Bien sous la surface de Londres, à l'endroit le plus froid et sombre
des égouts, un homme avançait en titubant et en chantant. Il n'y avait
pas de parole dans sa chanson, juste un fredonnement insaissant. Cette
mélodie se reconnaissait trés bien pour être la préférée des clowns,
celle de leur entrée sur scène.
Hektor marchait, un petit sourire fiché sur ses lèvres sèches. Il ne
pensait déjà plus au crime qu'il venait de perpétrer. Pour lui, la vie
continuait.
Il arriva bientôt a une bifurcation. Prenant a droite et avançant
encore de quelques pas, il atteint bientôt une autre plaque d'égout.
L'homme la poussa non sans difficultés et descendit le long de
l'échelle. Alors il soupira d'aise. Chez lui, enfin chez lui aprés une
journée arrassante de travail.
La pièce était sombre. Tout au fond était étalé un vieux matelas dont
de grosses parties avaient été arrachées. Sur les murs, de grandes
trainées jaunes se faisaient voir et une forte odeur d'urine se
dégageait des lieux. Un monticule de journaux se trouvait a gauche et
un vieux tabouret branlant tronait au milieu de la pièce.
Le clown sourit. Il soupira une nouvelle fois puis avec un grand sourire, il s'exclama:
-Chérie je suis rentrée!
Il s'avança, saisit un journal puis alla s'asseoir sur le tabouret.
-Ca s'en bon! Qu'est-ce que tu nous as préparé? Je meures de faim!
Hektor regarda devant lui comme il l'aurait fait s'il y avait eu une
table et une énorme marmite fumante dans laquelle baignerait un
délicieux ragout de lapin.
-Mmmh! mon plat préféré!
Le sourire d'hektor s'évanouit alors. Le ragout disparut, ne
laissant que le vide sous ses yeux. La pièce redevint le vieux nid
qu'il s'était confectionné. L'air maussade et triste en même temps, il
continuait a fixer le vide à l'endroit ou se trouvait la nourriture un
instant auparavant.
L'homme porta alors le journal a sa bouche et il en déchira un morceau
du bout des dents. Il se mit alors a macher, a déguster son repas du
soir.