L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !


Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Fnac : 2 jeux de société achetés ...
Voir le deal

Partagez|

Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Armando della Serata
Membre de l'Ombre
Armando della Serata
Nombre de messages : 70
Date d'inscription : 16/08/2012
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Agent du Scotland Yard - service spécial
Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeMer 29 Mai - 23:50

[HRP/ RP précédent : "Le Grand Voyage"/HRP]

Armando
&
Asher

Une promenade qui déraille
et c'est le cirque !


Les mains jointes dans son dos, Armando allait et venait sur le quais des arrivées. Il marchait d'un pas tranquille, observant les rails, les structures métalliques de l'édifice et l'arc imposant au style dorique qui lui servait de portique. L'Italien attendait patiemment le prochain train en provenance de Birmingham.
L'agent du Yard n'était pas en mission officielle, puisqu'il avait été mis à pied par son supérieur suite à son insubordination et à ses menaces envers l'un de ses collègues. En outre, il avait récemment écopé de deux blessures graves qu'il peinait encore à effacer, non seulement de la surface de son corps mais aussi de sa mémoire. Autant dire qu'il n'était pas question qu'il se lance dans de périlleuses missions au risque d'y laisser son poste et sa santé.
Cependant, Armando était tout sauf du genre à rester enfermé chez lui à ne rien faire. Ses amis disaient volontiers de lui qu'il ne savait guère profiter de la vie et qu'il était allergique au verbe "se reposer". C'était en effet un homme d'action, incapable de rester en place malgré son flegme apparent.
Le train qu'il attendait ainsi en "toute innocence" était en réalité parfaitement inhabituel. C'était un transfert spécial qui amenait à Londres le cirque des Clarke, une prestigieuse famille d'acrobates et jongleurs à cheval. Attendue par la couronne, la famille faisait l'objet d'une protection rapprochée, d'autant que certains de ses chevaux valaient une petite fortune. D'autres agents étaient évidemment sur le coup, mais Armando se payait tout de même le culot d'être le premier sur place sans même avoir été mandaté.


Au bout d'un petit quart d'heure, une voix claqua derrière lui comme un fouet tâche précipitamment de rappeler à l'ordre un fauve échappé de sa cage :

- Mais c'est pas vrai ! Della Serata, vous n'êtes pas censé vous trouver là !

- Bonjour, Monsieur Greenwood. Comment vous portez-vous ? répondit aimablement l'Italien en se tournant vers l'agent qui venait à sa rencontre.

- Ah ! Ne vous moquez pas de moi hein ! Vous êtes mis à pied, je le sais bien ! Vous n'avez pas à surveiller les Clarke ! Ce n'est pas votre travail, fulmina l'autre. Son petit air furieux et sa moustache agitée lui donnait l'air d'un Teckel enragé.  

- Qui vous dit que je suis là pour "surveiller" les Clarke ? fit Armando en lui souriant avec un soupçon d'insolence. Je pense être en droit de venir assister à leur arrivée et d'avoir la possibilité de voir leurs fabuleux chevaux sans pour autant les filer par la suite, n'est-ce pas ? Son sourire était particulièrement surjoué.

- Votre supérieur en entendra parler...grogna Greenwood avant de passer devant lui en le frôlant de près et d'aller se poster plus loin sur le quais.

Ses petits regards en coin, parfaitement venimeux, n'effleurèrent pas l'Italien qui se contenta de continuer sa promenade en faisant mine d'admirer l'architecture qui l'environnait. Peu à peu, le quais s'agita et de nombreuses personnes vinrent attendre à leur tour. D'autres agents s'étaient également postés le long du quais, faisant reculer les curieux afin d'assurer la sécurité de tous.


Vers 13h45, un coup de sifflet retentit dans le hall et tous les regards se tournèrent d'un même mouvement vers le bout des rails. Les yeux pétillaient d'impatience. Les cous se tendirent et les éventails s'agitèrent avec excitation.

- Reculez ! Reculez ! Allons, éloignez vous des rails !

Fondu dans la masse, Armando observait désormais les expressions qui couraient sur tous les visages. Il était à l'affut du moindre indice qui pourrait laisser supposer qu'un acte fâcheux serait perpétré. Un jaloux, un cupide, un idéaliste...Cela pouvait être n'importe qui, même parmi ces dames aux airs charmants.
Le long gémissement de la locomotive en approche résonna dans l'air et chacun put bientôt admirer sa coque de métal rutilante. Aussi verte que la feuille tout juste ouverte d'un hêtre au printemps, la machine arriva à l'allure d'un épagnol qui gambade après une balle. Les agents firent encore reculer la foule tandis que l'engin s'arrêtait enfin dans un grand nuage de vapeur.

- Londres ! Londres, terminus de ce train ! Mesdames, Messieurs, nous espérons que vous avez effectué un bon voyage. Londres ! Terrrrrminus !


Les premiers wagons déversèrent leur flot de passagers et la danse des chapeaux, des ombrelles et des valises envahit l'espace du quais. Armando n'avait plus bougé depuis l'arrêt du train. Droit comme un "i", il observait toujours tandis que les autres agents s'agitaient en tous sens pour faire circuler les curieux et les voyageurs.
C'était à partir du troisième wagon que la famille Clarke et sa troupe se tenaient. Les derniers wagons ayant été réservés à leurs animaux. A peine les portes furent-elles ouvertes que les artistes se mirent à distribuer des tracts aux passants. Leurs prochains spectacles allaient les ravir durant tout le mois de juillet mais les places étaient limités. Quelques dates et gravures de chevaux figuraient sur les feuilles volantes.
Une fois une dizaine d'hommes descendue, les compartiments pour les chevaux furent ouverts et les braves bêtes suivirent leurs maîtres sans broncher. C'étaient des animaux superbes, à la robe blanche comme le givre et dont les rênes brillaient de couleurs chatoyantes. Leurs crins étaient tressés et leurs queues arboraient quelques rubans de soie. Certains piaffaient d'impatience et de soif. D'autres se laissaient conduire avec tant de docilité que l'on eut pu penser qu'ils n'étaient pas de ce monde mais d'un autre, fantastique, baigné de magie.

- Ils sont magnifiques ! Regarde Jean !


Au milieu de ces extases, les agents peinaient à maintenir l'ordre mais l'évacuation des lieux finit par se faire d'elle-même lorsque les chevaux furent éloignés. Tels des pèlerins en quête de leur Saint Sauveur, les badauds les suivirent et libérèrent l'espace.
C'est à cet instant qu'Armando le vit : un homme de haute taille, à l'air patibulaire et aux mains noires de suie, se dirigea d'un pas ferme vers le dernier compartiment que les artistes étaient en train d'ouvrir. L'agent lut sur ses lèvres :

- Vous voulez un coup d'main ?

L'homme s'était approché davantage et avait glissé sa main droite dans une de ses poches. Armando avait plissé les yeux et reconnu la forme caractéristique d'un couteau...
Il ne fallut pas plus de cinq secondes à l'Italien pour se jeter sur l'inconnu. Ce dernier venait à peine de sortir son arme qu'il se retrouvait déjà avec un bras sous la gorge, pris dans un étau auquel il ne s'attendait pas.

- Lâchez ça ! tonna Armando en lui tordant le poignet.

Le couteau tomba au sol dans un bruit métallique et une femme poussa un cri aiguë derrière eux. Quelques civils restés sur le quais s'enfuirent et deux agents vinrent prêter mains fortes à leur collègue.


Mais, alors qu'Armando desserrait un peu son étreinte pour laisser le suspect aux autres agents, un grand vacarme secoua l'ensemble de la scène. Le choc d'une explosion souffla le dernier wagon et une partie du quais. Un cheval se cabra en poussant un hennissement de tous les diables. Un autre partit au galop sur les rails. Armando heurta violemment le sol, mis à bat par le tremblement. Il se protégea la tête de ses mains tandis qu'une pluie de poussière et de pierres lui tombait dessus.
Sonné, l'Italien ferma les yeux. Ses tympans bourdonnaient et les sons ne lui parvenaient plus qu'à travers un rideau de brouhahas tantôt tonitruants, tantôt complètement étouffés.

- ..dyn..ite..Appelez...c'est...trophe..
...parti par...ai...
...est-ce...a va ? Ré...ez !

Désorienté, Armando se fit violence et se releva en titubant. Un collègue venait de l'aider. Son regard brouillé finit par voir de nouveau et tomba sur l'homme qu'il venait d'appréhender. Ce dernier était étalé de tout son long, dans une position grotesque, bras par-dessus tête. Une de ses jambes esquissait un angle impossible. Il saignait abondamment de la tête et ses yeux ouverts fixaient le vide, sans vie. A ses côtés, un agent du Yard était inanimé.

- Les chevaux ! Rattrapez-les !

- Un médecin ! Il nous faut un médecin !

Des hommes se mirent à courir après les bêtes affolées et les agents qui s'étaient éloignés avec les premiers artistes revinrent en courant. Certains aidèrent les blessés, d'autres les employés du cirque qui tentaient de rattraper leurs précieux animaux. Quelques hommes avaient encerclé Armando et l'espace où avait eu lieu l'explosion. Parmi eux, un Greenwood échevelé.

- Della Serata ! Bon Dieu, vous êtes blessé ?!

Enfin en possession d'une partie de ses moyens, Armando l'écarta d'un geste et voulut descendre sur les rails pour chercher la source de l'explosion.

- Hey ! Mais qu'est-ce que vous faites ? C'est dangereux ! s'écria Greenwood en gesticulant d'un air désespéré. Arrêtez-le messieurs !

Saisi par le bras, l'Italien n'eut pas la force de lutter et se laissa emporter par deux agents. Assis contre un mur de la gare, il soupira et accepta un verre d'eau tendu par un passant, sans doute un des artistes. Il se mit à masser son bas-ventre en grognant. Sa cicatrice encore récente le tiraillait et il espérait ne pas avoir de séquelles supplémentaires avec cette nouvelle affaire.


La tête contre le mur, l'Italien posa son verre au sol et entreprit de vérifier si sa blessure s'était rouverte. Il défit son veston, dégagea sa chemise de son pantalon et en déboutonna le bas pour avoir accès à son bas ventre. La cicatrice laissée par la balle qu'il avait reçue n'était pas belle à voir, mais elle semblait saine et rien ne présageait sa réouverture.
Soulagé, Armando entreprit de se rhabiller correctement, ce qui n'était pas évident en restant assis. Aussi finit-il par se relever. Se faisant, il bouscula son verre et se pencha pour le ramasser. Du coin de l'oeil, il vit au loin un cheval qui s'éloignait sur les voies. Décidément, il fallait toujours qu'il se mette dans des histoires pas possibles...

CODAGE PAR AMIANTE

Crédit images
Sur Pinterest.


Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Sign_a10
Traduction du latin:
Revenir en haut Aller en bas
Asher Rosebury
Citoyen de l'Ombre
Asher Rosebury
Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 15/11/2013
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Pianiste/Enquêteur sur des meurtres qu'il a commis lui même inconsciemment...
Age : 28 ans
Age (apparence) : 25 ans
Proie(s) : lui même
Crédit Avatar : az-pt sur DeviantArt
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeMer 12 Juin - 15:34

Asher & Armando
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Trai10
Une promenade qui déraille et c'est le cirque



Le printemps laissait doucement sa place à la chaleur estivale, même si chaleur était un bien grand mot pour un londonien. Les jeunes gens, friands de ce climat favorable aux balades et soirées qui s’éternisent, flânaient dans les parcs. Asher en faisait, par ailleurs, partie. Le pianiste venait de quitter une connaissance qu’il n’avait pas revu depuis le silence mortel de Swan. Son âme s’était ternie et son cœur en berne n’acceptait qu’une faible joie de vivre. Sa douleur avait marqué ses traits déjà abîmés par la fatigue et l’incompréhension. Les mois s’écoulaient sans réponse. Pourquoi lui ? Pourquoi toutes ces horreurs autour de lui ? Tous ces meurtres à répétition étaient-ils vraiment réels ou bien n’étaient-ce au final que de terribles cauchemars récurrents ? Toujours était-il que sa vie entière avançait à pas de fourmis. Pire encore, il stagnait et refusait de vivre dans un tel environnement. Il s’empêchait de profiter d’un quelconque instant d’insouciance tandis que son quotidien était taché de sang. La veille encore il avait lourdement repensé à cette jeune femme qu’il avait accueilli dans son lit, qu’il avait aimé le temps d’une soirée et qui avait tragiquement disparu le lendemain.

Une main sur son visage, comme pour chasser les rayons de soleil qui osaient égayer sa journée, le jeune homme se remit en marche. Il suivit inconsciemment la foule qui se précipitait vers la gare. Ce torrent humain l’emportait, lui et sa volonté et lui donnait au final cette force nécessaire pour avancer. Une demoiselle se retourna sur son passage. Il la gratifia d’un timide sourire et releva son chapeau d’un geste galant. Cette dernière se mit terriblement à rougir et esquissa un hochement de tête tout en rattrapant ce qui semblait être sa famille. Asher, lui, avait détourné les yeux, le regard vide mais le cœur en alerte. Son meurtrier avait-il perçu cet échange pourtant rapide et discret ? Risquait-elle sa vie pour l’avoir regardé et lui pour l’avoir considérée ? Le cœur battant à tout rompre, le bourgeois balaya la foule du regard, à la recherche du moindre suspect. Un vieil homme se mit à la recherche de sa bourse, un mendiant lui tendait la main. Une dame, accompagnée de son époux semblait absorbée par une conversation tout à fait passionnante. Un enfant tenait la main de son père et sautillait sur place. Un homme croisa son regard puis se détourna. Asher accéléra son pas. Un autre homme, un… Pris de vertige, Asher tituba. La paranoïa le gagnait.

Soudain, une clameur attira son attention. Ses pensées furent soudainement bousculées par cette nouvelle information. Quelque chose se passait à la gare, un événement peu anodin qui concentrait massivement la foule. Oubliant pendant ces quelques instants ses tourments, Asher s’y précipita. Il pressa le pas juste à temps pour apercevoir le train arriver à quai. L’éclat de sa carrosserie de métal scintillait et reflétait les dorures de l’édifice. Son arrivée suivie de son sempiternel sifflement et de sa fumée étouffante engaillardit son cœur. Il se tourna alors vers le premier homme à sa droite et demanda :


- Excusez-moi… Qu’attendons-nous au juste ?

Cette fois-ci l’alerte de l’agent ferroviaire résonna dans l’immense hall et ses cris couvrirent la réponse du gentleman « Reculez ! Reculez ! Allons, éloignez-vous des rails ! ». Sentant son désarroi il se pencha à l’oreille du pianiste :

- N’avez-vous pas vu les affiches et lu les journaux ? Ils en parlent de partout. Une troupe de cirque, des acrobates et des dompteurs de bêtes sont dans ces wagons. On raconte qu’ils sont parmi les meilleurs.

Hochant la tête le jeune homme répondit avec un sourire :

- Je vous remercie pour votre réponse.

La locomotive rugit jusqu’à s’arrêter dans un nuage de vapeur enveloppant avec elle les premières personnes présentes. Alors qu’il s’apprêtait à se mettre sur la pointe, la foule le bouscula et il fut projeté vers l’avant forcé de suivre le mouvement. Une myriade de couleurs se mit alors à danser devant son regard gris. Ses yeux détaillaient avec envie tous ces beaux accoutrements, cette chaleur qui émanait de ces êtres, ces teintes exquises qui soulignaient la carnation de ces dames et exhaussaient la prestance de ces messieurs. Le troisième wagon s’ouvrit et avec lui déferla la horde d’artistes tous plus loufoques et enivrants les uns que les autres.

Sans réellement le vouloir, Asher se retrouva en quelques secondes à peine avec un prospectus dans les mains. Il posa ses yeux sur l’affichette et rougit. Allons, il n’irait sûrement pas à une telle représentation. La foule y était étouffant et bien trop gaie pour un homme comme lui. Avec un petit pincement au cœur il froissa le papier et s’apprêta à le donner à l’enfant près de lui lorsqu’il vit enfin les bêtes qui descendaient de la rame. Son cœur s’emballa, ces chevaux étaient sublimes, tout en pureté et élégance. Leurs mouvements faisaient virevolter leurs crins pourtant bien tressés et tinter leurs clochettes. Leurs yeux étaient effrayés laissant entrevoir un espace blanc. La foule était bien trop dense pour de tels animaux d’autant plus qu’ils descendaient d’une terrible machine à vapeur aux grincements et sifflements des plus stridents. Impatients, les chevaux piaffaient et piétinaient les dalles de leurs sabots. Asher se surprit alors à sourire. Il était loin le temps où il avait encore des activités insouciantes et montait ces braves bêtes.

Un mouvement attira alors son regard. Une silhouette familière se jeta sur une autre. La foule se bouscula, exclama un « Ooooh » coordonné et s’écarta tout autour des deux hommes. Quelques passants prirent la fuite dans un magnifique réflexe de survie tandis que d’autres observaient la scène, tétanisés. L’un des deux hommes laissa tomber son couteau. Deux agents vinrent à la rescousse du « sauveur du quai » mais ils n’eurent pas le temps de prêter main forte que la scène fut soufflée. L’explosion avait fait exploser la porte du wagon et brisé les fenêtres de ce dernier. Asher qui se trouvait non loin se recroquevilla attrapant au passage l’enfant qui se tenait à ses côtés. Une main sur sa tête pour se protéger des débris assassins, l’autre maintenait le petit sous lui. Le vacarme avait assourdi tous ceux qui se trouvaient à proximité. Alors Asher n’entendit pas de suite les hurlements, ni les voix paniquées qui se frayaient un passage et relevaient ceux tombés à terre. Il ne perçut pas non plus les quelques mots qui lui étaient adressés tandis que le père affolé récupérait son fils déboussolé et paniqué. Apparemment il pleurait. Ça non plus il ne l’entendit pas. Un douloureux sifflement assourdissant lui faisait perdre l’équilibre. Il ne s’entendit ni tousser, ni gémir en se prenant la tête. L’homme se rapprocha de lui et l’aida à se remettre sur pied. Il l’attrapa par l’épaule et le secoua gentiment, c’est alors que quelques bribes lui vinrent :


- Ors… llez… ien.. ? Ri.. de .. ave .. ? Fai… voir… Vous m’entendez ?

La tête dans un bocal, le pianiste, crispé, releva le visage et réussit à lui sourire. Les sons lui revenaient et leur incessant ballet cacophonique avec eux. Il perçut les pleurs de l’enfant sur lequel il posa une main afin de l’apaiser. Tentative ratée. La peur lui nouait l’estomac et ses sanglots secouaient ses épaules. Après quelques instants il remarqua quelques coupures sur sa main, zut ! En tant que pianiste il devait absolument éviter ces blessures ! Il ne vit pas l’estafilade qui se dessinait sur sa joue mais sentait le picotement qui lui était lié. Il réussit à articuler :

- Je vais bien merci. Oui tout va bien... Enfin... Mmh... vous aussi ?

Les quelques mots échangés par la suite furent une simple courtoisie. Son interlocuteur semblait aller particulièrement bien si ce n’était sa mise dérangée et le tremblement de ses mains inconscient. Ses yeux se posèrent alors sur le corps inanimé de l’agresseur puis l’homme qui l’avait appréhendé. Il n’arrivait pas à mettre un nom sur son visage pourtant il était persuadé de l’avoir déjà vu quelque part. Son regard suivit une nouvelle silhouette au loin qui détalait. Son costume gris s’échappa derrière l’une des nombreuses arcades de la gare. Le hennissement des bêtes effrayées emplissait le hall. Quelques hommes s’évertuèrent à les retenir. C’était peine perdue, les muscles tendus, les chevaux se cabraient, ruaient, tournaient la tête dans un geste désespéré, soufflaient des naseaux et secouaient la tête dans un rythme saccadé. Quelques-uns se détachèrent et rompirent leurs rênes. Un autre fit s’étaler de tout son long celui qui le maintenaient. Alors qu’Asher s’éloigner, l’un d’eux arriva alors sur lui alternant trot et galop, slalomant entre les passants déboussolés et percutant de temps à autre le malheureux qui se trouvait trop près. Sa robe blanche luisait de sueur et ses naseaux écumaient. Les décorations de ses rênes scintillaient et les pompons accrochés à ses dernières virevoltaient ajoutant un peu plus à sa frayeur. S’époussetant, l’ancien soldat se redressa et étendit les bras tout en s’avançant vers l’équidé. Il fit quelques gestes pour signaler sa présence et attirer son attention. L’animal cabra, souffla, hennit, sa queue battant l’air et ses sabots piétinant le sol froid de la gare.

-Chhh… là… Chhh…

Le cheval hennit à nouveau, fit quelques pas en arrière. Sa peau frémit au contact des doigts fins et chauds du pianiste sur son encolure. Ce contact l’apaisa si bien que le jeune homme parvint à attraper son filet puis les lanières de cuir colorées qui pendaient. Il le caressa quelques instants, la paume souple épousant doucement les contours de l’animal, le contour de ses yeux rosés, de ses naseaux puis son encolure.

- Tout va bien… Ch …

Lorsque le cheval fut calmé, Asher l’emmena à l’écart de la foule qui s’agitait encore dans tous les sens et de ses compères terrorisés. Il remarqua alors l’inspecteur assis par terre boutonnant sa chemise. Curieux et soucieux de ses potentielles blessures, cet homme avait été en première ligne, l’explosion avait du bien le secouer, il s’avança vers lui et alors qu’il arrivait à sa hauteur il sentit le bas de son pantalon se mouiller. Il rit alors nerveusement. Le mystérieux inconnu venait de renverser son verre sur ses chaussures et l’humidité lui collait désormais aux chevilles. Le cheval qui le suivait renâcla un instant, effrayé par ce geste brusque et l’eau qui n’avait pas manqué d’éclabousser ses sabots. Il hennit à l’attention de l’équidé qui fuyait sur les voies et secoua l’encolure à plusieurs reprises sans parvenir pour autant à se défaire, la main du pianiste était ferme et résolue. Pas maintenant…
Croisant son regard, Asher sourit à l’inspecteur puis lui tendit une main :


- Je dois bien avouer que vous avez impressionné tout le monde ici présent… Est-ce que vous allez bien ?

Il se pencha un instant et ramassa le verre à sa place qu’il posa non loin d’eux. Soudain il se rappella. Mais bien sûr ! Il l’avait déjà rencontré dans un salon avec une charmante demoiselle dont il ne se rappelait plus le nom par ailleurs… Mais lui, inspecteur de police… Il avait bronché puis bousculé un gentleman et c’était Asher qui avait fini par s’excuser. Il eut un petit rire nerveux et arrangea sa mise pour ne pas paraître trop désordonné :

- En voilà une sacrée coïncidence… je ne sais pas si vous vous rappelez de moi mais nous nous sommes déjà croisés dans un salon pour lequel je suis pianiste. Vous me semblez souffrant, je peux vous aider d’une quelconque manière ? Ou bien…

Son regard se perdit au loin, perdant de vue les crins virevoltant du canasson qui s’était enfuit. De toute évidence, ces bêtes coûtaient certainement une fortune et en perdre un serait un terrible gouffre financier pour son propriétaire et puis… Un cheval en cavale pouvait être des plus dangereux. Soudainement excité à cette idée il se tourna vers son compagnon :

- Nous avons un cheval, nous sommes deux, je pense que nous pouvons le rattraper, vous êtes de la partie ?

D’un geste de la main il attrapa les crins de la jument, entrelaçant les fibres entre ses doigts et d’une impulsion il se retrouva sur son dos dépourvu d’artifice. Ses cuisses se renfermèrent contre ses flans, raffermissant sa prise pour l’avoir sous son contrôle tandis que la bête se mettait à piaffer d’impatience. Il glissa les rênes dans une main et tendit l’autre main :

- Montez, vous pouvez poser le pied par-là.

D’un mouvement de la tête il lui indiqua un banc en marbre sur lequel il pouvait se hisser et monter avec plus de facilité si besoin. L’animal renâcla à nouveau, d’un geste protecteur il leva sa main vers sa tête afin de maintenir son chapeau. Il ne rencontra que ses cheveux. Il en avait même perdu son couvre-chef et ça, CA, c’était un désastre.




Revenir en haut Aller en bas
Armando della Serata
Membre de l'Ombre
Armando della Serata
Nombre de messages : 70
Date d'inscription : 16/08/2012
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Agent du Scotland Yard - service spécial
Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeSam 22 Juin - 18:02

Une promenade qui déraille
et c'est le cirque !

Alors qu'il posait un regard las sur son verre renversé, Armando réalisa soudain qu'il avait trempé le bas du pantalon d'un homme et énervé le cheval que ce dernier tenait par la bride. Il n'eut pas le temps d'esquisser une excuse avant que l'individu ne lui tende une main amicale. L'agent marqua une courte pause, légèrement surpris de ne pas se faire insulter, puis la lui serra volontiers. L'homme lui dit qu'il avait attiré les regards avec ses exploits sur le quais. Armando rit un peu amèrement :

- Ah ! Heu...oui, mais ce n'était pas mon but...ah ah...

L'homme lui demanda dans la foulée s'il se portait bien. Il semblait inquiet à cause de l'explosion. Sans doute son attitude de blessé lui avait-elle attiré sa compassion.

- Oui, oui, je vais bien, merci. Plus de peur que de mal. J'ai juste été un peu sonné...Et vous, rien de cassé ? Vous étiez suffisamment loin du wagon ? Il ajouta rapidement : Navrée pour l'eau...Je suis maladroit !

L'aimable gentleman à la mise soignée ramassa son verre à sa place et le posa plus loin. Armando en fut gêné mais le remercia d'un hochement de tête. Alors que son regard croisait le sien, il se souvint soudain : c'était le fameux pianiste du Spirit ! A peine l'eut-il reconnu que ce dernier prit les devants pour lui remémorer leur rencontre qui datait de bientôt deux mois.

- Oh ! Je me souviens de vous ! Le pianiste...ça pour une coïncidence, comme vous dites ! fit l'agent du Yard avec enthousiasme.

Malheureusement, Armando se souvenait aussi de l'avoir bousculé avant de quitter précipitamment le salon avec Dean. Il marchait encore avec une canne ce soir-là et s'était empiergé comme un imbécile. Son humeur était alors particulièrement maussade et il n'avait pas été des plus polis, même s'il s'était excusé sur le moment.

- Bien joué pour le cheval, dit-il alors en caressant doucement le museau de l'animal, histoire d'être aimable à son tour.

L'étalon était nerveux. Encore sous le choc de l'explosion, l'agitation qui en avait découlée et qui continuait d'animer les quais lui déplaisait fortement. Cependant, il piaffait déjà moins que quelques instants auparavant : le pianiste l'avait un peu calmé à force de gestes doux et de murmures.


Armando s'apprêtait à prendre les rênes des mains du pianiste, afin de le soulager de cette charge, lorsque ce dernier lui proposa de rattraper l'autre monture en utilisant celle-là à deux. Sur le moment, l'inspecteur crut que c'était une plaisanterie et pouffa d'un rire sincère. Mais le regard pétillant d'excitation que l'homme venait d'afficher lui fit bien vite comprendre qu'il était on ne peut plus sérieux.

- Heu...Je ne suis pas sûr que...hésita l'Italien, quelque peu déconcerté.

L'agent savait qu'il fallait effectivement rattraper l'animal en cavale mais il y avait plus urgent à ses yeux : inspecter le wagon qui avait explosé, du moins ce qui en restait, et trouver l'origine de la bombe. L'homme au couteau avait sûrement un complice et ce dernier pouvait encore traîner dans le coin. Il fallait mettre les civils en sécurité, soigner les blessés...
Le pianiste n'avait absolument rien à faire dans ces histoires. Il devait se mettre à l'abri et laisser la police faire son travail. Ce qu'il lui proposait là était très imprudent ! En plus, ce cheval avait beau être dressé pour le cirque, comment pouvaient-ils être certains qu'il leur obéirait et qu'ils ne risqueraient pas de le blesser ? C'était tout de même une bête de luxe !

- Je ne suis pas sûr que ce soit raisonnable...Vous devriez...

- Della Serrata ! tonna une voix au loin.

L'Italien tendit le cou et vit Greewood arriver dans leur direction. Il se crispa : pour rien au monde il ne voulait discuter à nouveau avec cet empêcheur de tourner en rond !
Pendant ce temps, le pianiste monta sur l'étalon d'exception et, après s'être assuré une certaine stabilité sur sa croupe musclée, il lui tendit une main pour l'aider à monter derrière lui.
Armando regarda tour à tour le pianiste et Greewood qui se rapprochait à grands pas. Son collègue allait sans doute lui ordonner de faire descendre l'homme du cheval et surtout de rentrer chez lui et de cesser de se mêler de "ce qui ne le regardait pas".

- Allons-y, vous avez raison ! dit soudainement l'Italien en faisant mine de ne pas avoir vu Greenwood. Il faut rattraper cette bête avant qu'elle ne se perde ou fasse des dégâts !

Armando attrapa la main de son complice et enfourcha ainsi à son tour l'étalon blanc. Malgré son engourdissement, l'agent fit un mouvement plutôt habile et s'agrippa aux crins de l'animal ainsi qu'à une des épaules de son cavalier pour trouver sa place derrière lui. Monter à cru n'était pas évident, d'autant que c'était une bête de haute stature, mais l'agent n'en n'était pas à sa première fois et le pianiste fut d'une aide appréciable.


Le cheval fut lancé d'abord au trot puis rapidement au petit galop. Armando bascula en arrière et dû s'agripper à la taille du cavalier, ce qui le fit rougir de gêne. Jamais il n'avait tenu ainsi un homme, à part quelques criminels qu'il avait plaqués au sol. Cette situation ne l'enchantait guère mais il n'avait plus le choix maintenant...
Les deux hommes passèrent devant les agents du Yard sans se soucier de leurs diverses interpellations et poussèrent l'animal à bondir sur les rails à la poursuite de son compagnon d'infortune. L'autre étalon était déjà bien loin et sous leurs yeux ne défilaient pour le moment que les rails et les bas côtés pierreux. Armando en profita pour se présenter un peu mieux :

- Armando Della Serata, agent du Yard en...en mission. Fit-il en évitant finalement de dévoiler qu'il était en réalité mis à pied. Et vous ? Comment dois-je vous appeler ?

Ils n'avaient pas eu l'occasion de se présenter réellement au salon et, si l'Italien savait que son complice était pianiste, c'était bien là tout ce qu'il savait de lui. Il apprit ainsi qu'il s'appelait Asher Rosebury.

- Hé bien, j'espère que vous savez ce que vous faites Monsieur Rosebury et que vos talents de cavaliers nous mèneront bon train sans que l'on ne déraille, sans mauvais jeu de mots...

Au fond de lui, Armando espérait qu'aucun autre train n'était prévu à cette heure-ci et que, le cas échéant, le Yard avait déjà envoyé des messagers pour prévenir que la gare d'Euston était condamnée. Ils auraient l'air fins de se trouver nez à nez avec une locomotive...

Il leur fallut une bonne dizaine de minutes pour apercevoir le cheval en fuite. L'animal à la robe étincelante s'était arrêté pour brouter les feuilles d'un buddleia dont les papillons tentaient encore de butiner les fleurs en grappes. Cette vision plut à l'Italien qui, l'espace de quelques secondes, se prit à penser que la brave bête était mieux là que dans un wagon ou sous un chapiteau.

- Attention, il repart ! Cria-t-il brusquement.

En effet, en les voyant arriver, l'équidé avait redressé l'encolure et s'était à nouveau enfui en émettant un hennissement strident. Apparemment, il savourait sa liberté et n'était pas prêt de revenir vers l'homme d'un simple sifflement.

- Nous aurions sans doute dû laisser les membres du cirque s'occuper des bêtes. Je doute que nous soyons qualifiés pour une telle mission ! grinça Armando qui sentait malgré lui son postérieur souffrir de cette folle chevauchée. Attendez, ralentissez...Peut-être qu'il ralentira lui aussi et finira par accepter qu'on l'approche ? Lui courir après risque de l'effrayer davantage et de le garder hors de notre portée...

Les deux hommes prirent ainsi lentement leurs distances et ralentirent l'allure. Peu à peu, le cheval qui était devant eux fit de même et bientôt tout ce petit monde fut au pas. Il y avait environ 200m entre eux.

- Soyons patients...suggéra l'inspecteur.


Dans un virage, Asher et Armando perdirent de vue l'étalon qu'ils poursuivaient. Ils poussèrent leur monture à adopter un petit trot histoire de le rattraper. Mais, lorsqu'ils passèrent le virage, ce fut pour assister à une scène inattendue : deux hommes, qui venaient de toute évidence de descendre d'un fiacre stationné un peu plus loin, tenaient l'animal en leur pouvoir. L'un d'eux avait réussi à attraper sa bride à pompons  tandis que l'autre s'en approchait pour l'attraper par la crinière.

- Vas-y Hans ! beugla celui qui tenait la bride.

Le second prêta main forte au premier et, ensemble, ils calmèrent le cheval et le tirèrent vers eux pour l'emmener.

- Hola ! Messieurs ! Où emmenez-vous cet animal !? gronda l'Italien en leur faisant signe de s'arrêter.

Les deux hommes sursautèrent. Ils ne s'étaient pas attendu à voir arriver deux hommes sur un second étalon, surtout depuis la voie de chemin de fer. Le premier fit signe à l'autre de s'occuper des deux gêneurs et, pendant que ce dernier venait à leur rencontre, il continua de tirer la bête en direction du fiacre dans lequel un troisième complice les attendait.

- Hé bien !? Qu'est-ce que vous voulez ? fit le dénommé Hans en arrivant à leur hauteur.

- Police. Ces chevaux appartiennent au cirque, nous venons les récupérer. Répondit fermement Armando.

- Ah ! Hé ben on est du cirque nous ! D'ailleurs vous allez me filer celui que vous montez là...enfin me le rendre. Répliqua l'autre en jetant un coup d'oeil à leur cheval.

Rien, ni son ton, ni son attitude n'étaient crédibles. Pourtant, le gaillard souriait comme s'il était content de son petit jeu d'acteur. Sans doute était-il convaincu que ce serait suffisant pour récupérer la seconde bête. Armando perdit patience : il se redressa, se pencha et descendit du cheval.

- Dites, ça suffit maintenant ! dit-il une fois pied à terre. Vous allez obtempérer sans faire d'histoire. Il sortit son insigne du Yard qui mentionnait "Agent spécial". Elle était sans nom mais le symbole et la signature officielle ne faisaient aucun doute quant à sa valeur. Je vous arrête pour attentat, assassinat, tentative d'assassinat, vol en bande organisée, destruction de bien public, maltraitance animal et mensonge face à un représentant de la loi...


Il y eut un coup de feu foudroyant qui claqua dans l'air aussi soudainement qu'un éclair qui déchire un ciel d'été. Armando poussa un cri. Le conducteur du fiacre était descendu de son véhicule et, pendant que l'autre attachait le premier cheval à l'un de ses marchepieds, il était sorti pour faire feu. La balle venait de frôler le bras droit de l'agent. Par réflexe, celui-ci s'était baissé, ce qui permit au malfaiteur à sa hauteur de lui assener un grand coup de genou dans l'estomac avant de le pousser en arrière. Armando trébucha contre un rail et se retrouva à terre.
Profitant de l'occasion, l'homme attrapa les rênes du cheval que montait encore Asher et tira dessus avec brutalité.

- Descends si tu veux pas crever ! ordonna-t-il au pianiste.

Au sommet du talus, le conducteur mettait déjà en joue Asher.


Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Sign_a10
Traduction du latin:


Dernière édition par Armando della Serata le Sam 17 Aoû - 18:13, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asher Rosebury
Citoyen de l'Ombre
Asher Rosebury
Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 15/11/2013
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Pianiste/Enquêteur sur des meurtres qu'il a commis lui même inconsciemment...
Age : 28 ans
Age (apparence) : 25 ans
Proie(s) : lui même
Crédit Avatar : az-pt sur DeviantArt
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeDim 11 Aoû - 18:06

Asher & Armando
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Trai10
Une promenade qui déraille et c'est le cirque



L’eau imbibait déjà le bas de son pantalon. Asher affichait un sourire crispé, cela ne le dérangeait pas outre mesure mais la sensation du tissu se refermant sur ses jambes était un quelque peu désagréable. Il éclata cependant d’un rire franc et tout en maintenant le cheval d’une main il lui tendit la seconde afin de le saluer. Son regard avait retrouvé son éclat en parlant à cet inconnu dont le visage lui était familier. A ses côtés, l’animal renâcla, tira sur sa bride puis mâchouilla avec nervosité le mors qui lui monopolisait la mâchoire. Un tintement métallique accompagnait sa mastication et une mousse blanchâtre envahissait désormais les commissures de ses « lèvres ». Asher resserra sa prise lorsqu’il tira à nouveau et répondit :

- Fort heureusement je n’étais pas au premier rang mais je dois bien dire que l’explosion nous a bien soufflé. Mes oreilles bourdonnent encore mais je crois que tout va bien. A ces mots, l’estafilade qui barrait sa joue relâcha une petite goutte de sang qu’il sentit et essuya du revers de la main. Enfin rien de bien grave, ce n’est que superficiel. Vous pensez que c’était visé .. ? Oh n’ayez crainte pour l’eau, cela sèchera bien vite.

Analysant les traits de son visage il fut assez surpris de le reconnaître. Il l’avait déjà rencontré, malheureusement en mauvaise posture et leur court échange n’avait rien eu de bien sympathique mais le jeune homme n’en gardait pas un mauvais souvenir. Il jouait encore à ce moment-là et la perspective de retoucher à un piano lui serrait le cœur. Avec tout ce qu’il vivait il n’y voyait presque plus d’intérêt.

- Je ne m’attendais pas à vous recroiser un jour mais le monde est petit à ce qu’on dit. Tout sourire il le laissa caresser l’animal. Merci, il est terrifié… Ce n’est pas un endroit pour de telles bêtes. Entre le monde, le bruit, l’explosion… Je suis plutôt partisan de rendre à la nature ce qui lui appartient…

D’une main, il flatta son encolure. L’étalon transpirait et sa sueur rendait la paume du pianiste assez poisseuse. Il s’essuya sur sa mise, foutue pour foutue puis une fabuleuse idée lui traversa l’esprit. Il lui proposa alors une petite aventure rocambolesque et rit avec lui. L’homme avait raison, il était stupide, pour qui se prenait-il ? Asher était un excellent cavalier mais il n’était pas un grand sauveur… Un peu gêné par cette proposition extravagante il rougit et détourna un instant le regard mais son cœur battait la chamade et lui hurlait de laisser libre court à ses envies. Soudain il attrapa le bras de l’homme en face de lui et lui sourit :

- Vous savez, il ne faut rien regretter dans la vie et je sens que je m’en mordrais les doigts si je n’y vais et …

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un autre vociféra à l’intention de son compagnon :

- Della Serata !

Voyant l’inconfort du jeune homme à ses côtés il se pencha à son oreille :

- Ou alors vous préférez peut-être qu'on vous remonte les bretelles ahah.

Le laissant libre de tout choix, le pianiste se hissa sur sa monture avec une aisance particulière et lui tendit la main. Il n’était pas sûr qu’il la prendrait mais il était certain d’une chose, il talonnerait le cheval avant que l’agent arrive quitte à recevoir plus tard une convocation au poste de police. Les mots de l’inconnu le firent sourire et d’une main de fer il attrapa la siene, banda ses muscles et l’attira à lui afin qu’il se glisse dans son dos.

- Très bonne décision l’ami ! J’espère que vous avez une bonne assiette, parce que ça va secouer !

Sans plus attendre, le pianiste talonna le cheval afin qu’il se lance au trot. Lorsqu’il eut allongé suffisamment ses foulées, ses jambes ressèrent leur étaut autour du corps de l’étalon afin qu’il change d’allure. Le bassin d’Asher épousait les mouvements de l’animal. Il se tenait légèrement penché vers l’avant pour transférer son poids et lui permettre de s’élancer avec plus de souplesse. Il sentait derrière lui le corps de Della Serata qui ne pouvait empêcher cette étrange proximité entre eux. A cette pensée, les joues d’Asher s’enflammèrent. Fort heureusement, il ne s’agissait que de deux gentilshommes en quête d’aventure. Son bassin percuta plusieurs fois le sien et il ne tourna la tête que pour s’assurer que l’autre était bien installé derrière lui. Les sabots ferrés sur les pavés pétillaient d’étincelles et une odeur de cramé envahissait leurs narines. Un coup de talons supplémentaire encouragea l’étalon à s’élancer sur les rails et déjà ils perdaient de vue les derniers agents du Yard qui les coursaient. Riant aux éclats, Asher se risqua à lâcher les rênes et les crins de l’animal et étendit ses bras vers l’arrière. Il poussa un cri de bonheur avant qu’un coup de cul de sa monture ne e ramène à la réalité et qu’il récupère les lanières de cuir entre ses doigts. La voix du jeune homme lui parvint et il tourna un peu le visage pour l’avoir dans son champ de vision :

- Enchanté Armando ! Je peux vous appeler comme ça ? ou bien vous préférez Monsieur Della Serata ? Agent du Yard ! Cela explique votre implication dans cette arrestation ! Il lui adressa un clin d’œil. Asher Rosebury mais appelez-moi Asher. Ancien militaire et pianiste à mes heures perdues ahah…

Riant franchement , sa main effleura la sienne tandis qu’il ouvrait quelques boutons de sa chemise pour être plus à l’aise :

- Et bien, je n’ai pas fait ça toute ma vie, je comptais plutôt sur vous pour me donner la marche à suivre, répondit-il d’un air taquin. J’ai plutôt l’habitude de monter ne vous en faites pas. J’espère que l’allure ne vous est pas trop douloureuse. Enfin, vous voyez ce que je veux dire…

Il évoquait là les coups de bassin de l’agent contre son corps et au passage le claquement des fesses sur le dos du cheval. Au bout de quelques minutes, les deux hommes aperçurent enfin l’animal en fuite. Doucement, le pianiste réduisit l’allure de sa monture pour ne pas l’effrayer et dévia du chemin de fer pour faire trotter le cheval sur un mélange d’herbes et de graviers. Surpris par la voix de son ami, Asher talonna à nouveau le cheval qui s’élança à la poursuite de son compère et qui, ennivré par cette folle chevauchée accélérait la cadence. Hochant la tête, le pianiste écouta les conseils de l’inspecteur et tira doucement sur les rênes pour inciter leur monture à ralentir. Ce dernier secouait l’encolure apparemment agacé de devoir se réfréner.

- Et attendre de perdre sa trace ou qu’un train le percute ? Ces vagabonds sont peut-être des spécialistes mais pas des magiciens, nous avons toutes nos chances en étant à deux. Si j’arrive à l’approcher suffisamment vous pourrez peut-être monter dessus.

Réduisant finalement l’allure au pas, le pianiste rejeta la tête en arrière et sourit à son nouvel ami :

- Vous avez soif ?

Il tira hors de sa veste une flasque en métal ceinturée de cuir et la lui tendit :

- Il n’y a pas meilleur whisky que celui-ci, tentez, vous verrez.

Perdant de vue l’animal, ils reprirent de l’allure et ce qu’ils virent au loin les étonna tous les deux. Deux hommes avaient réussi à récupérer le cheval, le monopolisant d’une main ferme, un peu trop par ailleurs. L’animal s’était mis à renâcler, tirer sur sa brise, les yeux tournés vers l’arrière laissant entrevoir ce blanc si significatif de sa peur.

- Et mince.

Un coup de jambes assez ferme incita leur monture à accélérer le trot et ils se retrouvèrent à la hauteur du premier badaud. L’interpellation d’Armando grisa profondément Asher qui se sentait enfin partie intégrante d’une histoire excitante. Peut-être devrait-il mettre à profit ses talents de cavaliers et de soldats afin d’intégrer à son tour le Yard… Cette pensée lui étira un sourire qui s’assombrit presque instantanément. Il serait sûrement son propre premier suspect et arrêté dans la foulée pour le meurtre de jeunes femmes innocentes. Le cœur en berne, il baissa les yeux mais il n’eut pas le temps de s’apitoyer sur son sort que le ton montait déjà entre les deux hommes. Il arqua alors un sourcil, lui ? Du cirque ? à d’autre ! La situation dégénéra. Aussitôt l’agent du Yard perdit patience et descendit de la monture. Asher se doutait que c’était une fort mauvaise idée et qu’à pied il était désormais vulnérable, moins impressionnant et surtout il ne pourrait pas se sauver aussi rapidement qu’à cheval ! Alors qu’il déblatérait sa diatripe Asher souffla dans le fond :

- Tout ça … !

Mais alors qu’il capta l’animosité de son interlocuteur et qu’il alla pour ouvrir la bouche, un coup de feu retentit. Le cheval sur lequel il se tenait paniqua. Il recula de plusieurs pas, se cambra deux fois et secoua la tête nerveusement tout en hénissant. Asher s’était agrippé à ses crins et fusilla du regard le tireur. Quel tireur d’élite ! Ce froussard se tenait assez éloigné du trio et les tenait en joue. Son regard se porta ensuite sur Armando qui par chance et grâce à ses réflexe avait évité la balle de justesse. La sueur commençait à couler le long des tempes du pianiste.

-Pour qui est-ce que vous vous…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Armando était à terre, l’homme venait de lui enfoncer son genou dans l’estomac et le regardait se tordre de douleur.
D’un geste sec, ce dernier attrapa violemment les rênes du cheval et tira avec suffisamment de force pour déstabiliser le pianiste. Emporté par l’élan, Asher manqua de tomber de l’animal. Il fusilla le premier larron du regard puis aperçut au loin celui qui le tenait en joue. De toute évidence il était foutu. Dans un signe de résilience, Asher leva les mains en l’air et grogna :


- Ça va, ça va, je descends. Pousse-toi si tu ne veux pas que je t’écrase le pied en sautant.

Résigné, le jeune homme glissa sa jambe au-dessus de l’encolure du cheval et glissa contre son ventre. Il posa le pied à terre non sans bousculer l’homme à ses côtés. Il baissa la tête et leva presque instantanément les mains :

- Pardon, pardon. Je vous avais bien dit de faire atten…

Faisant mine de ne pas pouvoir l’éviter, le poing du brigand s’écrasa sur sa pommette. Asher chancela et s’écrasa au sol. Une douleur lancinante paralysa son visage quelques isntants et il se mit à grogner de douleur. Son beau visage ! Furieux, il ne regardait pas celui qui frappait, uniquement celui qui les tenait en joue. Il pesta en crachant du sang et se laissa faire non sans bouillir de rage. Ses yeux lançaient des éclairs et il continua :

- Tu salis ma mise. Ne me touche pas avec tes mains grasses, ah, aïe…

Alors qu’il parlait le pianiste avait été maintenu au sol tandis qu’on lui ligotait les mains dans le dos au même titre que son compagnon toujours paralysé par la douleur. Il observa l’état d’Armando, l’homme était déjà blessé et peinait déjà à s’en remettre mais il ne pouvait pas risquer qu’une balle touche l’un ou l’autre. Pour le moment, l’ancien soldat devait jouer profil bas et surtout… faire croire à leurs agresseurs qu’il n’était qu’une grande gueule arrogante sans expérience du corps à corps. La tête dans la terre le temps que la corde soit bien serrée, il fut redressé et emmené près du fiacre. Le premier truand planta alors un piquet dans le sol et les attacha tous les deux au même endroit.

- Ca vous fera votre petit tête à tête ahah !

Asher vit rouge mais ne dit rien. Comment ça tête à tête ? il n’était pas homme à fréquenter d’autres hommes, d’autant plus qu’il imaginait mal comment cela pourrait se passer entre eux.

Le soleil était cuisant. Asher se sentait cuire sous sa chaleur et ses rayons agressaient sauvagement sa peau blanche.  Le souffle court Asher tourna la tête vers son compagnon et mima discrètement :


- Vous êtes italien non ?

Puis il tourna la tête pour observer les badauds qui s’occupaient des chevaux et murmura en un bon italien pour qu’on ne les comprenne pas :

- Ma corde est trop serrée mais la vôtre est plus lâche. Faites bouger vos poignets et essayez de glisser vos pouces de l’autre côté. Il faut les déboiter. Oh, je sens déjà votre regard de là. Ne comptez pas sur moi pour le faire à votre place, je suis pianiste, si j’abime mes doigts je peux dire adieu à ma carrière.

Il fit une pause et continua :

- En descendant je lui ai volé son couteau. Il a glissé dans ma chaussure. Récupérez-le et coupez mes liens. Et quand ils approcheront nous agirons. Je me charge des deux, prenez celui avec le pistolet.

Un instant il réfléchit et continua avec un sourire aux lèvres :

- Je vais me faire passer pour un homosexuel, vous n’aurez qu’à crier votre dégoût pour les attirer quand vous m’aurez détaché…

Amusé du bout des doigts il caressa la main de l’agent du Yard et croisa son regard. Doucement il glissa son index sous sa corde et tira pour lui permettre une plus grande liberté de mouvement.






Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Signat11
La plupart des hommes flottent, misérables, entre la peur de la
mort et les tourments de la vie et ne veulent pas vivre et ne savent pas mourir.
Sénèque.
Revenir en haut Aller en bas
Armando della Serata
Membre de l'Ombre
Armando della Serata
Nombre de messages : 70
Date d'inscription : 16/08/2012
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Agent du Scotland Yard - service spécial
Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeSam 17 Aoû - 20:55

Une promenade qui déraille
et c'est le cirque !

Asher Rosebury était un homme étrange. Elégant, il n'avait cependant pas considéré le verre d'eau sur son pantalon comme un affront et avait même décidé de monter à cru sur le cheval de cirque pour rattraper son compagnon sans se soucier de l'état de sa mise. C'était inattendue et courageux, voire quelque peu téméraire. Mais le plus étrange avait été son invitation à chevaucher la bête avec lui. Armando avait accepté de le suivre, non pas à cause de sa main tendue, mais bien pour éviter ses collègues. Une telle aventure n'était pas du tout de son goût : jamais il ne se serait permis de monter sur un tel cheval sans l'autorisation de ses maîtres, sauf urgence absolue. C'était une bête qui pouvait valoir cher et qu'il ne fallait surtout pas blesser. Et puis, monter ainsi, derrière un homme...c'était la chose la plus saugrenue qu'il pouvait faire ! Sentir son dos contre son torse, les chaos du trot puis du galop sous ses fesses et dans son bassin, ce dernier collé à celui du pianiste, c'était...particulièrement gênant. Ses joues s'enflammèrent et lorsque Asher s'inquiéta de son confort, l'Italien rougit davantage, légèrement humilié.

- C'est bon, ne vous inquiétez pas...grogna-t-il.

Armando ruminait. Il n'aimait pas du tout cette situation. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire équipe, encore moins avec un civil dans des circonstances pareilles. Il trouvait le pianiste un peu trop intrépide, sans compter qu'il se faisait presque familier...

- Ancien militaire ? s'étonna-t-il quand celui-ci se présenta.

Finalement, cet homme savait peut-être ce qu'il faisait. De toute manière, c'était trop tard pour faire demi-tour. Autant aller au bout de la "mission" qu'ils s'étaient confiée. Asher était poli au moins.

- Oui, enchanté...fit l'Italien sans trop de conviction, histoire de renvoyer la pareille.

Tenir la taille de cet inconnu (ou vague connaissance du moins) mettait l'agent mal à l'aise. Il espérait sérieusement que cette folle chevauchée serait de courte durée, d'autant que son séant risquait de ne pas s'en remettre (sans arrières pensées).
Lorsque le cavalier déboutonna un peu sa chemise, ce dernier lui frôla la main. L'Italien tressaillit et eut le réflexe de la retirer avant de se raccrocher in extremis à Asher pour éviter de tomber. Il suffisait d'un faux mouvement pour chuter. Résigné, l'agent tâcha de ne pas y penser et se concentra sur le cheval qui bondissait devant eux. Il essaya de trouver une stratégie pour l'atteindre sans le pousser à continuer son galop. Asher n'était pas convaincu par ses idées mais il se fit conciliant.

- Je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement...argumenta rapidement l'Italien.

Asher s'adapta et accepta de ralentir le rythme pour éviter d'effrayer davantage l'animal en fuite. Le pianiste saisit une flasque d'alcool dans sa veste et la lui tendit. Un whisky. Armando haussa un sourcil : ce n'était vraiment pas le moment ! Boire en service n'était pas une option envisageable ! (même s'il ne l'était pas réellement, Armando se considérait en activité).

- Non merci, refusa-t-il assez vivement.


Bientôt, ils furent près de l'animal en fuite. Malheureusement, d'autres hommes avaient mis la main dessus. Leur échange fut immédiatement houleux et il s'avéra que ces gaillards étaient des voleurs à la gâchette facile. Armando évita de peu un tir et se retrouva à terre avec un coup de genou dans le ventre. Asher, lui, fut mis en joue et sommé de descendre du cheval que les types voulaient emmener aussi. Tandis que l'Italien tentait de se relever, le pianiste mit pied à terre, enfin sur un pied plus précisément. Armando entendit l'échange et sourit malgré lui face à l'impertinence dont faisait preuve le pianiste. Il était sûr de lui en tout cas...Enfin, les deux compères furent tous les deux emmenés de force du côté du fiacre de leurs agresseurs pour être attachés ensemble à un piquet.
Armando mit près d'une dizaine de minutes à pouvoir de nouveau se mouvoir sans souffrir. Quand il fut en capacité de réagir, il se débattit pour tenter de défaire ses liens. Il dut très vite abandonner la partie en voyant qu'ils étaient surveillés par l'homme au pistolet. Que pouvait-il faire ? Se prendre une balle dans la tête et signer la fin de sa carrière. Il songea à Véronica et s'immobilisa. Inutile de perdre la vie d'une façon aussi stupide.

Armando serra les dents : les chevaux étaient déjà attachés au fiacre et les bandits n'allaient pas tarder à s'envoler avec leur butin. Asher lui demanda alors soudainement s'il était italien. L'agent crut avoir mal compris et fronça les sourcils.

- Pardon ?

Incrédule, il se demandait ce que cela pouvait bien lui faire, et le rapport avec leur situation. Il entendit ensuite son compagnon lui expliquer sa nouvelle stratégie en utilisant l'italien comme langue commune. Armando comprit alors que sa question faisait sens. Ainsi Asher savait-il parler sa langue natale. C'était intéressant...et très pratique pour le coup !
L'ancien militaire voulait que l'agent se débarrasse de ses liens en se déboitant les pouces. Il lui assura d'un ton quelque peu précieux qu'il ne comptait pas s'abimer les mains puisqu'il était pianiste. Armando ferma les yeux, un soupçon exaspéré. Puis, Asher lui dit qu'il souhaitait jouer l'homosexuel et lancer une dispute pour attirer à eux les malfrats.

- ...

L'agent comprenait la démarche mais il ne put s'empêcher de chercher une autre solution. Malheureusement, le temps lui manquait. Les doigts d'Asher lui caressèrent les mains et l'agent sentit ses cordes s'étirer un peu. Il n'avait plus guère le choix : il devait en profiter pour exécuter le plan proposé par son compagnon d'infortune. L'homme de loi peina à se déboiter le pouce gauche, et serra les dents lorsqu'il y parvint. Puis, il réussit à tirer de lui-même sur l'autre partie de la corde qui lui maintenait le poignet droit attaché. Enfin, il extirpa sa main gauche et défit le reste de ses liens. Son pouce gauche lui faisait mal et il le remit en place avec difficultés.


L'un des hommes leur jeta un regard et Armando eut peur qu'il l'ai vu se détacher. Il attendit, inquiet, en lui jetant un regard noir. Le bandit lui sourit d'un air vainqueur.

- Arrêtez de vous agiter, fit-il en grognant.

L'agent grimaça et fit mine de vouloir se retourner pour voir Asher. Il poussa un cri de dégoût et gesticula un peu.

- Fiche-moi la paix, sale pervers !

L'homme se redressa, l'air courroucé. Il vint vers eux en brandissant son pistolet d'un air menaçant.

- Quoi !? C'est qui que t'insultes de pervers là ? cria-t-il au prisonnier qui s'agitait.

- Figlio di puttana ! Ce salaud en profite pour me toucher le derrière ! s'exclama l'Italien en faisant mine de vouloir s'éloigner d'Asher.

- Vous vous foutez de ma g...

Trop tard : Armando fut sur lui en une fraction de seconde et lui assena un violent coup de poing dans le nez avant de lui casser le poignet d'un coup sec. L'homme hurla, le bas du visage en sang, et laissa échapper son pistolet. L'Italien se jeta à terre pour le récupérer et roula vers Asher. Il lui mit l'arme dans les mains et l'aida à se redresser afin qu'il puisse mettre en joue le gaillard qui râlait. L'agent saisit ensuite le couteau que le pianiste avait évoqué plus tôt et entreprit de détacher ce dernier. La tâche fut beaucoup plus simple qu'il ne l'avait espéré et bientôt Asher et lui faisaient face, armés tous les deux.

Du côté du fiacre, les deux autres voleurs comprirent que leur compagnon avait échoué dans sa surveillance et qu'il fallait filer. Ils montèrent sur le véhicule. Abandonnant leur complice, ils avaient choisi l'argent plutôt que leur honneur. Il n'en avait aucun de toute façon songea Armando.

- Porca miseria ! jura l'Italien en se précipitant sur eux.

En quelques enjambées, il était arrivé à la hauteur des équidés. Il saisit leurs rênes pour les empêcher de bondir en avant. Face aux ordres contradictoires, les pauvres bêtes hennirent, paniquées, et l'une d'elles se cabra. Armando s'écarta mais eut le bon réflexe de sectionner les rênes à l'aide du couteau d'Asher. Ainsi, les voleurs ne pouvaient plus les commander.

- Asher ! appela l'Italien trop occupé à gérer les chevaux pour pouvoir s'occuper des hommes. Il espérait que l'ex-militaire saurait les convaincre de se rendre en les menaçant de son arme, sans pour autant leur tirer dessus.


Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Sign_a10
Traduction du latin:
Revenir en haut Aller en bas
Asher Rosebury
Citoyen de l'Ombre
Asher Rosebury
Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 15/11/2013
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Pianiste/Enquêteur sur des meurtres qu'il a commis lui même inconsciemment...
Age : 28 ans
Age (apparence) : 25 ans
Proie(s) : lui même
Crédit Avatar : az-pt sur DeviantArt
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeVen 23 Aoû - 10:24

Asher & Armando
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Trai10
Une promenade qui déraille et c'est le cirque


Quelle drôle de situation ! Asher n’aurait jamais pu s’imaginer partir dans une telle aventure ce jour-là. D’autant plus que ses tristes pensées ruinaient formidablement chacune de ses pensées. Pendant qu’il jouait les intrépides ou les héros, que faisait son meurtrier ? Avait-il décidé lui-aussi que c’était le bon moment pour une folle chevauchée ? Nerveusement Asher exprima un petit rire tandis qu’il rangeait la flasque dans sa veste. Il en avait profité pour en boire une gorgée, le liquide brûlant allègrement sa gorge. S’il racontait ses soucis à ce pauvre agent nul doute qu’il l’enverrait à l’hôpital et il en serait fort compréhensif. Déjà qu’il devait le prendre pour un taré à lui proposer une telle expérience, après tout ils étaient deux gentilshommes bien éduqués et de bonne famille et ils se comportaient comme des voyous dévergondés ! Le sentant un peu tendu dans son dos, il tourna le visage à moitié et lui demanda :

- Vous êtes en service depuis longtemps ? Cela vous a toujours plu d’enquêter, d’arrêter et de défendre la veuve et l’orphelin ?

La discussion n’eut pas bien le temps de s’étoffer qu’ils firent tous deux la rencontre d’un étrange petit groupe de malfrats tentant d’amadouer le cheval en fuite. Les échanges dégénérèrent en quelques secondes et il ne fallut pas plus de quelques minutes pour que les deux cavaliers ne se retrouvent attachés à un poteau, fesses contre fesses, pour leur plus grand plaisir ! Asher en avait, par ailleurs, profité pour leur mener la vie dure en se faisant passer pour un bourgeois arrogant et imbu de sa personne. Il était précieux, certes, mais pas aussi hautain. Cependant, ce rôle lui plaisait ! Du coin de l’œil il observa les voyous. Une pensée l’amusa, il aurait du écraser son pied encore plus fort pour l’entendre couiner, ça aurait pimenté un peu plus sa journée.

Les chevaux étaient attachés au fiacre, prêts à partir. Rapidement, le jeune homme se mit à réfléchir à un plan d’attaque. Ils ne pouvaient délibérément pas moisir dans cet endroit, déjà parce que c’était fort désagréable et parce qu’il aurait préféré mourir dans les bras d’une femme plutôt que desséché au soleil et grignoté par les fourmis qui commençaient déjà à envahir ses semelles. Par ailleurs, Asher avait déjà une bonne idée de la manière dont ils allaient pouvoir réussir leur coup, il fallait seulement qu’Armando coopère. Son accent italien ne lui avait pas échappé, de même que son nom de famille. Il lui proposa alors de communiquer en italien. Ca leur permettrait notamment de communiquer plus facilement sans avoir à utiliser des subterfuges. Souriant à son complice, il lui expliqua alors les détails de son plan. C’était plutôt simple. Il fallait dans un premier temps qu’il se libère de ses entraves en se déboitant les pouces afin d’être plus malléable. Une fois fait il était censé détacher le pianiste puis évoquer un comportement scandaleux et pervers afin d’attirer les badauds. Même si certaines parties paraissaient alambiquées, Asher était sûr de lui. Provoquer le dégoût par l’homosexualité les attirerait à coup sûr. Cela entacherait sûrement son image auprès de l’agent mais il n’avait plus rien à perdre à part la vie, alors cela lui importait bien peu.

Sans plus attendre le jeune homme glissa ses doigts sur les mains de son coéquipier et tira sur la corde afin de la détendre. L’Italien saisit cette chance et exécuta la première partie du plan non sans une douleur certaine lorsqu’il se déboita le pouce. Silencieusement le pianiste s’excusa pour le désagrément et attendit la suite du plan. Voyant qu’il n’était pas près de le détacher et surtout que l’un des voyous commençait à s’intéresser à eux, Asher se fit violence et laissa ses doigts caresser le dos d’Armando quitte à remonter sa chemise :

- Moi ?! allons, tu aimais ça toute à l’heure, tu sais quand…

Il n’eut pas le temps de continuer plus loin son jeu de comédien que l’enquêteur se jeta sur sa cible dans un fracas de coups de poing qui déstabilisa l’adversaire. Ce dernier hurla et fit tomber le pistolet qu’Armando s’empressa de récupérer et de le refiler au pianiste. Le jeune homme papillonna un instant des yeux et tira sur ses entraves. Il ne pouvait toujours pas bouger et il avait entre ses doigts une arme à feu. S’ils étaient en danger imminent il était fort probable qu’il soit bien inutile. Son inquiétude se dissipa bien vite puisque l’agent mit à exécution la seconde partie du plan tandis que les deux autres voleurs faisaient irruption. D’un coup, la corde lâcha, ses poignets furent à nouveau libres de tout mouvement et Asher se releva souplement. Il se massa un instant la peau et souffla :

- Je ne vais pas pouvoir jouer pendant une semaine, rha !

Puis sans plus attendre, il visa d’un geste soigné le premier voyou, lui faisant ainsi comprendre que la coopération était sa seule solution. Son compagnon, quant à lui, prit les devants et se précipita vers le véhicule. Sa réactivité plut instantanément à l’ancien militaire qui inversa le pistolet dans sa main et frappa d’un geste lourd mais précis la tempe de son adversaire. Raide inconscient, il s’écrasa au sol soulevant un nuage de poussière. Satisfait, le pianiste fut en quelques enjambées à la hauteur de son compagnon et s’accrocha au véhicule d’une main. De l’autre il attrapa le col d’un des bandits et le projeta en dehors du carrosse improvisé. Son poing se ferma et il frappa une première fois à la mâchoire celui qui restait avant de l’attraper par les cheveux et de fracasser son visage contre son genou lui explosant le nez au passage. Le véhicule trembla, gigota de gauche à droite, déstabilisant ainsi les deux hommes qui s’affrontaient. Il évita un coup maladroit, un second et l’envoya valser en dehors du véhicule puis souplement il atterrit sur ses jambes. Il n’eut pas le temps de prendre correctement ses appuis que le premier s’était déjà remis sur pied et le frappa à la pommette. Une chaleur soudaine envahit la joue du bourgeois qui échangea quelques parades avant d’abattre à nouveau la crosse du pistolet sur la tête de son adversaire. Il frappa suffisamment fort pour faire jaillir le sang mais le garder tout de même en vie. D’une main il arma le pistolet, fit claquer le chien pour faire comprendre au second qu’il était en très mauvaise posture et lui sourit :

- Pose tes mains sur le véhicule et écarte les jambes ! Enfin... si tu veux vivre !

Pris au dépourvu, le voleur sembla capituler. Le visage en sang, il se mit dos au pianiste et s’aplatit contre la carrosserie mais alors qu’il tardait à lever les mains, il attrapa un couteau de poche et se jeta sur Armando.

PAN !

Asher avait tiré. La balle se logea dans le genou de l’impétueux qui s’écroula en hurlant. Le regard froid, Asher s’approcha et écrasa sa main de sa botte afin de lui faire lâcher prise ce qu’il fit sans trop de résistance. La douleur était telle qu’il s’était recroquevillé et pressait entre ses doigts son articulation dont le cartilage devait avoir explosé. Il put ainsi récupérer le couteau puis observa la scène. Admirant le carnage, le jeune homme fut pris d’un petit rire incontrôlable, évacuant sa nervosité et surtout l’adrénaline qu’il avait ressenti durant le combat. Depuis combien de temps ne s’était-il pas battu ? La guerre avait eu ça de bon chez lui, il avait développé de bons réflexes et ses coups étaient puissants. Prenant un instant pour se calmer, il s’adossa au siège et regarda Armando :


- Rien de cassé ? Désolé pour votre pouce, et de vous avoir touché, vraiment. Vous vous battez plutôt bien.

Par la suite, le jeune homme avisa les rênes cassées et en récupéra un morceau afin de ligoter les mains des trois voyous qu’ils venaient de mettre à terre. Il se pencha vers celui qi avait reçu la balle et improvisa un bandage avec la chemise de l’inconnu pour éviter que le sang ne coule trop. Enfin il se tourna vers Armando et lui sourit :

- Vous fumez .. ?

Sur ces mots, il tira une boite de sa poche, en sortit un cigare qu’il alluma avec une allumette après le petit CRAC caractéristique du raclement contre la boite. Il porta le cigare à ses lèvres et prit une grande inspiration. La fumée s’échappa d’entre ses lèvres en créant d’épais volutes. Entre deux bouffées, il demanda :

- Qu’est-ce qu’on fait ? On les prend avec nous ?





Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Signat11
La plupart des hommes flottent, misérables, entre la peur de la
mort et les tourments de la vie et ne veulent pas vivre et ne savent pas mourir.
Sénèque.
Revenir en haut Aller en bas
Armando della Serata
Membre de l'Ombre
Armando della Serata
Nombre de messages : 70
Date d'inscription : 16/08/2012
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Agent du Scotland Yard - service spécial
Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeVen 23 Aoû - 17:33

Une promenade qui déraille
et c'est le cirque !

Asher fut d'une rapidité stupéfiante. A peine l'eut-il appelé qu'Armando vit le pianiste venir à la rescousse. Ce dernier n'hésita pas une seconde à se jeter sur le véhicule pour s'y accrocher et en sortir l'un des bandits prêts à fuir. L'uppercut qu'il lui assena fut d'une précision remarquable et Armando écarquilla les yeux en le voyant ramener le nez de son adversaire contre son genou. Quelle violence ! Quelle efficacité ! L'autre se mit à saigner abondamment et abandonna la partie, du moins pour l'instant.
Pendant que son compagnon d'infortune s'occupait ainsi les deux gaillards à sa hauteur, l'agent tenta de calmer les chevaux. Malheureusement, les pauvres bêtes piaffaient et s'agitaient en tous sens à cause des mouvements que la bataille induisait au fiacre. Voyant qu'Asher se prenait un mauvais coup, Armando décida de sectionner les derniers reliquats des rênes qui rattachaient les animaux au véhicule et alla rejoindre le pianiste. Une des bêtes de cirque s'éloigna un peu tandis que l'autre resta auprès du cheval des bandits.
De son côté, Asher maîtrisait la situation et n'avait guère besoin d'aide. Il venait d'offrir à l'un des voleurs un coup de crosse bien senti avant de mettre en joue son complice. Armando sourit : quitte à devoir faire équipe avec un civil, il était bien content d'être tombé sur un ancien militaire ! Il songea un instant qu'il lui fallait des hommes comme lui au Yard.

- Bien joué, Asher ! Le félicita-t-il. Vous vous en sortez vraim...

Sans prévenir, l'homme tenu en joue par Asher lui sauta dessus en brandissant la lame d'un nouveau couteau. Armando eut le réflexe de se protéger le visage de ses deux bras mais, fort heureusement, le criminel n'eut pas le temps de l'atteindre. Un coup de feu claqua dans l'air et vrilla les tympans des belligérants. L'assaillant s'écroula en râlant, un genou perforé. Le pianiste avait tiré.

- Bon Dieu...souffla Armando en se redressant.

L'Italien était quelque peu sous le choc. Quant à Asher, il avait agi au bon moment. Sans compassion aucune, l'ex-militaire écrasa la main du voleur pour lui faire lâcher son couteau, récupéra l'arme blanche et s'enquit de l'état de l'inspecteur près de lui. Armando lui sourit, gêné :

- Non, ça va...merci. Sans vous, j'étais cuit.

Il reconnaissait qu'il avait eu chaud. Sans Asher, il aurait sans doute reçu un sale coup de couteau dans le bras ou au visage. Lui qui avait tendance à tout anticiper s'était étrangement laissé surprendre cette fois-ci. Il n'avait décidément pas l'habitude de travailler en équipe et avait été distrait. Cela ne se reproduirait plus.


Le pianiste entreprit d'attacher les poignets des bandits avec des lambeaux de rênes. Bonne idée ! Armando lui prêta main forte afin de ne laisser aucune chance aux malfrats de s'échapper. Puis, les deux hommes contemplèrent leur oeuvre. Asher semblait particulièrement satisfait. Son petit rire amusa l'agent : ce gars-là avait de la ressource et aimait la guerre !

- Ils n'ont qu'à bien se tenir maintenant...grogna-t-il en posant ses mains sur ses hanches.

Asher sortit une boîte à cigares et lui demanda s'il fumait. L'agent ne se fit pas prier. Autant il évitait de boire "en service" autant fumer n'était pas un problème à ses yeux. Et puis, cela les détendrait. Ils étaient encore un peu fébriles suite à cette petite bataille.

- Cela m'arrive oui...Merci l'ami, fit-il en se servant.

Il laissa le pianiste lui allumer aimablement l'extrémité du cigare et ils fumèrent quelques bouffées en coeur. Asher demanda ce qu'ils allaient faire de cette petite troupe. Armando les considéra quelques minutes, fumant tout en réfléchissant à la suite qu'il devait donner à cette affaire. Il fallait qu'il détermine s'il était face à des voleurs opportunistes ou s'ils faisaient partie d'une organisation comprenant le terroriste du quais. Dans tous les cas, ils étaient bons pour un long séjour en prison, voire la peine de mort selon ce qu'il serait retenu contre eux : terrorisme, vol, assassinat, tentative d'assassinat, refus d'obtempérer, atteinte à un agent de l'Etat...la liste de leurs méfaits était drôlement longue !

- Nous allons les ramener aux agents du Yard positionnés sur les quais, décida l'Italien en jetant aux voleurs un regard noir. Nous devons rendre les chevaux aux Clarke et faire mettre au frais ces imbéciles...

Le fiacre était à leur disposition, ce qui leur facilitait le transport de ces gredins. Le seul soucis était les rênes : ces derniers avaient tous été sectionnés. Armando tira quelques bouffées de son cigare, soupira, se détendit et se tourna vers Asher. Il lui montra d'un coup de tête le cheval des bandits.

- Puisque vous êtes si bon cavalier, je vous propose de conduire l'attelage en montant l'un des chevaux. Les autres suivront. Nous allons bien trouver un moyen de les attacher à l'arrière. Quant à moi, je vais surveiller ces hommes à l'intérieur...

Ensemble, ils firent monter les trois hommes dans le véhicule. Puis, ils trouvèrent de quoi attacher les chevaux, usant notamment des restes de rênes et du foulard de l'Italien. Le second cheval de cirque fut facile à rattraper et à ramener vers ses congénères. Enfin, Armando rejoignit les criminels dans le véhicule. Il referma la porte et vérifia encore une fois leurs liens. Puis, il se pencha par la fenêtre.

- Je prends le pistolet ! fit-il en tendant une main afin qu'Asher puisse lui donner l'arme.

Une arme à feu était bien plus commode pour garder en joue des malfrats. Ceux-ci lui jetaient des regards assassins et baissaient les yeux quand il les regardait. Une fois le fiacre en route, Armando poussa un peu les hommes pour les installer de façon à les avoir bien en vue. Deux se trouvaient en face de lui, le troisième à côté de lui, partageant sa banquette. Mais l'agent se tenait dans un coin du véhicule, l'épaule contre une vitre, afin de ne jamais leur tourner le dos. Son pistolet, chargé et armé, était pointé sur le plus susceptible de pouvoir encore se battre. L'un d'eux était encore à moitié assommé par le coup de crosse d'Asher et celui qui avait pris une balle dans le genou gémissait à chaque virage.

- On récolte ce que l'on sème messieurs. Tenez-vous le pour dit.


Le trajet jusqu'à la gare ne fut ni long ni difficile. Les hommes se tinrent tranquilles et, malgré les regards intrigués des passants qui reconnaissaient dans les étalons blancs les chevaux du cirque, ils ne furent jamais inquiétés. Apparemment, les trois malfrats n'avaient pas de complices en attente d'un mauvais coup.

Une fois devant le grand bâtiment de fer forgé, ils constatèrent qu'un attroupement s'était formé devant et qu'un cordon de sécurité avait été mis en place. L'explosion du wagon avait fait des dégâts et il était hors de question de laisser les londoniens se rendre sur les quais. Nombreux étaient les mécontents qui souhaitaient tout de même passer pour se rendre à Glasgow Central, Liverpool Lime Street, Manchester Piccadilly, Birmingham New Street, Chester, Bangor ou encore Holyhead...Les agents sur place, plus nombreux qu'à leur départ, repoussaient les badauds avec force cris.

Armando passa la tête par la fenêtre et lança un regard circulaire pour appréhender la situation. Il mit du temps à reconnaître quelques collègues.

- Ralentissez Asher, je vais devoir descendre ! s'exclama l'Italien.

Lorsqu'il eut mis pied à terre et rendu le pistolet au pianiste, Armando fendit la foule et interpella un agent à grosse moustache et ventre rond. C'était Purrow, un lieutenant connu pour ses excès mais aussi pour sa bienveillance. Ce dernier tourna sa face rougeaude dans sa direction et l'accueillit avec un grand sourire.

- Armando ! On vous a envoyé pour enquêter sur l'explosion ? fit-il, visiblement heureux de croire que c'était le cas.

L'Italien serra brièvement la main qu'il lui avait tendue et exposa la situation en quelques mots. Purrow dépêcha aussitôt quatre hommes en direction du fiacre où se tenait Asher et s'y rendit lui aussi avec Armando. Il salua le pianiste, tendit la main pour récupérer l'arme à feu et prit ainsi le relais. L'Italien fit signe à son compagnon de rendre également le couteau : c'était des pièces à conviction.


Armando s'éloigna ensuite de la gare, encourageant Asher à le suivre. Heureux que presque personne n'ait été blessé par cette aventure, il remercia le pianiste en lui tendant une main amicale :

- Merci pour votre aide précieuse, Monsieur Rosebury. Je vous dois la vie et l'arrestation de ces coquins. Il marqua une pause et reprit : Nous irons faire notre déposition au Yard demain. J'écrirais mon rapport ce soir. Pour l'heure, que diriez-vous d'un bon café en terrasse ?

Il n'était pas encore 16h et le soleil était haut dans le ciel. Un petit débrief ne leur ferait pas de mal, de même qu'une boisson chaude.

Ils choisirent un petit établissement à la devanture fleurie. Sur sa terrasse se trouvaient quelques gentlemen en train de lire le journal et une famille avec trois enfants qui prenait un goûter. Armando les fit s'installer un peu à l'écart, histoire qu'ils puissent discuter de leur aventure sans pour autant avoir à se murmurer dans l'oreille. Il demanda ce que souhaitait Asher, lui offrant la consommation, parce qu'il "lui devait bien ça". Pour sa part, il commanda un café turc.

- Vous êtes doué avec une arme, Asher. Je vous tire mon chapeau pour ce coup de feu providentiel.

La serveuse vint leur apporter leur commande et s'en fut. Armando attendit qu'elle soit suffisamment loin pour reprendre :

- Je connais peu de personnes capables de se jeter ainsi au secours d'un cheval ou d'un inconnu. Même au sein du Yard nous manquons d'hommes de votre trempe, si vous voulez mon avis. Il savoura une gorgée de café brûlant. Dites m'en un peu plus sur vous. Vous m'avez dit que vous avez été militaire, et cela se voit. Pourquoi avez-vous donc quitté l'armée ?


Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Sign_a10
Traduction du latin:
Revenir en haut Aller en bas
Asher Rosebury
Citoyen de l'Ombre
Asher Rosebury
Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 15/11/2013
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Pianiste/Enquêteur sur des meurtres qu'il a commis lui même inconsciemment...
Age : 28 ans
Age (apparence) : 25 ans
Proie(s) : lui même
Crédit Avatar : az-pt sur DeviantArt
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeSam 14 Sep - 10:18

Asher & Armando
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Trai10
Une promenade qui déraille et c'est le cirque


Asher ne s’était pas autant amusé depuis longtemps ! A dire vrai, il n’en avait aucun souvenir. Il s’était mué depuis des mois dans une mélancolie increvable, les lèvres scellées en un sourire crispé et le cœur meurtri. Avec toutes les épreuves qu’il traversait, il doutait encore de se sentir vivant. Il se voyait mourir un peu plus chaque jour. Chaque annonce, chaque découverte était un crève-cœur et l’horreur de la situation allait finir par le rendre complètement fou. Il psychotait, regardait à gauche, à droite comme s’il était constamment suivi sans se rendre compte qu’il était son propre démon. Il ne vivait pas, non, il survivait. Son regard se porta sur les malfrats qu’ils avaient neutralisé. Quelques minutes auparavant il n’avait pas hésité à tirer, perçant le genou d’un des voyous puis il avait récupéré son arme blanche. Armando s’était montré reconnaissant et un instant, Asher songea qu’il avait bien de la chance de se trouver avec un agent aussi complaisant. En même temps, la situation était critique et risquée, ils ne pouvaient pas se permettre de laisser passer ces outrages.  Inspirant profondément, il leva les yeux vers le ciel, une main sur le front. Le soleil lui brûlait les rétines mais le revigorait. Qu’elle plaisir cette liberté ! Lentement il écarta les bras, pris d’une soudaine envie de voler. Une buse s’exprima bien haut dans le ciel. Il sourit, qu’il l’enviait ! Elle n’avait pas tous ses soucis et ne se préoccupait sûrement pas de telles affaires sordides. Puis il se tourna vers Armando. L’agent avait subi quelques dommages mais i se portait plutôt bien. Il devait faire fureur auprès des femmes. Asher l’envia un peu. Il sortit de sa poche sa boite à cigares et en proposa un à son nouvel ami, Armando.

L’homme accepta avec joie la proposition et le remercia. Asher accueillit ses propos avec un sourire et lui en tendit le paquet afin qu’il se serve et il alluma par la suite son cigare après avoir fait craquer une allumette. Le pianiste rejeta la tête en arrière et inspira quelques bouffées. Ensemble, ils relâchèrent de lourdes volutes de fumée. Elles apaisaient l’esprit et le cœur et après une telle aventure ils avaient bien besoin de décompresser et d’apprécier ce petit moment de tranquillité.


- Mmh… je voulais vous remercier, pour votre coopération et m’excuser pour mes gestes déplacés mais je voulais que ça ait l’air… « vrai » ahah. Vous êtes terriblement bon au corps à corps au passage. Vous prenez des cours de défense ? Révélez-moi votre secret, s’exclama-t-il avec une lueur taquine dans le regard.

Un soupir franchit à nouveau la barrière de ses lèvres puis il s’approcha des chevaux qu’il ausculta d’un air professionnel. Ses mains fines et agiles glissèrent le long de leurs jambes, attrapèrent leur boulet pour relever un par un leurs sabots. Aucun n’avait été blessé apparemment. Après tout ça, ils avaient eu beaucoup de chance que dans la panique les chevaux ne se foulent pas une cheville ou ne s’arrachent pas la chair à quelques endroits en tirant sur les liens. Il flatta leur encolure et s’exclama :


- Rien à signaler ! Sa voix était couverte par la fumée qui couvrait sa bouche. Il écouta Armando donner les instructions et hocha la tête : je vous suis mon capitaine. Il riait un peu en disant cela mais après tout c’était Armando l’agent du Yard, il connaissait son métier et Asher lui faisait aveuglément confiance pour la suite des évènements. C’est bon pour moi, la tâche ne devrait plus être très ardue désormais. Ça va aller tout seul derrière avec ces… Ces… Mais vous êtes quoi au juste ? Il se baissa et de ses yeux d’acier il grogna : Ah oui, des enfoirés, j’avais oublié.

Riant, il termina son cigare et écrasa le bout incandescent. Il le rangea dans sa boite pour ne pas le jeter par terre puis aida son compagnon à les faire rentrer dans le véhicule avec fermeté. Il ne se gêna pas pour les bousculer un peu avec un petit sourire victorieux mais prenait garde à ce qu’ils ne se cognent pas la tête. Ensemble, ils récupérèrent les chevaux, les attachèrent comme ils le purent avant de se remettre en route. Asher sauta souplement sur le dos de la monture des bandits et la talonna doucement pour la mettre au pas. Il n’irait pas plus vite de peur que les chevaux à l’arrière ne se blessent. Ils n’avaient peut-être pas l’habitude d’être ainsi tirés et Armando ne devait pas être trop bousculé avec trois bandits dans le véhicule à ses côtés. Si le chemin n’était pas incroyablement long, il était terriblement cuisant. La sueur perlait sur le front du dandy qui ôta sa redingote, ouvrit son veston et une partie de sa chemise en quête de fraîcheur. Il but à quelques reprises puis encouragea le hongre en tapotant son encolure. Il eut même le temps de lui faire quelques tresses en chemin. C’était une brave bête, bien accommodante et qui ne lui posait aucun problème de discipline. Derrière, il entendait les autres chevaux hennir ou bien ralentir le véhicule afin de profiter d’un peu d’herbes fraîche. Asher les laissait faire de temps à autre pour reposer celui qui tractait tout ce petit monde mais ne s’attardait pas trop. La situation était délicate.

L’arrivée en ville l’apaisa. L’odeur des bêtes, des usines en pleine effervescence, des parfums de ces dames avaient quelque chose de familier et de rassurant. Bien que le cadre soit moins idyllique, Asher était désormais certains qu’ils rempliraient correctement leur mission. Les regards des passants ne lui échappèrent pas et aux regards de quelques demoiselles il ne put réprimer un sourire et l’envie irrésistible d’incliner la tête pour les saluer. Ah ! Comme il se sentait héroïque alors qu’il montait un canasson de bandit et trainait sa carriole et ces imbéciles à l’arrière. Se rappelant qu’il en avait profité pour ouvrir un peu la chemise il se rhabilla et fut tout honteux de sursauter lorsqu’une voix s’échappa de la fenêtre de la voiture. Il accéda à la demande son ami et tira sur les rênes improvisées.


-Oooh… dit-il pour accompagner la voix au geste.

Le cheval qu’il montait était bien brave. Malgré les cris des badauds aux alentours qui ne désiraient qu’une chose, prendre le train, l’animal ne bougeait pas, pire, à l’arrêt il fermait les yeux prêts à s’endormir. Cela fit ricaner le dandy qui flatta son encolure. Armando lui rendit le pistolet qu’il glissa dans sa veste puis le jeune pianiste observa son camarade interagir avec un homme fort grassouillet, bon vivant mais à l’air terriblement sympathique. Asher esquissa par ailleurs un sourire lorsqu’il vint le saluer et descendit de sa monture. Il serra sa main et souffla quelques mots de ravissement « Le plaisir est pour moi », « bien sûr, tenez », « ah oui, j’allais oublier » tout en lui rendant les rênes, le pistolet puis le couteau. Il n’avait qu’à relever le menton pour observer les voyous aux prises avec les agents. L’un d’eux boitait sévèrement, le genou explosé et il grimaça :


- Celui-ci devrait peut-être aller à l’hôpital, nous avons eu… Quelques déboires.

Il haussa les épaules puis suivit son camarade. Ils s’éloignèrent de la gare, se fondant parmi la foule intense et effercescente des rues londoniennes. Il en profita pour regarder les étalages, les devantures de boutique, les nouveaux chapeaux qui lui plaisaient drôlement tout en discutant avec Armando. Il fut surpris de lui serrer la main et l’accueillit avec un sourire :

- C’est naturel, ne me remerciez pas. Vous pouvez m’appeler Asher. Je vous remercie également pour votre coopération. Sans votre expertise nous aurions été cuits ahah. Je ne pensais pas vivre une telle aventure aujourd’hui. A dire vrai c’était certainement la journée la plus excitante que j’ai vécu cette année ! Hochant la tête il répondit : Très bien, où et à quelle heure devons-nous nous rejoindre ? Je joue au salon à partir de 16h30. Sa proposition le ragaillardit soudainement, depuis quand n’avait-il pas pris un café en terrasse avec un ami ? Depuis quand n’avait-il pas bu en bonne compagnie ? Bien sûr il y avait bien Eléanore mais c’était sa domestique. Il avait besoin de temps à autre de décompresser avec des amis plus… masculins. J’en dis que c’est une merveille idée, je vous suis !

La fougue de la jeunesse se lisait encore sur ses traits. Il approchait de la trentaine mais son esprit était celui d’un jeune homme encore festif et enjoué à l’idée de la moindre activité. Il ne put cacher avec retenue son enthousiasme. Cela faisait bien trop longtemps qu’il s’était muré dans une forteresse de peur et d’angoisse. Il fallait qu’il en sorte, qu’il prouve à son meurtrier qu’il avait encore le droit de vivre et de s’amuser. Qu’il pouvait fréquenter et rencontrer de nouvelles personnes ; Il n’était pas inquiet, son agresseur ne s’en prenait pas aux hommes apparemment. Une pensée le bouffait cependant… Qu’avait-il bien pu lui faire pour s’attirer autant de haine et de rancune ? Avait-il des ennemis ? il en doutait, Asher n’était pas du genre à s’attirer des ennuis d’ordinaire. Il n’était pas particulièrement belliqueux et mis à part les parents des demoiselles qu’il accueillait dans ses bras, il avait du mal à envisager une quelconque rancœur de la part d’un inconnu. Etait-ce un ami jaloux de son charme, de son patrimoine et de sa place ? Il en doutait, Asher était peu entouré depuis son retour en Angleterre. Sa mâchoire se crispa alors qu’il marchait, les mains dans les poches. Au final, c’était peut-être le diable. Asher n’était pas un grand pratiquant mais était-ce suffisant pour s’attirer les foudres divines ? Il n’avait pourtant jamais enfreint les lois de l’Univers. Un instant il ferma les yeux, se prit un trottoir et chancela. Il fit un pas maladroit mais se rattrapa en riant.

Son regard dériva de la foule étouffante au visage de son compagnon. Sa mâchoire était particulièrement bien dessinée et l’arrête de son nez volontaire et nette. Ses cheveux sombres et son teint hurlaient à qui voulait bien l’entendre qu’il faisait partie de ses gentlemen italiens. Il repensa à leur folle chevauchée, à leur proximité déconvenue et… il se mit à rougir terriblement et baissa la tête. Comment avaient-ils pu faire ça ? C’était d’une incroyable indécence et pourtant il en avait été follement heureux. Follement heureux de l’aventure hein ! Il ne pouvait plus ignorer désormais les coups de reins de l’agent contre son bassin lors du départ au galop. Les joues rougies déjà par la gêne finirent cramoisies. A quel moment se permettait-il d’avoir ce genre de pensées ? Et puis, il n’y avait pas que ça, il l’avait touché… Ô grand ciel, qu’il soit protégé de toute cette décadence !

Traversant des ruelles étroites qui débouchèrent sur une belle place, les deux hommes se mirent en quête d’un petit café. La terrasse sur laquelle ils prirent place était tout à fait exquise. De son mobilier en bois léger à ses décorations fleuries, tout ravissait les regards des passants. Asher en était particulièrement conquis. Le bourgeois aimait le raffinement, la délicatesse et les dentelles. Il chérissait tout particulièrement la toilette des dames, leurs boucles soyeuses, leurs lèvres douces, les broderies qu’elles affichaient et leurs talons claquant sur le parquet. Voilà ce que lui inspirait ce petit café. Un peu rêveur il prit place aux côtés d’Armando et ressortit sa boite à cigares afin d’en fumer un nouveau. Il le lui tendit poliment et alluma son tabac. Il prit quelques bouffées tout en croisant élégamment les jambes. Lorsque la serveuse prit la commande il ne se gêna pas pour la contempler, avec toujours beaucoup de respect, et avec un sourire charmeur bien qu’elle ne fût pas particulièrement à son goût. Il remercia son ami pour sa proposition et demanda la même chose que l’agent. Le temps était au rendez-vous, cette pause était la bienvenue. Soufflant un instant, il manqua de s’étouffer devant tant de compliments :


- Oh je vous en prie, vous allez finir par me faire rougir ahah. Je vous assure que je ne suis pas un adepte des duels, fit-il avec une lueur d’amusement dans le regard. J’ai sûrement eu beaucoup de chance. Vous, en revanche, vous êtes un excellent comédien et vos gestes sont brutaux et précis. C’est appréciable de voir quelqu’un qui sait vraiment se battre.

Suivant du regard la serveuse, il la remercia très gentiment puis cendra son cigare. Il prit enfin la tasse entre ses doigts, souffla un peu dessus et fut tout particulièrement étonné de la question de l’Italien. Il sourit un peu :

- J’ai un peu trop le goût du risque si vous voulez mon avis, ahah. Et bien, je vous remercie pour votre compliment, il me va droit au cœur. Mais si je puis me permettre vous n’êtes pas en reste, vous avez aussi beaucoup de cran. Il but à son tour une gorgée, imitant sans le vouloir son compagnon. Eh bien, c’est un peu compliqué… Et c’est une histoire un peu farfelue, je crains que vous ne me preniez pas au sérieux.

Son regard se voila d’incertitude. Il se rappelait ces années passées dans ce pays qu’il ne comprenait pas, qui livrait des batailles auxquels il ne se sentait pas vraiment concerné. Il se rappelait des mauvais traitements, des probables insultes qu’il n’avait jamais comprises et des techniques très exotiques qu’il avait dû maîtriser.

- J’ai beaucoup voyagé étant plus jeune et j’ai fait l’erreur de visiter un pays aux ouvertures sur le monde un peu… limitées. J’étais un ignorant… Connaissez-vous le Japon ? C’est un très bel empire mais il est aussi redoutable que séduisant. Les autorités m’ont pris pour un collaborateur occidental et non comme simple touriste. J’ai dû me défendre, ce fut difficile et j’ai finalement été innocenté. J’ai effectué un service militaire sur place afin de prolonger mon séjour. C’est un état traditionnel. Les armes à feu n’existaient pas encore pour eux et les combats se faisaient à la lame et au corps. Il sembla réfléchir un instant afin de rassembler les informations les plus importantes. C’est encore un peu flou dans mon esprit, excusez-moi. Je sais que nous avons perdu un combat et j’ai été laissé pour mort sur le champ de bataille. Des braves gens m’ont aidé à guérir de mes blessures puis je suis rentré. La vie est trop courte pour périr pour un pays qui n’est pas le nôtre, Armando…

Il tut volontairement sa fuite depuis l’Italie. Il ne voulait pas ennuyer Armando avec son problème… criminel ni les potentielles accusations qui pesaient sur lui dans ce pays. Serrant un peu les dents il reprit une gorgée de café et s’exclama :

- C’est délicieux ! Si le cœur vous en dit, il nous faudra revenir ici, s’exclama-t-il guilleret.

Il fit une petite pause puis reprit la discussion :

- J’ai appris le tir avec un maître d’armes renommé à Londres. Par intérêt et par nécessité. Avec tous ces brigandages et les rues difficiles, j’ai eu crainte de devoir me protéger, moi ou la famille que j’aurais sûrement plus tard.

Se faisant plus sérieux, il se pencha vers l’avant et reflua la fumée entre ses lèvres :

- Vous recherchez du monde au Yard ? Il but à nouveau un peu du liquide brûlant et délicieusement sucré. Je ne possède sûrement pas vos capacités d’analyse et votre sens des responsabilités, Armando… Mais je dois bien avouer que la perspective de changer de métier me plairait. J’apprécie votre travail et le sens de l’honneur et de la justice qu’il implique. Plutôt joueur et sans trop y croire il s’exclama : J’accepte votre offre !





Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Signat11
La plupart des hommes flottent, misérables, entre la peur de la
mort et les tourments de la vie et ne veulent pas vivre et ne savent pas mourir.
Sénèque.
Revenir en haut Aller en bas
Armando della Serata
Membre de l'Ombre
Armando della Serata
Nombre de messages : 70
Date d'inscription : 16/08/2012
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Agent du Scotland Yard - service spécial
Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeMer 18 Sep - 18:54

Une promenade qui déraille
et c'est le cirque !

Même si Armando fumait rarement, le cigare que lui avait offert Asher lui fit plaisir. Après tant d'émotions, il leur permit de décompresser un peu et de savourer son arôme comme l'on cueille une odeur familière dans l'inconnu. C'était...confortable.
Tirant sur ledit cigare, l'agent réfléchissait à la suite des opérations. Maintenant qu'ils avaient arrêté les trois bandits et que les deux chevaux de cirque avaient été rattrapés, ils allaient devoir confier la suite à ses collègues, donc ramener tout ce petit monde soit au Yard, soit à la gare d'Euston. La gare était plus proche, c'était donc la solution la plus aisée. Armando ne se voyait pas traverser la ville avec tout cet équipage, d'autant que les gaillards s'étaient montrés particulièrement violents. Ils étaient visiblement capables de tirer sur le premier empêcheur de tourner en rond qui passait alors...autant leur donner meilleure escorte dans les plus brefs délais.
Asher profita de ce moment de pause pour le remercier de sa coopération.

- Je n'ai fait que mon devoir, même si je ne suis pas censé l'exercer de la sorte, répondit l'Italien avec amabilité.

Le pianiste s'excusa alors pour ses gestes déplacés. Francis toussota un peu sur le coup et lui sourit d'un air gêné.

- Oh ! Il n'y a pas de mal, j'ai rapidement compris votre stratégie. C'était d'ailleurs une bonne idée. En tout cas, elle a fonctionné.

Il tira à nouveau sur son cigare, visiblement amusé par la situation. Son partenaire vanta ensuite ses mérites au corps à corps. Armando prit le temps réfléchir quelques secondes avant de lui répondre :

- J'ai appris à me battre très jeune. J'ai effectivement pris des cours dans mon jeune âge. Mon précepteur était un tyran et je m'évadais un peu en allant prendre le chou à quelques autres gamins dans un club de self-défense. Je préfère le poing aux armes à feu. Et, quitte à utiliser une arme, j'aime autant une bonne lame. Je devais avoir 5 ans quand j'ai tenu mon premier couteau.

L'agent se rendit compte que c'était réellement jeune pour être entraîné à ce genre de chose. Pour éviter toute méprise, il ajouta vivement :

- Une tradition familiale ! Mon père avait des ancêtres dans le cirque. Certains maniaient le couteau comme personne. D'ailleurs un de mes oncles et un cousin sont encore dans celui de Franconi, en France. Drôle de coïncidence avec notre affaire, n'est-ce pas ?

Enveloppé dans la fumée qu'il crachait avec silence, Armando sembla se perdre un instant dans ses souvenirs. Ce n'était pas pour rien qu'il était venu accueillir le cirque des Clarke : il avait toujours eu des liens avec ce milieu. Et puis, il adorait les chevaux : ceux de cette troupe étaient réputés pour leur beauté et leur intelligence. S'il pouvait servir de gardien aux artistes et à leurs bêtes tout en admirant ces dernières, c'était parfait. Maintenant qu'il y pensait, il avait bien fait de se tenir sur les quais.

Une fois leurs cigares éteints et l'ensemble de leur équipage vérifié, les deux hommes prirent place, l'un en tant que cocher directement monté sur le cheval des gredins, l'autre en tant que geôlier à l'intérieur du fiacre. Ils s'en furent ensuite en direction de la gare. Armando ferma les rideaux du véhicule après avoir récupéré un pistolet auprès d'Asher et se mit à surveiller d'un oeil noir les trois loustics qui formaient sa petite bande de prisonniers. Il les détailla un peu et grava leurs visages dans sa mémoire photographique.
Le plus jeune devait avoir la vingtaine. Brun, cheveux en bataille, barbe de trois jours, il avait la joue creuse et le regard éteint de celui qui crève de faim et vit de ses rares larcins. Il aurait pu faire pitié à n'importe quel autre homme, mais Armando avait un sens aiguë du devoir et, de son point de vue, rien ne justifiait la violence ou le vol, encore moins les assassinats. Ce gars-là était dangereux : c'était ce dernier qui lui avait tiré dessus depuis son poste de cocher.
Le second devait avoir entre 35 et 40 ans. Plus blond que châtain, il était aussi laid que vulgaire. Son air patibulaire et ses dents jaunies lui donnaient l'apparence d'un molosse. C'était le fameux "Hans", celui qui avait brutalisé Asher en le faisant descendre de sa monture.
Le dernier, un gars d'une trentaine d'années, portait des vêtements délavés mais ses cheveux attachés en catogan et sa moustache lui donnaient un air plus soigné que les deux autres. Il n'était pas déplaisant, à bien y regarder, et paraissait plus intelligent que les autres. C'était pourtant celui qu'Armando avait surpris lors de son petit jeu d'acteur avec Asher.

- C'est quoi vos noms ? Demanda l'Agent en les regardant tour à tour.

Aucun ne répondit, pas même Hans qui s'était pourtant montré grande gueule tout à l'heure. Abandonnant la partie, parce que le protocole voulait de toute façon qu'ils fussent interrogés par deux agents minimum, l'Italien se cala un peu mieux sur la banquette et patienta, attentif au moindre geste et au moindre regard que les malfrats pourraient esquisser.


A la gare, le duo confia aux autres agents les trois roublards, ainsi que les trois chevaux, le fiacre et les armes qu'ils avaient récupérés. Après quelques salutations et échanges de manières avec Purrow, pour lesquelles Asher se montra d'ailleurs très complaisant, ils regardèrent les policiers se charger de leurs prises. Puis, ils s'éloignèrent des quais.

- C'est aimable d'avoir pensé à leur signaler que l'un d'eux était blessé...fit l'Italien à Asher en marchant d'un pas alerte. Ces crapules ne méritent pas notre compassion.

Les deux compères quittèrent enfin des lieux et Armando offrit une poignée de main au pianiste. Il le remercia chaleureusement, ce qui eut pour effet de faire sourire son comparse.  

- Moi non plus, je ne m'attendais pas à chevaucher en compagnie d'un homme et encore moins à éviter de si peu une balle dans le crâne ! Ah ah !

L'agent lâcha enfin la main d'Asher et l'informa qu'ils devraient faire une déposition le lendemain afin de témoigner. Le pianiste ne chercha pas à éviter la chose, visiblement enthousiaste à l'idée d'être à nouveau utile.

- Mmm...Disons pour 13h30. Cela nous laissera le temps de faire les choses correctement et vous pourrez aller jouer au salon. C'est dans quel salon déjà ? Je pourrai peut-être venir vous voir, à moins que vous ne jouiez pas en huis clos ?

A priori, à part la déposition au Yard, Armando n'avait rien de prévu le lendemain. Et pour cause : il était mis à pied. Cela, Asher l'ignorait...et l'agent ne comptait pas forcément le lui révéler. Cela lui éviterait quelques fâcheuses questions. Il proposa tout de même au pianiste de trouver un café où prolonger leur discussion. Celui-ci accepta, soudainement exalté par la perspective de se poser devant une bonne tasse chaude, et ils partirent ensemble dégotter le lieu idéal. Armando était amusé de voir qu'Asher était si motivé. Le pianiste sautillait presque à ses côtés et, lorsqu'il se prit un trottoir, l'Italien esquissa un geste pour le rattraper mais l'homme se rattrapa tout seul.

- Heureusement que j'ai parlé d'un café et pas d'un whisky, rit-il en remettant ses mains dans ses poches.

Asher était intriguant, et l'Italien ne pouvait pas nier que d'approfondir leur lien naissant le motivait lui aussi. Cet homme possédait quelque chose de martial en lui, et cela lui plaisait. C'était un étrange boute-en-train et un combattant aguerri. A la fois sagace et maladroit, discret et extravagant, il était fait de contradictions particulièrement curieuses.


Dans le petit café qu'ils choisirent, l'ambiance estivale et le décors cosy les accueillit avec douceur. Les deux hommes d'action s'installèrent confortablement et commandèrent leurs boissons.

- Prenez ce que vous voulez, c'est moi qui paye !

Une fois qu'il furent installés, Armando complimenta Asher sur ses capacités. Ce dernier manqua de s'étouffer. De toute évidence, il n'avait pas l'habitude des compliments. Pourtant, c'était un artiste. Le pianiste devait avoir un public qui le félicitait à chaque fois qu'il jouait. Face à son humilité et à son renvoi de compliments, Armando rit un peu, notamment à l'évocation de son talent de "comédien" et de ses gestes "brutaux et précis".

- Merci, c'est bien aimable. Disons que votre jeu m'a tellement...perturbé que ça a été facile de réagir. J'ai sans doute d'ailleurs été un peu...insultant. Je m'en excuse. C'était pour la forme, parce que l'Italien ne pouvait s'empêcher de songer qu'ils auraient pu s'y prendre autrement afin d'éviter une scène aussi ridicule et dérangeante. Je n'ai pas eu le choix d'apprendre à me battre. C'est aussi pour ça que j'ai été recruté au Yard.

La serveuse posa leurs tasses sur la table et s'en fut. Armando observa Asher qui cendrait son cigare. Ses mains étaient fines et longues. Il avait la délicatesse d'une dame et les gestes mesurés. C'était un bel homme, mais de là à accepter des gestes osés...il y avait un monde. Armando se saisit de sa propre tasse et demanda à l'homme pourquoi il avait quitté l'armée. Asher évoqua alors le Japon.

- Non, je ne connais pas ce pays, du moins pas autrement que ce que les rumeurs et récits de voyageurs en disent. La suite le fit grimacer. Ah oui ? Ils ont l'air vraiment très suspicieux ! Une chance que vous vous en soyez sorti !

Quand Asher eut fini de raconter son périple au pays du Soleil levant, l'agent était un peu mal à l'aise. Il sentait qu'il avait mis le nez dans un pan très personnel de la vie de son comparse et que sa question avait ravivé quelques blessures chez ce dernier.

- Oh...Quelle histoire ! Vous avez dû en voir des horreurs...Navré de vous plonger dans ce genre de souvenirs. Je n'aurai peut-être pas dû être curieux de la sorte. Décidément, il se félicitait de ne pas avoir fait l'armée. Hé bien...comme vous l'avez deviné, je suis originaire d'Italie et pourtant...je mets ma vie en jeu pour l'Angleterre. Quelque part, mettre sa vie au service des autres, quelle que soit la nation dans laquelle nous exerçons, n'est-ce pas un privilège ? Il leva les yeux au ciel. Un "privilège" de fou, nous sommes bien d'accord...Ah ! Ah !

Armando espérait qu'Asher avait compris ce qu'il venait de tenter de lui dire. De son point de vue, les plus forts devaient être heureux de pouvoir se mettre au service des plus faibles, quelle que soit leur nationalité. En tant qu'agent du Yard, surtout dans sa section spéciale, il veillait sur la vie des citoyens anglais. Certes, ce n'était ni son pays d'origine, ni son but premier en s'engageant, mais n'était-il pas heureux d'être utile ? Il ne se définissait pas comme un héros, mais il faisait ce qu'il pouvait pour porter assistance aux pauvre hères et élucider les énigmes dans le noir. Mettre la main sur un meurtrier était un acte dangereux, empli d'abnégation, mais également grisant.

Asher semblait satisfait du choix du café et exprima son contentement en lui proposant de revenir. Armando sourit en jetant un coup d'oeil alentour pour apprécier une nouvelle fois la décoration des lieux.

- Oui, c'est joli et le personnel est très agréable, fit-il en soulevant sa tasse pour prendre une autre gorgée réconfortante.

Le pianiste lui expliqua comment il avait appris le tir et Armando ramena son attention sur lui. Peut-être qu'il devait en reprendre, depuis le temps ? Il était extrêmement doué au corps à corps et à l'arme blanche, mais il n'était toujours pas à l'aise avec les armes à feu.

- Il faudrait que je reprenne des leçons dans ce domaine. Peut-être que vous pourriez me donner le nom de ce maître d'arme afin que je le contacte ?


Lorsque le pianiste lui offrit de rejoindre le Yard, Armando s'étouffa dans sa tasse. Hoquetant un peu, il lui jeta un regard dubitatif puis posa la porcelaine sur la table. Il s'épongea la bouche avec sa serviette et reprit contenance. Il croisa les jambes et se frotta le menton.

- Vous êtes sérieux ? Il plongea ses yeux bruns dans ceux de son compagnon. Vous seriez prêt à vous engager ? Et le piano ?

Asher semblait sincère. Il était motivé par la perspective de reprendre un travail plus musclé et de pourchasser les ennemis de la loi et de la paix. Pris au dépourvu, l'agent mit un peu de temps à rassembler ses idées. Pouvait-il le proposer à ses supérieurs ? Ils allaient devoir vérifier son dossier et lui faire passer toute une batterie de tests. Asher irait-il jusqu'au bout ? Et après ? Il ne le connaissait pas encore vraiment, car ce n'est pas sur une "simple" aventure de ce genre que l'on peut se faire une véritable idée de la personne que l'on vient de rencontrer, mais il était prêt à lui laisser sa chance. Et s'ils devenaient partenaires ? C'était un gars visiblement débrouillard et bienveillant. Son passé de militaire jouerait en sa faveur. Il savait manier une lame et un pistolet. Il avait du sang froid.

- Vous avez quel âge déjà ? Si vous êtes motivé, je ne vois pas pourquoi on refuserait votre candidature. Seriez-vous prêt à passer les examens médicaux et psychologiques que mes supérieurs vous imposeront ? Est-ce que les tests d'aptitudes physiques ne vous font pas peur ? Je peux vous proposer, oui...C'est une idée...L'agent semblait réfléchir mais également heureux face à l'intérêt que portait Asher au Yard.  Nous manquons de personnel, c'est sûr, mais le Yard n'engage pas n'importe qui et ma parole n'aura que peu de poids dans la balance. J'ai...Disons que j'ai fait la forte tête récemment et que mes supérieurs m'ont un peu dans le nez.

"Un peu"...Il en rirait presque jaune. Mis à pied depuis des mois pour insubordination, menaces et coups sur un collègue...Ce n'était pas rien ! Mais bon, pourquoi ne pas essayer ?

- Ecoutez : demain, nous irons au Yard pour faire notre déposition et nous demanderons s'il n'est pas possible de vous engager. Ils vont d'abord nous rire au nez mais si vous leur montrez que vous êtes motivés, alors ils vous feront sans doute passer les tests.

L'Italien décroisa les jambes et récupéra sa tasse pour la vider d'un trait. Il grimaça, à cause de la chaleur du liquide, et abandonna le récipient sur la table. Puis, il se leva, tendit une main au pianiste et lui offrit son plus beau sourire.

- Faisons comme ça ! Nous verrons demain si vous êtes toujours motivé ! Je vous laisse réfléchir ! Il est temps pour moi de vous quitter. Navré mais ma fiancé m'attend. Je n'étais même pas censé passer par la gare...

Lorsqu'il quitta le café et le pianiste, Armando avait récupéré un autre cigare et l'avait allumé. Au milieu des nuages de fumée qu'il crachait en marchant, il songeait qu'il devait acheter une boîte à son complice, histoire de ne pas passer pour un profiteur. Et puis, ce dernier l'avait bien aidé aujourd'hui. La perspective de le voir s'engager au Yard avait ramené dans son coeur une flamme qu'il avait perdu depuis quelques mois. Allait-il gagner un partenaire dans ses aventures ? En attendant, Véronica risquait de ne pas apprécier ce qu'il allait lui donner comme excuse pour justifier son retard à leur balade avec Isis...


[HRP/ Fin du Rp avec Armando. Suite dans Nouvelle recrue !./HRP]


Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Sign_a10
Traduction du latin:


Dernière édition par Armando della Serata le Mer 2 Oct - 20:03, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asher Rosebury
Citoyen de l'Ombre
Asher Rosebury
Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 15/11/2013
Race : Humain
Classe sociale : Bourgeois
Emploi/loisirs : Pianiste/Enquêteur sur des meurtres qu'il a commis lui même inconsciemment...
Age : 28 ans
Age (apparence) : 25 ans
Proie(s) : lui même
Crédit Avatar : az-pt sur DeviantArt
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitimeLun 30 Sep - 23:27

Asher & Armando
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Trai10
Une promenade qui déraille et c'est le cirque

De retour en ville, le bourgeois se mit à songer à leurs péripéties avec un petit sourire sur les lèvres. Sur le dos de son cheval de cirque, le jeune homme inspira profondément, quelle aventure ! S’il avait pensé monter à nouveau à cheval par une si belle journée pour arrêter des malfrats, il n’y aurait sûrement même pas cru ! Mais c’était délicieux et l’adrénaline le faisait le sentir terriblement vivant. Son nouveau compagnon d’infortune, Armando, était un sacré combattant. Il avait réussi à mettre à mal ces voyous en quelques secondes. Son agilité et son franc-parler étaient tout aussi appréciables dans ces circonstances. Il n’avait pas manqué de rappeler à ces badauds ce qu’ils encouraient à cause de leurs bêtises. Il avait aussi avoué à Asher être plus doué aux poings qu’aux armes à feu mais avait appris à manier une lame depuis sa plus tendre enfance. Il l’imagina, lui, âgé de 5 ans à peine tenant son premier couteau en guide de poupée. Il rit un peu, le bassin balloté par les mouvements de hanches de son destrier. S’essuyant le front, son regard dérivait sur la foule. Passant des hommes aux femmes, des belles dentelles des ombrelles aux hauts-de-forme droits et sophistiqués de ces messieurs. Les fragrances musquées de ces derniers couvraient allègrement l’odeur du fumier et des trains à vapeur.

Confiant les trois malfrats aux agents du Yard, Asher dut mettre pied à terre et marcha aux côtés de l’Italien. Il lui sourit et haussa les épaules :


- Ils ont mal agi mais ils restent humains, ma foi… Peut-être sera-t-il utile sur des chantiers nationaux en guise de peine, il aura bien besoin de ses deux jambes. Il rit un peu.

Serrant la main de son nouveau compagnon, Asher le gratifia d’un de ses plus beaux sourires. Très enjoué, il balaya les alentours de son regard d’acier et répondit :


- La belle affaire ! Au moins avons-nous passé une drôle de journée !


Faisant quelques pas à ses côtés, Asher glissa une main dans sa poche d’un air décontracté et salua d’un geste de la tête une dame qui passait à ses côtés. Son très grand chapeau couvrait la quasi-entièreté de son visage aux traits tirés par les ravages du temps. Son élégance la rendait néanmoins très agréable à regarder pour une femme de son âge. Il inclina alors la tête, réfléchissant et hocha la tête :


- C’est parfait, 13h30 ! Je vais noter ça !
Il glissa sa main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit un petit crayon ainsi qu’un carnet aux pages un peu cornées. Il avait déjà beaucoup servi et il dut se rendre aux dernières pages pour y trouver une petite place. 13h30, répéta-t-il tout en écrivant. Je joue au Spirit mais ce n’est pas le seul. Bien sûr, venez-vous y détendre, je vous offrirai votre premier verre. Je serai particulièrement ravi de jouer pour vos oreilles Armando !

Particulièrement enjoué, il ne fit pas attention et buta maladroitement dans le trottoir. Il tituba, fit quelques faux pas et réussit à se rattraper sans s’écraser au sol. Un peu gêné de sa gaucherie, il leva une main et la mit derrière sa tête avant de se mettre à rire. Un café, pas un whisky, Armando avait terriblement raison. Lui qui s’était mis à boire pour oublier ses déboires amoureux et les meurtres irrésolus qui l’entouraient. Il posa ses yeux rieurs sur lui et lui avoua :

- Vous seriez surpris de ma résistance à l’alcool mais un café en pleine journée c’est aussi très bien !

Une fois installés en terrasse, Armando déclara qu’il allait prendre en charge leur première consommation et le bourgeois se mit un peu à rougir. C’était fort agréable et bien gentil de payer pour lui. Il n’avait plus l’habitude depuis le temps de partager ainsi une boisson avec un ami. Contrarié par ce qu’il vivait, il s’était laissé enfermer dans le cercle vicieux de sa mélancolie. Il rit, un peu gêné mais reconnaissant :

- C’est gentil, merci.

Il le suivit alors dans son choix, lui aussi allait prendre un café turc. Le truc, c’est qu’il n’en avait jamais bu mais il voulait bien croire au bon goût de l’Italien. Étonné qu’on lui fasse des compliments, le pianiste les lui renvoya et s’amusa beaucoup de sa réponse. Ses yeux se dessinèrent en demi-lunes tandis que son buste était secoué de petits spasmes de rire. D’une voix chaleureuse, il s’exclama tout en le détaillant :


- Mmh… ce n’était pas bien compliqué à jouer, vous êtes plutôt bel homme. Sans vouloir vous indisposer bien entendu, je vous dis ça en toute objectivité. Disons, que vous avez réagi comme tout homme respectable se devait d’agir et vos mots ne m’ont pas blessé, bien au contraire ahah. Curieux, Asher arqua un sourcil et lui sourit de plus belle. Je serais ravi d’entendre votre histoire…

Cependant, quelques instants plus tard l’Agent lui posa quelques questions sur sa carrière et Asher lui conta ses aventures au Japon. Ainsi que ses mésaventures. Le cœur un peu lourd, il se débarrassa de ses tristes songes du revers de la main et répliqua :


- Eh bien, je suppose que nous voyons tous des horreurs dans nos vies. Ne vous en faites pas, cela ne me dérange pas d’en parler, je craignais juste que vous ne me croyiez pas à ce propos. Disons que votre nom et votre accent parlent pour vous, Armando. Une lueur amusée passa dans son regard tandis qu’il portait le café à ses lèvres et croisait les jambes. Ses yeux dérivèrent par la suite sur une jolie demoiselle qui traversait la place au loin avec son fiancé. Il crevait d’envie d’être à sa place. Ah ah, arrêtez, vous allez finir par réussir à me convaincre. Ses yeux gris se posèrent sur l’Italien. Quand la cause est juste et que les combats sont pertinents je n’y vois aucun inconvénient mais la réalité est tout autre. La plupart du temps, les militaires ne savent pas pourquoi ils se battent. Ils en reçoivent un ordre, la désobéissance étant illégale et passable de la peine de mort, ils se jettent à corps perdu dans la bataille. Ils meurent sans jamais savoir pourquoi. Ces combats au Japon, glorieux pour la plupart, n’avaient que très peu de sens à mes yeux.

Bien sûr qu’Asher avait compris le point de vu de l’agent mais il désirait que ce dernier comprenne à son tour les terribles enjeux sous-jacents toute guerre. Être inspecteur ou policier ne ressemblait en rien au métier de militaire. Les uns coulaient des retraites paisibles ou presque, les autres finissaient fous ou mourraient sur le champ de bataille les trois quarts du temps.


- Et la serveuse des plus gracieuses…
le pianiste n’avait pas pu se l’en empêcher.

Se tirant de ses rêveries, le jeune homme acquiesça d’un air enjoué :

- Avec plaisir, c’est quelqu’un de très agréable qui, j’en suis certain, vous plaira ! il s’agit de Francis Grant, il dirige l’entreprise Royston & Co dont vous avez sûrement déjà entendu parler.


La discussion prit alors une drôle de tournure. Asher, qui s’était fait taquin, avait accepté avec son humour habituel d’intégrer le Yard en pensant que son nouvel ami capterait son état d’esprit. Mais voilà qu’Armando l’avait pris au pied de la lettre et qu’Asher rougissait comme un adolescent auquel on proposait pour la première fois du travail. En quelques secondes, le jeune homme fit une rétrospective de sa vie dans sa tête. Au final, pourquoi pas ? Qu’avait-il à perdre ? Son métier ? Il pourrait toujours exercer en parallèle du Yard. Allait-il devoir porter ce chapeau ridicule ? La gorge un peu nouée, il songea qu’il n’en avait absolument pas l’envie.

- Oh euh… Eh bien, pourquoi pas ! J’ai bien aimé travailler avec vous, c’était… rafraîchissant ahah ! Le piano n’est qu’une occupation, je continuerai à jouer sur mon temps libre, je suppose que vous n’êtes pas en poste à toutes heures de la journée, n’est-ce pas ? J’aurais en revanche hm… une euh… revendication. Votre couvre-chef, je refuse de le porter, ça ne me siérait pas le moins du monde. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec cette faute de goût.

Il afficha une grimace bien trop honnête pour être feinte. Le pianiste ne plaisantait. Si on le forçait à porter ce couvre-chef ridicule il n’accepterait jamais la proposition. Le bourgeois était un dandy des plus classes. Il suivait les plus grands stylistes et portait une très grande attention à la mode de son époque. Lui-même portait toujours les costumes derniers cris et les chaussures les plus brillantes de la capitale. Se redressant un peu, il plissa des yeux et se mordit l’intérieur de la joue. Des examens médicaux et psychologiques ? il ne savait même pas s’il était capable de réussir ces simples tests d’entrée. Son profond mal-être jouait en sa défaveur terriblement et ses crises d’amnésie n’allaient pas l’aider à se faire accepter. Il se tordit les doigts et se ragaillardit lorsqu’Armando évoque les tests d’aptitudes physiques. Voilà qui le réjouissait un peu plus.

- J’ai 28 ans, répondit-il franchement. Eh bien, nous pouvons toujours essayer je suppose. S’ils ne me déclarent pas fou j’aurai peut-être une chance d’être votre partenaire ! Non ne vous en faites pas, ce sont les tests qui m’effraient le moins justement, j’ai confiance en mes capacités. Bien, je comprends tout à fait. Mmmh, Armando, s’ils ne retiennent pas ma candidature ne vous en voulez pas.

Soupirant, il inspira une bouffée de son cigare qui se consumait lentement entre ses doigts puis but une gorgée de café. Déterminé, le dandy hocha la tête :


- Faisons cela, je ferais de mon mieux pour paraître convaincant.


Il reposa la tasse sur son support et tiqua en voyant son ami se lever. Il craignit un instant de l’avoir ennuyé mais ce n’était absolument pas le cas, Armando devait rejoindre sa fiancé. Confus, Asher se leva à son tour et serra chaleureusement sa main :

- Mes hommages à votre Dame, Armando. C’était un plaisir de faire votre connaissance. Je tâcherai d’être à l’heure. Passez une belle fin de journée ! Et merci pour le café, je vous revaudrai ça !

D’un sourire puis d’un hochement de tête, l’ancien militaire salua son nouvel ami. Décidément c’était une drôle de journée qu’Asher n’était pas près d’oublier. Au fond de lui, son cœur palpitait plus que nécessaire. Il lui sembla qu’il allait éclater u bien tout simplement s’échapper. Qu’allait dire sa jolie Eléanore quand il allait lui annoncer qu’il serait peut-être policier ? Ahah, il imaginait déjà la tête qu’elle allait tirer et lui il savait très bien comment allait finir sa soirée. Rêveur, il resta assis un moment au café, tirant sur son cigare ou bien buvant un peu de son café avant de rentrer chez lui, guilleret pour la première fois depuis longtemps.

[HRP/ Fin du Rp avec Asher, la suite à venir !/HRP]





Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Signat11
La plupart des hommes flottent, misérables, entre la peur de la
mort et les tourments de la vie et ne veulent pas vivre et ne savent pas mourir.
Sénèque.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Empty
MessageSujet: Re: Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

Une promenade qui déraille et c'est le cirque [18/06/42] [Armando, Asher]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Sujets similaires

-
» Nouvelle recrue ! [18/06/42] [Armando et Asher]» Une si douce mélodie [Asher, Armando, Adaline] [19/04/42]» Douce nuit, cirque en folie ! [Loys + LIBRE]» Promenade nocturne... (PV Rosalia)» Une promenade éternelle ( PV : Sladd Nordj )
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Ombre de Londres :: Regent's park et Marylebone :: Gare Euston-