L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
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Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
 
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L'Hallali [Lune Gibbeuse.]

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MessageSujet: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeDim 8 Mai - 13:18

Les renforts de fer qui raclent sur le pavé, claquements sonores de sabots en pleine course. Le fiacre dévalait les rues désertes de Londres à grande vitesse en ce début de journée, tintamarre désagréable couvrant les pensées de son passager. L'homme tressautait à chaque écueil, rebondissant mollement sur la banquette de velours rouge, petit pingouin grassouillet couvant ses deux œufs dans le confort du douillet nid que formait l'habitacle. Ses yeux, perles fades disgracieusement plantées au dessus de joues pendantes, tentaient désespérément de percer le brouillard matinal, tandis qu'il maintenait sous la proéminence d'un nez gargantuesque et grotesque un fin mouchoir de soie. Il faut avouer, à sa décharge, que l'individu était bien plus habitué aux salons d'ambassades qu'aux miasmes putrides et odeurs de poissons crevés s'échappant de la Tamise pour envahir ce sordide quartier. Mais voilà, lui, Lester Bushnell, diplomate de son état, s'était fait tirer d'un lit à la compagnie inavouable afin d'accélérer un processus commercial. Tripotant ses lèvres flasques avec un coin du tissu, il tentait de se remémorer le peu d'informations qui avait percé les restes de son sommeil.

L' « Hallali », navire en mission diplomatique battant pavillon russe était rentré dans le port il y a 12 jours environ, venant s'amarrer sur les quais les plus éloignés de la ville malgré des passes-droits et un tonnage important, battant le pavillon noir et jaune de la quarantaine. Les rapports des Boss-mans arpentant cette partie du port faisant état de hurlements de terreur entendus durant les trois derniers jours au sein du navire, la couronne demandait maintenant qu'il monte à bord, en tant que consultant rattaché à l'ambassade, afin de prendre acte de la situation et ce à cinq heure du matin... Mais la couronne est la couronne et, malgré le manque de sommeil, un ventre vide et un bas ventre plein, lui désobéir était impensable...

Le fiacre s'arrêta brusquement, hennissements de satisfaction venant ponctuer les lourdes inspirations des animaux de bats tandis qu'il poussait la porte pour descendre les trois paliers du marchepied. Grincement de joie des suspensions allégeant leur charge, assise du véhicule qui remonte sensiblement, il met pied à terre et, figé sur place, regarda stupéfait le brick lui faisant face. Cauchemar Achabien, voilà comment on le qualifierait deux décennies plus tard :  « On le voyait paré comme un barbaresque empereur d'Éthiopie, tout chargé de colliers, de bijoux et d'ornement d'ivoire poli. Il n'était que trophées : un navire cannibale revêtu somptueusement des dépouilles conquises et des prélevés sur l'ennemi tombé. Sur tout le tour, avec sa rambarde à claire-voie, sans panneaux, la lisse et le plat-bord formaient comme une seule immense mâchoire sertie des longues dents aiguës de cachalot, plantées là comme autant de crocs sur lesquels se bandaient les tendons et les nerfs de chanvre du navire. Ses manœuvres ne venaient pas courir dans des poulies de bois, mais bien entre des joues profondes, sur des réas sculptés en ivoire de mer. Et pour commander son gouvernail auguste, une roue à poignées étant par trop indigne, c'était une barre franche qu'il possédait : une barre taillée dans une seule masse, une barre extraordinaire, tirée de la longue et étroite mâchoire inférieure de son plus mortel ennemi. Le timonier tenant en main une pareille barre dans la tempête, c'était le Tartare refrénant sa fougueuse monture en lui tirant le mors ! Noble navire, en vérité, tout empreint de grandeur ! Mais avec un je-ne-sais-quoi aussi d'un peu mélancolique. Toutes les choses nobles sont ainsi. »



Tupikogi crachait dans l'eau, (parce que cracher dans l'eau c'est rigolo !) appuyé sur le bastingage, fixant avec plaisir les ondulations de l'onde, heureuse et simpliste vision le rendant on ne peut plus euphorique. Le truchement Caraïbe ne se lassait pas des allers-venues des remorqueurs vrombissant sur le fleuve, drôles de choses crachant elles aussi leur épaisse fumée comme des cigares de pétuns. L’Europe ! Notion encore vague à son esprit il y a peu, mélange entre mythe et réalité évoqué par quelques chercheurs d Arabotan.
Quel effet ne lui avait pas fait ce Teniente espagnol la première fois qu'il le vit avec son couvre chef emplumé et ses cheveux poudrés, tel Fernando Cortés pour les Mayas ! Ce fut pour lui la révélation d'Icheiri. Il ne pouvait pour son avenir que tenter de ressembler à cet auguste personnage. Et il était là aujourd'hui, équivalence du paradis pour son imaginaire. Les franges de la vieille veste à galons qu'il portait, volant sous la brise, laissaient visible un corps jaune sombre, tirant sur le violet et parsemé de scarifications. Il souriait, laissant pleinement visibles ses dents taillées en pointe et l'os perçant son nez. Autour de sa taille les restes d'un pantalon, qui dû appartenir à un marin bien plus corpulent, laissaient apparaitre des jambes estampillées des mêmes scarifications que sa face, comme si de grosses grenouilles sombres étaient en train d'escalader les troncs de deux jeunes palmiers. Réducteur de tête, qui sait ? Peut être même de la tête de ses propres frères ! Le sommet de son crâne était enfoncé dans un chapeau couturé de chanvre, le tout encadrant une longue chevelure blonde et filasse jurant au possible avec des yeux d'un noir profond. Mais Tupikogi savait des choses et c'est bien pour ça que le « Kapitène » était venu le chercher au plus profond de sa jungle, et quel capitaine mes aïeux ! Il avait vécu parmi eux le capitaine, comprenant du plus profond de son être les coutumes de son peuple... Ainsi pensait-il quand...


- Eh oh ! Du navire...

Pivotant sur lui même, il se rendit au plat-bord donnant sur le quai, laissant glisser ses pieds nus sur les planches vernies pour apercevoir un être bouffit au point de pouvoir nourrir sa famille pendant une quinzaine. Souriant de plus belle en s'appuyant sur la rambarde, il fixa l'individu en silence, détaillant émerveillé son accoutrement, le fiacre et le cocher.

-Toi là, vas annoncer à ton maitre que Lester Bushnell, envoyé de l'ambassade de Russie et de la couronne anglaise désire monter à bord pour s'enquérir de la situation et de la raison de votre quarantaine.

L'indigène mit un temps à répondre, trop émerveillé pour faciliter la compréhension. C'est d'un anglais hésitant et zozotant coupé de longues pauses qu'il rétorqua :

-Vou monté par échel pour voir Kapitène, lui domir maintenant...


Admirant la gaucherie manifeste de l'homme s'emmêlant les pieds dans les cordages souples permettant l'accès au plat bord, il ne put s'empêcher de rire. C'est donc un invité suffoquant et dégoulinant qu'il accueillit. Sur le moment un souvenir lointain lui traversa l'esprit, son modèle à plumes se penchant en avant, chapeau en main, pour saluer une illustre personnalité. C'est donc plein d'entrain qu'il fit de même, laissant apparaître un petit chignon de cheveux noirs nichés au sommet d'un crâne lisse rasé de prêt. Pas un seul poil blond ne poussait sur cette trogne là, au contraire de quelque aventurier mort et trépané depuis longtemps dont le scalp avait été cousu au fond du couvre-chef comme une sorte de parure.

-Messië suivre Tupikogi dans navire, moi amener au kapitène.

Et sans plus de fioriture, saisit le bras du gentilhomme déjà outré pour le conduire à l'entrepont, le noyant au passage sous un incessant babillage difficilement compréhensible et sans grand intérêt.

Lester Bushnell, bafoué et déshonoré haletait comme un phoque, sentant s'engluantirent les plis de sa graisse tandis qu'il se laissait mener par « ce sauvage ». Autour de lui se dévoilait un équipage disparate, mélange d'ethnies aussi diverses que rares au parures plus sauvages les unes que les autres. Tupinanbas, Taïnos, Fidjiens, Indiens et plusieurs autres ethnies d'Afrique centrale... Toute la lie d'une époque civilisée baignant dans l'odeur d'une eau devenue rousse et emplie de vers gros comme la plus grosse paille vers la racine du blé, tellement puante qu'il dû se boucher le nez. Les quartiers d'équipage furent encore pire pour lui, assemblage de bric et de brac, d'objets de cultes primitifs, totems étranges, idoles païennes, se mélangeant avec les babioles sans intérêts du quotidien. Assis en rond à même le sol, éparpillés entre les hamacs et autres coffres de voyage , une dizaine de ces même marins festoyait de biscuits rances autour d'un brasero tout en buvant joyeusement une eau belle et claire, sans aucune mauvaise odeur ni dégoût que celui d'être remplie de petits vers un peu longs qu'on voit remuer comme des anguilles et, du vin d'ananas. Mais l'indien le fit de nouveau descendre, le forçant à slalomer entre les poules décapitées suspendues le long de l'échelle menant à la cale, imbibant les marches de celle-ci de glissantes flaques de sang. C'est en voyant le fond de cale et des cages baignées d'eau putride qu'il comprit enfin où il se trouvait, un négrier capable de charger quatre centaines d'esclaves mais vide pour le moment. L'homme le traina tremblant vers la plus éloignée et s'arrêta devant sa porte avant de brailler quelques phrases d'un étrange dialecte. Enfermé dans celle-ci, notre ambassadeur, plissant son regard, découvrit un homme blanc de grande taille dormant à même le sol, dont une cuisse musclée et agitée de tics nerveux, mouvements semblable à ceux d'un chien rêvant de chasse, dissimulait à peine une raideur matinale. L'indien après avoir crié de nouveau, un peu plus fort sans résultat, du se résoudre à asperger l'étrange locataire d'un baquet d'eau croupie pour le tirer du sommeil. Plus tard, lorsqu'il narra la rencontre qui fut pour lui la plus étrange de sa vie, il ne put jamais retranscrire l'impression que lui fit cet homme, qui, nu devant lui et paré d'une demi molle, vint lui serrer la pogne avant de se saisir de son haut de forme pour protéger ses yeux du faible soleil anglais, ni le manque de réaction de son équipage lorsqu'il traversa le navire en tenue d'Adam avec pour seule parure cet accessoire de mode tout en plaisantant avec eux dans leurs langues d'origines.



Trois nuits à patauger dans une cage de fond de soute, vous vautrant dans tous les résidus d'une horde d'humains terrorisés et des restes de paille putride. Trois jours à manger des aliments qui se transformant en une forme de gruau abjecte se faufilant entre vos doigts à chaque tentative pour les saisir, mélange de biscuits de mer et de salaisons de porc irlandaise tellement vieille qu'une semelle serait plus tendre sous la dent. Et plus une bouteille de vin ! Voilà que, pris par le sommeil, moment privilégié ou vous vous réfugiez enfin dans votre imaginaire, invité d'honneur à la table de la duchesse slovaque Alžbeta Bátoriová-Nádasdy, vous régalant de toasts au caviar et parlant cuisine tandis que le Thug Behram vous sert et ressert en verres d'вода, vous passez à la baille ! Il sursauta, se réveillant d'un coup au contact froid du bac d'eau, cherchant par réflexe une accroche pour ne pas tomber à la mer. C'est vrai qu'il aimait à voguer, mais pas de là à tomber la tête la première dedans, pourquoi pas en soit, ce n'est qu'un lac beaucoup plus grand que les autres... Mais quel crétin à eu l'idée stupide de la saler ! Il se redressa, machinalement, se frottant les yeux d'une main et se cognant la caboche sur les plafonds bas de la soute. Premiers étirements matinaux, décrispant les muscles seyant mit à rude épreuve ces trois derniers jours et vous voilà nez à nez avec... Avec quoi au juste ? Il renifla, dilatant ses narines afin de faire le trie entre les odeurs locales et celles portées par l'étranger. Graisse, thé, confiture de rhubarbe, mauvais parfum et deux odeurs d'hommes. Son faciès se fendit d'un plis cynique tandis qu'il sortait de la cage, saisissant son couvre chef au vol tout en se faisant expliquer la situation par Tupikogi avant de se diriger vers le pont, lançant quelques propos deci-delà.
Le pont, légère brise venant rafraichir un corps toujours nu, largement exposé aux regards désapprobateurs mais appréciateurs des quelques femmes vaquant à leurs occupations sur le port. Il s'arrêta, les regardants minauder un moment, avant d'aller vider sa vessie de l'autre côté du bastingage.


-Si je comprends bien monsieur...Bushnell, vous êtes ici pour vous assurer que nous ne représentions pas une menace sanitaire pour la ville ? Ou est-ce plutôt pour vous assurez que nous serions aptes à prendre part aux négociations ? N'avez vous jamais remarqué, monsieur, le nombre de miracles que peut faire le simple attrait de l'or ? Vous voilà ici avec un certificat levant la quarantaine maintenue à bord et autorisant l'équipage à mettre pied à terre sans même un médecin pour vous assurer que tout va bien. Ce n'est pas beau tout ce pouvoir ? L'or. La dernière fois que j'ai, vu un miracle dans ce genre c'était le long des côtes de nouvelle Calédonie. Le navire, transportant une certaine quantité de minerais d'argent, beaucoup même, venait de s'approcher des côtes après avoir subit trois semaines de calme plat. Mais voyez vous leur capitaine était un pingre et dans sa mesquinerie économiste avait embarqué à son bord le strict minimum en eau et en vivres. Vous imaginez je pense l'état de l'équipage privé d'eau saine à la fin du voyage ? La moitié rampait sur le pont, vomissant leur tripes à force de boire et reboire de l'urine et du sang de poisson, faute de mieux, sans pouvoir se laver, au contact permanent de la crasse des autres. Malade comme des chiens, crevant de soif à l'air libre sans que personne n'ai assez de force pour jeter les cadavres. Ne voilà pas que les instances locales découvrent par le plus grand des hasards le contenu de la cargaison et comme par magie font délivrer le même genre de certificat que le votre. Tout le monde va bien, c'est magique, écrit sur un petit bout de papier ! Le profit vous a sauvé camarades, vous êtes libres d'aller où bon vous semble pendant que nous vous délestons de votre marchandise. Vous savez le plus drôle de cette histoire ? Ce n'est que quelques mois plus tard qu'on apprit qu'ils avaient brulé la moitié de la ville pour enrayer une épidémie de peste. Et vous voilà, me proposant un miracle similaire, tandis que mes hommes se désaltèrent dans les tonneaux d'une eau ayant déjà vécu les trois phases de sa maladie, pour faciliter vos accès aux mines de charbon que vous convoitez tant. Messire l'envoyé de la couronne décidément l'argent rend votre monarchie divinement divine et je ne puis refuser l'offre que vous, son prophète, vous nous portez aujourd'hui.

L'homme, ayant fini ses ablutions matinales, avait entreprit de se vêtir tout en discourant, enfilant à même le sol un pantalon usé jusqu'à la corde, une chemise de lin et ses lourdes bottes le temps de son discourt, laissant planté devant lui un diplomate ne sachant trop quelle réponse donner à cette anecdote.

- Contrairement à celles des hommes, les lois de Dieu sont impénétrables capitaine. Lord Beckett vous fait également savoir qu'il aimerait vous recevoir afin de débattre quelques points du traité qui nous semblent inappropriés.

Il s'arrêta, fronçant les sourcils et un étrange sourire sur les lèvres accepta l'invitation avant de prendre congé.



Certificat en main, il cria ses ordres, sortant ainsi l'Hallali de sa torpeur. Poussée par le maitre d'équipage une trentaine de sauvages jaillirent des entreponts pour venir donner vie au bâtiment dans une multitude de cris. Mises en action, palans et poulies transformèrent vite la misaine en un arbre géant venant se perdre dans la foret des mats environnants. Bientôt les cales vomirent leurs trésors, faute de pouvoir faire venir des esclaves à Londres, c'est avec des marchandises venant de contrée lointaine qu'ils avaient fait le voyage. Épices des Indes, soie de chine, cacao et ivoire d'Afrique du Sud, Arabotan du Brésil et tant d'autres merveilles exotiques s'entassant sur le quai, tas de ballots et de caisses déversant leurs lots de parfums et de couleurs sur les bords ternes de la Tamise. Descendant rejoindre une partie de ses hommes sur la terre ferme, par la planche mise en place à cet effet, il admira un moment le collier des docks entourant la ville comme les récifs de corail ceignant les îles de l'océan indien, mais ici c'était l'écume du trafic commercial qui bouillonnait. Comme des bancs de poissons brillant sous la surface des dizaines de mortels évoluaient autour de lui, accotés aux bittes d'amarrage, assis à la pointe des jetés ou le long des bastingages, tous plongeant leurs yeux dans les navires en provenance de la Chine. De droite à gauche, dans les rues descendants à la rive, allaient et venaient une pléthore de porteurs, de livreurs et d'officiels, tous s'assurant du bon déversement de ses matières nouvelles dans l'estomac sans fond de la gourmande Londres. La foule affluait de plus en plus, pauvres bougres s'en venant droit à l'eau pour nourrir leurs imaginations requines de choses nouvelles. Maintenant sur de son effet, c'est d'une voix forte qu'il annonça.


Mes amis, aujourd'hui, on brade !


Dernière édition par Arwid le Jeu 1 Déc - 13:12, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeMer 22 Juin - 17:34

[HRP : ce poste fait suite à un RP de Sarah qui fut supprimé entre temps]

L'homme battait le pavé, se faufilant entre caisses, sacs et moricauds tel le renard dans une bassecour, nez au vent, flairant avidement les pintades en froufrous emplumés caquetant à tout va. Toute race de prédateur doit faire face à quelques inconvénients, le sien aujourd'hui tenait de la mondanité. Mais tout vient à point à qui sait attendre, et ces dames et messieurs étaient en train de fourrer joyeusement et sans retenu tous leurs œufs dans son panier. On lui avait dit un jour que la fortune souriait aux audacieux, lui répondrait sur l'instant qu'elle dépendait surtout du nombre de fautes de goût au mètre carré. Regardez-les donc, ces gentilshommes ventant à leurs femelles les qualités d'un tissu aux motifs criards et vulgaires même pas bon pour torcher un nouveau né, humant des cigares de seconde zone en panphletant sur des fumets imaginaires. Ils souriaient tous, eux comme lui et les siens, certains contents de se faire avoir, les autres contents de les plumer.
Un mouvement dans la foule, d'autres plumes plus agressives ouvrant un passage parmi les chalands, les canons de leurs fusils montant aussi haut que leurs ridicules calots. Il grogna, puis d'un discret signe de main, fit comprendre à ses hommes d'emporter une infime partie de la marchandise, petites caisses soigneusement fermées, sans marques distinctives, qui remontèrent à son bord en une danse discrète.
Bondissant sur une malle, seul blanc à l'étalage, il attrapa un objet de passage et, tel un coq imposant son ramage, déclama à la foule :


-Mesdames, Dames oiselles et Dames oiseaux, bref, vous tous amis Aves présents en ce jour aux abords de mon navire, je vais vous offrir l'unique possibilité d'acquérir un objet des plus rare, un de ceux trouvés au milieu de terres sauvages et inexplorées, pays de magie et de dangers ! Ne loupez pas cette occasion unique de prendre possession de ce qui fera de vous un être d'exception, vous précipitera dans les affres des hommes d'intellect et des fins connaisseurs des cultures perdues de notre monde ! Car en ce jour je vous offre, moi, le capitaine Okänd, l'unique possibilité de vous adjoindre ce...

Ce quoi d'ailleurs ? Prolongeant le suspens, il brandit fièrement l'objet devant lui, suffisamment haut pour en découvrir la teneur : une balle de bouzkachi, cadavre de chèvre noire à la pilosité dégarnie couturé de bandes de cuir comme le phantasme de Mary Shelley, emplissant les narines d'une délicate fragrance senteur cadavre, le tout gonflé comme une baudruche d'une quantité non négligeable de sable... Hum.


-… Cette idole païenne tirée des mains d'un sorcier d'Afrique Noire ! Mais, mes amis, ne vous fiez pas aux apparences, cette morbide chose nous a valu à moi et mes hommes les plus violents tourments, ils nous fallut traverser jungles et déserts, avant d'arriver à la mythique cité de Jecépâ et ses immenses pyramides de cranes. Nombreux sont morts durant notre escalade, abattus par les foudres magiques de l'immortel mage Yaunblem, dernier survivant de cette civilisation cannibale ! Ils nous fallut de la force, de la ruse et de la chance pour réussir notre coup, mais nous réussîmes, récupérant sur son cadavre rendu sec par des millénaires d'existence l'idole maudite, réceptacle de l'âme d' Grouiezvou », démon abyssal emplit de rancœur ! Mais, pour avoir vaincu son champion, il abattit sa colère sur nous, plongeant notre retour dans la nuit éternelle, la maladie, et les tempêtes. Je vous l'affirme mes seigneurs, seule notre arrivée sur le territoire du Dieu Miséricordieux nous valu notre salut, sa grâce divine chassant l'impie par sa seule présence ! Mais aujourd'hui, je ne puis supporter plus longtemps sa présence, une telle chose ne valait pas la perte de tant d'hommes courageux, c'est pour expier mes remords que je m'en débarrasse, chassant ainsi mes souvenirs et permettant à l'un d'entre vous de peut-être percer les secret de sa sombre puissance.

Un coup d'œil en arrière, plus que quelques caisses, encore quelques minutes à gagner tandis que, fendant la foule aussi facilement qu'un iceberg le Titanic, se rapprochaient les hommes bleus et ors. La garde, l'apogée des lois de l'emmerdement maximum prenant vie en un seul corps d'armée, plus qu'à jouer son vatout en espérant que ça passe.

Les enchères commencent à 23 livres, une pour chacun de nos morts dans cette aventure.


Dernière édition par Arwid le Jeu 1 Déc - 13:04, édité 1 fois
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Noa
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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeLun 28 Nov - 18:48

[HRP: Navrée d'avoir mit autant de temps à venir poster ici, en espérant que le jeu sera plaisant, je vous suis dans votre aventure, très cher]

La foule. Première impression désagréable de si bon matin: l'étouffement dans un brouhaha sans nom de cliquetis, craquettements, cris et claquements de voix, de fouets, de caisses et de fiacres dans l'air et sur les pavés bosselés, crasseux, huilés du port. Le port : un amas de baraques tordues et disgracieuses, de bois, de toiles, de cordes et de filets: un capharnaüm empli de démesure. Une folie! La folie des hommes, la folie du monde, la folie sociale et marchande de Londres. Une atmosphère fumante et graisseuse de corps compressés au milieu des poissons et des hangars. Une bouillie infâme à base de citoyens hagards et de marins ivres de leurs exploits falsifiés, fallacieux, fatalement travestis en épopées merveilleuses ou en défis divins.

Les yeux fixés dans une direction bien définie, une jeune femme traversait la foule. D'un pas vif, imposant son rythme et sa carrure aux passants, elle avançait d'un air guerrier et pourtant léger sans se soucier outre mesure des badauds, poupées, pervers et mondains en tout genre qui se retournaient sur son passage. Un sac sur l'épaule droite maintenu de manière nonchalante, elle était remarquable, en effet, en ce qu'elle était femme et pourtant homme : dans sa démarche et dans ses vêtements, elle était effectivement différente des autres poulettes qui se pavanaient aux bras de leurs amants, maris ou compagnons. Cela était d'autant radical qu'elle était noire, extrêmement typée et donc repérée comme une corneille au milieu des colombes. Cependant, elle s'immisçait si aisément entre les membres reconnus du troupeau des Hommes que l'on aurait pu la prendre pour un animal pressé d'atteindre son but. Pressé mais calme. Car Noa, même si elle vivait en ermite, avait apprit à gérer ce genre de situation comme une force tranquille. Sa Lycanthropie aidant, elle savait se frayer un chemin dans pareille foule sans perdre son sang froid. Ainsi, elle allait droit à son but : l'Hallali.

Arrivée récemment au port de Londres, ce navire l'attirait, comme beaucoup de curieux qui souhaitaient voir ce que ses cales renfermaient. La quarantaine dont il avait été victime ayant renforcé l'idée qu'il venait de loin, de pays dangereux et inconnus des gens du commun, la foule se massait devant sa masse imposante. Le projet de Noa était quelque peu différent des autres. Elle savait qu'il était passé par l'Afrique et elle espérait trouver parmi toutes ses marchandises quelques reliques de son pays d'origine, non pas par curiosité et soif de découverte, mais bien par nostalgie. La jeune femme à la peau sombre réussit à se faufiler entre les passants qui formaient ce troupeau compact d'ahuris et à atteindre le quai voulu. C'est alors qu'elle le vit vraiment: l'Hallali, bateau immense à la coque ravagée, voilure tirée, cordages vermoulus, une puissance brute, sauvage et impétueuse, effrayante même, terrible bâtiment, résistant, certainement, rempli de trésors et de marins bourrus. La face souriante, requin sans scrupule, hypertrophie du diable, il était là, exhibant son ventre gonflé d'orgueil et de richesses rêvées des hommes.
L'équipage, qui s'activait à décharger caisses et sacs de marchandises douteuses, était composé uniquement d'hommes au teint tané par le soleil. Noa reconnu à leur allure, leurs tatouages et leurs particularités physiques et vestimentaires que de nombreux hommes venaient clairement d'Afrique et surtout qu'ils faisaient parti d'ethnies cannibales...chose surprenante et certaineemnt inquiétante. Mais c'est surtout aux détails imperceptibles tels que les symboles qui ornaient leurs corps, les perles, os et petits objets décoratifs qui leur donnaient un air de sauvages apprivoisés, que la Lycanthrope su reconnaitre en eux un mélange hétérogène de peuplades dangereuses et particulièrement décriées par sa propre ethnie maintenant disparue. Qu'en penser? Que venaient-ils réellement faire à Londres? Cet équipage était bien suspect...

Mais cela n'arrêta pas Noa, bien au contraire. La jeune femme s'avança au devant de la foule, au milieu des excités qui s'émerveillaient devant les marins, jugeant leur allure, les objets qu'ils présentaient et le bateau avec emphase et une certaine démesure. Délire, un pur délire. Ces gens n'avaient jamais rien vu, en cela ils étaient excusables, mais ce qui faisait tiquer Noa était leur crédulité. Car à peine arrivée, elle assista avec d'autres au numéro marchand d'un homme blanc, le seul d'ailleurs, à l'air déglingué et qui brandissait ce que Noa avait reconnu immédiatement comme une balle de bouzkachi. Il présentait l'objet défraichi comme une relique païenne, une idole renfermant quelques secrets mystiques et merveilleux, dangereux même, histoire d'attirer un peu plus l'imbécile en quête d'évènementiel et d'anecdotes croustillantes à partager entre crétins de salons.
Les yeux levés vers le ciel, Noa croisa les bras et attendit quelques minutes de voir ce qu'allait donner le discours déjanté de cet homme, apparemment peut être le capitaine du navire. La jeune femme leva un sourcil face à l'idée d'un « sorcier d'Afrique noire », quel idiot ! Enfin, elle comprenait que ce genre d'escroc fasse valoir leurs petits butins en inventant des histoires grosses comme le monde, mais cela touchait à son pays, et en tant que connaisseuse elle n'acceptait qu'avec une pointe d'énervement ce type de divagations. Et évidemment cette « relique » avait coûté la vie à de nombreux hommes, leur épopée avait été tragique, l'acquisition d'un pareil objet allait valoir son pesant d'or...Le « réceptacle d'un démon abyssal »...Noa ne pu s'en empêcher : elle se mit en avant et intervint d'une voix forte.


- Dites-moi « capitaine », si cette vulgaire balle de jeu vous a coûté tant d'homme, j'ai hâte de voir le reste de votre cargaison...

Pacifique, la Lycanthrope n'avait pas l'habitude de chercher la guerre avec autrui, cependant elle était aussi une gardienne de la vérité et elle défendait les plus faibles d'esprit. Dans ce cas de figure, le nombre de personnes pendues aux lèvres de cet imposteur l'avait bien assez convaincu qu'elle faisait un bon geste en révélant à la population l'arnaque à laquelle elle était en train de participer sans s'en rendre compte. Éclairer l'ignorant, remettre à sa place le pédant et lutter contre la cupidité de certain lui était tout naturel.
En elle, Tal'nam, son entité Suricate, lui soufflait gentiment quelques conseils avisés sur la prudence à avoir avec ce genre d'homme. Vu son état, vu son métier et vu son équipage que Noa avait reconnu comme particulièrement composé de noirs d'origine cannibale, il valait mieux se méfier de la réaction qu'il pourrait avoir. Évidemment, il fallait qu'il vende son stock de vieilleries poussiéreuses ramassées aux quatre coins de la mer et il allait défendre son bout de pain avec certainement un tact nécessaire à ses affaires, surtout en public, mais Noa savait que les marins étaient souvent de nature très belliqueuse et elle n'était pas à l'abri d'un mauvais coup porté maintenant ou plus tard...

Cependant, comme elle cherchait quelque chose en particulier et qu'elle était malgré tout d'une curiosité attentive face à ce type d'équipage, elle aussi devait faire preuve de tact. Aussi s'approcha-t-elle de l'homme et continua-t-elle en souriant :


- Je cherche un Awalé, un jeu africain en bois avec des graines. Peut-être pourriez-vous m'aider ? Je ne sais pas si vous avez d'autres reliques aussi dangereuses que cette balle...mais un Awalé non-maudit fera bien mon affaire...

Malgré sa pointe d'ironie, Noa savait que ce type de jeu houleux entre un client suspicieux et un vendeur peu net était convenu.


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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeJeu 1 Déc - 0:52

[HRP : Vu avec Key pour l'utilisation de l'odorat.]

-Dites-moi « capitaine », si cette vulgaire balle de jeu vous a coûté tant d'homme, j'ai hâte de voir le reste de votre cargaison...

Tant de petits mots désagréables aux tympans, de ceux qui vous irritent, viennent titiller les petites cloches d'alarmes vous prévenant toujours trop tard d'une catastrophe imminente. Il sera les dents, mordant l’intérieur de sa joue, retenant ainsi un grognement de frustration. Ses yeux firent mouvement, balayant les milles pupilles de la foule qui le fixait, tant de fronts plissés, incrédules ou mécontents et, parmi eux, des gardes bravant la marrée, fendant cette masse mouvante, cherchant la berge qu'il dominait du haut de ses caisses, droit et visible comme un phare sur une falaise, braquant rapidement son faisceau en arrière, cherchant l'assurance que ses derniers hommes traversaient la passerelle, remontant à bord les caisses anonymes. Tupikogi, se balançant nonchalamment dans la mature, deux de ses doigts coincé entre les dents, lâcha un sifflement strident, salvateur, annonciateur du bon fonctionnement de la manœuvre. Il soupira, si seulement cette chose avait fermé son clapet. Quelques instants plutôt tout allait bien, le pire s'en retournait à bord pendant que tous prêtaient attention à quelques fadaises, mais maintenant ? Maintenant quelqu'un avait remplacé un problème par un autre, restait à savoir ce qui était le pire : un gouvernement en colère, ou une foule en colère. Il grogna quand même, l’exaspération venant sauver ses parois buccales de canines tranchantes comme des rasoirs, puis baissa enfin les yeux sur le fauteur de trouble. Il ne fut pas vraiment surpris de constater que la chose était femelle, elles seules sont capables de tout foutre en l'air en si peut de temps. Un léger sourire barrât ses lèvre tendit qu'il imaginait, sans mal, les regards concupiscents que devait lui lancer la horde simiesque qui composait son équipage. Il sauta de son perchoir, atterrissant sans grâce devant l'emmerdeuse et baissa les yeux (moins que d'habitude, admettons le, la chose la plus surprenante pour notre loustic d'ailleurs.) afin de détailler celle-ci.

-« Ils ont marché longtemps, très longtemps à travers le désert, jusqu'à ce qu'ils arrivent au bord de la mer. Ils ont fait des provisions de coquillages puis sont repartis dans leur village. En chemin, ils ont fait des trous dans le sable pour stocker les coquillages. C'est ainsi qu'est né le jeu : des coquillages dans des trous. » Pourquoi me demandez-vous un jeu quand il vous suffit d'une plage et de cailloux ? Bref, le client étant roi je vais tenter de satisfaire votre demande. 

Un bout de légende intercontinentale lâché nonchalamment, servant à gagner suffisamment de temps pour trouver un quelconque rebond à la farce dont il était l'acteur principal. C'est au milieu de cette réflexion que l'odeur vint le titiller, frôlant délicatement ses narines, perdue au sein des parfums, de la crasse et des poudres qui flottaient sur le port comme une masse de plancton sur l’océan. Il fronça les sourcils, instinctivement, tandis que ses nasaux se dilataient au rythme de sa traque olfactive, traque le menant tout droit à son interlocutrice principale, mélange d'humaine, de louve et d'une chose qu'il ne connaissait pas.

-Je dois pouvoir vous trouver un wari, c'est la même chose, mais sculpté au caraïbes, ne bougez pas, je vais vous le chercher à bord.

Faisant fit des caquetages, et sans laisser à la demoiselle, dame, chose... le temps de répondre, il se glissa entre les caisses, lançant quelques regards entendus et la balle à certains de ses hommes, et remonta prestement à bord, avant de se faufiler par la trappe menant aux tréfonds du navire.



-Bordel !

L'entrepont, endroit obscur et surtout à l'écart des mondanités, vit le propriétaire des lieux le traverser en trombe, crachant, jurant, et maudissant la capitale. Si seulement ! Mais hélas ici les choses ne pouvait se régler à coup de crocs et de machette comme dans la jungle. S’étant saisit du jeu d'un de ses matelots, il s'en vint secouer le seul hamac occupé. La solution à son problème ronflait là, une jambe et un bras se balançant mollement au rythme d'un ressac quasi inexistant. Le teint jaunâtre, un nez écrasé, des yeux porcins et un damier tatoué sur la partie droite du faciès, Itichi, deux mètres de muscles, l’œil acéré d'un faucon et, surtout, le harponneur était le seul de ses hommes ayant déjà eu à faire au monde civilisé. Recruté à Nantucket, port baleinier situé sur une île au large du Cap Cod, il faisait parti de ses quelques sauvageons, embarquant à bord des navires battant campagne dans les régions perdue du monde, qui voguaient en mer par simple goût aventureux avant d'occuper, depuis quelques années, le poste de maître d’équipage de l’Hallali. Du moins, quand ses rêves ne se trouvaient pas interrompus par un capitaine d'humeur massacrante qui le jetait à bas avant de le traîner vers le sabord le plus proche pour lui montrer une fille comme une autre, petite tache noire au milieu de cette marée blanche.

-Tu vois la donzelle qui se travestit en homme plantée sur le quai ? La seule négresse hormis les nôtres ? Bien, tu vas descendre après moi, et quand elle s'en ira, suis la et fais toi discret. Dès que tu sais ou elle vit tu rappliques dard-dard pour me le dire.

Pas même le temps d'une explication et voilà son supérieur repartit dans l'autre sens, un wari décoré serré dans sa main gauche, la droite lui servant à pousser de nouveau la trappe menant vers le monde des hommes soit disant évolués.

-Encore une chose, prends tes harpons au cas ou...



Quelques minutes plus tard, le voilà de retour, pressentant à la demoiselle un jeu en Ceiba pentandra, orné de deux Mabouyas en nacre, rien d’exceptionnel en soit, produit typique des caraïbes, de simples graines de caconnier servant de « pions » à manger.

-Cela vous conviendrait-il ?
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Noa
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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeJeu 1 Déc - 13:07

Lorsque l'homme descendit de son promontoire, Noa lui fit face. Sa carrure était impressionnante, mais le caractère de notre jeune Lycanthrope était si bien trempé qu'il lui en fallait bien plus pour l'effrayer, d'autant qu'elle-même n'était pas chétive non plus. Cependant, elle manqua de sourciller tant il s'était approché rapidemment. Ce qui marqua particulièrement la belle chez ce capitaine quelque peu loufoque fut l'oeil verron qui logeait dans la partie gauche de sa boite crânienne. Ce dernier contrastait étrangement avec son frère, d'un bleu glacial, froid et vif comme un lac de montagne. Son regard en était plus profond et plus étrange que tout ceux que Noa avait rencontré jusqu'ici. En soi, c'était attirant, attirant car curieux, rare, dérangeant. Ainsi, tandis que l'homme venait lui répondre avec un sourire forcé, pour sauver son honneur marchand et ''satisfaire'' la clientelle, Noa le dévisagea avec la pointe de politesse nécessaire pour éviter un quelconque froissement. Le tatouage tribal qu'il arborrait sur sa face le rendait encore plus charismatique qu'il ne l'était déjà par sa carrure car, même s'il c'était fait fabuliste pour abuser la populace avide d'histoires farfelues, il avait le ton, le visage et l'art de se vendre grâce à son timbre de voix et son apparence peu commune. Noa sentait en lui une force animale, un quelque chose qui le rendait sauvage, une certaine fureur enfouie derrière cette masse de cheveux épars et ce mur anarchique de troubadour charbonné.

Sa réponse, quelque peu savante, fit sourire Noa.


- Certes mais à Londres il n'y a ni plage, ni coquillage.

L'homme s'éclipsa pour aller farfouiller dans ses cales. Noa l'observa s'éloigner de son pas pesants et rapides. Un wari...Non il n'y était pas. L'Afrique seule l'intéressait ! Qu'avait-elle à faire des Caraïbes ? Mais il était trop tard, le capitaine s'était déjà envolé. Noa attendit, les bras croisés dans une posture déhanchée plaisante à tenir. Tout en laissant son regard balayer le navire et son équipage, elle songea en son fort intérieur qu'elle perdait son temps. Les hommes s'activaient. Tous avaient le teint bazané, voire brûlé, et il était certain qu'une bonne partie d'entre-eux était d'origine douteuse. Des cannibales...Des descendants ou bien des membres actifs de ces folles ethnies ? Etrange groupe ! En soi, Noa commençait à se demander s'ils n'étaient tout simplement pas des pirates venus écouler leur stock miséreux au premier port rencontré sur les terres civilisées. Cela était bien possible. Des corsaires ? Etait-ce donc encore en vogue sous la couronne de Victoria ? Certainement mais à ce point...

Perdue dans ses pensées et réflexions, retrouvant le temps de son enfance dans ses souvenirs, Noa ne fit pas attention à l'agitation qui grossissait dans une ruelle à côté : une jeune femme s'était pâmée et l'on appelait un médecin. Chose rare chez elle, gardienne de la santé des humains, Noa ne réagit absolument pas.
Son entité Suricate la ramena alors à la réallité :


*Noa..., Noa ! Derrière toi ! Allons réveille-toi !*

La jeune femme eu comme un frémissement puis elle soupira. Tournant lentement la tête vers la ruelle, elle ne vit pas revenir le capitaine. Noa se sentait étrange. Son entité Louve grondait en elle et cela lui brouillait les pensées. C'était une impression désagréable, comme une mise en garde inconsciente. Son esprit, complètement nébuleux, avait quelques difficultés à assembler les éléments nécessaires à la bonne cohésion de ses gestes et sentiments. Sa mémoire et son temps de réaction en étaient altérés : chose nouvelle chez elle. Elle venait de se perdre entre la réalité et le songe. Ainsi, alors qu'elle allait s'avancer vers la source d'agitation pour analyser la situation de la ruelle, la voix du capitaine l'arrêta. D'un mouvement trop brusque, elle se retourna vers lui et, le regard en alarme, elle lui fit à nouveau face. Lorsqu'elle réalisa ce qu'il venait de lui dire, ses yeux quittèrent les siens et descendirent sur l'objet qu'il lui tendait. Noa leva un sourcil et observa alors la chose. Plus sereine, revenue dans la réallité tangible, elle tendit la main, prit l'objet, l'observa en le tournant dans tous les sens et le lui rendit presque aussitôt.

- C'est un bel objet, certainement monsieur, mais il est bien banal...Et puis je m'intéresse à l'Afrique, pas aux îles.

Noa avait conscience que son exigence allait être surement mal prise, mais il l'avait dit : le client était roi. Et puis ce n'était pas ce qu'elle avait demandé donc elle n'avait aucun remord à le rembarrer, eût-il cherché deux jours dans ses cales crasseuses. La jeune femme le regarda d'un air entendu : il était clair qu'il ne ferait pas affaire avec elle aujourd'hui.

- N'avez-vous donc rien d'autre à proposer ? J'ai l'impression que votre marchandise est bien poreuse...

En effet, même si quelques membres de l'équipage semblaient tenter de vendre quelques breloques sans valeur, rien n'était réellement exposé et aucun ne paraissait vraiment doué pour le marchandage. Ils resemblaient tout au plus à une bande de pirates mal brossés et les objets qu'ils brandissaient n'étaient absolument pas exceptionnels.

- Mais dites-moi, finit-elle par dire, êtes-vous donc le capitaine ? Que fait un blanc au milieu de pareil équipage ? Vous n'êtes pas des marchands, au mieux des aventuriers...n'est-ce pas ? Il ne faut pas être devin pour s'en rendre vite compte. D'où venez-vous donc ? Votre équipage m'interpelle.

La curiosité au sujet de la présence des ethnies cannibales sur ce bâtiment venait de pousser Noa à approfondir le dialogue. Mais était-ce une bonne idée ? Certainement pas, (en tous cas c'était l'avis de Tal'nam, l'entité prudente de la jeune femme).


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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeLun 5 Déc - 23:41

Diplomate, rester diplomate, après tout n'est-ce pas la la bonne conduite de toute négociation ? Ne pas régler ça par la violence, alors on respire un grand coup, on serre les dents et on ne relève pas la remarque. Poreuse ! Le mot lui était resté coincé dans la gorge, petit os de poulet venant entraver votre bon fonctionnement. Préférant vérifier, il regarda les caisses les plus proches : Épices de première qualité, de l'ébène plus noir que ses acolytes, perles et soies de Chine, salpêtre, une vingtaine de défenses d'un blanc pur et aussi longues que son bras... Admettons que les porcelaines également ramenées d'Asie n’étaient pas vraiment à son goût, mais elles se vendaient comme des petits pains. Pas vraiment de quoi rougir en cet après guerre de l'Opium. Dans le plus commun, sucre, cacao et thé, toujours rien d'anormal... A moins que !

-Si vous voulez de l'Africain, je peux vous avoir de l'Africain, hommes, femmes, enfants... Je ne pense pas que ce soit le pays adapté pour, mais une femme de votre couleur s'habillant en homme et se mettant en avant ne devrait pas choquer d'avantage avec un négrillon lui collant aux basques...

Il semblait qu'en plus d'être une de ces clientes irritantes qui essaient toutes vos toilettes avant de se décider pour le magasin d'à côté, madame soit une cliente irritante curieuse ! La pire espèce existant au monde, du moins à sa connaissance. A son sens, ses marchandises seules suffisaient à prouver qu'ils venaient de loin, et surtout de n'importe où. Mais un bon commerçant est un commerçant bavard, un bon diplomate un lèche cul et ces deux fonctions réunies ici l’obligeaient à donner satisfaction. C'est donc d'un mouvement de bras souple, élégant et plein de charme qu'il indiqua son navire et répondit galamment :

-Comme vous l'avez constaté je pense, nous sommes venus à terre par la passerelle et depuis ce navire. Quand à la couleur de ma peau, je ne puis nier son utilité, au moins mes camarades ne me confondent pas avec un autre la nuit venue, ce qui facilite la bonne compréhension des ordres données quand on sait que je suis leur capitaine.

Puis, se tournant légèrement, il fit une petite pose, regardant un par un ses hommes répartis entre le quai et la mature. Accordant à chacun quelques instants avant de diriger de nouveau ses yeux vers la donzelles pour mieux reprendre, sourire aux lèvres :

-Je me vois dans l'obligation de vous contredire. Après un examen des plus poussé, je peux vous affirmer que le premier tiers de mes hommes vous siffle, le deuxième s'en contre fou et je ne me permettrais pas de traduire les insanités que s’échange le troisième. Mais damne, aucune interpellation la dedans...

Le nez d'un début de satisfaction se pointant à l’horizon, il fourra ses mains au plus profond de ses poches.
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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeJeu 15 Déc - 18:22

Noa s'attendait éventuellement à quelque réponse déplacée voire énervée, mais certainement pas à ce que lui sortit le marin...

Outrée au plus profond d'elle-même, la jeune Africaine ouvrit la bouche pour le faire taire mais l'homme continua tout aussi calmement, avec son air ironique et ses beaux gestes. Il venait de parler d'esclaves sans sembler avoir l'intention particulière de provoquer, peut-être même avec une parfaite insouciance qui révélait son indifférence totale face à ces "nègres" qu'il marchandait comme du bétail.
L'entité Louve de la jeune femme s'était levée dans son esprit, prête à bondir au moindre signe de sa maîtresse, mais l'entité Suricate la retenait. Seuls les yeux de Noa changèrent un peu de couleur, virant à un jaune irisé. Consciente de sa soudaine fureur, elle détourna son regard aussi vite qu'elle le pu, profitant de ce que l'homme lui montrait son navire. Son coeur battait à tout rompre et elle aurait donné n'importe quoi en cet instant pour avoir le droit de tuer cet homme. Noa était une femme de nature calme et bienveillante, mais sa famille entière, décimée et ravagée par l'esclavage, venait de ressurgir dans son esprit. La traite continuait, elle le savait, et si en Angleterre elle n'était plus que marchandise illégale, ailleurs elle ne doutait pas que ce trafique d'hommes soit encore au goût du jour. Cet homme, cette espèce de canaille sans principe qui faisait le clown devant elle...lui planter ses griffes dans le ventre et le jeter dans l'eau poisseuse où mouillait son maudit navire...elle ne songeait plus qu'à cela. Les poings serrés, ravalant sa fureur, Noa fit mine de s'intéresser aux propos du capitaine. Quel navire pourri! Une épave rafistolée oui! Un rafiot prit pour une caverne d'Ali Baba! Il n'y avait rien de magique là-dedans, juste des poulies, des cordes et des voiles tendus pour emballer et arnacher une coquille de bois sale et vaseux! Un nid à maladies!
Oui, intérieurement Noa pestait tout ce qu'elle pouvait. Rêvant de voir ce beau bâtiment voler en éclats et rejoindre les écrevisses au fond de l'eau...

La jeune femme tentait de se clamer et de paraître naturelle. Le "capitaine" lui exposait sa vie et l'avis de son équipage. Qu'est-ce qu'elle en avait donc à faire? Il ne comprenait rien. Elle était face à un imbécile heureux...Un violent personnage trop heureux d'avoir trouvé une bande de moutons galeux pour les traîner dans son sillage! Elle leva soudainement les yeux au ciel, n'en pouvant plus:


- Allons, monsieur, votre équipage et vous-même me paressez de la pire espèce: voleurs, tricheurs, mendiants à vos heures. Votre cargaison sens le vice et la poudre, vos idéaux ne doivent pas dépasser celui des rats et des parasites! Si vous êtes capable de traiter les hommes comme des bêtes ou des sacs d'épices, alors vous ne valez certainement pas grand chose! Un blanc parmi les noirs? La belle affaire! Et vous vous sentez supérieur? Prenez donc garde que vos chiens ne vous mordent pas un jour la jambe car même s'ils sont nourris d'or et d'agent, d'aventure et de passions humaine, ils resteront plein de crocs et d'ambitions personnelles!

Noa colla son visage à celui du capitaine. Ses yeux désormais flamboyants se fichèrent dans les siens. Il s'en fallu de peu qu'elle ne le choppe par le col et rugisse de toute son âme mais elle se contenta de pester entre ses dents, le doigt en avant, appuyé sur le torse de l'homme:

- Évitez de prendre un noir à la rigolade: continuez de jouer avec la vie, entraînez vos compagnons dans ces saloperies d'affaires et profitez de leur provenance et de leur caractère belliqueux pour vous faire des frayeurs et des couronnes, mais prenez garde...!

L'Africaine se détourna de lui et s'en alla furieuse. Il valait mieux pour tout le monde que la discussion s'arrête là. Elle n'était pas allée bien loin dans ses reproches et insultes mais cela aurait pu tourner d'une façon bien terrible si la chose avait continué. C'est ainsi qu'elle s'éclipsa rapidement, le pas brusque et l'allure raide, frustrée d'un côté et hors d'elle de l'autre...

Qu'en avait-elle à faire de son équipage de cannibales? Ces énergumènes n'hésitaient pas à dévorer les leurs alors vendre une gamine à des cinglés ou des familles riches en mal de domestiques ne les incommodait certainement pas! Que leur capitaine, un blanc, se permette de les utiliser pour cela, se vantant de son pouvoir sur eux, ha ça c'était fort! Il méritait qu'elle ne fourre un peu plus son nez dans ses affaires pour soulever les mécontentements éventuels et lancer une mutinerie! Même si elle ne connaissait pas l'équipage et leur degré de connivence avec le capitaine, il était possible de trouver quelques âmes rebutées à ses plans et façons de faire.
Mais qu'importe!? Elle ne pouvait pas partir en quête de tous les salopards qui s'adonnaient à ce trafique ignoble! Elle n'avait jamais pu lutter contre toute cette folie et ce n'était pas maintenant qu'elle allait le pouvoir...

Cependant, Noa avait bien remarqué l'agitation de la milice sur le quais. En cela elle savait que ce navire avait déjà attiré un peu les regards sur lui, déjà pour la population et sa curiosité, mais aussi pour les autorités locales qui redoutaient peut-être de la contrebande. Jeter de l'huile sur le feu? Pourquoi pas?
Noa s'éloigna. Elle fendit la foule, hermétique aux paroles d'autrui, et elle finit par se trouver bien assez loin pour chercher une patrouille. Déjà quelques miliciens étaient sur le qui-vive et tentaient d'atteindre le navire pour l'examiner de plus près, mais Noa comptait cette fois-ci engendrer un conflit véritable. Enfin elle trouva ce qu'elle cherchait: un corps d'hommes armés se dirigeaient vers le quai. Ils étaient une petite dizaine. Noa s'adressa à la tête du petit bataillon et su bien vite qu'ils étaient justement dépêchés au navire qui venait d'accoster. Elle leur glissa quelques "doutes" à propos de la cargaison et sous-entendit que non seulement ils n'étaient pas honnêtes avec leurs clients mais aussi qu'ils étaient peut-être là pour autre chose, et pourquoi pas vendre de l'homme? La rumeur, le soupçon, le conflit...Les miliciens continuèrent leur chemin encore plus motivés à faire leur travail qu'à leur départ.
Noa les regarda s'éloigner. Puis, l'air sombre, elle s'en alla par les rues en direction du cente ville. Boire un whisky, oui, avant midi, tant pis...


[Suite de Noa près de l'hotel Albany, dans un café: lien à venir]


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MessageSujet: Re: L'Hallali [Lune Gibbeuse.] L'Hallali [Lune Gibbeuse.] Icon_minitimeJeu 14 Nov - 16:08

[HRP: pour info je suis l'auteur du topic initial]

Atibô-Legba, l'uvri bayè pu mwê, Agoé !
Papa-Legba, l'uvri bayè pour mwê
Pu mwê pasé
Lo m'a tunê, m'salié loa-yo
Vodu Legba, luvri bayè pu mwê
Pu mwê sa râtré
Lo m'a tunê m'a rémèsyé loa-yo, Abobo.


Lumières faibles et tremblotantes, remugles lourds et putrides de la Tamise, bruits des badauds à l’extérieur, craquement de l'armature et de la coque, cris de l'équipage, musique... Rien de tout cela ne pouvait sortir la Mamba de sa concentration. Enfermée dans une cache aménagée à cet effet et dissimulée sous la proue Wa'il officiait. Plantée au milieu du bric-à-brac d'objets rituels emplissant son bagui : cruches, carafes, plats consacrés, pots-de-tête, pierres tonnerre, cartes à jouer, hochets, bouteilles de vin, de liqueur et tant d'autres choses étranges. Les quelques lampes éternelles placées dans la pièce suffisaient à peine à l'éclairer, transformants les ombres mouvantes de ce foutoir en danse fantasmagorique. S'aidant du sabre d'Ogou, planté entre deux planches, elle se redressa lentement, jeta un œil distrait sur la multitude de chromos épinglés sur les parois et s'approcha d'un petit autel en continuant de psalmodier, ses doigts venant caresser diverses offrandes peintes en noir et marquées d’ossements. Se redressant légèrement, elle vint fixer du regard une idole en forme de croix de la même couleur, surplombant un tombeau et servant de porte manteau à sa veste et son haut de forme. Elle se demanda un instant si Baron-Samedi entendrait ses paroles dans le capharnaüm qu'était devenue cette soit disant civilisation. D'un geste souple elle attrapa le couvre chef et le posa sur son crâne avant d'écarter les bras et de hausser le ton :

Zo wan-wé sobadi sobo kalisso...

La musique et les chants s’accélèrent, les quelques Hounsi présent se laissant emporter par la cérémonie. Les pieds se lèvent, la danse débute, les robes colorées tournoient, les foulards se défont , les convulsions commencent. L'un des ses fidèles, monté par quelque loa, commence à trembler, convulse, se jette d'un coup en avant, comme projeté par un ressort, tourne avec frénésie, se fige sur place, chancel, se reprend, titube de nouveau pour sombrer finalement dans un état de semi pâmoison. Un autre s’étend sur le sol, les bras en croix, jetant sa tête d'un côté puis de l'autre, ses épaules tressautant en rythme, les yeux exorbités... Et toujours la musique, rythmée, rapide, de plus en plus rapide. Papa Legba à bien ouvert la porte et la transe continue, se communicant lentement à la mambo. Un léger frisson, puis elle se laisse prendre à son tour. Se mettant à danser allègrement devant les tambours, main sur la hanche, attrapant une bouteille de rhum et le vaporisant avec sa bouche sur l'un des musiciens, puis s'emparant du sabre et demandant un cigare qu'elle fume nonchalamment, de la nourriture qu'elle mange de bon appétit, se battant pour les restes et se répandant en politesses improbables avant de molester l'un des novices du plat de sa lame... Et la cérémonie continue, étrange théâtre de l'absurde entre les divers possédés, et la musique... tourne tourne la ritournelle, de plus en plus rapide, de plus en plus rythmée, menant peu à peu à l'explosion.

La trappe menant à cette partie du navire s'ouvre lentement, laissant passer une fillette blonde aux yeux hagards, portant robe de bonne facture, au visage poudré et copieusement parfumée, les mains liées au devant, une corde servant de laisse enserrant son cou. Plutôt jolie au demeurant, n’excédant pas la dizaine d'années, la gamine semble plongée dans une rêverie sans fin.

Tupikogi la poussa brusquement au centre de la pièce. Les enfants des pleurnichards européens l'insupportaient au possible, même complètement défoncé à l'opium. Enfin bon, au moins celle-ci aurait l'utilité de le divertir. Si le truchement ne croyait pas spécialement aux pratiques de Wa'il, il ne pouvait cependant nier son efficacité et éprouvait pour elle un profond respect, comme tous à bord. D'un geste sec il fit s'agenouiller la petite bourgeoise, puis attendit, jouant avec les mèches blondes de son couvre chef, attendant que la prêtresse se rende compte de sa présence.

Un sourire carnassier vint barrer les lèvres de la mambo, son cigare à moitié consumé venant rouler entre ses lèvres. L'arrivée des nouveaux venus l'avait tiré de sa transe. Remerciant le caraïbe d'un léger mouvement de tête elle s'approcha de l'anglaise, s'agenouilla devant elle et d'un geste la força à ouvrir la mâchoire, lui fit boire de force une goulée de rhum avant de lui faire manger un morceau de viande séchée puis l'embrassa à pleine bouche, frotta trois fois son front contre le sien et se prosterna devant elle en signe de respect. Elle attrapa ensuite le sabre au manche d'ivoire gravé posé au sol et lui trancha la gorge, laissant le sang chaud et bouillonnant lui recouvrir le visage. Ivre de l'hallali elle resta sur place le temps de remplir du même liquide une calebasse consacrée contenant du sel, de la cendre et du clarain, en bu trois gorgées, se peignit des croix sur le front et sur la bouche avec le mélange avant de le tendre à l'un de ses hounsi qui, remuant le liquide avec une baguette afin qu'il ne coagule pas, le distribua aux autres.

Prépare le migan et va le distribuer au reste de l'équipage.

Le sabre s'activa de nouveau, fendant d'un coup le sternum de l'enfante, d'une main experte elle en sorti son cœur, encore palpitant et fumant avant de le mordre à pleines dents. C'est le menton dégoulinant de sang qu'elle s'adressa au truchement :

Dépèce la, quand tu auras fini de la faire cuire jette sa langue, ses oreilles, sa rate et son fois aux quatre points cardinaux, les ossements devront être dissimulés et suspendus dans la mature. Tu nous servira le reste au soupé, pas de sel. Bref, tu connais la manœuvre.

Tupikogi était heureux d'entendre ces propos, le manque de viande humaine commençait à se faire sentir pour lui et l'équipage et cette venaison permettrait de mettre fin aux tremblements qui venaient parcourir leurs mains. Il remonta ses manches, laissant apparaître ses propres marquages et passa le corps sans vie sur son épaule, salivant déjà à l'idée de ce futur repas....
Des tourtes ? Un hachi ? Des grillades ? En soupe peut être ? Ou bien fourrée comme la dinde qu'elle était ? Il verrait bien, après tout ils auraient sans doute assez de viande pour préparer l'ensemble. Les parties moins goutteuses seraient vendues pour une bouchée de pain sur les docks, saupoudrées d'épices, afin de faire les faire découvrir aux éventuels acheteurs.

Cette sombre "farce" avait toujours eu le don de les faire rire...

Et dans le genre farce le Kapitène était vraiment le meilleur d'entre eux. Lançant un sourire de connivence à l'haïtienne, il se remémora la raison de leur présence dans cette ville puante : les multiples caisses sans étiquetage stockées à bord. Trois cents tonnes d'opium, commandées illégalement par certains  puissants afin d’approvisionner leurs fumeries avec l'accord de sa majesté. L'argent n'a pas d'odeur qu'ils diraient. En y réfléchissant le conflit chino-britanique l'a rendu plus puant que le fog. Et contre quoi ? Utilisant l'ambassade de Russie comme intermédiaire le Kapitène leur avait négocié le coup du siècle. Deux cents cinquante vies humaines, extraites illégalement des prisons et des asiles et une tonne d'argent brute. De quoi voir venir. Surtout connaissant le prix d'une blanche dans certains pays. Pas de papier, pas de taxe, pas de justification, pas d'embrouille. Personne pour se demander pourquoi la cargaison à diminuée pendant la traversée, ni les utilisations qu'ils pouvaient en faire. Et encore ça c'était pour les plus chanceux... Quand ils auraient réussi à remettre la main sur une sangsue... Enfin, même pour ça c'était un coup d'éclat. Sans les passes droits fournis par l'empire, impossible pour eux d'approcher d'une ville moderne. Et les créatures de la nuit se font rares de nos jours dans les milieux hostiles... Le dernier intermédiaire vivant était ce gros porc de Lester Bushnell, un veuf homosexuel et père d'une fille unique, la petite Marie, un ange de 8 ans au grand cœur. Un peu moins grand maintenant que la Mambo avait mordu dedans... La drôle de tronche que ferait papa quand il ne la trouverait pas en rentrant à la maison. Dommage que les amuses gueules n'ai pas été prêt à temps, il aurait été heureux de lui en servir quelques uns. D'ailleur, en parlant de ça... Sortant de ses pensées le truchement pivota et laissa la prêtresse à la conclusion de son rituel.

Maintenant qu'elle était seule avec les siens, Wa'il exultait, la partie la plus intéressante de la cérémonie allait pouvoir commencer, du moins celle ou elle excellait.  L'apothéose de ce plan macabre, et la conclusion de cette sinistre ritournelle : L' "envoi morts". La mambo se redressa lentement, sabre en main, l'organe encore fumant laissant s'écouler entre ses doigts les dernières gouttes du sang de l'enfante. Mécaniquement sa langue passa sur ses lèvres, avant qu'elle n'avale goulûment les reste de viande coincés entre ses dents.  Elle déposa les reste du cœur devant l'idole avant de continuer sa prière :

Seyè, Bondye, vin eseye detwi Lester Bushnell konsa ke li "disparèt" devan m 'tankou zèklè ak tanpèt, Saint Exodus, ou menm ki gen pouvwa a bato peyi a, ou se yon saint ak mwen yon pechè. Mwen rele sou ou epi pran ou pou bòs mwen jodi a. Mwen voye ou pou Lester Bushnell, voye tèt li, voye memwa li, expédier lide l, dispatchè lakay li, voye pou tout vizib ak envizib mwen yo, eklate zeklè a ak tanpèt la. Nan onè Saint Expédit: twa paters. (1)

Puis frappa trois fois l'autel de sa lame, murmurant à chaque impact le nom du guédé : Baron-Samedi, Baron-Samedi, Baron-Samedi... Un léger tremblotement, une goutte de sueur qui perle sur son front, traçant une marque nette sur son maquillage blanc et sang, elle rejette brutalement la tête en arrière, fouettant l'air de ses locks, écarte les bras et laisse entrer le Dieu en elle, ses pupilles virant au blanc...

Quelle odeur putride. Manque d'air et de soleil. Il n'aimait pas vraiment les espace clos. Un sabre ? Il le repose négligemment avant de s'emparer de la veste accrochée sur la croix pour s'en vêtir, un geste mécanique pour s'assurer de ses plis avant d'attraper la paire de lunette de soleil l'attendant dans une poche. Un seul verre, comme à son habitude. Craquer une allumette, rallumer le cigare, en humer le parfum avant de le téter goulûment. Personnellement il préférait les vêtements blancs, mais sa mambo avait un goût prononcé pour le mélodrame. Il se déplace, attrape une canne au pommeau d'argent reposant contre la coque, fait quelques passes, en claque la pointe sur le sol avant de si appuyer des deux mains. A la fois Baron La Croix, Baron cimetière, Baron Kriminel, il était un tout, Baron Samedi, le loa des morts, convoqué en ces lieux pour répondre aux prières de sa prêtresse. De ses yeux vides il fixa un à un les hounsi présents dans la pièce, avant de s'adresser à eux d'une voix d'outre tombe :

Ou pral ale nan Bloomsbury St George a aswè a nan mitan lannwit, pran zidòl mwen avèk ou nan pouri tè a, ou pral trete m 'nan yon fèt nan bannann ak koupe pòmdetè kri, ase fè yon fèt pou mwen ak Manmi Brigitte ak kite yo pouri devan kavo mwen an. Kolekte tè a soti nan simityè a epi gaye li deyò, se konsa ke moun ki mouri yo pral antre nan kò l ', li pa kite l' ale. Pran kèk wòch epi jete yo sou pòt li, se konsa moun ki mouri yo p'ap kite, epi pote m 'ron! (2)

Quelques heures plus tard.

Tupikogi crachait dans l'eau, (parce que cracher dans l'eau c'est encore et toujours rigolo !) les bouclettes de son chapeau scalp, entachées de sang, voletant dans le vent tandis qu'il se penchait au dessus du bastingage. Ses yeux ébahis ne perdaient pas une miette de cette vie grouillante et bruyante qui agitait les docks. Orgasme sensoriel. Ce spectacle ne le lasserai jamais, ni l'admiration qu'il portait à cette culture décadente, aussi charmante que décrépie, cachant sa laideur derrière les froufrous du goût et de l'étiquette. Bourgeoises masquant leurs visages derrière des éventails et se pavanant aux bras de leurs amants tandis que leurs maris faisaient commerce avec des courtisanes fardées et plantureuses. Marins en goguette croisant comptables et notables sur le seuil sombre et sordide de fumeries clandestines. Militaires détournant le regard en échange de bourses biens garnies... La cité jouait sa plus belle pièce rien que pour lui. Toute l'intelligentsia londonienne, si fière d'elle et de sa suprématie, qu'on leur servait sur un plateau d'argent, consentante et souriante pendant qu'elle se faisait plumer par les siens.

Wa'il, perplexe et épuisée, regardait le caraïbe s'adonner à son passe temps préféré, ne comprenant pas l’attrait qu'il pouvait avoir pour ses gens mais appréciant comme eux tous le comique de cette situation. Un sourire en coin illumina son visage tandis qu'elle rallumait son cigare en se remémorant l'un de leurs précédents abordages. La tête des passagers quand le sauvage, hurlant, et couvert de sang bondit sur eux, machette en main, sa dernière perruque en date dégoulinant sur son front tandis qu'il cherchait sa prochaine victime... Engoncé dans une robe rose, bien trop grande et un corset bleu bien trop petit et se protégeant du soleil à l'aide d'une ombrelle en dentelle de très mauvais goût. Qu'est-ce qu'ils avaient ri quand, se prenant les pieds dans l'étoffe, il avait basculé par le plat bord, son scalp s’envolant pour venir s'écraser sur le visage de leur capitaine alors en plein discours. Ce jour là il n'avait pas mâché ses mots, mais des cheveux... Ou encore ce jour ou, après s'être invité dans la demeure d'un riche planteur, il avait passé l'intégralité du dîner à lui faire le service, discourant sur l'étiquette et la bien séance que devait avoir tout bon domestique, se pavanant dans les vêtements de la bonne, haut de forme vissé sur la tête et agrémenté des jouets intimes de la maîtresse de maison qui, couverte de honte, blêmissait à chacun de leurs tressaillements...











(1): Seigneur mon Dieu, viens chercher à perdre Lester Bushnell afin qu'il soit « disparu » devant moi comme la foudre et la tempête, saint Exepdit, vous qui avez le pouvoir d’expédier la terre, vous êtes un saint et moi une pécheresse. Je vous invoque et vous prends pour mon patron dès aujourd'hui. Je vous envoie chercher Lester Bushnell, expediez sa tête, expédiez sa mémoire, expédiez sa pensée, expédiez sa maison, expédiez pour moi tous mes ennemis visibles et invisibles, faites éclater sur eux la foudre et la tempête. En l'honneur de saint Expédit : trois pater.

(2):Vous irez à St George's Bloomsbury ce soir à minuit, en emportant mon idole afin d'en pourrir le sol, vous m'offrirez un festin de bananes et de patates crues hachées menues, assez pour nous faire un festin à moi et Maman Brigitte et les laisserez pourrir devant mon tombeau. Ramassez la terre du cimetière et répandez là sur son chemin, ainsi les morts pénétrerons dans son corps et ne le lâcheront plus. Prenez quelques pierres et jetez les sur sa porte, ainsi les morts ne le lâcherons plus, et apportez moi du rhum !

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