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La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana)

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Sarah Spencer
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MessageSujet: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeVen 15 Mai - 3:26

En provenance de: Weekend à la campagne

La voleuse de Whitechapel


Sarah Spencer & Jana Taylor



Dans un crissement de bruit de ferraille, la locomotive s’arrêta si violemment que Sarah du se retenir de toutes ses forces à l’accoudoir pour ne pas être éjecté de son siège. La dame devant elle maugréa en ajustant son chapeau et offrit à l’héritière un sourire de complicité qu’elle ne lui rendit pas. Le chapeau de la magicienne était tombé de sa tête pour atterrir sur le siège avant, occupé précédemment par sa femme de chambre Anna qui reposait à présent au sol.

Le retour à Londres avait été long et difficile. Depuis son attaque, la Chasseuse était incapable de tolérer les voyages en fiacres et les événements du weekend l’avait rendue inapte d’endurer le cahotement des chevaux. Aussi, ce fut le train qui les raccompagna à Londres. Partager la route entourée d’inconnue avait été un supplice sans fin. Aussi, oubliant toute convenance, la demoiselle sortie la première du véhicule, aspirant à grande bouffée l’air ambiant. Le weekend chez Lady Woodland avait été mouvementé. En plus de toutes ses aventures, la jeune femme avait dû endurer les messes basses, les sourires moqueurs et complaisants de même que quelques remarques acerbes. L’étrange événement qui s’était produit avec la médium n’avait rien aider. Enfin sortie du véhicule, la Chasseuse prit un instant afin de rajuster sa tenue pendant qu’Anna récupérait leurs effets. La tenue de voyage de l’aristocrate était banale, mais pratique. Ne souhaitant pas attirer plus encore l’attention, l’héritière de la famille Spencer avait revêtu une jupe de laine brune rehaussée d’un simple manteau d’un ambre très pâle. Son chapeau dans une main, son sac personnel dans l’autre, la jeune femme sauta du marchepied avec élégance et laissa la place aux autres passagers. La zone de débarquement était encombrée de monde. Certains voyageurs attendaient leur véhicule pour partir, d’autres arrivaient de Londres. Pendant un bref instant, Sarah crut que tout s’était passé pour le mieux. Malheureusement pour elle, la jeune héritière ne s’en était pas complètement sortie indemne. Le babillage de Lady Woodland était parvenu jusqu’aux commères de la ville : Une médium, des aristocrates et un décès suspect, quoi de plus affriolant pour la bonne société! Et qui plus est, le tout en présence de la mystérieuse Mademoiselle Spencer, fraichement retrouvée après avoir été portée disparue pendant un mois et dont le fiancé venait juste de rompre ses engagements. C’en était presque trop beau. Pourquoi fallait-il que le nom de la jeune fille soit toujours associé à un scandale?

Alors qu’elle espérait son retour sans encombre, quelques journalistes téméraires apparurent brusquement devant la jeune fille, calepin à la main, questions sur les lèvres. Sarah recula d’un pas, heurtant la dame au chapeau au passage. Que pouvait-elle bien faire pour repousser ces horribles curieux? Heureusement Blake arriva sur les entre faits, chassant de sa grande taille et de son air sombre les mauvaises langues qui s’étaient massées autour de la Chasseuse. Leurs bagages récupérés, le petit trio s’était massé sur le trottoir, attendant la fin des passages de fiacre et autres véhicules pour rejoindre leur propre voiture.

Il y avait énormément de gens de jour-là sur le quai. Deux trains avaient eu du retard et les passagers se massaient à présent sur le trottoir exigu. Même Blake avait réussi à être avalé par la foule et se trouvait désormais à plusieurs pas de l’aristocrate, coincée derrière la dame au chapeau si étager que les plumes en tombaient. Pour combler ce tableau si peu agréable, le ciel déjà gris se mit à crachoter une pluie légère, mais désagréable. Coincée comme elle l’était, Sarah ne pouvait même pas remettre son chapeau qui pendait lamentablement à l’une de ses mains. Qu’importe, dans quelques instants elle serait tranquillement installée dans la berline qui la ramènerait à la maison...


Spoiler:



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Dernière édition par Sarah Spencer le Jeu 29 Sep - 2:20, édité 1 fois
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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeVen 15 Mai - 22:13

[HRP/ RP précédent :  Le Monde de Jana [06/06/42] /HRP]

Ce qui était certain, c’était que Jana aurait suffisamment d’argent pour tenir une bonne partie du mois. Son nouveau client, rencontré ce matin juste avant l’aube, avait promis une bourse juteuse si elle effectuait correctement sa mission, à savoir un vol rapproché. Sa cible se trouvait dans le train qui allait arriver d’une minute à l’autre. L’héritière Spencer, rien que cela ! Ce qui justifiait parfaitement le montant de la récompense. Elle devait être continuellement accompagnée et au centre de l’attention, ce qui rendait l’affaire plus délicate. Comme toutes les personnes s’intéressant de près aux ragots et au linge sale de la haute société, elle avait entendu parler de la jeune femme, disparue pendant près d’un mois puis retrouvée et récemment abandonnée par son fiancé, ce qui devait être un sacré coup dur considérant l’identité dudit fiancé. Le rejet de cet homme si puissant et influent devait avoir jeté une sacrée ombre de honte sur la famille de mademoiselle Spencer.

Jana aurait presque pu ressentir de la peine pour l’aristocrate, mais elle était bien trop concentrée pour laisser ses sentiments personnels affecter son jugement. La gare était l’endroit parfait, d’autant plus qu’elle grouillait de monde, il serait facile de se mêler à la foule et sa cible ne s’étonnerait pas si elle était soudainement bousculée. Cependant, ce qui était un avantage pouvait se révéler un inconvénient, la fuite serait plus compliquée alors qu’elle serait certainement nécessaire. En effet, la jeune femme rousse était persuadée de réussir à arriver sans peine jusqu’à l’aristocrate, mais l’objet qu’elle devait voler se trouvait, selon son client, dans son sac personnel. L’ouvrir ne poserait aucun problème, mais voler l’objet risquerait fortement d’attirer l’attention de la jeune femme. Ce plan reposait donc entièrement sur sa capacité à fuir et à distancer l’aristocrate. Heureusement, ses gênes de lycanthrope seraient une nouvelle fois d’une grande aide. Ses sœurs se tenaient par ailleurs prêtes au cas où elle devrait muter en urgence.


*Je vois quatre possibilités envisageables pour fuir*, la renseigna Eiwya. *La ruelle à gauche, le quai opposé, le toit de cette maison et l’allée en face*.

Jana hocha pensivement la tête, arrivée aux mêmes conclusions. Elle était sur le quai, à l’écart d’un petit groupe de bourgeois. De son endroit, son regard pouvait fouiller les lieux en entier, ce qui était idéal pour son habituel repérage. Comme toujours, elle passait inaperçue. Aujourd’hui, elle avait misé sur un total camouflage. Ses cheveux roux étaient attachés et soigneusement dissimulés sous un chapeau banal, et elle était habillée d’un simple pantalon marron et d’une chemise sale, sous laquelle ses attributs féminins étaient cachés à l’aide de plusieurs tours de bandages. Elle devait passer pour un des jeunes garçons qu’elle voyait un peu plus loin, qui attendaient l’arrivée du train pour mendier quelques pièces. La féminité de son visage avait été masquée par la suie qu’elle avait utilisée afin de se rendre plus misérable. Ainsi, elle se fondait parfaitement dans le triste décor de cette ville, si habituel que les bourgeois comme les aristocrates n’y prêtaient aucune attention, ce qui était révoltant mais néanmoins avantageux pour cette fois.

Enfin, le train pointa le bout de son nez, arrivant rapidement près du quai. Il s’arrêta brusquement en chuintant et Jana dut froncer le nez à la soudaine odeur relayée par la fumée s’échappant de l’engin. Son ouïe sensible n’était pas toujours un cadeau, loin de là.


*Tenez-vous prêtes*, dit-elle mentalement en se redressant, aux aguets.

Elle se mordit la lèvre nerveusement. Autant elle avait entendu parler de la jeune femme, elle ne l’avait en revanche jamais vu, et malgré la description précise qui lui avait été donnée, elle craignait de ne pas la repérer à temps. Heureusement, ses craintes furent vite balayées. Les premiers passagers venaient à peine de sortir quand un attroupement se forma autour d'un d'entre eux, une jeune femme svelte vêtue d’une jupe brune et d’un manteau clair. A leur calepin et leur air de fouine indécente, Jana reconnut des journalistes, et leur prêta d’autant plus d’attention quand le nom de sa cible s’échappa de leurs lèvres en cris excités et curieux. Devant leur empressement, la femme recula et heurta celle de derrière, qui portait un chapeau des plus extravagants.

*Vous avez vu ce chapeau ?* ricana Karvaan, faisant écho à ses pensées. *Elle a déplumé un coq, ou quoi ?*

*Tais-toi*, la réprimanda Eiwya alors que Jana s’avançait pour se mêler à la foule. *Elle a besoin de se concentrer.*

Karvaan renifla mais obéit et Jana réprima un sourire devant l’évident mauvais caractère de la chatte. Jana grogna en voyant un homme imposant rejoindre sa cible, mais la chance devait être avec elle, car la foule était si dense qu’il se retrouva bientôt bloqué quelques pas plus loin. C’était maintenant ou jamais.

Elle se faufila comme un souffle de vent entre les gens empressés, si agile et rapide qu’elle ne vacilla pas une seule fois, et se retrouva à côté de l’aristocrate, légèrement en retrait par rapport à elle. Une fine bruine se mit à tomber, froide et gênante, mais elle ne se déconcentra pas. Le sac de la jeune femme brune, qu’elle tenait dans une main, était mal fermé. Elle pouvait voir le journal qu’elle convoitait, mais le prendre sans mouvement brusque semblait impossible. La fuite se concrétisait. Elle ressentit la dureté du sol sous ses pieds, prenant appui sur l’un d’eux, prête à courir. Elle souffla doucement et s’élança.

D’une main, elle poussa la jeune femme ; de l’autre, elle attrapa son journal, le sortant d’un mouvement fluide du sac, se retourna et détala à toute vitesse, le frisson de la course parcourant son corps et étirant son visage en un fin sourire satisfait.


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeSam 16 Mai - 5:24

La voleuse de Whitechapel



Sarah se reteint de pousser un long soupir. Une dame ne montrait pas son exaspération en public, bien que le peu de patience qu’elle avait fondait rapidement sous cette pluie agressante. Ses cheveux gorgés d’eaux commençaient à frisée doucement et des mèches rebelles s’échappaient de son chignon pour coller à ses joues. Si seulement le ciel avait pu retenir son crachat quelques instants de plus. Un fiacre passa près d’eux, forçant la foule à reculer pour éviter que quelqu’un ne se fasse heurter. À sa droite un gentleman grommela dans sa barbe en cherchant à utiliser son journal pour protéger son chapeau neuf mais pour se faire il ne cessait d’agiter le coude en direction du nez de l’héritière. Plus quelques que véhicules et bientôt ils pourraient traverser la rue. Sarah étirera le nez en direction de Blake qui tentait tant bien que mal de se rapprocher sans trop bousculer les gens mais c’était peine perdue. À ses côtés, Anna gigotait sur place; le voyage de train l’avait beaucoup amusée mais la pluie avait gâché sa belle humeur. La Chasseuse offrit un sourire compatissant à une jeune gouvernante près d’elle qui cherchait à retenir les deux gamins qui lui tenait la main de sauter partout. Les petits devaient avoir faim. Sarah ouvrit son sac à main et en sortie deux biscuits qu’elle tendit aux petits affamés. Les enfants acceptèrent l’offrande avec joie et la gouvernante offrit un immense sourire de soulagement en guise de remerciement. Au moins les enfants se tiendrait-ils plus tranquilles pour quelques instants. Sarah ramena son sac contre son flanc sans le refermer, au moins avait-elle pu faire le bonheur de deux petits.

L’aristocrate détestait les foules. Peu de gens aimait être coincé dans des endroits contigus entourer d’étranger mais Sarah avait vraiment cela en horreur. Elle avait passé trop de temps à chasser les créatures nocturnes pour se sentir en sécurité avec des gens aussi proches d’elle. Sa chute dans la rivière n’avait rien améliorer à cette sensation désagréable.

*Calme-toi* pensa-t-elle.

Dans quelques instants elle pourrait prendre ses aises dans la voiture qui l’attendait. Brusquement, un frisson vrilla la colonne vertébrale de la jeune fille. C’était le même frisson qui la prévenait d’un coup de griffe de loup-garou ou encore d’un coup de dents des vampires. Ses sens en éveil, elle regarda autour d’elle, sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait. La foule était plus compacte que jamais et la pluie faisait baisser le visage de tous. Sarah ne se fiait plus à son instinct depuis un bon moment. Elle avait l’impression qu’il l’avait laissé tomber. Ses chasses nocturnes relégué aux oubliettes par les récents événements, elle n’avait accumulé que les faux pas et les erreurs. Où était passé son sang-froid? Son sens de la réflexion? Elle avait toujours été de celles qui réfléchissaient avant de s’attaquer à une proie, qui étudiait le terrain. Et voilà qu’en une semaine elle voyait sa demande en mariage refusée, son souhait de devenir immortel anéantis. Elle sauvait une demoiselle d’une accusation de meurtre, et se retrouvait à attendre pour traverser la rue sous une pluie moribonde. C’était un amassis de non-sens. Pour sûr, Alexender se serait moquée d’elle. Pourtant, en sentant ses cheveux mouillés se dresser contre sa nuque, rien n’était moins sûr.

Si la Chasseuse avait pu tenir sa place aussi longtemps parmi les hunters c’était grâce à ses sens aiguisés mais aussi à ses talents qui ne convenait pas à une jeune Dame. Elle était douée au tir à l’arc mais l’équipement était difficile a dissimuler, aussi manipulait-elle le fleuret même si elle n’avait jamais apprécier la proximité des combats à la lame. Son style était fluide et rapide pour parer les attaques mais la forces de ses adversaires venait rapidement à bout de son endurance. Si sa larme d’argent était efficace contre les vampires et des loup-garou, elle avait déjà subi des blessures face à leur force démesuré. Mais elle manquait d’entrainement et sa main n’était plus aussi sur. Aussi avait-elle appris à tirer au Bloody rose et gardait désormais un pistolet en tout temps sur elle, dissimulée à sa jarretière. Une balle avait le luxe d’être d’un grand secours contre les créatures mais aussi contre les simples brigands.

Les yeux bleus de l’aristocrate parcoururent de nouveaux les alentours. Elle se sentait surveillée, épiée même. Était-ce des disciples du Comte qui étaient venue surveiller son retour à la capitale? Malgré la pluie, il faisait encore trop claire pour que les vampires puissent sortir. Pourtant, la jeune femme savait que le Prince avait des fidèles jusque parmi les humains. Pourquoi aurait-il fait une telle chose? Murmura une petite voix dans sa tête. En effet, pourquoi aurait-il continuer de se soucier d’elle? Il avait été très clair dans ses intentions et la magicienne ne faisait définitivement pas partie de son futur. Les Sectes alors? Attendaient-ils un moment pour l’atteindre? Ou était-ce ce mystérieux Vincento?

La pluie l’obligeant à papillonne des yeux pour y chasser les gouttes d’eau, Sarah poussa un petit soupir. C’est elle qui devenait alarmante maintenant. Au moment où elle avait cette réflexion, une main la bouscula la faisant chanceler vers l’arrière où Anna la rattrapa avant la chute. Un gamin à l’ai mal famé s’éloigna en courant, se forçant un passage parmi la foule qui avait commencé à avancer tandis qu’un employé des quais arrêtait la circulation. Sortie de sa surprise, Sarah baissa les yeux sur son sac ouvert où un article se trouvant sur le dessus avait disparu.

-HEY! Cria-t-elle en se redressant d’une poussée.

Trop préoccupé par eux-mêmes, personne ne fit le moindre mouvement en direction du voleur. Sentant une poussée d’adrénaline traverser ses membres, la Chasseuse s’élança d’elle-même à la poursuite du chapardeur. Elle entendit vaguement la voix de Blake fendre la foule pour lui crier de revenir de même que la réprimande ouverte de certains bourgeois qui s’offusquèrent de la voir courir ainsi.

Qu’importe!

Sarah s’élança à la poursuite du voleur qui s’enfuyait comme le vent. Malgré le pavé mouillé et les divers obstacles présent sur le quai, le gamin avait le pied sur. Il filait comme une flèche à travers les dames et gentils hommes qui pressaient le pas pour se mettre à l’abris. Au détour d’un bâtiment, la Chasseuse manqua de perdre sa cible des yeux mais elle repéra rapidement le chapeau du gamin un peu plus loin. Il était hors de question qu’il lui échappe avec son journal! L’aristocrate eut un remerciement silencieux à sa femme de chambre qui avait insisté sur sa tenue de voyage. Sa jupe et son manteau léger lui permettait de courir à bon rythme sans s’enfarger dans les ourlets de tissus. Heureusement qu’elle n’avait pas mis de corset! Habitué à parcourir la ville pour ses chasses, la magicienne sauta par-dessus des caisses pour chercher à gagner du terrain
.



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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeSam 16 Mai - 14:24

Jana venait à peine de s’éloigner quand elle entendit crier la femme qu’elle avait délestée. Elle accéléra, craignant que quelque bon samaritain ne stoppe sa course, mais personne ne fit un geste en sa direction : les passants étaient fidèles à l’image que Jana se faisait d’eux, à savoir qu’ils étaient égocentriques et égoïstes. Cela jouait certes en sa faveur, mais le principe était toujours affligeant.

*Ne te déconcentres pas*, lui souffla Eiwya. *Je peux sentir que nous sommes suivies.*

*Rien d’étonnant*, répliqua la jeune femme en évitant les bagages conséquents d’une vieille dame aux allures de chouette désabusée, qui cria un « chenapan ! » en agitant son parapluie dans sa direction.

Elle arrivait presque au bout du quai, ayant manœuvré avec efficacité et rapidité dans la foule conséquente, en prenant garde de ne pas glisser sur le pavé détrempé. Pour l’avoir expérimenté plus de fois qu’elle ne pouvait l’avouer à cause de sa fierté, chuter pendant une course-poursuite sonnait le glas de cette dernière. Même si le traqueur ne vous rattrapait pas avant que vous vous soyez relevé, l’élan que vous aviez perdu provoquait un certain relâchement des muscles et vous perdiez en vitesse. Généralement, cela signifiait qu’il n’y avait plus aucune chance de semer votre poursuivant.

Estimant avoir acquis une distance raisonnable, Jana se permit un furtif coup d’œil en arrière, manquant trébucher en remarquant que c’était sa victime qui la coursait. Elle s’attendait plutôt à ce que ce soit son garde du corps baraqué, Blake, comme elle l’avait entendue l’appeler. Elle ne s’attendait pas à ce qu’une aristocrate prenne le risque d’abîmer sa toilette pour lui courir après. Ceci dit, la femme était plus proche que prévu, elle courait vite, ce qui n’arrangeait pas son affaire. Elle reporta son attention droit devant elle.

*Tourne à gauche*, ordonna Eiwya.

Sans hésiter une seule seconde, Jana obéit. Au cours des années passées auprès de ses sœurs, elle avait appris à lâcher prise, à leur laisser le contrôle de son corps, même quand, techniquement, elle était aux commandes. Dans les situations d’urgence, elle savait que ses sœurs étaient pleinement connectées à elle et que la moindre de leurs indications devait être suivie à la lettre : elles avaient parfois une perspective qui lui manquait car elle n’avait aucun recul. Les écouter se révélait souvent une question de survie.

Jana tourna une nouvelle fois à gauche puis aussitôt à droite, serpentant dans des allées étroites, dans l’espoir de parvenir enfin à distancer l’aristocrate, dont elle pouvait distinguer les pas rapides quelques mètres derrière elle grâce à son ouïe développée. N’ayant rien avalé depuis deux jours, la rousse sentait que son énergie n’allait pas tarder à la quitter.


*Elle court vraiment vite pour une humaine*, souleva Karvaan avec un ton suspicieux. *C’est peut-être un vampire ?*

*En plein jour ?* répliqua Jana en sautant par-dessus l’étal extérieur d’une boutique de tissus.

*Il pleut, peut-être qu’ils peuvent sortir quand le soleil est masqué.*

*Je ne pense pas que ce soit possible*, intervint Eiwya, *mais en tout cas ce n’est pas une lycante.*

Jana souffla, les poumons brulants, et sa précipitation l’amena dans une impasse. Elle jura, maudissant sa stupidité : elle connaissait ce dédale de rues par cœur, bon sang ! Rebrousser chemin était impossible, elle tomberait directement sur l’aristocrate.

*Le toit*, dit Karvaan.

La rousse obéit et escalada rapidement la façade d’une maison, poursuivant sa course sur les toits pendant tout un pâté de maisons, sautant habilement de bâtiment en bâtiment malgré les tuiles glissantes qui rendaient l’atterrissage risqué. Quand elle faillit se casser le cou, elle décida de revenir sur la terre ferme. Elle ne se retourna pas pour vérifier si la femme avait réussi à la suivre, ne voulant perdre de précieuses secondes. Et elle se doutait que sa victime ne lâcherait pas l’affaire. Il fallait mettre le plus de distance possible. Elle regagna le sol et se remit à courir. Si elle pouvait atteindre l’église Saint-Georges, elle aurait le temps de dissimuler rapidement le journal avant que l’autre ne la rattrape. La disparition de son bien conférerait à Jana un moyen de pression au cas où la situation dégénérerait.

Malgré son corps courbaturé et son cœur battant si fort qu’elle avait l’impression qu’il allait s’échapper de sa poitrine, Jana appréciait la course. Elle ne se sentait jamais aussi libre que lorsque qu’elle parcourait les rues à toute vitesse, grisée par les obstacles sur son chemin ne pouvant la freiner et la multitude d’odeurs et de bruits, qui lui parvenaient comme assourdis tant son sang pulsait dans ses oreilles. C’était une sensation merveilleuse, et cette course-ci ne faisait pas exception à la règle. Elle était certes fatiguée mais ne s’était jamais sentie aussi vivante qu’en cet instant précis, la vue presque brouillée par la vitesse à laquelle elle avançait, le nez submergé par les senteurs d’épices et d’encens provenant d’un marché un peu plus loin, le vent courant sur son visage et s’engouffrant dans ses longs cheveux…

Dans ses longs cheveux ? Sans ralentir, elle porta une main à sa tête, seulement pour constater qu’elle avait perdue son chapeau, sans doute en descendant du toit. Le ruban maintenant sa tignasse en place n’était plus là non plus, et ses cheveux s’envolaient librement dans l’air qui les caressait. Il ne manquait plus que cela. Heureusement, l’église n’était plus loin, et elle l’atteignit quelques minutes plus tard. Elle poussa la vieille porte et la laissa se refermer lourdement derrière elle dans son grincement familier. Ayant passé une bonne partie de sa jeunesse dans cet endroit, elle le connaissait par cœur.


*Karvaan !* cria-t-elle mentalement, pressée par l’urgence de la situation. *Il faut que…*

*Je sais*, la coupa la chatte. *Laisse-moi la place.*

La métamorphose s’opéra presque immédiatement : le journal n’eut même pas le temps de tomber au sol que Karvaan le rattrapa délicatement par la gueule. L’animal pouvait se montrer parfois enfantin, taquin et immature, mais, quand les événements l’exigeaient, ses deux sœurs pouvaient compter sur elle. Elle bondit sur l’autel et atteignit une des parties écroulées de la vieille bâtisse, un amoncellement de pierres et une poutre affaissée qu’elle escalada pour gagner les poutres encore viables. La chatte noire surplombait à présent l’allée centrale et réussit en quelques bonds à atteindre une mezzanine inaccessible à tout être humain. Elle y cacha le journal et redescendit rapidement pour laisser la place à Jana. Cette dernière appuya son dos contre l’autel, peinant à retrouver son souffle, et attendit, dans une pose faussement décontractée, l’affrontement inévitable, même si elle espérait encore avoir réussi à semer la jeune aristocrate.


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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeDim 17 Mai - 2:19

La voleuse de Whitechapel



La Chasseuse courrait à travers les rues de Marylebone en direction de Whitechapel. La pluie faisant fuir les passants, les rues devinrent rapidement désertes, ne laissant que quelques commerçants pressés de ranger leurs marchandises. Cela arrangeait Sarah qui pouvait ainsi avoir une vue dégagée sur sa cible qui filait à toute allure sur le pavé mouillé. Le voleur était rapide et agile et la magicienne devait utiliser tous ses efforts pour le rattraper. Rien ne comptait plus dans la tête de la jeune femme que de suivre les vêtements sombres qui prenaient de plus en plus de distance devant elle. Tenait-elle à ce point à ce journal? Contenait-il des informations capitales pour qu’elle se lance à la poursuite d’un homme probablement armé à travers le quartier malfamé de Whitechapel? En vérité, la belle était partie d’un seul coup, sans vraiment réfléchir à la portée de son geste. Peut-être était-elle en train de se jeter dans un piège? À courir ainsi sous la pluie après un agresseur dans l’un des quartiers chauds de la ville, il ne pouvait qu’en résulter un malheur. La Chasseuse évita de peu un homme qui sortait d’une boutique, les bras chargés de paquet, manquant de peu de les renverser tous les deux. Elle ne pourrait pas tenir très longtemps. Heureusement, le garnement prit une décision qui faillit lui couter cher. Il tourna dans une impasse et se retrouva face à un muret, mais le temps que la Chasseuse le rejoigne, il avait bondi de nouveau.

-Non de…

La Chasseuse jura à voix basse en voyant le voleur grimper sur un escalier avant de sauter sur le toit du bâtiment le plus proche. C’était elle maintenant qui se retrouvait face au cul-de-sac. Sarah ne pouvait pas grimper sur le toit, pas avec sa jupe et encore moins avec ses bottes de voyage; elle risquait de tomber et de se rompre le cou. Si seulement elle avait porté sa tenue de chasse! Mais l’esprit de la jeune femme sauta aussitôt à la prochaine étape. Si le voleur empruntait les toits, il pouvait se rendre jusqu’à Burslem street, ensuite il n’aurait pas le choix de redescendre, car les anciens logements étaient trop éloignés de la rue pour pouvoir continuer. La jeune femme descendit donc en direction de Crowder street, espérant rattraper le garnement. Son chignon malmené par la course ne ressemblait plus à rien, laissant de nombreuses mèches s’en échapper ici et là. Malgré son pas rapide, la magicienne pouvait voir les regards curieux que lui portaient les passants tout comme les commentaires déplacés que quelques ivrognes lui lançaient depuis les pas des portes, bien à l’abri des auvents. Elle lui étriperait bien le cou à ce gamin lorsqu’elle le tiendrait!

Arrivée à Cannon street, Sarah ralentis le pas, avant de s’arrêter tout à fait, observant les toits environnants. Elle n’entendait plus le bruit de course qu’elle suivait à distance depuis maintenant un moment. Mais où était passé le voleur? La main en visière pour protéger sa vue de la pluie, la belle observa les toits sans apercevoir la moindre trace de son petit fuyard. Avait-il trouvé une cachette? Était-il resté sur le toit, persuadé d’être à l’abri? Soudainement, une forme mole et humide attira l’œil avisé de la jeune femme. Le chapeau du gamin trainait au sol. C’était un morceau de tissus sans forme, mais bien remarquable au milieu des pavés. Sarah se pencha pour ramasser le chapeau et s’avança jusqu’à Cannon street. Il n’avait pas pu aller bien loin... L’aristocrate déboucha sur la petite place à temps pour apercevoir une tignasse rousse disparaître derrière la grande porte de l’église St-George. La Chasseuse laissa un sourire satisfait étirer ses lèvres. Malgré le poing qu’elle avait sur le côté et son souffle court, elle le tenait enfin.

L’héritière de la famille Spencer n’avait jamais été à l’église St-George. Le quartier n’étant pas un endroit fréquentable, il n’était pas étonnant qu’elle pénètre pour la première fois dans le lieu de culte. L’Église était un bâtiment ancien, entouré par un jardin mal entretenu dont les murets de pierre étaient défraichis. La haute tour de la cloche autrefois blanche avait un aspect grisâtre, recouvert d’une couche de suie des usines environnantes. L’endroit servait de refuge pour les pauvres âmes de ce quartier défavorisé. Toutefois, à cette heure, il semblait désert. Refusant de se laisser surprendre une nouvelle fois, Sarah longea le bâtiment. Si c’était la première fois qu’elle visitait le bâtiment, elle savait que toutes les églises étaient bâties sur le même schéma. Il se trouvait toujours une porte de l’autre côté de la nef, près du déambulatoire par laquelle prêtre entrait pour se rendre à l’Autel. Au bout d’une minute, la jeune femme trouva la porte défraîchie et réussit à l’ouvrir sans effort. L’intérieur de l’église était sombre. De la poussière recouvrait plusieurs endroits. Certains vitraux étaient brisés et les reliques étaient enfermées derrière de lourdes grilles de métal. L’endroit semblait peu accueillant. Alors qu’elle s’avançait en tentant de retenir sa respiration sifflante, la Chasseuse aperçut les jambes de son voleur. Le gamin était assis négligemment contre l’Autel, fixant la porte du parvis, s’attendant sans doute qu’elle surgisse de cette direction. Profitant de l’effet de surprise, l’aristocrate s’avança vers le meuble saint d’un pas tranquille, faisant claquer le talon de ses bottes soudainement.


-C’était une belle course!

Sarah avait du mal à reprendre son souffle. Ses cuisses l’élançaient, ses poumons lui brûlaient et elle avait l’impression d’avoir le visage rougi par l’effort. Pourtant, elle se força à garder un air tranquille, souhaitant profiter de son avantage pour prendre le dessus de la conversation.


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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeDim 17 Mai - 3:58

L’adrénaline retombant progressivement alors qu’elle patientait dans un silence tendu, Jana n’était plus protégée de l’air frais intérieur, qui la fit frissonner. Elle frotta ses bras en observant la porte au bout de l’allée centrale, qui demeurait obstinément close. Elle ne savait pas si elle devait s’en inquiéter, ou au contraire, s’en réjouir. Peut-être avait-elle finalement réussi à semer l’aristocrate, après tout. Elle n’était même pas certaine qu’elle l’ait suivie sur les toits, elle avait probablement été gênée par ses vêtements et Jana l’avait donc semé. Oui, c’était sûrement cela. Pourtant, elle avait l’impression que ce n’était pas fini. Cette mademoiselle Spencer avait été si obstinée, n’hésitant pas à la courser malgré ses habits encombrants et la pluie qui avait redoublé d’intensité, qu’elle s’imaginait mal que ce soit si aisé de se débarrasser d’elle. Jana pesta à voix basse contre son client. Il aurait tout de même pu penser à la prévenir que la cible battait des records en course à pieds, cela lui aurait évité bien des ennuis ! Quoique… en fait non, elle aurait accepté le contrat quand même, ne serait-ce que pour une question de fierté. Mais tout de même, savoir ce paramètre lui aurait permis de mieux préparer l’itinéraire de repli. Ce travail-là, c’était du grand n’importe quoi, elle pourrait le classer directement dans la pile des contrats les moins bien exécutés. Tiens, s’il n’y avait pas tant d’argent à la clé, elle n’aurait pas hésité une seule seconde à rendre son journal à l’aristocrate rien que pour faire enrager le petit malin qui avait décidé de lui cacher des choses. Car, oui, Jana pouvait se montrer très rancunière. *Et fière. Et arrogante. Et têtue…*

*Tu crois que c’est le meilleur moment pour dresser la liste de tes défauts ?* la reprit Eiwya, et elle se rendit compte qu’elle avait pensé tout haut (enfin, façon de parler) et que ses sœurs l’avaient entendue. *Je sens que ce n’est pas fini, alors reste concentrée, tu veux ?*

*Oui, maman*, railla-t-elle, tout de même soulagée de constater qu’Eiwya pensait comme elle.

Elle passa une main dans ses cheveux détrempés et alla s’observer dans la surface réfléchissante de l’eau présente dans un bassin en pierre à côté de l’autel. Même les cheveux détachés, l’illusion fonctionnait toujours, en partie grâce à la suie recouvrant son visage : elle passait toujours pour un jeune garçon, seulement un jeune garçon avec des cheveux longs. Peu courant mais pas si étonnant pour les gamins des rues. Elle remit un peu de suie car la pluie l’avait un peu dissous, puis retourna s’appuyer contre l’autel. Si, comme elles le présumaient, Jana n’avait pas semé l’aristocrate, elle mettait tout de même beaucoup de temps à arriver. Honnêtement, elle préférerait avoir tort et avoir réussi à la perdre, car elle ne se sentait pas d’humeur pour un affrontement. Ses vêtements lui collaient à la peau, et tout ce qu’elle voulait c’était s’en débarrasser et laisser respirer sa poitrine compressée douloureusement. Pour tromper ce pincement désagréable, elle fit quelques vocalises dans le but d’aggraver sa voix, de façon à parfaire l’illusion de son changement de sexe temporaire. Elle venait de terminer quand un claquement de talons résonna à un mètre d’elle.


- C’était une belle course !

Jana ne put réprimer son sursaut et elle se décolla vivement de son support pour pivoter en reculant de quelques pas, de façon à mettre un peu de distance au cas où la jeune femme aurait la grandiose idée de lui sauter à la gorge. Celle-là, elle ne l’avait pas vu venir, s’attendant à la voir débarquer par la porte principale. Elle avait décidément du mal à cerner l’aristocrate, toutes ses actions ne correspondant absolument pas au schéma habituel. D’abord, lui courir après, alors que tout aristocrate digne de ce nom ne s’abaisserait certainement pas à cela, dédaignant cette tâche à ses domestiques ; ensuite, effectuer un repérage – car c’était bien ce qu’elle avait fait – pour trouver une porte dérobée permettant une entrée discrète.

*Je n’aime pas ça*, grogna Karvaan. *On dirait que cette femme a l’habitude de la rue et des situations potentiellement dangereuses, ce n’est pas logique.*

*Moi non plus*, répliqua-t-elle en observant la jeune femme. *Je vous promets que si on arrive à mener à bien la mission, je m’arrangerais pour extorquer une généreuse prime à ce gougnafier de client.*

Tout comme elle, l’aristocrate était trempée et semblait essoufflée, bien qu’elle fasse tout pour le cacher. En tout cas, son entrée fracassante avait déstabilisé la rousse. Elle se retint de grincer des dents, confiante en l’as qu’elle tenait dans sa main… enfin, as qui se trouvait actuellement dissimulée à près de cinq mètres de hauteur.

- Oui, c’était une belle course, répéta-t-elle en croisant les bras, un fin sourire aux lèvres.

*Fais attention*, dit Eiwya. *Elle n'aurait pas pris le risque de te poursuivre si elle n’était pas armée.*

*Compris.*

Jana plissa les yeux, réfléchissant à la façon dont elle voulait jouer, scrutant son adversaire, aussi stoïque qu’elle-même. Elle devait bien reconnaître que mademoiselle Spencer n’avait rien d’une nature délicate, c’était plutôt même le contraire, à en croire le regard farouche qui se baladait sur son visage. Cela s’annonçait tendu. Jana souffla et s’approcha en affectant une décontraction superficielle. Elle effleura machinalement l’autel du bout des doigts, le longeant jusqu’à s’arrêter en face de l’aristocrate. A peine un mètre les séparait. Elle laissa planer un silence, faisant mine de réfléchir. A cet instant précis, elle avait l’impression d’être Karvaan en train de jouer avec sa nourriture. Restait à savoir qui des deux était en réalité le repas…

- J’avoue que je suis surpris, déclara-t-elle en faisant attention au timbre de sa voix. Vous m’avez suivi jusqu’ici, seule, alors que… je ne sais pas, cela pourrait être un piège où je jouerai le rôle de l’appât, et vous, du poisson qui mord à l’hameçon. Ce n’est pas très malin, si je puis me permettre, milady.

Ses mots dégoulinaient de sarcasme. Elle pencha la tête sur le côté en laissant courir son regard sur la femme qui lui faisait face, la détaillant de haut en bas, une moue spéculatrice sur le visage. Puis elle soupira et se redressa en perdant son début de sourire.

- Bien. Nous sommes donc ici, tous les deux, parce que j’ai volé votre journal. Journal que, soit dit en passant, je n’ai absolument pas l’intention de vous rendre.

Elle s’interrompit et prit appui sur l’autel avec ses deux mains pour soulever son corps et s’asseoir dessus. Plus tard, elle réciterait sans doute un Pater Noster pour avoir osé un geste aussi blasphématoire, mais pour le moment, elle était à fond dans son rôle. Elle balança ses jambes comme un gamin, les laissant rebondir à plusieurs reprises contre la pierre, créant un effet d’écho plutôt désagréable qui résonna dans tout le bâtiment.

- Que voulez-vous faire, alors ? Si vous le désirez, milady, on peut s’entretuer, mais je vous avoue que ça me dérangerait un peu de répandre le sang dans la maison de Dieu, surtout pour un stupide carnet. Je crois que ce serait une réaction un tantinet disproportionnée, mais qui suis-je pour en juger, après tout ?

Elle claqua la langue et arrêta son jeu de jambes, laissant un brusque silence emplir la pièce, rompu parfois par quelque coup de vent serpentant depuis les vitres brisées jusqu’entre les poutres et les coursives.

- Ou alors, et c’est l’option que je préfère, on se félicite mutuellement pour notre performance sportive hors norme et vous rebroussez chemin, puisque de toute façon et comme je viens de vous le dire, je ne vous rendrai pas votre journal. Si vous voulez tout savoir, je l’ai caché. Je connais cet endroit comme ma poche, alors croyez-moi quand je vous dis qu’il est si bien dissimulé que vous ne le retrouverez pas sans mon aide. Ce qui devrait logiquement vous motiver à ne pas essayer de me faire la peau. D’après ce que j’ai pu voir, vous êtes prête à affronter la pluie et les pavés glissants ainsi qu’un dangereux voleur dans l’unique but de récupérer votre bien, donc j’en conclus qu’il est important pour vous. Ce serait dommage de risquer de le perdre à tout jamais.


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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeLun 18 Mai - 5:06

La voleuse de Whitechapel



Sarah se tenait à quelques pas du voleur, droite et fière, ses bras négligemment croisés en une image d’ennuie paresseux alors qu’elle se retenait de tenir ses côtes douloureuses et de souffler pour reprendre son souffle. Son entrée surprise avait eu l’effet escompter et le gamin avait sursauté en entendant sa voix provenir de derrière sa cachette. Un léger sourire de triomphe étira les lèvres moqueuses de la magicienne. Elle avait maintenant un point d’avance. Sarah était une aristocrate de sang. Malgré sa fougue, sa jeunesse, on lui avait enseigner dès son plus jeunes âge l’art de paraître, de dissimuler, de garder son sang-froid. Elle pouvait avoir de ses regard remplis de fierté et d’arrogance qui n’appartenais qu’à sa classe sociale. Pourtant, c’était son métier de huntresse qui avait forgé sa nature calculatrice. Après avoir affronté des vampires, des loups-garous et une cour d’aristocrates, que pouvait bien lui faire un gamin aux allures arrogant. Aussi, la belle ne sembla pas s’offusquer le moins du monde lorsque le jeune homme reprit le contrôle de la conversation, avançant en parlant comme s’il se trouvait chez lui dans la maison de Dieu. L’héritière de la famille Spencer prit cet instant pour détailler la situation ainsi que le mystérieux garnement s qui lui avait fait courir la moitié de la ville.

Le jeune homme était jeune. Effroyablement jeune. Sa silhouette maigre était de forme longiligne et sens mouvements remplis d’habileté. La Chasseuse comprenait mieux à présent comment il avait pu la semée aussi rapidement sur le quai. Sa silhouette témoignait d’une habitude à grimper et escalader et sans doute courir pour sauver sa peau. Une épaisse tignasse rousse oscillait à chacun de ses mouvements, créant une auréole de feu autour de son visage aux traits volontaires. Il aurait pu être mignon si ce n’avait été des épaisses couches de suie qui maculait sa peau et des loques qui lui servait d’habit. Ses grands yeux expressifs, mélange de vert et d’or, était fixé sur l’aristocrate comme s’il détaillait le moindre de ses gestes, préparant tranquillement son prochain coup.


- J’avoue que je suis surpris. Vous m’avez suivi jusqu’ici, seule, alors que… je ne sais pas, cela pourrait être un piège où je jouerai le rôle de l’appât, et vous, du poisson qui mord à l’hameçon. Ce n’est pas très malin, si je puis me permettre, milady.

La belle élargie sont sourires. Les hostilités étaient donc lancées. Sarah eut un petit rire sans joie. Ils étaient dans une église. Ni les vampires, ni les loups garous ne pouvait pénétrer en un lieu saint. Le seul danger pouvait provenir des humains et en ce moment il n’y en avait qu’un seul qui semblait plutôt frêle pour se mesurer à elle. Après l’attaque du fiacre et celle des quais et enfin l’attentat du cimetière plus rien ne lui faisait vraiment peur lorsqu’il s’agissait de défendre sa vie. L’adolescent fit quelques pas en cherchant à résumé rapidement la situation. Sarah du retenir la moue évidente qui menaçait d’ourler sa lèvre. Il avait non seulement volée son journal mais il l’avait en plus caché? C’était donc un garnement bien déterminé à qui elle avait affaire. En le voyant prendre place de façon nonchalante sur l’Autel et y frapper les pieds comme un enfant impatient, l’aristocrate reteint de nouveau un regard noir et une envie de lui servir un sermon.

- Ou alors, et c’est l’option que je préfère, on se félicite mutuellement pour notre performance sportive hors norme et vous rebroussez chemin, puisque de toute façon et comme je viens de vous le dire, je ne vous rendrai pas votre journal. Si vous voulez tout savoir, je l’ai caché. Je connais cet endroit comme ma poche, alors croyez-moi quand je vous dis qu’il est si bien dissimulé que vous ne le retrouverez pas sans mon aide. Ce qui devrait logiquement vous motiver à ne pas essayer de me faire la peau. D’après ce que j’ai pu voir, vous êtes prête à affronter la pluie et les pavés glissants ainsi qu’un dangereux voleur dans l’unique but de récupérer votre bien, donc j’en conclus qu’il est important pour vous. Ce serait dommage de risquer de le perdre à tout jamais.

Voilà donc comment le jeune répartissait ses cartes. Sarah prit une bonne minute pour laisser passer un silence désagréable et analyser la manière dont elle allait jouer à son tour. La Chasseuse hésitait. Elle pouvait toujours le menacer de son arme, l’envoyer valser contre le plafond grâce à son pouvoir de télékinésie. Elle pouvait même mettre le feu aux diverses banc, histoire de lui mettre une bonne frousse et lui faire regretter le temps perdu et la course à travers la ville. Mais elle ressentait au fond d’elle-même une sorte de pitié. Le jeune homme devant elle était affreusement jeune. Ses membres étaient maigres et fins, caractéristiques des gamins de la rue. Pourtant, son regard vert était sérieux et mature, comme s’il en avait déjà trop vue pour sa courte vie. Pourtant, elle résista à l’envie de lever les yeux aux ciels lorsque le voleur décida de lui faire la morale sur le lieu saint tout en ayant des gestes aussi blasphématoires que celui de s’assoir sur l’autel. D’un pas tranquille, l’aristocrate contourna l’Autel pour descendre les trois marches de la scène.

-Je ne suis pas Fairplay surtout lorsqu’il s’agit d’un voleur. La surprise et la dissimulation ne mérite aucunement les éloges même lorsqu’elles sont habillement exécuté…

Sans se soucier de se retourner, la belle eut un geste discret de la main, usant de son don. Aussitôt, une force invisible tira le garnement de son perchoir, le remettant durement sur ses pieds comme si on l’avait poussé avec force. Lui adressant un sourire en coin, l’aristocrate lui montra la croix derrière lui d’un signe de tête.

-Nul ne peut profaner la maison du Seigneur.

Voilà de quoi faire croire au gamin une intervention divine et peut-être le mettre sur une voie plus raisonnable. Satisfaite de sa citation, Sarah continua de son pas tranquille jusqu’au premier banc parfaitement nettoyer. Même si l’Église démontrait un cruel manque de financement, la ferveur de ses habitants conservait au lieu un semblant de propreté. Sarah prit place avec la prestance d’une femme de son rang, achevant mentalement son prochain geste. Lorsqu’elle s’était travestie en homme sous les traits de Gabriel Fitzwilliam, la Chasseuse avait dû négocier et à débattre à de nombreuses reprises. Si les moyens étaient plus aisés pour un homme, il n’en demeurait pas moins nécessaire d’utiliser divers moyen pour arriver à ses fin.

-En faite tu as simplement deux choix: Je peux facilement changer les règles du jeu, j’appelle un gendarme, je rapporte une agression et je t’accuse formellement. Je n’aurai aucune difficulté à trouver des témoins pour agir en ma faveur. Tu sais aussi bien que moi que ta parole ne vaudra pas grand-chose devant les yeux de la loi et tu finiras emprisonner.

La magicienne laissa un silence pour faire planer sa menace. Sarah détestait se voir obliger de jouer les manipulatrices mais elle n’avait pas le choix avec ce gamin des rues. Marchander était la seule chose qu’ils connaissait. C’était inutile de lui servir un sermon sur la qualité chrétienne ou le sens de l’honneur. L’argent était sans doute la seule chose qu’ils connaissaient.

-Ou alors nous allons directement à la prochaine étape : Quel est ton prix?

La belle s’avança doucement en avant comme pour poser une question importante.

-Car c’est bien d’argent qu’il s’agit n’est-ce pas?

L’aristocrate se recula pour adosser son dos contre le banc de bois qui grinça un peu.

-Pour faire simple, tu as un carnet qui ne te seras d’aucune utilité, ni pour toi ni pour le potentiel commendataire qui t’a engagé. Il est écrit dans une langue dont je doute que tu saches lires.

Sarah était maniaque de l’information. Après que l’épisode dans le cimetière aie fait sauter le verrou de son livre qu’elle croyait inviolable, elle avait entrepris de le réécrire en langage codé; mélange de latin et d’alphabet phénicien. Sa rencontre avec le Conservateur l’avait mis sur l’idée des langues mortes. En soi, le journal ne représentait pas grand-chose. Mais pour la Chasseuse, il était une mine d’information, de citation de passage qu’elle avait emprunter au journal des songes du Comte ainsi que divers plans d’action pour le futur. En vérité, l’héritière était fatiguée. Le voyage en train l’avait épuisé tout comme l’interminable week-end à la campagne où on lui avait reprocher de bouder son plaisir. Puis cette course sous la pluie et enfin l’utilisation de son don, elle aurait aimé une bonne soupe et quelques heures de sommeils sans crise de somnambulisme pour se reposer adéquatement. Et la seule chose qui se trouvait entre elle et se but agréable c’était gamin irrespectueux et arrogant qui voulait jouer aux devinettes. Gardant son regard bleu dans celui du jeune homme, elle lui offrit une porte de sortie intéressante.

- Tu me semble un gamin intelligent, je te donne la possibilité de choisir l’option qui te plaît le plus. Dans les deux cas, soit assurer que je récupérerai mon journal. Reste à savoir si tu souhaites repartir d’ici la bourse pleine ou avec des fers à tes poignet.



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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeLun 18 Mai - 18:00

Jana retint son sourire. Qu’elle utilise l’autel comme chaise semblait déplaire à l’aristocrate.  Elle la détailla tandis qu’elle réfléchissait. Sa peau pâle contrastait avec ses cheveux sombres et elle était pourvue de grands yeux bleus vifs et calculateurs. Grâce à son ouïe développée, elle pouvait entendre les battements de son cœur, qui revenaient peu à peu à la normale après leur course effrénée. La situation ne l’émoustillait pas plus que cela, elle conservait son calme et sa maîtrise, parfaitement à l’aise. Elle était fière, stoïque et arrogante. Jana avait face à elle une adversaire de taille, mais le jeu n’en était que plus excitant. Elle conserva son attitude nonchalante mais, intérieurement, elle était sur ses gardes. Elle devinait de par le regard scrutateur de la brune qu’elle considérait ses options, et Jana devait se tenir prête au cas où elle déciderait d’attaquer sans discuter. En elle, elle sentit ses entités s’agiter, prête à prendre le relais en cas de grand danger.

La jeune femme s’avança et Jana se raidit, mais elle ne fit que la dépasser pour descendre les marches. Sans se lever, la rousse pivota légèrement pour continuer à la suivre des yeux. La règle la plus importante était de ne jamais détourner son regard de la menace.


- Je ne suis pas Fairplay surtout lorsqu’il s’agit d’un voleur. La surprise et la dissimulation ne mérite aucunement les éloges même lorsqu’elles sont habillement exécuté…

Jana sourit et n’hésita qu’une seule seconde avant de répliquer la réponse qui lui brûlait les lèvres, déformant les propos de son interlocutrice. Elle était experte en cette pratique, ce qui avait toujours le don d’agacer. Mais, après tout, c’était le but recherché.

- Ah ! Alors vous reconnaissez mon habileté ! Je suis très touchée, merci beaucoup, ça fait plaisir à entendre.

Elle ne put pas profiter de la réaction de l’aristocrate car il se produisit alors quelque chose d’étrange. Elle venait de finir de parler quand une force invisible la décolla de l’autel pour la précipiter sur ses pieds. Surprise, elle trébucha et seule son agilité lui permit d’éviter la chute. Ses deux sœurs grondèrent à l’unisson. Son cœur rata un battement dans sa poitrine et elle regarda la brune, qui arborait un curieux sourire en coin. Puis elle se détourna pour avancer vers un des bancs, dans le but de s’y installer. Jana ne bougea pas mais en profita pour reprendre contenance et impassibilité. Intérieurement, son attitude était toute autre.

*Vous avez vu ça ?* s’enquit-elle.

*C’est elle*, dit Karvaan. *Elle a des pouvoirs.*

*C’est bien ce que je me disais.*

Une furieuse envie d’étriper son client la prit. Actuellement, son instinct lui soufflait qu’elle était en présence d’un prédateur peut-être aussi dangereux qu’elle. Elle hésitait entre attaquer, c’est-à-dire réagir comme l’animal acculé qu’elle n’allait pas tarder à être, mais cela ne ferait qu’envenimer la situation, et elle ignorait si son adversaire possédait d’autres pouvoirs. Ses propres pouvoirs à elle ne lui seraient d’aucune utilité, sauf si elle décidait de fuir, mais elle n’était pas en état. Elle se sentait de plus en plus fatiguée et la faim la tiraillait, de même que le sommeil. Il fallait résoudre la situation au plus vite.

*Elle est encore plus dangereuse que ce qu’on pensait*, intervint Eiwya en grognant, et Jana sentit la tension de sa sœur d’âme jusque dans ses os. *Laisse moi la place*.

Jana poussa un soupir discret. Elle était trop épuisée pour combattre Eiwya si la louve décidait de s’opposer à elle, ce qui semblait parti pour. Sa sœur pouvait avoir un instinct dominateur très élevé et elle répondait souvent au danger par l’offensive. Elle n’hésitait pas à contredire Jana, plus pacifique qu’elle : dans certaines situations extrêmes, elle avait même déjà essayé de forcer la jeune femme à lui céder le contrôle, ce qui s’était soldé par une immense douleur scindant son corps comme s’il allait se découper en deux. Jusqu’à présent, Jana avait toujours réussi à la repousser, au prix parfois d’un effort trop intense qu’elle ne pourrait pas fournir aujourd’hui, d’autant qu’une partie d’elle-même envisageait également le combat. Sa seule chance était de réussir à convaincre la plus obstinée de ses sœurs de rester tranquille. Elle pouvait déjà dire bonjour à la migraine qui allait pointer le bout de son nez.

*Non*, répliqua-t-elle fermement. *Elle ne doit pas savoir ce qu’on est, et si on se transforme, cela la poussera à nous attaquer. Reste calme.*

Karvaan n’intervint pas, restant prudemment à l’écart de leur conflit, mais Jana pouvait percevoir son inquiétude.

*Jana*, grogna sourdement la louve. *Retire-toi.*

Le rythme cardiaque de la rousse s’accéléra, une pression douloureuse descendit le long de son dos, jusqu’à tirailler ses reins. Elle se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper un gémissement de souffrance.

*Non.*

Elle retint le tremblement qui voulait agiter son bras. Eiwya poussait, elle avait l’impression qu’on lui plantait des milliers d’aiguilles dans le corps. Elle serra les poings, sortant de son absence intérieure quand la voix de la jeune femme brune lui parvint, comme étouffée par le brouillard qui recouvrait lentement ses sens. Elle lutta pour rester concentrée sur ce qu’elle disait :

- En faite tu as simplement deux choix : Je peux facilement changer les règles du jeu, j’appelle un gendarme, je rapporte une agression et je t’accuse formellement. Je n’aurai aucune difficulté à trouver des témoins pour agir en ma faveur. Tu sais aussi bien que moi que ta parole ne vaudra pas grand-chose devant les yeux de la loi et tu finiras emprisonner.

Jana étouffa un soupir de soulagement, maintenant sa tension pour ne pas céder un pouce de terrain à la louve. Elle planta ses ongles dans les paumes de ses mains. Extérieurement, elle conservait son calme, mais son corps entier était en train de bouillir. Heureusement, ce que la brune venait de dire pouvait jouer en sa faveur.

*Eiwya, arrête*, lança-t-elle sèchement. *Tu l’as entendue, elle propose des solutions, elle ne veut pas se battre. Ne lance pas les hostilités, je t’en prie.*

*Elle veut nous envoyer en prison, Jana !* cria la louve. *C’est mon rôle de faire ce qui est le mieux pour nous, surtout quand il s’agit de choix difficiles, tu le sais très bien. Je ne sais pas ce qu’elle est, mais ce n’est pas une humaine ordinaire, elle est trop dangereuse et je ne lui fais pas confiance. Si tu négocies avec elle, elle pourrait en profiter pour se retourner contre toi, c’est trop risqué.*

- Ou alors nous allons directement à la prochaine étape : Quel est ton prix ? reprit l’aristocrate.

Elle s’avança en avant sur le siège en bois et Jana maintint le contact visuel avec elle pour conserver un ancrage dans le monde réel. Les bouleversements qui agitaient son corps devenaient de plus en plus difficiles à dissimuler, la tension augmentait à chaque seconde, tout comme sa fatigue.

- Car c’est bien d’argent qu’il s’agit, n’est-ce pas ?

*Eiwya, elle veut négocier et elle est certainement aussi fatiguée que moi, je ne pense pas qu’elle souhaite engager le combat. Je peux gérer ça, crois-moi. A la clé, on pourrait même repartir avec une belle somme.*

*Je ne prends aucun parti*, déclara soudain Karvaan, *mais je me permets juste d’énoncer un fait. Si tu trouves un arrangement avec elle, elle va vouloir récupérer son journal. Journal que tu m’as fait cacher à un endroit inaccessible pour les humains. Si tu lui demandes de se retourner pendant que tu le récupères, elle croira que tu veux t’enfuir, elle n’acceptera pas. Soit tu seras obligée de muter devant elle, soit tu refuses, et là c’est sûr qu’elle t’attaquera.*

Jana pesta intérieurement. Elle avait oublié ce léger détail. Les choses se corsaient, et Eiwya était de plus en plus insupportable. Quand elle se pensait, elle et ses sœurs, en danger, la louve écoutait souvent sa part la plus animale, son instinct qui la poussait à attaquer avant de l'être. Dans ces cas-là, il était presque impossible de la raisonner ou de discuter, même si la situation pouvait évoluer sensiblement dans leur sens.

- Pour faire simple, continuait la jeune aristocrate, tu as un carnet qui ne te seras d’aucune utilité, ni pour toi ni pour le potentiel commendataire qui t’a engagé. Il est écrit dans une langue dont je doute que tu saches lires.

*Jana…*

*Non !*


Elle laissa la jeune femme terminer et fit alors mine de réfléchir, profitant d’une minute pour asseoir un contrôle précaire sur l’affrontement se jouant entre elle et sa sœur. Elle avait envie de vomir, mais fit de son mieux pour ne rien laisser transparaître. Tout en faisant attention à ne pas se relâcher, elle esquissa une moue mi-boudeuse mi-hautaine à destination de son interlocutrice et descendit les marches à son tour malgré ses jambes fragiles. Elle n’allait pas tenir longtemps à ce rythme, elle devait trouver un arrangement sans pour autant renoncer à son rôle pour ne pas éveiller les soupçons. C’est pourquoi elle émit un ricanement narquois et croisa les bras.

- Appeler un gendarme ? Vous êtes dans un des quartiers les plus défavorisés de Bloomsbury, milady, et non plus à Whitehall ou Soho. Les premiers gendarmes que vous pourriez croiser sont à plus de deux pâtés de maisons, et je me demande bien comment vous allez pouvoir les contacter sans bouger de cet endroit, car je n’ai pas l’intention de vous suivre bien sagement. A moins que vous ne possédiez un don d’ubiquité, ce qui vous serait bien utile, j’en conviens, vous ne pouvez pas être à deux endroits à la fois. Après, si vous souhaitez porter une plainte en espérant que vos gendarmes me retrouveront pour me traduire en justice, j’ai bien peur de devoir freiner votre espérance. Vous serez à peine partie que j’aurais déjà disparue, c’est une discipline dans laquelle j’excelle, et, croyez-moi, on ne me retrouvera pas, alors cette menace n’a absolument aucun effet, j’en suis désolée.

Elle marqua une pause, en partie parce qu’elle avait l’impression qu’elle allait cracher ses poumons à cause d’Eiwya, qui continuait de la pousser, autant physiquement que verbalement, insistant pour prendre le contrôle. La démonstration des pouvoirs de l’héritière l’avaient décidément bien retournée pour qu’elle se sente à ce point acculée. Pour ce qui était de l’annonce qu’elle venait de faire, elle était confiante car tout était vrai. A plusieurs reprises pendant son adolescence, elle s’était retrouvée dans des positions désagréables, recherchée plusieurs fois. Mais, d’une part, à chaque fois, ils recherchaient un jeune garçon dont ils ignoraient même l’identité, alors qu’elle était une fille ; d’autre part, dans ces cas-là, elle s’était retirée jusqu’à ce que les choses se tassent et qu’on l’oublie, laissant la majeure partie du temps la place à Karvaan, ce qui avait duré une fois tout un mois. Les crimes et vols en tout genre étaient si nombreux dans la ville que, même si cela concernait des personnes plus puissantes que le commun des habitants, la police ne s’embêtait pas et classait rapidement les dossiers. Alors elle n’avait pas d’inquiétude à se faire, et souhaitait que l’aristocrate le comprenne pour pouvoir négocier pleinement un prix avantageux, ce qui n’aurait pas été possible si la jeune femme pouvait réemployer cette menace pour faire baisser les enchères.

- Cependant, vous aurez sans doute compris que je suis une personne à la moralité douteuse, comme la plupart des voleurs, et je suis donc ouvert à la discussion. Car oui, il est toujours question d’argent, et si vous m’offrez une somme supérieure à celle que je devais toucher, je vous rendrai votre précieux journal.

*A quoi tu joues ?* demanda Karvaan, perplexe. *On en revient à ce que j’ai dit tout à l’heure, comment tu vas faire pour le lui rendre ?*

*Fais-moi confiance*, grogna-t-elle.

A présent, elle avait même du mal à communiquer en pensée tant Eiwya était pénible. Elle devait conclure un marché au plus vite ou elle allait s’évanouir. Elle souffla et fit encore un pas. La somme initiale étant déjà élevée, la nouvelle, presque doublée, ferait sûrement pâlir l’aristocrate. Même si elle devait crouler sous l’argent, ce n’était pas rien. Jana sourit et annonça son prix. Elle commençait à voir la fin du tunnel, et se permit de relâcher un peu la tension, sentant Eiwya se contenir un minimum. Elle pouvait respirer un peu mieux malgré la douleur qui ne s’estompait pas. Elle s’éloigna lentement d’une démarche assurée pour revenir près de l’autel, qu’elle caressa encore une fois du bout de ses doigts avant de se retourner pour faire face à la brune.

- Comme vous pouvez le constater, il s’agit d’une somme conséquente, dont je me doute bien que vous ne possédez pas la moitié sur vous en ce moment, car ce serait d’une grande imprudence de se promener avec une telle bourse. Et comme je ne vous rendrai pas votre journal avant d’avoir la totalité de l’argent, je vous propose que vous me retrouviez ici même demain matin avec tout.

*Malin*, commenta la chatte. Il y eut un court silence, puis : *Jana, attention !*

*De quoi tu…*

Elle n’eut pas le temps de finir qu’une immense souffrance la traversa de part en part. Elle vacilla, se retenant d’une main à l’autel alors qu’elle plaçait l’autre sur son estomac. Cette fois, elle ne put pas retenir son cri de douleur. Eiwya avait fait semblant de se résigner, seulement pour revenir à la charge. Une grande colère la remplit alors que sa vue se brouillait. Elle savait que la louve craignait les vampires et les loups-garous, mais elle ne se doutait pas qu’elle avait une telle aversion envers une quelconque forme de magie différente de celle des lycanthropes. La peur de l’inconnu la poussait à la défier, et, malheureusement, Jana était arrivée au point de rupture. Le sang battait à ses oreilles. Si l’aristocrate parlait, elle ne l’entendait pas et la voyait à peine. Son corps la brûlait comme jamais, elle ne savait même pas comment elle faisait pour demeurer sur ses deux pieds. Elle baissa les yeux sur la main qui comprimait son ventre, seulement pour constater que ses veines devenaient visibles et noires.

Elle releva brusquement la tête. C’était trop tard. Elle pouvait le sentir : ses yeux venaient de virer au jaune vif, à un doré presque luisant.


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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeMer 20 Mai - 3:28

La voleuse de Whitechapel

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Son petit voleur était un bon vivant. Moqueur, rapide, son sens de la répartie n’avait d’égale que son impertinence. Au lieu de se fâcher de sa remarque, Sarah se contenta de sourire. Le croyait-elle si habile que cela? Pas vraiment. Il l’avait pris par surprise, de dos, sans lui laisser le temps de réagir. Toutefois, il était vraiment rapide et son agilité à traverser la ville et escalader les murs lui avait valu une certaine surprise. L’aristocrate se contenta d’un haussement d’épaule vague, ne souhaitant pas s’éterniser sur ce sujet. Elle ne voulait que son journal après tout, pas changer la vie du garnement. Aussi, la Chasseuse se chargea-t-elle d’exposer la situation selon son point de vue. Comme espérer, le gamin sembla réfléchir à son offre, d’étrange émotions traversant ses grands yeux expressifs. La Chasseuse garda silence. Il était inutile de presser le voleur ou de se montrer impatient. Au fond, ils voulaient en finir avec cette situation tous les deux. Sarah chassa une poussière de son manteau pâle, écoutant d’une oreille distraite la réplique à sa menace à peine dissimulée. Oui, elle était bien consciente de se trouver à Whitechapel, quartier où même les gendarmes prenaient leur distance, mais la belle était confiante. Elle pouvait trouver de l’aide si elle en avait besoin. Mais son petit voleur semblait trouver sa proposition alléchante. Ainsi l’aristocrate avait visée juste, l’argent était la principale motivation de ce jeune hors la loi en puissance. Alors qu’elle retenait un sourire de satisfaction de voir enfin l’impasse dans laquelle ils se trouvaient se dénoue d’elle-même, le criminel lui révéla la somme demandée et sa déclaration jeta une certaine consternation à la belle. Qui pouvait être assez idiot pour payer une somme aussi astronomique pour un simple journal? Sarah se doutait que le gamin avait augmenter la somme mais il devait avoir un prix de base assez subséquent pour avoir un chiffre de référence.

Toutes à ses réflexions, l’aristocrate ne remarqua pas immédiatement le visage crispé du jeune voleur. Celui-ci avait perdue toute couleur. Réfugié près de l’Autel, sa respiration semblait sifflante. Ce fut le gémissement de douleur que fit le jeune homme qui ramena les yeux bleus de la jeune femme sur lui. Une main sur le morceau de pierre, l’autre contre son ventre, il semblait en proie à un grand tourment. Oubliant toute prudence, Sarah s’approcha du gamin en deux grandes enjambées.


-Hey tu vas bien?

Elle posa une main rassurante sur son épaule et se rendit compte que le jeune homme tremblait de tout son corps. Sa peau blanche s’était couverte de lignes noires, comme si ses veines contenaient de l’encre qui transperçait la pâleur de sa peau. Un gémissement de douleur franchis les lèvres serrées du voleur et l’aristocrate s’alarma. Peut-être que le jeune homme était victime d’une crise quel conte? L’aristocrate jeta un coup d’œil rapide à l’autel où le liquide brouiller reposait dans le bassin. Avait-il été empoisonnée? La jeune femme voulu appeler à l’aide mais dans une église déserte balloté par les vents et la pluie, qui pourrait l’entendre? Alors qu’elle allait poser sa question une deuxième fois, le voleur releva brusquement la tête, le visage de nouveau transpercer par la souffrance. Le regard que lui jeta le jeune homme fit reculer la belle brusquement. Les yeux verts du gamin avaient viré à l’ambre, éclatant, sauvage... animal… Sarah resta un instant décontenancé. Elle avait déjà vue de tel yeux. C’était les mêmes que ceux des loups-garous lorsqu’ils se transformaient. Mais ils étaient dans un lieu saint! Et ce n’était ni la nuit et encore moins un soir de pleine lune! La Chasseuse recula d’un pas, puis d’un autre, descendant complètement de l’estrade. Il ne pouvait s’agir d’une transformation de loup-garou. Cela défiait toutes les connaissances que la jeune femme avait du monde nocturne et des créatures la composait. Sa main fouilla sous sa jupe pour en sortir le pistolet qu’elle tenait à sa jarretière. Le petit calibre ne contenait que des balles en argent, était trop petit pour contenir des balles de bloody rose. Si l’argent brulait, il serait toutefois inefficace contre un loup-garou en colère. Son arme pointant vers les sols, Sarah observa le jeune homme, attendant anxieusement de voir la suite. Elle ne souhaitait pas ouvrir les hostilités mais il lui fallait trouver le moyen d’aider cet enfant!




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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeMer 20 Mai - 15:21

Le corps de Jana était en feu, tremblant et douloureux. Ses oreilles sifflaient et elle voyait trouble, perdant ses repères. Elle savait ce qui allait se produire dans à peine quelques minutes si elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle : Eiwya forcerait la transformation, et, comme les deux sœurs n’étaient pas en harmonie, les os de Jana se briseraient les uns après les autres, engendrant une souffrance sans nom, si intense qu’elle pourrait les tuer toutes les trois, ce dont la louve, aveuglée par sa peur, n’avait pas conscience. Une nouvelle vague la fit crier de nouveau et elle tomba à genoux sur le sol froid. Elle appuya son côté contre l’autel en gémissant péniblement. Des filets de sueur dégoulinaient le long de son corps brûlant. A l’intérieur, Karvaan essayait de raisonner Eiwya, sans succès jusqu’à présent. La situation empira quand les trois sœurs virent l’éclat du revolver dans la main de l’aristocrate, qui avait reculé en avisant les yeux inhumains de la rousse. Pour l’instant, l’arme pointait vers le sol, mais sa menace affola davantage la louve. Jana se pencha et vomit : elle se rendit compte que c’était du sang. La pression était si forte que ses organes commençaient à lâcher. Son entité enragée ne l’entendait pas. Elle devait la stopper, et elle se raccrocha  à la seule possibilité qui lui traversa l’esprit, le regard toujours fixé sur l’arme rutilante que tenait la jeune femme.

- Allez-y, dit-elle d’une voix rauque en hochant la tête, trop affaiblie pour en conserver le timbre masculin. Tirez.

*Qu’est-ce que tu fais ?* s'écria Karvaan.

*On a plus de chance de s’en sortir avec une balle que si Eiwya force la mutation*, répliqua-t-elle mentalement d’une voix faible.

Jana leva les yeux pour détailler l’aristocrate. Son visage était indescriptible. Elle ne savait pas si elle était effrayée par ce qui lui arrivait, même si son recul soudain et sa prise sur son arme étaient des indices plus qu’éloquents, car en même temps il y avait quelque chose dans son regard qui laissait présager que ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans une situation défiant la raison. Elle s’était déjà retrouvée face à des créatures inhumaines, Jana en aurait mis sa main au feu. Ce qui pouvait expliquer pourquoi elle n’avait pas éprouvé la moindre crainte vis-à-vis du voleur de son journal. Si elle avait déjà rencontré un loup-garou, elle devait la prendre pour l’un d’entre eux. Et pourtant, pour une quelconque raison que Jana n’avait pas la force d’essayer de décrypter, elle n’avait toujours pas tiré. La rousse sentit son cou se raidir : les stries noires marquant sa peau venait d’atteindre sa nuque. Bientôt ils attendraient le siège de son corps, son cerveau, et alors, Eiwya prendrait les commandes. Si son corps ne s’éteignait pas avant, bien entendu.

Jana cria une nouvelle fois quand elle sentit du sang couler de son nez, et ferma les yeux, les plissant fortement en tentant une nouvelle fois de contenir sa louve, mais cette dernière avait acquis bien trop d’ascendant. Elle ne pouvait pas attendre le bon vouloir de l’héritière, elle devait arrêter Eiwya maintenant ! Sans plus y réfléchir, elle se redressa, tira son stylet en argent de son étui sur son avant-bras, et se le planta dans la cuisse d’un mouvement fluide. La douleur insoutenable éclata dans chaque cellule de son corps, elle ne put retenir les larmes qui coulaient sur son visage. Eiwya, pleinement connectée, hurla à l’unisson. En général, quand une des trois sœurs étaient aux commandes, les deux autres n’étaient que partiellement connectées, ressentant une grande partie de ses sensations, mais à l’abri de toute blessure qui pourrait toucher celle qui avait le contrôle. Seulement là, Eiwya était presque en symbiose, la plaie l’affectait également. La souffrance du métal spécifique, qui commençait à dispenser sa fièvre, eut l’effet escompté : la louve renonça au contrôle et se retira dans le Monde des Esprits. Les veines noires disparurent et les yeux de Jana revinrent à la normale. Elle ôta l’arme et un flot de sang se répandit sur le sol, mais ce n’était que la partie immergée de l’iceberg : le poison du métal était le plus à craindre. Même s’il n’affectait pas les lycanthropes autant que les loups-garous ou les vampires, les fièvres qu’il pouvait provoquer étaient très douloureuses et dangereuses. Mais c’était toujours mieux que ce qu’Eiwya venait de leur infliger. Elle entendit Karvaan gémir, apeurée et attristée de ce que Jana avait été obligé de faire.

La jeune femme siffla de soulagement, la respiration difficile. Sa vue se troubla une nouvelle fois, elle pouvait seulement distinguer les contours de l’aristocrate en face d’elle, à quelques mètres. Elle sut qu’elle allait défaillir, et les trois sœurs se retrouveraient totalement vulnérables, à la merci de la brune, car les mutations étaient impossibles quand celle aux commandes perdait connaissance. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver.


- Karvaan, murmura-t-elle à haute voix, n’ayant plus la force de communiquer mentalement.

*Oui, je suis prête. Retire-toi, ma sœur.*

Jana obéit aussitôt avant d’être trop faible pour le faire. Une fois dans le Monde des Esprits, elle n’eut d’autre choix que de se déconnecter totalement, et s'évanouit, son esprit en repos. Eiwya dans la même situation, Karvaan était désormais seule. Dans l’église, la mutation s’opéra presque immédiatement, le corps de la rousse se transformant en celui de sa sœur, mais difficilement, à cause des turbulences de la fièvre dans le corps de Jana. « L’atterrissage » fut donc brutal pour la petite chatte, qui dégringola les marches de l’estrade pour s’aplatir sur le ventre de façon fort peu gracieuse. Elle grogna en apercevant l’arme à quelques centimètres d’elle. Elle se trouvait bien trop proche de la menace.

Karvaan était inquiète pour ses sœurs, mais ce n’était pas le moment. Elle avait de plus gros soucis à gérer. Elle se remit prestement sur ses pattes et recula rapidement jusqu’à buter contre un banc en bois. La chatte était vraiment petite comparée à l’immense humaine qui lui faisait face, et elle n’aimait pas beaucoup cela. Elle se retint de cracher pour ne pas envenimer les choses – elle devinait très bien que l’aristocrate devait être surprise ou du moins inquiète de ce qui venait de se passer, et elle ne voulait pas qu’elle se sente agressée et obligée de se défendre. Néanmoins, elle aplatit sensiblement les oreilles tout en s’asseyant sur son postérieur. Elle darda un œil dédaigneux sur l’arme et prit la parole, se préparant à tout mouvement de panique de son interlocutrice qui pourrait la pousser à attaquer instinctivement, car « oh mon Dieu, un chat qui parle ! » :


- Vous n’aurez plus besoin de votre pistolet, mademoiselle, déclara-t-elle d’une voix légèrement plus jeune et aiguë que celle de Jana. Rangez-le s’il vous plait, il me rend nerveuse.


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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeMer 20 Mai - 23:37

La voleuse de Whitechapel

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Reculée jusqu’aux bancs de bois, Sarah gardait son arme contre sa cuisse, les doigts placé sur la gâchette, retenant ses tremblements. Elle ne comprenait absolument pas la situation. Le petit voleur, penchée vers l’avant, semblait en proie à de grande souffrance. Ses yeux étranges, sa peau blanche parsemé de veine noir, il semblait subir une sorte de transformation douloureuse. Était-il victime d’un sortilège? Ou d’un poison quel conte? Quelle mixture pouvait donner comme effet secondaire une telle chose! Le garnement se mit alors à vomir mais ce fut une flopée de sang qui se répandit sur le carrelage de pierre de l’église.

- Allez-y. Tirez.

L’aristocrate resta surprise. La voix du jeune homme était aigue, féminine. Peut-être était-ce le résultat de sa douleur? Qu’importe. Sarah se figea, refusant de tirer sur un enfant sans défense. Elle ne comprenait pas la demande du voleur. Voulait-il qu’elle l’achève? Qu’elle mette fin à ses souffrances? Qu’elle le distrait de sa douleur interne? Il était hors de question qu’elle accepte cette demande. Il y avait également une autre raison pour laquelle elle n’osait pas utiliser son arme. Son pistolet était un petit calibre. La balle en argent était lourde mais à cette distance, il y avait peu de chance qu’elles atteignent sa cible à l’endroit choisis. Elle risquait de blesser l’enfant sérieusement ou pire encore, le tuer. Immobile, la belle se contenta de fixer le voleur attendant… elle ne savait trop ce qu’elle attendait. La fin? L’aboutissement? Alors qu’elle pensait avoir tout vue, le voleur sortit brusquement une lame dissimulé dans son avant-bras et se la planta avec force dans la cuisse. Le sang gicla et l’héritière en resta tétaniser. Que ce passait-il? Curieusement, se traitement de choc sembla apaiser le corps douloureux du jeune homme. Ses tremblements cessèrent, le noir disparut de ses veines, ses yeux reprirent un aspect plus humain. Dans quoi la Chasseuse avait encore mis son nez? Alors qu’elle pensait avoir toute vue, le jeune homme prononça un mot à voix haute. Était-ce une incantation? Une demande dans une autre langue? Sans doute affaiblis et malade, le voleur se laissa tomber mais ce ne fut pas son corps qui atterris au sol mais bien un chat. Un adorable petit chat noir, tout penaud sur son ventre.

-Non de...

Le chapelet de juron qui s’échappa des lèvres de l’aristocrate. Les yeux bleus de la magicienne observèrent les alentours. Était-elle victime d’hallucination? Était-elle victime d’un mauvais coup? Que ce passait-il bon sang !?! Énervée, la jeune femme attrapa l’animal qui reposait à ses pieds par la peau du cou, le soulevant pour avoir son visage à sa hauteur mais sans lui laisser la distance adéquate pour recevoir un coup de patte dans le visage. L’héritière avait déjà eu affaire à des animaux et elle savait comment les attraper pour éviter de se blesser. Ses yeux inquisiteurs plonger dans celui de l’animal, elle l’interrogea durement.

-Qu’as-tu fait du gamin?

La question était stupide. Voyons Sarah! Elle venait de voir l’enfant se transformer devant elle. Non il fallait une question plus intelligente. Mais que ce passait-il? L’aristocrate se rendit compte qu’elle serrait un peu trop fort la peau du cou de l’animal. Avec une grimace pour elle-même, la jeune femme reposa le chat sur l’autel, prenant soin de le déposé à côté de la bassine d’eau et non pas à l’intérieur. L’animal de nouveau libre, la Chasseuse recula de quelques pas, histoire de remettre ses idées en place mais aussi de donner de l’espace à l’animal. Elle perdait son sang-froid. Dieu du ciel, qu’est-ce que c’était que ce foutoir! Une petite voix aiguë la sortie de sa surprise. Les yeux bleus de la belle se posèrent sur l’animal qui… parlait?

- Vous n’aurez plus besoin de votre pistolet, mademoiselle, rangez-le s’il vous plait, il me rend nerveuse.

La magicienne resta un instant interdit. Un chat qui parle. C’était… c’était illogique. Pourtant une petite voix dans son subconscient lui disait que non. Où avait-elle été pêcher cette information qui donnait un sens raisonnable à toute cette situation.

-Ah? Oui, d’accord.

Elle parlait à un chat à présent. D’un geste machinal, la Chasseuse rangea son arme, sans lâcher le félin des yeux. Il fallait tirer au clair toute cette situation. L’héritière se pinça l’arrête de son nez, signe d’une grande agitation et de la migraine qui lui élançait les tempes. Il fallait qu’elle se concentre et qu’elle rassemble ses idées. Elle avait un gamin devant elle, pendant qu’ils discutaient, celui-ci avait été victime d’une crise, une sorte de coup de folie, ou que pouvait-elle en savoir et il avait commencé à se transformer en… en loup? C’était la seule image qui lui venait à l’esprit. Ses yeux jaunes, ses oreilles pointues, sa peau qui avait commencé à se couvrir de poil. Puis, dans un geste désespérer, le gamin s’était planté une lame qui avait mis fin à cette transformation avant de s’effondrer pour devenir un chat. Tout cela n’avait aucun sens.

*Ce n’est pas vrai* lui murmura une petite voix intérieure.

Sarah ouvrit de nouveau les yeux. Avait-elle déjà entendu parler d’un tel phénomène? Quelque chose dans son subconscient tentait de ramener ce phénomène à sa mémoire. Où avait-elle entendu cette information... Si seulement elle avait pu avoir son journal à la main, elle aurait pu trouver l’information plus rapidement. La belle jeta un coup d’œil méfiant au chat devant elle. La pauvre créature était repliée sur elle-même sans doute très apeurée. La Chasseuse poussa un profond soupir, vidant l’air contenue dans ses poumons se rendant compte qu’elle avait retenu sa respiration pendant tout ce temps. Il fallait qu’elle retrouve son sang-froid.


-Et si tu m’expliquais?

Demanda-t-elle au chat, consciente de parler à voix haute à un animal...



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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeJeu 21 Mai - 13:32

Reculée contre le banc en bois, Karvaan poussa un feulement indigné quand l’aristocrate réussit à la saisir par la peau du cou. Ses pattes arrières douloureuses battant dans le vide, elle agita la patte avant mais la femme savait y faire puisqu’elle s’était placée hors de portée. La petite chatte était totalement impuissante, mais roula néanmoins les yeux quand la brune lui demanda où était Jana. De toute évidence, elle était en état de choc, dans le déni de ce qui venait de se produire. Heureusement, un regard coupable la traversa quand elle se rendit compte qu’elle serrait Karvaan trop fort, lui coupant presque la respiration, et elle la déposa délicatement sur l’autel avant de reculer. Karvaan scruta son visage surpris et le pistolet qu’elle tenait toujours, puis elle s’assit et donna quelques petits coups de langue pour nettoyer son poitrail. Suite à quoi, elle lui demanda poliment de ranger son arme.

Sa prise de parole enfonça le clou dans l’hébétement de son interlocutrice, qui resta un instant immobile, sans doute en discussion avec elle-même pour déterminer si elle était folle. Karvaan réprima un petit rire : au moins, passé son moment de panique où elle l’avait soulevée du sol, l’aristocrate était assez calme et souhaitait toujours discuter. Eiwya avait eu tort, ne l’ayant jugé que par l’utilisation de ses pouvoirs sans considérer son humanité. La chatte noire eut une pensée pour ses sœurs, priant pour qu’elles se reposent bien. Bientôt, elle devrait céder la place à Jana pour pouvoir soigner sa blessure et sa fièvre. Puis à Eiwya, sauf si la louve se connectait pleinement à Jana pendant les soins, dans ce cas-là elle serait guérie en même temps. Elle espérait également que ses sœurs discuteraient et se réconcilieraient, quitte à bien mettre la situation au clair par rapport à ce qu’Eiwya avait fait. Dans l’histoire, Karvaan était bien entendu du côté de Jana. La douleur que lui avait fait endurée la louve était inacceptable, peu importe l’hypothétique danger qui pouvait se présenter à elles. En affaiblissant ainsi leur sœur, Eiwya les avaient placées toutes les trois en grande vulnérabilité. Pendant la lutte intérieure, la jeune femme aurait pu aisément les tuer.

- Ah ? Oui d’accord.

Karvaan pencha la tête sur le côté. La réponse banale témoignait de l’état d’esprit de la brune, qui tentait de normaliser un peu l’incongruité de leurs positions. Au moins, elle rangea le pistolet, puis sembla entrer dans une phase intense de réflexion. En voyant les émotions qui traversaient son visage, Karvaan recula prudemment, se repliant sur elle-même dans une position défensive, au cas où elle déciderait finalement de l’attaquer. Elle ne la quitta pas des yeux et attendit calmement une réaction de sa part, qui arriva quelques minutes plus tard :

- Et si tu m’expliquais ?

La chatte se redressa, toujours assise, et détailla la jeune femme. Elle était fatiguée, c’était évident, et devait avoir froid dans ses vêtements trempés qui mettaient du temps à sécher à cause de l’atmosphère froide et humide de la grande église. Malgré tout, elle ne laissait pas son exaspération parler à sa place, elle voulait vraiment résoudre les choses pacifiquement. Jana avait vu juste sur elle. Toutefois, que devait-elle répondre à cette question dangereuse ? Fallait-il lui dire la vérité, ou trouver un mensonge ? Mais là, aucun ne lui venait à l’esprit. Elle étouffa un soupir. Elle n’était pas bonne pour prendre des décisions, excepté au cœur de l’action. En général, elle pouvait s’appuyer sur ses sœurs, mais là, ce n’était pas le cas. C’était à elle de choisir. Elle s’autorisa une petite minute de réflexion puis décida d’être honnête, en partie car elle ne savait pas mentir, et aussi parce qu’elle voulait que l’aristocrate parte afin qu’elle puisse aller chercher Jana dans le  Monde des Esprits, ce qui laisserait leur corps en totale vulnérabilité, et elle ne pouvait se le permettre tant que l’aristocrate était là. Elle se leva et avança jusqu’au bord de l’autel, se rapprochant d’elle, puis elle se rassit et plongea ses yeux dans les siens.

- Vous êtes une humaine, déclara-t-elle, et pourtant vous avez déjà été en présence de… créatures inhumaines, non ? Probablement des vampires, ou des loups-garous, ce sont les plus courantes je pense. Tout à l’heure, pendant la… crise, même si vous étiez inquiète, on aurait dit que ce n’était pas la première fois que vous étiez confrontée à de tels phénomènes.

Elle laissa planer un silence, réfléchissant mentalement à comment expliquer leur condition. Elle bougea les oreilles, à l’écoute des bruits extérieurs, mais tout était calme, elles étaient seules.

- C’est compliqué, mais voici la version simplifiée. Nous sommes un lycanthrope. Je dis « nous » car nous sommes trois, trois âmes à partager un même corps qui se modifie en fonction de qui est aux commandes. Tout d’abord, il y a Jana. C’est la fille qui a volé votre journal en se faisant passer pour un garçon. Ensuite, il y a Eiwya, la première entité. C’est une louve. Tout à l’heure, elle a eu peur de vos pouvoirs magiques et elle a voulu forcer Jana à lui céder la place, ce qui a causé la crise. Je suis la seconde entité, mon nom est Karvaan. Pour le moment, je suis au contrôle car mes sœurs ont été blessées par le coup de couteau de Jana. C’est ce qui a stoppé Eiwya, mais elles sont très affaiblies.

Karvaan pouvait déjà sentir le monumental reproche que lui adresseraient Eiwya et Jana pour avoir divulgué leur identité, mais, de toute façon, elle était déjà compromise avant, et au moins ses deux sœurs seraient-elles d’accord sur quelque chose. Elle décida également de faire quelque chose qui déplairait à Jana, mais elle voulait enfin en finir avec tout ça. Laissant l’aristocrate réfléchir sur sa révélation, elle se retourna et rejoignit le bord opposé de l’autel pour sauter sur la poutre effondrée qui la mena à leur cachette au plafond. Elle récupéra le journal et revint, le déposant délicatement vers la bassine d’eau.

- Maintenant, je dois aider Jana à se soigner. Nous ne voulons plus de votre argent. Vous pouvez récupérer votre journal et partir.


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeVen 22 Mai - 4:09

La voleuse de Whitechapel

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Son arme rangée, Sarah semblait prête à établir un dialogue courtois et sensée avec… le petit chat noir qui se tenait bien droit sur l’autel. L’aristocrate aurait pu rire de sa propre situation. Comment une telle chose avait-elle pu se produire? Pourquoi fallait-il toujours qu’elle se mette dans des situations aussi improbables. Le chat, remis de sa brusquerie semblait prendre ses aises, croisant les pattes, se déplaçant avec la grâce et l’élégance féline qu’il représentait. Son poil lustré brillait du même éclat soyeux que la chevelure de la jolie rousse. L’aristocrate n’en revenait pas. Le gamin était en faite une gamine. Une gamine fort agile, mais une gamine tout de même. Un nouvel élan de compassion traversa le cœur de la Chasseuse. Quel destin pénible cela devait être que de grandir dans les rues défavorisées de Londres, cherchant à se débrouiller seule, à survivre. Ramenant son regard bleu sur le petit chat la magicienne attendit les explications qui ne tardèrent pas à venir.

- Vous êtes une humaine et pourtant vous avez déjà été en présence de… créatures inhumaines, non ? Probablement des vampires, ou des loups-garous, ce sont les plus courantes, je pense. Tout à l’heure, pendant la… crise, même si vous étiez inquiète, on aurait dit que ce n’était pas la première fois que vous étiez confrontée à de tels phénomènes.

La belle aristocrate ne put retenir une grimace évidente lorsqu’elle entendit les propos du félin. Elle passa nerveusement une main dans sa chevelure mouillée, chassant quelques goutes d’eau. Était-ce si évident que cela? Bien sûr, son sang-froid devant de telles situations témoignait de la longue expérience. N’importe qui d’autre aurait prit la fuite devant un tel événement, pourtant Sarah était restée dans l’église, son arme tranquillement pointée vers le sol, mais l’esprit prêt à faire feu en cas de nécessité. Devait-elle avouer son rôle nocturne à l’élégant félin? C’était un peu précipité après tout, surtout qu’elle avait affaire à un voleur. Ne souhaitant pas réellement mentir, la jeune femme se contenta d’une réponse courte.

-Disons simplement que j’ai l’habitude de côtoyer certaines créatures nocturnes...

C’était l’explication la plus simple et la plus nécessaire en ce moment. En effet, le petit chat semblait se rassurer d’un tel témoignage, comme si cela la réconfortait dans sa logique. Elle devait se dire que cela réduirait les explications inutiles que si elle avait dû partir à zéro. Le félin se laissa planer un silence avant de se lancer de nouveau de sa petite voix aiguë.

- C’est compliqué, mais voici la version simplifiée. Nous sommes un lycanthrope. Je dis « nous », car nous sommes trois, trois âmes à partager un même corps qui se modifie en fonction de qui est aux commandes. Tout d’abord, il y a Jana. C’est la fille qui a volé votre journal en se faisant passer pour un garçon. Ensuite, il y a Eiwya, la première entité. C’est une louve. Tout à l’heure, elle a eu peur de vos pouvoirs magiques et elle a voulu forcer Jana à lui céder la place, ce qui a causé la crise. Je suis la seconde entité, mon nom est Karvaan. Pour le moment, je suis au contrôle, car mes sœurs ont été blessées par le coup de couteau de Jana. C’est ce qui a stoppé Eiwya, mais elles sont très affaiblies.

La Chasseuse écoutait les explications, se disant que tout cela n’avait aucun sens. Trois âmes, deux animaux, un esprit humain. Comment Dieu pouvait-il avoir créé des êtres aussi étrange, magique et différent? L’aristocrate passa de nouveau sa main dans ses cheveux. Elle avait l’impression d’assister à un tour de passe-passe d’un prestidigitateur et de tenter d’en comprendre le secret. Comme cela était-il possible? Et surtout comment pouvait-on vivre sans devenir fou avec autant de gens dans sa tête? Le petit chat sauta alors de son perchoir pour aller rejoindre une poutre. Pendant un instant, l’aristocrate crut qu’il allait la planter là pour se sauver, mais rapidement le félin revient, un journal entre les dents. SON journal. Ainsi donc Jana n’avait pas menti. Sarah se demandait qui avait été assez fou pour payer une somme aussi astronomique pour un simple livre inlisible pour le commun des mortels. Alors qu’elle reprenait son ouvrage dans sa main blanche, l’animal reprit parole.

- Maintenant, je dois aider Jana à se soigner. Nous ne voulons plus de votre argent. Vous pouvez récupérer votre journal et partir.

Sarah laissa son regard perçant se poser de nouveau sur l’animal. Elle avait son journal. Celle qui l’avait volée était blessée. C’était une créature étrange qui pouvait se transformer à la fois en loup et en chat. Maintenant qu’elle avait repris son livre, rien ne la retenait plus ici. C’était la faute à cette impétueuse voleuse si elle avait fini dans cette situation. Maintenant elle n’avait qu’à tourner les pieds et se diriger vers la sortie. Oui, c’est ce qu’elle allait faire.

-Et tu crois pouvoir arriver à la soigner?

Sa phrase était lourde de sens. Comme un petit chat pouvait bien aider l’humaine? Ladite Jana était sans doute blessée, affaiblie. Sarah se doutait aussi qu’il était difficile de trouver un bon médecin dans un quartier aussi difficile sans compter que la voleuse devrait le payer. Si elle en était réduite à devoir voler pour se sustenter comment allait-elle utiliser ses maigres revenues pour se payer des soins? Sarah poussa un profond soupir, déjà résigné à la décision qu’elle allait prendre. Alors que le chat terminait ses explications, la porte de l’église s’ouvrit brusquement, faisant place à deux gendarmes ainsi qu’à une immense silhouette qu’elle reconnut comme étant...

-Blake?...Blake!

Son ami et garde du corps fut sur elle en quelques pas, ses yeux bleus et glaciaux scrutant l’Église à la recherche du moindre truand. Sarah le laissa faire, intrigué par son attitude surprotectrice. Le jeune homme regarda les alentours avant de poser un regard intrigué et dédaigneux sur le chat qui semblait le toiser de haut sur son perchoir. Rapidement, Blake expliqua qu’après l’avoir perdue de vue, il avait parcouru tout le secteur des gares avant que quelques passants ne lui indiquent la piste qu’elle avait prise. Inquiet de se trouver dans le quartier de Whitechapel, l’aristocrate avait demandé l’aide de deux gendarmes pour remonter sa trace jusque dans cette église. Blake la bombarda alors de questions. Que faisait-elle ici? D’un calme étonnant et d’une rapidité d’esprit vive, l’héritière de la famille Spencer expliqua calmement qu’elle avait poursuivi le voleur qui avait fini par abandonner son journal dans sa fuite, mais que prise par la pluie, elle avait trouvé refuge dans l’église, attendant que l’averse passe. De son sourire le plus mielleux, la jeune femme remercia les deux policiers de s’être déplacés jusqu’ici pour lui porter secours. Son air enjôleur sembla fonctionner puisque les deux gendarmes gonflèrent imperceptiblement le torse en lui disant qu’il n’y avait rien là et que c’était leur travail après tout. Blake pressa alors rapidement la chasseuse de rentrer. Sarah hésita un instant avant de donner son journal au jeune homme avant de remonter sur la petite estrade et de prendre le chat dans ses bras, espérant de tout cœur que celui-ci veuille bien se taire.

-Je n’ai pas l’intention de rentrer tout de suite. Regardez plutôt l’adorable petit chat que j’ai trouvé, je pensais le confier à Horsense pour qu’elle en prenne soin.

La magicienne se força de nouveau à un sourire plein d’entrain. Blake la regarda d’un air sombre. Visiblement le jeune homme préférait les chiens que les boules de poil paresseuses. Son regard intelligent détailla le petit animal avec une mine de dégout.

- Il a l’air plutôt malcommode cet animal. Vous êtes sûr que madame Ballinger va apprécier ce félin? Et puis, c’est un animal qui porte malheur.

Sarah eut un petit rire sans joie, gardant l’animal contre elle.

-Allons, Blake, vous savez bien que je ne crois pas à toutes ses superstitions. Mais allons vite chez Lady Ballinger, je suis certaine qu’elle aura bien quelques restes pour cet animal et un bon coin auprès du feu pour le réchauffer.

-Sarah?

L’héritière se retourna pour observer Blake qui regardait à présent la flaque de sang qu’avait vomi Jana avant de disparaitre. Le liquide poisseux avait taché les dales poussiéreux au pied de l’autel. Huasse les épaules d’un air de dégout, la jeune femme marcha vers la porte.

-Sans doute un oiseau ou un rongeur que le chat aura dévorés. Allons, venez Blake!

Les gendarmes remerciés, Sarah grimpa dans le fiacre, demandant au cocher de la reconduire au Leonticon. Une fois dans le véhicule, Blake lui annonça qu’il allait plutôt se rendre au manoir, aviser sa famille qu’elle avait été retrouvée saine et sauve avant de venir la rejoindre au salon. Sarah le remercia d’un nouveau sourire amical avant que le véhicule ne s’ébranle. Lorsqu’elle fut certaine d’être assez loin et que le véhicule fasse assez de bruit pour que leur conversation ne soit pas entendue, l’héritière déposa l’animal sur le banc en face d’elle. Elle l’avait gardé contre elle pour le protéger de l’averse lorsqu’ils avaient grimpé dans le véhicule et aussi pour enlever toute tentative de Blake de la convaincre de laisser le félin derrière. Les mains de nouveau libres, Sarah enleva les poils qui s’étaient collés contre son manteau, rapprochant son journal près d’elle. Maintenant qu’elle l’avait retrouvé, il était hors de question qu’elle ne le perde de nouveau. Son regard bleu tourner vers la fenêtre où l’on voyait les rues de Londres défilées sous un nuage de pluie, la jeune femme parla d’une voix calme.

-J’ai une amie qui acceptera sûrement de me prêter une chambre pour toi... m’enfin pour la gamine... pour toi aussi en faite.

C’était compliquer toute cette histoire d’âme.


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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: La voleuse de Whitechapel [07-06-1842] (Sarah et Jana) La voleuse de Whitechapel  [07-06-1842] (Sarah et Jana) Icon_minitimeVen 22 Mai - 16:19

- Et tu crois pouvoir arriver à la soigner ? demanda la jeune femme après un long silence.

Surprise qu’elle ne soit pas déjà partie, Karvaan la détailla en réfléchissant. Elle la regardait, doutant de sa capacité à aider sa sœur. Jana était herboriste sociale, c’est-à-dire qu’elle avait une bonne connaissance des plantes et des potions, qu’elle s’amusait à tester régulièrement. Elle avait caché un de ses sacs dans l’église, Karvaan pouvait aller le chercher et l’ouvrir pour elle. Il contenait plusieurs fioles, dont certaines pourraient aider à stopper la propagation de la fièvre, mais cela pouvait ne pas être suffisant. De plus, elle ignorait si Jana serait suffisamment consciente pour réussir à s’administrer les remèdes puis faire son bandage. Même si elle l’encourageait mentalement, la douleur serait peut-être trop forte pour que Jana puisse penser et agir de façon cohérente. De même, la fièvre pouvait lui provoquer un affaiblissement conséquent des muscles et engendrer des délires. En soi, l’humaine avait raison : soigner Jana allait s’avérer compliqué pour elle. Elle soupira.

- Je ne sais pas. Jana a des potions qui peuvent l’aider, mais elle ne sera peut-être pas en mesure de se les administrer. Mais je ferai tout pour la pousser à le faire mentalement, même si elle…

Elle s’interrompit, son flair lui indiquant une présence proche. En effet, à peine deux secondes plus tard, la porte principale de l’église s’ouvrit brutalement, claquant dans le vent, et trois hommes entrèrent, deux gendarmes et un autre que Karvaan reconnut comme l’homme qui accompagnait mademoiselle Spencer à la gare. La chatte se crispa et émit un grognement, prête à décamper au besoin. L’attroupement remonta l’allée centrale, l’homme – Blake, comme l’appela la brune – particulièrement inquiet et agacé. Il était immense avec des yeux froids peu amicaux. Karvaan ne le quitta pas du regard alors qu’il examinait les lieux et recommença à grogner quand il la vit, étonné et méprisant. Pas un amoureux des chats, donc. Pendant qu’il racontait comment il les avait retrouvées, Karvaan n’écouta que d’une oreille distraite, préparant intuitivement sa fuite. Elle passerait par le plafond pour qu’ils ne puissent pas la suivre, et elle pousserait au besoin jusqu’à l’orphelinat, dont les combles spacieux pourraient servir de cachette temporaire. Toutefois, à sa grande surprise, quand l’homme interrogea la jeune aristocrate, cette dernière mentit avec un aplomb étonnant, la protégeant, elle et ses sœurs. Elle n’aurait pas besoin de solution de repli visiblement, et cela la réjouissait. Plus tôt elle serait débarrassée des quatre humains, plus vite elle pourrait se concentrer sur ce qui importait vraiment : Jana et Eiwya.

C’est pourquoi elle fut très surprise que la brune n’accède pas à la demande pressante de son ami, qui l’intimait de rentrer rapidement. A la place, elle lui donna son journal et monta les marches, se rapprochant d’elle. Karvaan se tassa, un grognement remonta du fond de sa gorge, hésitante et ne sachant pas ce qu’elle faisait. Ses mains s’avancèrent et la chatte hésita à la mordre, mais elle ne fit que les refermer autour de son corps pour la saisir. Etonnée, Karvaan poussa un petit miaulement en se sentant soulevée de l’autel pour atterrir dans les bras de la jeune femme, une main soutenant son corps par en-dessous, ainsi ses pattes ne pendaient pas dans la vide, et l’autre contre elle, presque à hauteur de son dos. Elle était plaquée contre ses vêtements, mais sa tête pouvait toujours bouger librement pour observer ce qui se passait autour d’elle.


- Je n’ai pas l’intention de rentrer tout de suite. Regardez plutôt l’adorable petit chat que j’ai trouvé, je pensais le confier à Horsense pour qu’elle en prenne soin.

Quoi ?! La petite chatte releva la tête pour regarder l’aristocrate, qui arborait un grand sourire. Qui était cette Horsense ? Elle ne comprenait plus rien à ce qui se passait ; elle s’était attendue à ce que la jeune femme décampe sans demander son reste, heureuse de retrouver son journal, pas à ce qu’elle l’embarque avec elle ! Ne sachant pas comment réagir à cette situation hautement improbable, elle ne se débattit pas mais exprima un grondement sourd pour marquer son mécontentement, et agita la queue. Le regard dégoûté de l’homme se posa sur elle, elle lui rendit une œillade toute aussi noire en aplatissant les oreilles.

- Il a l’air plutôt malcommode cet animal. Vous êtes sûr que madame Ballinger va apprécier ce félin ? Et puis, c’est un animal qui porte malheur.

*Toi, je ne t’aime pas*, décida Karvaan mentalement, se retenant de ne pas lui balancer à voix haute.

Déjà qu’il pensait, comme la plupart des gens, que les chats noirs portaient malheur, alors si en plus elle ouvrait la bouche, elle se retrouverait truffée de plomb en moins d’une seconde. Toutefois, elle ne manqua pas d’exprimer son antipathie à son égard en crachant vers lui de manière hostile. Elle fut heureuse de le voir reculer d’un pas et prêta attention à la réponse de l’aristocrate, qui mentionna une nouvelle fois cette lady Ballinger à qui elle voulait visiblement la donner comme si elle n’était qu’un animal sans cervelle et conscience. Elle ne savait pas à quel jeu elle jouait, ne connaissant absolument rien au raisonnement des humains autres que Jana car son expérience en ce domaine avait été considérablement limitée du fait que sa sœur humaine était une solitaire. Du coup, elle ne savait absolument pas ce qui motivait l’héritière en cet instant. Cependant, la perspective d’un repas et d’un endroit chaud n’étaient pas sans lui déplaire. Pourquoi la jeune femme ne les avait pas laissées ici ? Avait-elle eu pitié de Jana au vu de ce que lui avait appris Karvaan, allait-elle l’aider à la soigner ?

Elle ne voyait pas ce que cela pouvait être sinon, mais toujours était-il qu’elle n’était pas rassurée quand la jeune femme quitta l’église avec elle, la pressant contre son corps pour la protéger de la pluie qui continuait à tomber sur la ville en filets froids et drus. Même une fois dans le véhicule, elle ne la lâcha pas, la gardant sur ses genoux, craignant peut-être qu’elle ne bondisse par la fenêtre pour s’enfuir. Mais Karvaan décida de ne rien tenter. Deux mains de plus ne seraient pas de trop pour aider sa sœur, et si ce n’était finalement pas dans ses intentions, alors elle trouverait bien un moyen de s’échapper.

Pendant qu’elle parlait à son ami, la main de la jeune femme se déplaça machinalement sur Karvaan pour caresser son poil doux. La petite chatte ronronna, appréciant le contact. Elle était peut-être plus évoluée que les chats normaux, mais elle restait un chat avant tout, et les occasions d’être flattée étaient trop rares pour qu’elle rechigne contre une telle marque d’affection. Elle frotta la tête contre le ventre de l’aristocrate et ronronna de plus belle. Mais, quand le fiacre s’ébranla pour avancer, son comportement fut tout autre. Elle n’était jamais montée dans ce genre d’engin on ne peut plus terrifiant. Instinctivement, elle planta à moitié ses griffes dans les jambes de sa porteuse, qui la saisit doucement pour la poser sur le banc opposé. Karvaan, crispée, observa les lieux défiler par la fenêtre. Tout cela était vraiment très étrange…


- J’ai une amie qui acceptera sûrement de me prêter une chambre pour toi… m’enfin pour la gamine… pour toi aussi en faite.

Karvaan reporta son attention sur elle, se détendant progressivement à mesure qu’elle comprenait que le véhicule était certes dérangeant, mais sans danger pour le moment. Elle bailla, profondément fatiguée par cette journée éprouvante, tout en réfléchissant aux mots de son interlocutrice. Cette dernière tenait fermement son journal et semblait tout aussi exténuée, son regard se posant sans but précis sur les bâtiments gris et austères qu’on voyait à l’extérieur. Elle laissa passer un petit silence, puis laissa sortir les questions qui la taraudaient depuis l’étrange scène de l’église l’ayant conduite ici.

- Pourquoi faites-vous cela, pourquoi ne pas simplement avoir récupéré votre bien et être partie ? Vous m’emmenez chez cette Lady Ballinger, n’est-ce pas ? Pour quoi faire ? Est-elle au courant pour les créatures surnaturelles ? Parce que je vais devoir rapidement céder la place  à Jana si ne veux pas que l’infection se propage dans tout son système. Je ne comprends pas. Pourquoi nous avoir emmenées ?

Ayant conscience de céder à son inquiétude, elle s’interrompit et souffla, la fatigue gagnant ses muscles lourds. Elle aimait avoir les choses sous contrôle, prévoir et savoir ce qui allait se produire, et là, l’avenir proche se perdait dans un brouillard dérangeant, à la merci de la femme qui lui faisait face, dont le comportement ne cessait de l’étonner. Mais elle ne pouvait malgré tout pas faire abstraction de sa gentillesse, de ce qui ressemblait à de la compassion, un sentiment rarement suscité par Jana malgré sa condition sociale. Après tout, la jeune femme, peu importe ses raisons de le faire, n’était pas obligée de leur prêter son aide, loin de là.

- Je ne suis pas certaine que mes sœurs apprécient, surtout Eiwya. Je pense que vous avez vu qu’elle peut ne pas être très commode. Mais… je vous remercie. Pour tout. Pour ne pas avoir attaqué Jana alors que tout vous y autorisait, pour ne pas lui avoir tiré dessus en découvrant ce que nous sommes, et maintenant, pour…ça. Vous êtes quelqu’un de bien.

Les cahots de la route agitèrent son petit corps et elle eut un peu de mal à se stabiliser sur le banc. Elle ne savait pas combien de temps devait durer le trajet, mais elle était trop fatiguée pour rester tendue à cause des ballottements. Elle était un chat, c’était dans sa nature de dormir longtemps, elle était en manque de sommeil et elle avait faim. Elle hésita une seconde, mais elle faisait maintenant confiance, en quelque sorte, à l’aristocrate. Une nouvelle secousse la décida, et il ne lui fallut que deux petits bonds pour rejoindre le banc opposé. La chatte poussa un petit miaulement et ronronna. Elle n’osa pas se replacer sur les genoux de la jeune femme mais se roula en boule contre elle, ainsi partiellement réchauffée et protégée de l’agitation du véhicule. Elle se détendit et ferma les yeux.


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