Les yeux de Sarah avaient un petit éclat illuminé tandis qu’elle regardait la jeune Thanas parler. Une fois sa langue délié il semblait qu’elle ait beaucoup de chose à dire. La chasseuse prit un morceau de canard avant de le porter à ses lèvres. La nourriture était divinement bonne mais après tout ce temps, elle commençait à refroidir. A ses côtés, un vague bruit de chuchotis se faisait entendre. Alexender et son comparse se faisait des messes basses à table trop bas pour qu’elle puisse saisir le sens de leur phrases.

Voyant que Julia tentait de l’aborder, la magicienne redressa la tête dans sa direction manquant presque de s’étouffer devant sa question qu’on aurait pu considérer comme déplacée. Retenant l’air outré qui menaçait de s’emparer de ses traits, la jeune femme fit de grand effort pour se contenir.

-Administré? Dit-elle d’une voix froide et posé. Il n’est pas impossible de devenir chef de son entreprise mais très mal vue pour une femme dans le milieu de l’aristocratie...

Joignant ses mains sous son menton, la jeune Spencer haussa un sourcil comme une institutrice s’apprêtant à donner de grande explication.

-Voyez-vous mademoiselle Thanas, plus le rang d’une femme est haut plus elle a des obligations et moins de liberté. Vous en exemple, gérez une entreprise avec votre mère une chose qui me serait tout à fait impossible puisque la haute société rejette toute idée qu’une femme puisse posséder une entreprise. Dès notre enfance, nous apprenons quelques rudiments en matière de gestion mais uniquement en vue de gérer une maison et des domestiques, rien d’autre. Bien sur on nous apprend également les langues comme le latin, l’espagnol, l’italien, le français et l’anglais, diverses danses, l’art de tenir une conversation, la philosophie, le maintien et d’autres choses toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres sans jamais trop pousser les études. Mais tout cela à un but : Celui de paraître agréable et cultivée afin de trouver un époux respectable.

Sarah leva les yeux au ciel avant que sont regard ne s’assombrissent de nouveau.

-Bien sur dans plusieurs cas cela s’avère inutile puisque plusieurs mariages sont décidés d’avance par les parents. Ainsi on peut être marié dès la naissance à quelqu’un qu’on ne verra qu’une fois rendue devant l’hôtel...

Un petit silence flotta quelques instants entre les deux femmes, moment vite passé tandis que Gaspard se proposait pour servir de nouveau. La chasseuse fit un petit signe de négation tandis qu’elle reposait sa fourchette avant de laisser sa serviette de table bien plier à coter de son assiette. Ne souhaitant pas offrir une vision trop cruel, même si c’était la toute la vérité, de la société aristocratique, la magicienne lui fit un petit sourire moqueur.

-Pour ce qui est de l’équitation et de l’escrime... Même si il est interdit pour une femme d’exercer ce genre d’activité... il y a toujours moyen de contredire l’éthique... Et croyez moi bien de jeunes demoiselles sont de fine lame...

Petit clin d’œil. La jeune Spencer avait depuis longtemps contourné les règlements et appris le maniement des armes en secret. Une chose qui s’avérait très utile lors de ses sorties nocturnes. En prenant du recul, l'aristocrate se rendait compte que malgré tout les efforts de sa mère elle ne serait jamais une jeune femme accomplie à ses yeux ni une bonne épouse. Un petit sourire étrange se mit a flotter sur ses lèvres tandis qu'elle imaginait l'espace de quelques secondes sa vie avec Alexender...Rien qui ne puisse être comparable.

- Oui, tu es un sombre imbécile Alex. Tu viens à nouveau de le démontrer ! Chuchota le rouquin mi-figue mi-raisin, avant de reporter son attention sur le repas.

Il appréciait les bêtises de son ami, mais parfois il en faisait trop. Enfin, c’était son point de vue. Peut-être les années qui les séparaient ne seraient jamais comblées malgré leur entente presque parfaite. Gaspard, assagit par les années avait parfois un peu de mal à enfoncer le clou encore et encore, comme on le ferait d’une métaphore filée, pour lui une bonne blague n’était bonne qu’un temps, si l’on tentait d’en faire trop elle devenait vite longue, voir amère. Qu’Alexender se moque des appellations qu’il utilisait n’était pas le problème. Au fond, le souci ne se trouvait qu’en lui, la fatigue le pesait.
Gaspard entendit alors le Hunter déclamer une citation on ne peut plus originale. Cela le fit sourire interloqué. Le sombre sentiment qu’il avait ressentit durant quelques secondes s’était alors dissipé. Il n’y pensait même plus. Un peu plus tard, après une nouvelle partie de joute où le Lycan avait piqué l’aristocrate, ce dernier riposta avec tact, qui tira un nouveau sourire à Gaspard.

Après avoir proposé de faire le service, il tint parole et s’occupa de l’assiette de Julia. Les deux autres convives ne voulurent rien, alors il se rassit après s’être mit une nouvelle fois du canard accompagné de pommes de terres dans l’assiette. Il mangea en continuant de discuter avec son ami. Il s’intéressa plus à la conversation féminine qui se tenait près d’eux, sans pour autant s’en mêler. Le repas se poursuivit tranquillement, jusqu’à ce que Alex se lève à son tour et propose aux invités de se rendre dans un des salons du Châtelet.
Gaspard suivit le mouvement et se remit sur ses pieds.

- Je pense qu’il vaut mieux pour moi de repartir immédiatement, il commence à se faire tard mon ami. J’ai des choses importantes à faire en ce jour et j’ai déjà pris un retard considérable sur mes projets. Je crains qu’il ne faille remettre à une autre après-midi la joie de prendre une collation en votre compagnie ! Il s’adressait alors à tous les invités présents, après quoi il se focalisa sur sa compagne : Julia, si vous désirez rentrer de suite, je peux faire en sorte de vous ramener à votre demeure, par contre si vous comptez continuer les festivités je suis certain qu’Alexender se fera un plaisir d’appeler une voiture pour vous. Enfin, il se tourna vers Sarah : Mlle Spencer, j’ai été ravi de faire plus ample connaissance avec vous et je ne doute pas que les occasions de nous revoir se fassent plus souvent.

Il avait vraiment apprécié ce repas et encore plus les gens avec qui il l’avait partagé. Il espérait bien entendu que l’occasion de se revoir se fasse rapidement, mais il avait comme il l’avait précisé, des choses d’importance à faire.

Julia écoutait attentivement Sarah malgré le fait que Gaspard et Alexender continuaient à rire dans leur coin, peut-être pas assez discrets, en tous cas peu préoccupés par les évènements de la veille. Dans la tête de la bourgeoise, même si elle faisait tout pour oublier ce qui c'était passé, tournaient des images qu'elle aurait voulu à jamais éloigner d'elle. La beauté de Sarah était assombrie par ses marques, ses bandages et la jeune bourgeoise n'arrivait pas à oublier les Vampires et sa propre condition à cause de cela.

En tous cas, la jeune femme était relativement pendue aux lèvres de son interlocutrice...Elle lui expliqua ce que c'était que d'être une femme du monde et ce que cela impliquait. Elle lui sous-entendait que les femmes de sa condition n'avaient pas autant de liberté que les bourgeoises le pensaient: tout était réglé selon un plan échafaudé de longue date par la société, même les mariages. Au fond Julia ne fut pas surprise de ce dernier point puisque dans son milieu il en était de même: on mariait au plus avenant, au plus opulent et souvent au moins intéressant. Au fond d'elle, elle se félicita malgré tout de n'être qu'avec sa mère et sa grand-mère: elles ne cherchaient pas à la marier directement à n'importe quel opportuniste même si elles la pressaient de temps à autre.
Pour ce qui était de l'apprentissage des langues, Julia l'enviait: elle savait lire et écrire évidemment mais elle aurait bien aimé avoir une éducation un peu plus poussée dans les lettres et les langues.  
Quant à l'escrime et l'équitation, Julia fut assez surprise: elle mit de côté l'escrime songeant avec du recul que c'était bien une occupation d'homme mais elle pensait qu'une femme devait forcément savoir monter à cheval. Le clin d'oeil de Sarah à propos des armes l'interrogea: l'aristocrate semblait lui suggérer qu'elle contournait les règles et s'y adonnait tout de même. Julia lui sourit d'une manière complice: oui...et en plus elle devait être forte d'après son sous-entendu...c'était follement excitant que de l'imaginer lui montrer ce qu'elle savait faire! L'interdit! L’esthétique des armes! La défense, l'attaque! Julia l'avait apparemment sous-estimée...

- Ha vous avez de la chance de pouvoir étudier les langues, mademoiselle Spencer! Mais pour le reste, je conviens bien que ça ne doit pas être rose tous les jours...

Elle ne su quoi ajouter. Elle aurait pu se délier la langue et exprimer sa rancune envers le sexe masculin à vouloir tout contrôler ils finiraient esclaves des femmes un jour ou l'autre! Mais ce genre de débat ne l'intéressait pas réellement surtout dans ce type de situation: cela risquait de tout gâcher.

Alexender se leva soudainement après avoir fait un peu plus le pitre qu'au début du repas. Il proposa de passer dans un salon pour se reposer un peu les sens et goûter au plaisir de quelques pâtisseries. Julia n'avait plus faim mais la gourmandise, vilain défaut mais tellement agréable parfois, lui donnait envie de le suivre. Cependant, Gaspard qui était plus raisonné qu'elle se leva et exposa qu'il était temps pour lui de partir. En effet, ils avaient tous passé assez de temps ensemble pour le moment: il avait ses occupations et par là l'aristocrate rappelait aux autres qu'ils en avaient aussi.
Julia se leva doucement pour éviter une bourde avec sa robe et les multiples plats et assiettes qui les entouraient. Elle répondit à Gaspard en souriant:

- Je vous suis. dit-elle. Puis regardant Alexender: Ce n'est pas que je ne veuille vous satisfaire, monsieur, mais je dois rentrer chez moi pour rassurer ma mère et l'aider à tenir le magasin. Je vous remercie pour votre invitation et les soins que vous nous avez apporté avec tant de générosité et d'attention. Elle fit une petite courbette élégante en inclinant la tête et prit le bras de Gaspard tendrement en lui jetant un regard d'amour sincère où se lisait toutefois un léger regret de devoir le laisser aller de son côté et elle du sien.

Elle sourit à Sarah l'air heureuse:

- Sarah, j'ai été ravie de vous rencontrer et de discuter avec vous! J'espère que nous aurons d'autres occasions de nous voir car vous m'êtes une personne fort sympathique et que j'apprécie beaucoup. Notre magasin sera toujours là pour vous servir! Je serai ravie de vous y accueillir moi-même!

Julia était heureuse d'être venue au bal. L'instant de doute et de tristesse au début de la soirée à la tombée des masques était passé et elle tenait maintenant le bras de Gaspard devenu son amant. L'incident du salon n'avait pas eu de fin tragique et elle avait pu rencontrer Sarah Spencer, une femme qui occuperait désormais une place certaine dans son amitié d'autant qu'elle semblait être avec Alexender le meilleur ami de Gaspard. Elle ne doutait pas qu'ils se reverraient un jour tous les quatre et qu'ils profiteraient de leur entente générale pour passer de bons moments.

Gaspard s'était levé lui aussi mais il s'excusa de ne pas pouvoir rester plus longtemps. Il savait qu'il ne pouvait pas le retenir. C'était vrai, le Lycan avait raison: tous ici avaient des obligations et aux vues des évènements derniers, il était grandement temps de se séparer pour aller chacun se reposer de son côté. Julia se leva pour suivre son amant. Tous deux avaient salués Sarah et s'apprêtaient à lever le camp.
Alexender les regarda avec attendrissement: comment pourrait-il ne pas remarquer l'extrême douceur de leurs sentiments? Gaspard avait là une belle compagne qui semblait toute faite pour lui. Avec un sourire il leva les bras au ciel.

- Haaa, fit-il avec des airs de tragédie grecque. Comme je suis désespéré! Vous ne voulez donc point venir faire honneur à mon salon et son thé...?!

Il rit en s'approchant de Gaspard pour lui donner une tape sur l'épaule destinée à le secouer et, tête haute, il lui fit signe de la main pour l'inciter à s'en aller avec humour.

- Ha mon ami! Allez! Allez donc faire vos paperasses, trucs et machin-choses! Puisque ma compagnie ne scie plus à "vôtre majesté", allez vous-en! Je ne vous chercherai pas querelle bien que l'épée ne saurait être le seul dénouement à tout cela!

Alexender prit la main de Julia et l'arracha gentiment à Gaspard pour lui faire un baise-main.

- Allons ma belle, il vous faudra de l'audace et du courage pour traiter ce vieil homme! Reposez-vous bien et accrochez-vous fortement à vos souliers, ce fieffé gredin vous en fera voir de toutes les couleurs!

L'aristocrate fit un clin d'oeil à la jeune bourgeoise et la laissa rejoindre son ami.

- Gardez bien cette robe pour un bal prochain que je ne saurai prendre trop de temps à préparer! Ne vous laissez pas faire par ce vieux loup! Les robes qu'il pourrait vous offrir ne seront jamais aussi belles que celle-ci!

Marguerite et Suzanne s'étaient avancées pour ouvrir la porte à Gaspard et Julia.

- Allez! Partez infidèles amis! Vaquez à vos occupations passionnées! Quant à moi j'ai affaires avec Melle Spencer!

Alexender avait volontairement laissé de côté Sarah pour le moment. Elle ne s'était pas levée et il ne comptait pas la laisser partir en même temps que les deux autres: il avait encore à débattre de quelques petits détails avec elle...
Tandis que le couple allait s'en aller, il ramena ses yeux vers elle pour lui exposer son désir.

- Ma chère Sarah, je vous prie de rester encore un instant avec moi...

La jeune aristocrate commençait à peine à apprécier la compagnie des nouveaux arrivant qu’ils partent déjà. Sarah se sentit légèrement nostalgique lorsque les deux tourtereaux décidèrent de partir si tôt. Elle se leva néanmoins pour faire les aux revoir. Se tournant d’abord vers le sieur de Sorel elle inclina la tête en faisant une révérence.

- Vous me voyez très enchantée sieur de notre rencontre et j’espère également qu'elle se renouvellera dans un futur proche.

Puis, se tournant vers la jeune miss Thanas, elle lui offrit un sourire resplendissant. Oubliant les manières, elle s’approcha d’elle avant de la serrer dans ses bras lui glissant quelque mot d’encouragement pour sa nouvelle vie. Puis s’éloignant elle inclina la tête en guise d’au revoir.

-Je compte effectivement vous rendre visite sous peu ma chère nous aurons sans doute beaucoup de choses à discuter.

Elle lui offrit de nouveau un magnifique sourire puis elle laissa Alexender, avec son entrain quotidien, jouer les dramaturges imitant Priam et se morfonde à haute voix dans un petit jeu très amusant. Restant en retrait, la chasseuse se rassit. Elle c’était levé si vite, en oubliant son état de faiblesse, que maintenant elle voyait le monde tourner. Sa vision se replaça rapidement néanmoins et elle pu ainsi constater que ses deux nouvelles connaissances formait un couple vraiment merveilleux. Une chose cependant alertait la magicienne. Elle avait perçus une espèce de lueur dans le regard de son hôte comme une demande silencieuse. Aussi se contenta-t-elle de rester assise pendant que les autres partaient. De sa place, elle avait vue Suzanne et Marguerite, les deux domestiques d’Alexender s’avancer pour ouvrir les portes de la maison. Le jeune hôte lança une dernière recommandation à ses invités avant de poser sur elle son regard enflammé. Sarah se laissa rapidement perde au fond de ses iris tandis que ses joues rougissaient sans quelle ne s’en rende compte. Entendent la demande de son précieux ami, le visage de la chasseuse se modifia quelque peu devenant méfiant et soucieux.

- Si il plaît à monsieur que je reste... alors je resterai...

Julia fut surprise que Sarah la prenne dans ses bras. Sous le choc, la petite bourgeoise ne réagit pas. Elle se contenta, au bout d'un moment, de hocher de la tête avec un petit sourire.
Décidément cette jeune aristocrate était différente de l'image qu'elle s'était donné de ses congénères!

La jeune Thanas rejoint Gaspard à la porte, lui pris le bras et, avec un sourire rayonnante de bonheur d'avoir rencontré une personne telle qu'elle, elle fit un signe de main à Sarah retournée s'asseoir.

- Merci pour tout, fit-elle à l'encontre d'Alexender. Elle fit une petite courbette devant lui, sourit à Marguerite et Suzanne amicalement et s'en fut avec son amant du châtelet du Céans.

Une fois dehors et seule avec Gaspard, elle se blottit contre lui et exprima sa joie:

- Ho Gaspard...Quelle soirée et quelle belle journée!

Au fond, Julia était déçue que tout cela se termine. Il fallait bien qu'ils rentrent un jour, sa mère et sa grand-mère se faisaient peut-être du soucis! Et puis le bonheur n'existerait pas si l'on ne vivait que dedans! Tout avait une fin, ou presque...
Elle ne voulait pas rentrer chez elle ou du moins elle ne voulait plus quitter Gaspard. Elle avait tellement peur qu'ils ne se revoient pas! Elle commençait à s'imaginer des choses horribles: et s'il décidait de ne plus la voir, pour sa réputation, sa vie? Et s'il avait dans l'ombre une personne déjà avec lui...?
Non, Julia était déjà venue chez lui et elle n'avait vu aucune trace de femme...juste André son domestique et puis Alexender semblait tellement le charrier sur ce point...Elle ne savait plus que penser...

- Il nous reste un peu de temps avant que le soir ne nous prenne...mais je suppose que vous devez aller vaquer à vos occupations...? fit-elle hésitante.

Au fond, elle ne lui en voudrait pas qu'il se sépare d'elle aujourd'hui pour mieux revenir demain mais elle avait tellement besoin d'être rassurée sur son amour en cet instant qu'elle en tremblait.

[HRP/ Suite de Julia : Retour à la réalité et étrange rencontre/HRP]

Un infime sourire naquit que les lèvres de Gaspard. Sa Julia allait rentrer à ses côtés. Ses yeux ambrés brillaient d’une joie légère, le simple fait de prolonger les minutes qui le faisait rester près de sa compagne faisait palpiter son cœur. Il avait conscience qu’en l’accompagnant, elle devait renoncer à la bonne compagnie de Sarah et Alexender, lui-même en avait quelque regret, mais ils ne tarderaient pas à tous se revoir. Les regards des deux amants se croisèrent et sans un mot ils se dirent à quel point ils s’aimaient. Passion passagère ou amour toujours ? Ce genre de questions, l’aristocrate les repoussa dans un recoin noir de son esprit.
Il se tourna vers Alexender, qui prenait de nouveau des airs faussement outragés afin de le faire culpabiliser de ne rester plus longtemps en sa noble compagnie.

- Non pour cette fois, je ne ferais pas l’honneur de m’asseoir dans votre salon de Thé, mais ne dit-on pas que plus l’attente est longue, plus le plaisir est grand lorsque ledit moment se présente d’accomplir ce que l’on n’a pu par le passé ?

Il reçut la tape sur l’épaule que lui donna le Hunter sans broncher.

- Puisqu’il en est ainsi, mon royal fessier va bientôt quitter votre demeure. J’ai été ravi d’y manger si bonne chair et d’y revoir amis si chers.

Son ami prit la main de Julia, la baisa sous les yeux rieurs de Gaspard. Lui même fit un dernier salut à Mlle Spencer, puis se dirigea vers la porte et y attendit sa tendre amie. Elle le rejoignit après s’être fait enlacer par la jeune aristocrate. Il avait haussé un sourcil étonné lorsqu’il avait vu cette scène si atypique. Puis, il s’était dit que alliée à Sarah, Julia ne pouvait avoir meilleure compagne pour s’insérer dans la société aristocratique de Londres. Décidément, ce bal avait permis de nombreuses rencontres et alliances, malgré les tristes évènements de la veille. C’était peut-être annonciateur d’un futur clément.
Gaspard salua les fidèles domestiques, puis prit le bras de sa jeune amie et la conduisit dehors. Les portes du Châtelet se refermèrent sur leurs pas. Après quoi, Julia fit une remarque enflammée sur leur journée passée ensemble. Il lui sourit.

- J’avoue qu’elle fut haute en couleurs et en émotions. Et malgré des petits incidents, nous sommes on ne peut plus heureux. Il s’arrêta et prit les mains de Julia entre les siennes. Grâce à Alexender, j’ai pu vous revoir plus vite que je n’aurais pu l’espérer et maintenant que vous avez connaissance de mes sentiments à votre égard, j’espère que nous pourrons continuer à nous rendre visite régulièrement. Il écouta les paroles de Julia, hésitante mais si touchante.
En effet, la journée n’est point encore terminée, mais je ne sais si votre mère serait enchantée que je vous enlève encore quelques heures de plus. Ne vaudrait-il pas mieux que l’on se quitte dès maintenant, que vous alliez rassurer votre famille, car les bruits de l’incendie sont peut-être déjà parvenus à leurs oreilles ?

Le fiacre qui devait les ramener chez eux arriva. Gaspard fit monter sa compagne, puis grimpa en voiture. Il referma la porte, en indiquant leur destination au conducteur, puis il s’assit aux cotés de Julia. Il se rendit compte que son amie tremblait. Il ne faisait pourtant pas froid. Tendrement il passa ses bras autour de sa taille.

- Je vous ramène chez vous, vous devez être fatiguée. Il hésita quelques instants. J’espère qu’il sera possible que nous nous revoyions pendant la semaine.

[hrp/ Suite de Gaspard ici: Retour de la mascarade]

Gaspard et Julia étaient partis.

Alexender gardait sur le visage un sourire véritable: les répliques de Gaspard avaient été une fois de plus propres à lui-même et sa belle avait réussit à s'intégrer parfaitement parmi eux, malgré son rang social et sa timidité. Ils formaient un beau couple, prometteur dans leurs relations et dans l'image sociale que voulait instaurer Alexender: ils étaient parfaits pour ses desseins mais surtout, et heureusement, parfaits pour eux-mêmes!
Le Hunter avait levé un sourcil comme Gaspard lorsque Sarah avait prit dans ses bras la jeune bourgeoise. Qui l'eût cru? Décidément cette soirée avait été une réussite! Aristocratie et bourgeoisie s'étaient mêlées dans une harmonieuse composition qui faisait plaisir à voir!
Alexender avait évité de regarder Gaspard à cet instant car il savait qu'il n'aurait jamais su rester calme et respectueux s'il avait croisé ses yeux de feu. C'était un tableau si atypique et qui concrétisait tellement bien ses ambitions professionnelles et surtout personnelles! Leurs deux amantes s'entendaient à merveille: c'était le summum de ce qu'ils auraient espéré, et avaient d'ailleurs espéré...

Une fois la porte refermée sur le couple, un dernier signe de main accompli, Alexender tournait le dos à Sarah. Il sourit avec un regard complice à ses deux domestiques pour qu'elles comprennent qu'il avait besoin d'être seul. Marguerite et Suzanne connaissaient par coeur Alexender et le moindre signe, invisible pour d'autres, leur parlait plus que les mots. Aussi les deux jeunes femmes s'inclinèrent vers Sarah et s'en allèrent promptement avec souplesse et légèreté.
Alexender s'approcha de Sarah et lui prit les mains dans les siennes jointes comme en prière.

- Ma chère...j'espère que tout cela vous aura plu. fit-il soudainement très sérieux. Il eut l'air soucieux et il la dévisageait à la fois comme s'il admirait sa beauté et comme s'il scrutait la moindre faiblesse qui pouvait transparaitre. Je suppose que vous êtes fatiguée de tout cela, la fête, vos blessures, ce repas...Je songe bien que vous souhaiteriez rentrer chez vous mais si je ne puis vous retenir ici sous ma protection et mes soins, ce que je souhaiterais vraiment Ho si vous saviez, ajouta-il en marquant une pause dans sa phrase pour parler avec plus de ferveur, mais...laissez-moi au moins vous accompagner jusqu'à chez vous...

Il se demandait ce qu'allait dire Sarah, il se refusait à la laisser partir seule. Cette défense quelque peu exagérée était purement psychologique: se séparer d'elle était un risque infime sur le plan social, elle l'aimait, il se reverraient; sur le plan du danger, c'était la journée et il n'y avait par conséquent aucun risque à propos des vampires et notamment à propos de son poursuivant.

- Écoutez, reprit-il avant qu'elle n'eut le temps de répondre; si vous voulez, je peux vous montrer, tout du moins une partie, de mon atelier. A vrai dire, j'aimerais surtout que vous me donniez le nom de ce Vampire, ou sa description...si vous connaissez un peu ses pouvoirs et ses habitudes...Le regard d'Alexender devint plus dur. Il doit bien avoir une raison pour avoir attenté à votre vie, je parle évidemment d'une raison autre que votre sang...puisque vous m'avez averti comme si vous le connaissiez...
Le poursuiviez-vous déjà avant ce soir?

Scrutant le dos de son compagnon, Sarah tourna néanmoins la tête vers les deux domestiques pour leur sourire lorsqu’elles s’inclinèrent devant elle. La jeune femme sentait un terrain dangereux approcher et bien sur se doutait des questions que lui poserait son amant. Silencieuse, elle le vit s’approcher d’elle avant de croiser ses mains avec les siennes. La chaleur de la peau du jeune homme réchauffa le cœur et les doigts glacés de la jeune femme. La chasseuse avait toujours la peau froide et seul le soleil réussissait à lui prodiguer un peu de chaleur, désormais son précieux ami également...

Le châtelet lui demanda la permission de la raccompagner chez elle. La magicienne fût un instant prit au dépourvus par la question puisqu’elle ne s’attendait pas a de tel propos. Elle eut alors la première pensée de la journée concernant Witney, son cocher qui avait du l’attendre toute la nuit. Witney était un homme que ni les hivers passés, ni le mauvais temps n’avait tari son insaisissable sourire. Vue l’heure, il avait du retourner au manoir sans poser de question. En effet, la jeune Spencer avait souvent l’habitude de quitter les fêtes pour aller s’adonner à un autre genre d’activités et ne rentrer qu’au matin. Avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre, Alexender poursuivit sur sa lancée l’invitant à visiter une partie de son atelier. La curiosité de la chasseuse disparut lorsqu’elle entendit la suite de ses propos. Ainsi donc il n’avait rien perdu de son idée de base. La jeune femme enleva ses mains de celle de son hôte avant de se lever et de faire quelque pas dans la pièce, se dirigeant vers la grande fenêtre. Au loin, on pouvait voir un petit sentier qui descendait vers la ville. Au delà des grands arbres, la tour de Big Ben était visible.

-Vous êtes un homme entêté sieur...

La magicienne se tourna affichant un regard dur et métallique. Ses yeux avait doublé d’intensité rendant la couleur de ses iris presque flamboyante.

-J’aurais cru, néanmoins, que la courtoisie et le sens de l’honneur vous auraient rappelé qu’il est bien mal vu de poursuive une proie déjà visée... Et même si je semble être une demoiselle en secours je vous rassure sur mes qualités de hunter... Je n’apprécierai pas cependant que vous osiez vous en prendre à ce vampire alors que je dois régler son compte moi-même... Mais si vous souhaitez uniquement en apprendre un peu plus sur cette créature…

La jeune aristocrate avait bien choisis sont jeu. Connaissant les quelques règles de la société elle savait qu’un vampire déjà prit en chasse ne pouvait être abattu que par le hunter qui le poursuit. Elle n’était pas contre l’idée d’une alliance mais néanmoins, le comte demeurait une vengeance personnelle. Sarah croisa les bras avant de poursuivre sur un ton plus mystérieux.

-Croyez-vous en la magie sieur Ravellow? Je ne parle pas de ses tours de passe-passe qu’ont peut voir sur Covent Garden ou encore au salon du Spirit non je parle de la vrai magie...

Les yeux dans les siens, Alexender fut surpris lorsque Sarah enleva ses mains des siennes pour se lever et lui tourner le dos. Face à la fenêtre, elle lui fit comprendre qu'il la gênait par son comportement "entêté". Alexender se redressa et resta droit sur place l'écoutant parler. Sa silhouette se détachait sur la lumière du jour qui frappait le vitrage ouvragé, fine, gracieuse, parfaite...L'homme fut blessé par la femme, sa beauté et sa froideur.

Soudainement Sarah se tourna vers lui et il fut frappé par son raisonnement: elle était une chasseuse, il était chasseur lui-même et devait par conséquent connaitre les rares règles de leur communauté. Bien qu'Alexender n'ai jamais rencontré d'autre Hunter que lui-même car ni son précepteur, ni son maître d'arme n'avaient été dans ce métier de même qu'il n'avait jamais su si ses parents avaient eu affaire à un Vampire autrement que par un endettement, il connaissait presque d'instinct cette règle: on ne prenait pas la proie d'un autre.
Sarah semblait avoir annoncé cela comme si elle avait été blessée dans son orgueil et comme s'il étaient maintenant rivaux. Alexender en fut plus atteint qu'il ne l'aurait pensé.

- Mais...mumura-t-il, avant de se taire pour écouter à nouveau son aimée.

Elle était là, devant lui, le regard étincelant et dur. Elle lui signifiait que le Vampire qui les poursuivait était à elle, et elle seule. Mais peut-être qu'elle allait lui donner des informations...Non, il faudrait qu'il attende. Alexender voulu répliquer mais voyant que la jeune femme devenait mystérieuse, il se tue, renflouant au fond de son âme ses tourments.

- La magie? fit-il surpris face à ce nouveau sujet que lançait sa maîtresse. Je...je ne sais pas...Les Vampires usent de la magie, oui.

Alexender regardait Sarah avec attention et étonnement. Pourquoi lui parlait-elle de cela ainsi? Lui-même venait de lui demander si elle connaissait les pouvoirs de son poursuivant. Oui il y croyait, évidemment. Mais était-ce de ce type de magie qu'elle parlait ou bien était-ce de la magie au sens large du terme, celle que les hommes appellent noire ou blanche? Ce n'étaient que pures idioties à son avis et surtout cela entraînait les gens dans de sombres sectes aux desseins étranges et souvent dangereux...

- Que voulez-vous dire, Sarah? demanda-t-il plus inquiet qu'autre chose.

Sarah eu un sourire froid tandis que l’être qu’elle était disparaissait doucement laissant place à l’implacable chasseuse. Sans qu'elle en eusse idée, son âme se renferma coupant contact avec l’extérieur. C’était devenue presque comme un réflexe, se protéger avant d’être blessée, chose qu’elle n’avait pas fait la veille. La magicienne se redressa tandis qu’un nuage obscurcissait le paysage derrière la fenêtre devant laquelle se tenait la jeune femme. Les yeux plus brillant que jamais, elle haussa un sourcil, mystérieuse.

-En effet... Certains vampires possèdent des pouvoirs magiques… mais ils ne sont pas les seuls, certains humains en ont également... Oh je ne parlais pas de ces histoires farfelues de tour de passe-passe, de communication avec les morts... La magie est bien plus que cela... Beaucoup plus que cela... Je vous ai dit ce matin qu’être avec moi était dangereux… Cela est vrai pour deux choses, la première est dû aux créatures que je poursuis mais la deuxième… vient de moi directement...

Les iris de l’aristocrate prirent une teinte encore plus brillante. L’atmosphère devient lourde comme à l’approche d’un orage. Sur la petite table, le vaisselier se mit à trembler. Les vibrations se répercutèrent jusqu'à la fenêtre derrière la chasseuse qui s’ouvrit d’un brusque mouvement. Pendant quelques instants il ne se passa rien puis, un tourbillon de feuille s’engouffrèrent dans la pièce comme une volée de chauve-souris. Elles entamèrent un étrange ballet autour d’Alexender, volant, virevoltant créant des arabesques sans pour autant le toucher. Puis les feuilles se figèrent dans les airs avant de tomber au sol, doucement.

Sarah était affaissée contre le cadrage de la fenêtre, la tête posée contre la bordure. Ses yeux, clos, semblaient remuer dans leur orbites. Son corps, recouvert d’une mince couche de sueur, brillait sous les rayons du soleil désormais réapparut. La poitrine de la jeune femme se soulevait à un rythme accéléré tandis qu'elle cherchait l’air. Sa main gauche appuyée contre le cadrage était blanchis par l’effort. La chasseuse avait la tête qui tournait. Jamais elle ne c’était sentit aussi faible. Bien sur, user de ses pouvoirs l’épuisait mais jamais de cette façon. La magicienne ouvrit les yeux avant de les poser sur son tendre amour. Ils avaient perdue toute leur froideur et exprimaient désormais une grande douleur et une étincelle de peur qui grandissait rapidement. Baissant la tête, l’aristocrate laissa ses longs cheveux ondulés masqués son visage tandis que ses yeux se remplissaient d’eau. Elle avait tenté de se montrer à son amour sous sa vrais forme, de lui montré qu’elle n’était pas faible... Elle prenait à l’instant toute les conséquences de son geste. Sans qu’elle ne le veuille, l’image d’une jeune femme brûlant sur un bucher de la place publique envahissait ses pensées. De nos jours, les actes de sorcellerie n’était plus aussi pris au sérieux qu’avant et les exécutions étaient bien rare, mais, des déclarations faites par des gens de la haute société pouvaient ouvrir une enquête et mener à la guillotine plus vite qu’ont ne pensait...

La chasseuse se mordit la lèvre inférieure pour ne rien dire. Elle souhaitait que son amant lui partage ses impressions sans prendre compte de son état ce qui aurait pu affecter son jugement. Elle savait que son geste pouvait être perçu de bien des façons. Pour elle, la totale confiance que lui inspirait Alexender était curieuse. Jamais elle n’avait démontré ses talents à quelqu’un. Enfin, presque jamais. Bien sur elle avait fait une démonstration a Abigail, pour quelle soit sur la même longueur d’onde puisque son amie lui avait démontré ses talents de contrôle avec la glace. Et la deuxième fois...
Une grimace étira les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle effaçait systématiquement l’image du comte de son esprit. Avait-elle fait une nouvelle erreur en montrant qu’elle possédait des pouvoirs? Prenant une grande respiration, Sarah commença d’une voix tremblante...

-Je... Vous savez euh... Enfin bref... tout cela n’est rien...euh...oubliez.

Alexender n'aurait jamais imaginé pareil retournement de situation. Sarah était devenue soudainement une menace: les yeux brillants comme l'astre argenté du soir, elle lui dit qu'elle était dangereuse et tout lui indiqua qu'elle était en train d'utiliser ce dont elle voulait l'entretenir maintenant, de la magie. Le ciel c'était obscurcit, le soleil avait disparu derrière des nuages d'orage, le sol et les meubles c'étaient mis à trembler. Sarah le regardait avec une froideur offensante et brusquement la fenêtre s'ouvrit pour laisser entrer une danse folle de feuilles dans la pièce.

Le Hunter, qui s'était déjà mis en alerte, eu le réflexe de se protéger le visage de ses deux bras croisés. Les feuilles lui tournèrent autour dans un élan à la fois gracieux et terrible mais il n'eut pas à souffrir d'une quelconque attaque physique. Il ne quitta pas Sarah des yeux. Ce qu'elle faisait semblait lui coûter de l'énergie et elle s'affaiblissait à vue d'oeil. Que voulait-elle en cet instant? Lui montrer ses forces? Le menacer concrètement?
Il songea bien malgré lui à ses armes, restées dans son atelier. Mais même dans un tel moment, même s'il se tenait sur une extrême défensive, comment vouloir blesser une si belle créature?

Soudain, la tempête se tu. Les feuilles retombèrent toutes, inertes, sur le sol de la salle à manger et peu à peu le soleil revint éclairer la pièce de ses chauds rayons. Sarah était fortement épuisée: la magie devait lui prendre une partie de ses forces et après l'épisode du petit salon de la veille, la transfusion de sang, elle ne pouvait pas en avoir beaucoup à revendre.

Ses beaux yeux revinrent sur lui, plus calmes, plus habituels. Ils exprimaient la douleur mêlée à la détermination. Alexender, resté figé dans une position défensive, ne pu lui répondre que par un regard horrifié. Elle semblait elle-même secouée par ce qu'elle venait de lui montrer et tandis que le Hunter se redressait sans dire mot, elle lui dit d'une voix tremblante que ce n'était rien, qu'il devait oublier tout ceci.

- Oublier? répéta-t-il avec brusquerie en donnant un coup de tête dans le vent pour indiquer sa colère. Comment le pourrais-je!?

Il ne comprenait pas où elle voulait en venir, il ne comprenait pas comment elle avait réussit à faire cela et cette scène venait de lui faire peur: il était un soupçon vexé mais surtout énervé de devoir à présent se convaincre de faire attention à son amante. C'était comme s'il devait se rendre compte que son chaton d'amour était en réalité un tigre qui pouvait redevenir sauvage à tout moment et lui donner coups de dents et de griffes.
Le jeune homme s'approcha tout près de Sarah et, sans la toucher, mais à force de gestes et d'une voix grondante, il lui expliqua son point de vue:

- La magie est dangereuse, Miss Spencer, savoir la contrôler est une chose mais en faire usage dans votre état n'est pas très réfléchit! Faites donc attention à vous! Je compte vous rattraper à chaque fois que vous tomberez, je compte vous soutenir à chaque fois que vous serez blessée, mais de grâce, ne jouez pas avec le feu!

Alexender se radoucit et lui sourit mais, même s'il le voulait, il ne la toucha toujours pas de crainte de déclencher chez elle un nouveau tour dont il n'avait pas la clé pour le comprendre.

- Je ne pensais pas que vous étiez de ces gens-là, qui s'instruisent des sciences occultes et s'abreuvent de boniments...Je ne connais pas bien tout cela, cette magie, ces effets étranges...Il plongea ses yeux dans les siens. Excusez-moi si je n'ai pas bonne opinion de tout cela pour le moment...Mais, si cela fait partie de vous et si vous m'expliquez d'où vous tirez ce savoir obscur, je veux que vous sachiez que je me montrerai des plus compréhensifs possible afin de vous accepter telle que vous êtes...Il tendit la main pour lui relever un peu le menton. Belle dans votre colère intérieure, intrépide et franche.

Le Hunter lui sourit et s'éloigna un peu d'elle en lui tournant le dos. Il s'arrêta devant une étagère sur laquelle trônait une petite bille de métal: un plomb de pistolet à percussion. Tout en remuant l'objet, le faisant rouler à droite à gauche selon sa guise, il continua:

- J'espère être un des rares à qui vous avez fait par de ce...don, si l'on puis dire. Non pas que je veuille être dans la plus extrême des confidences par égoïsme mais bien parce que ce genre d'activités est très mal vue. On sait que les alchimistes ont d'étranges pratiques mais ils font cela pour la science! Vous...les magiciens ou sorciers, je ne sais pas comment vous voulez que l'on vous nomme, vous êtes plutôt mal considérés...voire chassés...

Alexender fit volte face. Il avait du mal à retrouver clairement son sourire et à redevenir joyeux mais son naturel loyal et bon lui disait d'être optimiste sur ce coup-là.

- Sarah...excusez-moi pour ma brusquerie mais...vous m'avez fait peur...fit-il en souriant avec gêne.

En voyant l’expression horrifiée qui avait remplacé le naturel joyeux de son amant, la magicienne avait baissé les yeux, incapable de soutenir le regard remplis de colère qui était dardé sur elle. Le ton brusque qui éclata dans la petite pièce silencieuse fit sursauter la jeune femme tandis qu’elle reculait instinctivement. Elle ressemblait à une gamine prise sur le fait et qui se faisait gronder : La tête baisser, ses longs cheveux masquant son visage. Elle entendit son compagnon s’approcher avant de s’arrêter près d’elle sans la toucher. Sa voix grondante ressemblait à des coups de tonnerre.

La magicienne sentit la main chaude de son compagnon se glisser sous son menton l’obligeant à redresser la tête. Sous ses paroles, les joues de l’aristocrate prirent une couleur rouge tendis qu’une ébauche de sourire étirait ses lèvres. Elle avait une si grande confiance en Alexander. Il était se qui l’empêchait de perdre pied en cet instant. Les yeux de Sarah perdirent leur éclat lorsqu’elle vit de nouveau son amant s’éloigner d’elle. Il semblait assez bouleversé par sa démonstration. Pour s’occuper l’esprit il se mit à jouer avec une petite balle de pistolet racontant les dangers que représentaient des pouvoirs tel que les siens.

La chasseuse détourna son regard à son tour fixant l’horizon par la fenêtre. Elle connaissait mieux que personne les désastres que pouvaient occasionner les rumeurs si bien habilement partie. Se tournant de nouveau vers Alexender, la jeune femme aperçu son sourire gêner tandis qu’il lui demandait pardon pour sa brusquerie. Voyant la une invitation, la magicienne s’approcha de lui avant de poser délicatement sa tête contre son torse, une larme furtive coulant sur sa joue. Elle avait eu si peur qu’il ne la repousse... Redressant la tête, elle laissa le bout de son nez parcourir délicatement la base du cou de son hôte jusqu'à son lobe d’oreille qu’elle embrassa. Plongeant son regard, elle prit ces mains dans les siennes.

-Je vous jure sur ma vie et sur nous deux Alexender, que jamais je ne vous ferai le moindre mal...

Pour sceller sa promesse, l’aristocrate embrassa légèrement le coin des lèvres de son amoureux avant de déposer un nouveau baiser sur le coin inverse puis finalement, sur ses lèvres quelle transforma en baiser passionné. Après quelques instants elle s’éloigna un peu, un sourire rêveur sur les lèvres.

-Et bien si nous visitions votre atelier à présent?

La curiosité de la chasseuse avait repris le dessus. Elle se demandait à quoi pouvait ressembler le repère d’un hunter. Bien sur elle-même ne possédait pas un endroit comme celui la puisqu’elle demeurait encore chez sa famille et même si elle possédait une pièce secrète, elle n’était guère grandiose. Abi pour sa part avait un manoir complet qui lui servait d’atelier. De la cave au grenier, chaque pièce servait à la lute contre les ténèbres.

[HRP/ suite au post La visite galante de l'Atelier/ HRP]

Après la peur et la douleur, le réconfort de voir Sarah redevenir normale, et surtout le contact de ses mains avec les siennes, sa petite tête posée délicatement contre son torse...Alexender lui pardonnait volontiers la petite frayeur qu'elle venait de provoquer en lui et son don étrange. Il ne réagit pas beaucoup lorsqu'elle vint ainsi contre lui: c'est qu'il ne s'y attendait réellement pas et, les mains un peu levées, il voulu la serrer dans ses bras mais bien vite Sarah s'occupa de lui de telle manière qu'il se retrouva encore perdu.
Lorsqu'elle lui mordit le lobe de l'oreille, un frisson lui parcouru l'échine toute entière et dressa ses cheveux sur sa nuque. Son baiser, sa promesse de ne jamais lui faire de mal, son regards, l'éclat de ses yeux bleus...comment ne pas lui pardonner et comment ne pas lui sourire?

- Oublions tout cela pour le moment...murmura le Hunter tout heureux.

Le baiser passionné qui suivit le rendit tout transit d'amour. Il serra Sarah dans ses bras et lui rendit avec la même passion ce signe d'amour.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Sarah accepta d'aller voir son atelier de Hunter.

- Oui, si vous voulez nous pouvons y aller, mais je vous préviens, ce n'est pas très propre, ni accueillant comme endroit...fit-il en lui lançant un regard mystérieux. Moi aussi je suis un peu un sorcier...

Évidemment ce qu'il venait de dire n'avait pas le sens de sorcier comme il l'entendait avec les capacités de Sarah, mais il lui signifiait que son atelier allait ressembler en tout point à un laboratoire fait d'étrangetés et de grimoires, de bocaux et d'instruments en tout genre.

Alexender prit la main de Sarah et l'emmena dans les couloirs obscurs du châtelet. L'atelier se trouvait au rez-de-chaussé, dans une salle toujours fermée à double tour...

[HRP/ suite au post La visite galante de l'Atelier/ HRP]