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A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42]

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Armando della Serata
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Armando della Serata
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Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
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MessageSujet: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:06

[HRP/Venant de Paolo's parc, "Une enquête ardue en perspective"/HRP]

Armando et Véronica étaient sur une enquête des plus difficiles à résoudre et pour cause: elle impliquait un meurtrier qui menaçait non seulement la vie des citoyens qu'il choisissait comme victime, mais en plus il jouait avec eux, comme au chat et à la souris, tout en les menaçant eux aussi de mort. Un mot, une balle perdue...Cela avait de quoi inquiéter même "l'As" de Scotland Yard...

Une fois devant l'Albany, après une heure de « promenade », Armando sortit le premier du fiacre pour faire descendre Véronica. Il lui avait laissé sa veste pour cacher son épaule blessée. Rapidement, le couple entra dans l'édifice le plus discrètement possible.


- Bonjour monsieur Wildcoat, fit l'homme à l'accueil qui ne pouvait louper aucun client.

- Bonjour, répondit Armando, je souhaiterais que cette jeune personne soit intégrée à ma suite, ajoutez donc la chambre d'ami que j'ai refusée à mon arrivée.

- Très bien monsieur. Sous quel nom?

- Miss Du Châtel.

- Pour combien de temps?

- Je ne saurais vous dire...Mettez tout sur ma note.

Le registre signé, Armando conduit Véronica dans ses appartements. L'Albany ne posait pas beaucoup de questions. C'était un hôtel qui accueillait de nombreux hommes, souvent célibataires, toujours riches. Leurs petits boulots et leurs petits plaisirs n'étaient pas observés. L'Italien avait loué tout une suite avec chambre, salon et salle d'eau. Maintenant, il pouvait également ouvrir une autre porte sur une chambre plus petite.

- Si vous voulez prendre la mienne, je me contenterai volontiers de celle-ci, ne vous en faites pas. Par contre il n'y a qu'une salle d'eau, je suis navré...

Il sourit d'un air gêné, laissa ses affaires sur la table du salon et se rendit dans la salle d'eau pour montrer à la jeune femme les serviettes et le savon.

- Souhaitez-vous que je fasse appel à une domestique? Si vous voulez que j'aille chercher quelques vêtements chez vous...je peux m'y rendre avec votre autorisation...Mais peut-être qu'ici ils peuvent vous prêter quelque chose...

Armando n'était pas habitué à la présence féminine et, au-delà des manières mondaines à adopter en présence d'une femme, il ne savait pas comment s'y prendre. Les domestiques et l'hôtel pouvaient-ils ainsi prêter ou vendre des vêtements? Il n'en savait rien. Et Véronica ne souhaitait peut-être pas rester là durant toute l'enquête, il ne voulait en aucun cas la forcer.

- Il semble en effet que protéger votre bureau et votre demeure ne soit plus d'actualité. J'aimerais...que vous restiez ici, avec moi, le temps que l'on résolve l'affaire...si cela ne vous dérange pas trop. Votre vie est en jeu, la mienne également, et je pense qu'il nous faut désormais être discrets et éviter les lieux publics. Ici, personne ne vous posera de question. Et s'il vous plait, gardez le faux nom sous lequel je viens de vous enregistrer. Il y a tellement de passage ici que cela restera inaperçu ainsi.

Avec un sourire, il tendit à la jeune Alchimiste la serviette blanche qu'il tenait.

- Bienvenue dans le monde sombre des enquêtes, miss...

Après cette pointe d'ironie tournée de manière comique, Armando soupira:

- Je ne sais pas si je vous ai rendu service en venant parler de ballons avec vous hier soir...mais au moins, vous voilà au coeur de l'action. J'hésite à vous le dire, mais maintenant que nous en sommes là, j'aimerai que vous sachiez que, même si j'ai pour habitude d'enquêter seul, je suis heureux de ne pas l'être aujourd'hui.


A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Sans_t11
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeVen 7 Déc - 19:16

[HRP/ Venant de Une enquête ardue, en perspective /HRP]

Après une heure passée dans le fiacre, Véronica était à peu près remise de ses émotions. Ils arrivèrent bientôt à l'hôtel Albany, un bâtiment luxueux dont elle avait bien souvent entendu parler mais où elle n'avait jamais mis les pieds.

Sa blessure avait cicatrisé et le sang avait cessé de couler. Par mesure de précaution, elle laissa le mouchoir sur la plaie pour ne pas salir la veste de l'inspecteur. Ils pénétrèrent dans l'édifice où ils furent interpellés par le groom. Ce genre de personnes possédaient une mémoire à toute épreuve et pouvaient se souvenir des allées et venues de n'importe qui... Peut-être que les domestiques du Queen's Head possédaient les mêmes facultés... Il faudrait aller les interroger le plus vite possible.

Elle apprit ainsi qu'Armando vivait sous un nom d'emprunt. Ingénieux... Il ne laissait vraiment rien au hasard. Bien vite, elle se retrouva elle aussi affublée d'une seconde identité. 'Miss ''Du Châtel''... Cela sonnait on ne pouvait plus français ! Elle se retint de sourire et garda un air digne. On la prendrait certainement pour une amante quelconque, elle s'en moquait. Du moment qu'ils pouvaient traquer ce fou en toute tranquillité...

La jeune femme suivit Armando dans les escaliers avec la ferme intention de lui rembourser tout ce qu'elle lui coûterait dès que l'enquête serait finie.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin dans sa chambre, elle se trouva un peu gênée d'empiéter ainsi sur le lieu de vie de cet homme solitaire. Ils allèrent voir la chambre d'ami, plus petite mais néanmoins confortable. L'homme commença à lui proposer de prendre sa propre chambre, plus spacieuse. Il lui expliqua également qu'il n'y avait qu'une salle d'eau. La jeune femme balaya tous ces soucis d'un revers de main.


- Ne vous en faites pas, cette chambre me convient parfaitement. Quant à la salle d'eau, ne vous faites pas de souci, je m'en accommoderait très bien !

Ils allèrent ensuite dans la-dite salle d'eau qui comprenait tout le matériel nécessaire à l'hygiène la plus complète. Armando souleva alors un problème plutôt épineux. Les vêtements... Effectivement c'était quelque chose de crucial. Une femme se trouvant dans un tel hôtel et qui remettait toujours la même robe attirerait bien vite l'attention... Il se proposa pour aller chercher des vêtements et se demanda s'il y avait la possibilité de s'en procurer. La jeune femme sembla réfléchir.

- Notre psychopathe surveille peut-être ma maison en ce moment même... Non, je ne peux pas vous laisser y aller. Si on vous suit, notre couverture sera probablement fichue. Mais... Je peux envoyer un message à ma femme de chambre... Oui. Elle connait bien un cocher qui effectue son service dans mon quartier... Elle pourrait mettre ce dont j'ai besoin dans une valise qu'elle lui confierait et de là il ferait plusieurs détours comme nous précédemment avant de venir ici... En sachant qu'il est trois heures et demi... Si tout se passe comme prévu, je pense que nous pourrions recevoir la valise entre six heures et demi et sept heures.

Armando semblait gêné mais la jeune femme, à force de sourires et de regards qu'elle voulait tendres et amicaux, essayait de lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de faire tant de manières. Il lui demanda ensuite de rester avec lui et de garder son nom d'emprunt. Véronica approuvait ses décisions et trouva tout à fait logique qu'il lui demande de faire preuve de prudence.

- Il n'y a aucun problème. Je resterai ici le temps qu'il faudra, cela ne me gêne pas... Je peux aussi changer de prénom pour que cela fasse plus réaliste... Voyons... Pourquoi pas Louise ? Louise du Châtel... Pour un peu, je passerai presque pour une vraie française!

Véronica lâcha un petit rire. Elle avait besoin de se détendre quelque peu après les évènements du Paulo's.

Armando lui tendit une serviette qu'elle prit avec un sourire. Elle sentait bon la lavande... Puis elle sourit à la remarque très ironique de l'agent à laquelle elle répondit par un élégant sourire.
En soupirant, il lui confia ensuite de manière détournée la culpabilité qu'il ressentait à son égard ainsi que le soulagement de ne pas enquêter seul cette fois ci. D'un geste tendre et spontané, sans fioritures, Véronica posa sa main sur le bras de l'enquêteur et le regarda un long moment dans les yeux avec un sourire, sans rien dire. Puis elle réalisa ensuite la situation dans laquelle elle était et se ressaisit en secouant la tête d'une manière assez comique.


- Hem... Et bien... Je vais écrire le message pour ma femme de chambre... Je euh... Je me permet de vous emprunter un papier et de l'encre...

Gênée, elle s'attela à la tâche et écrivit une missive courte mais détaillée qu'elle glissa dans une enveloppe qui se trouvait là -Il y avait vraiment de tout dans cette chambre - avant d'inscrire l'adresse au dos. Elle la donna ensuite à l'Italien en bafouillant.

- Je... Ne connais pas encore le mode de fonctionnement de la poste dans cet hôtel... Euh... Auriez-vous la bonté de confier cette lettre à un garçon coursier pour moi ? Je... Je vais me laver pendant ce temps.

Véronica adressa un sourire à l'agent avant de se glisser dans la salle de bains. Elle ferma la porte soigneusement et fit couler de l'eau dans la baignoire pendant qu'elle se déshabillait. L'Alchimiste détacha ses cheveux qui retombèrent souplement dans son dos lorsqu'elle fut entièrement dévêtue. Puis elle posa ses lunettes sur un meuble et pénétra dans l'eau chaude avec une petite grimace de douleur lorsque le liquide toucha la plaie.

Elle se nettoya soigneusement pour enlever toutes les traces de sang, lava ses cheveux et désinfecta sa plaie en réprimant un gémissement au moment où le savon entrait en contact avec sa chair à vif.
L'Alchimiste sortit de la baignoire une dizaine de minutes plus tard et banda sa plaie avec ce qu'elle trouva dans la petite pharmacie. Elle se sécha activement et attacha ses cheveux encore humides en un chignon plus ou moins bien réussi. Quelques mèches retombaient autour de son visage malgré ses efforts ce qui la contraria un peu.

Véronica se rhabilla en vitesse et remit ses lunettes avant de sortir. Armando était revenu, manifestement. Elle rougit et s'excusa.


-J'ai été un peu longue, excusez-moi... Voulez-vous vous servir de la salle de bains à votre tour?

La jeune femme laissa nerveusement une mèche derrière son oreille et tourna sur elle-même, scrutant la pièce en quête de quelque chose à dire. Elle s'assit dans un fauteuil après un petit moment, armée d'une feuille et d'un crayon et nota toutes les informations qui lui passaient par la tête concernant les hommes qui pouvaient avoir commis le meurtre.

Elle accompagna le tout de portraits robots plutôt bien réussis. En tant qu'Alchimiste, elle avait une certaine expérience des tracés et son coup de crayon s'en était amélioré.

Elle remit le dessin à Armando lorsqu'elle l'eut fini. Elle l'avait agrémenté de plusieurs annotations pour qu'il puisse s'y retrouver sans trop de difficultés. La jeune femme lui adressa un sourire et désigna la feuille.


- J'ai fait ce que j'ai pu mais... Voici tout ce dont je me souviens concernant nos trois fameux larrons... Il faudrait fouiller dans leur passé pour dénicher de réels indices mais je doutes que nous puissions accéder aux archives familiales si facilement...

Quelque temps après, on frappa à la porte. Véronica alla ouvrir prudemment, prenant soin de regarder par la petite ouverture en premier lieu. C'était un homme d'une quarantaine d'années, au visage buriné par le soleil, qui tenait une grosse valise de cuir. Le conducteur de cab !

Rassurée, la jeune femme ouvrit et récupéra son colis, sans oublier de donner un généreux pourboire à l'homme qui s'éclipsa sans un mot. Une fois la porte refermée, la jeune femme se tourna vers l'Italien.


- J'ai ici quelques vêtements et les dossiers que j'ai emporté à mon départ de l'Alchemist Room... excusez-moi juste un instant.

Et elle s'éclipsa sur ces mots dans la chambre qu'on lui avait si gentiment attribué. Elle ferma la porte et posa la valise sur le lit avant de l'ouvrir. Elle enleva les loquets et fit basculer le couvercle. Sur le dessus, elle aperçut le dossier enveloppé dans du papier blanc qu'elle alla poser sur la commode.

Véronica inspecta ensuite le contenu de ses bagages et opta pour une robe bleu pâle très simple. Elle la troqua contre sa toilette framboise qui avait été bien mise à mal. En soupirant elle la posa sur le dossier d'une chaise en se demandant s'il fallait qu'elle la confie à une femme de chambre où s'il fallait qu'elle s'en débarrasse pour que les traces de sang n'éveillent pas de soupçons parmi le personnel... Une rumeur avait vite fait de se propager.
Elle essaya sans succès d'arranger son chignon et retourna dans la pièce à vivre, le dossier sous le bras.

Elle sourit à l'agent et posa l'amas de feuilles sur le bureau, pensive. Par où commencer... Il y avait tellement de pistes qui restaient inexploitées...
L'Alchimiste tritura une mèche de ses cheveux et commença à ré-éplucher ses feuillets.


- Alors, que savons-nous au juste ? Le premier meurtre que nous connaissons a eu lieu en Russie il y a dix ans de cela. Il s'agissait d'un Alchimiste du nom de Nikola Filipovitch.
En ce qui concerne les annonces de disparitions... J'ai là un Amshul Paniandy, un Indien... C'est la déclaration la plus récente.
Elle donna l'avis à Armando. Celui-ci comportait une photo du disparu. Est-ce que son visage vous dit quelque chose ? Je pense qu'il faudrait creuser du côté du Colonel Felton. Il s'est probablement passé quelque chose en Inde si vous voulez mon avis... Et là... Mais... Qu'est-ce que...

La jeune femme fronça les sourcils et examina le dessin qu'on avait fait de la scène de crime lors du meurtre de Nikola. Il y avait quelque chose de reproduit en tout petit, à quelques centimètres de la main du cadavre. Sans hésiter, elle s'empara d'une loupe et examina encore davantage le symbole.
Il n'y avait plus de doute... C'était le tatouage de l'Ouroboros. Et là... Quelques petites lettres... Avec grand peine, elle lut ''Danny''.

Elle reposa la loupe et ré-ajusta ses lunettes avec un soupir.


- Oh mon Dieu... C'est plus grave que ce que je pensais... Regardez ce symbole là... Est-ce que vous savez si l'on a retrouvé le même sur le corps de Danny ? C'est le tatouage de l'Ouroboros... Il est inscrit sur le corps de tous les Homonculus....

Elle s'arrêta avec un sourire d'excuse et plongea ses yeux dans ceux de l'Italien.

- Il faut que je vous explique... Certains Alchimistes essayent de ressusciter des êtres disparus en utilisant les composants chimiques du corps humain... C'est ce qu'on appelle la Transmutation Humaine. Elle donne souvent naissance à une créature hideuse et contre-nature qui meurt peu après. Cependant, en parallèle, un être vide d'âme et qui possède l'apparence du défunt voit le jour. C'est ce qu'on appelle un Homonculus. Ils ont la particularité de posséder un tatouage qui ressemble ce symbole, qui semble avoir été tracé par Nikola avant sa mort. Et ici... Elle pointa les petites lettres. On peut voir écrit le prénom de Danny. Je pense que ce petit être que l'on a retrouvé mort il y a cinq ans pouvait être une de ces créatures. Mais je ne peux pas en être certaine tant que je n'ai pas la confirmation que ce tatouage se trouvait sur le cadavre.

Véronica fit les cent pas, pensive. La nuit était tombée dehors, il devait être sept heures passées. Bientôt, ils devraient travailler à la lueur d'une bougie.


A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Signav10

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Dernière édition par Veronica Newburry le Jeu 9 Mai - 9:02, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeDim 9 Déc - 19:50

Amener une femme dans sa suite à l'hôtel, c'était bien la première fois pour Armando! Aussi était-il quelques peu timide et maladroit dans ses gestes et expressions. Lui-même le ressentait et cela l'étonnait d'autant plus qu'il était homme de sagesse, habitué à des circonstances troublantes et loin d'être de ces gaillards qui fantasment sur la première femme venue. Mais Véronica le troublait. Il ne pouvait le nier. Son air serein, tout à la fois vif et sûr, ses lunettes qui lui donnaient la contenance d'une intellectuelle et sa façon générale de se tenir, bien différente des autres femmes de cette société régie par des codes rigides et froid...Oui, Véronica avait un petit quelque chose qui la détachait des autres et en faisait une figure plus prompte, plus vraie.

Une fois arrivé dans sa suite, il lui avait présenté sa chambre et la salle d'eau avant de revenir dans le salon. Véronica était une élégante mais elle ne semblait pas marcher sur du velours comme toutes les coquettes qu'il avait aperçues à la réception. Elle se contentait de peu, la taille de la chambre ne lui importait pas, partager la salle d'eau ne l'effrayait aucunement et elle souriait quoiqu'il lui dise. C'était décidément une femme charmante et naturelle. Elle était pragmatique et savait s'adapter à la situation. En même temps, c'était une Alchismite d’État, peut-être avait-elle vécu des choses dont il n'avait même pas idée? Armando ne connaissait pas réellement cette science, si cette discipline pouvait être nommée ainsi, mais il imaginait bien que c'était un métier des plus compliqué et qui tenait ses disciples à la rigueur tout en leur laissant une part d'obscurité mystérieuse à gérer. Il avait déjà entendu des histoires sur les cercles de transmutation, sur les échanges équivalents et sur le caractère aléatoire de certaines expériences. Mais au final il se rendait compte qu'il avait bien des lacunes à ce sujet.

La jeune femme rit un peu des noms d'emprunt qu'il avait donnés. Armando en fut gêné: oui, en effet, il lui avait donné un nom typiquement français alors qu'elle était anglaise, ou du moins écossaise d'après son léger accent...Pourquoi en faire soudainement une Française? Ce n'était pas très malin! L'Agent sentit alors son coeur battre plus fort. Oui, il avait sorti ce nom par réflexe à cause d'une ancienne histoire...Miss Du Châtel avait été une victime dans une de ses enquêtes, cela datait maintenant de 4ans. Et il s'y était attaché jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle n'avait d'yeux que pour son ami William Pasthel...Réalisant qu'il lui avait ainsi donné ce nom par pure sympathie à son égard, Armando fut complètement retourné par la remarque de la belle. Il rougit et se détourna bien vite pour éviter qu'elle ne saisisse son regard troublé.

Heureusement, Véronica n'avait fait qu'en rire sans lui poser de question et la gêne disparue comme elle était venue pour laisser place à d'autres sujets plus importants: comment la belle allait-elle faire pour se changer? Armando n'avait évidemment aucun vêtements féminins, il n'était pas du genre à se travestir pour ses enquêtes!
Toujours agréablement convaincu que Véronica était loin d'être une frivole qu'un rien pouvait choquer, il lui proposa tout de même d'aller lui quérir des vêtements propres, par simple mesure d'hygiène et pour qu'elle puisse jouir de tout le confort possible. L'Alchimiste tiqua un peu mais elle trouva rapidement une solution. La jeune femme ne voulait pas que l'inspecteur puisse tomber sur le meurtrier qui pouvait très bien surveiller sa demeure, aussi préférait-elle éviter d'agir comme il le proposait. Armando se tue: elle avait raison. Bien vite, Véronica pensa passer par sa propre domestique qui savait apparemment se faire discrète et fidèle.


- Très bien, répondit Armando, même si cela me gêne un peu dans la démarche, puisque la jeune demoiselle pourrait très bien se faire suivre...Mais je vais vous faire confiance...

Armado sourit et alla déranger le tiroir d'un secrétaire resté ouvert pour en tirer du papier de première qualité. Il poussa des livres et des documents étalés en vrac sur le meuble et posa la feuille. Il revint vers Véronica et lui montra le secrétaire.

- Vous avez-là plumes et encres, je vous laisse à votre tâche.

Il lui sourit et s'installa alors dans un fauteuil en attrapant au passage sa chemise pour en sortir ses documents relatifs à l'enquête en cours. Pendant que Véronica écrivait sa missive, l'Italien rassembla une nouvelle fois ses idées. Cette affaire était plus compliquée que prévue. Même si le meurtrier faisait des erreurs, comme laisser des mots, des gravures, tirer en plein jour...Armando n'était pas assez fou pour ignorer ses avertissements. D'ailleurs, tout lui laissait penser qu'il n'agissait pas seul...Son instinct ne le trompait jamais, c'était une de ses particularités principales: un talent inné pour résoudre les problèmes. Aussi pensait-il désormais fermement que celui qui avait laissé le mot au bureau de Véronica et qui avait tiré sur elle en plein jour n'était pas le meurtrier mais bien un complice, c’était évident pour lui. Sinon ils faisaient face à un imbécile...Un imbécile dangereux...

Une fois que Véronica eut terminé sa lettre, elle vint le trouver pour qu'il la dépose à l'accueil de l'hôtel. Elle paraissait gênée de lui demander ce service. Armando tendit la main en souriant.


- Bien entendu, miss Newburry, je ne vous l'aurais proposé...

Il se leva, laissa la belle se rendre à la salle d'eau et descendit au rez-de-chaussée. Sur le moment, il hésita à fermer à clé la porte de son appartement mais, par prudence, il le fit. Mais à mesure qu'il descendait les marches vers l'accueil, sa culpabilité grandissait: et si Véronica était en danger et qu'elle trouvait porte close dans sa fuite? Et si elle voulait descendre le retrouver pour un soucis relatif à son bain? Elle trouverait la porte fermée et paniquerait peut-être?
Stressé, Armando exécuta sa tâche avec rapidité et efficacité avant de remonter prestement. Soulagé d'entendre l'eau dans la salle de bain, heureux de voir que la belle n'avait ni besoin d'aide, ni de problème, il se rassied dans son fauteuil au salon et continua ses réflexions.

Enfin, Véronica sortit de la salle d'eau. Son chignon dont les mèches rebelles s'entortillaient sur elles-mêmes avait quelque chose de sensuel.
Armando se leva, laissa en plan ses dossiers et acquiesça au sujet de la salle d'eau:


- Ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas été longue...Oui, je vais moi-aussi me changer...Vous n'avez besoin de rien?

Assuré que Véronica n'avait pas expressément besoin de lui, Armando alla quérir dans sa chambre une tenu de rechange et se rendit à son tour dans la salle d'eau. Cependant, à la différence de Véronica, il ne fera pas la porte à clé. Il était sûr que la belle n'allait pas l'espionner, à moins que les moeurs féminines n'aient bien changées...mais il en doutait fortement. C'était surtout pour être sûr de pouvoir sortir en trombe pour lui porte assistance si elle se trouvait mal. En vérité, Armando craignait que le meurtrier ne traîne encore dans leurs parages...Comment être assuré qu'il ne les ai pas suivi malgré les tours et les détours du fiacre? Comment être certain que la missive envoyée à la domestique de Véronica n'ai pas attiré l'attention?

L'Agent se déshabilla, remplaça une partie de l'eau froide par de l'eau chaude qui attendait sagement dans une bassine fermée d'un couvercle et se lava à son tour. Quelque peu détendu, il se re-parfuma et enfila ses vêtements propres, plus simple que les précédents. Son pantalon était aussi noir que le premier mais sa chemise blanche était d'une fibre plus légère que l'ancienne. Il hésita à remettre sa cravate. C'était un habitué de la chose et il ne sortait jamais autrement qu'en tenue de bureau. Mais lorsqu'il était chez lui, il enlevait volontiers sa cravate et sa veste pour se délasser. Ce soir, il était accompagné, cela changeait beaucoup de chose. Fallait-il qu'il conserve son élégance mondaine ou qu'il apparaisse sous son vrai jour? Il n'en serait pas moins élégant mais il laisserait de côté les formalités rigides de son costume et quitterait son air sévère d'agent pour redevenir un homme plus banal.
Préférant jouer la sincérité plutôt que de laisser passer d'abord le paraître, Armando sortit en chemise de la salle de bain, laissant cravate et veste dans la salle d'eau sur une commode. Ses longs cheveux noirs étaient maintenus par un ruban brun afin d'éviter de tremper sa chemise.

Ajustant les boutons de manchettes de cette dernière, il revint vers Véronica qui lui tendit alors des dessins. L'agent les prit doucement et les observa. Son expression se mua en une mine surprise.


- Vous avez-là un magnifique coup de crayon, miss. C'est impressionnant!

Il fronça les sourcils. Oui, il reconnaissait l'un des trois individus. il avait dû l'apercevoir dans la soirée. Mais pour l'heure, ils ne pouvaient encore rien faire. Ils avaient besoin d'enquêter sur leur passé et de récolter des preuves. Il soupira lorsqu'il fut question des archives.

- Ha...si vous saviez comme on va nous mettre des bâtons dans les roues...Le meurtrier a tout prévu. Je me suis rendu à la bibliothèque ce matin, comme je vous l'ai dit, et les archives sur le colonel Felton m'étaient déjà fermées alors concernant les alchimistes...j'ai bien peur que l'on ne trouve la porte encore plus close...

Effectivement, si même Véronica craignait que les archives alchimiques ne leur soient difficiles d'accès, Armando n'avait guère d'espoir de mettre la main dessus. Malgré son statut d'agent spécial, il n'avait pas les autorisations nécessaires pour forcer ce genre de démarches.

Alors qu'il s'imprégnait des portraits robots qu'avait dessiné la jeune femme, quelqu'un frappa à la porte et Armando se redressa brusquement. Il n'avait absolument pas l'habitude d'être dérangé. Même les domestiques de l'hôtel ne se présentaient pas directement à sa porte: ils passaient par des sonnettes et des missives. C'était la politique des lieux: la discrétion, le calme, l'intimité la plus cloisonnée.
L'Agent tiqua lorsque Véronica se leva pour aller ouvrir. Il se leva lui aussi, prêt à intervenir si ce n'était pas sa propre domestique qui lui ramenait ses affaires.
Heureusement, c'était le conducteur du cab de la belle et il lui apportait sa valise de change. Armando soupira. Oui, il était tendu. Cette situation n'était pas des plus confortable, il fallait bien se l'avouer. Depuis le coup de feu dans le parc, il craignait pour la vie de Véronica. Après tout il suffisait d'une balle ou d'un coup de couteau pour que tout soit terminé...


- Je vous en prie, fit-il à la belle lorsqu'elle s'excusa pour aller se changer.

Pendant que la belle s'enfermait dans la chambre d'ami qui était devenu la sienne, l'Italien alla sortir d'un coffre en bois une bouteille de vin et ramena deux verres à pieds pour les remplir. Revenu dans son fauteuil, il reprit sa réflexion sur les dessins. Ces hommes n'avaient pas des têtes de tueurs, si un stéréotype était bien associé à ce genre de personne, mais Armando savait qu'il ne fallait absolument pas se fier aux apparences.
Il se retint de boire son verre, attendant le retour de Véronica pour trinquer aimablement en sa compagnie.
Laissant de côté les dessins après être certain d'avoir mémorisé la face de chacun des trois Alchimistes, Armando se mit à faire la liste des victimes qu'ils avaient découvertes. Grâce à Véronica, il avait déjà un bon résumé de l'enquête. Son avancement en serait optimisé avec elle, chaque minute il en avait la preuve.

Alors qu'il songeait que la présence de la belle allait finir par bouleverser sa vie, appesantissement sur des détails qu'il n'avait pas pour habitude de relever, Véronica sortit de la chambre d'ami et revint à lui. Armando lui jeta un regard admiratif. Elle avait troqué sa robe couleur framboise pour une belle tenue bleu ciel. Cela rehaussait son teint de pêche et faisait ressortir ses yeux verts avec grâce et voluptée. Armando leva son regard sur la belle et la complimenta galamment:


- Vous êtes charmante, si je puis me permettre. Fit-il avec un sourire mondain mais néanmoins sincère. Cette robe vous va à ravir!

Il la laissa s’asseoir non loin de lui et lui tendit le verre de vin qu'il avait préparé pour elle.

- Si vous n'en voulez pas, laissez. Peut-être préféreriez-vous de l'eau? Je peux demander du jus d'agrumes si vous voulez...

Par la suite, avec l'aide de l'Achimiste, il continua à ériger sa liste. Un Indien y fut ajouté et Véronica lui montra une photographie de l'individu en question. Armando s'exclama, heureux:

- Une photographie! Dieu! Je ne pensais pas en voir une avant longtemps! Elles sont rares vous savez, nous avons une chance inouïe!

Mais Véronica n'avait pas que cette photographie, elle en avait d'autres! L'Agent eut alors une pensée pour sa carte de trèfle dans la poche de son pantalon. Elle y était compressée avec les trois autres, ses soeurs, et lui apparaissait comme une alliée fidèle à ce moment précis. Oui, la chance était avec eux ce soir et il remerciait les arcanes de leur avoir accordée.
Bientôt, Véronica tiqua. Elle semblait avoir reconnu quelque chose sur une de ses photos et elle se lança alors dans de longues explications relatives aux Alchimistes et à ce qu'il appelaient les "Homonculus". Armando fronça les sourcils. Il savait que les Alchimises créaient parfois des monstres mais il n'en avait jamais rencontrés et cette histoire de créature humanoïdes, "vide d'âme", errant sur terre comme vestige d'un être cher que l'on aurait voulu ressusciter, lui faisait non seulement froid dans le dos mais en plus cela l'incommodait dans le sens où, athée résolu, il ne pensait pas que l'âme puisse exister.


- L’Ouroboros...répéta-t-il une main sous le menton en croisant les jambes. Vous dites que c'est un symbole qui prouve que ce garçon soit un Homonculus? Danny...? Mais les inspecteurs auraient forcément relevé cette marque...Je n'en ai vu aucune trace nulle part dans les rapports...Serait-ce une erreur? Une dissimulation de preuve? Je ne comprends pas...

Armando réprima un bâillement.

- Excusez-moi...je suis navré. Il sourit à Véronica et se passa une main dans les cheveux pour remettre contre son crâne quelques mèches qui séchaient plus vite que d'autres et se détachaient par conséquent du reste. Je n'ai pas beaucoup dormi hier...

Il posa la photos qu'il analysait du regard depuis la remarque de Véronica et finit son verre de vin qu'il avait siroté plutôt rapidement, même pour un homme. En vérité, ces histoires d'Alchimistes étaient nouvelles pour lui. Malgré son talent, il restait ignorant sur le sujet et cela le stressait quelque peu. Il n'aimait pas que d'autres vies puissent être impliquées, et cette idée qu'un être né de l'Alchimie soit mort ne pouvait qu'affirmer leur première piste: celle de l'Alchimie. Les méthodes des Alchimistes lui restaient obscures et cela allait encore compliquer l'affaire. Heureusement, Véronica pourrait certainement lui en apprendre plus.

Armando se redressa et sourit à la jeune femme.


- Je propose que l'on dîne et que l'on se repose pour mieux éclairer tout ceci demain. Nous avons eu notre lot d'émotions pour aujourd'hui.

En temps normal, l'inspecteur aurait certainement avalé un simple morceau de pain et enquêter jusqu'à la moitié de la nuit. Mais ce soir il n'était pas seul et cela changeait bien des choses. Il fallait rester courtois, éviter de délaisser Véronica et par conséquent éviter de trainer sur son secrétaire des heures et des heures avec pour seule motivation la victoire, encore et toujours.

L’Italien sonna les domestiques et bientôt le repas fut servi dans le salon. Armando avait défait ses cheveux pour les laisser sécher plus vite maintenant qu'ils ne risquaient plus de lui tremper le dos. Au menu étaient une entrée d'asperges et de tomates, le plat principal était du canard à l'orange avec des pommes de terres sautées, la salade et le fromage venaient par la suite avant de terminer le tout sur une part de fraisier. Tout le repas fut agrémenté de vin, d'eau et de jus de grenade nouvellement arrivé à l'hôtel. Armando n'en avait jamais gouté et ce fut pour lui une découverte des plus intéressante. Il fallait bien qu'il se penche sur autre chose que leur enquête, il ne fallait pas noyer Véronica dans ses réflexions un peu trop sérieuses pour l'heure.


- Mais dites-moi, fit-il au milieu du repas. Vos parents ne vont-ils pas s'inquiéter pour vous? Je sais que vous n'avez pas de mari pour vous pourchasser, continua-t-il en riant, vous me l'avez dit, mais votre famille? Il ne faudrait inquiéter personne, même si la situation nécessiterait plutôt votre disparition dans le silence le plus total...

C'était une façon de meubler le silence qui s'était installé entre eux depuis le début du repas à cause de la simple courtoisie. Armando restait humble et quelque peu timide. Il n'avait décidément pas l'habitude de diner en tête à tête avec une femme.
La conversation commença alors à s'animer et Armando se trouva un peu plus à l'aise. Cependant, même s'il tentait de dévier un peu du sujet principal qui restait leur enquête, il revenait sur des détails autour de cette dernière, comme si un lien invisible et pourtant insécable le rattachait à cette affaire. Il ne pouvait décemment badiner dans la situation dans laquelle ils se trouvaient.


- C'était une bonne idée que de nous rejoindre au parc en pleine exposition de fleurs...Dommage que cela se soit ainsi déroulé. Votre épaule va-t-elle mieux? Je suis navré de n'avoir pu vous éviter cela...

Au bout d'un moment, Armando dû allumer une bougie pour pallier au manque d'huile de la lampe principale. L'atmosphère devint plus charmante. La flamme chatoyante du petit objet qui brillait entre eux leur donnait des air plus doux et plus serein. Le soir tombait.

Lorsque la table fut desservie et que les domestiques eurent quitté les lieux, Armando prit la bougie et invita Véronica à venir s'asseoir avec lui sur un sofa. Il posa la bougie sur la table basse.
Que faire maintenant? Il fallait continuer l'enquête mais était-ce bien raisonnable d'imposer cela à la jeune femme?


- Souhaitez-vous dormir maintenant ou voulez-vous discuter encore?

Finalement, apportant le vin et les verres, il resservit Véronica et trinqua avec elle.

- A notre rencontre...Si toutes les femmes de ce monde avaient la force dont vous témoignez, nous aurions peut-être la joie de les voir un jour mêlées à nos enquêtes! Quand je réalise que je suis entouré d'hommes tels que Jonathan...je suis bien triste que les dames ne puissent pas faire partie de nos agents...

Armando se détendait. Il venait de trouver un nouveau sujet qui déviait un peu de leur enquête. Il bu une nouvelle gorgée et regarda Véronica avec un air moins sérieux.

- Mais on nous dit qu'elles nous troubleraient et que leur place est au foyer...

Il leva les yeux au ciel.

- Je pense au contraire qu'elles nous apporteraient le soupçon de grâce qu'il nous manque et particulièrement leur esprit si habilement tourné. Les hommes deviennent vite des incapables lorsqu'ils s'agit d'enquêtes compliquées. Ils ne sont pas assez prévoyants, ni assez attentifs...

Il sourit de nouveau. Il était en train de penser qu'il lui faudrait peut-être acheter un chien un jour. Oui, cela lui ferait de la compagnie et s'il le dressait assez bien il pourrait même le prendre avec lui dans ses enquêtes...
Soudainement conscient qu'il s’égarait complètement dans ses pensées, il reposa son verre de vin et leva un sourcil visiblement consterné.


- Voyez? fit-il en montrant à Véronica la bouteille sur la table basse. Nous ne savons qu'user de boisson...

Il rit et soupira ensuite. Il était très fatigué et il était évident qu'il avait entamé un verre de trop. C'était rare chez lui, très rare. Mais il fallait croire que cette situation inhabituelle le dérangeait plus que prévue dans ses habitudes. Il perdait constance.
La main dans les cheveux, il s'excusa:


- Je crois que ce soir c'est moi qui ne tient pas...Excusez-moi...

Il se tourna vers la jeune femme et lui sourit d'un air presque inquiet. Mais bien vite il retrouva son charmant sourire.

- Oserais-je vous demander...Commença-t-il avant de se taire pendant presque une minute. Aimez-vous les jeux de cartes mademoiselle? Je pense que vous pourriez avoir l'avantage sur moi ce soir, même si je doute que vous puissiez gagner...

Cette provocation, absolument inhabituelle chez l'Agent, n'était pas tellement due à l'alcool plus qu'au désir qu'il avait de mieux connaitre cette femme étrange. Il aimait les cartes, c'était même son passe-temps favori lorsqu'il n'enquêtait pas, mais il n'avait encore jamais joué en tête à tête avec une femme. La seule chose que l'alcool et la fatigue avaient faite ce soir, c'était de lui faire oublier que ce genre de proposition qui s'apparentait clairement à un défit, était osée, voire déplacée.


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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeVen 14 Déc - 18:26

En se changeant, Véronica repensa aux récents événements. Effectivement, cette enquête allait leur poser bien des problèmes. Si, comme le disait Armando, les archives avaient déjà été closes par la famille du colonel Felton, cela signifiait forcément que le défunt homme avait des choses à cacher, et pas des plus reluisantes... Qu'avait-il pu se passer lors de sa campagne en Inde ?
Avait-il fricoté avec des Alchimistes ?

Quant à ses trois collègues... Elle restait fort sceptique. Personnellement, elle avait du mal à croire que l'un des trois ait pu commettre de pareilles ignominies mais il fallait se rendre à l'évidence, l'habit ne faisait pas le moine.

Son esprit dériva ensuite vers Armando... Il était si gentil avec elle que c'en était troublant. Jamais elle n'avait été autant le centre de l'attention depuis la mort de ses parents. Et elle ne pouvait le nier, cet homme lui plaisait énormément. Il était sûr de lui et élégant, comme la plupart des hommes du monde mais il y avait en lui quelque chose de plus réservé et mystérieux. Lorsqu'elle lui parlait, elle le sentait gêné, peu assuré et surtout, galant quoi qu'il arrive. Mais la galanterie du bel Italien ne relevait pas simplement des minauderies de société en usage à l'époque. Elle trouvait ses attentions sincères, empreintes de gentillesse, de tact et d'un réel souci du bien-être de l'autre.A la vérité, bien des hommes qui montraient la plus parfaite galanterie à l'égard des femmes lors des événements mondains se révélaient être de véritables goujats dans l'intimité de leurs logements.
Combien avaient fait fléchir le cœur d'une jeune fille avec ces petites attentions calculées pour ensuite les traiter comme des objets une fois la bague au doigt ? Combien, lors des froides soirées d'hiver, s'adossaient contre la cheminée et empêchaient leurs femmes de profiter de la chaleur du foyer ?

Mais l'agent n'était pas comme ça. C'était quelqu'un de doux et réellement à l'écoute... S'il avait été un peu moins préoccupé par son travail, sans doute aurait-il fait le bonheur d'une femme. Plus elle y réfléchissait et plus elle en venait à la conclusion qu'on ne pouvait rêver mieux en matière d'époux. De plus, il était réellement beau... Ses cheveux plus longs que la normale lui conféraient un charme tout particulier, qui s'en trouvait encore accentué lorsqu'ils étaient humides. Elle n'en avait rien montré mais lorsqu'elle avait vu l'agent sortir de la salle de bains en chemise, les cheveux attachés, elle l'avait trouvé resplendissant. Son élégance naturelle en était ressortie d'autant.

Véronica hocha négativement la tête en se regardant dans la glace tandis qu'elle essayait d'ajuster son chignon, sans succès. Mais à quoi pensait-elle donc ? Elle n'avait rencontré cet homme que la veille, ce n'était pas le moment de se monter la tête avec de telles pensées ! Non, elle n'était pas faite pour l'amour... Et elle était bien trop maladroite et excentrique pour pouvoir faire un jour le bonheur d'un homme.

La jeune femme tira un peu sur son col et sortit, bien décidée à penser à des choses un tantinet plus sérieuses. Elle fut accueillie par un compliment sincère de la part de l'homme, ce qui la fit rosir et baisser les yeux.


- Oh... Merci, c'est gentil à vous...

Elle redressa la tête pour lui adresser un sourire maladroit et alla s'asseoir. Il lui tendit un verre de vin et s'empressa de lui proposer quelque chose de moins fort. A dire vrai, Véronica ne buvait que très rarement mais un verre de temps en temps n'avait jamais fait défaut à personne. Elle le rassura précipitamment en riant.

-Oh, non, ne vous donnez pas cette peine ! Le vin n'a jamais tué de femme pour l'instant!

Sur cette plaisanterie, elle adressa un signe de tête à Armando et but une gorgée du liquide rouge en fermant les yeux. Le vin était doux et rond en bouche, léger et sucré... Tout à fait ce qu'il lui fallait. Après un instant, elle reposa le verre et s'empara du dossier qu'elle éplucha encore une fois pour l'Italien. Elle sourit devant sa joie d'avoir une photo dans ses pièces à convictions. Il était vrai que la photographie en était à ses premiers balbutiements et que la police ne l'utilisait que rarement lors de ses enquêtes. Elle-même avait été très surprise d'en trouver une, à la vérité.

Elle continua à lui exposer les éléments dont elle disposait jusqu'à ce qu'elle note le dessin de l'Ouroboros qui l'amena à la conclusion que Danny pouvait être un Homonculus... Mais comment en être certain ? Si personne n'avait relevé la trace... Armando trouvait cela bien peu logique et il avait raison. Pensive, Véronica ramena une mèche derrière son oreille en soupirant.


- Je pencherais plutôt pour la dissimulation de preuves... A moins que ce soit une négligence de la part du légiste mais ce serait étonnant. Il faudrait retrouver le dossier de l'enquête. Ce sera sans doute plus facile que d'accéder aux archives du colonel... Dans tous les cas, si nous ne pouvons mettre la main sur le dossier ou si nous nous apercevons que celui-ci n'est pas complet, cela voudra dire que l'assassin est passé avant nous. Ce qui, par conséquent, confirmera ma supposition.

L'agent bailla alors et s'excusa en expliquant qu'il avait eu une petite nuit la veille. Véronica eut un sourire attendri. Il était bien homme à mener l'enquête jusqu'à l'aube sans se soucier du reste... Elle l'imagina, endormi sur sa table de travail, plume encore à la main... Il avait décidément bien besoin de quelqu'un pour lui apprendre à respecter ses besoins fondamentaux avant qu'il ne se tue à la tâche !

Il proposa alors de dîner et de reprendre l'enquête demain, après une bonne nuit de repos. C'était une riche idée, la jeune femme mourrait de faim. Son repas de midi avait été frugal et son estomac commençait à réclamer sa pitance. Ils mangèrent dans le salon, servis par des domestiques. La jeune femme qui avait l'habitude de manger seule, se trouva quelque peu troublée. Ce tête à tête avec Armando l'obligeait à surveiller constamment ses manières, veiller à ne rien faire tomber comme elle en avait l'habitude chez elle...

Le repas en lui même fut tout à fait exquis. Véronica n'était pas difficile en matière de nourriture mais le canard faisait partie de ses viandes préférées. Elle trouva les asperges tendres à souhait et se régala avec les pommes de terre sautées. Elle fit attention à ne pas boire beaucoup, comptant se resservir au maximum une fois au cours du dîner qui se déroulait dans un silence poli et quelque peu gêné.

Soudain, Armando s'inquiéta pour sa famille. Ils risquaient de s'inquiéter, de la chercher... Véronica se mordit imperceptiblement la lèvre. Comment lui expliquer la tragédie qui avait frappé sa famille quelques années auparavant ? Cela risquait de jeter un froid dans la conversation, chose qu'elle redoutait. Elle fut tentée de lui mentir, de raconter que ses parents étaient à l'étranger, en voyage... Mais cela aurait été un manque d'honnêteté de sa part. La jeune femme prit alors une inspiration et reposa son verre. Elle adressa un sourire désolée à l'agent et lui expliqua :

- Mes parents sont morts lorsque j'avais quinze ans... C'était il y a de cela huit années... Des anarchistes irlandais ont perpétré un attentat et ont fait sauter le manoir familial. Je n'étais pas là au moment du drame... Je n'ai plus de famille très proche en Angleterre, à présent. Elle regarda Armando dans les yeux et posa sa main sur son bras un bref instant. Ne soyez pas désolé, vous ne pouviez pas savoir. Cela fait partie des aléas de la vie.

La jeune femme avala une gorgée de vin et décida de relancer la conversation sur un autre sujet. Elle se tourna tout naturellement vers leur enquête. La jeune femme se sentait passionnée par cette histoire. Elle avait autant envie de démasquer le criminel qu'Armando. Si elle avait été un homme, elle serait probablement devenue un enquêteur de renom... Ou du moins, elle se plaisait à l'imaginer...

Ils discutèrent donc avec plus d'entrain mais ne pouvaient pas, l'un comme l'autre, se détacher de l'enquête. Armando la félicita pour son idée de l'exposition florale et évoqua l'agression dont ils avaient été victimes, ne manquant pas de s'enquérir de l'état de sa blessure. Véronica avait tout bonnement oublié son épaule qui ne lui faisait plus mal depuis un moment. Elle y porta machinalement la main et adressa un sourire timide à l'agent.


- Mon épaule va bien, je vous remercie... A vrai dire je n'ai plus mal du tout. Elle laissa échapper un petit rire avant de reprendre un aire plus sérieux.C'était en effet une après-midi qui avait bien commencé... Mais si cet homme ne nous avait pas agressé peut-être que l'issue aurait été plus grave. Cependant, je dois vous dire que j'admire votre courage... Vous auriez pu mourir s'il avait tiré une seconde fois...

Elle faisait par là référence au premier premier geste de l'agent qui avait été de se placer devant elle pour la protéger d'un éventuel coup de feu. Il aurait pu mourir pour elle... Et il n'avait pas hésité une seule seconde... Elle en était soufflée.

Il alluma ensuite une bougie pour dissiper les ténèbres qui s'installaient dans la pièce avec le soir tombant. Ils terminèrent le repas en discutant de tout et de rien puis allèrent s'asseoir sur un sofa lorsque la table fut débarrassée. L'agent lui demanda si elle souhaitait déjà aller dormir ou si elle voulait discuter. Pour elle, le choix fut vite fait. Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait une compagnie si agréable et comptait bien en profiter.


- Il est encore un peu tôt pour se coucher... Et puis, je dois dire que j'apprécie fortement votre compagnie, Mr della Serata.

Il alla rechercher des verres et une bouteille avant de trinquer à leur rencontre, ce qui la fit sourire. Il lui fit part de ses impression qui l'étonnèrent un tantinet. Rares étaient les hommes qui pensaient que les femmes avaient une place dans le monde du travail, par dessus-tout dans la police ! La jeune femme hocha la tête et but une gorgée de vin avant de lui répondre.

- C'est bien la première fois que j'entends un homme prononcer un tel discours ! Vous êtes vraiment quelqu'un d'exceptionnel, si je puis me permettre... Quoi qu'il en soit, vous avez raison. Les femmes ont peut-être moins de force physique que les hommes mais elles possèdent un sens critique et une capacité à décrypter les émotions qui, sans vouloir vous offenser, fait souvent défaut aux agents du Yard. Je suis sûre que si des policières se chargeaient des interrogatoires, les enquêtes en seraient facilitées.

Armando continua sur sa lancée et compléta sa pensée. Ils allaient dans le même sens, pensaient aux mêmes choses, c'était surprenant. L'Alchimiste tourna son visage vers l'agent après avoir bu à nouveau une gorgée.

- Il est vrai que nous possédons un certain sens pratique... Bien que je pense ne pas avoir été très bien pourvue dans ce domaine! Elle lâcha un rire joyeux. Si seulement tous les hommes pouvaient penser comme vous... Mais ce qui me sidère, c'est que la plupart des femmes ne veulent rien changer à cette situation et se montrent même encore plus butées que les hommes sur la question de leur condition. Comment peuvent-elles dire une chose pareille ?! Non, je ne comprendrai jamais. Vous savez, si je n'avais pas été Alchimiste, je crois que je serai partie en Afrique explorer ces fameuses pyramides dont on parle tant... La vie mondaine est d'un ennui ! Mais je ne devrais pas me plaindre, tant de gens sont dans le besoin en ce moment même...

Son regard se fit vague. Elle se plaignait de l'ennui quand des centaines de milliers de familles bataillaient pour nourrir leurs enfants. La vie était décidément bien injuste...
L'Italien sembla soudain bien lointain. A quoi pouvait-il donc penser ? Toujours est-il qu'en reprenant ses esprits, il arriva à la constatation que les hommes buvaient beaucoup trop, ce qui fit rire Véronica. Il était vrai que le vin avait l'air d'être un peu monté à la tête d'Armando.


- Ne vous en faites donc pas pour ça ! Je connais plusieurs femmes qui ont la descente aisée, si je puis me permettre l'expression. Nous ferions mieux de ranger cette bouteille, cependant. Je ne tiens pas à ce que vous vous écrouliez maintenant !

Elle avait prononcé ces mots avec un sourire angélique, mêlé d'une pointe de dérision. Il lui demanda ensuite quelque chose qui l'étonna et la provoqua en même temps. Bien sûr qu'elle aimait jouer aux cartes. A vrai dire, c'était un de ses passe-temps favoris lors de son voyage initiatique. Elle y avait passé des soirées entières avec son maître, au coin du feu.
Mais la petite remarque qu'il avait rajouté l'avait piquée au vif. Elle n'était pas vexée mais la perspective d'un défi qu'elle devait remporter était maintenant inévitable.

Elle se pencha un peu en avant et adressa un sourire joueur à Armando.


- Oh, en êtes-vous si sûr ? Très bien alors je relève le défi... Que pensez-vous d'un bridge ? Cela vous convient-il?

Véronica se chargea de mélanger et distribuer les cartes avec dextérité et la partie commença. Le début se déroula sans encombre et la jeune femme en profita pour observer Armando sans rien dire à la lueur de la chandelle. Bien que joyeuse au dehors, elle cherchait quelque chose d'intelligent à dire pour meubler le silence.

En tirant une carte, elle demanda à l'homme:


- Je suppose que vous avez dû passer toute votre enfance en Italie, n'est-ce pas ? J'imagine que c'est un pays splendide... Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller le visiter, bien que j'en ai beaucoup entendu parler. J'imagine que le soleil doit y briller constamment et qu'il y fait chaud... Je n'ai pas grand chose à reprocher à mon Ecosse natale si ce n'est le climat, à vrai dire.

La jeune femme évita de trop s'emballer sur la description de son pays natal et laissa Armando parler. Les cartes se posaient sur la table avec légèreté mais on sentait que le jeu se corsait petit à petit. Véronica était concentrée et réfléchissait sur son jeu de cartes, les sourcils froncés.

- Mh... Vous jouez très bien pour un homme qui use de boisson... En passant, avez-vous déjà visité l'Ecosse ? C'est un pays riche en légendes, châteaux et lacs de toute beauté!Les champs y sont verts toute l'année et l'air y est bon, contrairement à Londres, avec toutes ces usines...

Oui, la pollution sur Londres était pour Véronica un phénomène préoccupant. La fumée noire qui sortait de ces gouffres de pierre sans fond se répandait comme une traînée gluante dans les ruelles de la capitale, telle une gangrène qui ne cessait de s'étendre.

Mais l'heure était à l'amusement, dans la chambre de l'Italien. Véronica reprenait l'avantage, après un sérieux coup de chance de l'agent. Plusieurs fois, elle fut au bord de la défaite mais, finalement, la partie se termina sur sa victoire. Très serrée, certes, mais victoire quand même.

Triomphante, elle se pencha un peu en avant et adressa un sourire taquin à Armando:


- Alors ? Il me semble avoir entendu que vous doutiez de ma victoire... Mais je peux me tromper...

C'était par jeu qu'elle faisait ça. Un pur désir de provoquer l'homme, en juste retour de manivelle. Un grand sourire éclairait le visage de la jeune femme qui ne s'était jamais tenue aussi près du bel homme. La lueur de la bougie vacillait timidement entre eux, adoucissant les contours de la pièce.


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Dernière édition par Veronica Newburry le Jeu 9 Mai - 9:03, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeDim 30 Déc - 18:54

Armando était fatigué. Cela faisait des jours qu'il enquêtait sur une affaire des plus ardues et,, désormais qu'il était entièrement plongé dedans, il ressentait toute la lassitude de ses veillées antérieures passées à rassembler les maigres indices dont il disposait depuis qu'il avait été dépêché par le Scotland Yard. De plus, avec l'arrivée de cette soirée mouvementé au Queen's Head, ce coup de feu au parc et cette fuite inattendue jusqu'à l'hôtel Albany, l'Italien n'avait pas songé une seule seconde à se reposer. Comme souvent, il privilégiait ses enquêtes plutôt que sa santé. Cependant, maintenant qu'il était accompagné de Véronica et qu'ils allaient devoir vivre sous le même toit tout en résolvant l'affaire à deux, il ne pouvait plus conserver le même comportement que d'habitude. Par respect, mondanité et pure ethos, il fallait qu'il s'adapte et qu'il redevienne un homme posé, sage et organisé. Aussi était-ce une bonne chose, au final, que cette jeune femme se soit proposée d'elle-même pour l'aider et qu'ils se retrouvent tout deux sous le même toit. Même si c'était par la force des choses, l'agent devrait ainsi se forcer à être quelque peu raisonnable, et il en avait grand besoin.

L'enquête avançait, malgré le danger, et le meurtrier commençait à se dévoiler au grand jour. Plus il donnait de signes de vie, à coup de menaces et de coup de feu, plus il risquait de faire des erreurs. Laisser des mots, des gravures, une balle et presque un visage en se risquant à venir directement à leur rencontre dans la foule, relevait d'une imbécillité certaine. Armando considérait tout ces indices comme les pièces d'un puzzle: plus il en aurait, plus il saurait les assembler et plus il lui serait aisé de tomber sur l'enfant qui les avait laissé traîner. Car qu'était ce meurtrier à part un enfant qui ne savait pas s'exprimer autrement que par des gestes violents et inconsidérés? Qu'était-il donc à part un franc joueur qui s'amusait maintenant à leur faire peur par pur ludisme? Soit qu'il s'ennuyait, soit qu'il avait quelques revendications à faire passer, mais l'emploi du jeu, l'idée même qu'ils jouaient au chat et à la souris, n'allait pas tarder à lui faire mettre un pied dans un fossé. Armando serait là pour l'y repêcher...

Laissant de côté l'enquête, le couple préféra s'installer autour d'un repas afin de terminer la soirée sur quelques notes plus joyeuses et pour se reposer de la langue journée qu'ils avaient eu tut deux. Se faire tirer dessus et s'enfuir ainsi ne pouvait être qu'une épreuve pour les nerfs et même si tous deux étaient des personnes d'action, il était temps d'arrêter de courir en tout sens et de faire travailler leurs méninges. Une soirée plus calme s'annonça.

Le diner fut donc un régal, même si ni l'un ni l'autre n'arrivait à dévier la conversation de l'enquête qui semblait prendre une place plus que primordiale puisqu'elle était même devenue vitale pour la jeune femme. Véronica était effectivement en grand danger et si le meurtrier n'était pas bientôt découvert, l'Alchimiste risquait un mauvais coup. Mais Armando refusait la perspective qu'il puisse échouer dans la protection de la belle. Ce psychopathe n'aurait pas raison de sa logique et, comme tous les autres, il finirait en prison ou au gibet d'une potence! Il était hors de question de laisser un cinglé tel que lui mener le jeu plus longtemps. Ils allaient devoir agir sous peu.

Au fil de la conversation, Armando s'inquiéta des proches de Véronica. Malheureusement, il venait de mettre les pieds dans le plat: les parents de la belle étaient décédés depuis déjà huit ans à l'heure où ils parlaient. Ils avaient même été assassinés pour des histoires de religion. Armando tiqua. Il n'avait pas voulu être désagréable et il avait évidemment touché un point qui devait rester sensible chez la jeune femme.


- Ho...Je suis navré, fit-il en se passant une main dans les cheveux. Il s'agita un peu, gêné. C'est le genre de sujet que l'on évite...Je suis désolé.

Mais la belle lui sourit et l'invita à arrêter de s'excuser. Il ne pouvait pas savoir, en effet, mais cela restait gênant à ses yeux. Lui qui voulait paraître agréable n'était pas capable d'enchainer sur autre chose que des histoires de meurtriers et d'assassinats...
Malgré cela, l'ambiance s'était un peu détendue. Ils parlèrent un peu de l'exposition de fleurs qu'ils n'avaient pas pu visiter à cause du meurtrier, ou du moins de son acolyte. Véronica semblait aussi déçue que lui. Armando perdit un peu constance lorsqu'elle souligna son courage.


- Allons, Miss Newburry! Je n'allais tout de même pas rester là à rien faire! Ce n'est pas tellement du courage, cela relève de la logique...enfin pour moi...

Il se tue. En fait, il n'avait même pas réfléchit à ce qu'il faisait lorsqu'il avait attrapé la belle dans ses bras afin de faire rempart de son corps pour déjouer d'éventuelles nouvelles balles. Pour lui c'était un pur réflexe de protection d'autrui, surtout qu'il s'agissait-là d'une femme. Il en avait la responsabilité. La voir mourir en sa présence aurait été un véritable coup pour sa dignité. De même, il n'avait pas songé qu'il puisse être touché lorsqu'il s'était mit debout sur le banc pour tenter d'apercevoir le tireur.

- En réalité, continua-t-il, ce que j'ai fait a été d'une stupidité sans égale...Je parle du fait que je me sois mis debout sur le banc! Ajouta-t-il vivement. C'est bien la seule chose que je blâmerais dans mon comportement...

Il lui sourit. La jeune femme était tout à fait aimable et lui était réellement flatté de ses remarques même si ces dernières soulignaient assez bien son inconscience. Comment lui dire, sans paraître surfait, qu'il se laisserait volontiers assassiner pour sauver la vie de n'importe qui? C'était son métier, son rôle, depuis toujours.

Le repas terminé, les deux enquêteurs allèrent s'installer sur de confortables sofa et il fut décidé, un verre de vin à la main, qu'ils n'iraient pas se coucher dans l'immédiat: l'un et l'autre avait envie de passer encore un peu de temps ensemble.
Armando servit du vin et la conversation commença à s'orienter sur la palce des femmes dans la société. Ils étaient tous deux d'accord sur le fait que les femmes, même si elles étaient évidemment plus émotives que les hommes, possédaient quelques capacités pratiques qui en feraient de très bonnes enquêtrices. Véronica semblait presque surprise d'entendre de pareils propos dans la bouche d'un homme. Cela fit sourire Armando.


- Ho vous savez, Véronica, autant je ne sais pas m'y prendre avec les femmes, autant je ne les ai jamais considérées autrement que comme les égales des hommes. D'autres pensent comme moi, mais ils cachent leur opinion car ils ont peur des regards...Tout ce qui déroge aux règles fait toujours scandale. Malheureusement.

Véronica continua la réflexion jusqu'à exposer ses motivations: c'était une femme dynamique, prête à partir en expédition en Égypte pour échapper à la condition habituelle des femmes. C'était une exploratrice, une scientifique dans l'âme, bien loin des froufrous qui entravent le corps et l'esprit. Ils revinrent ainsi sur les autres femmes.

- Vous m'épatez, miss.

Cette phrase fut lancée sans aucune justification. Armand reprit une gorgée de vin et continua:

- Malheureusement, c'est le conditionnement que leur imposent les hommes et la société qui font de ces femmes de petites poupées sans âme. Voyez mademoiselle Wyton que nous avons rencontrée au Queen's Head. La peur du scandale, la perspective d'une vie bien rangée, les normes, toujours les normes...Nous n'y pouvons pas grand chose. Cela passera avec le temps.

Puis ce fut le verre de trop. Armando, qui avait déjà montré qu'il changeait de ton, préféra laisser son verre sur la table basse. Cela fit rire la belle. Confus, l'Italien grommela:

- Vous avez raison...Je vais laisser ce vin s'éventer tout seul...

Revenu de ses pensées étranges, Armando tenta de meubler la soirée en proposant à la belle une partie de carte. En réalité, il avait l'esprit joueur ce soir et Véronica était bien loin de le laisser indifférent. Ce petit défit ajouterait du piquant à leur rencontre. Il était temps de rire un peu et d'oublier ces histoires de meurtres. Le vin appuya beaucoup cette décision.

- Au bridge? Répéta Armando lorsque Véronica lui proposa ce jeu. Très bien, cela est parfait!

Jetant un regard à sa coupe de vin sur la table basse, l'Agent laissa la belle battre les cartes. Il observa alors ses mains, fines et graciles, manier les petits bouts cartonnés. Elle était douée. Ce n'était certainement pas sa première partie. Cela risquait d'être intéressant!
Par réflexe, Armando plongea sa main gauche dans la poche de son pantalon pour tâter sa carte porte-bonheur. Mais, bien vite, il l'abandonna. Il n'avait pas besoin de chance pour gagner, encore moins de la magie des arcanes. Il jouerait contre Véronica en tout honneur, sans aucune espèce de tricherie, si cela pouvait être considéré comme tel.

Les cartes furent distribuées et la partie commença. Le jeu d'Armando était bon, aussi sourit-il en découvrant ses cartes. Véronica entama alors la partie en lançant un nouveau sujet de conversation. Ce dernier terni un peu le regard de l'Agent.


- Je n'ai pas beaucoup de souvenir de l'Italie...fit-il dans un sombre murmure en tentant de se concentrer sur son jeu. Je n'y ai vécu que les six premières années de ma vie. J'ai habité longtemps en France.

Laissant volontairement mourir le sujet, Armando enchaina sur les cartes.

- Je ne suis pas certain de vous laisser gagner, miss...

Véronica fronçait les sourcils. Cela lui allait bien. Avec ses lunettes, elle paraissait aussi sévère qu'une maîtresse d'école. C'était un spectacle à la fois comique et beau. Armando la regardait souvent et lui souriait à chaque fois qu'il faisait un nouveau coup d'éclat.

- Non, je ne suis jamais allé en Écosse...Cela doit être magnifique. Je n'ai malheureusement pas le temps de voyager...Armando répondait galamment à l'Alchimiste tout en restant concentré sur son jeu. Oui, Londres est une ville sale...Vous n'imaginez pas à quel point...

L'Agent se faisait évasif et il laissait rapidement de côté tout ce qui le touchait directement: l'italie, les bas-fond de Londres...Il préférait s'assurer une victoire par les cartes plutôt que de plonger la conversation dans ses sombres réflexions.
Mais bien vite la belle lui opposa une résistance tout à fait honorable et le jeu en devint palpitant.
Finalement, ce fut Véronica qui remporta la victoire.

Armando resta coi. Agréablement surpris par le jeu de son adversaire, il abandonna ses cartes en riant:


- Ha! Vous me surprenez encore, miss!

Il se pencha en avant lui aussi pour se rapprocher de l'Alchimiste.

- Mais ce n'est que partie remise! Que diriez-vous d'une revanche? A moins que vous ne soyez trop ''fatiguée''.

Appuyant sur ce dernier terme, Armando signifiait bien qu'il pensait que la belle aurait peur de l'affronter dans une nouvelle partie. Ainsi, il mêlait l'amusement et la provocation, l'un n'allant pas sans l'autre dans pareille situation.

- Je ne m'avouerai vaincu qu'une fois que vous aurez remporté deux manches! Ce n'est-là qu'un coup de chance...

Il sourit à la jeune femme en se redressant sur son canapé d'un air suffisant. Il croisa les jambes et, coude planté dans l'accoudoir, il posa sa tête dans sa main. De l'autre, il tournait et retournait une carte comme pour l'observer.

- La chance..oui...la chance...Car vous n'êtes qu'une femme...n'est-ce pas?

Avec un grand sourire mesquin, Armando remis la carte sur la table basse. L'ironie dont il faisait preuve était inhabituel, mais ce soir il se sentait pousser des ailes.
Une bougie s'éteignit soudainement, ne laissant la pièce éclairée que d'une petite flamme. Armando leva un sourcil et se leva pour aller voir ce qu'il advenait de la mèche mourante. Cette dernière s'était simplement noyée dans sa cire.


- Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à être fatigués...fit-il en riant.

Délicatement, il entrepris de sortir la mèche de son bain rigide et de rallumer la bougie en utilisant celle qui était encore allumée. Passant près de Véronica pour ramener l'objet flamboyant, il fut perturbé par son regard et sa main trembla l'espace d'une seconde, ce qui eut pour effet de faire couler de la cire sur le dossier du canapé où reposait la belle.


- Ho! Je suis confus! Fit-il précipitamment. Que je suis maladroit! Une chance que cela ne vous soit pas tombé dessus! Je m'en serais voulu...

Il posa la bougie rallumée sur la table basse et revint derrière Véronica pour gratter un peu la cire qui s'était figé sur le velours. La tâche n'était apparemment pas aisée.

- Bon...je suppose que je verrai cela demain avec le personnel de l'hôtel...Je suis vraiment un idiot ce soir...

Armando n'avait jamais été si près de Véronica. Les épaules de la belle étaient sous lui et l'envie d'y poser les mains venait de lui traverser l'esprit. Ce dernier était un peu embrumé par l'alcool et l'Agent réprima un grognement de colère envers lui-même. Sans l'avoir laissé paraître une seule fois, l'Italien avait été perturbé par les signes amicaux de Véronica. Cette dernière lui avait posé deux fois la main sur le bras, si l'on excluait le parc. Cela dénotait chez elle une certaine envie tactile et cela ne lui avait pas échappé. Cependant, jusqu'alors concentré sur sa mission, l'Agent avait tout fait pour n'y prendre pas garde.
Cependant, dans cette obscurité tamisée, dans la mollesse des canapés et du vin, face à ce sourire, ces cheveux, ces lunettes...face à ce rire, ces mains, ces mimiques, il était désarmé.

Posant ses deux mains sur le dossiers de Véronica, il soupira:


- Je crois que je ferais mieux d'aller me coucher avant de faire d'autres bêtises...


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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeSam 5 Jan - 18:15

Pour une fois depuis longtemps, Véronica prenait du plaisir à parler avec quelqu'un. La plupart du temps, elle ne conversait que par pure politesse avec les personnes qui daignaient lui adresser la parole. Jamais elle n'avait la joie de pouvoir s'emporter sur les sujets qui lui tenaient à cœur, il fallait toujours faire attention à la bienséance et à la discrétion. La société anglaise était décidément bien complexe...

En regardant Armando, elle se demanda quels étaient les codes de conduite dans la bourgeoisie Italienne. Si elle se basait sur le peu qu'elle avait entendu, les habitants du pays en forme de botte se comportaient comme des artistes ''dévergondés'', aux mœurs légères. Mais dans quelle mesure ces clichés étaient-ils réels ? La peur du différent ainsi que les conflits de religion avaient très certainement déformé la réalité. A vrai dire, le bel enquêteur ne collait pas du tout à la description qu'on lui avait faite des Italiens. Il était si guindé, si poli et attentionné...

Elle sourit à la manière dont il avait réagi lorsqu'il avait appris que ses parents n'étaient plus de ce monde. Sa gêne lui mit un peu de baume au cœur, sans raison apparente. L'Alchimiste lui adressa un sourire discret et continua son repas pour le moins succulent.

Puis la conversation fut relancée et elle le complimenta sur son courage, sans omettre de lui faire remarquée qu'il s'était mis en danger inconsciemment. Cependant, le côté chevaleresque de ce geste inconsidéré la fit sourire à nouveau lorsqu'elle y repensa. A la lueur des bougies, habillé de manière un peu plus décontractée, il avait un charme nouveau, un peu plus viril et sauvage. Comment un homme comme lui pouvait-il vivre seul dans une chambre d'hôtel ? Elle était pourtant convaincue que cet homme avait un succès certain auprès de la gent féminine.
Lors d'un moment de calme, Véronica se demanda si elle pouvait éventuellement lui plaire. Après tout, il s'était montré très galant avec elle... D'un léger hochement de tête, elle chassa cette idée. Bien sûr que non. Elle n'était pas le genre de femme qui attirait les hommes, ça avait toujours été ainsi. L'Alchimiste savait très bien que, si elle n'était pas laide, elle n'en était pas jolie pour autant. De plus, c'était une orpheline, fortunée peut-être, mais sans titre ni renommée particulière. De plus, c'était une étrangère aux manières et aux passions bien trop peu communes pour faire d'elle une bonne épouse. A vrai dire, Véronica s'était depuis longtemps faite à l'idée qu'elle vivrait et mourrait en vieille fille. Un mari l'aurait sans doute entravé dans ses recherches... Et puis elle aurait probablement dû lui cacher son emploi d'Alchimiste, ce qui aurait été impossible en réfléchissant bien.

Au fond, il valait peut-être mieux qu'elle reste seule. Au moins, elle était libre.


- Allons ! De toute façon, ce qui est fait est fait. Cependant, en toute honnêteté, je me dois de vous confier que je suis heureuse qu'il ne vous soit rien arrivé.

Elle lui sourit à nouveau et le repas se termina dans la bonne humeur. Ils s'assirent ensuite sur un sofa confortable pour discuter un peu. Véronica ne voulait pas se coucher tout de suite, elle s'amusait follement en compagnie d'Armando.

Ils commencèrent à débattre sur la condition de la femme en Angleterre et la jeune Alchimiste fut surprise de constater que l'enquêteur les respectait et leur accordait une importance toute particulière. C'était la première fois qu'elle entendait un homme qui était pour le travail des femmes et qui plus est, dans la police. Ces remarques lui firent plaisir. Finalement, les hommes n'étaient peut-être pas aussi étroits d'esprit que ce qu'elle pensait. Elle en parut si étonnée qu'Armando lui sourit et lui confia que beaucoup d'hommes le pensaient bien qu'ils ne voulaient pas l'admettre.

Elle nota également qu'il ne savait pas se débrouiller avec les femmes. Un fait bien étrange pour un homme comme lui. Il avait tout du séducteur pourtant... Intriguée par cette situation qu'elle n'imaginait pas, elle faillit lui poser des questions mais se retint. Ce n'était pas un sujet convenable et elle risquait de gêner l'homme plus qu'autre chose. Elle embraya alors sur ses projets, confiant à l'agent qu'elle aurait aimé aller en Egypte explorer les Pyramides. L'homme laissa alors échapper une remarque qui la fit rosir. Elle l'épatait. Ne trouvant rien à dire en réponse à cela, elle baissa les yeux pour masquer son trouble et le laissa continuer. Il lui parla des hommes et de la société qui rendaient les femmes soumises et bornées. Il utilisa l'exemple de la demoiselle avec laquelle il était venu lui tenir compagnie un moment lors de la soirée.

En y réfléchissant, cette femme qui lui avait inspiré de l'envie pour son joli visage et sa façon de se tenir lui inspirait désormais de la pitié. Il avait raison, elle devait bien souffrir, engoncée dans ses robes, condamnée à épouser un homme pour lequel elle n'avait aucun sentiment... Quelle cruauté!En soupirant, elle fixa la bougie la plus proche.


- Les règles, toujours les règles... Je sais bien que certaines sont indispensables à la vie en communauté, c'est bien pour cela que la Loi existe. Mais tous ces interdits et ces préjugés, à quoi servent-ils ? A quoi bon empêcher les femmes de travailler, d'étudier les sciences, de s'élever intellectuellement ? Je n'ai pas à me plaindre, bien sûr. Selon bon nombre de femmes, j'ai la réputation d'une bourgeoise dévoyée parce que je ne suis pas obligée de me marier à quelqu'un que je n'aime pas...

Véronica but une gorgée de vin et parut pensive. Lorsqu'elle reposa sa coupe, elle lâcha un rire léger et reprit:

- Et pourtant, si vous saviez combien de ces épouses modèles cocufient leurs maris ! Oh, mais je ne devrais pas parler de cette façon, ce n'est vraiment pas charitable... Excusez-moi.

Elle reporta son regard sur la table avant d'embrayer sur le vin, qui avait l'air de faire de l'effet à l'agent. A vrai dire, elle se sentait également un peu pompette mais dans une moindre mesure. Il fallait dire aussi qu'elle avait bu beaucoup moins.

Ils commencèrent une partie de cartes suite à une provocation de la part de l'agent. Véronica ne l'avait pas mal prit mais son esprit de compétition avait été piqué au vif. Elle proposa un bridge et sa décision fut approuvée par Armando.
Au début de la partie, son jeu n'était pas fameux et elle devina au sourire de l'agent que ce dernier avait l'avantage sur elle.

Pour meubler le silence, Véronica questionna l'enquêteur sur son pays natal et le regretta presque immédiatement lorsqu'elle vit son sourire se faner. Il devait s'être passé quelque chose d'horrible là-bas pour qu'il décide d'aller vivre en France... Elle faillit le questionner au sujet de ce pays mais préféra finalement se taire. Il n'avait visiblement pas envie d'en parler.

Après un regard sur son jeu, il lui confia qu'il n'était pas sûr de la laisser gagner. Avec un sourire elle lui répondit:


- Ah mais j'y compte bien ! Ma victoire n'en sera que plus glorieuse...

Elle continua en parlant de l'Ecosse, de Londres et de sa pollution. Il semblait aller dans son sens et Véronica pensa qu'il savait mieux que personne à quel point l'air et les habitants de la capitale étaient viciés.
Il resta à nouveau évasif. Véronica se demandait pourquoi cet homme parlait si peu de lui. Il devait avoir un passé des plus sombres...
Finalement, elle arracha la victoire à Armando qui laissa ses cartes en riant. Ce regain de joie la fit sourire et elle s'offrit le luxe d'une petite provocation à laquelle il répondit, lui proposant une revanche.

Jamais ils n'avaient été aussi près l'un de l'autre. Elle lui adressa un sourire et répondit, taquine:


- Oh mais je suis tout à fait en forme pour une revanche ! C'est plutôt pour vous que je m'inquiète... Arriverez-vous à tenir une seconde manche?

Véronica avait décidé de ne pas se laisser faire tout en entrant dans le jeu de son adversaire. Celui-ci clama qu'il ne s'avouerait vaincu que si elle réitérait son exploit. Sa victoire n'était pour lui qu'un coup de chance...

- La chance ? En êtes-vous si sûr ?

Armando jouait avec une carte et lui lança une remarque avec un sourire qu'elle trouva mesquin. Elle n'était qu'une femme...
La jeune femme fronça les sourcils mais ne dit rien. Sans qu'elle arrive à se l'expliquer, cette remarque l'avait presque blessée, contrairement aux autres piques. Mais elle fit le poing dans sa poche. L'agent n'avait pas voulu la vexer et il était certainement fatigué... Et le vin n'avait rien arrangé par dessus le marché.

Soudain, l'obscurité se fit plus intense dans la pièce. Une des bougies s'était éteinte. Armando, en plaisantant, essaya de rallumer la bougie jusqu'à-ce qu'une goutte de cire ne tombe sur son siège. Confus, il s'excusa et reposa la bougie. Véronica le rassura et tourna son regard vers la tâche que l'homme essayait de gratter. Visiblement, elle ne voulait pas partir. En se blâmant, il abandonna et posa ses mains sur le dossier de son siège. Il était temps de dormir pour lui, visiblement...


- Oui, je pense que nous avons assez joué ce soir...

Véronica se leva et lissa la jupe de sa robe, prête à s'éclipser pour laisser l'enquêteur dormir. Cependant, alors qu'elle contournait le canapé pour rejoindre la porte de sa chambre, ses pieds se prirent dans un tapis qu'elle n'avait pas vu. La jeune femme tomba en avant en poussant une exclamation de surprise et se raccrocha instinctivement à Armando pour éviter de chuter.

Lorsqu'elle se fut stabilisée, elle constata qu'elle était près de l'agent, beaucoup trop près... Son cœur rata un battement et ses joues se teintèrent de rose. La situation était gênante mais pas désagréable et c'était justement de le réaliser qui la gênait encore plus. Son regard croisa celui de l'Italien, si sombre et profond... Elle ne savait plus où se mettre. Il fallait qu'elle fasse quelque chose, elle n'allait pas rester plantée là comme une poutre ! Et cet homme, si près... C'était une tentation à laquelle elle ne pouvait guère dire non...

Mais finalement, après un moment, la jeune femme se recula en s'excusant, rouge jusqu'aux oreilles.


- Je... Euh... Je suis désolée ! J-Je vais aller me coucher moi aussi. Hem... Bonne nuit, Mr della Serata.

Elle s'éloigna, plus ou moins à regret, et disparut dans sa chambre. Lorsqu'elle croisa son reflet devant le miroir, elle vit que son trouble était encore bien visible...
Honteuse, l'Alchimiste baissa la tête et sortit une chemise de nuit en coton de sa valise. Elle la posa sur le lit et se déshabilla, posant la robe soigneusement pliée sur une chaise. Elle la remettrait sans doute demain...
D'une main mal assurée, elle retira ses lunettes qu'elle posa sur la commode et détacha ses cheveux. Les épingles de son chignon rejoignirent ses verres lorsqu'elle se brossa méticuleusement les cheveux. Une fois qu'elle fut prête pour la nuit, la jeune femme se glissa sous les draps et se cala contre les coussins.

Elle n'eut pas trop de mal à trouver le sommeil, heureusement pour elle. Une heure plus tard, elle dormait paisiblement, emmitouflée sous les édredons. Elle ne se réveilla pas mais ne rêva pas non plus...

Véronica se réveilla autour de sept heures du matin à cause de la lumière du jour qui traversait les carreaux de la grande fenêtre. Elle avait oublié de tirer les rideaux hier soir...
En grommelant, elle se réveilla et posa ses pieds nus sur le tapis. Il faisait froid malgré tout. En frissonnant, elle avisa une robe de chambre aux couleurs de l'hôtel qu'elle s'empressa d'enfiler. Elle était un peu grande mais au moins, elle tenait chaud.

Dans un coin, une vasque avait été remplie d'eau encore tiède. Les domestiques étaient vraiment des as de la discrétion ! En souriant, la jeune femme prit une toilette rapide et ré-enfila la robe bleue de la veille.

Enfin, elle attacha ses cheveux en chignon strict et serré tout en sachant pertinemment que des mèches allaient s'échapper de la coiffure dans moins d'un quart d'heure. Ses cheveux glissaient trop et elle ne parvenait jamais à se coiffer convenablement sans l'aide de sa gouvernante. Véronica n'avait jamais compris comment elle réussissait à dompter ses cheveux et ne le comprendrait sans doute jamais...

Après avoir enfilé ses bottines, elle remit ses lunettes sur son lit et s'assit sur le bord du matelas, le dossier de l'enquête entre les mains. Elle l'avait laissé dans sa chambre avant de dîner hier soir...
A nouveau, elle le ré-éplucha à la recherche de détails qu'elle n'avait pas noté précédemment. Que pouvait-elle bien faire ? Dans un premier temps, elle décida de récapituler ce qu'elle savait sur une feuille de papier. Elle s'empara d'un bloc notes qui traînait là. Il y avait également une plume et un encrier. Minutieusement, elle traça un tableau afin de voir plus clair dans ses raisonnements.

Cela n'eut pour effet que d'évacuer son stress. Ils ne pouvaient rien faire de plus tant qu'ils n'auraient pas accès aux archives personnelles du colonel Felton. Véronica était persuadée que la clé du mystère résidait en Inde. Pourtant, aucun des alchimistes qu'elle suspectait n'avait mis les pieds dans ce pays...

Il fallait qu'elle trouve un moyen de faire le lien entre toutes ces morts mystérieuses, mais comment ?
Alors qu'elle tournait et retournait les pages, elle nota une adresse griffonnée ainsi que quelques notes derrière le dossier qui concernait le Russe. Elle indiquait le 14, Miller's Court, dans l'East End. C'était là que logeait Nikola avant qu'il ne se fasse assassiner. La tenancière des lieux semblait s'appeler Elena Stenforth et avait 30 ans au moment des faits. Elle devait probablement être encore en vie... Il fallait commencer à chercher par là.

Timidement, Véronica alla ouvrir la porte de sa chambre pour voir si Armando était levé. Ils avaient une piste, pas le temps de chômer ! Toute trace de fatigue avait déserté le visage de la jeune femme qui était à nouveau prête à partir à l'aventure.


Spoiler:


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Dernière édition par Veronica Newburry le Jeu 9 Mai - 9:04, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] A la lueur d'une bougie [Armando, Véronica] [10 et 11 /03/42] Icon_minitimeVen 11 Jan - 21:16

Après le crime du Queen's Head, les menaces à l'Alchimist Room et le coup de feu au Paolo's Park, Véronica et Armando avaient fuit jusqu'à la suite que louait l'Agent à l'Albany. C'était la première fois que l'Italien ramenait quelqu'un chez lui. Même ses collègues ne savaient pas où il logeait et ils devaient passer par la Sommerset House pour le contacter. Heureusement, en agent responsable qu'il était, Armando n'attendait jamais d'être mis en relation écrite avec les autres membres du Scotland Yard: il était toujours aux bureaux le premiers et on le retrouvait souvent sur le lieu du crime avant même que l'on ne songe à l'appeler. C'était un agent on ne pouvait plus efficace. Très pragmatique, très droit et terriblement diligent.

Mais ce soir, Armando faisait étrangement preuve de négligence. En effet, depuis qu'il était rentré en compagnie de Véronica, jeune et belle Alchimiste d'État, il se sentait maladroit et presque ridicule. Chacun de ses gestes avait perdu de leur précision et sa raideur habituelle avait laissé place à un paradoxe de détente et de tension. Lorsque les deux jeunes gens s'étaient lavés tour à tour, l'Italien n'avait fait que remarquer l'élégance de la jeune femme, en bon gentleman qu'il était. Lorsqu'ils avaient continué l'enquête en farfouillant archives et dossiers, il n'avait pris garde qu'à ses petites lunettes qui lui donnaient un air grave et intellectuel. Et lorsqu'ils s'étaient mis à discuter de choses et d'autres autour de leur dîner, il n'avait fait attention qu'à ses belles manières, son ton enjoué et ses sourires.
Mais, depuis qu'ils avaient abandonné l'enquête pour jouer aux cartes, les choses avaient changé. Armando s'était un peu détendu et, le vin aidant, il s'était pris à jouer au jeu du chat et de la souris avec Véronica. Cette dernière, toujours aussi enjouée, l'avait accompagné avec plaisir dans sa démarche involontairement provocante. Jamais encore l'Italien n'avait osé ce genre de propos, surtout avec une femme, et cette partie de carte avait étrangement débuté comme un défi. L'Agent se mis alors à jouer avec les mots, à oser des regards en coin pour motiver la jeune femme à conserver un esprit quelque peu belliqueux qui ajoutait du piquant à la partie. Armando mena la première partie du jeu puis il fut heureux de constater que la jeune femme ne manquait pas ressource. Ainsi, tout en lui assurant qu'elle ne gagnerait pas, l'Italien fut peu à peu convaincu du contraire. Lentement, les cartes se jouèrent, la donne changea, et ce fut Véronica qui gagna.
Tout sourire, Armando la complimenta donc mais il ne pu s'empêcher de lui chercher à nouveau querelle en la persuadant qu'elle avait eu de la chance. Il souhaitait sa revanche...

Cependant, tout comme il avait été obligé d'abandonner son verre de vin sur la table basse pour éviter que l'alcool ne vienne altérer encore son esprit, il fut obligé de se lever pour tenter de rallumer une bougie qui s'était essoufflée. Il sentit alors qu'il avait décidément trop bu. Sa démarche, pourtant encore preste et solide, fut modifiée le temps d'une fraction de secondes, ce qui lui donna un geste malheureux: la cire de sa bougie coula sur le dossier du sofa où Véronica était assise. Heureusement, la jeune femme ne fut pas touchée par le liquide brûlant. Cet incident aurait pu avoir de plus graves conséquences.
Confus, Armando avait tenté de gratter la cire mais elle s'était déjà imprégnée dans le velours et il semblait impossible de l'en décoller sans la faire fondre un peu. Abandonnant donc sa tâche, l'Agent resta quelques secondes appuyé sur son dossier de la belle. Son regard était alors tombé sur ses magnifiques épaules et son esprit embrouillé lui avait donné une envie imprévue.
Perturbé outre mesure, l'Agent préféra alors écourter la soirée. Il sentait qu'il n'était absolument pas dans son état normal et il craignait de faire de nouvelles erreurs qui puissent outrer l'Alchimiste. L'heure était tardive, ils avaient encore du travail et il était vain de continuer à jouer si cela devait le conduire à des imbécillités.

Lorsqu'il signifia qu'il allait se coucher, la belle fut aimable. Elle se leva en lissant sa robe, prête à aller dormir. Armando se redressa un peu et lui sourit d'un air gêné.


- Je suis désolé. J'aurai ma revanche une autre fois. Cette enquête et...ce vin, ajouta-t-il en désignant son verre d'une coup de tête, m'ont fatigué. Il ne serait pas équitable que l'on continue ce jeu.

Son regard se fit plus intense.

- Je préfère être certain de vous battre...

Il sourit et s'écarta un peu du sofa tandis que Véronica en entamait le tour. C'était une jeune femme aimable et compréhensive. Son visage radieux donnait un peu de baume au coeur de l'Agent. Elle ne lui en voulait pas, c'était évident. Au fond de lui, l'Italien ne pu s'empêcher de songer à de futures parties de cartes animées et même houleuses. Il adorait tous les jeux que ces dernières permettaient et, expert en la matière, il espérait que sa revanche aurait le même goût de défi que ce soir.

Alors qu'il songeait à tout cela d'un air presque absent, Véronica se pris soudainement les pieds dans le tapis. Elle poussa un cri de surprise qui réveilla l'Agent en sursaut. D'un geste rapide, il tendit les bras pour recevoir la jeune femme contre son torse et lui éviter ainsi la chute. Heureusement, l'Alchimiste avait eu le réflexe de s'accrocher à lui et Armando avait été prompt à la réaction.
Il y eut alors un instant de silence. Figés l'un contre l'autre, la belle et l'Italien restèrent muets dans leur surprise. Cette soudaine proximité les avait tout deux déstabilisé. Mais bientôt, le choc laissa la place à la gêne et Véronica s'éloigna avec maladresse. Armando la fixait de son regard profond. Il la dominait de toute sa hauteur. Dans cette ambiance tamisée, avec ce rapprochement imprévu, l'homme fut on ne pouvait plus frappé par la beauté de la jeune femme. Son coeur s'était mis à battre la chamade et, raidit par le choc, il n'osait plus bouger.
La rougeur qui teintait le visage de Véronica sembla déteindre sur le sien, si pâle d'habitude. Il ne savait plus quoi faire.
En temps normal, Armando était non seulement prompt à la réaction mais également impossible à déstabiliser. Que ce soit face à un collègue imbécile, un cadavre en putréfaction ou la colère d'une mégère qui crachait sur le Scotland Yard, Armando avait toujours fait preuve de patience, de courage et de tact. Mais ce soir, que ce soit le vin ou sa faiblesse inattendu pour cette jeune femme qui venaient le perturber dans son habituelle solitude, il semblait incapable de quoi que ce soit.
Heureusement, Véronica s'excusa bien vite et pris congé d'un air timide.

Armando resta seul dans le salon. Il n'avait pas pu prononcer un seul mot.
Lorsqu'il se rendit compte qu'il était resté planté-là, au milieu de la pièce, comme un véritable réverbère, il secoua la tête et se passa une main sur le visage.


- Mais qu'est-ce que tu fabriques...Armando...? se murmura-t-il à lui-même.

Il poussa un profond soupir et se baissa pour remettre le coin de tapis qui s'était soulevé lors de la chute de l'Alchimiste. Cette dernière ne l'avait pas remarqué tant la situation était devenue gênante. Mais ce n'était pas un soucis. Une fois que l'Agent eut remis en ordre le dit-tapis, il s'écroula sur le sofa que la jeune femme avait occupé quelques minutes auparavant. Il soupira à nouveau, s'abandonnant entièrement à la mollesse des coussins de velours rouge. La place était encore chaude de la présence de Véronica. Lentement, l'homme s'attacha à cette sensation. C'était plaisant.

Les pensées d'Armando étaient embrouillées. Cette enquête commençait d'une bien étrange manière ! Elle était dangereuse, imprécise, tumultueuse, déjà, et elle mêlait maintenant sentiments personnels et pragmatisme. Ce n'était pas raisonnable. C'était un professionnel, il fallait absolument qu'il se ressaisisse !
Les yeux noirs de l'Italien tombèrent sur son verre à moitié plein. Il trônait sur la table basse comme une relique d'un temps oublié. Armando lui jeta un regard plein de dédain et sourit bientôt d'un air mesquin.


- Mmf ! Pouffa-t-il avant de tendre sa main vers l'objet et d'en regarder le contenu. Toi au moins...tu sais ce que tu veux...

Puis l'Agent vida son verre d'une traite avant de le reposer sur la table et de se lever. Il attrapa la dernière bougie qui restait allumée dans la pièce et s'en fut jusqu'à la table où figuraient encore tous les papiers de leur enquête. Il s'assied et commença à trier ses informations. Au bout d'une heure laborieuse, Armando piquait clairement du nez. C'était inutile de continuer dans cet état. Mais, même s'il n'avait pas fait avancer l'enquête et que rien ne lui avait sauté aux yeux en cette heure, il lui semblait qu'il saisissait un peu mieux la situation qu'avant.
Laissant de côté l'affaire, il repris la bougie qui était presque éteinte et regagna enfin sa chambre. Une fois dans cette dernière, la lumière tremblotante de sa bougie fit danser les ombres de ses livres sur son bureau et celle de ses tableaux se déformèrent sur le mur au-dessus de son lit. L'Italien ferma sa porte, sans la verrouiller (il n'en avait pas l'habitude), puis il posa la bougie sur sa commode avant de se dévêtir. Il ne garda qu'une culotte de lin, assez grossière, souffla la bougie et se coucha.

Armando avait laissé ses quatre carte des arcanes sous son oreiller, comme toujours, et il sombra rapidement dans un sommeil noir. L'Agent ne fit aucun rêve, du moins ne s'en souvint-il pas lorsqu'il s'éveilla vers 7h. Le soleil ne perçait pas encore les rideaux : il était trop tôt. Mais une pâle lueur venait adoucir l'obscurité des lieux. Lentement, l'Italien se redressa en grognant. Il s'étira et soupira soudain d'un air las en se tenant le front d'une main. Il avait un fond de mal de tête peu commun chez lui. C'était le vin qui avait fait effet et qui lui avait laissé une légère impression de lourdeur.


- Quel imbécile...murmura-t-il à mi-voix avant de se lever complètement.

Il alluma une lampe à huile de taille moyenne et ouvrit son placard. Il saisit des sous-vêtements de rechange, se tourna vers sa commode et tiqua : il avait laissé sa veste et sa cravate dans la salle d'eau. Silencieusement, il ouvrit sa porte et constata qu'il n'y avait personne dans le salon : Véronica devait dormir ou s'habiller. Peut-être même qu'elle était dans la salle d'eau ? L'Agent hésita un peu mais il se rendit bientôt dans la salle pour récupérer ses affaires : fort heureusement la jeune femme n'y était pas. Le jeune homme en profita pour y faire sa toilette. Propre, parfumé et rasé de prêt, il regagna sa chambre avec sa veste et sa cravate sous le bras.

Une fois qu'il eut correctement boutonné sa chemise, Armando se posta devant un grand miroir et entreprit de nouer sa cravate. C'est à ce moment-là que sa porte s'entrouvrit dans un léger grincement. Tournant la tête vers Véronica qui s'avançait timidement, l'Agent lui sourit :


- Bonjour miss Newburry. Je vous en prie entrez.

Sans la regarder d'avantage, Armando s'occupa à finir le nœud qu'il était en train de faire avant de venir vers elle. Au passage, il saisit sa veste pour l'enfiler prestement.

- Vous avez bien dormi ? Demanda-t-il en arrivant à hauteur de Véronica.

L'Italien se baissa pour faire un baise-main à l'Alchimiste et lui sourit d'un ai bancal.


- Veuillez excuser mon attitude d'hier...fit-il en se redressant. Ce n'est pas dans mes habitudes...

L'Agent fixa les yeux étincelants de Véronica. Il avait l'air plus énervé contre-lui que gêné par la situation.

- Je me suis conduit comme un rustre et je m'en excuse platement. Devant le regard de la belle, il fit non de la tête. Ne me cherchez pas d'excuse : que ce soit le vin, l'enquête ou la fatigue, rien ne justifiera le comportement que j'ai eu. C'était d'une puérilité sans nom.

Armando semblait déterminé à ne pas recommencer une telle soirée. Les cartes, le vin, la bougie...Tout cela avait pris une tournure à la fois trop mondaine et trop frivole pour un tel agent. Bien entendu, l'Italien était un grand joueur de cartes et nul ne pouvait le blâmer pour cela, mais ce qu'il se reprochait n'était pas l'envie de jouer, non, c'était sa manière d'avoir lancé le jeu, son air de défi et les quelques paroles déplacées qu'il avait eues. Il y avait songé ce matin, pendant qu'il se levait et s'habillait...Non, décidément il était allé trop loin et il le regrettait amèrement. Il ne voulait surtout pas que l'Alchimiste le prenne pour ce qu'il n'était pas. La rigueur était son credo, il ne fallait pas qu'il l'oublie.

- Vous avez pris un lunch?

Les deux enquêteurs petit-déjeunèrent ensemble. Armando, plus silencieux que la veille, décida malgré tout de relancer leur affaire. Il expliqua à la jeune femme qu'il avait revu en détail la liste des victimes, celle des suspects et celle des membres qui pouvaient les lier. Il avait établi une frise chronologique qui reprenait dans l'ordre tous les faits qu'ils avaient à leur connaissance ainsi que les différents lieux où s'étaient déroulées les actions.
Véronica, de son côté, avait trouvé l'ancien lieu de résidence du Russe. Armando s'intéressa fortement à ce nouvel indice.


- Mm...fit-il en réfléchissant. En nous rendant sur place nous aurions peut-être de plus amples informations, certes, mais c'est l'endroit le plus mal famé que je connaisse à Londres...L'idée de m'y promener, avec vous, ne me plaît pas du tout.

Cependant, il fut bientôt décidé que le couple se rendrait sur place. C'était la meilleur piste qu'ils avaient jusqu'à présent et il ne fallait absolument pas l'écarter.

- Très bien, finit par dire Armando d'un air décidé, nous irons cet après-midi. Cela nous laisse quelques heures pour nous changer...

Son regard s'attarda sur le col de Véronica, mais il en dévia rapidement par pudeur et respect. Sa tenue lui allait comme un gant, mais il fallait qu'ils restent discrets au possible dans pareil endroit, même en plein jour.

- Pour bien faire, continua-t-il, il faudrait que nous nous vêtissions comme des ouvriers...Ainsi nous n'attirerons pas l'attention. Je n'ai pas pour habitude de me déguiser, mais je dois avouer que cette expédition ne me dit rien qui vaille...Et puis...j'aimerai éviter qu'un incident comme celui d'hier puisse se reproduire...N'oublions pas les menaces !

En effet, le coup de feu de la veille résonnait encore à leurs oreilles. Véronica n'était pas en sécurité dehors et s'ils s'aventuraient dans les rues les plus sordides de la capitale, comment Armando allait-il pouvoir veiller sur sa vie ? Une balle perdue trouvait vite le moyen de vous expédier dans l'au-delà...Ce quartier, l'East End, était le plus désagréable et le plus dangereux de la vielle. Il y régnait un désordre horrible, les odeurs y étaient infectes, les meurtres aussi courants que les rats et Armando savait pertinemment que de nombreux criminels s'y réfugiaient souvent.

Mais il fallait que leur enquête avance. Plus vite elle serait résolue, plus vite Véronica serait tranquille. Ce maniaque ne devait plus courir longtemps. Sa réputation et leur vie étaient en jeu. Aramando sentait son sens de la justice se teinter un peu de compassion supplémentaire et donc de conviction.

Il était 9h30 lorsqu'ils s'étaient salué ce matin et il fut décidé qu'ils partiraient à 13h avec un fiacre qu'Armando ferait venir via l'accueil de l’hôtel. Le cocher serait payé pour la journée.

Ils eurent ainsi le temps de choisir leurs vêtements, de préparer leurs affaires et de déjeuner avant de partir. Armando se présenta à Véronica vêtu d'un pantalon de toile blanche et d'une chemise brune par-dessus laquelle il avait jeté une veste déteinte, entre le gris et le brun. Sur sa tête, il avait installé un béret de travers. Ses bottes étaient brunes, vieilles et leur cuir avait fripé par endroits. Complètement gêné par cette tenue, l'Agent rougit lorsqu'il se retrouva face à l'Alchimiste.


- Hem...Je n'ai pas l'habitude...J'ai l'air ridicule, je vous l'accorde...

Il s'observa dans le miroir de l'entrée, soupira, grommela un "Mon Dieu..." et invita Véronica à sortir. Par-dessus son déguisement, il jeta son grand manteau noir afin de le dissimuler. Il faillit oublier son béret et sursauta en s'en rendant compte sur le palier de sa suite. Cachant ce dernier dans une de ses poches, il tendit le bras à Véronica et descendit les marches.

L'East End les attendait, de nouvelles aventures aussi.


[HRP/Fin du rp, rendez-vous dans l'East End, je te laisse y relancer l'intrigue ! ^^ Post "Au coeur de la misère se cache la vérité"/HRP]


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