressés de retranscrire pour le violon. Pourquoi cet instrument ? Peut-être parce qu’il parvenait à donner plus d’intensité encore à la tristesse, une profondeur sans fond…

Lorsque la musique s’arrêta enfin, Elizabeth resta quelques instants immobile, s’imprégnant encore du thème qu’elle venait de jouer, avant de baisser enfin son violon et de lever les yeux vers Glen.


-Chopin… Peut-être que ce nom vous dit quelque chose… Sa notoriété grandissante fait qu’il est un compositeur apprécié en ce moment…


Elle posa le violon délicatement sur le piano, veillant à ne railler ni l’un ni l’autre avant de continuer sur sa lancée.


-Il s’agissait de la nocturne en Do dièse mineur.


Elle laissa échapper un sourire avant d’ajouter :


-La partition n’est pas encore parue mais rien n’est impossible pour un vampire quand il le veut vraiment….


Elle appuya sa phrase d’un regard soutenu en direction de Glen. Elle jouait avec le feu, elle le savait, mais elle n’avait put s’empêcher de parler. Bien sûr le sous entendu était à peine voilé. Mais après tout, n’avait-il pas déjà comprit qu’elle était déterminée ? En tout cas Aisling semblait l’avoir assimilé, elle.
Elle se tourna ensuite vers Mim.


-J’espère que cela a été à votre goût…


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 7 Déc - 13:27

Impassible, un sourire aux lèvres, Glen écoutait Mim parler. Oh oui, elle était en première ligne et risquait bien plus gros que sa famille, mais n'avait-elle pas comprit qu'en réalité, il s'intéressait à elle? Certes la martyriser ainsi et voir son visage se déconfire en une expression de peur l'amusait beaucoup, mais il était aussi fasciné par le contrôle et le détachement dont elle faisait preuve vis à vis du reste. Elle dédaignait le sang, elle ne semblait pas affectée par la folie ou la peur de le devenir... Elle lui paraissait tellement humaine, finalement! Sans ses crocs et ses mouvements félins, il aurait pu la croire mortelle, éphémère, humaine... Le total opposé de ce qu'il était.
Lui qui haïssait tant l'espèce humaine, il appréciait pourtant cette qualité chez la jeune femme. Elle côtoyait des humains tous les jours, cela expliquait sûrement pourquoi cet aspect de son caractère restait aussi imprégné dans son être.
Ne pas se soucier du lendemain, dénigrer un avenir qui de toute manière était trop sombre pour que l'on souhaite y penser, c'était ainsi qu'elle procédait. Pourquoi? Pourquoi se résoudre ainsi à une telle fatalité? Pourquoi refuser l'évidence et tourner le dos à la réalité? Etaient-ils donc si précieux à ses yeux?
Le sourire du vampire se ternit un instant. L'affection et l'amour d'une famille étaient deux choses qu'il n'arrivait pas à comprendre. Ce n'était pas ancré dans ses gènes et il ne pouvait qu'admettre ce qu'elle venait de lui dire.


-Ce que tu dis a... Un côté presque admirable, je trouve... Et pourtant si pathétique. Tu as peur mais tu restes enracinée à eux... Oh et qu'importe! Je suis sûrement trop vieux pour comprendre ce genre de choses, dit-il en riant.

En réalité, Glen ne souhaitait pas s'étendre plus longtemps sur le sujet. Il avait sa réponse, c'était suffisant. Poursuivre plus avant ne les aurait mené nulle part, puisqu'ils n'étaient pas en mesure de se comprendre.
C'est ce moment que choisit le vampire pour tester la jeune femme. La lame du poignard qui pénétra sa peau délicate la figea dans la douleur, le faisant sourire. Les illusions les plus simples étaient toujours les plus mortelles. Car il suffisait d'un objet aussi petit qu'un poignard, fidèlement recréé et d'un esprit croyant pour qu'il prenne vie. Son visage crispé de douleur arracha un ricanement mauvais à Glen, très fier de sa macabre plaisanterie. Elle avait la chance d'être un vampire et d'avoir une résistance physique autrement plus grande que celle d'un humain. L'esprit primant généralement sur le corps, elle serait probablement écroulée sous la douleur.

Mais déjà, la plaisanterie était oubliée, et Glen se levait, faisant mine de ne pas sentir le regard appuyé de Mim. Qu'elle saisisse le danger qu'il pouvait représenter et il l'aurait dans sa poche. La peur des représailles était suffisante s'il souhaitait qu'elle lui reste soumise. Quelques livres complèteraient le tableau, tout simplement.
Il apprit que la vue du sang ne lui faisait pas beaucoup d'effet, et l'irlandais se contenta d'un sourire. Quelle résistance, c'était impressionnant! Voilà bien ce qui la différenciait d'Elizabeth. Lui possédait une incroyable mesure dans ses mots mais semblait perdre le contrôle en présence du sang, l'autre était maladroite mais méprisait totalement le breuvage.


-Ohoh... Tu es joueuse? Dans ce cas j'ose espérer que nous aurons bien d'autres occasions de nous... Amuser..., susurra le vampire d'une voix doucereuse qui venait appuyer ses propos plein de sous entendus.

Il n'aimait pas perdre, en aucun cas, et si la demoiselle décidait de jouer avec lui, elle risquait fort de faire face à ses propres règles. Leur prochaine rencontre promettait d'être amusante... Du moins pour lui. Il n'était pas dupe, Mim ferait probablement tout pour l'éviter au maximum ou pour n'être en sa présence que quelques minutes.

***************************************************

De son côté, Aisling écoutait Elizabeth en hochant la tête. La jeune femme avait vu juste au sujet de Glen. C'était un manipulateur et un hypocrite prêt à tout pour obtenir n'importe quoi. Sa plus grande spécialité était le trouble par les énigmes et l'enjolivement des plus cruels propos par quelques jolies métaphores. Il fallait bien le connaître pour pouvoir parler sans détour avec lui.


-Non il n'aime pas être dupé. C'est un calculateur, certes, mais il excelle en la matière. Je n'ai pas oublié tes insultes, et je ne biens pas quémander ta pitié, je n'en ai pas besoin. Mais ne confonds pas franchise et insolence. Si tu hésites, s'il voit que tu lui mens, il te brisera. Inutile de lui révéler tous tes secrets, mais si tu tiens à ce qu'il t'enseigne quelque chose, garde toujours à l'esprit qu'il ne faut jamais hésiter plus d'une seconde avec lui. Tu as des choses à cacher et pour ça il gardera un oeil sur toi. Assure-toi toujours d'avoir l'air naturel et il finira par te laisser tranquille.

Elizabeth poursuivit et remercia l'irlandaise, qui se contenta d'un hochement de tête. Elle même jouait avec le feu et savait que si son maître entendait ce qu'elle venait de dire, elle passerait un très mauvais moment. Mais d'un autre côté, elle voulait qu'Elizabeth prenne conscience des risques qu'elle prenait. Aisling ne voulait pas voir Glen se mettre à nouveau en colère pour que tout lui retombe dessus par la suite.

-Tu auras sûrement plus l'occasion de me voir que lui, et peut-être cela lèvera-t-il le voile de méfiance qui nous sépare, mais n'essaye surtout pas de le manipuler à travers moi, ajouta-t-elle d'une voix qui n'avait rien d'agressif, qui sonnait simplement comme un avertissement.

Quand Glen fut entré, Mim sur ses talons, l'irlandaise lui fit signe de sortir. Ce qu'il lui dit la fit sourire. Aisling non plus ne faisait pas confiance à Elizabeth, mais elle avait bien plus d'intérêt pour elle que pour Mim. Les manières de cette dernière l'horripilait, et l'irlandaise lui aurait volontiers écrasé la tête sur le parquet. La porte du petit salon fut refermée sur Glen, et Aisling s'éclipsa. Rongeant nerveusement l'ongle de son pouce droit, elle se demandait elle aussi ce qu'Elizabeth avait pu pensé de son petit discours. Il lui faudrait la revoir pour le savoir.

***************************************************

Assit derrière son piano, Glen souriait d'un air amusé. Il aimait bien les surprises, et mettre ainsi à l'épreuve sa culture musicale ne lui déplaisait pas. Il lui suffirait de quelques notes pour en savoir plus sur le caractère d'Elizabeth.
Quand elle entreprit d'accorder le violon, Glen cru tout d'abord qu'elle avait été déstabilisée par l'instrument, mais l'expression de son visage était tout autre: Une grimace de douleur. Son corps se raidit, sa main se crispa sur l'archet. Observant la main de la jeune femme, le vampire n'y vit rien. Sa peau blanche était vierge de toute blessure. Qu'avait-elle donc subit pour se figer à ce point? L'irlandais mis de côté cette cruciale information et la laissa poursuivre sans un mot. Tant de mystère entourait la jeune... Plus les minutes passaient, plus il lui venait l'envie de voler son esprit pour en extirper ses plus noirs secrets. L'arracher de sa personne pour le dépecer, farfouiller en lui, était une idée alléchante, vraiment, mais était-ce seulement le moment de penser à cela? Assurément non. Glen ne souhaitait pas l'amener à parler par la violence ou la menace, mais plutôt la manipuler pour la convaincre de son libre arbitre, pour qu'elle ait l'impression d'avoir agit de son plein gré.
Il se doutait que l'affaire ne serait pas évidente à mener, mais le jeu en valait sûrement la chandelle.

La musique s'éleva alors, chassa la multitude de questions que Glen se posait. Croisant les bras sur le piano, il y posa le menton, se laissant emporter par la beauté envoutante du morceau. Glissant avec virtuosité sur les cordes, l'archet arrachait à l'instrument une mélancolie d'une passion sans non. Un hurlement déchirant, empli de beauté, si fragile qu'un simple souffle aurait pu le briser. La jeune femme semblait aller chercher l'émotion au plus profond de ses entrailles, alliant ses sentiments à cette force incommensurable qu'était la musique... Une beauté à nulle autre pareille, chaque note se faisait joyau, chaque nuance prenait l'ampleur d'une tempête.
Glen y reconnut la patte de Chopin, cet homme qu'il admirait pour la force des émotions présentes dans ses partitions. Et pourtant, il était amer quand il entendait une de ses oeuvres. Ce devait être un homme bien triste, pour écrire tant de pièces aussi mélancoliques et fondamentalement pessimistes. La beauté déchirante s'alliait à tant de tristesse que Glen était souvent partagé entre la félicité et l'aigreur.
Si le vampire reconnu le musicien, il ne pu mettre un nom sur la pièce, qu'il lui semblait avoir entendu une fois, interprétée au piano. Pourtant, le violon possédait une dimension différente de celle du piano. Il avait davantage le caractère d'un conteur empli d'émotion, il était plus en mesure de tirer des larmes au plus impitoyables des hommes. Elizabeth était une remarquable musicienne. Une interprète de génie qui ne se contentait pas d'interpréter une série de notes mais qui s'attachait à la faire vivre. La musique semblait même se mouvoir autour d'elle, et Glen en oublia presque la raison qui l'avait mené à lui demander de jouer.

La découvrir un peu plus, bien sûr. Elizabeth devait faire partie de ses musiciens qui vivent avec leur temps, interprétant des pièces contemporaines et non des esthétiques désuets et oubliés. Abandonnés Vivaldi et Mozart, Haydn ou Bach. Il fallait s'appeler Chopin ou Mendelssohn pour prétendre redonner ses couleurs au concerto pour violon.
Mais surtout, la demoiselle avait choisit une pièce pleine de passion et de tristesse. Son choix n'était pas anodin. Elle devait l'être, triste... La perte faisait partie des fardeaux qu'avaient à porter les vampires, mais sa tristesse à elle la rongeait peut-être à petit feu. Son détachement cachait peut-être cette passion qu'elle réservait à la musique, ou peut-être était-ce une volonté de sa part pour ne pas souffrir? Les questions que se posait Glen trouvait un semblant de réponse grâce à la musique. Elizabeth n'avait pas choisit de leur exposer une virtuosité impliquant cinquante notes par mesure, mais plutôt l'amplitude de la nuance. C'était une femme posée et réfléchie, qui n'agissait pas bêtement en se dispersant. Cela, il en était certain. Mais elle pouvait aussi avoir choisit volontairement de se dévoiler ainsi.

Quand elle reposa son violon, la dernière note résonna quelques secondes dans la pièce, qu'un silence religieux habitait. Se redressant, Glen applaudit la jeune femme, sincèrement conquit.


-Il me semblait bien avoir reconnu Chopin, mais je n'avais jamais entendu cette pièce interprétée au violon... C'est remarquable, vraiment! Tu es très douée, Elizabeth!

Mais ses éloges s'arrêtèrent là, car ce que venait de dire la jeune femme le fit immédiatement tiquer. Sa mine impressionnée laissa place à un sourire carnassier. Elle s'était trahie. Elle était prête à tout pour obtenir ce qu'elle souhaitait, et pour parler ainsi, ce devait grand et autrement plus important qu'une place dans la société.
Gardant un moment le silence, Glen se leva et s'approche de la fenêtre. Il fit glisser sa main sur le rebord argenté du cadre. Son regard se perdit au loin tandis qu'il réfléchissait. Il aimait bien ce salon, dont les couleurs lui rappelait l'hiver et la quiétude d'une ville endormie sous la neige. Il ne souhaitait pas briser cette fragile atmosphère de beauté qui s'était installée depuis qu'Elizabeth avait joué.
Glen reporta son attention sur Londres, qui s'étendait au dehors. Les toits gris et noirs côtoyaient les hauts sommets des églises. Au loin, de la fumée s'élevait, et des flammes venaient troubler le sommeil de la capitale. Se retournant, l'irlandais s'appuya contre le rebord de la fenêtre et croisa les bras.


-Rien n'est impossible pour un vampire qui sait attendre et prendre le temps de réfléchir. Un vampire peut aussi bien se hisser vers une gloire infinie que de sombrer dans les bas fonds de la bestialité. Tout est une question de temps et de patience... Nous ne comptons pas en mois, en années, mais en siècles... Alors si tu souhaites quelque chose, si tu as la ténacité pour y arriver, c'est tout à ton honneur! J'espère simplement que tu as pris ce... Petit paramètre en compte! Conclut-il avec un sourire.

Qu'elle ne veuille pas parler ne le dérangeait plus tant que ça, finalement. En revanche, il était hors de question qu'elle se moque de lui ou abuse de sa bonté.
Se tournant à nouveau vers la fenêtre, il reprit sur un tout autre sujet.


-Et bien... On dirait que Trafalgar s'embrase ce soir, mesdames... C'est assez drôle, vous ne trouvez pas? Les journaux ont parlé d'une pièce qui devait se jouer au Théâtre, ce soir! Quelle ironie que le feu se soit déclaré dans ce quartier... Surtout avec cette pluie... Dire que la reine était l'invitée d'honneur de cette soirée! J'espère qu'il ne lui est rien arrivé, dit-il en se retournant vers ses deux invitée.

Ironie, douce ironie... Avec une telle pluie, au mois de mars, l'incendie ne pouvait qu'être criminel. Mais qui? Et pourquoi? Malgré la distance, Glen reconnaissait les contours de Trafalgar Squae, une telle coïncidence lui paraissait un peu trop énorme. Mais d'un autre côté, ce n'était pas vraiment son affaire ni son problème. Son entrevue avec Elizabeth et Mim touchait à sa fin, et il changea à nouveau de sujet en se redressant pour s'approcher de la porte du salon.


-Bien! Je crois que notre petite rencontre est sur le point de s'achever! Je ne vais pas vous retenir prisonnière en mon manoir plus longtemps! Dit-il en appuyant un regard sur Mim. Je pense que nous nous reverrons très bientôt, nous avons encore beaucoup de choses à nous dire!

Le vampire les invita à le suivre et descendit l'imposant escalier de marbre menant au rez de chaussée. Là, il le prit à toutes deux la main et y déposa un simple baiser. Son regard se porta à nouveau sur Mim, qu'il ne se laissait pas d'ennuyer. Aisling vint elle aussi les saluer avant leur départ.

-Mim, revient me voir dès que tu auras quelque chose pour moi! Tiens, pour te prouver ma bonne foi! Dit-il en lui tendant les dix shillings qu'il lui avait promis en échange de la tête d'un loup garou. Quant à toi Elizabeth, je pense que tu auras davantage l'occasion de voir Aisling. Du moins pour le moment. Ne nous emportons pas, nous avons tout notre temps, n'est ce pas?

Un sourire s'étira sur ses lèvres tandis qu'il saluait la jeune femme. Il n'agirait pas avec précipitation mais avec mesure, autant dans son propre intérêt que dans celui d'Elizabeth.
Quant à Mim, à son grand regret il devrait se montrer moins tyrannique s'il ne voulait pas la faire fuir. La prochaine fois, il lui faudrait user de la finesse et de la mesure, même si cela lui en coutait.
Le majordome ouvrit la porte du manoir sur un mouvement de tête de Glen.



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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeVen 11 Jan - 2:16

Elizabeth écoutait attentivement les paroles d’Aisling. Après tout, cette dernière prenait un risque en lui confiant tout ceci. Ces petites confidences n’auraient surement pas été appréciées par le maître des lieux… Mais au final elles devaient surement lui être profitables pour que la jeune femme ose les proférer. Elizabeth n’avait aucune hésitation quant à la loyauté de l’Irlandaise… Et même si elle devait s’attirer les foudres de l’homme, il n’y avait nul conteste qu’elle ferait sans doute tout ce qu’il y avait en son pouvoir pour lui être bénéfique. En cela, la violoniste respectait Aisling. Elle se reconnaissait en quelque sorte dans ce dévouement, même si elle ne comprenait pas vraiment comment on pouvait l’être avec cet individu. Quoiqu’il en soit, c’était le choix de chacun. Peut-être Glen avait-il d’autres facettes qu’Elizabeth n’avait pu encore voir. Peut-être que sous ce masque de manipulation pouvait se trouver un peu de bonté ? Qui était-elle donc pour le juger si vite ?
Elle ne put s’empêcher de sourire, amusée par les paroles de l’Irlandaise. Manipuler Glen à travers elle ? Voilà qui était une idée intéressante ! Mais elle n’était pas ce genre de personne, même s’il était clair qu’à travers Aisling elle pouvait espérer trouver un moyen de comprendre son facétieux maître. Elle comptait bien parvenir à ses fins d’elle-même, et non par quelques moyens détournés même si cela signifiait prendre un chemin bien plus difficile.
La violoniste fixa alors son regard dans celui de son interlocutrice avant d’ajouter d’une voix légère :


- Crois-moi, il est nullement dans mes intentions de t’utiliser pour atteindre Glen… Si nous sommes si souvent amenées à se croiser, tu t’apercevras bien vite que je ne suis aucunement à l’image de ton maître…


Elle lui lança un regard malicieux avant de se détourner d’elle, lorsque les bruits de pas des deux autres individus se firent entendre.
Après quelques paroles échangées avec Aisling, et une Mim nerveuse à souhait, Glen retourna dans la pièce pour prêter attention au morceau qu’Elie allait lui interpréter.
Le fait de devoir deviner le compositeur du morceau sembla beaucoup amuser l’Irlandais. C’était en cela qu’il était étrange… A la fois si agréable et joueur, mais aussi fourbe et manipulateur… Comment réagir face à cela ? Quand est-ce plaisanter ou être sérieux ? Quelles étaient les limites ? Tout cela était flou…
Quoiqu’il en fût, la musique semblait être un terrain sur lequel ils pourraient s’entendre… Autant jouer cette carte au maximum… Elle pouvait ainsi tenter d’amadouer l’homme par ce moyen qui sait ? Mais pour l’instant elle ne fondait pas trop d’espoir sur cette hypothèse… Glen était tellement emplie de surprise et de mystère qu’elle pourrait bien se casser le nez à vouloir aller trop vite.

Concentrée sur sa tâche, elle s’assura donc d’accorder son instrument avant de tirer la moindre note de son morceau. Elle fut bien surprise quand sa main lui rappela qu’il y a deux soirs, elle avait eu le malheur de poser la main sur le pistolet de Wynn –dont d’ailleurs, elle tâcherait d’en apprendre plus-, et qu’à son grand désespoir elle était encore toute engourdie. Elle n’eut aucune interrogation quant au fait que Glen avait dû remarquer la grimace de douleur qu’elle avait laissé échapper, observateur comme il était… Elle resta tout de même concentrée, par ténacité tout d’abord, et aussi pour ne pas lui donner l’occasion de la questionner plus avant sur cette douleur.
Débuta alors la musique, ou plutôt cette plainte déchirante qu’elle déversait. Une plainte qu’Elie s’évertuait de faire vivre, une histoire qu’elle racontait à ses deux auditeurs, son histoire… C’était une habitude chez elle, jamais elle n’avait joué de morceaux vides de sens. Elle s’était toujours évertuée à leur donner de la profondeur, de leur donner vie et leur donner une histoire. Malheureusement, sur certains se greffait la sienne… Consciemment ou non, la musique révélait parfois ce qu’Elie tentait pourtant de garder pour elle.
Et c’est en cela qu’elle ne pouvait aviser le danger que représentait sa musique pour elle, face à Glen. Trop parlante, criante même d’authenticité, elle ouvrait une brèche vers la vérité dans laquelle il pourrait créer bien plus de dégâts que nulle part ailleurs.

Puis sonna enfin la dernière note avant que la pièce ne soit plongée dans le silence. Lorsqu’enfin Elizabeth releva les yeux vers Glen, elle fut flattée de le voir absolument ravi, frappant dans ses mains pour la féliciter. Il était bon public et pour ça elle lui en éprouvait une once de sympathie.


- Le mérite revient surtout à ce cher Chopin, répondit-elle modestement au compliment de Glen.

Mes ses éloges prirent fin lorsqu’elle reprit la parole pour se changer en un sourire qui n’augurait rien de bon… S’il pensait avoir saisi l’ampleur de ses plans avec la simple évocation de la force de sa conviction… il se mettait le doigt dans l’œil ! Il ne faisait qu’effleurer la surface d’une existence qui n’était vouée qu’à une seule et une chose… Cela rendait Elizabeth plutôt téméraire dans ses actes. Elle le savait elle se mettait en danger, mais il n’y a aucun résultat sans une prise de risque nécessaire… C’est pourquoi elle soutint sans ciller le regard de l’homme. Comme le disait Aisling, un seul moment de faiblesse la mènerait à sa perte…
Puis, plutôt que de profiter de cette confidence, Glen se dirigea silencieusement vers la fenêtre d’où il admira la vue de Londres endormie. Après quelques instants, il se retourna vers elle pour lui poser là le problème qui l’avait toujours tracassé… Le temps… Le temps d’attendre des années, des siècles… Elle ne l’avait pas. Des années oui, mais plus elles couraient et plus elle prenait le risque de laisser échapper sa chance… Elle garda tout de même constance devant lui. Lui montrer l’agacement qui commençait à poindre, ses battements de cœur qui s’étaient affolés, ne ferait que conforter l’homme dans une idée bien précise… Le temps lui manquait… Elle se força à adopter une mine décontractée pour lui rétorquer.


- Je l’ai bien noté… Ne dis-t-on pas « il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux » ?

Et elle l’aurait ce moment précieux où elle pourrait exaucer son souhait… Elle y veillerait !

Puis, de nouveau Glen se tourna vers la fenêtre pour aborder un tout autre sujet. Cette fois, le cœur d’Elie cessa de fonctionner. La reine ? Périr dans les flammes ?! Impensable ! Non, ça ne pouvait se passer comme cela, elle ne le voulait pas. Il lui fallait rester calme. Ne pas montrer trop d’intérêt à cette information qui était pourtant pour elle capitale. Son cerveau fonctionnait à mille à l’heure tandis qu’elle cherchait des issus. Jamais elle ne souhaita autant que le Comte soit près de cette maudite reine pour la protéger des flammes… Il lui fallait trouver le moyen de partir, mais d’une manière courtoise qui n’éveille pas l’intérêt de leur hôte. Autant dire que cela ne s’annonçait pas facile… Par chance, Glen changea à nouveau de sujet pour signifier à Mim et à la violoniste qu’il était à présent temps pour elle de repartir. Le soulagement envahi alors cette dernière… Elle ne put s’empêcher de penser d’ailleurs qu’il devait en être de même pour Mim, mais pas pour les mêmes raisons. Glen semblait d’ailleurs fortement s’en amuser au vue du regard qu’il lui lança. Elizabeth, quant à elle, calqua un sourire aimable sur ses lèvres et le suivi dans les escaliers. Elle ne dit rien quand l’homme lui prit la main pour y déposer un baiser. C’était une politesse qu’elle avait toujours détesté, elle qui était pourtant d’usage dans leur mœurs. Sans doute était-ce lié à la proximité qu’avait alors l’homme lorsqu’il le faisait… Ou bien tout simplement à son caractère qui se voulait antipathique à tout contact.

Elle salua Aisling de la tête, puis Mim avant de se tourner vers Glen pour lui répondre.


- Bien entendu… Je ne voudrais pas que ma présence vous importune par un empressement inopportun ! Je pense qu’Aisling sera tout à fait à même de m’apprendre ce qu’il y a à savoir !


Elle sourit à cette idée. Ces entrevues avec Aisling promettaient d’être exaltantes ! Décidément… elle n’allait pas s’ennuyer entre elle et Wynn…
Elle se tourna une derrière fois vers Glen.


- Au revois Monsieur O’Sullivan ! Au plaisir de bientôt vous revoir…

Elle tourna alors les talons, tâchant de ne pas montrer trop d’empressement dans sa démarche. Sa direction ? Le cœur de la ville !

C’est une fois passé l’angle de la rue qu’elle se mit seulement à courir…


[HRP : Fin de RP pour Elie suite ici : Petits soins pour un malheureux violoncelliste

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MessageSujet: Re: Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Mensonges et corruption (PV Elizabeth et Mim) Icon_minitimeLun 22 Avr - 17:11

Lorsque les premières notes retentirent, Mim haussa les sourcils et ses yeux écarlates se fixèrent sur Elizabeth. Ses iris écarlates, visibles au-dessus des lunettes aux verres pourpres, étaient brillants de surprise et, bientôt, d’une certaine admiration. Elle n’avait jamais pu apprendre à jouer d’un instrument, ce plaisir et privilège étant réservé à ceux qui avaient les moyens de se le payer ; or, jamais cela n’avait fait partie de ses priorités. Elle avait très tôt vécu dans un monde où la survie primait avant tout, et s’entraîner au violon ou au piano n’était pas nécessaire à sa survie.
Pourtant, en voyant l’aisance avec laquelle la jeune vampire maniait son archet, avec quelle facilité elle créait cette mélodie si apaisante et quelque part un peu triste, la mercenaire se sentait un peu jalouse et envieuse de cette éducation qu’elle n’avait jamais eu. Elle se savait peu cultivée, peu au courant des belles et bonnes choses – surtout en compagnie de gens comme Glen et Elizabeth, qui baignaient dans cet univers depuis toujours. Ils avaient bénéficié de choses qu’elle ne posséderait jamais. Ni elle ni sa famille d’ailleurs.
Finissant par chasser ces pensées de son esprit, Mim se contenta finalement d’apprécier la musique. Elle avait sans doute l’air encore un peu étonnée lorsque la violoniste acheva sa prestation et s’adressa à elle. Clignant des yeux, elle secoua légèrement la tête pour se remettre les idées en place.


- Ah ... ? Ah, oui oui, c’était très beau.

Elle se sentait un peu bête, mais ne savait pas quoi dire d’autre. Elle ne connaissait même pas le nom du compositeur de ce qu’ils venaient d’entendre. Elle ne savait pas distinguer un morceau correctement joué d’une véritable prouesse de virtuose, mais ce dont elle était sûre, c’est qu’elle avait beaucoup apprécié le numéro d’Elizabeth.

Elle se leva de son siège lorsque Glen en fit de même, et regarda l’aristocrate s’éloigner vers la fenêtre. Imperceptiblement, Mim se détendit. Même s’il était encore proche, même si elle n’était pas encore totalement tirée d’affaire, elle appréciait grandement qu’il s’écartât ne serait-ce que d’un petit mètre ou deux.
Elle écouta le lord parler de l’importance du temps et de la patience pour un vampire, et ce discours parvint à lui arracher un discret sourire en coin. Elle faisait sans doute partie des plus impulsifs de sa race, manquait cruellement de patience et de tempérance, et elle n’était pas spécialement reconnue pour sa retenue ; néanmoins, il avait raison : compter en années était affaire d’humain. Désormais, il fallait compter en décennies, et encore, cela risquait de faire juste.
La jeune femme retint un soupir. Elle ne voulait pas penser comme un vampire. Elle se sentait encore beaucoup trop humaine, trop rattachée à une vie à jamais perdue pour se considérer encore pleinement et uniquement comme une créature de la nuit à part entière. Et puis, il y avait Edward et Abigaël : tant qu’ils seraient là, elle avancerait à leur rythme. Elle ne pouvait pas les laisser en arrière. Elle ne se le serait jamais pardonné.

Elle ne réagit pas plus que cela lorsqu’il fit remarquer que le feu s’était déclaré à Trafalgar. L’endroit était suffisamment éloigné de chez elle pour qu’elle ne s’inquiète pas de quelconques dommages collatéraux, et les affaires du beau monde ne l’intéressaient pas. Pourtant, sa curiosité vint pointer le bout de son nez : qui donc aurait pu mettre le feu au grand théâtre de Londres ? A écouter Glen, on aurait pu croire que cet acte avait été perpétré dans le but d’atteindre la reine. Etait-ce vraiment le cas ? Avait-on réellement attenté à la vie de la souveraine ? Mim y réfléchit un instant, et décréta qu’elle ne s’en occuperait pas plus que ça tant qu’elle n’en aurait pas entendu parler plus en détail dans les journaux du lendemain. Les journalistes ne manqueraient certainement pas une occasion pareille, et il y aurait bien une part de vérité quelque part dans tout ce qui se lirait.

Finalement, l’aristocrate mit fin à leur entrevue. La mercenaire dut faire un effort incroyable pour ne pas laisser éclater sa joie et son soulagement. Au regard appuyé que lui lança le rouquin, elle répondit par un sourire qui se voulait aimable, mais qui trahissait surtout la nervosité qui la tenait encore. Plus vite elle serait sortie, mieux ce serait.
Elle se contenta donc de hocher la tête et de suivre les deux vampires en silence, laissant le maître des lieux les reconduire jusqu’au rez-de-chaussée et au hall d’entrée.
Le baise main qu’il leur fit à toutes les deux la surpris grandement, et la fit se tendre une ultime fois. Inspirant un bon coup, elle résista à l’envie violente de lui envoyer son poing dans la figure. Le nouveau regard qui se posa sur elle, elle s’empêcha de lâcher une réplique qui serait sans doute fort peu aimable et malvenue dans une demeure aussi noble.


*C’est ça, profite, ‘foiré va.*

Elle salua Aisling de la tête lorsque celle-ci vint leur dire au revoir. Elle n’aimait pas la demoiselle, elle en était certaine, et leurs rapports ne seraient certainement pas des plus cordiaux ni des plus amicaux ; elle se demanda ce que la dame aux cheveux d’argent lui réserverait comme mauvaise surprise.
Se tournant de nouveau vers Glen, elle écarquilla les yeux de surprise lorsque celui-ci lui glissa dans le creux de la main les dix shillings qu’il lui avait promis plus tôt pour la tête d’un loup-garou. Serrant les doigts autour des précieuses pièces, elle hocha la tête.


- Très bien, je ne manquerai pas de venir vous voir.

Le poids du métal froid dans sa paume la rassura un peu quant à la suite des évènements. Elle aurait de quoi nourrir sa famille. Edward allait certainement l’étrangler et la traiter de tous les noms, mais au moins, ils ne mourraient pas de faim.

Lorsque les portes du manoir s’ouvrirent, elle salua l’étrange vampire aux cheveux flamboyant et, adressant un bref signe de la main à Elizabeth, descendit tranquillement les marches qui la ramenèrent à la rue. Elle prit une direction différente de la jeune femme, s’éloignant vers les ruelles plutôt que vers les grandes artères de Londres. Ce ne fut que lorsqu’elle jugea raisonnable la distance mise entre elle et le manoir O’Sullivan qu’elle s’adossa à un mur et s’y laissa glisser en poussant un énorme soupir de soulagement.


- Mais c’est pas vrai ... Dans quoi je me suis encore embarquée, je vous le demande.

Rouvrant la main, elle contempla les pièces argentées dont la surface frappée accrochait les rayons de la lune. Un fin sourire étira les lèvres de la vampire. Refermant le poing, elle glissa son argent dans la poche intérieure de son manteau, en compagnie de son briquet et ses cigarettes, là où elle ne pourrait pas les perdre.

*Ouais ... Au moins, ils auront à manger. C’est tout ce qui compte.*

Glissant les mains dans les poches de son short, bondissant jusqu’aux toits, elle se mit en route vers chez elle, profitant des dernières heures où le ciel était noir avant de devoir se cacher dans l’ombre jusqu’à ce que le crépuscule tombe une nouvelle fois.





[HRP]RP CLOS (enfin ! \o/)[/HRP]
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