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Testament [12 au 14/06/1842] [solo]

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Sarah Spencer
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Sarah Spencer
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Race : Humaine (Hunter)
Classe sociale : Aristocrate
Emploi/loisirs : Hunter
Age : 21 ans
Proie(s) : Les êtres de nuits mais plus particulièrement les vampires.
Testament [12 au 14/06/1842] [solo] Empty
MessageSujet: Testament [12 au 14/06/1842] [solo] Testament [12 au 14/06/1842] [solo] Icon_minitimeMer 28 Sep - 5:37

Suite de:Patris mortem

Testament


in nomine patris et puellae et spiritus sancti



[12-14/06/1842]

-Mademoiselle?

Veillée funèbre, une de plus, sourire, signe de tête, chapeau haut de forme et voilette sombre.

-Mademoiselle?

La pluie, encore. Rideau de chagrin qui s’abat sur sa peau froide. Une église pleine, un cœur vide. Le froid traverse la soie de ses vêtements sans qu’elle ne grelotte. La tête haute pour ne pas ployer. La marche est longue, difficile. Les hommes qui portent le cercueil font des efforts pour ne pas glisser sur la terre boueuse. Les grilles du cimetière d’HIghgate se referment, la pluie a chassé le sang qui marquait autrefois le marbre. Les ombres glissent, mais ne s’attardent pas.

-Mademoiselle?

Le notaire, le comptable, le secrétaire de la famille. Une assemblée d’hypocrite qui ressemble à des charognards venus chercher quelques lambeaux de chair. Un air solennel, un sourire compatissant

''Gestion du patrimoine familial''… ''charge et responsabilité''… ''état de compte''... Des chiffres, des lettres, des montants qui s’additionnent et se soustraits... Le testament n’a pas été mis à jour en fonction du mariage annulé. On s’obstine, on se questionne, devrait-on aviser l’ancien fiancé dont le nom n’a pas été rayé? L’homme de loi n’est pas d’accord. En l’absence d’un mari, l’ensemble des biens reviennent à la veuve. Seul le mâle compte, le titre reviendra à un arrière-petit-cousin éloigné perdu quelque part dans la campagne anglaise qui hérite en même temps des terres dans le Dorset. L’héritage est important, mais leur source de revenus diminuée. La gestion de sa dot et de sa fortune personnelle lui revient. Somme colossale. Conseil d’investissement et autre bla-bla inutile.

-Mademoiselle?

Sarah papillonna des yeux un instant, quittant à regret le soleil qui éclairait la fenêtre, comme si elle émergeait d’un long cauchemar. Mais non. Elle n’avait pas rêvé. Tout ceci était bien réel. Un léger soupir franchit les lèvres minces de la jeune femme qui se pinça l’arête du nez comme elle le faisait souvent désormais. Assise derrière l’imposant bureau qui avait appartenue à feu son père, elle semblait pourtant à sa place. Les livres de comptes ouverts devant elle, les lettres de recommandation terminée, celle des investisseurs en attente, il en était presque dommage qu’elle fût habillée d’une élégante robe de deuil noir trahissant le sexe faible qu’elle représentait. Si elle avait été un homme, chacun se serait dépêché de la qualifié de doué. Depuis la disparition de son père, la magicienne avait établi ses quartiers dans le bureau du maitre, une manière inconsciente de le garder encore en vie en habitant son espace. La décoration n’avait pas changé, quelques livres avaient été changés, un ménage sommaire fait, des documents classés à part pour le futur héritier qui viendrait les réclamer sans aucun doute. L’Artémis redoutait déjà ce moment. Son regard clair se posa sur la chaise devant elle, occupé en cet instant par le Mr Dunburry, l’homme de loi de la famille.  

-Toutes mes excuses, monsieur, vous avez dit?

Dunburry se tortilla sur sa chaise, visiblement mal à l’aise devant l’air inquisiteur que l’héritière de la famille Spencer venait de poser sur lui. Que les choses auraient été plus simples si Dorian avait poussé le mariage avec le Comte pensa-t-il. Les choses auraient été plus facile pour tout le monde. Surtout pour lui. Vieil homme pudibond, il supportait avec difficulté le fait de voir son travail examiné par une jeune femme. L’intelligence de ses questions et son sens des affaires l’agaçait encore plus. Il était plus facile de discuter entre gentlemen. Sans compter que la disparition du patriarche avait changé sa fille. Envolée la nature téméraire et rebondissante de la demoiselle. Elle s’affichait désormais avec une autorité qui seyait mal à son sexe. Il aurait préféré qu’elle s’en tienne au deuil en pleurant la disparition du défaut plutôt que de faire l’état des comptes. M’enfin. Le vieil homme esquissa un sourire poli, reprenant où il avait laissé.

- Nous avons eu des nouvelles du Blue Marine. Malheureusement l’expédition aux Amériques n’a pas été aussi fructueuse que le capitaine l’espérait...

La magicienne attrapa la lettre qu’on lui tendait, retenant un sifflement réprobateur en voyant la somme investie. Ils avaient perdu. Beaucoup perdu. Une dette qu’ils allaient devoir éponger d’une manière ou d’une autre visiblement. Et dire que leur actif dans le Dorset était intouchable jusqu’à l’arrivée de l’héritier. La demoiselle poussa un soupir, refaisant quelques calcules.

-Quelle idée d’investir dans une entreprise aussi hasardeuse... Vous auriez dû vous opposer à cela Dumburry.

Le vieil homme garda un sourire aimable même si ses yeux lançaient des éclairs.

-Votre père avait confiance en son jugement, mademoiselle, et je ne faisais que suivre ses ordres.

La langue claqua contre le palais de l’héritière Spencer. À d’autres.

-Transférer nos investissements restants du Blue Marine vers l’Interpride de la Compagnie des Indes. Je crois savoir qu’un nouveau voyage est prévu et nous pourrons retrouver quelques bénéfices au retour du navire dans quelques mois. La réunion des investisseurs pour la mine en Afrique est toujours prévue pour cette après-midi?

Était-il judicieux d’accueillir tous ces messieurs au manoir? Elle n’avait pas vraiment le choix puisque sa situation de deuil n’avait pas encore été éclaircie.

-La réunion a toujours lieu, mais elle a été transférée, mademoiselle. Commença Dunburry d’un air faussement désolé.

Sarah cligna des yeux. Transférée? Elle n’avait pas été mise au courant pourtant. Relevant la tête vers le secrétaire, son regard inquisiteur se fit plus pénétrant, tandis qu’elle se levait, ramassant à la hâte quelques documents.

-Transféré? À quel endroit? J’espère que ce n’est pas à l’autre bout de la ville, je n’aurai jamais le temps de m’y rendre.

Dunburry ne put cacher son sourire de satisfaction, prenant sa voix la plus solennelle et son air désolé le plus pitoyable.

-Toutes mes excuses mademoiselle, la réunion aura lieu au salon de Paul Mall... C’est un club exclusivement réservé aux gentlemans...

La jeune femme ouvrit la bouche et la referma aussitôt, son regard s’assombrissant aussitôt, son poing serré se posant sur l’imposant bureau. Bien sûr. C’était une manière subtile de l’exclure des négociations. La Chasseuse avala l’amertume qui coulait sur sa langue. Quelle bande d’imbéciles ! S’ils espéraient s’en sortir aussi facilement et garder les bénéfices alors que son père les avait financés. Les longs doigts de pianistes tapotèrent le bureau, cherchant une solution qui ne lui venait pas. Elle avait été sotte de croire qu’elle pouvait reprendre la place du patriarche aussi simplement.

-Peut être devrions nous demander de l’aide à monsieur le Comte de Scarborough je crois qu’il serait sage d’avoir l’opinion d’un homme de son rang pour traiter ce genre d’affaires...

La magicienne se mordit la lèvre inférieure pour étouffer le juron qui menaçait d’en sortir. Faire appel au Comte. C’était la solution facile que tout le monde avait à la bouche depuis quelques jours. Sa mère, l’homme de loi, les amis de la famille. Comme si cet homme devait être considéré comme un sauveur.

-Hors de question. Nous ne souhaitons pas abuser de la générosité de monsieur le Comte qui est déjà préoccupé par ses propres affaires.

Il avait un cousin à présenter et toutes ses conquêtes à s’occuper. Abattue, Sarah laissa Mr Dunburry prendre congé avant de sortir à sa suite. Elle détestait être seule trop longtemps dans le bureau et l’atmosphère l’étouffait.

Dehors l’été l’accueillis à bras ouverts, plombant sur sa tête comme pour lui faire payer d’avoir voulu être privé de ses rayons. Le soleil brillait, glissant sur sa peau comme une douce caresse ensorcelante. Sa robe noire capturait les rayons, faisant miroiter le tissu sombre, réchauffant ses membres. L’Artémis déambula dans le jardin, laissant dans son sillage le bruissement de ses jupons de soie, profitant de la solitude pour enlever les épingles qui retenait sa chevelure en place, soupirant d’aise de ne plus sentir les morceaux de métal lui rentrer dans le crâne. Jouer la comédie l’épuisait, l’étouffait. Elle était médiocre dans le rôle de l’héritière digne, impossible dans celui de l’enfant réconfortante, encore pire dans celui de la douce demoiselle à réconforter. Toute cette mascarade lui donnait envie de hurler. Même ses nouvelles tenues semblaient conçues pour une autre. Étant obligé de porter le deuil pour la prochaine année, à moins d’un mariage bien sûr, sa mère et son amie Lady Artbrook avait complètement refait sa garde-robe, choisissant des robes noires, grise, bleu foncé dont les corsages lui avaient fait froncé les sourcils. À défaut de pouvoir attirer le regard par des couleurs claires, il fallait dévoiler un peu de peau lui avait dit la vieille mégère en riant. Et bien sûr, la majorité, des tenus étaient en soie pour donner un air aérien. Au diable si elle mourrait de froid sous le tissu trop mince. Car elle demeurait une héritière après tout. Plus riches que jamais ce qui ferait indéniablement fermer les yeux des hommes sur son âge avancé. Elle ne pouvait donc pas être privée d’évènements sociaux comme le voulait la coutume du deuil puisque cela aurait condamné ses chances de se trouver un mari, mais elle devrait continuer de porter du noir.  

Trouver un mari. Comme si elle avait la tête à penser une telle chose, elle qui n’arrivait même pas à choisir ses amants avec distinction.

Il y avait d’abord Alexander. Le premier pour qui son cœur avait bondi, du moins, consciemment. Aristocrate déçue par sa faute, elle se demandait si c’était les astres qui les avaient fait se rencontrer pour mieux se moquer d’eux et si c’était le remords et l’acharnement qui les poussaient à continuer. Que connaissaient-ils l’un de l’autre si ce n’était ces brefs moments passer au lendemain d’un bal et ceux fugaces à chercher à se cacher et se voir en douce? Il lui avait sauvé la vie, elle avait sauvé la sienne. C’était déjà amplement suffisant aurait marmonné une daronne de leur époque. Mais pouvait-il se satisfaire de ce ''suffisant''? Il avait affronté tant de danger, mais était-elle assez égocentrique pour croire qu’il avait tout fait pour elle? Elle ne pouvait plus se permettre ces bêtises insouciantes de croire aux princes charmants. Il était temps de grandir. Il était temps de mûrir. Elle n’était pas une princesse qui pouvait être sauvée par quelqu’un d’autre. Il était un précieux alliés à n’en point douté. Un homme au tempérament bouillonnant qui lui ressemblait par sa témérité. Un homme sans limites comme elle l’avait appris, jouissant des plaisirs de la vie et des femmes. Aurait-il seulement fait un bon époux? Puis il y avait les sous-entendus d’Eulalia quant à la nouvelle venue, Mademoiselle Thorne. Une femme magnifique, séduisante, enchanteresse. Elle avait bien vu au bal comment cette beauté attirait les hommes. Cet air sauvage et libre, un parfum tentateur pour eux.  Une femme aux mœurs légères de ce que l’héritière avait appris. À quoi pouvaient bien ressembler les nuits dans les quartiers des Hunters lorsque les deux êtres aux sangs bouillonnants se retrouvaient seuls? Elle était injuste? Peut-être. Susceptible? Certainement. Envieuse aussi de cette liberté qu’elle n’aurait jamais. Mais était-elle réellement amoureuse?

Sa question lui arracha un sourire amer.

''Sais-tu seulement ce qu’est l’amour, toi, pauvre humaine à peine née.''

Une illusion. Une de plus.

Jirômaru. Le mystérieux, intangible et fugace Prince des ténèbres. Sa douleur, douce et amère. La matérialisation parfaite d’une chimère. De proie à bourreau, de terreur à tendresse, il lui avait fait voir et ressentir plus que cointe. Il avait engendré en elle les premières flammes de ce brasier qu’on appelait désir et dont la fin inachevée lui avait laissé une envie cruellement insatisfaite. Elle l’avait repoussé, chercher à l’assassiné, rejeter et pourtant, il n’avait jamais cessé de la poursuivre, de la vouloir, de la protégée. Et alors qu’elle se pliait enfin à ses désirs, qu’elle se remettait à lui pleinement, entièrement, il s’était détourné. À croire que sa cruauté n’avait aucune limite s’il se complaisait de jouer ainsi avec ses sentiments. Mais il n’avait pas besoin de ses sentiments. Il avait besoin qu’elle lutte contre ceux de sa race. Il n’avait rien à faire de la femme qu’elle était. Ce qu’il avait besoin s’était qu’elle laisse derrière elle sa tenue d’Artémis pour devenir l’inatteignable Némésis. Pourtant, n’y avait-il pas entre eux cet attachement? Elle y avait cru de toute son âme, mais peut-être n’était-ce qu’une manipulation secrète sur son échiquier. Ou une simple affection comme celle qu’on ressentait pour un animal, appréciant sa compagnie sachant pertinemment qu’il était de passage.

Une bien belle chute en soi.

Au moins il ne pouvait être plus clair à présent. D’amant probablement, le Comte s’était attribué le rôle de protecteur discret, prêt à lui venir en aide en cas de besoin. Mais il y avait tant de gens qui avait besoin de lui songea-t-elle avec une nouvelle amertume. Des femmes belles, magnifiques, immortelles. Pourquoi s’encombrer d’une humaine aussi magicienne soit-elle. Il en avait même brisé le présent qu’elle lui avait offert. Se souvenir tortura un peu plus cruellement le cœur meurtri. L’audace de son cadeau se retrouvait bien mal remerciée. Tout ça pour finir par parler de rose blanche.

Étant justement devant les rosiers en question, l’héritière leur donna un coup de pied rageur. Comme si elle en avait quelque chose à faire de ces fleurs. Un nouveau soupir franchit les lèvres minces de la jeune femme. Voilà où portaient ses gestes impulsifs. À d’inutiles retardements. Le bas de sa robe prit dans les épines du rosier, la jeune femme se pencha pour déprendre le tissu. Il ne fallait surtout pas abimer sa nouvelle toilette. Non pas par coquetterie, mais tout simplement, car elle n’avait pas la patience de sortir pour en commander une autre. Concentrée sur sa tâche minutieuse, l’Artémis fut interrompue par un éclat brillant au milieu des roses. Le soleil frappait sur une surface polie. Un bijou perdu dans le paillis? Une pierre tombée là par hasard? L’œuvre d’une pie sans doute. La main s’avança avec précaution, il ne fallait pas se piquer, pour enfin saisir la pierre verte qui y jonchait. La pierre de jade dans sa main, elle la reconnut immédiatement de par sa délicatesse et sa forme particulière. Ainsi, c’était donc là l’endroit où le Comte avait égaré la pièce maitresse de son présent? Nouveau rictus sans joie. Il l’avait sans doute perdu lors de l’une de ses visites. La pierre glissée au fond de sa poche, la jeune femme soupira d’avance aux embuches qu’elle rencontrerait pour pouvoir sortir en ville faire réparer le bijou. Il lui faudrait porter sa voilette, être accompagné de Blake certainement. Que des complications inutiles. Il était peut-être temps de faire revenir Gabriel Fitzwilliam. Cette liberté impossible qu’elle avait acquise en se dissimulant sous son archétype lui manquait. Fini les messes basses, les décisions prises pour elle, la liberté de l’homme désormais sienne, elle pouvait déambuler à sa guise, siffler, parler fort, miser son propre argent sans la moindre remontrance ou discussion. Oui... il était peut-être opportun, bien qu’incroyablement dangereux, de faire revenir ce cher Gabriel et d’être le fils Spencer qu’elle n’était pas...

Le bruit d’une calèche qui entrait au domaine interrompit les réflexions de la jeune femme. Une voiture? Encore? Sarah se hâta de regagner le manoir, prenant le temps inutile de refaire sa coiffure sans aucune mèche rebelle avant d’entrer dans le salon où se trouvait sa mère et sa grande amie, Lady Artbrook. C’était donc elle la visiteuse.

-Toutes mes excuses madames. Je croyais que nous avions des nouvelles du notaire.

-Non, non, entrée mon enfant, nous avons à discuter.

Sentant le discours moralisateur arrivé, Sarah prit élégamment place sur le divan, notant le regard de satisfaction de Lady Artbrook. Sa mère s’assit à ses côtés, laissant leur invitée discuter de ce qu’elle appelait son plan d’attaque pour la chasse au mari. Bien sûr son âge posait problème, mais elle était riche, suffisamment belle et de bonne famille. De plus, elle avait la santé pour engendrer un héritier. Que de belles qualités en sommes.

-Mais pourquoi cette hâte soudaine madame?

-Pour éviter que le titre et les terres ne s’éloignent encore plus très chère. L’héritier mâle est un vieux célibataire qui ne vivra probablement pas plus de quelques printemps. Advenant que vous épousez un homme et que vous engendrez deux mâles, votre second fils héritera du nom des Spencers.

Inutile de dire qu’il fallait également faire taire les ragots aux plus vites. Car on avait déjà commencé à discuter dans les salons. À jaser, sous l’éventail, de cette demoiselle qu’on disait désormais maudite. N’attirait-elle pas le malheur et la mort dans son sillage? L’attentat du théâtre, son association avec le malfaiteur Von Ravellow, sa mystérieuse disparition, les fiançailles rompues par le Comte et maintenant le décès de son père. Et même si le Comte avait changé la donne en expliquant que l’écart d’âge n’en aurait pas fait une union heureuse, cela n’avait pas empêcher les gens de jaser.

-Mais est-ce bien sage de se précipiter? Mère prépare un voyage en France pour la fin du mois. Nous avons de la famille à visiter, il me semble.

Cette fois le malaise fut palpable, faisant osciller les beaux yeux de la jeune femme d’un visage à l’autre. Que lui cachait-on encore? L’abcès fut rapidement crevé; Lydia en tant que nouvelle veuve devait porter la période de grand deuil pendant deux ans. Comme il lui était impossible de mener une vie sociale pendant cette période, elle se rendrait seule en France pour revoir sa famille. Lady Artbrook se chargerait de jouer les marieuses pendant son voyage et l’accompagnerait en tant que chaperon. Une absence de quelques semaines tout au plus. La Chasseuse se sentit de nouveau anéantie par cette nouvelle qu’elle considéra comme un abandon de plus. Sa mère? Partir? Alors que Père venait à peine de décéder? Quelle décision cruelle et ridicule ! Mais le temps n’était pas à perdre disait Lady Artbrook. Le Comte avait justement un cousin célibataire en visite chez lui et il était impensable que l’héritière quitte la ville avec pareil prétendant.

Oui, car tout n’était toujours que mascarade.

Suite à: La dureté du jade




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