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Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao)

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MessageSujet: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeJeu 10 Nov - 23:08

C'est avec un soupir fatigué que Wynn referma la porte derrière lui. Il n'aimait pas particulièrement être chez lui, mais il devait avouer que le calme qui y régnait avait quelque chose d'apaisant.
Il était ressortit de l'église avec plus de questions que de réponses, et comme chaque fois qu'il ne comprenait pas quelque chose, il tournait et retournait la situation dans sa tête sans pouvoir chasser le doute de son esprit.
Pourquoi le petit os avait fait réagir l'affreuse maladie qui lui rongeait le dos? Ou encore, pourquoi Phorao avait choisit le corps d'une jeune femme défunte, s'il était un homonculus? Si du moins il avait le choix... Et bien d'autres interrogations qui ne trouvaient certainement pas de réponses.

Levant les yeux, il avisa le cadre qui l'entourait. Le vestibule était assez petit et de forme carré, avec des chandeliers dorés accrochés aux murs. Le papier peint devait avoir été rouge sombre à l'origine, mais le peu de lumière l'avait presque fait virer à un marron acajou. La pièce n'avait rien de particulièrement accueillant, elle était même austère, de part son manque de décoration et la sobriété de son mobilier. Mais tout était bien rangé et parfaitement propre. Maniaquerie de son propriétaire, sûrement. A côté de l'assassin, un petite table de bois sombre sur laquelle était empilé le courrier, ainsi que quelques objets. Face à lui, l'escalier en bois sculpté qui menait à l'étage, et derrière lui, la lourde porte à double battants qui menait à l'extérieur, ainsi qu'une fenêtre couverte en permanence d'un lourd rideau de velours pourpre.

Le vampire posa sa veste sur un porte manteau et s'avança vers la salle à manger, attenante au vestibule. Là aussi, le mobilier n'avait rien de particulièrement extraordinaire. La pièce était vaste, mais toujours aussi peu éclairée, à cause des fenêtres hermétiquement closes et des rideaux. Une table de taille moyenne pouvant accueillir une dizaine de personnes n'attendait plus que d'éventuels invités, et faisait miroiter son vernis à la lueur de la chandelle que venait d'allumer le propriétaire des lieux. Il eut un sourire. A quoi bon posséder un objet aussi grand lorsqu'on ne mettait pratiquement pas les pieds chez soi? Quant à convier quelqu'un à sa table... Lorsqu'il le faisait, le quelqu'un en question s'avérait souvent être le repas, et non l'invité. Un unique tableau de grande taille occupait une partie du mur. Il représentait une jeune femme d'une autre époque, vêtue d'une robe de la Renaissance. Ses boucles brunes reposaient délicatement sur ses épaules, alors qu'elle lançait un regard amusé au peintre, un sourire serein aux lèvres. Peut-être était-ce pas besoin de se souvenir... Wynn n'avait pas souhaité se séparer de la seule représentation qu'il avait de sa défunte fiancée. Non par regret ni par chagrin, mais par volonté de pas l'oublier. Ayant perdu toute affection pour elle, il estimait légitime de conserver son souvenir, au moins.

Poussant le vice un peu plus loin, il avait fait l'acquisition d'un très beau piano à queue, lequel occupait une partie de la pièce, non loin du tableau. Elle lui avait apprit le clavecin, quelques siècles plus tôt, et il avait lui même commencé à pianoter quelques morceaux, mais ce n'était rien en comparaison de son talent de violoncelliste. A vrai dire, l'instrument était plus là pour le décor que pour autre chose, et il se disait lui même piètre pianiste.
Le beau violoncelle lui faisait d'ailleurs de l'ombre, à côté de la fenêtre, son archet posé sur le rebord, invitant le musicien à prendre place sur le fauteuil pour entamer une suite ou une sonate.

L'assassin finit par se laisser tenter. Il sortir de sa poche le réceptacle contenant les cendres ainsi que la vertèbre et les posa sur la grande table, préférant se tenir loin de cet objet relativement étrange.
Il alla s'assoir sur le fauteuil au tissu usé et délavé, et s'empara de son archet.
Il tendit les crins, fit glisser la tige sur les cordes pour l'accorder, et se laissa emporter par la musique.

Il ne serait probablement interrompu que par l'arrivée de Phorao, et quand bien même il aurait eu affaire à quelqu'un d'autre, il n'aurait certainement pas eu l'envie ni le besoin d'aller ouvrir.
Tout ce qu'il attendait, c'était son paiement, de pouvoir se débarrasser de la vertèbres et des cendres, et surtout de pouvoir poser des questions au jeune homme...
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeVen 11 Nov - 13:20

Un nom avait été prononcé, une simple voyelle changée, et ç'avait déjà été le cas au British Museum quelques jours plus tôt, quand Pharao avait visité la salle des sarcophages : il avait ressenti ce que peut ressentir un amnésique dont l'ancien nom est hélé dans la rue, et qui ne sait s'il doit ou non se retourner. Il n'avait pas de connaissance précise de ce que cela signifiait, mais quelque chose bougeait dans son âme. Ce n'était pas la seule perturbation qui avait agité son petit climat personnel durant les moments de la capture et ceux qui avaient suivi. Il s'était fait à la présence pulsante de l'os maléfique, cela dit, car se savoir indestructible lui apportait une certaine patience face aux désagréments. Une sorte de stupeur ensommeillée l'avait de plus en plus cloué à son lit jusqu'à ce qu'il lui semble ne faire qu'un avec l'objet, le rejoindre dans sa passivité sourde et aveugle, sorte de paix semblable à la mort.

Avec le temps, tout avait fini par s'estomper. Il avait fait sa toilette, dans le coin le plus sombre et le plus reculé de son appartement, s'était observé dans le miroir pour constater qu'il semblait avoir vieilli, mais confiant dans la disparition rapide de ces signes, et s'était vêtu comme d'ailleurs aurait pu le faire un vieillard frileux ; il fallait sortir. La seule adresse où son associé puisse le joindre était, finalement, la boutique de son ami qui avait accepté de lui servir de poste restante ; et il lui devait également un paiement digne de ce nom ; pour cela, mieux valait se rendre sur son lieu de travail, au bel hôtel particulier des Ashley.

Ce fut rapide. Jamais encore il n'avait volé les biens d'autrui dans leur demeure, jamais il n'avait eu à se soucier d'y entrer sans se faire repérer mais ces détails lui paraissaient simples, évidents, comme certains trapézistes voient le passage d'une corde raide comme un écolier verrait une promenade sur le rebord du trottoir. En voulant ressortir avec l'ouvrage de son choix, il croisa un gardien sur un siège, à moitié endormi ; il acheva de le pousser vers cet état en fredonnant un petit air, et une fois les paupières du brave homme hermétiquement closes, passa sans bruit, comme une ombre.

Le choix du livre s'était fait au hasard, comme une autre évidence. Il n'y voyait lui-même pas grand intérêt, mais une sorte d'instinct l'avait poussé vers lui en particulier, plutôt que vers l'incunable précieux qui trônait un peu plus loin ou l'Encyclopédie qui ornait la chambre du fils aîné, comme si ce livre-là avait une aura particulière qu'il n'aurait su définir, non celle de la qualité, mais de l'utilité ; de la même manière qu'il aurait pu sélectionner un bon chapeau de voyage entre deux chapeaux de fantaisie. Une pierre rouge incluse dans la couverture luisait doucement comme une grosse goutte de sang. Ce détail lui plaisait. Il ne se permit cependant pas, sur tout le trajet, de découvrir l'objet de sa rapine et d'y jeter un coup d'oeil, ne serait-ce que pour en déchiffrer les lettres d'or qui s'alignaient sur la tranche de cuir sombre. Il devait être prudent, n'attirer l'attention de personne. Depuis toujours, là était son salut.

A sa grande satisfaction, sa poste restante recelait en effet une missive toute fraîche, et les nouvelles qui s'y trouvaient étaient bien celles espérées. Il n'en avait au reste pas douté un instant. L'adresse n'était pas fort éloignée, bien qu'il ait redouté un tel problème étant donné les petites particularités de son assassin ; sans doute avait-il trouvé un moyen de vivre en ville sans attirer la curiosité, et finalement c'était aussi ce que Pharao faisait, et peut-être bien d'autres créatures de la nuit à travers cette immense cité aux brumes si mystérieuses. En arrivant sur les lieux, il constata que même en étant prévenu, il ne pouvait imaginer qu'autre chose qu'un citoyen fortuné puisse habiter la place ; le voisinage devait même se féliciter de la tranquillité silencieuse de l'occupant. Au fond, chacun s'occupait de ses affaires, personne n'avait envie de percevoir la présence des autres, et si l'autre ne donnait pas signe de vie de la journée, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Triste mais pragmatique constat.

Phorao s'approcha de la porte, et eut la surprise de percevoir une musique venant de l'intérieur. Il n'osa pas signaler sa présence, s'immobilisa, et écouta la mélodie. Certaines parties pouvaient être chantées ; elles se gravèrent dans son esprit, furent tentées de renaître sur ses lèvres, et c'est alors qu'il se ressaisit et brisa le charme en actionnant le heurtoir. Parfois, il faut bien se résoudre à déranger. La lettre lui intimait de se rendre sur place au plus vite, tout délai était donc un dérangement en soi. Rajustant sa large écharpe blanche autour de ses joues guère davantage colorées, il attendit que les notes s'éteignent et que le pas s'élève. Il y avait une satisfaction secrète à conserver sous le pan de son manteau le livre de grand prix qui ferait la récompense de l'assassin. Mais dès que la porte s'ouvrit, il rabattit ce pan et tendit l'ouvrage avec un sourire et une phrase :

-Puis-je voir les preuves ?
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeSam 12 Nov - 19:32

Les yeux mi clos, le vampire jouait de mémoire. Nul besoin d'une partition, sa mémoire de créature inhumaine suffisait à retenir chaque note. Si un musicien ordinaire aurait trouvé cette situation avantageuse, lui la trouvait horriblement banale et sans grand intérêt. Retenir bêtement quelques notes ne l'intéressait pas, ce qu'il cherchait, c'était un son parfait. Une pureté hors du commun, encore jamais atteinte, un son définit, sans défaut, sans bavure. L'essence même de sa musique résidait en la beauté du son, et non la virtuosité, qu'il trouvait méprisable. N'importe quel vampire ayant des notions de musique aurait été capable d'atteindre une vitesse inimaginable, aucun intérêt, en soi.

Il interprétait une polonaise de Chopin, empreinte du romantisme torturé propre à l'époque. Une musique pleine de tourments, de beauté, une musique qu'étrangement il appréciait tout particulièrement. Il n'était pas à la moitié du morceau que déjà on frappait à sa porte. Jamais personne ne venait le voir, pas même les voisins. A vrai dire, peu de gens dans le quartier devaient savoir qui il était. Ce ne pouvait donc être que Phorao. Avec un sourire froid, l'assassin conclut sa phrase, posa l'archet et le violoncelle avant de se lever. Le jeune homme avait été rapide. Plus qu'il ne l'avait imaginé, mais cette situation l'arrangeait.

Il alla ouvrir la porte, regarda un instant le nouvel arrivant, puis attrapa le livre qu'il lui tendait, sans un mot. Il y jetterait un coup d'oeil plus tard. D'un mouvement, il l'invita à entrer, et referma la porte derrière eux. Toujours en silence, il se dirigea vers la salle à manger toujours aussi déserte, où l'on avait presque l'impression d'entendre encore les dernières notes de violoncelle en suspension.

Seule la jeune femme dans le tableau sembla leur adresser un sourire, que Wynn ignora totalement, comme si l'illusion de la croire vivante ne lui faisait ni chaud, ni froid.
Il se décida enfin à ouvrir la bouche, et parla d'une voix morne.


-Il a tenu quelques propos incohérents dont je n'ai pas saisis le sens, mais pour le reste, je peux vous répondre. Il s'excuse d'avoir invoqué votre personne en ce monde, contre votre gré, mais a totalement refusé de s'excuser pour ce qu'il vous a fait subir afin de retrouver sa soeur. Disons que ses excuses auront été faites lorsqu'il a rendu son dernier soupir... Il m'a apprit que vous aviez été créé par alchimie... Ce qui fait de vous un homonculus, si je ne m'abuse...

Il marqua un temps de silence en le regardant avec insistance, avant de reprendre.

-C'était un homme torturé, à l'esprit dément, qui avait pour but de ramener sa soeur, il n'a mentionné rien d'autre. Je préciserai qu'il vous a qualifié de démon, monstre et que sais-je encore... Difficile de faire avouer un esprit fou qui n'a plus rien à dévoiler... Si vous souhaitez savoir autre chose, je peux toujours essayer de vous répondre, dans la mesure où ce que je dirais ne sera qu'une interprétation de ses propos. Voici ses cendres...

Le vampire lui tendit la bouteille de verre, dans laquelle résidaient les derniers vestiges d'un alchimiste déchu. Elles avaient une teinte grisâtre des plus sordides, et représentaient un trophée d'un goût fort douteux, à n'en pas douter.
L'assassin s'empara alors du petit pendentif, le tenant le plus loin possible de lui avec un regard de répulsion.


-Et voici son collier. C'est une vertèbre de sa défunte Marcia, qui contient les cendres de son coeur. Je suppose que ces preuves vous suffisent? Il n'avait rien d'autre sur lui, à part un poignard en argent...

Il en avait d'ailleurs fait les frais, et la balafre sur sa joue n'avait pas encore totalement disparut.
Alors qu'il attendait patiemment que Phorao s'empare de l'os, une violente décharge lui traversa le dos, jusqu'au bout des doigts, et il faillit en lâcher l'objet.


-Prenez le, je vous prie... C'est objet est purement répugnant...

Une grimace douloureuse se peignit sur ses traits alors qu'il luttait contre l'envie d'écraser le petit os sous sa semelle.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeDim 13 Nov - 11:42

Pendu aux lèvres de son interlocuteur, Phorao exprimait involontairement autant de tension et d'intérêt que ce dernier montrait de froideur et de calme. Il s'agissait après tout du mystère des origines, aussi redouté que désiré, et Phorao ne savait s'il devait sourire ou grimacer, perdu entre deux explosions de sentiments, suspendu à mi-ciel. Le récit de la bataille était ce qu'il aurait voulu connaître, les détails de la mise à mort, les informations qui lui confirmeraient que le cauchemar était fini, que jamais sa route ne croiserait celle de cet insupportable Hermano à nouveau. La manière directe avec laquelle les mots s'alignaient le heurta quelque peu ; il ne s'était pas préparé, contre toute logique, à parler avec un inconnu du fait qu'il avait été "invoqué" : cette réalité lui paraissait choquante. Plus les explications se succédaient et plus il se sentait mis à nu, une sensation qu'il était fondamentalement incapable de tolérer. Soudain leur conversation franchit un palier supplémentaire ; il eut un mouvement de recul en pâlissant, car ce qui venait de surgir était son véritable ennemi, presque davantage que la carcasse humaine qui était retournée en poussière ce jour-là, et il ne savait comment réagir. Il avait l'impression de vibrer comme s'il risquait d'être détruit.

-Nous ne supportons pas cela, murmura-t-il dans un souffle, je veux dire, je crois, ce doit être dans ma nature. Lâchez-le. Machinalement, il alla rapidement cueillir le livre qu'il avait rapporté, dans l'intention de le poser sur l'horrible relique pour former un rempart ; et ses mains allèrent caresser la pierre rouge qui l'ornait ; il y avait là un mécanisme qu'il n'avait pas soupçonné. Elle pouvait pivoter, c'était soudain une évidence à ses yeux. En revenant, il actionna ce mécanisme et la surface de la pierre s'ouvrit comme un couvercle, révélant un espace creux. Phorao savait tout cela avant de le voir, même s'il ne s'expliquait pas d'où lui venaient ces connaissances, car il n'avait pas de souvenir conscient à ce sujet, il se rappelait avoir lu des traités de toutes sortes mais aucun concernant un livre recelant une cachette. Toujours est-il qu'il convenait d'y enfermer le dernier reste de Marcia, c'était sa place et il laisserait le monde environnant en paix. Comment le saisir ? Il n'en avait aucune idée. Il se résolut à dénouer son écharpe et à s'en faire des gants, mais le geste lui-même paraissait contre-nature.

-Cela vous empoisonne, vous aussi ?

Phorao n'était pas un grand personnage, il n'aurait su soutenir un duel au sabre ou soutenir le poids d'une personne inanimée ; mais il était un effort qu'il pouvait fournir, et celui-là, il l'endurait sans plaintes et sans regrets, d'une manière qu'auraient saluée les grands guerriers et les forces de la nature. Sa main se referma sur l'objet dur qui semblait rayonner pour le mordre à sa façon, mais il tint bon, invoquant en sa mémoire toutes les blessures subies et guéries miraculeusement. En un éclair, l'écrin rouge se referma et il sembla que la couverture ne contînt plus à nouveau qu'un gros rubis incrusté pour la décorer. Phorao se releva, recula en titubant et laissa tomber l'écharpe à ses pieds. Il n'osait regarder ses mains. L'état de sa vision défaillante suffisait amplement à l'inquiéter.

-Je crois que c'est fini.

Il dut se faire violence pour prendre une grande inspiration - et pourtant l'air n'apportait rien à sa poitrine, mais le seul fait de la déployer représentait une lutte contre l'annihilation terminale - puis se détourna et regarda autour de lui, fuyant la présence un instant approchée de si près, cherchant un détail sur lequel se concentrer afin de s'évader des secondes précédentes. Un portrait de femme lui adressa un sourire malicieux. Il n'aimait guère qu'une femme lui sourie malicieusement, en général, car il ne savait jamais ce que cela pouvait signifier. Cette fois, le geste était bienvenu. Il parvint à reprendre ses esprits et rejoignit le vampire pour se ranger à ses côtés. Il lui semblait qu'une petite explication de son geste aurait été de circonstance, mais il ne savait guère laquelle se donner à lui-même.

-Il m'arrive de connaître des choses sans les connaître. Ce sont des souvenirs avec lesquels je suis né, ils ne m'appartiennent pas , du moins pas à mes trois ans de vie ici-bas. Son regard revint au visage de l'assassin, dont il interrogea les marques de bataille. Vous n'avez pas mis de bandage. Est-ce que vous procédez comme moi ? Levant la main, il indiqua la balafre noirâtre laissée par le contact, même à travers un tissu, avec la seule chose au monde qui puisse le détruire. Elle commençait lentement à se résorber ; ses limites avaient quelque chose de mouvant, comme s'il s'agissait d'une fumée flottante, en cours de dissipation. Sa vie prenait décidément un tour plus qu'étranger depuis quelques jours ; jamais il n'aurait montré pareille bizarrerie à un brave citoyen de Londres, de peur d'être accusé de sorcellerie.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeLun 14 Nov - 22:41

Wynn lâcha le petit bout d'os sans regret, comme s'il avait été fait de métal en fusion. Il s'empressa d'ailleurs de dissimuler sa main dans le revers de sa veste, laquelle était parcourue de veinules noires, qui allaient certes disparaître dans les heures à venir, mais qui n'avaient dans l'instant rien de discret. Sa main glissa jusqu'à la crosse d'un de ses révolvers.

-Ils ne l'aime pas... J'ignore quel sortilège a subit cet os, mais il est clair que sa magie interfère avec eux. Disons que le contact avec est... Très désagréable.

Il aurait pu en ajouter plus, lui dire qu'il était dévoré par l'influence maléfique des dits objets, mais il préférait rester discret. Il en avait suffisamment dit, même si du point de vue de son interlocuteur, ça ne devait pas avoir beaucoup de valeur. A vrai dire, si l'assassin n'avait aucun scrupule à révéler sa nature de créature de la nuit, il n'avait en revanche jamais évoqué son mal en présence de qui que ce soit. A moins qu'on ne le pousse à bout, il n'estimait pas avoir de raison d'en dire plus que cela.

-D'ailleurs, moi non plus je n'aime pas cette chose... Elle ne m'inspire pas confiance...

C'était à croire que Phorao avait comprit Wynn avant qu'il ne parle, puisqu'il avait déjà enfermé le talisman dans le gros rubis du livre. Fronçant les sourcils, le vampire se demanda un instant si ce geste était volontaire ou non. Et surtout, s'il avait choisit l'ouvrage pour cette raison. Etait-ce un recueil de sorcellerie? Ou d'alchimie? Dès lors, l'assassin apporta beaucoup plus d'intérêt au lourd volume, qu'il détailla un instant avant de reporter son attention sur Phorao, qui lui montrait sa main meurtrie, laquelle guérissait à vue d'oeil.
Intéressant. Il avait une faculté de régénération supérieure à celle des vampires, ou du moins il en avait l'impression.


-Je ne met jamais de bandage sur mes blessures. Je n'en ai pas besoin. Et je sais que vous n'êtes pas idiot, vous n'en avez pas l'air, en tout cas. Vous avez remarqué que je suis différent, que je suis jamais venu vous voir ni ne vous ai convoqué de jour. Tourner autour de la question ne m'intéresse pas plus que cela, je suppose que vous avez déjà deviné que je suis ce que les humains appellent un vampire. Nul besoin d'en faire une polémique, puisque je suppose depuis quelques temps déjà que vous n'êtes pas non plus un humain.

Wynn se tut un instant, fixant toujours le jeune homme, sans ciller. Il avait toujours imaginé les homonculus très différents. Peut-être était-ce son esprit qui lui avait dicté cela? Tout comme les humains imaginaient souvent les vampires aux yeux rouges ou jaunes, se changeant en chauve souris et dormant dans des cercueils, avec un faciès hideux ou au contraire d'une beauté angélique.

-Votre défunt ennemi ne m'a pas dit grand chose à ce sujet, mais je pense pouvoir affirmer une chose, sans chercher à vous offenser. Vous êtes un homonculus, n'est ce pas?

Qu'importe si c'était faux, s'il le vexait, il voulait simplement être sûr de ce qu'il avançait. Si le contact avec les restes de Maria l'affectait autant que Phorao, c'est bien qu'il y avait une raison. Or, Wynn savait depuis de nombreuses années que ses stigmates avaient un rapport avec l'alchimie. Lequel, il l'ignorait, comment également.

-Quant à ce livre... Quelque chose me dit que vous ne l'avez pas choisit par hasard... Tenez, asseyez-vous donc, je pense que nous ne sommes pas trop pressé.

Avant que Phorao n'ait plus lui répondre quoi que ce soit, Wynn s'était déjà installé à la table, ne lui ayant même pas proposé quelque chose à boire. A vrai dire, il n'avait reçu personne depuis si longtemps qu'il ne devait pas avoir grand chose à part un peu de thé et de l'eau. Décidément, vivre au régime d'un vampire n'aidait pas à la socialisation.

-Dites m'en un peu plus, et je répondrais à vos questions. C'est équitable, non?
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeLun 14 Nov - 23:08

Les désagréables crispations venues du passé se multipliaient dramatiquement ces derniers temps. Phorao s'était intérieurement rétracté comme un escargot devant l'eau bouillante à la mention d'armes possédant une psychologie ; ces petites fantaisies étaient un grand classique d'Hermano, et comme certains ne supportent pas d'entendre les vieilles bourgeoises abreuver d'enfantillages leurs chiens de poche, peut-être à cause d'une tante gâteuse qui aurait empoisonné leur enfance, Phorao fuyait ceux qui accordent une vie propre à leur arme, en souvenir de la première personne à sa connaissance qui ait joué à ce petit jeu.

En y réfléchissant, il se pouvait que les pistolets du vampire aient quelques particularités ; ce ne serait pas le plus étrange chez cet homme, sans doute, à peine un détail à faire hausser un sourcil intéressé. Mais la phrase ou sa tournure avait échaudé l'Italien. La suite avait également de quoi le crisper ; il n'avait pas peur des vampires, mais les savait foncièrement dangereux, par nature, et d'ordinaire il fuyait les gens dangereux comme un chat errant fuit les cours d'eau ; et ce vampire l'appelait homonculus, encore un terme propre à Hermano et à ses attaques. Phorao se dirigea vers son siège avec l'entrain d'un écolier convoqué dans le bureau du directeur. Il avait très envie de se mettre sur la défensive et de se fermer comme une huître. Rien de très raisonnable dans cette attitude, mais son instinct le lui hurlait.

-Je me réjouis que vous soyez un vampire, vous savez,
déclara-t-il sur un ton assez dépassionné. Je n'ai pas souvent l'occasion de tomber le masque. Mais il est possible que cela vous ait joué des tours. Je ne sais pas grand-chose, mais il me semble que l'alchimie n'est pas une discipline favorable à votre... communauté. Difficile de dire espèce, j'ai réellement le sentiment que nous appartenons à la même.

Tout cela pour éloigner le spectre d'un interrogatoire. Mais il avait engagé messire Leichenhalle pour mener un interrogatoire, et peut-être était-ce pour lui un exercice naturel. Il fallait désormais en assumer les inconvénients ; d'ailleurs, les avantages n'avaient été que trop flagrants. Résigné mais nerveux, Phorao s'enfonça dans son siège comme dans l'espoir d'y disparaître, et se perdit dans la contemplation de sa main, où la brûlure flottante comme un ruban de fumée semblait hésiter à se fondre dans le blanc de sa peau sans laisser de trace. Il faudrait encore attendre un peu. Si seulement il avait pu attendre en écoutant un peu de musique ! Du regard, il chercha le violoncelle entendu plus tôt, sans grand espoir que le concert reprenne en sa présence. Mieux valait chercher ses mots. Surtout, chercher des alternatives à ceux qui le dérangeaient. Homonculus, quel terme hideux. Il le haïssait autant que Pinnochio devait haïr le mot de pantin.

-Vous avez eu tout loisir de découvrir la personnalité charmante de ce monsieur Hermano, reprit-il lentement, et je gage que vous comprendrez ma répugnance à me considérer comme l'enfant de ses actes infâmes, des volontés contestables de sa soeur, et d'une sorte de pouvoir inconnu qui me posséderait tel une sorte de Machiavel. Je vous assure que je n'entends pas de voix d'outre-tombe, n'ai aucun souvenir d'enfance en macarons et robes de princesse, et ne partage aucun lien de parenté avec feu Hermano... quelle agréable expression, s'interrompit-il avec un sourire nouveau, le regard quelque peu perdu dans le vide alors qu'il savourait sa liberté désormais définitive.

En revanche, il avait la solidité d'une balle de caoutchouc qu'on donne à mâcher aux chiens, sans crainte qu'ils ne la déchirent un jour ; c'était désormais une information partagée, et il lui restait à révéler son petit pouvoir concernant les chansons fredonnées pour obtenir quelque chose. Tout cela dissipait un peu la confortable illusion selon laquelle il n'était jamais qu'une personne comme les autres, née toute adulte et âgée de trois ans d'existence, par un concours de circonstances mystérieux que rien ne viendrait convenablement expliciter, et sur lequel il était donc vain de s'étendre. Avec quelqu'un de crédule et de bien disposé, il aurait peut-être eu ses chances ; mais certainement, on ne fait guère plus sagace et objectif qu'un vampire dont le métier est la traque, et il se sentait un peu traqué, à présent qu'ils parlaient de sujets le concernant, lui, et non plus quelque autre proie faisant bouclier.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeMer 16 Nov - 11:23

Certaines choses ne pouvaient être perçus par des yeux humains, ni même ressenties. Certaines choses que seuls les animaux ou autres créatures hybrides pouvaient capter avec une incroyable précision. C'était le cas des vampire. Comme les lycans et loups garous, ils percevaient la peur ou le mensonge par l'odeur, ou encore entendait les changements de rythme cardiaque des autres créatures.
C'était d'autant plus flagrant que Wynn n'avait pas entendu battre son coeur depuis presque trois cents ans. Et il avait clairement sentit Phorao se raidir en l'entendant parler. C'était discret, mais présent. Quel mot avait pu le piquer de la sorte? Il l'ignorait. Mais l'assassin avait sentit un certain malaise chez le jeune homme lorsqu'il avait marmonné quelques mots à propos de ses armes.
Et bien... Etait-il réticent à ce point? Le vampire eut un demi sourire. Il lui aurait volontiers donné des explications, rien que pour lui prouver qu'il n'avait rien d'un fou persuadé que des objets inertes possédaient une vie réelle, mais il était trop tôt pour dire quoi que ce soit.
Il n'était pas assez instable pour penser entendre des voix lui dictant la marche à suivre. Il savait simplement maintenant qu'il était douloureux pour lui de toucher un autre objet issu de l'alchimie, un peu comme l'eau et l'huile se serait écartée l'une de l'autre en se repoussant. C'était même plus une sensation qu'autre chose.

L'assassin perdit son semblant de sourire en entendant le garçon parler, et haussa un sourcil. Il se réjouissait qu'il soit un vampire... On ne le lui avait encore jamais dit, et il n'avait pas pensé cela possible. Il répondit d'une voix froide et distante, comme s'il se méfiait.


-Les miens n'ont pas particulièrement d'affinité avec l'alchimie, mais nous n'y sommes pas non plus disons... Allergique. Simplement, certaines choses nous sont néfastes. Nous appartenons tous deux à une communauté fermée dont l'opinion publique ne veut pas, contraint de nous dissimuler tout le reste de notre vie... Une longue vie, si je ne m'abuse, ajouta-t-il avec un sourire carnassier.

Il n'avait que faire de se mêler aux humains, mais il n'avait pas non plus pour but ultime d'en faire ses laquais. A vrai dire, ça lui était bien égal. Et il avait lui aussi le sentiments que Phorao partageait la même condition de personnage différent des autres. Quoi que lui pouvait sortir de jour comme de nuit, et n'était pas contraint de se nourrir de sang. Deux avantages non négligeable aux yeux de Wynn, qui avait horreur de s'ennuyer le jour, enfermé.
Un long silence suivit sa déclaration, durant laquelle Phorao sembla gêné, cherchant quelque chose du regard. Le suivant, le vampire finit par comprendre qu'il observait un coin de la pièce. Le piano? Ou le violoncelle? Ou simplement la fenêtre? Il eut un sourire.


-Vous savez... Si mes questions vous importunent, rien ne vous oblige à y répondre. Je ne vous menace d'aucune sorte, et n'ai pas l'intention de le faire.

Un vampire honnête... Tout pouvait arriver. Mais mieux valait jouer la carte d'une fausse gentillesse dissimulant de la curiosité, que de l'agresser en lui mettant un couteau sous la gorge s'il refusait de répondre. Ce que fit néanmoins le jeune homme, alors que Wynn hochait la tête avec satisfaction.

-J'ai surtout pu observer qu'il n'avait pas autant de volonté qu'il le prétendait. Je n'ai pas eu grand chose à faire pour le convaincre de parler. Puisque vous semblez vous y intéresser, je crois que le poison aura été ma meilleure arme contre lui... Et je vous avouerai que son attachant purement abjecte pour sa soeur ne m'a pas aidé à faire preuve de clémence.

Il laissa échapper un ricanement. Le sourire du garçon était tout à fait intéressant. Lui qui semblait impassible, il montrait enfin une certaine forme de jubilation à l'idée de ne plus avoir à supporter son tortionnaire.
Il songea lui même au vampire qui l'avait engendré, et ses doigts se crispèrent sur le bois verni de la table. Contrairement à Phorao qui avait été poursuivit par Hermano, Wynn avait affaire à un fantôme, un vampire qui se cachait et prenait certainement un malin plaisir à le voir chercher sans rien trouver. L'assassin était pourtant prêt à y passer cinq siècles s'il le fallait, mais il le trouverait, quand bien même cela lui couterait la raison.


-Si vous êtes capable de faire certaines choses sans vous en rendre compte, peut-être recelez vous encore bien des surprises... Si je vous ai offensé en employant un mot qui vous répugne, j'en suis tout à fait désolé.

Il inclina brièvement la tête avant d'aller reprendre délicatement l'archet sur le rebord de la fenêtre. Si c'était cela que souhaitait Phorao pour le mettre à l'aise et l'amener peut-être à en dire plus, Wynn n'y voyait aucun inconvénient, bien au contraire. Discuter en musique l'apaisait et il n'y avait rien de mieux pour lui faire oublier son éternelle rancoeur.

-Cependant, vous ne m'avez toujours pas dis ce que contient le livre que vous m'avez ramené...

Se disant, il posa ses doigts contre les cordes de l'instrument, et commença une berceuse slave dont il avait oublié l'origine, mais qui lui rappelait curieusement son enfance et son pays natal. Il en avait même oublié les paroles, mais se souvenait parfaitement de la mélodie.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeDim 20 Nov - 16:51

Aussi étrange que cela puisse paraître, Phorao éprouva un certain soulagement en remarquant que le vampire ne lui vouait aucune intention maléfique, comme si la résolution de leur contrat commun faisait à nouveau de lui une proie parmi les autres, et qu'il y avait une clémence particulière à le laisser en paix. Lui-même n'aurait pas fait de mal à son interlocuteur, mais il n'était ni buveur de sang, ni assassin de métier ; tout au plus un paisible étudiant qui essayait de se faire tout petit dans un vaste monde hostile, un rat de bibliothèque sans ambition. Faire du mal à qui que ce soit lui apparaissait comme une perte de temps, d'énergie et un acte dénué de sens. En revanche, le vampire paraissait avide de connaissances, de victoires et de défis, pour sombres qu'ils soient. C'était une force qui le poussait en avant, et Phorao n'en savait pas assez à son sujet pour deviner s'il se trouvait sur sa route, ou encore parmi ses alliés. En somme, il était plaisant de constater que son pacifisme naturel était, en ce cas précis, réciproque ; toute réciprocité apporte une forme de paix, de manière générale. Il se redressa un peu dans son siège et leva le visage avec intérêt en constatant que le maître des lieux retournait s'emparer de son instrument de musique.

-Je répondrai à toutes vos questions si vous continuez à jouer ainsi, déclara-t-il avec un sourire quelque peu espiègle. C'est une arme que je manie, mais j'y suis également sensible. Seulement... j'ignore la réponse à certaines. Vous permettez...

Il fallait ouvrir le livre pour savoir ce qu'il contenait. Malgré ses réticences instinctives, Phorao savait confusément qu'il n'était plus en danger, tant que la relique maudite serait contenue dans son écrin. Ces pages n'étaient pas plus dangereuses à tourner que celles d'une Bible ou d'un recueil de folklore. Ce qu'il fit, rêvant aux implications des derniers mots prononcés. Leichenhalle était-il immortel ? Phorao l'était-il ? C'était étrangement pénible à imaginer, presque insurmontable, dénué de tout plaisir ou de tout sentiment de puissance, en tout cas. Un incompréhensible vide qui venait de prendre les dimensions de l'infini, et qu'il ne saurait jamais comment combler. Mais ce n'était pas le moment de perdre pied, il évitait généralement de le faire en public. Cela le faisait apparaître trop vulnérable, et se révéler vulnérable est dangereux. Quelques mots défilèrent devant ses yeux avant qu'il ne se replonge dans la lecture avec la concentration voulue. Il eut une petite grimace préoccupée ; c'était du latin. Allons bon, ne serait-il jamais libre d'oublier ce stupide Hermano et ses litanies insensées ?

-C'est une sorte d'encyclopédie succincte des travaux les plus éminents menés à ce jour en matière de... Eh bien, d'armement surnaturel, d'exorcisme et tutti quanti, je crois. Je dois avouer que je ne comprends pas tout. Cela semble quelque peu occulte, mais quoi de plus naturel pour vous et moi, lança-t-il innocemment en haussant les épaules avec une sorte de résignation amusée. Je vois ici une bibliographie recensant les principaux manuels : comment celui qui vit par l'épée périra par l'épée ; comment maudire un ennemi, comment détruire une sorcière, comment bénire des munitions d'argent, comment renvoyer un esprit...

Il s'interrompit, glacé. Il connaissait certains de ces titres. Il en avait lus certains. Mais pas dans cette vie. Il connaissait des formules, des arts et des matières propres à nuire à tout ce qui se trouve au soleil et sous la lune ; y compris lui-même. Il ne voulait pas y penser. Son esprit se ferma, et dans le même temps il referma le livre d'un coup sec, détournant le regard. La musique pourrait le guérir. Il suffisait de rester calme, illusoirement intact, et l'illusion deviendrait la réalité. Pourtant il aurait été intéressant de se rappeler, ne serait-ce parce que Leichenhalle avait émis la possibilité que des secrets dignes d'intérêt se cachent dans cette mémoire close. Quels secrets ? Lorsqu'il se risquait à regarder dans cette direction, Phorao ne voyait que le mal, sous toutes ses formes, des plus insidieuses aux plus sanglantes. Le mal, tel que les livres parcourus depuis trois ans le lui avaient décrit ; mais c'était là le mal vu par les humains. Devait-il à présent s'en faire une représentation plus ambigue, plus propre à sa nature d'ombre ? Quel pouvait être le mal aux yeux d'un vampire, que condamnait-il et que regardait-il comme un divertissant spectacle, ou comme une oeuvre d'art à collectionner ? Phorao aussi sentait croître sa curiosité. Mais s'il voulait apprendre, il fallait qu'il apporte des informations en retour. Il fallait que les choses soient réciproques.

-Certains de ces ouvrages me rappellent quelque chose, avoua-t-il franchement. Voulez-vous que j'essaie de m'en souvenir ? Mais il va falloir jouer quelque chose de très beau - pour me donner le courage de le faire, vous comprenez. Mes propres chants n'ont guère d'effet sur moi.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeMer 23 Nov - 12:22

Les yeux mi clos, Wynn avait laissé s'échapper toute sa haine et sa rage animale, au profit de la quiétude du musicien. Il aurait été capable de se briser les doigts de fatigue sur les cordes de l'instrument, tant ce calme apaisant lui paraissait vital. Enfermé dans une sorte de bulle, il entendait les mots de son interlocuteur comme s'il était à des kilomètres de lui, diffus, étouffés.
Il eut d'ailleurs un sourire. Une arme? La musique était donc une arme à ses yeux? Voilà un point de vue qu'ils ne partageraient certainement pas, si la question avait du faire débat. Depuis des décennies maintenant, le vampire considérait son «génie musical» comme sa seule et unique manière de communiquer sans susciter l'intérêt d'une bête de foire ou la méfiance.
Proposer à un autre musicien de partager quelques notes avait le don d'installer un climat de confiance. Chercher à discuter avec un inconnu était une chose bien plus ardue. On se piquait souvent aux épines défensives d'une personne un peu trop méfiante. Et l'assassin faisait partie de cette catégorie de personnes. Peu enclin à la discussion, il partageait volontiers une pièce avec un étranger, sans avoir besoin de parler après cela.
Plutôt qu'une arme, la musique était finalement son seul moyen de ne pas définitivement se fermer du reste du monde. Non par désespoir ou chagrin, mais par volonté pure et simple. La compagnie de certains l'ennuyait, c'était aussi simple que cela.

Si le jeune italien songeait à partager avec lui quelques notes, le vampire le ferait avec plaisir. Mais il n'avait aucun instrument sur lui. Etait-il pianiste? Ou bien chanteur...? Qu'importe, il le saurait rapidement.
Il ne répondit pas tout de suite, laissant Phorao feuilleter l'étrange recueil. Ayant vu la couverture et la façon qu'avait eu la vertèbre de disparaître, Wynn préférait laisser un autre s'aventurer dans ces pages que de le faire lui même. Par lâcheté? Non. Simplement parce qu'il avait toujours préféré ne pas trop se mouiller avant d'être sûr. Ce n'était que de la méfiance, encore et toujours.
Lorsqu'il entendit parler d'armement surnaturel, l'assassin eut un moment d'inattention, et son index dérapa sur une corde, la faisant grincer, et le faisant grimacer au passage. Sa quiétude avait été brisée, et il était fort contrarié. Reposant le manche de l'instrument sur son épaule et l'archet sur sa cuisse, il tourna un regard qui se voulait neutre et non glacial sur le jeune homme.


-Et je suppose que tout cela n'est écrit ni en anglais ni en une autre forme de langage vivant que l'on pratique encore aujourd'hui... A voir votre tête, je pencherai pour du latin, ce qui me semblerait tout à fait logique...

Et le vampire n'aimait pas le latin. Toutes les fois où d'obscurs religieux à moitié fous avaient essayé d'exorciser celui qu'ils appelaient le démon lui revenaient en mémoire. Tant de haine vociférée en une langue pourtant d'apparence poétique avait eu le don de le dégouter. Mais il ferait un effort. S'il pouvait découvrir comment lutter contre l'avancée de sa maladie, il était prêt à faire l'effort de supporter ce langage. Après tout, il l'avait fait avec Hermano, et n'avait pas bronché.

-Ce doit être intéressant, cependant... J'ai toujours trouvé que les hommes avaient une bien étrange façon d'utiliser la magie... Maudire, détruire, renvoyer un esprit... Ils se disent justes et bons après cela...

Il contint un ricanement amusé. Les Hommes lui paraissait tellement effrayés par tout qu'ils n'usaient de la magie que pour répandre un mal qu'ils prétendaient guérir... C'était ironique. Détruire une sorcière, il n'en aurait pas besoin. Exorciser non plus, merci bien! Bénir des minutions en argent aurait été le comble du ridicule pour un vampire, mais tout ce qui concernait l'armement surnaturel, voilà qui pourrait l'intéresser.

-Je vous remercie pour cette bien belle trouvaille. Un chapitre en particulier pourrait bien m'intéresser, et à en juger par votre réaction de toute à l'heure, vous devez savoir duquel il s'agit.

Si Phorao faisait le lien, il comprendrait certainement pourquoi Wynn avait parlé de ses révolvers avec autant d'humanité à leur égard. Sentant le claquement du lourd volume se refermant, il attarda son regard sur le jeune homme. Etait-il tendu? Ou simplement agacé? Quelque chose dans les quelques pages qu'il avait parcouru lui avait peut-être déplu, mais quoi...?
Il fut chassé de ses pensées par l'approche du jeune italien, intéressé par sa musique. Levant les yeux vers lui, il le détailla. L'illusion était parfaite, du moins si illusion il y avait. Il semblait parfaitement calme et détendu, alors que quelques instants plus tôt, il redoutait une forme invisible.
Il balaya cette pensée mentalement et se concentra sur ce qui lui était dit, souriant à nouveau avec amusement.


-Si ma musique peut vous aider à vous souvenir, je vais m'attacher à vous jouer la plus chose qui soit. Prenez votre temps, surtout...

Déjà parce qu'il ne voulait pas le brusquer, mais aussi parce qu'être interrompu au bout de quelques notes le frustrerait horriblement.
Dans sa tête défila toutes les oeuvres qu'il avait apprit jusque là. Des pages et des pages de papiers blancs couverts de portées et de notes, des plus ou moins difficiles, des plus ou moins belles. Afin d'attirer l'attention, il aurait pu jouer une pièce très connue qui aurait susciter le souvenir chez Phorao. Il songea notamment à une suite de Bach pour violoncelle, laquelle était encore tellement jouée qu'il ne pouvait pas l'ignorer. Mais user ainsi de la facilité avec une pièce aussi célèbre lui paraissait indigne de sa personne. Après tout, il aimait les défis. Et par défis, il prit un morceau qu'il chérissait énormément, mais que lui seul connaissait.

C'était un prélude et suite pour instrument seul, aux sonorités typiques du début de l'époque baroque. Une pièce qui rappelait beaucoup les cérémonies solennelles de cette époque, en y mêlant aussi les festivités dansées du début du 17ème siècle. La pièce était en trois mouvements, lesquels s'enchainaient comme une histoire que l'on aurait contée à un enfant au moment de s'endormir. Quand l'un se terminait, on voulait entendre la suite, impatient de connaître le dénouement final. Dans une tonalité mineure aussi mélancolique que majestueuse, c'était une pièce que Wynn n'avait jamais oublié, et à laquelle il n'arrivait pas à trouver de défauts.
Elle avait été écrite pour lui, par sa défunte fiancée, quelques mois seulement avant son décès. Elle avait été tout heureuse d'offrir à son compagnon la preuve de son amour en musique, et si celui-ci continuait encore aujourd'hui à jouer ce prélude, ce n'était pas par remords ou tristesse. Simplement parce qu'il appréciait l'agencement des notes au sein de la partition. Aussi triste que cela puisse paraître, il n'arrivait plus à y mettre l'émotion de la première fois. Parce qu'il n'y avait plus ni amour, ni tendresse pour la compositrice. Rien qu'un souvenir vide et froid.

C'est d'ailleurs ce qui ressortit de son jeu lorsqu'il se mit à jouer. Beauté et mélancolie, mais sans la passion qui aurait du l'animer à ce moment.
Il n'en avait certes pas conscience, mais ce qu'il espérait avant tout, c'était en apprendre plus.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeDim 27 Nov - 18:39

Le regard attaché sur le brillant particulier des instruments, flottant parfois en direction de la femme qui semblait écouter, Phorao était absent. Il s'efforçait de faire abstraction de tout ce qui pouvait l'inhiber dans sa réflexion, le rattacher à sa vie présente. Si toute autre personne lui avait imposé ce genre d'exercice, il l'aurait vécu comme une torture ; en l'occurrence, il savait plus ou moins ce qu'il faisait, jusqu'où il supportait d'aller, et dans quelle mesure les conséquences en justifiaient l'effort. La mélodie reprit, tandis qu'il essayait de classer les informations dans son esprit. Certes, chercher dans un coffre maudit, c'était envisageable ; mais s'y attarder histoire de glaner d'imprévus artefacts rencontrés en route, ce n'était pas le moment ; trop superficiel pour une activité aussi stressante, et surtout aussi inédite. C'était comme si la totalité de son existence s'était basée sur la surveillance assidue des vannes d'un barrage, et que soudain la stratégie changeait, on lui envoyait des ordres absurdes, et il fallait ouvrir les vannes à fond dans le but d'inonder la région précédemment protégée.

-J'ignore ce qui va se passer. N'hésitez pas à intervenir si vous avez l'impression que les choses échappent à mon contrôle.

Ses paupières restèrent mi-closes, son visage s'inclina et il repartit en direction de temps révolus où se cachaient les richesses qu'il dédaignait si volontiers d'ordinaire. Voyons, il fallait se concentrer afin de rester sur les lieux le moins longtemps possible. Les informations qui l'intéressaient avaient quelque chose à voir avec les armes, mais aussi avec l'alchimie, bien que celle-ci symbolise à ses yeux des techniques beaucoup plus sournoises que celles impliquant un armement classique à proprement parler. Il se concentra sur les armes de sa nouvelle connaissance, le rapport étrange qu'il entretenait avec elles, la sensation à la fois familière et funeste que lui inspirait l'ensemble, et l'image d'un livre contenant des indices à ce sujet. Au départ, son errance intérieure le conduisit assez chaotiquement d'un flash à l'autre, certains perturbants, d'autres sinistres, et le restant purement incompréhensible ; il dut malgré lui s'arrêter au visage d'un enfant en très bas âge qui babillait quelque chose d'interrogateur, et la réponse lui revint. La réponse en question concernait la lecture en cours à l'instant où l'enfant était venu l'interroger. Un ouvrage qui relatait une suite de recettes dans le monde de la mécanique. L'enfant n'était pas très intéressé et retournait jouer dans son coin. La lecture reprenait. Du latin, naturellement. Un schéma qui faisait fortement penser aux pistolets du vampire. Phorao dut faire le vide dans son esprit quelques instants pour reprendre sa respiration. La musique, heureusement, était là pour animer le vide, l'entraîner dans une dimension où rien ne pouvait l'atteindre.

Il fallait y retourner, à présent. Il avait à l'esprit la vision éthérée d'un livre ouvert sur un oreiller de plume, restait à préciser le trait et à en tirer au moins quelques phrases. D'autant que la sensation de concentration était inhérente à celle éprouvée dans le souvenir ; il s'agissait d'une lecture studieuse, non d'un loisir de jeune fille riche et désoeuvrée. Elle l'avait appris par coeur. Sans doute ensuite l'avait-elle détruit. Alors que Phorao reprenait le fil des événements, l'écho de la voix du petit enfant résonna et le tétanisa quelques instants. Il ne voulait pas l'entendre.

Les lettres prirent forme, il fouilla dans ses poches et en tira un carnet et un crayon, ceux dont il se servait parfois pour faire croire aux inconnus qu'il était muet, ce qui évitait certains ennuis. Les lignes se succédèrent, inégales et raturées, certaines lettres tremblantes. Il se cramponnait au filet de musique qui l'enveloppait comme un alpiniste suspendu au-dessus de vide se raccroche à sa corde de rappel. Lorsque l'on évoque une vie ou une raison qui ne tient plus qu'à un fil, c'est à ce genre de fil que l'on fait référence, et à ce genre de situation. De temps en temps, il inscrivait en marge de sa prise de note une remarque ou une note de traduction. Voir chapitre II. Il tourna la page de son carnet, et une dizaine de pages du livre qui flottait entre deux eaux dans son esprit. Un nouveau paragraphe apparut, se transposa sur le papier sous forme de griffonnage nerveux. Cela devenait fatigant, et la voix de l'enfant le hantait. Il finit par jeter le carnet au sol et couvrir son visage de ses mains. L'absence de fonctions biologiques vitales ne l'empêchait pas de ressentir sous ses doigts le froid d'un visage exsangue, fiévreux de sueur glacée. Il était temps d'arrêter là l'expédition, car s'il demeurait "là-bas", personne n'irait l'y rechercher.

-Cela vous sera égal, mais je crois que l'enfant était le leur. Engendré dans ce but. Je ne vais pas plus loin, pardonnez-moi.
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MessageSujet: Re: Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Cendres et ossements, un assassinat dans les règles (Phorao) Icon_minitimeVen 2 Déc - 22:39

L'assassin se contenta d'un très bref hochement de tête en guise de réponse, toute son attention dirigée vers la musique qui s'échappait du coffre de bois de son instrument. L'archet évoluait avec une amplitude qui variait selon le rythme, parfois saccadé, parfois lent et presque langoureux.
Il gardait cependant un oeil, ou plutôt une oreille sur ce que faisait le jeune italien. S'il allait trop loin, ou si sa transe le menait en des chemins brumeux et incohérents, il avait déjà plus d'une idée pour le ramener dans le monde réel. La manière douce ne serait probablement pas son premier choix, mais il aurait plus de chance de réussir.
Sans un mot, il le laissa se plonger dans ses souvenirs, inconscient de ce qui se passait dans sa tête. Ce qui avait le don de le frustrer. Wynn avait toujours été curieux de savoir ce qui pouvait se passer dans la tête des gens. Connaître leurs pensées, percer à jour toutes leurs intentions à l'avance... Si une telle capacité aurait totalement bafouée le plaisir de la chasse, elle devait certainement être très utile dans certaines situations particulières.
Le vampire ne laissa rien paraître de son ennui, continuant d'animer l'étrange scène avec sa musique.
Pourtant, du coin de l'oeil il percevait l'agitation de Phorao. Peut-être par ses doigts crispés ou par les mouvements brusques de ses lèvres? Il baissa les yeux sur le carnet que le garçon tenait dans ses mains pour y lire les quelques notes, mais les ratures et l'écriture étaient tellement inégaux qu'il ne parvint pas à les déchiffrer, d'autant qu'il n'avait pas pour habitude de lire à l'envers. Or dans une position pareille, il n'avait pas trop le choix. Il finit par abandonner l'idée de décrypter les étranges symboles et se laissa à nouveau emporter par la musique.

Fixant intensément un point vide de la pièce, il avait pourtant presque l'impression de la voir. A peine tangible, d'une pâleur fantomatique, elle semblait l'écouter et l'observer avec un tendre sourire, comme veillant sur lui. Et l'assassin n'avait à lui offrir qu'un glacial regard désintéressé, qu'il aurait trouvé particulièrement ironique, vu de l'extérieur.
Une fois de plus, Phorao le tira de ses pensées, et Wynn tourna à nouveau les yeux vers lui. Il ne répondrait rien tant que la pièce ne serait pas achevée, et se contenta de reporter à nouveau son regard sur le papier.
Ce qu'il allait faire était contraire à nombres de règles vampiriques et même à certains de ses propres principes, mais ça, il s'en fichait bien, pour une fois. Après tout, l'italien lui offrait son aide, il pouvait bien lui faire cette faveur.
Le crayon était toujours dans la main de Phorao, mais des lettres commencèrent à se former sur le papier. Une écriture penchée aux grandes boucles élégantes mais légèrement trop serrée prit place aux côtés des quelques phrases raturées: «Qu'y a-t-il au chapitre deux? Si vous voulez bien éclairer ma lanterne, je vous en serais reconnaissant.»
Rien de plus. Relevant les yeux vers Phorao, le vampire lui sourit, d'un sourire mystérieux qui invitait presque les quelques questions auxquelles il n'allait pouvoir échapper.
Wynn considérait ce don de l'écriture sacrée presque futile. Du moins il le trouvait bien moins utile que les deux autres.
Lorsqu'enfin le morceau fut fini, Wynn laissa planer un moment la dernière note, comme suspendue dans l'air, et reposa enfin son archet sur ses genoux.


-Ca ne met pas particulièrement égal, disons plutôt que je trouve presque abject de sacrifier ainsi son propre enfant. Lui infliger une naissance au sein d'un couple incestueux était déjà le comble de l'égoïsme, mais ça... J'avoue que je trouve la situation presque comique tant elle est grotesque...

Il haussa les épaules, blasé. Après tout, ce qu'avait fait Hermano avec sa soeur ne le regardait pas, et leurs actions passées n'étaient certes pas le premier de ses soucis.
A présent, il était surtout curieux de savoir ce que le chapitre deux du curieux ouvrage renfermait.



(EDIT)
Mais Wynn n'en saurait pas plus pour le moment. Apparemment, Phorao n'avait pas tenu à tout lui révéler pour le moment, peut-être pour garder le vampire parmi ses alliés potentiels. Soit, le chasseur n'y voyait pas d'inconvénient, et même s'il était frustré de ne pouvoir assouvir son besoin de connaissance, il ne broncha pas.
Il laissa le jeune homme s'en aller avec ses gains, lui laissant le précieux recueil, et disparut dans la brume des ruelles sombres de Londres.
De nouveau seul, Wynn détendit les crins de son archet qu'il remit soigneusement dans son étuis, puis nettoyant la surfance en bois veiné d'argent de son violoncelle, qu'il trouvait un peu terne et sale, avant de remettre l'instrument à sa place.
Se passant une main dans les cheveux en soupirant, il se fit la réflexion que malgré les évènements récents, il n'avait pas envie de rester enfermé chez lui, et encore moins de se reposer. Il ne supportait définitivement pas l'enfermement.
Il remit ses révolvers à sa ceinture, réajusta son veston et enfila sa redingote de laine noire avant de sortir du manoir. L'air frais lui remis les idées en place, et c'est avec l'esprit dégagé qu'il se mit à parcourir machinalement les rues de Londres, loin d'être déserte à une heure pourtant avancée de la nuit.
Il ignorait lui même où il allait, mais une chose était sûre, il y allait de bon train.
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