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La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
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Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
 
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Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42]

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Izac Reinhardt
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Izac Reinhardt
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MessageSujet: Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Icon_minitimeDim 13 Oct - 15:03

RP précédent pour Izac: Juste Peine.



Souvenirs fugaces

Izac Reinhardt et Michael Nadasdy

"Homo homini lupus est", Plaute


Il était environ 16h lorsque Izac arriva sur Brompton Road. Son objectif : rejoindre le QG de la Guilde d'Ivoire dont il faisait partie depuis des mois. Située sous l'Oratoire, cette cachette discrète avait l'avantage d'être vaste et bien organisée. Comme à l'accoutumée, le Gitan était vêtu sobrement d'un ensemble noir et d'une cape ample qui dissimulait ses armes. Il passait inaperçu, même si sa coiffure extravagante pouvait parfois attirer l'oeil de la bourgeoise.
Le chasseur transportait dans ses bras un sac fait de papier journal d'où dépassaient de longs panaches de feuilles vertes et cannelées. Les Hunters avaient besoin de provisions supplémentaires et il était passé chez l'épicier pour acheter quelques légumes afin de varier un peu ce qu'ils allaient mettre dans leur soupe.
Il fallait dire qu'à part Michael, Eulalia et lui, personne ne se préoccupait de l'équilibre de leurs plats. Les jeunes avaient tendance à manger n'importe quo. Ils partageaient surtout du saucisson et du pain, le tout généreusement arrosé de vin. Ce n'était pas cela qui n'allait leur permettre de rester en bonne santé !

Nathan, lui, pouvait manger correctement chez ses parents, même si ces derniers étaient en voyage, puisqu'il possédait encore des domestiques et avait les moyens de réclamer ce qu'il souhaitait. Malheureusement, ce n'était pas le cas des autres. Et, en plus d'être orphelins, ils étaient fainéants sur ce plan. Seamus avait beau descendre de parents bouchers, il ne s'occupait guère de la cuisine. Christopher, lui, était tellement actif qu'il n'avait pas le temps de s'en préoccuper. Alphonse aidait parfois aux fourneaux, mais il n'était pas doué et s'était déjà coupé à plusieurs reprises. Izac les trouvait vraiment immatures...

* Quelle équipe de bras cassés...* songea-t-il.

Poursuivant sa route, il avisa le grand bâtiment qui se dégageait à l'horizon. Ses bottes claquaient sur les pavés secs et l'anneau qu'il portait à l'oreille gauche faisait de joyeux cliquetis contre la barre dorée que ce dernier surmontait. C'était une belle journée ! Le ciel dégagé ne pâtissait même pas des vapeurs des usines et le brouillard épais qui étouffait parfois la ville avait été soufflé par la brise du matin. C'était suffisamment rare pour être souligné.
Le Gitan songea alors à Alexender : il espérait sincèrement qu'il se portait bien chez miss Thornes et qu'il se reposait un peu. Izac avait l'oeil : non seulement le Hunter aux cheveux roux ne supportait plus d'être enfermé mais en plus sa proximité avec Raphaël n'aidait en rien son humeur. Tantôt complices, tantôt ennemis, ces deux-là ne pouvaient pas vivre sous le même toit, même à des heures différentes, sans risquer de s'étriper l'un l'autre. Ce n'était pas plus mal qu'Alexender puisse s'extirper du QG. Ceci dit, cela demeurait fortement risqué.

Tandis qu'il approchait du haut bâtiment, Izac scrutait les environs pour vérifier qu'il n'était ni suivi ni observé. Leur salut ne tenait qu'en leur discrétion et au secret de cette nouvelle planque. Il suffisait d'un écart et s'en serait fini de la Guilde.
Il aperçut soudain un grand chien noir qui venait dans sa direction. Le Gitan plissa les yeux et sourit doucement : il reconnaissait Michael. Le Lycanthrope avait cette fabuleuse capacité de se métamorphoser en loup, ce qui lui permettait d'aller et venir plus discrètement au QG. Apparemment, il en sortait.

- Hé bien l'ami ! On se promène ? Demanda-t-il lorsque le canidé fut à sa hauteur. J'ai ramené quelques provisions pour ce soir. Ajouta-t-il en montrant son sac d'un air satisfait.

Sur le moment, Izac ignorait si Michael allait repartir comme il allait le faire avant leur rencontre ou s'il allait le suivre au QG pour discuter. Sans se préoccuper de la chose, il reprit son chemin sans discuter davantage. Un sourire en coin lui fendit le visage en entendant que Michael le suivait.
Une fois à l'intérieur e l'Oratoire, Izac fut heureux de constater qu'il n'y avait pas âme qui vive. Il vérifia tout de même les allées et, satisfait d'être véritablement seul, du moins uniquement avec Michael, il s'esquiva dans une coursive. Le Hunter trouva rapidement le passage qui menait dans les souterrains et s'y faufila comme une ombre, suivi de près par l'imposant loup noir.
Devant la porte qui s'ouvrait sur le petit vestibule du QG, il sortit une clé et l'enfonça dans la serrure. Le cliquetis habituel tinta à ses oreilles, puis il poussa la porte avant de la refermer sur le loup et lui.

- Il fait froid là-dedans...Murmura-t-il pour lui-même.

Il posa son paquet à terre, laissant le loup regarder à l'intérieur les belles carottes et les topinambours qu'il avait acheté, et enleva son manteau pour l'accrocher à une patère du vestibule. Enfin, il reprit le sac dans ses bras et franchit la seconde porte pour arriver dans le salon commun. Il n'y avait personne. Le Gitan se rendit dans la cuisine pour déposer ses provisions sur le comptoir. Il constata que d'autres victuailles venaient d'être déposées.

- Je suppose que c'est v...

Il s'interrompit, surpris de se retrouver nez à nez avec Michael sous sa forme humaine. Il avait cru s'adresser au loup et ses yeux s'étaient heurtés à son veston noir.

- Je ne sais pas si je m'y ferai un jour. Bougonna-t-il en lui faisant dos pour s'occuper de ses carottes. Bon, il y a de quoi faire pour plusieurs jours.

Le Hunter sortit les légumes du sac, les lava dans une bassine d'eau à peine claire et les stocka sur un torchon propre. Puis, il se débarrassa du papier journal en le jetant en boule dans la poubelle.

- Comment se portent miss Thornes et Alexender ? Demanda-t-il sur le ton de la conversation. J'espère qu'ils sont prudents.

Le balafré ouvrit un placard et en sortit deux tasses dépareillées.

- Vous prendrez bien un thé ?

Sans réellement attendre de réponse, il mit l'eau à chauffer et prépara deux portions de thé noir.

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Crédit image : Trinkender Koch


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Dernière édition par Izac Reinhardt le Mar 29 Oct - 10:29, édité 2 fois
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Michael Nadasdy
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MessageSujet: Re: Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Icon_minitimeSam 19 Oct - 0:02

RP précédent pour Michael: L'Ivresse de la Liberté.


Souvenirs fugaces


Izac Reinhardt et Michael Nadasdy


Quel salaud !
Michael enrageait. Ce chien de rouquin ne perdait rien pour attendre. En plus de badiner auprès de sa belle comtesse, d’accepter très difficilement sa défaite à la manière d’un enfant tout juste sorti des jupons de sa mère, ce connard avait eu l’audace de l’appeler pour mettre en place ses prochaines envies indécentes. Porter la méridienne, quel ensuqué ! Qu’il n’en raye ni le sol et n’en abîme pas les pieds ! Il les lui ferait avaler pour remballer son air de badaud satisfait. Ah ! C’était terriblement frustrant de devoir se plier à ses désirs. Katherine attendait de lui une certaine docilité et surtout une bonne entente entre les Hunters. Il ne voulait pas gâcher son idylle d’autant plus qu’il ne l’avait pas vu aussi ravie depuis longtemps. Il pouvait bien l’embrasser, lui murmurer des douceurs et des coquineries à l’oreille, lui faire l’amour et bien d’autres chose, si la Comtesse en était heureuse, alors il se plierait à son bonheur. Mais quelle plaie ! Non seulement son petit duel avec Alexender n’avait pas refroidi ni l’audace ni l’arrogance du noble déchu mais en plus de cela Michael se retrouvait évincé de toute activité.

Dégoûté et surtout en colère, le Lycanthrope avait préparé un sac de victuailles et de boisson pour les Hunters du QG. Il était hors de question qu’il s’attarde plus longtemps dans cette demeure sous peine d’entendre Katherine hurler son amour. Il n’avait pas échappé aux gémissements ni aux bruits sourds du meuble dans la salle d’eau. Il avait pris le temps d’isoler Judith et de lui conseiller de prendre une pause dans le jardin pour ne pas la gêner avant de s’en aller. Par chance, le QG des Hunters était vraiment à proximité de la demeure des Thornes. Une dizaine de minutes à pieds les séparaient. Il passa par le parc, profitant de la belle luminosité et du chant harmonieux des oiseaux. Quelques couples promenaient, certains avec des enfants et il était toujours heureux de voir que, quoi qu’il arrive, le monde ne s’arrêtait pas de tourner. Lui aussi avait été père un jour. Il avait aimé profondément son épouse et leur descendance. Il avait été dévasté par leur mort mais chemin faisant, il avait appris avec sagesse que tout être devait vivre puis mourir. Son passage sur terre n’était que temporaire et que la plus grande partie de l’existence se jouait dans ce qui n’était pas discernable. La mort, bien qu’effrayante, n’était qu’une continuité inconnue à laquelle chaque être attribuait bien volontiers une fin spirituelle. Avec ce qu’il avait vu dans sa vie, la crainte des vampires pour les reliques et le monde des esprits, Michael croyait en un au-delà. Un jour il reverrait ceux qu’il aimait, mais sous quelle forme… Un petit sourire triste étira ses lèvres. Il était bien loin le temps où il tenait la main à son fils en le faisait sauter dans les flaques.

Une fois arrivé au QG, Michael s’attendait à croiser des Hunters. C’était peine perdue. Raphaël dormait sûrement dans sa chambre et ce n’était pas la personne qu’il avait le plus envie de voir en cet instant. A vrai dire, ils étaient tous les deux partis du mauvais pied et Michael devait bien avouer que c’était en grande partie sa faute. Mais il détestait les mensonges et encore plus les vampires. Savoir que sa bien-aimée se pensait en sécurité et à l’abri d’une de ses créatures alors qu’elle dormait sous le même toit l’avait enragé. Comment leur faire confiance eux qui vivaient à travers le sang des êtres vivants ? Eux qui ne se contrôlaient pas ? Eux dont les pensées les plus perverses se réalisaient ? Avec dégoût, cela le ramena à une sombre époque qu’il préférait oublier.
Assis à la table, Michael tapota le bois de ses doigts. Finalement, las d’être seul il décida de quitter les lieux et d’en profiter pour se balader. Il n’allait tout de même pas poireauter mille ans !

En sortant du QG, le Lycanthrope laissa la place au loup qui sommeillait en lui. Heureux de pouvoir se dégourdir les pattes, Narco sautillait et battait de la queue. Les quelques personnes qui passèrent à côté de lui s’écartaient de stupeur puis finissaient par penser qu’il s’agissait d’un chien errant ou d’un sans-abri. Parfois, une personne âgée l’appelait et tentait de l’appâter avec de la nourriture et Narco mordait à l’hameçon. Ce n’était pas une mauvaise entité, il était sociable mais souvent nerveux. Une fois le butin attrapé, il prenait la fuite sous les rires des passants. Le loup n’était pas inconscient non plus, il savait qu’il devait faire attention à ces drôles de bonhommes casqués. Ils avaient un uniforme et Michael passait son temps à lui rappeler leur nom, les agents du « Yarp » un truc comme ça. Des policiers de l’époque quoi ! Ils n’aimaient pas trop les bêtes errantes et apparemment il pouvait être un danger pour les populations alors dès qu’il les apercevait il prenait le chemin opposé ! Parfois même c’était les humains qui prévenaient le Yarp et ça, ce n’était vraiment pas très très sympa de leur part.

Ses ongles griffaient allègrement les pavés des trottoirs tandis qu’il trottinait. C’était une excellente journée. Michael était fort en colère mais lui bien content de sortir enfin ! Soudain, une odeur. Ah celle-là il la connaissait ! De son regard vif, le loup examina les alentours. Ses yeux se posèrent sur un homme à la stature massive. Sa coiffure, digne de celle d’un oiseau exotique, l’avait toujours amusé. Sans aucun doute, Narco reconnut le grand Hunter du QG. Il devait s’appeler Itsak. Ou Yitchat. Ou Izac. Enfin ce n’était pas bien important un nom ! Satisfait de retrouver un compagnon calme, le loup le croisa, il releva la tête, sembla esquisser un sourire à ses propos et frotta sa grosse tête poilue contre la cuisse du bonhomme. L’instant câlin fut bref mais intense. Voilà, Narco n’aimait pas plus que cela. Quelques secondes puis c’était fini, il avait toujours eu du mal à faire confiance. Baillant, il s’ébroua à ses côtés puis tendit la truffe afin de sonder le sac. Un souffle puis deux, il sembla satisfait de ce qu’il rapportait. Son humain mangerait bien mais les légumes ce n’était vraiment pas pour lui !

Joyeux, il se dit qu’il pouvait bien le suivre. Michael serait content lui aussi c’est sûr ! N’était-il pas venu au QG pour retrouver ses amis ? Tel le fidèle compagnon qu’il était, Narco lui emboita le pas. Il s’impatienta devant la porte lorsqu’Izac sortit les clés puis bondit à l’intérieur du repère. Une tonne de bonnes odeurs envahit son nez ! Enfin, il ne voulait pas trop respirer le canapé de trop près, des humains avaient décidé de faire des petits et ça ne l’intéressait pas… Par contre la cuisine !! Quel trésor ! Curieux tout de même de ce qu’Izac avait rapporté, le canidé se dépêcha d’y fourrer sa truffe. C’était vraiment de drôles d’aliments. Ils étaient colorés mais ternes à la fois. Cela n’avait pas l’air très appétissant. Lui ce qu’il aimait c’était le fromage, le pâté, le saucisson. Katherine était généreuse avec lui, elle lui donnait tout ce qu’il voulait. Elle le faisait sûrement parce qu’elle aimait beaucoup Michael. Mais Kura aussi avait droit à ses petites attentions et à de belles caresses. Décidemment, ils avaient quand même de bons humains.

* Narco… je peux revenir .. ? *

* T’es sûr ? je pense qu’il peut me donner un bout du jambon que tu as ramené ! *

* Je t’en garderai. *

* … *

* C’est promis. *

* D’accord ! *

Puis sans plus de concession, Narco s’évanouit et la silhouette élança de Michael se matérialisa. Toujours aussi silencieux qu’un félin, et cela pouvait être un très vilain défaut, le Hunter s’approcha d’Izac et sourit en croisant son regard.

- Excusez-moi, j’aurai dû m’annoncer. J’ai dû négocier avec le loup pour vous rencontrer.


Observant ce que le Gitan avait ramené, Michael hocha la tête satisfait et entreprit de l’aider à laver les légumes dans la bassine. Il attrapa des navets et des pommes de terre qu’il faisait rouler dans ses mains, frottant avec insistances pour ôter les derniers reliquats de terre.

- En effet, nous en avons pour un moment. N’hésitez pas à me dire ce qui vous ferait plaisir. Je ne connais pas encore tout à fait les goûts de chacun… Merci pour les légumes, les jeunes feront peut-être un peu la tête mais cela leur fera du bien.

Poli, Izac s’enquit des deux Hunters qui batifolaient gaiment dans la salle d’eau. Michael se crispa un peu et tendu il répliqua :

- Eh bien, je dirais qu’ils vont un peu trop bien à mon goût…
Il croisa son regard et rougit un peu. Du moins, je veux dire qu’ils profitent de la présence de l’un et l’autre. Cela leur fait du bien vous savez. Von Ravellow avait besoin de sortir, la demeure n’est pas si éloignée d’ici, une dizaine de minutes nous sépare. Il reprend des couleurs et semble apprécier son séjour. Et Katherine est… Et bien, elle aussi elle reprend des couleurs. Et vous ? Nous nous voyons assez peu, je suppose que vous devez être bien occupé…

Séchant ses mains, il hocha la tête puis répondit à claire voix pour être sûr de ne pas paraître impoli.

- Volontiers, merci !

Lorsqu’Izac lui tendit la tasse, Michael l’accepta avec un signe de remerciement silencieux puis glissa ses longs doigts contre la porcelaine. La chaleur qui se dégageait de l’eau frissonnante lui plaisait toujours autant de même que la saveur qui émergeait du délicat volute qui s’en échappait. Son ongle traça les contours du rebord de la tasse puis il continua la conversation :

- J’ai voulu tester la maîtrise d’Alexender aujourd’hui. Rester ici lui a engourdi les membres. J’ai senti qu’il avait de belles capacités mais il n’a pas tenu longtemps. Un petit sourire étira ses lèvres, délibérément ce souvenir lui plaisait. J’ai entendu dire de la part des autres Hunters, que vous êtes excellent au combat. Nous n’avons jamais eu l’occasion de combattre ensemble ou même de chasser. Je pense qu’il est important que nous évaluions nos capacités afin de nous répartir au mieux les tâches et les missions.

Ses lèvres trempèrent quelques instants dans le délicieux breuvage qui lui réchauffa la gorge. Doucement il se leva, il farfouilla dans le sac qu’il avait ramené et en sortit une boite de biscuits spécialement confectionnés par Judith. Il les posa sur la table et en proposa galamment à son confrère en précisant que certains étaient au fromage puis il reprit place. Michael était tout en élégance, installé à la table, il avait croisé les jambes et sa posture droite trahissait terriblement son ascendance noble. Un instant, le Lycanthrope sembla réfléchir. Il plissa un peu les yeux en observant le Hunter et souffla :

- Je suis désolé mais… Cela fait quelques temps que je me pose la question. Nous serions-nous déjà rencontrés quelque part ? Vous me rappelez vaguement quelqu’un mais je n’arrive pas à mettre de nom ni de visage ni même une époque… C’était il y a sûrement fort longtemps…

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Izac Reinhardt
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MessageSujet: Re: Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Icon_minitimeVen 25 Oct - 20:27



Souvenirs fugaces

Izac Reinhardt et Michael Nadasdy



Izac lavait les légumes sans dire un mot. Près de lui, Michael l'aidait aimablement. Si le gitan avait pu se méfier du Lycanthrope et de sa douce amie, Katherine, il semblait que ses suspicions aient laissé place à une certaine confiance, certes relative, mais au moins cordiale et pragmatique. Ces deux-là semblaient réellement vouloir rejoindre leur groupe et reformer la Guilde d'Ivoire.
Après avoir rencontré Alexender et répondu à son appel, ils avaient fait preuve de courage et de loyauté sur les dernières missions qu'ils s'étaient données. Grâce à eux, les domestiques du rouquin, Suzanne et Marguerite, avaient pu s'échapper de la prison de Coldbath Field. Cette réussite avait redonné du baume au coeur à tous les Hunters et le rouquin avait retrouvé une partie de l'espoir qu'il avait perdu suite à leur défaite au théâtre. Aujourd'hui, Katherine s'était même infiltrée au sein de la troupe du Comte et l'espionnait pour leur préparer le terrain afin de l'éliminer. C'était une position éminemment dangereuse et tout à son honneur. Et puis, d'après ce que lui avait dit Christopher, Raphaël avait même reçu de la jeune femme une prothèse pour remplacer ses deux doigts perdus face au grand Vampire.
Le gitan restait toujours sur ses gardes - c'était une véritable habitude de ne jamais donner totalement sa confiance à qui que ce soit - mais il acceptait beaucoup mieux les deux Lycanthropes depuis quelques semaines, même si cela cristallisait quelques tensions, notamment entre Raphaël et Alexender. Ah les femmes...Enfin, les hommes...parce que c'était là des combats de coqs dont miss Thornes se serait sans aucun doute passés elle aussi. Pour le coup, Izac ne la considérait pas forcément fautive.

- Il n'y a pas de mal...murmura-t-il à l'intention de Michael lorsque ce dernier s'excusa de ne pas avoir prévenu qu'il allait revenir sous forme humaine dans son dos.

La nature de Katherine et Michael avait fait débat à leur arrivée dans la Guilde. Fallait-il accepter des êtres dont les capacités dépassaient l'entendement, tels les Vampires ou les Loups-Garous ? Etait-ce raisonnable d'intégrer dans leurs rangs des personnes capables de se transformer en loup ou d'utiliser des pouvoirs aussi étranges que périlleux ? Et si ces deux-là étaient en réalité des infiltrés envoyés par les créatures qu'ils chassaient tous ?
Izac avait été très réticent à l'idée de les accepter ainsi de but en blanc. Mais il s'était tempéré au fil des jours et avait finalement baissé quelques barrières. A la vérité, il ne craignait pas leur nature lycanthropique, car il savait que ces créatures avaient tendance à pencher vers la neutralité ou le bien-être des Humains. Il savait que c'étaient avant tout des Humains eux-mêmes et non des créatures déguisées en tant que telles. Non, ce qu'il craignait c'était qu'ils ne maîtrisent pas leurs pouvoirs, à l'instar de Raphaël, et qu'ils puissent se révéler plus maladroits encore que les jeunes chasseurs qui formaient la bande d'Alexender. Il suffisait d'un seul faux pas pour tous les perdre. Intégrer n'importe qui dans la Guilde relèverait de l'inconscience.

- Ne vous sentez pas obligé de faire la cuisine à chaque fois que vous venez ici, fit-il quand le grand brun lui demanda de lui indiquer ce qu'il désirait manger. Les jeunes savent se débrouiller, les plus vieux également...ajouta-t-il avec un sourire. Vous n'êtes pas le domestique de la maisonnée ici.

Izac avait un caractère solitaire mais il savait également vivre en groupe. Pour lui, la Guilde ne fonctionnerait sur le long terme qu'en poussant ses membres à faire des efforts dans tous les domaines. Certes, il fallait rester solidaires et s'organiser en fonction des capacités de chacun, mais il partait du principe que chaque tâche ne pouvait être dévolue à une seule et même personne. Michael avait beau être un excellent cuisinier et avoir le coeur sur la main, il ne devait pas se restreindre à cette fonction.

- Les jeunes vont finir par se reposer sur nous, même si ces légumes ne vont pas forcément leur plaire. Il rit un peu en jetant les carottes lavées dans un saladier élimé.

Alors qu'il terminait de baigner les derniers aliments de son panier, Izac demanda à son coéquipier comment se portaient Alexender et Katherine. Le duo de Hunters avait décidé de prendre la clé des champs et d'aller passer du temps ensemble chez la comtesse. Même si un peu d'air ferait sans aucun doute grand bien au rouquin, le gitan n'était pas certain que ce soit très prudent. Enfin, apparemment le gamin faisait toujours ce qu'il voulait...
La réponse que lui fit le Lycanthrope l'interpella. Ils allaient "un peu trop bien" à son goût ? Que voulait-il dire ? Il plongea ses yeux mordorés dans les siens d'un vert pâle fascinant. Michael rougit et continua sur sa lancée. A priori, le couple profitait bien et il n'y avait rien d'important à signaler. Izac, qui s'était légèrement crispé, se détendit tout à fait. Il attrapa un torchon et se sécha les mains avec vigueur. Sa moustache frémit.

- Je vois. Il raccrocha bout de tissu trempé à la poignée d'un tiroir et s'appuya contre le plan de travail en croisant les bras et les jambes. Le principal est qu'ils ne prennent pas de risques inconsidérés.

Ils reprenaient des couleurs ? Ah ! Il voyait très bien de quoi parlait le brave gars. Le pauvre avait dû venir ici pour s'éloigner un peu de leurs bêtises. Sacré Alexender...Ce fieffé Don Juan...

- Oh, moi ? S'étonna-t-il quand le Lycanthrope lui demanda comment il se portait. Je vais bien, merci. Comme vous, je ne vis pas ici, d'où mes longues absences. Je chasse de mon côté et j'ai mes propres cachettes.

Le gitan n'alla pas plus loin dans les confidences, soit par désintérêt face à ce type de sujet, soit par besoin de conserver son espace personnel.

- Mon intégration à la Guilde est récente. Je n'ai pas abandonné mes petites habitudes. A vrai dire, je serai même resté indépendant si je n'avais pas croisé ces petits gars lors de l'attentat au théâtre. Je connais le père de miss Grey, enfin connaissais...C'est ce qui m'a aussi rattaché à tout ce beau monde.

Izac eut envie d'un thé chaud et en proposa un à Michael, histoire d'être poli et de ne pas boire tout seul. Le Lycanthrope accepta volontiers et se laissa servir. Ils se mirent à siroter leur breuvage tout en poursuivant la conversation. Le Lycanthrope évoqua leur besoin de tester les capacités de combat de chacun. Apparemment, il était déçu de celles d'Alexender au fleuret. D'après lui, le rouquin n'était pas très endurant.
Le gitan se frotta le menton et réfléchit. De son point de vue, Alexender était plutôt doué à l'épée, mais il l'était bien davantage au pistolet. S'était-il surtout perfectionné dans ce domaine en délaissant le premier ? Le fait d'être enfermé sous l'Oratoire ne l'empêchait pas de s'entraîner mais il se retrouvait régulièrement seul, si l'on omettait la présence de Raphaël qui dormait en journée.

- Vous avez raison. Nous avons délaissé les entraînement depuis le sauvetage des domestiques, notamment à cause du déplacement de la Guilde. Mine de rien, ça a été long cette affaire...

Passer de l'East End et de leur premier QG délabré à ce repaire où avait autrefois siégé la Guilde originelle avait nécessité toute une organisation. Ils avaient mis des semaines à transférer leur matériel dans le plus grand secret et à investir les lieux. Le relâchement des Hunters en termes d'entraînement était sans doute en grande partie due à cela.

- Que suggérez-vous ? Nous pouvons les rassembler ici et les tester. J'imagine que vous êtes doué, puisque vous avez déjà évalué les capacités d'Alexender. Nous pouvons sans doute coupler nos aptitudes pour leurs apprendre de nouvelles passes et astuces. Il se râcla la gorge et reposa sa tasse à moitié vide. Pour ma part, je suis plutôt spécialisé dans les Bloody Rose. J'étudie le poison noir depuis quelques années et j'espère d'ailleurs réussir à l'utiliser comme enduit pour nos armes. Je me bats surtout avec le Bloody, mais, sans vouloir me vanter, j'excelle aussi dans le maniement de l'arbalète. C'est une arme quelque peu dépassée, mais qui peut justement surprendre. Les carreaux sont plus solides que des flèches et plus pénétrants. Sans compter que ce genre d'arme est particulièrement silencieuse, ce qui est un vrai avantage au coeur de la ville. Il se frotta la moustache et soupira doucement. Je dois en avoir trois à prêter aux jeunes, mais elles sont sûrement un peu rouillées.

Sirotant la fin de sa tasse, Izac songea à part lui qu'entraîner les Hunters n'était pas une mauvaise idées. Les jeunes savaient certes déjà se battre mais ils manquaient tous d'expérience et la maladresse d'Alexender au théâtre ne lui avait pas échappé. Michael semblait vouloir les aider et c'était l'occasion de travailler ensemble à restaurer les forces de la Guilde. Que valait-il vraiment au combat ? Le gitan se le demandait bien. Toujours était-il qu'il semblait bien plus mature que les autres et que sa proposition tombait à point nommé.

- Oui, entraînons-les ensemble. Je suis partant ! Conclua-t-il au bout de leur discussion.

Le gitan se resservit une tasse de thé noir. Le liquide fuma en tournoyant dans la porcelaine fleurie et son délicat arôme envahit les sens des deux Hunters. Izac vérifia le breuvage de Michael et lui proposa une deuxième fois de le servir. Puis, il reprit sa position, la vaisselle chaude entre les deux mains jointes. Il ne faisait pas froid dehors, mais le QG était un peu humide et, sans feu dans l'âtre, il faisait cru.

Alors que le silence s'installait doucement, Michael reprit bientôt la parole. Le gitan lui jeta un regard interrogateur et l'écouta tranquillement. Le Lycanthrope se demandait s'ils s'étaient déjà rencontrés. Apparemment, son visage lui disait quelque chose et il ne parvenait pas à savoir d'où il tenait cette étrange impression. Izac le dévisagea en plissant les yeux, fouillant dans sa propre mémoire pour tâcher de lier ce souvenir fugace à l'un des siens. Non, Michael ne lui disait rien...

- Je pense que je m'en souviendrais si je vous avais déjà croisé. Je suis plutôt physionomiste. Répondit-il au bout d'un moment. L'époque ? Oh, si on s'était croisés, je pense que ce serait récemment. Vous avez quoi ? Une trentaine d'années ? Je vais sur mes 43 ans. Il lui sourit avec bienveillance. Je suis en Angleterre depuis 1816, heu non, 1817. Vous deviez avoir une dizaine d'années. Avant j'ai vécu en Espagne et dans le sud de la France. Je doute qu'on se soit croisés : vous avez l'air de venir de l'aristocratie, moi je viens d'une communauté gitane. A priori, nos deux mondes sont assez opposés...

Il posa ses lèvres sur le bord de sa tasse et grogna un peu : il venait de se brûler la langue.

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Michael Nadasdy
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Michael Nadasdy
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MessageSujet: Re: Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Icon_minitimeLun 28 Oct - 14:59



Souvenirs fugaces


Izac Reinhardt et Michael Nadasdy


Ainsi, les deux hommes se retrouvèrent à laver des légumes ensemble. Activités fort peu communes pour des gaillards, Izac et Michael ne rechignaient pas à effectuer les tâches les plus ingrates du QG. Le Hongrois, par ailleurs, avait dépoussiéré à plusieurs reprises les locaux, lavé les éviers, les seaux et les parties communes les moins ragoutantes pour que sa dulcinée ne se retrouve pas dans la crasse la plus totale et qu’elle puisse profiter pleinement des échanges. Des hommes ensemble c’était rarement reluisant. Il n’en voulait pas à la petite bande d’être un ramassis de feignants à ce sujet, ils étaient jeunes après tout, jeunes et encore irresponsables. La plupart d’entre eux n’avait même pas 25 ans. Alexender était reclus ici comme un damné et Raphaël ne sortait que la nuit pour les saluer. Ces deux-là, régulièrement en mauvais termes, n’avaient sûrement pas la tête à sortir balais et chiffons pour déblayer leurs idées. Pourtant, ils en auraient bien besoin. Avec un sourire, le Lycanthrope les imagina faire le ménage ensemble, peut-être que leur cohabitation en serait plus amusante et moins pesante ! A ses côtés, Izac s’attelait à cette activité avec toute sa simplicité. Lui-aussi avait l’air d’avoir un certain pragmatisme. Pour que les choses roulent, il valait mieux vivre bien et droitement dans ses bottes. Le QG ne pouvait pas être un dépotoir et les Hunters devaient se nourrir convenablement, ce qu’ils ne faisaient pas en leur absence. Conscient que le Hunter s’adressait à lui, Michael releva ses yeux verts et les posa sur le Gitan à ses côtés. Il avait une brave allure ! Avec sa coupe de cheveux déjantée et son corps musclé, Narco n’avait pas manqué de le remarquer dans la rue. Le petit loup appréciait ce type, il était calme, posé et sa sérénité était un véritable havre de paix pour les créatures au naturel anxieux et sauvage. Il ne forçait jamais le contact, pas comme Raphaël avait pu le faire. Le Lycan détourna les yeux en souriant. Bien sûr qu’il n’était pas obligé de faire tout ça mais…

- Ça me fait plaisir… Ses doigts grattèrent la surface d’un panais sur lequel il ramena l’eau brunie sur l’écorce blanche du légume. Il brûlait de lui dire qu’il n’était pas un domestique tout court mais se retint. Après tout, ils s’en fichaient tous les deux. Ça me fait du bien, vous savez. Comme nous ne vivons pas avec eux, ça me donne l’occasion de les voir et puis, j’aime les voir manger avec appétit. Pour une fois qu’on apprécie mes talents de cuisinier ! lança-t-il avec un regard rieur.

Finissant de nettoyer les derniers légumes restants, il les posa à son tour dans le saladier puis s’essuya les mains avec un torchon disposé à proximité. Il haussa les épaules, les jeunes finiraient bien par grandir et se responsabiliser, pour le moment, d’autres étaient là pour leur offrir encore un peu la chaleur d’un foyer… il rit cependant avec lui, les légumes plaisaient rarement aux enfants et même aux grands. Soucieux du petit groupe, Izac demanda comment se portait Alexender et Katherine, ce à quoi Michael resta assez évasif mais lui assura que tout allait pour le mieux pour eux. Il grinçait encore des dents de la journée qu’il avait vécu à leurs côtés et se maudissait parfois d’être tombé amoureux d’une aussi belle chipie. Elle était terrible à multiplier les amants, à tomber amoureuse aussi pleinement et à crier son amour dès qu’il était possible de le faire. Et ce rouquin… il ne perdait rien pour attendre avec son arrogance qui lui brûlait les lèvres et lui rongeait le cœur. Courtois, il ne partagea pas son animosité envers l’aristocrate à Izac. Cela ne le regardait pas et quand bien même, Michael était suffisamment mâture pour ne pas s’étaler à ce sujet. Souriant, il frotta sa mise et ajouta :

- Non ne vous inquiétez pas, ils restent dans la demeure. Katherine reçoit peu de visite et encore moins en mon absence et si jamais cela venait à arriver, le domaine regorge d’endroits où se cacher.

S’intéressant un peu aux activités de son camarade, Michael n’apprit pas grand-chose de plus à son sujet. Apparemment, il chassait seul de son côté, il avait ses propres cachettes. Il conservait une certaine pudeur quant à ses occupations et le Lycanthrope ne pouvait pas lui en vouloir. A vrai dire, lui aussi restait assez discret sur ce qu’il entreprenait. Katherine était probablement la seule au courant de ses chasses solitaires et lorsqu’elle en avait le temps et le moral, elle se joignait à lui. Cela s’était fait assez rare ces derniers temps depuis son implication dans la troupe du Comte. Elle se faisait assez discrète pour n’attirait aucun soupçon et préférait chasser en lisière qu’en ville pour ne pas risquer son image. Étonnement, Izac n’avait pas rejoint la Guilde depuis longtemps. Michael le regarda avec un certain étonnement vu l’implication du gitan au sein du groupe.

- Vraiment ? Oh, en effet, depuis le théâtre. Je suis désolé, j’ai cru comprendre au détour de certaines discussions les drames que vous avez tous vécus ici. Nous regrettons, Katherine et moi-même, de ne pas vous avoir rencontré plus tôt afin de vous prêter main forte. Je pense que, tout le monde ici, peut être fier de vous compter parmi les Hunters de la Guilde. Vous êtes un soutien non négligeable et probablement d’une grande sagesse dont ils semblent tous un peu manquer… Son sourire se fit chaleureux. Ils étaient tous bien jeunes mais Michael pouvait comprendre les raisons de leur engagement. Lui-même s’était lancé très tôt dans cette aventure.

Alors qu’ils prenaient place autour de la table et qu’Izac préparait le thé, Michael évoqua par la suite les capacités de Von Ravellow au fleuret. Bien qu’elles soient impressionnantes, il demeurait peu endurant. Il faut dire qu’il n’y était pas allé de main morte avec lui, désireux de lui flanquer une bonne leçon. Son manque d’endurance était certainement dû au fait qu’il restait enfermé nuit et jour au QG. Son moral était miné et son entraînement appauvri. Il lui fallait absolument se remettre à la pratique au risque de perdre ses compétences. Michael percevait en lui de belles capacités, Alexender avait tout ce qu’il fallait pour être un excellent Hunter et, en réalité, il l’était sûrement déjà, mais il lui fallait reprendre l’exercice physique s’il souhaite conserver ses acquis et s’améliorer. C’est ce qu’il fit, plus ou moins, comprendre au Hunter. Rassuré qu’il aille dans son sens, Michael hocha la tête.

- Tout à fait et c’est fort compréhensible… il fit une petite pause, les doigts crispés autour de sa tasse, mais il faut absolument les remettre en mouvement au risque que leurs efforts se terrent en ces lieux…

Le grand Gitan suggéra de les rassembler et de les tester. Ce n’était pas une mauvaise idée. Le Lycanthrope lui-même aimait connaître les capacités de ses confrères afin que chacun puisse être utile à son niveau. Il ne fallait pas jeter dans la gueule du loup un gamin qui n’était bon qu’à la confection et qui hésitait à appuyer sur la gâchette, cela n’aurait aucun sens. Il sourit et hocha la tête régulièrement pour ponctuer les propos d’Izac. Michael était tout à fait d’accord avec lui et le voir prendre autant à cœur la cohésion de leur groupe réveilla en lui quelques souvenirs. Qu’il était loin le temps où il avait mené des guildes ! Il lui semblait révolu et pourtant il renaissait devant ses yeux avec délice. Aujourd’hui, il n’en était plus le chef mais il sentait revivre sous ses doigts cette étincelle jadis éteinte. Izac lui apprit ainsi qu’il était plutôt spécialiste des Bloody Rose, ces armes étrangement efficaces contre les créatures de la Nuit et qu’il se battait principalement au pistolet et à l’arbalète. C’était particulièrement agréable de l’entendre, peu de Hunters se risquaient à l’arbalète, sûrement par méconnaissance du fonctionnement de cette arme.

- On peut dire que je me débrouille, avoua-t-il avec une certaine modestie. C’est une possibilité. Sinon… Voilà ce que je peux vous proposer. Le Hunter amena sa tasse à ses lèvres et but un peu de thé. Les lieux sont assez exiguës, il serait préférable de les entraîner à l’extérieur. Nous pouvons le faire au manoir, il est particulièrement vaste et il est possible d’y entrer à partir du parc, je vous montrerai. Nous possédons de nombreuses armes : épées en tout genre, pistolets, arcs, dagues de lancer et notamment des arbalètes. Vous pourrez les utiliser et leur en apprendre le maniement. Je confectionnerai de nouvelles cibles statiques et mouvantes. Je pense également qu’il pourrait être utile de leur apprendre la fabrication des armes afin qu’ils ne se retrouvent pas désœuvrés le jour où ils seront seuls. Et peut-être qu’ainsi ils en prendront soin. Nous avons des ateliers et du matériel à disposition. Il esquissa un petit sourire et plongea son regard saisissant dans le sien tout aussi perturbant. J’ai longtemps entraîné des jeunes gens et j’ai formé Katherine au combat que ce soit au corps-à-corps ou à distance. Je suis assez polyvalent dans le genre et je peux me transformer. Il insinua par cela que les jeunes pourraient s’entraîner dans de véritables conditions. Ils appréhenderaient les capacités des loups pour mieux agir contre les Loups-Garous et les autres créatures. J’ai intégré plusieurs guildes et été à la tête de l’une d’entre-elles à Budapest, ajouta-t-il comme pour justifier sa légitimité dans ce domaine de formation. Il ne le dit pas à Izac mais il avait repris ce rôle à plusieurs reprises dans sa vie et il avait toujours eu à cœur d’avoir des hommes particulièrement doués voire experts dans tous les domaines.

Il attrapa un biscuit qu’il cassa entre ses doigts et le trempa dans son thé. Ses yeux se perdirent dans le liquide ambré. Oui, ensemble ils pourraient y arriver ! Izac avait l’étoffe d’un meneur et, si Michael n’avait jamais été réellement commandé par qui que ce soit, si cela devait être un homme autant que ce soit celui-ci. Il avait la tête sur les épaules, des talents à n’en pas douter et un calme certain qui pourrait apaiser même les plus excités. Voyant l’enthousiasme de son confrère, Michael se sentit renaître.

- Parfait ! Nous pourrons nous diviser le travail mais d’abord, j’aimerais que nous observions mutuellement nos méthodes. J’aime savoir avec qui je travaille et ce qu’il sait. Je ne doute pas de vos capacités, mais je pense que c’est nécessaire. Il lui sourit avec bienveillance. Si vous le voulez bien, nous pouvons commencer cette semaine. Je suis assez disponible.

Acceptant qu’on lui serve à nouveau du thé, Michael émietta un peu de sucre à l’intérieur de sa tasse, fit tournoyer la cuillère puis reprit la porcelaine entre ses doigts. C’était agréable de discuter ainsi travail. Les deux hommes s’entendaient parfaitement. Le silence s’installa entre eux. Ce n’était pas désagréables. Michael s’était surtout perdu dans ses pensées réglant les derniers détails de cette organisation. Oui, les Hunters pouvaient parfaitement venir chez Katherine. Il leur faudrait éviter de passer par le portail principal, prévenir Judith pour qu’elle ne s’affole pas et prétexter une nouvelle activité de maître d’armes à Michael pour le jardinier. Ils possédaient une cour à l’arrière du domaine, celle où il s’était battu avec Alexender mais le manoir possédait en son sein une salle d’armes attenante à une salle d’entrainement. Ils pourraient également s’exercer à l’intérieur.

Finalement, lorsqu’il releva la tête, il examina plus soigneusement son interlocuteur. Cet homme lui était étrangement familier mais il n’arrivait pas à savoir pourquoi. S’étaient-ils déjà rencontrés ? Izac le niait. Apparemment, ils ne s’étaient jamais rencontrés apparemment, autrement il l’aurait reconnu. Michael plissa des yeux. Etrange, il l’aurait pourtant juré ! Il ne put s’empêcher de sourire lorsque le Hunter s’emporta un peu sur son âge. Une trentaine d’années tout au plus. Lui avait la quarantaine. Avec amusement et n’ayant absolument pas à cœur de le couper, Michael pencha la tête sur le côté et l’écouta jusqu’au bout. Angleterre…. Espagne… France.. ? Ah peut-être en France ! Finalement, le Gitan appuya ses propos sur leurs différences sociales et Michael ne put s’empêcher de rire.

- Vous savez, notre installation en Angleterre est très récente, impossible que ce soit ici, je vous aurais reconnu aussitôt. Il porta sa tasse à ses lèvres avec un petit sourire enjoué. Vous me flattez, apparemment je n’ai pas encore pris de cheveux blancs ! Mais si je peux me permettre… J’ai dix fois votre âge. Il but une gorgée tout en rivant ses yeux sur lui. Il était rare que le Lycanthrope s’aventure sur ce terrain. Je suis né en 1410 en Hongrie dans une famille noble, comme vous l’avez deviné. Les lycanthropes sont parfois dotés de cette capacité, une certaine longévité. Nous vieillissons mais plus lentement que vous d’où mon apparente jeunesse. Katherine est comme moi, elle est cependant bien plus jeune, bien que nous ayons tous deux passé le siècle.

Il analysa sa réaction, c’était toujours amusant de désarçonner les humains de cette manière. Izac était loin d’être le plus vieux de la bande. Michael les détrônait tous d’où son détachement sur de nombreux sujets qui lui semblaient de peu d’importance. Son regard se fit plus vif. Izac était issu d’une communauté gitane, il avait vécu en Espagne et en France se pourrait-il que…

- Avez-vous déjà fait le pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer ?


Il décroisa ses jambes et se pencha vers lui pour mieux distinguer ses traits.

- Je vous assure que vous me rappelez quelqu’un. Vous savez, j’ai vécu en France avec Katherine. Il m’est arrivé de voyager seul et j’ai rencontré il y a quelques décennies maintenant, peut-être trente ans tout au plus, une communauté gitane en pèlerinage. J’ai toujours aimé découvrir de nouvelles cultures et ces gens-là m’ont accueilli pendant quelques semaines durant lesquelles j’ai pu vivre à leurs côtés. Ses yeux se mirent à pétiller. J’y ai rencontré un homme et vous lui ressemblez très fortement, peut-être est-il de votre famille. Attendez que je me rappelle de son nom… c’était… Il chercha dans sa mémoire. Il avait du mal à se rappeler de tout le monde, les noms avaient cette étrange manie de se mélanger avec ceux de tous les autres. Un certain Julio… Après quelques hésitations il s’exclama. Julio Fiorini ! Il avait un petit garçon et une femme tout à fait charmante. J’ai passé beaucoup de temps avec les enfants lors de ce voyage, du moins mon Loup, Narco, appréciait leur présence et jouait avec eux. Il est rare de rencontrer des personnes aussi ouvertes que ces gens-là.

Attentif au moindre détail, le majordome examina le Hunter. Il ressemblait étrangement à cet homme, jamais il n’aurait pu l’oublier avec ses yeux mordorés et cette boucle d’oreille. Il avait passé de très bons moments avec cette famille et en particulier leur enfant avec lequel il s’était volontiers bien amusé ! Il avait vu son épouse danser autour du feu, il avait appris quelques pas et avait partagé leurs traditions. Si leur mode de vie était véritablement éloigné du sien il n’en était pas moins agréable. Ses yeux se plissèrent encore :

- Yitsh’aq, c’était le nom de ce petit garçon, cela vous évoque quelque chose ?

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Izac Reinhardt
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MessageSujet: Re: Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Souvenirs fugaces [Izac et Michael] [15/06/42] Icon_minitimeMar 29 Oct - 10:29



Souvenirs fugaces

Izac Reinhardt et Michael Nadasdy



Sans même se concerter, Michael et Izac semblaient s'accorder sur la façon de procéder dans la cuisine. Les mots n'étaient pas nécessaires entre eux : leur maturité et leur pragmatisme prenaient tout naturellement le relais. Du point de vue du gitan, c'était agréable de trouver en ce nouveau compagnon un aide de camp compétent. Les légumes furent ainsi bientôt lavés et rangés en prévision du repas du soir. Ils le prépareraient dans quelques heures. Pour le moment, ils avaient le temps de se détendre un peu et de converser en buvant un bon thé.
Prenant les devants, Izac servit Michael avec amabilité et les deux Hunters purent enfin apprendre à se connaître un peu mieux. Il fallait dire qu'ils ne s'étaient rencontrés que très récemment et qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se retrouver en tête à tête. Michael était toujours auprès de miss Thornes et Izac avait tendance à rester en dehors du QG ou à n'y venir que lorsqu'il y avait de grandes réunions. C'était la première fois qu'ils étaient seuls.

Izac trouvait le Hongrois particulièrement serviable. Il jouait le rôle de majordome avec Katherine et avait tendance à le jouer aussi auprès des autres Hunters. Le gitan devait être le seul à avoir réellement pris conscience que Michael était bien plus qu'un serviteur : il ne faisait qu'incarner un personnage pour pouvoir veiller sur la jeune femme et faire de leur duo une alliance acceptable en société. Izac le considérait déjà comme son égal. C'était un Hunter, quels que soient son statut social, son origine ou sa nature. Certes, il avait eu du mal à accepter sa nature lycanthropique mais ce n'était que pour le délais de la révélation et le danger que pourraient représenter ses pouvoirs.
Partant de ces réflexions, le gitan voulut rappeler à son compagnon qu'il n'était pas tenu de faire la cuisine. Michael s'en chargeait presque systématiquement lorsqu'il venait au QG. Cela arrangeait bien les jeunes, mais ce n'était pas forcément leur rendre service au final. Ils devaient apprendre à gérer le QG eux aussi. Et puis, Michael avait aussi le droit de s'intéresser à autre chose au sein de leur groupe. Izac était persuadé que le Hongrois possédait bien d'autres talents utiles. Le Lycan lui répondit qu'il appréciait s'occuper de cette tâche et que ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il était heureux de voir ses talents de cuisinier enfin appréciés.

- Miss Thornes ne vous fait-elle donc jamais de compliments à ce sujet ? Demanda Izac en riant doucement tout en jetant un regard amusé au Hongrois.

Lorsque le gitan demanda des nouvelles d'Alexender et de Katherine, l'homme fut bref et évasif. Izac comprit très rapidement ses sous-entendus. Bah, pour lui, du moment que les deux amants ne prenaient pas de risques inutiles, il se moquait bien de leurs petites histoires d'amour. Si cela pouvait les aider à respirer un peu et qu'il en résultait un peu plus de cohésion ou d'efficacité, autant les laisser faire. Michael lui assura qu'ils ne quittaient pas le manoir des Thornes et que c'était un lieu idéal pour se cacher s'ils en éprouvaient le besoin. Il précisa au passage que la comtesse ne recevait pas beaucoup de visiteurs, ce qui leur laissait le champ libre.

- Je vois. Hé bien, tant mieux. Répondit sobrement Izac.

Le gitan ne ressentait pas le besoin d'en parler davantage. Si le couple se plaisait là-bas, à 10 minutes du QG, et que ce lieu était sécuritaire, il ne voyait pas pourquoi il s'inquiéterait outre mesure ou se permettrait de les juger. Après tout, ils restaient humains. Enfin presque.

Au fil de leur conversation, Izac apprit à Michael qu'il n'avait rejoint la Guilde que très récemment, depuis l'attentat au théâtre en réalité. Le Lycanthrope sembla surpris. A ses yeux, Izac en avait sans doute toujours fait partie.

- Oui, cela ne fait que quelques mois que je suis de près les activités de cette petite bande. Confia le Hunter.

Michael et Katherine n'avaient pas pu participer à l'attentat contre le Comte et pour cause : ils ne connaissaient pas encore les Hunters de la Guilde puisqu'ils ne les avaient pas encore rencontrés. Izac fut reconnaissant envers le Hongrois lorsque ce dernier lui dit qu'il aurait aimé leur prêter main forte.

- Votre aide nous aurait certainement été d'un grand secours...Soupira-t-il. Son regard s'était lourdement assombri. Cette attaque a été une véritable catastrophe.

Il sentit que Michael était intéressé par cette histoire et se mit dans le devoir de la lui raconter. Katherine et lui devaient savoir à quel point la Guilde était bien plus fragile que ce qu'elle paraissait et combien leur ennemi principal était redoutable.

- Pour vous résumer la chose, le Comte présentait Coriolan sur scène. Les jeunes ont voulu en profiter pour organiser une attaque. Ils avaient prévu que sir Veneziano et miss Grey incendient le bâtiment à côté du théâtre, le Milton & Co, pour pousser à son évacuation, histoire de ne pas y mêler des civils. L'équipe d'Alexender devait dans le même temps infiltrer les spectateurs pour coincer le Comte et ses acolytes au moment de l'évacuation et à sa suite. Le problème c'est que le bâtiment visé par l'incendie était surveillé par les Vampires. Le délais d'attente s'étant étiré, Alexender a apparemment foncé tête baissée au théâtre, avant même que l'édifice ne soit vidé.

Le gitan prenait des pincettes car il n'avait pas assisté à l'ensemble de ces événements. Il racontait ce qu'il avait entendu des autres Hunters.

- C'est ensuite devenu un enfer. Il pesa ses mots. Les Vampires semblaient au courant qu'une attaque était prévue. Ils étaient vraiment trop nombreux et les jeunes mal préparés. Alexender a failli y passer, Raphaël également. Les parents de miss Grey, eux, n'ont pas survécu. Quand le théâtre s'est mis à brûler lui aussi et que le Yard est intervenu avec les pompiers, le reste des Hunters a pu prendre la fuite. C'est un miracle qu'il y ait eu si peu de morts...Il grimaça. J'ai moi-même failli y perdre mon oeil, vous voyez...

Le gitan caressa la balafre qui lui traversait l'oeil gauche et une partie de la joue.

- Vous savez, le Comte est d'une puissance démesurée mais ses sbires sont aussi problématiques. Il est entouré d'une bande de Vampires pluri centenaires qu'il appelle "les Sept", même s'ils ne sont apparemment plus au nombre de sept. Ceux-là sont redoutables. Mais il a également beaucoup d'autres partisans tout aussi cruels. Il tapota sa cicatrice. Celui qui m'a fait ça était le maestro de l'orchestre : il s'est contenté de me donner un coup de baguette sur le visage. Vous imaginez la force qu'il a dans les doigts ? Il y avait même une femme qui contrôlait la foudre ! Les pouvoirs de ces créatures peuvent être absolument terrifiants...

Izac fouilla un peu dans sa mémoire et tâcha de faire le bilan de ce qu'il avait vécu ce soir-là. Il ne se souvenait pas de tout. L'ensemble de la scène avait été extrêmement chaotique et sa blessure l'avait handicapé un moment. Il se souvenait surtout d'une scène particulièrement affreuse...

- Le Comte peut manipuler les morts...souffla-t-il en fronçant les sourcils tandis que son regard se perdait dans le vide. Il a relevé le père de miss Grey et l'a utilisé contre Alexender, comme une marionnette de chair. C'était...affreux.

Le gitan trouvait ce pouvoir parfaitement répugnant. Tuer était suffisamment violent pour en plus jouer avec les corps inanimés...Cela relevait de la démence. Le Comte n'avait pas hésité une seconde à user de cette odieuse tactique. Izac se souvenait du sourire qui avait fendu son visage d'albâtre : le Vampire avait jubilé...

- J'ai bien peur que les jeunes ne le prennent encore à la légère...grogna-t-il en ramenant son regard sur Michael.

Le Lycanthrope avait apparemment lui aussi fait le constat que les Hunters de la Guilde avaient grandement besoin de s'entraîner s'ils voulaient réussir à reprendre les chasses, notamment celle du Comte. Les deux Hunters s'accordaient sur ce principe et ils songèrent qu'ils pouvaient les aider en les formant. C'était devenu nécessaire et Izac fut content de trouver en Michael un coéquipier de valeur.
Le grand brun proposa de rassembler régulièrement les jeunes dans le manoir des Thornes pour les entraîner au combat. Il y avait de la place, l'équipement nécessaire et même des arbalètes. Izac sourit.

- Vraiment ? C'est donc parfait ! Si nous parvenons à rester discrets, je ne vois pas d'objection à ce que nous nous rendions chez votre compagne, heu...chez miss Thornes, excusez-moi. Sans se préoccuper de sa bourde, le gitan continua : Je suis curieux de voir comment vous concevez vos cibles d'entraînement. Pourrais-je les voir en amont ? Nous pourrons préparer le terrain d'entraînement ensemble si vous le souhaitez.

Michael semblait réellement motivé par ces idées et il se disait même prêt à servir de cible mouvante. Il rappela ainsi au passage qu'il avait la capacité de se transformer en loup, ce qui rendrait les entraînements d'autant plus efficaces que les Hunters pouvaient aussi tomber sur des Loups-Garous lors de leurs chasses. Izac tiqua un peu mais il lui concéda l'intérêt de cette tactique :

- Je dois bien vous avouer que je reste mal à l'aise avec vos "transformations", mais si cela peut aider les jeunes à acquérir davantage de compétences, je ne suis pas contre.

Surpris d'entendre que Michael avait déjà été à la tête d'une guilde à Budapest, le gitan leva un sourcil.

- Ah oui ? Intéressant ! Je n'imaginais pas qu'il y eût autant de guildes actives. Ce serait merveilleux de pouvoir travailler tous ensemble et de communiquer nos trouvailles. Mais j'imagine que monter un tel réseau serait non seulement fort compliqué mais également risqué : cela augmenterait nos risques d'être pris. Il ne s'agirait pas de donner aux Créatures de la Nuit l'occasion de nous tomber dessus en suivant une chaîne...

Izac sentait que leurs idées les galvanisaient. Bientôt, Michael lui proposa de tester leurs forces respectives avant même de se mettre à entraîner les plus jeunes. Il voulait d'abord connaître ses capacités et lui montrer les siennes. C'était logique en soi : ils devaient avant tout apprendre à se connaître s'ils voulaient les coacher efficacement.

- Bien sûr, je comprends le principe. Vous m'intriguez vous aussi et je dois bien avouer que j'ai hâte de découvrir vos façons de procéder. Il marqua une pause pour réfléchir à son planning personnel. Je suis plutôt disponible moi aussi. Il faudrait déterminer des jours et des horaires. Je suppose que je viendrai vous retrouver directement au manoir Thornes ? Vous aurez ainsi l'occasion de me montrer les espaces d'entraînement avant que nous y amenions les autres. Je pourrai peut-être vous aider à aménager certaines zones et à fabriquer les fameuses cibles dont vous parliez.

Satisfaits de leurs accords, les deux compères prirent une seconde tasse de thé. Ils profitèrent aussi de quelques biscuits et du parfum de cette collation improvisée.
Au bout d'un moment, Izac sentit le regard de Michael sur lui et ne fut guère surpris de l'entendre lui demander s'ils ne s'étaient pas déjà croisés. Par contre, il lui sembla parfaitement impossible que ce soit le cas puisque le lycanthrope ne lui disait absolument rien de son côté. Michael insista un peu et le gitan lui expliqua qu'il avait vécu en Espagne et en France avant de venir en Angleterre, ce qui réduisait leurs possibilités de s'être déjà croisés dans le passé. Il ajouta qu'il faisait partie d'une communauté de gens du voyage et qu'il avait donc été isolé de la société "classique" toute son enfance.

- Cela restreint les possibilités je pense...Ah ! Ah ! Rit-il en sirotant son thé, convaincu que Michael faisait fausse route.

Alors qu'il songeait déjà à un autre sujet de conversation, le grand brun lui confirma qu'ils n'avaient pas pu se rencontrer en Angleterre puisque cela ne faisait que quelques années qu'il y vivait lui-même avec Katherine et qu'il aurait été improbable qu'ils ne se souviennent pas l'un de l'autre. Izac lui sourit avec bienveillance. Oui, c'était évident.
Plongeant ses lèvres dans le liquide brûlant, le gitan faillit s'étouffer quand Michael le repris sur l'âge présumé qu'il lui donnait : il avait "10 fois" le sien. Ecarquillant les yeux, le gitan dévisagea son compagnon et entrouvrit les lèvres. Quand le Hongrois lui précisa son âge véritable et évoqua celui de Katherine, Izac pâlit un peu.

- Vous êtes né en...1410...répéta-t-il dans un souffle. Mon Dieu mais...comment...?

Michael semblait s'amuser de ses réactions. Mais il ne joua pas non plus avec lui : bien vite, il lui expliqua que certains Lycanthropes possédaient un don de longévité, ce qui était le cas de Katherine et de lui-même.

- Et...et moi qui vous pensais presque deux fois plus jeune que moi...

Le gitan eut du mal à en revenir. Cette confidence le ridiculisait un peu, certes, mais ce n'était pas cela le problème : des monstres, voilà ce que ces deux-là étaient. Il faisait bien de s'en méfier...Michael lui était fort sympathique mais fallait-il continuer à fraterniser et à vouloir entraîner les gamins avec lui ? Cela donnait tout de même à réfléchir...

Michael continua sur sa lancée en lui demandant s'il n'avait pas fait le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Izac sentit une montée d'adrénaline lui parcourir l'estomac. Était-il sérieux ? Cette fois, il reposa sa tasse et n'y toucha plus. Ses mains en tremblaient presque.
Le Lycanthrope lui raconta qu'il avait vécu en France avec Katherine et qu'il avait fréquenté une communauté gitane dans le sud. Il se souvenait d'un certain Julio Fiorini auquel Izac ressemblait beaucoup. A ce nom, le gitan sursauta presque. C'était le nom de son père. Michael dit qu'à l'époque il laissait son loup jouer avec les enfants, notamment le fils des Fiorini.
Au fond de la mémoire d'Izac, des ombres se murent et d'anciennes images refirent doucement surface. Il se souvenait d'un immense chien noir avec lequel il jouait souvent. Se pouvait-il que ce chien soit ce fameux Narco, le loup de Michael ? Cela lui retourna l'estomac. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser que le Lycanthrope avait très bien pu faire des recherches sur chacun des Hunters de la Guilde et qu'il se moquait de lui.
Le comble fut lorsque Michael retrouva le nom du gamin avec lequel il avait soit disant joué : Yitsh’aq. A ce mot, le gitan se leva d'un coup et recula de quelques pas. Il était rare qu'il ne prenne peur mais cette conversation venait de le perturber, sans doute plus que de raison d'ailleurs. Il se sentait presque souillé.

- Comment savez-vous tout ça ? Personne ici n'est au courant de mon passé ! Son ton se fit plus agressif. Si c'est une blague, vous auriez mieux fait de la garder pour vous, Michael.

Son esprit se focalisa un instant sur cet homme qui le dévisageait visiblement pour observer ses réactions et il songea que son pistolet n'était qu'à quelques centimètre de sa main. Était-il tombé dans un piège grossier ? Allait-il devoir se battre ?
Mais Michael ne sembla pas prendre une attitude agressive, bien au contraire. Il était resté calme et l'assurait que c'était la vérité. Izac mit quelques minutes à retrouver la paix et, lorsqu'il se rassit en sa compagnie, il soupira, encore sous le choc :

- Yitsh’aq Fiorini est mon vrai nom. Fit-il en déglutissant avec peine. Juilio était mon père. Nous avons vécu du côté des Saintes-Maries-de-la-Mer pendant des années. Il était réellement sous le choc. C'était donc vous, ce chien ? Comment est-ce possible ? C'est...si improbable !

L'animosité qui avait pointé dans le ton d'Izac avait totalement disparu. Désormais, le gitan acceptait l'idée qu'il ait pu avoir fréquenté le Lycanthrope dans sa plus tendre jeunesse, même si cela lui paraissait encore extraordinaire. Fallait-il y voir un signe du destin ?

- C'était il y a plus de vingt-cinq ou trente ans !

Un vague sourire apparut sur ses lèvres. Il songea à ses parents et à ce que venait de lui dire Michael.

- Je dois vraiment ressembler à mon père alors...pour que vous fassiez le lien entre nous...C'est incroyable !

Au fond, Izac était flatté. Il avait toujours admiré son père. Non seulement c'était un bel homme mais en plus un leader né et un puissant Hunter. Il avait tout appris de lui. C'était également un fier gitan qui avait mené sa petite communauté à travers les années et les pays. Croyant, aimant, discipliné, Julio avait toujours été un modèle pour son fils.
Izac hésita. Devait-il confier l'ensemble de son passé à Michael ? Était-il vraiment digne de confiance ? Le gitan ne pouvait s'empêcher de vouloir rester prudent. Il pensait encore qu'il était tout à fait possible que le Lycanthrope ait fait des recherches pour l'amadouer.

- La longévité vous dote-t-elle également d'une mémoire improbable ? Demanda-t-il d'un air suspicieux.

Une fois qu'il fut convaincu que Michael était honnête avec lui, Izac accepta de se confier un peu plus. Si le Lycanthrope avait réellement connu ses parents, il devait avoir envie de savoir ce qu'ils étaient devenus. C'était douloureux à raconter, mais Izac avait déjà fait le deuil de sa famille et son engagement dans la lutte était sa façon d'honnorer la mémoire des défunts, comme chez beaucoup de Hunters.

- Ma mère s'appelait Carmen. J'avais aussi une soeur, Elisa. Vous avez dû nous côtoyer très peu de temps après qu'un Vampire n'ait réduit notre caravane et dispersé notre "famille". Lorsque nous vivions en France, c'était chez ma grand-mère maternelle, Rosa Reinhardt. J'ai repris ce nom pour éviter que l'on me trace facilement. Il tiqua à nouveau et jeta un regard déçu à Michael. Apparemment, ce n'est pas suffisant. Si vous avez pu m'identifier, d'autres créatures de la nuit le peuvent sans aucun doute. Il reprit : A la mort de Rosa, nous avons émigré en Angleterre. C'est ici que mes parents ont commencé à se déchirer. Mon père était Hunter et ma mère considérait qu'il devait cesser ses activités pour éviter d'attirer à nous les créatures. Elle avait raison. Mais mon père était une tête dure et la lutte lui tenait à coeur. Un Loup-Garou l'a suivi un soir : il a tué ma mère et mordu ma soeur. Mon père a dû tuer cette dernière de ses propres mains...Izac serra les dents. Il n'aimait pas étaler sa vie, encore moins évoquer la mort d'Elisa. Je ne sais pas si Julio est encore en vie mais j'ai coupé tous les ponts avec lui à cette époque.

Izac ignorait effectivement ce qu'était devenu son père suite à la mort d'Elisa mais il s'en contrefichait. Qu'il soit mort ou encore en vie ne l'importait pas. Il avait depuis longtemps tiré une croix sur sa famille et tout ce qu'il ressentait pour cet homme était une rancœur profonde. Si leurs pas venaient à se recroiser, il n'était pas sûr de vouloir lui adresser la parole. On n'oublie pas si facilement la vision d'un père qui égorge sa fille...

- Et vous ? Vous avez encore des liens avec votre famille ? Je veux dire, sont-ils aussi des Lycanthropes détenteurs d'une longue vie ?

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Michael Nadasdy
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Michael Nadasdy
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Souvenirs fugaces

Izac Reinhardt et Michael Nadasdy



Assis autour de la table en compagnie du chasseur, Michael faisait tournoyer le liquide fumant avec sa cuillère. Ses yeux de jade observaient avec attention le thé ondoyant. En face de lui, Izac avait pris place. C’était un grand gaillard, sûrement plus costaud que lui. Il n’était, d’ailleurs, pas sûr de vouloir le provoquer en duel au corps-à-corps en raison de sa carrure assez impressionnante. Il avait ces traits physiques aussi particuliers que ceux d’un étranger africain ou amérindien. Sa coupe de cheveux, fort peu conventionnelle pour l’époque, lui donnait un air d’extravagant. Cela jurait drôlement avec son caractère posé et silencieux. Le hunter n’était pas de ceux que l’on entendait beaucoup discuter lors des réunions. Les jeunes prenaient déjà toute la place, ils avaient des tonnes de choses à raconter, souvent qui n’avaient aucun rapport avec leur Lutte mais ils vivaient. Izac était plutôt comme Michael, un observateur, un grand calme au pragmatisme effrayant. S’il n’y avait rien à dire alors pourquoi parler ? Assis en face de Michael, il jurait étrangement avec lui. Leur différence sociale était plus que flagrante. Le Lycanthrope était habillé sobrement mais sa mise, tirée à quatre épingles dénotait un certain goût pour la finesse. De même, il était assis avec une élégance rare qui contrastait avec la position de son interlocuteur. La scène était cocasse mais agréable. Si les deux étaient sûrement les plus vieux du groupe, pour la première fois peut-être, ils osaient enfin briser la glace. Avec un sourire, Michael se remémora ses propos au sujet de ses talents de cuisinier. A sa remarque sur Katherine, le Hongrois qui avait doucement rougi, lui avait répondu qu’avec le temps, l’émerveillement avait laissé place à l’habitude. Alors oui, cela lui faisait plaisir de voir les garçons se régaler. L’actrice était toujours de bonne compagnie mais elle ne s’étalait plus sur les compliments. En même temps… Cela faisait bien 125 ans qu’il cuisinait pour elle régulièrement.

Izac lui demanda des nouvelles du jeune couple, ce à quoi Michael resta assez évasif à leur sujet. Ils allaient bien c’était le principal. Il s’intéressa alors au Hunter en face de lui et tenta d’en apprendre un peu plus sur lui. Il était toujours difficile d’entamer une véritable conversation sans se connaître et surtout après tout ce qu’il s’était passé ici. Le Lycanthrope ne s’était pas montré des plus agréables depuis le début, il avait agressé le vampire et il comprenait sans mal la méfiance des autres à son sujet. Pourtant, il était loin d’être un homme aussi violent. La discussion dériva assez vite sur l’attentat du théâtre puisqu’Izac avait rejoint la Guilde à ce moment-là. Curieux, Michael s’était redressé sur sa chaise et s’était montré désolé de leur absence à ce moment-là. Ce fut le moment que choisit son interlocuteur pour lui parler un peu plus de ce qu’ils avaient vécu là-bas. Le Hongrois sentit son cœur se serrer. L’entendre parler du Comte lui provoquait des sueurs froides. Katherine était bien trop proche de cet homme et, même s’il avait l’habitude de ses méthodes, il ne pouvait s’empêcher de penser que cela ne marcherait pas comme à chaque fois. Fronçant les sourcils, il ramena sa tasse au bord de ses lèvres et souffla un peu pour en refroidir la boisson. Attentif, il notait dans son esprit tous les éléments qu’il devait retenir. Nul ne leur avait encore expliqué ce qu’il s’était passé ce soir-là, pourtant, Katherine et lui étaient au plus près de la cible.

Il haussa les sourcils, visiblement surpris et souffla :

- Je crois avoir besoin d’éclaircissements, pardonnez-moi de vous couper… Pourquoi, à ce moment-là, au lieu d’avorter la mission en voyant que les imprévus s’enchaînaient, Von Ravellow a-t-il mené l’attaque ? Avec des civils tout autour c’est de la folie… Enfin, excusez-moi, je vous laisse continuer.

Michael était plus que perplexe. Comment avaient-ils pu suivre une attaque aussi désordonnée ? pourquoi Alexender avait-il foncé tête baissée au lieu de reporter l’attentat ? Conclusion, et izac le précisait terriblement bien, la suite avait été désastreuse. Les vampires s’étaient préparés à une attaque. Les informations avaient dû fuiter ou bien… Il y avait encore autre chose dont Michael n’était pas au courant. Que s’était-il passé avant le théâtre pour que tout ce groupe prenne en chasse ce vampire et comment pouvait-il se douter qu’il serait attaqué ? Son cœur palpita en le voyant désigner sa cicatrice à l’œil. Les Longues-Dents étaient en surnombre et les jeunes trop peu expérimentés. Bien sûr qu’ils l’étaient ! A bien les regarder, ils n’étaient pas prêts à affronter une bande entière de Vampires !

- Vous… Avez une estimation du nombre de vampires présents ? Combien ont été abattus ce soir-là.. ? C’est important, je veux savoir à quoi m’attendre, je veux savoir combien rôderont autour d’elle. Sa gorge se noua. C’est terrible pour Miss Grey… La cicatrice semble profonde, cela a dû être douloureux, vous avez eu beaucoup de chose, à quelque chose près votre œil y passait.

Sentant sa poitrine s’oppresser, il glissa ses doigts au niveau de son col et tira un peu pour laisser passer l’air. Il étouffait. Toutes ces informations étaient plus qu’affolantes. Les Hunters n’étaient pas prêts. Ils avaient de toute évidence le souvenir cuisant de leur défaite dans la tête et des traumatismes à ne plus en dormir la nuit. Ils s’étaient attaqués à trop gros, ce poisson-là n’était pas de leur calibre. Alors, pour ne pas en perdre une miette, Michael s’excusa et sortit un carnet miniature de sa poche. Il nota les informations essentielles. « Les Sept », voilà quelque chose dont il aurait aimé être au courant avant de se lancer dans une telle aventure. Que Katherine piège un Vampire s’était une chose, qu’elle soit entourée de toute une bande c’était encore une autre histoire. Les Lycanthropes n’avaient que peu l’habitude de faire face à un tel regroupement de créatures. Ils avaient souvent combattu des solitaires ou bien des duos, souvent des époux d’ailleurs…

- Qui contrôlait la foudre ?! J’aimerais, si possible, que vous preniez le temps un de ces jours de me détailler ce dont vous vous rappeler, au niveau des pouvoirs. J’aimerais être certain que nous puissions mieux nous préparer à l’avenir…

Mais ce qu’il lui annonça par la suite lui glaça le sang. Aussitôt, le Hunter blêmit et écarquilla les yeux. Il serra les poings et posa son carnet sur la table. Pourquoi personne ne leur avait rien dit ? Katherine et Michael était sur le coup depuis plusieurs mois. Ils avaient réussi, après moultes recherches, à mettre le doigt sur la nature terrifiante du Comte et avaient bien compris, peu de temps après, lorsque l’attentat au Théâtre eut lieu qu’il s’agissait non pas de véritables terroristes mais de Hunters en mission. Mais jamais, ils ne s’étaient imaginés pareils pouvoirs.

- Les morts .. ? Quelle horreur. Il resta silencieux un moment, la mâchoire crispée. J’aurais aimé que nous le sachions plus tôt. Une telle barbarie… Vous êtes le premier à nous en parler, Izac. Et ce que vous me racontez est… Affolant de monstruosité. Il finit d’écrire sur son carnet les dernières informations et le remit dans sa poche. Je partage votre crainte. Katherine ne doute pas de l’horreur du personnage mais elle est loin de s’imaginer tout cela… La mission risque d’être plus ardue que ce que nous l’imaginions…

Sur ces mots et discutant un peu des capacités du jeune Von Ravellow, les deux Hunters en vinrent à s’accorder sur le fait que les Hunters avaient grand besoin de s’entraîner. Peu importe les risques qu’ils devaient prendre pour cela au final, s’ils voulaient réussir, s’ils désiraient continuer la lutte, ils devaient s’améliorer en tout point. Izac n’était peut-être pas de ceux auxquels on apprenait grand-chose dans son domaine mais les autres… ils avaient encore un long chemin à faire avant de prétendre s’attaquer à ces monstres. Michael était un formateur confirmé et Izac sûrement très doué, ensemble ils pouvaient arriver à en tirer quelque chose d’intéressant. Les jeunes avaient du potentiel, il ne manquait plus qu’à l’exploiter. Le Lycanthrope proposa alors d’entraîner les Hunters au manoir, idée que le gitan accueillit avec entrain. La majordome se détendit. Après leur discussion à propos de l’attentat, Michael avait arboré un sourire un peu crispé et ses muscles s’étaient tendus. Il détestait qu’on leur cache des choses ou que l’on fourre des informations sous le tapis. Si Alexender avait été dans la même pièce, il l’aurait sûrement attrapé pour lui flanquer la seconde raclée de sa journée. Le gitan ajouta qu’il fallait demeurer discret en se rendant chez sa compagne. A ses mots, le Hongrois s’embrasa visiblement. Non pas que cela soit fait, Katherine était sa compagne de vie. Peut-être celle qu’il garderait toute sa vie. Ils avaient réussi à se supporter et à se soutenir pendant plus d’un siècle. L’excitation avait laissé place à une intimité toute particulière entre eux.

- Pas… Pas de soucis à se faire de ce côté-là, bégaya-t-il un instant, les joues cramoisies. Il esquissa un petit sourire pour se redonner contenance et tira sur ses manches. Bien sûr, nous ferons cela. Oh vous savez, rien de bien particulier ou difficile à mettre en place mais nous disposons d’un très vaste espace aux particularités intéressantes pour la chasse. Votre aide est la bienvenue. Je serais ravi que vous partagiez vos idées et astuces. Si nous pouvons travailler de concert, cela serait parfait.

Il lui proposa également de pouvoir s’entraîner en condition réelle en laissant son Loup prendre le relais. La surprise et le malaise du gitan le surprit un peu. Michael pensait que leur nature était moins gênante que cela. Apparemment ce n’était pas le cas… Curieux, il se pencha vers l’avant et posa sa tasse sur le bois de la table dans un petit tintement. Il lui faudrait aussi ramener de la vaisselle. Celle-ci était fort peu élégante et déjà bien usée. L’émail de la porcelaine commençait à laisser entrevoir quelques écailles.

- Si je puis me permettre, qu’est-ce qui vous indispose dans nos « transformations ».. ? Il lui sourit pour le rassurer. J’aimerais comprendre ce qui vous perturbe tant, vous n’êtes pas le seul ici.

Les Hunters avaient l’habitude du contact avec le surnaturel, pourquoi leur nature faisait-elle autant crisper les muscles et les mâchoires ? Michael n’avait aucun problème avec ses entités, il embrassait leur existence avec une facilité déconcertante. Katherine en était parfois jalouse, les choses étaient plus compliquées de son côté.

- Si vous avez des questions à ce sujet, je suis ouvert à la discussion. La peur nait de l’ignorance. « Nous » ne sommes pas dangereux et nous sommes bien loin des Loups-Garous si c’est cela qui vous indispose… Nous ne blesserons personne et si, blessure malheureuse il y a, vous n’en subirez aucun effet. Mes entités sont dociles et attentives. Elles sauront s’adapter. Elles savent aussi communiquer, avec les animaux comme avec les humains. Il se frotta un peu les mains visiblement inquiet. Si c’est mon comportement lors de notre rencontre qui vous crispe à tous, j’en suis véritablement navré. Je n’aime pas que l’on nous cache des choses…

Cette discussion avait au moins le mérite de mettre les choses à plat entre eux. Michael n’avait pas envie qu’il y ait une quelconque animosité entre eux d’autant plus si sa nature en était la cause. Il ne l’avait pas choisi, il avait grandi avec et aussi surprenante fut-elle, elle lui avait permis de survivre. Sans elle, son cadavre reposerait sûrement sous un arbre en Russie. Il chérissait ses entités et éprouvait pour elles une profonde affection. Si cela permettait aux autres hunters de ne plus se méfier autant à leur sujet, alors il était prêt à en parler pendant des heures.

Hochant la tête, le Hongrois se détendit tout à fait et reprit la tasse entre ses mains pour en boire un peu le breuvage. Ce dernier avait commencé à refroidir et il ne lui brûlerait pas la gorge.

- Eh bien… Elle n’est plus active depuis longtemps, enfin je suppose. Son sourire s’était un peu flétri. Depuis ses voyages avec Katherine, il s’était un peu éloigné des organisations. Il avait bien trop de choses à penser pour s’investir pleinement en Hongrie et il avait surtout fait le choix de veiller sur elle plutôt que de demeurer à Budapest. Si vous voulez, je mènerai quelques recherches afin de savoir si quelqu’un a pris le relais. Mais en effet, je suppose que la tâche serait bien plus qu’ardue mais cela pourrait être intéressant. Ces créatures traversent le temps, certaines peuvent avoir un pied à terre dans les pays de l’Est ou des origines…

Ils se mirent ensuite d’accord sur le fait qu’ils devaient estimer mutuellement les capacités de l’autre. Si les deux étaient talentueux, ils devaient tout de même apprendre à se connaître de ce côté-là s’ils souhaitaient s’ériger en formateurs. Satisfait des propos d’Izac, Michael se leva un peu et sa main franchit la distance qui la séparait de son interlocuteur afin qu’il la serre.

- Ravi de travailler prochainement avec vous. Est-ce qu’après-demain vous irait ? Alexender et Katherine seront possiblement sur place jusqu’à demain, je ne veux pas les déranger. Il hocha la tête et ajouta : Tout à fait, autrement nous pouvons nous donner rendez-vous au parc et je vous guiderai. A votre aise. Avec plaisir, Katherine sera aussi ravie de pouvoir discuter avec vous, j’en suis certain.

************


Si les deux hommes se connaissaient, ils n’en gardaient aucun souvenir. Michael fouillait au fond de sa mémoire pour tenter de retrouver une ressemblance, un lieu, un nom familier mais la tâche était ardue. Il avait côtoyé tellement de monde ! Cependant, son esprit ne le trompait que très rarement, ils s’étaient déjà rencontrés et Narco semblait lui souffler la même impression. Son odeur ne lui était pas étrangère. Curieux, Michael partagea avec le Hunter cette drôle d’idée, ce à quoi il lui répondit que c’était impossible en raison de leur âge et de leurs différences sociales. Le Lycanthrope rit un peu de son estimation et lui confia qu’il avait environ dix fois son âge. Il lui sourit pour le rassurer et haussa les épaules :

- Le hasard je suppose. Je ne vous cache pas que c’était un peu perturbant de le découvrir. De ne pas vieillir comme les autres. J’ai mis du temps à comprendre que je vivrai plus longtemps. Son regard se fit plus doux. Ça a le don de me donner le vertige tout ça ! Il passa une main sur son front et ferma les yeux. 400 ans qu’il déambulait en Europe. 400 ans qu’il se trouvait des raisons de vivre et Katherine en avait été la plus belle.

Mais alors qu’il tentait de se remémorer de vieux souvenirs à son sujet, Michael toucha une corde sensible et le gitan s’emporta. Il avait reposé sa tasse sur la table avant de se lever subitement. Le Lycanthrope, perdu dans ses pensées et appréciant d’imaginer à nouveau cette petite famille dans le sud de la France, le regard d’un air étonné et posa la tasse à son tour. L’homme le questionna alors de manière assez virulente. Il semblait même l’accuser d’avoir fouiné dans son passé. Le Hongrois rougit un peu. Il n’aimait que peu les conflits et se sentait oppressé. De quoi parlait Izac exactement.. ?

- Votre passé ? Demanda-t-il avec retenue. Il ne voulait pas le tendre d’avantage. Je suis navré si je vous ai importuné mais j’ignore de…

Il haussa alors les sourcils avec une surprise non feinte et un large sourire étira ses lèvres.

- C’est cela alors ! c’était vous ? Attendez lequel…


Perdu dans ses pensées, il se mit à songer à Izac et à Julio. Les deux se ressemblaient énormément mais il ne pouvait s’agir de la même personne. Le Hunter balaya ses doutes en lui révélant sa véritable identité et tout à coup le Lycanthrope comprit l’emportement de son interlocuteur. Izac n’était pas sa véritable identité. Le petit Yitch’aq Fiorini avait lequel il avait autrefois joué se tenait devant ses yeux. Le garçon avait bien grandi et avait récupéré les traits de son père. Michael ne pouvait contenir sa joie. Il était rare qu’il revoie des personnes de son passé d’autant plus lorsqu’il s’agissait d’enfants. Et dire qu’il était lui aussi devenu Hunter ! Son cœur s’emplit d’une certaine fierté et d’une grande nostalgie. L’insouciance du jeune gitan s’était envolée avec le temps, s’il avait fait ce choix de vie… Lorsqu’il se rassit, Michael se détendit tout à fait et poussa vers lui la boite à biscuits afin qu’il se serve.

- Ça alors ! Si j’avais imaginé un seul instant recroiser ce petit garçon ! Quel plaisir ! Le majordome rougit un peu et glissa une main dans ses cheveux. Eh bien… Vous ne m’avez pas connu qu’en Loup mais je suppose que vous devez en garder peu de souvenirs. Vous avez bien grandi Yitsh’aq… Son sourire se fit plus doux. Ce n’était plus un enfant qu’il avait devant lui mais un homme en tout point mâture. C’est incroyable, je ne m’attendais pas à vous revoir à Londres !

Les questions lui brûlaient les lèvres. Qu’était devenue sa communauté, ses parents ? La jolie Carmen et son époux Julio ? Continuaient-ils à se rendre aux Saintes tous les ans pour le pèlerinage ? Comme il avait envie de revenir en arrière ! De retourner les voir comme il l’avait fait, de manger avec eux de la viande grillée et des légumes sautés, de danser autour du feu, de prier Sainte Sarah, de participer à leur voyage, de discuter avec ces gens formidables et de jouer avec ces enfants pleins de vie ! Il se rappelait tout particulièrement de Yitsh’aq parce qu’il s’était fait ami avec ses parents et qu’il jouait régulièrement avec lui à ce moment-là. Il lui avait raconté également bon nombre de ses voyages et lui avait parlé de son autre entité qu’il évitait de montrer pour ne pas inquiéter les autres membres de sa communauté. Il rit un peu en constatant la surprise du Hunter. Oui c’était il y a environ trente ans… Et oui il ressemblait terriblement à son père…

- Eh bien, votre apparence est assez atypique, comme la sienne. Mais ne vous y méprenez pas, vous avez aussi les traits de votre mère, maintenant que je m’y attarde un peu. Narco vous a reconnu avant moi, votre odeur lui parlait déjà. Et je peux vous assurer qu’il brûle de vous sauter dessus ahah !

Il sentait le Loup s’agiter au fond de lui. Qu’il était heureux de retrouver une vieille connaissance ! Ce petit garçon lui rappelait tant de bons souvenirs et ils s’étaient terriblement bien amusés tous les deux ! A se sauter dessus, se rouler dans la terre, gambader à travers les roseaux, piétiner dans les marais, sauter dans les étangs, en ressortir plein de vase et de branches dans le pelage. A se courir après, jouer à s’attraper, à se suivre un peu partout dans le campement. Narco le suppliait de lui laisser prendre sa place. Avec douceur, Michael lui intima d’attendre. Ils ne pouvaient pas se perdre dans de telles effusions. Avec amusement, il regarda le Gitan et répondit :

- Vous savez… ce qui vous paraît lointain sont pour moi mes souvenirs les plus récents… Ne vous y méprenez pas, ma mémoire me fait souvent défaut mais je garde toujours dans mon cœur ceux qui ont eu une place particulière dans ma vie et votre famille en fait partie.

Il eut un sourire un peu coupable. S’il avait rencontré Izac un siècle plus tôt peut-être qu’il aurait eu du mal à remettre son nom et celui de son père. Peut-être même en aurait-il oublié ses yeux mordorés si captivants mais trente ans en arrière ce n’était qu’un pas dans le passé et pour un adulte les souvenirs sont plus vivaces que ceux d’un enfant empreints de couleurs, d’odeurs et de sons familiers. Alors que les questions menaçaient de déferler à propos de sa famille, Michael n’eut pas à se donner cette peine. Izac s’ouvrit de lui-même et lui conta leurs mésaventures. Le Lycanthrope eut l’impression de tomber d’une falaise. Son teint blêmit plus que violemment si bien qu’on eut dit les secondes précédant un malaise. Ses doigts se crispèrent et il en lâcha sa tasse qui se renversa à moitié. La manche tâchée et la table imbibée, il attrapa distraitement un torchon pour récupérer le liquide chaud. Michael avait le cœur serré si bien qu’il détourna le regard. Ses yeux s’étaient emplis de larmes qu’il désirait désormais refouler. Comme un ultime sursaut de sa mémoire il revit Carmen, si belle, dansant autour des flammes, ses doigts dessinant des arabesques dans le ciel. Il revit Julio incroyablement fier, pieux et attentif, son regard pétillant en veillant sur sa femme. Il revit cette petite fille qu’il n’avait que très peu connu mais qu’il avait pu prendre dans ses bras tout comme il avait accueilli Yitsh’aq sur ses genoux lorsqu’il lui racontait des histoires. Il se souvint de l’odeur des épices, des braises au repos, du sel marin et du hennissement des chevaux. Il songea à ces étoffes qu’il avait caressé, à ces chemises qu’il avait essayées, aux discussions en marchant et à la salicorne iodée qu’il avait mâché en chemin. Il perçut à nouveau ces taureaux en semi-liberté contenus par de fiers destriers blancs et leurs cavaliers, cowboys du sud de la France. Que restait-il de tout cela désormais ? Du soleil cuisant de Méditerranée et du doux parfum des gitanes étendant le linge ? Une larme précipita le long de sa joue et s’écrasa sur la table. Une seconde en suivit et Michael se leva. Bien sûr avec le temps il s’était habitué à la mort de ses amis. Bien sûr que c’était normal et qu’il en éprouvait toujours un profond chagrin mais la situation était différente. Carmen et Elisa n’avaient pas vécu pleinement leur vie. La mort était venue aussi brutalement qu’une tempête arrachant tout sur son passage. Un Loup-Garou avait tué la mère et Julio avait commis l’impardonnable, il avait ôté la vie à sa fille. S’isolant dans la cuisine, il sortit un mouchoir de sa poche et s’essuya les yeux puis prenant son courage à deux mains, le Lycanthrope trouva la force de revenir. Qu’il fût lâche alors qu’il ne s’agissait même pas de sa famille.

- Je suis désolé, vraiment. Je partage votre peine… Souffla-t-il à demi-mots. Sa main se posa quelques instants sur l’épaule du chasseur qu’il serra puis il revint s’asseoir en face de lui. Est-ce pour cela que vous avez choisi la lutte ou bien vos convictions sont nées plus tôt..?

Il ne le lui dit pas mais Izac était courageux et incroyablement fort. Après un petit silence, le Hunter se risqua à lui demander à son tour s’il avait des liens avec sa famille. A cette demande, Michael esquissa un triste sourire et finit de nettoyer la table devant lui. Il se resservit du thé, en proposa à son camarade puis se réchauffa les mains.

- J’ai été marié, il y a de cela quelques siècles… J’ai eu trois enfants, dont un mort très tôt. Sur mes deux enfants restants, seul mon fils a hérité de ma lycanthropie, pas ma fille. C’était un petit renard. Son regard se fit rêveur un instant. Mais il n’était pas doté de ma longévité. Il est donc décédé, comme le reste de ma famille. C’est difficile de traverser le temps, vous savez. Vous perdez tout ce que vous avez, je comprends ceux qui deviennent fous. Il rit un peu puis continua. Ma mère était lycanthrope mais tout aussi mortelle qu’un humain « normal ». Mes parents ont été tués par un vampire ainsi que mon frère. Mes sœurs ont échappé au massacre et je sais qu’aujourd’hui leurs enfants perpétuent la lignée mais j’ai cessé de les rencontrer. C’est un autre temps, avec le recul, ce n’est plus vraiment ma famille. Si je peux le dire ainsi, Katherine est ma seule famille désormais.

Un profond soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Avec le temps, sa famille s’était réduite à peau de chagrin tout comme ses espoirs d’en fonder une nouvelle. Katherine était son nouveau pilier et il était le sien. Ils pouvaient compter l’un sur l’autre et Michael savait que même si l’actrice venait à épouser un homme un jour, il resterait non loin pour garder un œil sur elle. Il savait qu’à l’inverse, Katherine serait également là pour lui quoiqu’il se passe dans sa vie. C’était en ça que leur relation était belle. C’était bien plus qu’un attachement mais un véritable amour sans poison. Elle l’aimait purement et simplement et c’était la même chose du côté de Michael. Songeur, sa main effleura son Bloody Rose à sa ceinture. Il repensa alors soudainement à ce que lui avait dit Izac quant à sa spécialité et il s’exclama :

- Excusez-moi de changer de sujet mais… Votre aide ne serait pas de refus !

Sa main tira hors de son holster l’arme qu’il posa sur la table avec précaution et manipula ensuite entre ses longs doigts fins.

- Cela fait quelques temps que je sens un frottement au niveau de la queue de détente. Je ne sais pas si le mécanisme à l’intérieur est un peu rouillé ou défaillant. Je l’ai déjà démonté à plusieurs reprises mais je n’ai rien trouvé de particulier qui justifierait ce jeu. Pour le moment, cela ne m’a pas posé de grands problèmes lors d’une chasse mais il m’est arrivé de tirer une fois et que rien n’en sorte. Pourriez-vous y jeter un coup d’œil ? Tenez… Il poussa son pistolet devant lui pour qu’il glisse jusque devant son camarade. Il est un peu vieux mais je l’entretiens assez régulièrement. J’ai peur de devoir m’en procurer un nouveau. A Londres, je vous avoue que je ne saurais pas bien à qui m’adresser…

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