40, Bloomsbury Square

[En provenance de : ''Gala de Charité'' à la Royal Academy of Arts]

Eulalia rentra du gala avec sa mère. L'ambiance dans le cab s'était relativement adoucie. Bien que Mrs Grey l'aie bien assenée de reproche quant à la perte de son châle, elle se calma quand elle en comprit la raison. Elles parlèrent longtemps pendant le trajet, se mettant d'accord sur la façon dont elles allaient procéder si jamais Aria venait chez eux. Il fut convenu qu'ils lui donneraient la chambre et les habits de l'ancienne aide de Mrs Patterson, Millicent, qui était partie convoler en justes noces avec un marchand de tissus l'année précédente. Depuis, personne n'avait voulu reprendre le poste. Il fallait dire que les superstitions sur l'église qui se trouvait à côté de chez eux allaient bon train et personne n'osait plus s'approcher trop près du presbytère. De ce fait, les visites de courtoisies s'étaient faites de moins en moins fréquentes, au plus grand bonheur de la jeune femme. Elles descendirent du cab et réglèrent la course avant de rentrer chez elle. Elles furent accueillie par Mr Grey en bras de chemise, qui venait certainement de finir quelques travaux de réhabilitation de la chapelle. Mr Grey était plutôt un bel homme, la cinquantaine environ. Il avait un visage aux traits puissants qui dénotait une certaine force de caractère. Ses yeux du même bleu-gris que sa fille paraissaient pourtant éteints, comme si le poids des jours était devenu trop lourd à porter. Il adressa néanmoins un sourire à ses femmes. Mrs Grey enleva son chapeau devant la petite glace du vestibule. Ancienne gouvernante, il y avait dans sa démarche les restes d'une tendre sévérité d'institutrice. Ses cheveux blonds désormais un peu ternes grisonnaient aux tempes, encadrant de façon très simple son visage aux traits effacés. Elle n'avait jamais été vraiment belle mais ce qui avait séduit le père d'Eulalia était sa façon de penser et de communiquer sa joie de vivre aux autres. Au fil des années, ils étaient devenu un couple solide qui partageait tout. Ils ne se cachaient rien et ne se mentaient jamais. Ou... Presque jamais. Ils s'attablèrent à la cuisine devant un ragoût de mouton fumant que Mrs Patterson avait amoureusement mijoté depuis le matin. Elle avait accompagné le tout de pommes de terre au four soigneusement grillées. Décidément, cette femme savait cuisiner mieux que personne...

L'après midi s'écoula lentement. Mr Grey partit reprendre les travaux de réfection avec quelques volontaires tandis que sa femme partit rendre visite à une famille endeuillée ainsi qu'à une vieille bourgeoise malade. Quant à Eulalia, elle resta au salon, tentant difficilement d'aligner trois accords sur le piano du salon. Non pas qu'elle ne savait pas en jouer, au contraire, elle était très douée. Mais elle avait la tête ailleurs cet après-midi là. Elle alla s'asseoir près de la fenêtre et rêva pendant de longues heures, fixant son reflet dans la vitre. Elle ne se trouvait pas belle. A vrai dire, aucun homme n'avait posé les yeux sur elle de toute sa vie... Elle ne rêvait pas d'amour ni d'histoires à la Roméo et Juliette. Elle voulait simplement éveiller le désir de quelqu'un. Elle voulait se sentir désirée, exciter les passions, les envies de possession... La jeune femme secoua la tête. Il ne fallait pas penser de la sorte. Il ne fallait pas être si égoïste. Sa mission passait d'abord. Elle resta alors dans le canapé et, profitant de l'absence de ses parents, feuilleta le journal, se régalant des dernières actualités politiques de la capitale, les dernières affaires que suivaient de près la police... Encore une vague de meurtres à BlueGate Fields... Lally pensa qu'elle irait enquêter demain soir, il y avait certainement du vampire là-dessous.

Le soir tomba bien vite, baignant de son cocon glacé la capitale qui s'endormait. Doucement. Les allumeurs de réverbères commençaient déjà leur travail... Son père revint trempé. Une bruine glacée avait commencé à tomber. Sa mère était déjà rentrée depuis un moment. Ils s'attablèrent devant un bol de soupe bien chaude, sermonnant le père de famille qui travaillait trop et prenait des risques inconsidérés. S'il continuait ainsi, il attraperait une pneumonie avant la fin de la journée. Le repas fini, ils veillèrent devant l'âtre une heure ou deux puis montèrent se coucher. Seule la vieille Mrs Patterson qui avait fini son service resta debout. Elle avait le sommeil léger et avait besoin de temos avant de trouver le sommeil. Elle resta dans la cuisine avec une tasse de thé bien chaud, un roman à la main. Elle soupira, se sentant peu à peu piquer du nez. Que la maison était calme... Un peu trop à son goût même. Soudain, elle entendit frapper à la porte. Qui donc pouvait bien venir à cette heure-ci ? Pas encore un de ces stupides démarcheurs ! Elle se précipita à la porte, ré-ajustant son tablier et l'ouvrit, passant sa tête dans l'ouverture.

- C'est pour quoi ? Si vous cherchez le pasteur, il dort en ce moment.

Lally's Theme

[venant de "gala de charité" à la royal academie of art]

Aria avait traîné en chemin. A vrai dire, elle ne savait pas trop comment rendre le châle. Elle était cependant arrivée vers le repas du midi, et la bonne odeur de ragoût et de pomme de terre au four lui titilla l'odorat. Et pas qu'un peu. Elle avait franchement faim. N'osant pas entrer à leur du repas, elle s'éloigna un peu pour chiper du pain dans le environs. Pendant tout l'après midi et jusqu'à ce qu'il soit l'heure de dormir, elle observa la maison des Grey. Elle aperçut Eulalia à la fenêtre, dans l'après-midi, se cacha de Mrs et Mr Grey quand ils rentrèrent. Bien qu'ils ne l'aient jamais vu, il était for à parier qu'ils reconnaîtraient le châle de leur fille. Ou tout du moins la mère, elle, l'aurait tout de suite reconnue.

Le froid s'installa, au fur et à mesure que la nuit tombait. Aria fut bien heureuse d'avoir le châle d'Eulalia. Un instant elle pensa ne pas lui rendre, mais elle chassa cette idée de son esprit. Elle ne voulait rien devoir à personne. Même si ce geste de la jeune femme avait d'abord été inspiré par la pitié, puis par des idéaux qui ne pouvait guère fonctionner en ces temps troublé. Surtout avec une flopée de vampires traînant dans les rues de la ville et un peu partout dans le monde. Mais Aria ne pouvait pas savoir qu'Eulalia connaissait l'existence des vampires. Et cela marchait aussi dans l'autre sens. D'ailleurs, lorsque la jeune fille de 17 ans se fit le réflexion de ce qui se passerait si jamais elles étaient toutes deux hunters, elle parvint à la conclusion qu'Eulalia voudrait absolument la protéger. Au plus grand dam d'Aria la solitaire.

Elle se posa longuement la question "mais comment vais-je lui rendre son châle et éluder sa proposition ?". Plusieurs idées lui vinrent à l'esprit. Tout d'abord, sonner, tout simplement et donner le châle avant de partir en courant. Cette idée simpliste fut jugée idiote. Ensuite elle imagina déposer le châle à la porte, toquer et partir avant qu'on ouvre. Idée recalée pour cause d'impolitesse envers une bienfaitrice. Vint l'idée d'attendre et de voir, idée qu'elle appliqua jusqu'au soir. Mais elle ne pouvait pas attendre un je ne sais quoi toute sa vie non plus. La dernière idée germa à cause du froid qui commençait vraiment à se faire sentir, et quand tout le monde fut coucher, sauf très certainement la domestique car une lumière demeurait dans ce qu'Aria avait déduit être la cuisine (c'est la que ça sentait le plus fort, le meilleur, et ce bien avant que tout le monde ne passe à table). Cependant elle hésitait. Elle n'avait pas l'habitude d'aller voir quelqu'un chez lui. C'était quasiment quelque chose de nouveau pour elle.

En faisant un gros effort sur elle-même, elle s'avança vers la porte, mais, au lieu de frapper? elle s'assit le dos à la porte. En fait elle se lassa presque tomber contre la porte, sans vraiment y faire attention. Qu'allait-elle dire à Mrs...comment s'appelait-elle déjà ? Eulalia l'avait bien prononcé pourtant ! Mrs Patterson. Ça lui revint. La domestique l'avait entendu et entrouvrit la porte. Et Aria partit à la renverse dans le temps que la domestique parlait

- C'est pour quoi ? Si vous cherchez le pasteur, il dort en ce moment.

- ah... excusez-moi...je....

Aria se releva précipitamment et fit face à Mrs Patterson.

- C'est pour vous rendre ceci... Ça appartient à miss Eulalia Grey... Vous pourriez lui rendre pour moi ? S'il vous plaît.

La domestique observa la jeune femme qui se dressait devait elle. Aria tremblait de froid.

- Entrez donc vous réchauffer près de la cheminé de la cuisine. Cela n'ennuiera personne.

- Merci mais je...

- Allons ! Je ne peux pas vous laissez comme ça dans le froid. Entrez.

La brave femme l'obligea à entrer. Elle installa Aria près de la cheminé où celle-ci se réchauffa doucement. Son ventre gargouilla et Mrs Patterson lui offrit les restes du repas. Aria le remercia, le yeux rivé sur les flammes ondoyante du feu de cheminé.

La bonne se retrouva nez à nez avec une fillette assez rachitique qui devait en fait avoir à peu près l'âge de Lally. Elle sourit en voyant le châle... C'était bien le genre de personne à donner sans réfléchir cette demoiselle. Elle le prit délicatement et le plia. Elle le laverait demain, avant de le ranger dans un placard. Son regard de vieille matrone autoritaire toisa l'inconnue de haut en bas. La pauvre fille tremblait de froid... Elle lui adressa un sourire chaleureux et s’effaça un peu pour laisser un passage.

- Entrez donc vous réchauffer près de la cheminée de la cuisine. Cela n'ennuiera personne.

- Merci mais je...

- Allons ! Je ne peux pas vous laissez comme ça dans le froid. Entrez.

Son ton s'était fait sans appel. Elle n'allait pas laisser une pauvre jeune fille dans le froid alors qu'il pleuvait, de surcroît ! Dès qu'elle entra, un sourire satisfait s'étira sur son visage. Il fallait dire que Mrs Patterson aimait beaucoup être obéie, ce qui en faisait un peu la maîtresse incontestée de la maison. Elle conduisit l'inconnue dans la cuisine et la fit asseoir près de la cuisinière encore chaude ; puis elle s'assit en face d'elle. Elle s'apprêtait à lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres mais l'appel de la nourriture était plus fort. Elle alla alors chercher une assiette et souleva le couvercle de la marmite. Il restait une portion de ragoût... Elle la versa entièrement et y rajouta des pommes de terre. Elle la posa devant elle, lui donnant également des couverts et un verre d'eau. Elle fit ensuite chauffer la bouilloire pour faire du thé. Enfin, elle se rassit et scruta la jeune fille qui dévorait son repas. Elle se hasarda alors à la questionner.

- C'est toi, celle qui était sensée arriver demain pour reprendre le poste de Millicent ? Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venue... Tu sais, je ne suis pas encore inutile mais au fil des jours, je me rend compte que je ne suis plus toute jeune. Je ne pourrais bientôt plus me hisser sur la pointe des pieds pour nettoyer en haut des armoires et me baisser pour cirer le parquet. Tu es arrivée à point fille.

La vieille femme soupira, comme si elle portait soudain le poids de tous les jours qu'elle avait vécu. Elle était grandement reconnaissante à ses employeurs de simplifier et alléger sa tâche chaque jour un peu plus mais se sentait malgré tout furieuse de ne pouvoir accomplir autant de travaux qu'avant. Oui, Miss Eulalia avait eu raison de recruter cette petite...

Eulalia, quant à elle, ne s'était pas couchée. Elle voulait aller faire sa ronde dans l'East End pour s'assurer que les vampires se tiendraient tranquilles ce soir. Tout compte fait, la recrudescence des meurtres inexpliqués ne lui laissait pas le temps d'attendre demain. C'était maintenant qu'il fallait agir. Elle alla dans un coin de sa chambre et ouvrit la vieille malle qui s'y trouvait. C'était là qu'elle rangeait tout son attirail. Elle sortit d'abord les vêtements : Une robe noire intelligemment fendue pour lui laisser une incroyable liberté de mouvement. Elle avait constaté que, contrairement aux pantalons, les mouvements du tissus pouvaient captiver l'oeil une petite seconde, ce qui pouvait parfois être précieux. Elle se déshabilla, laissant traîner sa chemise de nuit sur le parquet et enfila la robe ainsi que des sous-vêtements. La jeune femme passa ensuite ses vieilles bottines de cuir qui ne servaient plus que pour ses escapades nocturnes ; elle retourna ensuite à la malle et en sortit une valise qu'elle posa sur le lit. A l'intérieur se trouvaient pieux fraîchement taillés, flacons d'eau bénite et chapelets, ainsi qu'une dague étonnamment longue en argent finement ciselé, qui tenait plus de la rapière que du couteau, en fait. Lally se saisit d'une ceinture de cuir qui comprenait des compartiments destinés à accueillir son équipement. Elle l'attacha fermement autour de sa taille et y glissa quelques fioles, deux pieux et un chapelet. Après cela, elle enfila une seconde ceinture qui contenait un fourreau, destiné à son arme si précieuse. D'un air satisfait, la jeune femme se regarda dans la psyché et détacha ses cheveux qui retombèrent en une cascade bouclée sur ses épaules. Elle s'enveloppa enfin d'une cape noire à grande capuche qui avait pour but de cacher son identité. Elle ne cacha pas encore son visage et descendit discrètement les escaliers qui menaient à l'entrée. Tiens, il y avait encore de la lumière dans la cuisine ? Pourtant, Mrs Patterson ne restait jamais plus d'une heure debout... Elle s'avança dans la lumière, l'air vaguement inquiet.

- Mrs Patterson ? Vous n'êtes pas encore au lit ? Quelque chose ne va pas ?

C'est alors qu'elle remarqua l'autre silhouette. Aria. La jeune femme eut un fin sourire à sa vue, qui se changea en moue lorsqu'elle constata qu'elle était en tenue de chasse... Il allait sans doute falloir qu'elle explique certaines choses maintenant.

Lally's Theme

- C'est toi, celle qui était sensée arriver demain pour reprendre le poste de Millicent ? Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venue... Tu sais, je ne suis pas encore inutile mais au fil des jours, je me rend compte que je ne suis plus toute jeune. Je ne pourrais bientôt plus me hisser sur la pointe des pieds pour nettoyer en haut des armoires et me baisser pour cirer le parquet. Tu es arrivée à point fille.

Aria était au prise avec des pensées contraire lorsque Mrs Patterson lui adressa la parole. Elle était au courant de la proposition d'Eulalia. C'était logique puisqu'elle était concernée par ça. De plus Eulalia avait du en parler avec ça famille. Mais de qui perturba le plus Aria fut que la domestique était persuadée qu'elle allait venir et l'aider dans son travail. Or, on avait bien laissé le choix à Aria, et jusqu'à présent elle ne comptait pas accepter la proposition. De plus la bonne vieille femme attirait la sympathie, et Aria se voyait mal la laisser seule, partir et ne pas l'aider ne serait-ce qu'un peu dans son travail.

- C'est que... enfin je sais pas... Elle planta ses yeux gris un peu délavé dans ceux de Mrs Patterson. Et commença à avoir du mal à expliquez qu'elle n'avait pas vraiment l'intention de revenir. Je peux essayer, mais je ne pense pas convenir. Miss Eulalia a certainement un grand coeur, mais j'aime rester dans le noir des journées entières, et ce n'est pas vraiment quelque chose de compatible avec le travail... Et puis...

Aria pensait à son métier de Hunter. Soritr de nuit après avoir bossé, c'est bien. Sans se faire voir, sans se faire remarquer, c'est bien aussi. Mais c'était moins garanti ici qu'à la royal academie of art. Et puis où mettrais-t-elle les armes de son père ? Les siennes ? son attirail de choses en tout genre qu'elle avait de dissimuler dans son sous-sol ? Nulle part. ou alors il fallait qu'elle fasse le détour par l'academie à chaque fois. Ce n'était pas impossible. Contraignant mais pas impossible.

- Enfin si ça peut vous être utile... J'ai déjà été domestique, lorsque mon père vivait.

L'oeil gauche d'aria eut un raté. Heureusement, ce fut court et Mrs patterson ne sembla pas le remarquer. Aria, elle, le sentit et eut l'espace d'un instant quelques troubles de la vision. Elle n'aurait pas du mentionner son père.

Aria se redressa un peu. Un très léger bruit de pas dans ce qui devait être des escaliers. Vraiment discret. Mais comme à chaque fois que son oeil bloquait, sa perception de chose changeait un peu aussi, momentanément. Xes pas se dirigèrent vers la cuisine.

- Mrs Patterson ? Vous n'êtes pas encore au lit ? Quelque chose ne va pas ?

*Eulalia* pensa aussitôt Aria. Elle se tourna vivement vers elle, en se levant. Elle S'apprêtait à débiter une rapide phrase d'excuse pour partir. Mais elle fut frappée de stuppeur en voyant les vêtement de la jeune femme. Mais ce qui retint le plus son attention fut les flacons d'eau bénite, les pieux, les chapelets et une dague. Une dague en argent.
Aria resta sans voix quelques instants. Si Eulalia était chasseuse de vampire comme son attirail laissait à penser, alors il serait plus facile d'expliquer le bloody rose et la poignard en argent caché sous sa veste de laine noire. Aria sourit et, avançant un peu posa la main sur la dague en argent et la retira de son fourreau

- Trop génial.

La jeune fille avait les yeux qui brillait. Elle s'était laissé avoir par son excitation de voir une jolie arme. Elle aimait vraiment trop les armes. Mais elle la rendit à Eulalia, car elle n'allait tout de même pas lui voler

- Désolée... c'est plus fort que moi, quand je vois une arme, c'est comme un aimant.

Aria regarda droit dans le yeux d'Eulalia. Si jamais celle-ci faisait attention, pour la première fois elle pourrait déceler une pointe de malice dans le regard de la jeune fille.

- C'est que... enfin je sais pas... Je peux essayer, mais je ne pense pas convenir. Miss Eulalia a certainement un grand coeur, mais j'aime rester dans le noir des journées entières, et ce n'est pas vraiment quelque chose de compatible avec le travail... Et puis...

Mrs Patterson sentit soudain que la jeune fille avait l'intention de refuser la proposition. Elle se trouva déçue mais n'en laissa rien paraître, trop habituée à rester calme et bienveillante. Tant pis, ils chercheraient quelqu'un d'autre... Ce n'était qu'un laps de temps supplémentaire, rien de trop grave pour elle. Soudain, l'inconnue reprit la parole :

- Enfin si ça peut vous être utile... J'ai déjà été domestique, lorsque mon père vivait.

Etait-ce un retour sur sa décision ? La vieille femme pensa que oui. Un grand sourire fendit son visage pâle et ridé. Elle ne sut pas quoi dire mis à part quelques mots de remerciement. Elle l'avait déjà adopté cette petite. Oui, avec le temps, elle deviendrait une domestique tout à fait convenable. Et puis elle serait bien mieux traitée que dans une autre maison. Soudain, des pas se firent entendre. Elle se leva, sachant pertinemment qui était debout à cette heure-ci. Eulalia déboula, lui demandant si tout allait bien. Elle partit pour la sermonner mais Aria fut plus rapide et alla saisir l'arme de sa jeune maîtresse. Bizarrement, celle-ci ne dit rien, alors qu'à l'habituelle, elle refusait que l'on touchât au contenu de sa vieille malle. Elle regarda Aria s'excuser avec un sourire et elle rangea l'arme dans son fourreau.

- Ce n'est rien, ne t'en fait pas.

Elle se demanda un court instant pourquoi elle ne paraissait pas étonnée de voir tout cet attirail. Normalement, cela aurait dû entraîner des questions assez embarrassantes mais là... Rien. Elle se demanda alors s'il était possible que la jeune femme soit comme elle. Elle constata soudain une petite bosse sous le manteau de la jeune femme. Un peu comme... Comme un étui, long et rectangulaire. Il fallait qu'elle en ait le cœur net. Doucement, elle avança la main jusqu'à l'étui en question et demanda avec la même malice qu'Aria :

- Je peux ?

Elle sortit ensuite la chose qui se trouvait dans l'étui. Un genre de revolver assez étrange... Elle le soupesa, sachant tout de suite que ce n'était pas une arme ordinaire. C'était une arme destinée à un gibier assez particulier... Eulalia regarda les balles à l'intérieur. En argent véritable, pas moyen de se tromper. Elle rendit l'arme avec un sourire approbateur à sa propriétaire. Elle croisa les bras et plongea ses yeux dans les siens. Elle semblait pétiller de l'intérieur.

- Je vois... Toi aussi tu es une chasseuse de Vampires ? Je pensais que j'étais la seule à être au courant de leur existence... Quelle remise en question ! Il faut que tu m'expliques. Quelle est cette arme étrange ? Je n'en ai jamais vue de semblable. Ce n'est pas vraiment un outil très conventionnel pour la pratique de l'exorcisme non ?

Sa conception du monde venait d'être remise en question. Elle se dressa, attentive à la réponse d'Aria, prête à boire chacune de ses paroles. Le temps s'écoula lentement, rythmé par la pluie qui tombait sur la fenêtre. Ms Patterson écoutait aussi. Elle habitait cette maison du temps du Grand-père d'Eulalia. Elle avait vu passer trois générations d'exorcistes sous ses yeux protecteurs et pensais également qu'ils étaient les seuls en ville à être doté d'un tel secret. Quelle révélation. Maintenant qu'ils s'étaient échangés toutes ces choses, Aria ne pouvait plus repartir. Elle attendit que les deux filles soient toutes deux trop fatiguées pour ajouter quoi que ce soit et reprit le commandement de la maison.

- Mademoiselle Lally, retournez vous coucher, il est trop tard pour sortir maintenant. Et toi -Elle se tourna vers Aria avec un sourire- suis moi. Je vais te montrer ta chambre. Tu pourras aller chercher tes affaires demain, puis je te montrerai la maison dans son ensemble...

Lally's Theme

Aria s'aperçut qu'Eulalia chassait les vampire avec bien peut de connaissance, au final. Elle n'avait pas entendu parler des hunters. Ne connaissait pas le bloody rose. Bien sûr, elle connaissait les points faible des vampires. mais connaître ceux qui peuvent être vos alliés, savoir qu'ils existent, en voilà une chose utile. Mais surtout, la jeune femme disait pratiquer l'exorcisme. Aria était une chasseuse et ne trouvait pas qu'elle faisait de l'exorcisme. Elle faisait de l'élimination pure et dure, dégoûtante. Mais elle ne le dit pas. Elle expliqua ce qu'elle savait, en appris sur la manière d'Eulalia d'envoyer les vampires dans l'autre monde. Elles discutèrent longtemps. Jusqu'à ce que Mrs Patterson leur fasse remarquer qu'il était bien tard et qu'elles devraient aller se coucher pour avoir l'air en forme le lendemain. Aria fut conduit jusqu'à une chambre. C'était propre. Et elle, avec sa crasse, elle allait dormir là. Ça la gênait. Mais elle ne pouvait pas se laver maintenant. De plus, elle n'en avait pas le courage, vraiment pas. Elle allait aider Mrs Patterson, mais jamais n'abandonnerais totalement son sous-sol. En espérant qu'on ne lui en veuille pas si elle venait à disparaître une semaine entière. Et puis elle avait promis de nourrir le rat. Le pauvre, coincé sur sa table bancale devrait l'attendre jusqu'à demain.
La jeune fille s'allongea. Le lit était confortable, les couvertures chaudes. Elle sombra dans le sommeil a une rapidité effarante.

Le lendemain, elle s'éveilla de bonne heure. A l'aube même. En ouvrant les yeux, elle eut un moment de surprise. Mais bien vite elle se souvint de ce qu'elle faisait là. Elle se leva. Observa la chambre. SA chambre. Pas très grande mais confortable, une chaise et un lit non bancal, rien qui ne grince vraiment. Elle sourit. Peut-être qu'elle allait se plaire ici. Enfin si on lui laissait un maximum de liberté. Elle quitta la pièce et déambula dans la maison. Les Maîtres de maisons était levé, mais Aria n'osa pas aller les voir, alors elle les évita soigneusement. Elle déscendit néanmoins à la cuisine, où Mrs Patterson était déjà afféré.

- Bonjours, bien dormi ? lui demanda la brave femme.

Aria fit un signe de tête pour signifier que oui. Mrs Patterson lui mit de quoi déjeuner sur la table de la cuisine et invita la jeune fille à s’asseoir, ce qu'elle fit en souriant. Elle mangea vite, par habitude. Cependant elle prit soin de finir ce qu'on lui avait donné. Pas besoin d'économiser la nourriture. Enfin si, mais pas au point de faire un déjeuner tous les quatre matin. Elle se demanda si Eulalia était levé, mais aussi en quoi allait constituer sa journée. Oh, elle avait bien une idée, mais être dans une maison avec des exorcistes qui ne connaissaient pas les hunters, elle trouvait ça toujours étrange. Elle avait du mal à l'admettre. Que les gens normaux n'aient aucune idée de ça était normal. Mais là... être resté dans une ignorance de ses pairs, elle trouvait ça limite formidable. Parce que des hunters même si ça ne courait pas les rues, il y en avait tout de même un joli paquet.

- Mrs, que vais-je faire pour vous aidez aujourd'hui ? Est-ce que... je vais devoir rencontrer les parents d'Eulalia ?

Étais-ce qu'un pasteur lui faisait peur ou simplement parce que elle n'avait pas l'habitude de voir du monde ? (pour elle, à partir de deux personnes, c'est beaucoup de monde.)

-oui, naturellement, tu devras les rencontrer. Ce sont nos employeurs après tout ! elle aperçut le visage inquiet de la jeune hunter. Ne t'inquiète pas, ce sont des gens très sympathique !

Aria faisait étrangement confiance à Mrs Patterson; Un peu comme à une grand-mère bienveillante. Si elle restait, c'était pour cette femme âgé. Elle savait qu'Eulalia se débrouillait très bien seule. Mais la bonne, elle, commençait à sentir la vieillesse. Et Aria avait envie de l'aider dans sa tâche, même si elle n'aimait pas vraiment faire le ménage.

Le ciel était bas quand Eulalia se réveilla ce matin. A vrai dire, elle était encore un peu chamboulée par la journée d'hier et son lot de surprises. Tout était allé si vite... Elle se leva et fit son lit au carré. Elle ne supportait pas les lits défaits et se sentait obligée de faire le sien dès le réveil. Puis elle alla se placer devant sa coiffeuse. Elle saisit le broc et fit couler de l'eau dans la vasque de faïence avant de se nettoyer méticuleusement. Après avoir envoyé une dernière giclée d'eau sur son visage pâle, elle s'employa à peigner sa lourde chevelure brune qu'elle noua en chignon simple sur son crâne. Vint le moment de lacer son corset, ce qu'elle détestait sans doute le plus dans son rituel du réveil. Elle se fit violence pour ne pas respirer et attacha les lacets le plus vite possible. Pour finir, elle passa une robe de lainage gris tourterelle plutôt triste qu'elle tenta d'égayer avec un foulard blanc noué autour du cou. L'effet était encore plus affreux. Rageusement, la jeune femme l'envoya rejoindre le fin fond de son tiroir et posa ses petites lunettes ovales sur son nez. Elle soupira soudain. Tout ce qu'elle avait cru savoir jusqu'à hier soir s'était effondré. Ce n'était pas de l'exorcisme qu'elle pratiquait. Elle n'était de plus pas seule dans sa tâche... Cette pensée lui fit chaud au cœur. A plusieurs, la tâche lourde qu'était l'éradication des vampires devenait plus facile ! Elle se regarda une dernière fois dans le miroir en pensant non sans une certaine fierté : *Une Huntress.... Papa serait si fier... Mais je ne lui en parlerai pas, cela lui ferait trop de mal de repenser à l'époque où il pouvait encore courir les rues à la recherche de Suceurs de sang.* Sur cette pensée, elle passa en vitesse ses bottines et descendit pour le petit déjeuner. Ses parents étaient déjà entrés dans la cuisine où se trouvaient Aria et Mrs Patterson. Ils s'attablèrent et mangèrent d'abord sans dire un mot puis Lally se sentit obligée de faire les présentations :

- Je vous présente Aria... C'est la jeune fille que j'ai rencontré dans le musée. Je vous en ai déjà un peu parlé hier...

La mère hocha la tête et adressa un sourire bienveillant à la jeune fille en question. Il était temps de mettre les choses au point.

- Bienvenue parmi nous, Aria. Je suis Harriet Grey, la mère d'Eulalia. Et voici Thaddeus, mon mari. Si tu as l'intention de rester, nous devons t'entretenir de quelques petites choses. Tout d'abord, tu auras droit à une chambre pour toi, que tu pourras décorer à ton goût, tant que tu respectes les meubles, le parquet et la tapisserie. Tu disposeras d'une petite garde robe que ma fille te montrera tout à l'heure. Tu auras un jour de congé hebdomadaire, que tu pourras prendre quand tu le souhaites. Nous te demanderons seulement de ne pas rentrer trop tard et de toujours informer quelqu'un en avance. Pour ce qui est du travail, Mrs Patterson te montrera comment faire. Saches que tu t'occuperas surtout du gros du ménage et de la lessive. La plupart du temps, je m'occupe de la cuisine et je me charge toujours des travaux de raccommodage. Et Lally s'occupe du jardin. Pour finir, je tiens à te dire que nous sommes conscients que nous t'arrachons à ton environnement d'origine et que nous imaginons très bien que tu ne sois pas à l'aise avec nous. Tu es libre de partir quand tu le souhaites.

Le père Grey qui s'était tu et avait consciencieusement avalé son repas leva enfin la tête. De par sa longue expérience, il avait senti que la jeune fille cachait un secret bien lourd, bien qu'il n'en connaisse pas la nature. Il repensa à sa fille, à qui il avait passé le flambeau et qui s'éclipsait bien souvent pour mener à bien la mission ancestrale de leur famille. Il se leva et la salua d'un air affable avant de s'en aller travailler dans l'église. Il n'aimait pas trop parler et préférait ne pas s'épancher outre mesure. Lally se leva à son tour et, pendant que sa mère s'occupait de la préparation du repas de midi et que la bonne faisait la vaisselle, elle entraîna Aria à l'étage, dans la chambre où elle avait dormi, qui avait autrefois accueilli l'ancienne soubrette de la maison. La pièce était petite et le toit bas par endroit puisqu'elle se situait sous les combles. Néanmoins, elle paraissait bien meublée et confortable. Eulalia se dirigea vers une malle qu'elle ouvrit et en sortit trois robes noires, un tablier blanc et une coiffe amidonnée, deux robes d'été et deux robes d'hiver ainsi qu'un châle et un chapeau.

- Voilà, c'est l'ancienne garde robe de Millicent. Elle nous a tout redonné avant de partir. C'est peut être un peu grand pour toi mais on fera quelques reprises si-besoin. Et... Il y a aussi ça. -La jeune femme lui présenta une paire de bottines bien entretenues et robustes- Ce sera toujours mieux que tes sandales... Je te laisserai essayer tout ça tranquillement tout à l'heure... Ah, tu as la journée de libre pour aller chercher tes effets personnels. Mère te donnera de l'argent pour le cab. Ah... Et... C'est très gentil à toi de bien vouloir aider Mrs Patterson dans son travail. Je suis très touchée et elle aussi. Je dois t'avouer que c'est dur pour nous de la voir vieillir... Mais c'est la vie. Voilà, tu as de quoi te laver si tu veux... Bref. Si tu as besoin de quoi que ce soit... Surtout n'hésite pas.

Sur ce, la jeune femme la laissa seule pour qu'elle essaye les robes. Sa mère attendit en bas le verdict, aiguilles sorties et prête à faire des retouches. La journée suivit un cours tranquille, chacun vacant à ses occupations pour peaufiner l'arrivée de la nouvelle venue. Le soir venu, comme la veille, Eulalia revêtit son attirail et partit dans les rues de la capitale à la recherche de vampires à exterminer.

[HRP/ Vers Rencontres décisives /HRP]

Lally's Theme

Aria fut introduit auprès des parents d'Eulalia. Madame Grey lui expliqua en quoi allait consister son travail.

- Bienvenue parmi nous, Aria. Je suis Harriet Grey, la mère d'Eulalia. Et voici Thaddeus, mon mari. Si tu as l'intention de rester, nous devons t'entretenir de quelques petites choses. Tout d'abord, tu auras droit à une chambre pour toi, que tu pourras décorer à ton goût, tant que tu respectes les meubles, le parquet et la tapisserie. Tu disposeras d'une petite garde robe que ma fille te montrera tout à l'heure. Tu auras un jour de congé hebdomadaire, que tu pourras prendre quand tu le souhaites. Nous te demanderons seulement de ne pas rentrer trop tard et de toujours informer quelqu'un en avance. Pour ce qui est du travail, Mrs Patterson te montrera comment faire. Saches que tu t'occuperas surtout du gros du ménage et de la lessive. La plupart du temps, je m'occupe de la cuisine et je me charge toujours des travaux de raccommodage. Et Lally s'occupe du jardin. Pour finir, je tiens à te dire que nous sommes conscients que nous t'arrachons à ton environnement d'origine et que nous imaginons très bien que tu ne sois pas à l'aise avec nous. Tu es libre de partir quand tu le souhaites.

- Je vous suis très reconnaissante... Je ne pense pas partir, mais il m'arrive d'avoir besoin de.... fuir les gens.... C'est à dire que je passe facilement une semaine enfermée dans une pièce sombre... Alors, surtout, ne vous inquiétez pas si je disparais sans prévenir...

Elle se tût. Dire quelque chose comme cela à ses employeurs s'avérait un peu osé. Mais Aria ne souhaitait pas le leur cacher. De plus, elle pouvait se faire tuer à tout moment.

Elle fini son assiette. Le père d'Eulalia se leva, sans un mot, et se rendit travailler à l'Eglise. Tout le monde partit à ses occupations, et Eulalia emmena la jeune fille dans la chambre où elle avait dormi; Une petite chambre sympathique sous les combles. L'exact opposé des sous-sol. Eulalia se dirigea vers une malle qu'elle ouvrit et en sortit trois robes noires, un tablier blanc et une coiffe amidonnée, deux robes d'été et deux robes d'hiver ainsi qu'un châle et un chapeau.

- Voilà, c'est l'ancienne garde robe de Millicent. Elle nous a tout redonné avant de partir. C'est peut être un peu grand pour toi mais on fera quelques reprises si-besoin. Et... Il y a aussi ça. -La jeune femme lui présenta une paire de bottines bien entretenues et robustes- Ce sera toujours mieux que tes sandales... Je te laisserai essayer tout ça tranquillement tout à l'heure... Ah, tu as la journée de libre pour aller chercher tes effets personnels. Mère te donnera de l'argent pour le cab. Ah... Et... C'est très gentil à toi de bien vouloir aider Mrs Patterson dans son travail. Je suis très touchée et elle aussi. Je dois t'avouer que c'est dur pour nous de la voir vieillir... Mais c'est la vie. Voilà, tu as de quoi te laver si tu veux... Bref. Si tu as besoin de quoi que ce soit... Surtout n'hésite pas.

- Si tu le dis... J'aiderai Mrs Patterson. Enfin si ça ne pose pas de problème, aujourd'hui il va falloir que je récupère quelques outils de travail... Oh ! ZUT !

*le rat ! sur la table, tout seul ! il doit avoir faim !* voilà la pensée qui traversait la hunter. Sur ce, elle décida de garder ses vieux vêtement, au moins pour aujourd'hui et sortit de chez ses employeurs, le bloody rose bien caché sous le châle.

[HRP : vers pour le salut d'un rat coincé sur une table bancale, Royal Academie of Art /HRP]