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Un nouvel avenir [PV Julia]

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Gaspard de Sorel
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Gaspard de Sorel
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MessageSujet: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeDim 3 Aoû - 10:18

[HRP // En droite lignée, la suite du du Temps de la guérison // HRP]

La Maison des Sorel était vide, non pas qu'à l'accoutumée elle soit bien remplie, mais elle comptait plus d'une âme. Là, Gaspard était seul. Avachi bien plus qu'assit sur un fauteuil de la salle d'astronomie où régnait l'obscurité, il contemplait le jardin à travers la fenêtre bien qu'il fasse nuit noire au dehors, il y voyait à peine le contour des arbres, il distinguait des formes qui se mouvaient au grès du vent, incertain quant à leur appartenance ; sans la pollution lumineuse de la rue le jardin pouvait se révéler inquiétant, plein de surprises et de dangers. A quoi pensait-il ? Il n'y avait rien d'autre que des végétaux impotents. Aucun garde de Scotland Yard ne se dissimulait là à l’affût d'une preuve du passage d'Alexender. Celui-ci était partit quelques heures plus tôt, accompagné par André. C'est pour cette raison que l'aristocrate se trouvait seul, livré à lui même, à ses pensées qui le taraudaient. Bien qu'il ressentit un immense soulagement de savoir son ami loin de Londres, afin d'assurer sa sécurité, il ne pouvait s'empêcher de regretter son absence. Malgré les conditions, il avait été heureux de l'avoir à ses cotés pendant les deux dernières semaines, à vraie dire il se sentait démuni de le savoir si loin maintenant. Bien sur, tout n'avait pas été comme d'habitude, Alexender s'était doucement remis de ses blessures et d'une vilaine fièvre, il s'était montré distant, taciturne, étonnamment réservé, lui qui était si expansif dès qu'il en avait l'occasion, c'est à dire tout le temps. Il vivait mal ce nouvel échec et cela avait affecté le Lycanthrope qui s'inquiétait sincèrement quant à l'avenir de son ami. Il sentait que quelque chose s'était comme brisé et serait irréparable, peut-être qu'avec du temps cela s'arrangerait.
Un grand vide habitait le bicentenaire. Encore coupé de ses entités, il était livré à lui même, sans personne pour converser, pour l'abreuver de nouvelles pensées. Au moins il n'avait plus à s'inquiéter de la rancune qu'aurait pu éprouver Alexender à son égard, préoccupé par son absence lors de ses déboires, Gaspard s'était excusé de ne pas avoir été présent pour l'aider. Son ami l'avait tout de suite rassuré, en quelque sorte. Il n'avait pas cherché à recevoir son soutient, pour diverses raisons, il ne voulait plus interférer dans sa vie pour les erreurs qu'il pouvait faire, il voulait le préserver, lui ainsi que la relation qu'il entretenait avec Julia, née plus rapidement que prévu grâce à ses machinations. Sans son intervention, où en seraient-ils ? Gaspard aurait-il déjà osé lui proposer une invitation ? Une chose était sure, ils n'auraient pas encore vécu cette fabuleuse retraite à Loth pour apprendre à se connaître et à magnifier leurs sentiments. Comme il avait hâte de la retrouver ce dimanche ! Maintenant qu'il était livré à lui même, il ressentait à quel point elle avait laissé un vide derrière elle lorsqu'elle était partie. Il n'en pouvait plus d'attendre, mais il n'avait aucun moyen de faire avancer le temps plus rapidement, c'était impossible. Il prendrait encore son mal en patience.
Du désir. Des projets. De l'amour. Gaspard en était emplit. Par le passé, il avait délaissé ces choses du commun, il avait tout abandonné pour donner un autre sens à sa vie. Il avait fini par perdre une partie de son humanité pour tendre vers autre chose. Il avait ressemblé à une coquille vide, exempte de sentiments envers son prochain, touché seulement par la sensualité de l'art, agressé par le genre humain. Cette vie lui avait plu un temps, puis elle l'avait enserrée comme un carcan, prisonnier de lui-même il n'était plus qu'une ombre, une statue mélancolique vouée à la impassibilité.
Aujourd'hui Gaspard était de nouveau un homme. Heureux ? Peut-être. Au moins il avançait vers ce chemin de la félicité. Il ne restait que quelques jours avant que son bonheur ne s'affirme et dure... le temps d'une vie. Mais c'était déjà tant ! Ce dimanche, il serait baigné de lumière. Il retrouverait la chevelure embaumée de parfum de Julia. Il croiserait son regard azuré. Il enlacerait son corps paré de vêtements cousus de ses mains. Il aimait cette créativité qui l'animait. Oh Julia !

Gaspard quitta la contemplation du jardin pour aller trouver le sommeil dans son lit. Celui-ci lui échappa. Il attendit, avec patience, mais il avait trop de choses en tête. Repoussant l'édredon, il se releva, enfila sa robe de chambre, alluma une lampe à huile et partit s'abîmer les yeux dans la bibliothèque, son refuge de toujours. Il délaissa la lecture de Faust pour aujourd'hui et jeta son dévolu sur un roman pastoral français, L'Astrée, d’Honoré d'Urfé. S'il espérait ainsi oublier l'image de son aimée, cela ne répondit pas à ses attentes. Il s'identifia aux personnages, prenant le rôle de ce berger, imaginant sa douce à ses cotés, courant follement dans les prairies champêtres. Dans un sens c'était cela même qui s'était passé à Loth. Ils s'étaient faits la cour sans chaperon, jouant au jeu de l'amour, hasardant quelques tentatives pour se rapprocher plus encore, sans toutefois dépasser les limites.
Une fois marié l'honorable bicentenaire avait bien l'intention d'avoir des moments de charnelle  complicité avec sa tendre amoureuse. Il s'était refusé à mettre en danger la vertu de la petite couturière, elle méritait mieux qu'un moment intense mais vite perdu vécu dans le creux d'une alcôve. Julia aurait un mariage digne de leurs sentiments ! Puis Gaspard dans l'intimité de leur chambre nuptiale l'initierait à des bienfaits plus physiques, concrétisant leur passion, assouvissant leurs désirs. Il comblerait cette jeune femme d'Amour.

Avertissement -16ans s'absetenir:

André revint à la Maison des Sorel le lendemain soir avec de bonnes nouvelles : Alexender était installé et n'avait pas souffert du voyage. Il était maintenant à l'abri dans la maison de campagne, loin des autorités, des Vampires et des problèmes. Il pourrait se remettre tranquillement de ses blessures physiques et retrouver sa forme d’antan. Le major d'homme rapporta les quelques paroles de l'aristocrate déchu avant qu'ils ne se quittent pour de bon. Gaspard remercia chaudement son employé d'avoir fait tout ceci, d'avoir été présent et de s'être montré aussi réactif. Le Lycanthrope portait André en haute estime, maintenant plus encore. Il se surprenait même à éprouver pour lui comme la naissance d'une complicité, pas encore amicale, mais indéniablement présente. Il imagina que la réciproque était identique, sinon pourquoi cet homme lui aurait-il rendu tant de services qui n'étaient pas dans le cadre de ses fonctions pendant les dernières semaines ? Oui, leur relation était en train d'évoluer.

Le dimanche arriva lentement pour Gaspard. Il piaffait d'impatience de voir à nouveau la belle et jeune femme qui le faisait frémir. Pour plus de commodité, il pria André d'aller la chercher en fiacre et de l'amener jusqu'à la Maison. De son coté, le Lycanthrope vérifiait une fois encore sa livrée, lissait son veston déjà impeccable, il voulait être parfait. Il avait opté pour une tenue sobre, parfaite pour une visite, élégante. Il s'était rasé et portait des rouflaquettes de quelques jours. Jusqu'ici il n'avait pas porté de barbe et espérait que son amie apprécierait le changement. Trépignant, il parcourait la maison de long en large en attendant l'arrivé de son invitée, jetant des coups d’œils par les fenêtres qu'il croisait. Dans sa tête, il imaginait leurs retrouvailles, ce qu'il pourrait lui dire, de quelle manière il la saluerait, à quel moment il aborderait le vif du sujet : sa demande. Comme il avait hâte de voir sa réaction ! Mais il devait bien l'avouer, il ressentait aussi la peur. Et si cela ne se passait pas comme prévu ? Il repoussait ces pensées, jugeant que cela relevait de l'impossible, il devait arrêter de s'inquiéter autant. Julia et lui, cela coulait de source.
Le bruit des grilles le ramena près d'une fenêtre à travers laquelle il regarda l'allée : le fiacre conduit par André venait de faire son entrée. Gaspard sentit soudain sa bouche s'assécher. Son pouls s'accéléra. D'un pas vif il passa l'entrée qu'il laissa entrouverte sur son passage. Du haut des marches il vit André se préparer à ouvrir la porte de la voiture. Son muscle cardiaque s'affolait dans sa poitrine à lui en faire mal. Julia lui avait tant manqué !


Un nouvel avenir [PV Julia] Gaspar10


Dernière édition par Gaspard de Sorel le Lun 4 Aoû - 11:00, édité 1 fois
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Julia Thanas
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeLun 4 Aoû - 0:26

[HRP/ Suite de « Erreur fatale »/HRP]

Après avoir passé ce qui serait sans doute les deux semaines les plus merveilleuses de toute sa vie en compagnie de Gaspard de Sorel dans sa demeure de campagne à Loth, [voir RP « Retraite à la campagne »] Julia Thanas, la jeune couturière de Covent Garden, avait vécu bien des aventures terribles dans l'ombre de la capitale londonienne.

La première de ces aventures avait été sa transformation prématurée, à peine deux jours après son retour dans la demeure familiale. [voir le RP « Erreur fatale] Sans que son amant ne le sache, et tandis que ce dernier triait ses papiers et accueillait sous son toit l'homme le plus recherché de Londres, la belle avait ainsi une nouvelle fois subi le joug de la pleine lune et sa maladresse avait bien failli prendre la vie de plusieurs innocents. Julia était en effet sortie, au lieu de s'enfermer dans la cave comme elle le faisait toujours depuis qu'elle avait été mordue par un Loup-Garou à ses 12 ans. Elle était sortie au zoo pour profiter du beau temps et pour réfléchir sur son avenir avec Gaspard. Elle avait besoin d'éviter la pesanteur qui régnait à la maison, avec sa mère et sa grand-mère qui restaient constamment sur son dos. Mais la belle couturière avait exagéré ce soir-là et la lune avait eu raison de sa conscience une nuit plus tôt que prévu. Heureusement, sans qu'elle ne le comprenne, la jeune femme avait été aidée par deux Lycanthropes qui avaient réussi à maintenir sa rage bestiale dans l'enceinte du parc zoologique. Cela était heureux pour les dernier promeneurs du soir, les mendiants et tout ceux qui osaient encore sortir le soir à des heures impossibles. Un des Lycanthropes avait même réussi à atteindre son esprit le plus sage pour calmer sa colère et apaiser son être tout entier jusqu'à ce qu'elle quitte sa forme monstrueuse et redevienne la simple petite bourgeoise que tous connaissaient.
Le lendemain, lorsqu'elle s'était éveillée dans la pièce sombre du sous-sol de la maison familiale, son cœur avait bondi et ses peurs les plus primitives avaient resurgi. Sa mère et sa grand-mère l'avaient alors rassurée : apparemment, elle n'avait tué personne cette nuit-là et personne ne parlerait au sujet de sa nature. Ses mystérieux adjuvants s'en étaient allés en ne laissant qu'un petit mot derrière eux assurant que tous avaient échappé au pire et qu'il fallait surveiller d'avantage ses « particularités ». Qui étaient-ils ? Pourquoi l'avaient-ils aidée ? Comment avaient-ils su où elle habitait ? Jamais Julia ne le saurait. Il ne lui restait de cette aide qu'un goût affreusement amer, l'idée qu'elle s'était retrouvée au corps à corps avec des gens qu'elle aurait pu tuer, la gêne d'avoir été vue nue par des inconnus...
Les transformations qu'elle avait subi les deux jours suivants avaient été pour elle les plus douloureuses de son existence. Son esprit s'embrouillait, elle confondit sa propre ombre avec des ennemis imaginaires, les yeux brûlants de Gaspard revinrent sans cesse dans ses rêves et lorsqu'elle laissa son regard parcourir les longues balafres qu'elle avait tracées aux murs de sa cellule, elle abandonna tout espoir de pouvoir un jour faire sa vie avec cet homme. Comment concilier tant de rage, tant d'agressivité et de monstruosité avec la douceur bénie d'un foyer ? Comment pourrait-elle accepter de faire courir un tel risque à celui qu'elle aimait ? Jamais elle ne réussirait à disparaître trois jours consécutifs, chaque mois, en trouvant une bonne excuse à lui faire avaler ! Jamais elle ne pourrait lui cacher sa malédiction sans risquer de le blesser un jour par maladresse, malchance ou pire, par envie.

La seconde de ces aventures avait été le retour de Monsieur De la Phalère dans sa vie, ou du moins de son fantôme. L'homme, tué par Sir De Sorel au court d'un duel pour sauver son honneur de jeune femme, le soir de leur rencontre, avait laissé derrière lui un frère, un certain Calvin. Ce dernier avait décidé de faire payer à la jeune couturière la mort de son aîné. Mais puisqu'il y avait eu des témoins et que le duel avait été clairement établi comme loyal de la part de Gaspard, l'affaire avait évité le scandale et le Yard l'avait rapidement classée dans les fait divers sans inquiéter outre mesure l'aristocrate aux cheveux de feu. La justice était donc du côté des deux amants et le seul moyen qu'avait De la Phalère pour venger son frère, c'était de se mettre à harceler Julia et de rendre son quotidien aussi cauchemardesque que possible à l'aide de multiples stratégies plus sournoises les unes que les autres. La première de ses actions nuisibles fut de venir en personne au « Dressed », la boutique familiale des Thanas, pour commander un costume fait sur mesure et d'exiger que ce fusse elle-même qui le lui taille en personne. Ainsi, il avait pu la faire culpabiliser à son aise et la rendre plus nerveuse que jamais en pleurant son frère pendant ses visites. La seconde de ses actions fut de l'inviter à dîner, ce que la jeune femme refusa évidemment, trop portée d'amour pour le beau De Sorel, mais également assez méfiance et maligne pour avoir rapidement compris que cet homme cherchait à lui faire payer le duel au Fitzrovia. Elle n'était pas assez stupide. Enfin, l'homme faillit la renverser en fiacre devant le magasin et cette tentative de meurtre finit par conduire Julia à écrire une lettre au Yard pour porter plainte contre les agissements du haut bourgeois. De la Phalère fut mis sous surveillance et Julia pu enfin retrouver un semblant de calme. Tout ceci s'était passé en moins de deux semaines et la pauvre jeune femme avait décidément l'impression d'être passée du paradis le plus parfait à l'enfer le plus affreux. Désirant éviter que son amant ne prenne le taureau par les cornes et ne les plonge tous dans un terrible procès, elle avait préféré n'en souffler mot espérant que cette histoire resterait désormais derrière elle et qu'elle prendrait d'elle-même la poussière. Cela était certainement imprudent, puisque De la Phalère reviendrait sans aucun doute à la charge, mais Julia avait dans la tête de régler cette histoire par ses propres moyens, sans que Gaspard ne puisse être de nouveau ennuyé. Après tout, c'était à cause d'elle que tout avait commencé. Elle n'avait qu'à mieux choisir ses fréquentations.

Dans le même temps, la capture et l'évasion d'Alexender Von Ravellow avait beaucoup remué la petite couturière et c'était aussi la raison pour laquelle ses pensées s'étaient dispersées et que De la Phalère était passé au second plan. Alexender, décrit comme le pire des comploteurs, comme un assassin, un terroriste qui visait les plus hauts dignitaires de la couronne, était ce fameux ami qui les avait rassemblés. C'était un homme qu'elle ne connaissait presque pas mais qui était dans les plus proches connaissances de son amant. Que fallait-il donc croire ? Que devait-elle espérer ? Le théâtre avait brûlé, elle en avait vu des gravures et des photos, le Comte Jirômaru Keisuke avait été blessé et même la reine avait décrété que le jeune Ravellow était un ennemi de l’État. Julia avait été complètement bouleversée par les nouvelles qu'elle avait lues dans les journaux et par les ragots que les commères de la capitale avaient ramenés avec elles au « Dressed ». Cela l'avait presque rendue malade au point que, si elle n'avait jusqu'à présent rien évoqué de ses histoires et pensées à son amant afin d'éviter de l'inquiéter, elle avait cette fois-ci eu le courage de prendre la plume pour lui faire part de ses angoisses. Plein de sollicitude, Gaspard l'avait alors rassurée et leur prochain rendez-vous avait enfin été fixé.

Julia en était complètement affolée. Car si leur petit échange de lettres durant ces quatre semaines de distance avait entretenu leur amour et leur respect mutuel, comme l'on s'occupe d'une flamme qui vacille dans le courant d'air du soir, bien des indices lui avait laissé croire que l'aristocrate commençait à la délaisser. [Voir la correspondance Gaspard-Julia] En effet, alors qu'ils s'étaient promis de se revoir au plus tôt, Gaspard n'avait cessé de repousser la date de leurs retrouvailles. Cela avait fortement perturbé la belle. Elle qui avait d'abord compris et admis qu'un homme de sa carrure puisse avoir d'autres impératifs que de s'occuper d'une histoire d'amour qui ne faisait que débuter, prenant patience avec sagesse, avait fini par se demander, au bout du second report, si Gaspard ne cherchait pas en réalité des excuses pour l'éviter. Julia s'était ainsi finalement sentie abandonnée, délaissée, et son cœur avait souffert en silence tandis qu'elle avait repris son travail dans la boutique de tissus. Sa mère et sa grand-mère ne lui étaient plus d'aucune aide, bien au contraire. Elles qui la soutenaient toujours ne pouvaient cependant pas s'empêcher de lui poser mille et une questions, de critiquer sa manière d'écrire, de la surveiller du coin de l’œil et de l'écraser avec cette histoire de duel qui était revenue sur le tapis. À leurs yeux, Monsieur de Sorel n'était finalement peut-être plus un si bon parti que ce qu'elles avaient espéré. Si après deux semaines dans sa maison de campagne il n'était pas capable de lui rendre ne serait-ce qu'une visite courtoise, s'il la laissait languir après lui de la sorte et s'il était en plus ami avec un assassin, il valait mieux abandonner la partie et chercher un meilleur gendre ailleurs. Bien d'autres hommes pourraient faire le bonheur de leur fille et petite-fille, pourquoi continuer avec celui-ci ? Même s'il était sans aucun doute le meilleur parti qu'elles aient jamais vu jusqu'à présent, et s'il était en vérité au-dessus de leurs espérances, elles préféraient savoir Julia en compagnie d'un mari aimant plutôt qu'aux bras d'un éventuel malfrat engoncé dans des redingotes volées, roulant sur l'or, embrassant les honneurs tout en la battant à côté. Leur imagination se faisait de plus en plus fertile à mesure que le temps passait sans que Julia ne retrouve le sourire.
La dernière lettre de Gaspard, venue annoncer à la jeune couturière que ce dimanche serait le bon et qu'après quatre semaines de distance ils pourraient enfin se retrouver, sonna ainsi pour la belle comme le début d'un affrontement. Ce serait leur amour ou la raison, la passion ou la famille, l'alliance suprême ou la fin de tout pour une paix durable et le salut de tous.

Trois jours avant son départ pour la maison de Gaspard où elle était conviée, Julia dut encore s'enfermer dans la cave familiale. La pleine lune avait eu le temps de revenir la hanter et de redonner à son cœur doutes et souffrances. Sa transformation fut moins douloureuse que les deux dernières fois mais elle la marqua d'autant plus qu'elle lui permit de rester assez lucide durant ses phases de mutation au point qu'elle pu réfléchir à son avenir avec l'aristocrate. Elle en conclut qu'elle n'en avait pas. Il l'avait abandonnée, pour des raisons qui lui semblaient de plus en plus insuffisantes, et sa malédiction ne pourrait que les tuer l'un l'autre. Il était inutile de se projeter dans un avenir joyeux, empli de lumière et de prospérité, alors qu'elle le savait sombre, couvert de nuages, de sang, de rage. Le monstre qui était en elle ne permettrait jamais leur épanouissement, il fallait qu'elle se fasse une raison. Toute cette attente l'avait tuée. Rongée par le soupçon, par les paroles de ses parents, par les journaux, par sa malédiction et son manque de foi en l'Humanité, Julia risquait d'arriver jusqu'à Gaspard pour se laisser tomber devant lui, brisée comme un vase jeté contre un mur.

Ainsi, tous ces incidents et toutes ces tristes pensées avaient laissé à la belle bien des marques. Les premières, physiques, avaient pris la forme d'ecchymoses noirâtres sur ses bras et ses cuisses. De sa dernière transformation, elle conservait en effet quelques entailles et sa peau blanche ne pouvait pas se régénérer en seulement deux jours de repos. Pour cacher au mieux ces traces, elle s'était mise à porter des robes plus épaisses, plus sombres et drapées, et elle glissait désormais ses bras sous de longues manches doublées de dentelles, fermées au poignet par un fin bouton doré. Nulle parcelle de sa peau était visible, pas même sur son cou. Il n'y avait que son visage et ses mains qui dépassaient de sa toilette. Mais ce que lui avait surtout laissé ces deux pleines lunes et ce mois d'attente, c'était une marque psychologique, une blessure dans son cœur qui se traduisait par un désespoir des plus profonds. Désormais persuadée qu'elle avait vécu dans la lumière de Loth, aux creux des bras de son amant pour mieux goûter à l'amer sensation d'échec, elle ruminait d'affreuses pensées et redoutait plus que jamais ce rendez-vous.


******************

Dimanche arriva. Le ciel était clair mais quelques nuages gris laissaient parfois le commun des mortels dans leur ombre titanesque. Julia était prête. Dans sa chambre, sa mère remit une de ses longues boucles rebelles dans sa coiffure compliquée à l'aide d'une épingle.

- N'oublie pas nos recommandations Julia. Si Monsieur De Sorel décide de continuer cette...aventure avec toi, il faudra que tu t'assures qu'il est bien sincère et surtout que tu ne te laisses pas entraîner dans n'importe quelle...situation compromettante avant un éventuel mariage.

- Je sais Mère, cessez de m'ennuyer avec cela. Vous m'avez déjà fait votre sermon la dernière fois. Vous ne me faites pas confiance. En deux semaines, il n'a jamais dépassé les frontières que la bienséance nous impose à tous.

Cela était faux, mais pour rien au monde Julia n'avouerait qu'ils s'étaient fougueusement embrassés sous le saule, dans la salle à manger, dans les couloirs et les multiples pièces dont était composée Loth. La magnifique demeure de Gaspard, la discrétion d'André son majordome et le beau temps leur avaient offert cette insouciance, cette facilité pour développer leur amour. Ils s'étaient tenus dans les bras l'un de l'autre, ils avaient lu tête contre tête et avaient même dormi ensemble. Dans les pensées les plus intimes de la petite couturière, de nombreuses envies étaient apparues mais jamais ils n'avaient dépassé les bornes. Jamais encore Gaspard ne l'avait réellement touchée, jamais elle ne s'était présentée nue devant lui, c'était trop tôt, encore trop irréel pour la belle. Heureusement, l'aristocrate n'avait jamais tenté le diable afin, sans doute, de ne pas la gêner et de conserver son innocence.

-  Peut-être mais après cette escapade, ce prochain rendez-vous pourrait bien avoir pour but de...

- Mère!

D'un air farouche, Julia repoussa la main de sa mère qui remettait en place son col pour la dixième fois.

- Tout se passera bien, je vous l'assure. Maintenant, il faut que je parte ou je vais être en retard.

Julia descendit devant la maison où un fiacre l'attendait depuis déjà une bonne vingtaine de minutes. C'était André, le majordome de Gaspard, qui conduisait le véhicule. En le voyant, Julia ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Cet homme la rassurait, il avait le visage d'un ami de longue date, celui d'un homme franc et fidèle. Lui adressant un rapide coup d’œil pour le saluer, la belle le laissa lui ouvrir la portière et pénétra dans l'habitacle molletonné.
Lorsque le fiacre démarra, Julia fit un petit signe de la main à sa mère qui était venue jusque sur le perron et soupira un grand coup. Décidément, elle étouffait dans cette maison ! Elle ne supportait plus d'être traitée comme une enfant et encore moins d'être assimilée à une petite poupée que l'on bichonne sans arrêt pour les beaux yeux du monde et non pas son bien-être à elle.

Lentement, le paysage défila. Les ruelles s'enchaînèrent et le cœur de la petite couturière se mit à battre la chamade.
Est-ce qu'elle portait une robe qui lui plairait ? C'était une crinoline simple à nombreux pans drapés, sa couleur sable ne mettait pas en valeur ses yeux mais au moins avait-elle un haut col et des manches parfaitement adaptées à ses besoins. Son corset était moins serré qu'à l'accoutumée, elle ne pouvait pas le lier d'avantage à cause de douleurs qu'elle avait dans les côtes. Et puis ses bottes couleur pêche juraient un peu...Tant pis...Elle n'avait pas le choix. Même si elle était couturière, ses revenus ne lui permettaient pas encore de s'acheter des toilettes complètements assorties. Beaucoup d'argent passait dans la nourriture pour toute la famille mais aussi dans les soins que recevait sa grand-mère.
Que lui dirait-elle ? Des mots d'amour ou lui ferait-elle part de ses lamentables doutes ? Elle était réellement perdue. Devrait-elle lui reprocher ses silences et la longueur de son absence ? Elle avait souffert, plus cruellement que beaucoup de jeunes femmes qui auraient été dans sa situation, mais le bel aristocrate, ignorant ses tracas les plus obscurs, la trouverait sans doute futile...

Lorsque les grilles du manoir des Sorel apparurent, Julia était transie de peur. Elle ne souhaitait plus qu'une chose : fuir, fuir très loin et ne jamais revoir Gaspard. Son esprit était embrouillé et elle ne cessait de penser qu'elle aurait mieux fait de refuser sa dernière invitation et de rester dans sa boutique, seule, à coudre la robe de Madame Turner ou de Miss Carter. À la vue des deux griffons qui gardaient l'arche de pierre sous laquelle le véhicule passa, Julia frémit. Elle avait déjà vu la demeure de Gaspard mais jamais encore ces animaux mythiques ne l'avaient autant effrayée. Elle avait l'impression d'entrer dans un château hanté, lieu de vie d'un fantôme oublié qui n'attendait que sa présence pour déverser sur elle sa colère. Devant ses yeux dansèrent les affreuses scènes qu'elle avait déjà vécues en compagnie de cet homme. Celle du duel avec De la Phalère, celle de l'arrivée d'Alexender, tout couvert de boue et de sang, celle de cette bibliothèque interdite, de ce dîner horriblement tendu...Ce n'était pas Loth, et le temps béni qu'elle y avait passé s'était émietté comme un morceau de pain abandonné sur une table sans vie.

Avec une grimace, la belle jeta un coup d’œil par la fenêtre. L'accueillerait-il lui-même ?

Enfin, le véhicule stoppa et on lui ouvrit la porte. Elle descendit avec l'aide d'André et posa le pied sur les graviers qui siégeaient au pied de l'escalier qui menait à l'entrée de la demeure. Ses yeux d'azur brillaient d'impatience mais aussi d'inquiétude.


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Gaspard de Sorel
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeMer 6 Aoû - 19:19

La porte de la voiture s'ouvrit et dévoila la personne qui occupait toutes les pensées du propriétaire des lieux, ses moindres désirs, ses rêves éveillés. Un sourire irrépressible étira les lèvres de l'aristocrate. Julia était bien la seule à pouvoir se vanter de le faire s'oublier ainsi. Comme elle était belle dans cette robe couleur de sable qui laissait deviner ses formes féminines sous l'étoffe qui recouvrait sa peau de nacre. Sa tenue laissait tout le loisir à l'imagination de Gaspard qui, émoustillé, descendait les marches du perron. La coiffure sophistiquée de la jeune femme était remontée en un chignon élaboré, tenu par diverses épingles invisibles, découvrant son cou, sa gorge. Elle semblait si sérieuse soudainement, bien plus que dans ses souvenirs à Loth ; ses atours et cette robe la vieillissaient sans atténuer son charme, elle était parfaite pour célébrer la messe, elle en aurait fait pâlir les statues des Saints de l’Église. C'était du moins l'avis du Lycanthrope, subjugué, baignant dans la lumière de l'Amour. Cette vision fit s'affoler plus encore les tambours dans sa poitrine. Trop heureux pour y prendre garde, il ne vit nullement les chaussures dépareillées de la couturière et cet assortiment de couleur qui était somme toute une faute de goût certaine, de même il ne prêta pas attention à la simplicité de sa livrée.
Comme l'attente de ces retrouvailles avait été longue ! Il espérait que la suite serait à la hauteur de ses espérances.
Monsieur de Sorel s'avança prestement, de sa main robuste il captura celle de Miss Thanas, la porta à ses lèvres, réalisant ainsi un baise-main hors de toutes les conventions : d'abord il s'attarda trop longuement, puis ses yeux d'ambre ne quittèrent pas le visage de la jeune femme, révélant sans un mot s'il est possible, l'intensité de ses pensées. C'était un accueil empli de chaleur, vivace, quelque peu imprévu. En effet Gaspard aurait voulu rester maître de lui même au moins jusqu'au hall d'entrée, mais il n'avait pas pu, trop impatient peut-être à l'idée de retrouver cette complicité qu'ils avaient partagé des jours durant pendant leur retraite loin de Londres. Il craignait à juste titre que les quatre semaines écoulées depuis ce moment unique, idyllique, ne soient trop loin maintenant pour que tout redevienne comme tel. Il y avait eût ce fâcheux contre temps imposé par la convalescence d'Alexender, Gaspard s'était vu obligé de reporter son rendez-vous avec Julia, inventant un problème fictif survenu à sa compagnie de bateaux pour couvrir ses arrières et cela le gênait. Il n'avait pas aimé lui mentir. Quant à l'inviter cela aurait été impensable, même s'il avait caché le Hunter dans son laboratoire secret le risque de détériorer la réputation de la jeune femme était bien trop grand. Et lui même se révélait être blessé, il n'aurait pas pu expliquer convenablement une chute qui lui aurait brisé le bras. Toute cette mascarade aurait été irréalisable, elle se serait douté de quelque chose. Non. Il avait agi pour le mieux. Il le savait. Mais cela ne faisait pas disparaître l'amertume de ses reproches. Maintenant qu'il tenait assez à Julia au point d'envisager des projets futurs avec elle, il se sentait éminemment contrarié d'avoir à lui dissimuler la vérité, même pour son bien.
Gaspard se dit que lorsqu'ils seraient mariés, sans doute viendrait-il à évoquer l'existence des Lycanthropes. Il parlerait d'abord de faits peu effrayants, il pourrait évoquer la réalité de la magie et jauger des réactions de sa douce qui au final croyait déjà en l'existence du paranormal. Il pourrait vivre en lui cachant ces choses, mais il ne le voulait pas, il lui faudrait trouver le moment propice pour lui apprendre la vérité sur ce qu'il était, malheureusement il ne pouvait se résoudre à la lui dire avant qu'ils ne soient mariés, liés à vie devant Dieu et la société. Il ne devait prendre aucun risque. Le moins possible. Il se demandait s'il devait se reprocher ce manque de confiance et si c'était là le problème, parce qu'il accordait sa confiance à Julia, c'était indéniable puisqu'il lui avait avoué sa passion pour elle. Mais il ne pouvait se résoudre à lui confier cette information vitale sans une contrepartie. Ses siècles de vie lui avaient appris à être raisonnable. Bien sur il ne pouvait pas cacher indéfiniment la vérité à son entourage ne serait-ce parce qu'il ne subissait pas les effets du vieillissement physique. André et Alexender étaient les seuls dans la confidence et ses uniques proches. Ils ne semblaient pas mal le vivre. Cependant, eux, ne partageaient pas sa couche, clama froidement la conscience de l'aristocrate. Quelle femme, même follement amoureuse, parviendrait à se faire à l'idée qu'elle vivait avec un monstre, un homme-bête ? Impensable.
Heureusement, aucune de ces fâcheuses pensées ne vint troubler Gaspard alors qu'il relâchait enfin la main de Julia sans la quitter du regard, tandis qu'André refermait la porte et s'apprêtait à remonter sur le fiacre.


- Bienvenue Julia, souffla-t-il la voix rendue rauque par l'émotion, vous revoir me met le cœur en joie, vous êtes splendide ma chère.

Il inspira, comme pour continuer, puis se ravisa. A la place il proposa son bras à la jeune femme pour la mener à l'intérieur. Ils montèrent ensemble les quelques marches et passèrent la porte que le Lycanthrope referma derrière lui, avant de se retourner vers Julia. Il l'observa un instant, hésitant soudain. Il avait imaginé leurs retrouvailles, mais ne s'était pas imaginé aussi hésitant. Cela n'était pas son genre.

- Rendons-nous au petit salon, cela sera plus commode que de rester dans le vestibule, il indiqua la direction de la main, invitant la couturière à le suivre, sachant parfaitement quelle devait se souvenir de la direction à prendre.

Ils pénétrèrent dans le salon, plus chaleureux que l'entrée, bien plus lumineux et propice aux conversations. D'un geste de la main, il indiqua un fauteuil à la jeune femme et le sofa, lui laissant ainsi le choix. De son autre main il frôla son dos, ce qui le fit tressaillir.


- Savez-vous... Sais-tu que ta présence m'a terriblement manquée ? Souffla Gaspard, que le sourire n'avait toujours pas quitté. Je dois même avouer avoir hésité à me rendre chez toi sans invitation dans l'espoir de te voir, je sais que cela n'aurait pas été convenable, de plus il était tard, mais j'aurais aimé oser...

L'aristocrate était heureux. Il se sentait mieux depuis que Julia Thanas se trouvait près de lui. Il prenait enfin conscience à quel point elle avait pu lui manquer pendant ce mois d'absence. Il ne désirait plus la quitter et cela renforça plus encore son intention de lui faire sa demande en mariage. Il n'imaginait pas que don son coté la jeune femme avait tant souffert de son absence et surtout du report de leur rendez-vous. S'il en avait eu conscience, peut-être se serait-il encore excusé et insisté sur la peine qu'il avait eut à ne pas la voir à cause de ses obligations.


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Julia Thanas
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeVen 8 Aoû - 10:24

Près d'un mois s'était écoulé depuis que Gaspard et Julia s'étaient séparés à Loth. Leur idylle leur paraissait loin et ils pouvaient craindre que leurs sentiments aient pu changer. Dans un tel monde, un mois c'était bien assez pour se sentir étranger l'un à l'autre.

Mais lorsque Julia, aidée par André, descendit du fiacre pour poser les pieds dans la propriété de son aimé, lorsqu'elle vit Gaspard quitter l'entrée pour venir à sa rencontre, son cœur s'emballa. La haute silhouette de l'aristocrate l'intimida comme aux premiers jours et son air solennel, à demi effacé derrière un sourire intriguant, la fit frissonner. Il portait des vêtements sobres, élégants et humbles, qui faisait cependant ressortir toute la noblesse de son port. Ce que la petite couturière nota rapidement, ce furent les rouflaquettes que son ami portait. C'était la première fois qu'elle en voyait sur son beau visage. Cela le vieillissait sans pourtant enlever le charme de ses traits. Il paraissait plus sage, plus mûr, plus officiel. C'était une étrange sensation que de le revoir ainsi en partie transfiguré. La belle sentit ainsi plus fortement leur différence d'âge et cela la déstabilisa d'autant plus qu'elle l'en trouva plus beau encore que dans ses souvenirs. Sa crinière de feu et ses yeux ambrés la fascinèrent comme le jour de leur première rencontre et au fond de son cœur monta un cri empli d'amour et de soulagement. Comme il lui avait manqué ! Comme elle avait attendu ce moment !

Gaspard s'avança vers elle et lui fit un long baise-main. Julia le laissa faire en tendant doucement sa main, esquissant au passage une courbette en règle. Son teint rougit lorsque le regard de l'aristocrate trouva le sien. Il s'attarda un peu sur ce salut, le rendant presque indécent. Une partie des peurs de la petite couturière s'envolèrent comme par magie. Elle qui avait appréhendé l'accueil que lui réservait le bel homme comprit dans cet échange à quel point elle lui avait manquée et combien son amour était resté vivace. Le timbre dont la voix de son aimé se colora pour lui souhaiter la bienvenue la fit trembler d'émotion. Oui, c'était l'homme qui faisait battre son cœur ! Celui vers lequel elle avait dirigé toutes ses pensées ces derniers mois ! À travers les épreuves, au-delà de ses doutes, son âme était toute à lui et à lui seul!


- Je vous remercie Monsieur de Sorel. Vous revoir me remplit également de joie.

Elle aurait voulu lui dire qu'elle avait trouvé le temps horriblement long, qu'elle lui en voulait de ne pas lui avoir rendu visite et d'avoir tant de fois reporté leurs retrouvailles. Elle aurait voulu lui souffler qu'elle le trouvait élégant, terriblement imposant, à la fois rassurant et effrayant. Son cœur bondissait dans sa jeune poitrine. Mais Julia avait été élevée dans le soucis de l'étiquette et leur différence sociale était encore fortement marquée dans son esprit : elle souhaitait faire bonne impression. Pour cela, elle devait conserver sa place, sourire et baisser les yeux avec prudence et respect sans laisser ses sentiments déborder au cours de leur échange. Quand la dernière lettre de Gaspard était parvenue jusqu'à elle, annonçant que ce dimanche serait celui de leurs espérances, sa mère lui avait encore rappelé les codes dont il fallait faire usage dans semblable situation. Julia n'avait pas besoin qu'on les lui rappelle, elle les connaissait que trop bien grâce à sa politesse naturelle et à ses rapports avec les clients du « Dressed », mais cette précaution lui avait toutefois permis de remettre en place ses idées et de se préparer à refréner ses émotions. Comme beaucoup de femmes de sa condition, la belle se raccrochait aux normes dans lesquelles la société la cantonnait. Cela lui servait de repère et la rassurait car, même si elle se sentait parfois emprisonnée dans ces carcans, ils cadraient sa vie et lui évitait les écarts qui pouvaient la mener dans des impasses.

Prenant le bras que lui tendait son amant, la petite couturière se laissa conduire à l'intérieur du manoir. Une fois dans le vestibule, Gaspard l'invita d'un geste à gagner le petit salon. Sans se faire attendre, Julia lui sourit et se dirigea vers la pièce claire et chaleureuse. Elle jeta un coup d’œil à la décoration qu'elle reconnaissait. Tout était confortable, luxueux, plein de bon goût. Étrangement, Julia trouva ce lieu plus serein et agréable que la première fois qu'elle était venue. La situation était beaucoup plus claire, plus posée malgré les apparences, le soleil filtrait à travers les carreaux et une odeur de papier et de thé emplissait l'espace autour d'eux. Dans ses souvenirs, ce salon était étroit, sombre et froid, à l'image des événements qu'ils y avaient vécu : l'arrivée d'Alexender, leur dispute, ces repas plein de suspicions et de doutes. Aujourd'hui était différent.

Alors que Julia allait se diriger vers un fauteuil que Gaspard lui indiquait, et qu'elle préférait à l'étendu du sofa, elle sentit dans son dos sa main qui la frôlait. Ce contact raidit sa colonne et la fit rougir. La familiarité dont usa son ami la perturba l'espace d'un instant mais bien vite leurs deux semaines à Loth resurgirent dans son esprit. Au départ, ils avaient été très droits, coincés par les manières, l'étiquette, les codes, le respect et la timidité, mais peu à peu, ils avaient appris à se connaître, à accepter le contact, à franchir les interdits en osant s'embrasser et même dormir dans les bras l'un de l'autre alors qu'ils n'étaient pas mariés, ni même fiancés, combien même les deux familles semblaient déjà s'accorder et que l'opinion publique laissait déjà transparaître des sourires appuyés, des soupirs et des ragots au sujet de leur relation.


-  Oh, Gaspard...Fit-elle en soupirant tout en faisant face à son ami. J'ai cru que tu m'avais oubliée...Que tu voulais me laisser...

Après avoir plongé ses yeux océan dans ceux de l'aristocrate, la jeune femme baissa la tête, pleine d'angoisses. Et s'il prenait cette remarque comme une frayeur de petite fille ? Et s'il se mettait en colère ?

- Je...J'espère que ta compagnie sur le Mississippi se porte bien ?

Julia évita de répondre à Gaspard au sujet de son désir de venir la voir chez elle. Oui cela aurait été inconvenant et sa mère en aurait sans doute pensé du mal, mais au moins aurait-elle cessé de se demander s'il comptait l'abandonner ou non. Au moins aurait-elle été rassurée ! Ah comme elle aurait aimé le voir franchir le seuil de sa boutique avec un bouquet de roses ! Mais c'était idiot, terriblement égoïste et sot que de penser pareille chose. Gaspard était un aristocrate qui gérait une entreprise d'importance, elle ne pouvait pas lui reprocher de s'occuper de ses affaires.

Glissant lentement ses bras autour de la taille de son ami, la petite couturière osa s'en rapprocher jusqu'à poser sa tête sur son torse.


- Tu m'as manqué aussi...J'étais inquiète. Le temps m'a paru long, si long...

Si long et pourtant si court...Julia avait en effet trouvé que l'absence de Gaspard à ses côtés avait été d'une difficulté incroyable et le temps s'était allongé comme jamais. Mais entre la boutique, ses parentes, ses deux transformations, sa convalescence et le retour De la Phalère, elle n'avait pas réellement eu le temps de s'ennuyer.

Tout ces soucis ne cessaient d'envahir sa tête, même dans un moment tel que celui-ci. Que devait-elle dire ? Que devait-elle faire ? Ce rendez-vous était à la fois très officiel et très intime. Elle ne savait plus exactement comment se placer dans l'environnement ni comment débuter une conversation qu'elle souhaitait mondaine et détachée.

Enfin installée dans le fauteuil, elle lissa sa crinoline et tâcha de sourire à son ami.


- Il y a une chose dont je dois vous...te parler. Finit-elle par dire avec difficulté. Elle ne paraissait pas tranquille, comme quelqu'un qui se prépare à révéler une chose fort désagréable. Monsieur Calvin De la Phalère, le frère d'Antoine que tu as...rencontré, m'a cherché querelle ces deux dernières semaines.

Julia avait l'air désolée. Elle tripotait nerveusement les plis de sa robe en tentant de regarder Gaspard dans les yeux. Mais, souvent, son regard le fuyait. Elle était bien trop consciente de ce que ce type de nouvelle pouvait donner chez un amant.

- Oh mais je te rassure, je l'ai écarté de ma vie, j'ai pris les mesures nécessaires pour qu'il ne m'importune plus. Ce n'était rien...Mais je voulais que tu le saches, au cas où il voudrait s'en prendre à toi...

Julia avait tellement de choses à dire et à demander qu'elle se perdait dans ses pensées. Elle voulait savoir ce que Gaspard avait fait exactement pour son entreprise mais elle n'osait pas le demander par peur qu'il considère sa curiosité comme une atteinte à sa vie professionnelle, son cadre privé. Les femmes n'avaient pas à intervenir dans ce type d'affaire, surtout lorsqu'elles n'étaient pas encore clairement inscrites au quotidien de la personne en question. Elle voulait également lui dire que la boutique qu'elle tenait avait fait moins de chiffre que deux mois plus tôt, sans doute à cause de toutes ces histoires qui excitaient les passions des londoniens ailleurs que sur les vêtements faits sur mesure. Elle voulait aussi savoir comment Gaspard vivait la perte d'Alexender et ce qu'il pensait de son évasion, mais elle avait peur de le bousculer et de paraître importune. Concernant De la Phalère, elle considérait que c'était de son devoir de l'en informer, combien même cela lui attirerait ses foudres l'espace d'un instant. Cet homme était dangereux.

L'information étant donnée, Julia fit un geste de la main comme pour chasser une vilaine mouche.


- Laissons cette histoire, c'est du passé, il ne reviendra pas. Je suis désolée de ne pas te l'avoir écrit, je ne voulais pas te déranger dans tes affaires. Tu sais, j'ai peins un nouveau tableau. Il est bleu, ce sont des glaïeuls. J'ai eu un peu de temps.

Le changement de sujet était radical et soudain, mais la petite couturière ne souhaitait pas gâcher leurs retrouvailles. Elle était déjà bien assez mortifiée pour ajouter à ses doutes et ses peines des éléments qui tendraient à la dispute.


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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeMer 3 Sep - 12:47

L'attente pour se revoir qui avait été imposé par les circonstances rendait l'aristocrate nerveux, il craignait que quelque chose se mette à nouveau en travers de leur chemin, l'empêchant de sauter le pas et d'avouer ses projets à la couturière qui faisait revivre son vieux cœur. Cette peur ne le quittait pas, bien qu'elle se soit atténuée lorsque son amie l'avait rejoint à bord du fiacre. Lui prendre la main pour la saluer avait mis sa peau à sang et ses sens en déroute, ses yeux l'avaient trahis et les joues de Julia s'étaient teintées de rose. Cela aussi lui avait manqué, son ingénuité. La douceur de sa voix. Prenant le bras de son invitée Gaspard les menèrent à l'intérieur, une fois les portes du petit salon franchies, perdant tout contrôle de ses faits et gestes, il lui frôla le creux du dos. Un acte incongru, même pour deux futurs mariés. Cela avait été plus fort que lui. Et quitte à recevoir ses foudres, il se laissa aller à lui dire promptement ses sentiments, ce qu'il aurait aimé faire si la société ne le lui avait pas empêché. Toujours avec ce sourire qui ne quittait pas sa bouche. Il se sentait capable de tout, transporté par ses sentiments, bercé par les espoirs.

Maintenant que Julia lui faisait face, soupirant, répondant avec son cœur et lui révélant ses craintes, il sentit monter en lui le besoin de la prendre dans ses bras et de la serrer pour lui prouver qu'il était bel et bien là, qu'il le resterait toujours, qu'elle n'avait qu'à entendre ses projets pour en être sure. Le temps n'était pas venu pour lui de prononcer ces mots, alors il se contenta de tendre la main en douceur pour ne pas effrayer sa belle, il caressa sa joue qu'il embrassa ensuite dans sa paume ouverte. Elle détournait la conversation sur sa compagnie du Mississippi, comme si cela avait une quelconque importance ! Une pointe de culpabilité lui perça le cœur. La faire souffrir n'était pas ce qu'il désirait, tout au contraire. En s'engageant dans cette quête pour retrouver Alexender il savait dans quoi il s'engageait, mais la réalité était plus dure encore que ses sombres scénarios. Elle avait cru, malgré cette idylle à Loth, qu'il avait pu l'oublier. Comment aurait-il pu ? Ces deux semaines étaient les seules qu'il avaient vécues avec son âme depuis plus d'une décennie. Ses mots s'élevèrent, pas plus haut qu'un murmure, audible uniquement par ces deux interlocuteurs :


- Jamais je n'aurais pu t'oublier, et loin de moi cette intention. Tu es celle a qui je pense avant même de reprendre conscience quand le jour se lève, tu m'accompagnes partout où je vais et le soir venu tu t'insinues jusque dans mes rêves, pas une seconde ne passe sans que je souffre de la distance, ce n'est que par ta présence que mon souffle me revient. En cet instant même je revis, à tes cotés. Uniquement près de toi. Julia... Il caressa la peau de sa pommette avec tendresse, te laisser serait comme signer ma mort... Il passa sa langue sur ses lèvres. Son sourire avait disparu sous la gravité de ses mots, ses yeux ardents suppliants cette femme de le croire.

Chamboulé, il détourna le regard. Puis il sourit à nouveau, laissant sa main quitter la peau de Julia. Cette fois il parla normalement, sans discrétion.


- Ma compagnie a connu un coup dur ces dernières semaines, des pluies abondantes se sont abattues en amont, puis sur la région même, c'était une tempête comme il y en a souvent dans les terres, rien d'exceptionnel mis à part qu'elle a détruit un hangar et en a submergé d'autres. Pertes matérielles, pertes en vies humaines. Mon homologue a pris contact avec moi en urgence pour me tenir au courant des tristes nouvelles, pendant deux semaines j'ai du réorganiser la compagnie, estimer les coûts de reconstruction, le manque à gagner sur les prochains mois, envisager de déplacer les hangars, ordonner que l'on recherche une nouvelle main d’œuvre, me tenir au courant des pertes chez nos concurrents, mais je te jure que peu importe l'instant, je ne cessais de penser à toi. Tu es et sera toujours là, finit-il par dire, en tapotant l'emplacement de son cœur.

Comme si le temps n'avait pas créé de fracture, Julia prit la décision de venir se blottir contre lui et de poser sa tête contre son torse. Gaspard remercia le ciel pour être né avec le don de guérison accéléré, sinon quoi il n'aurait pas pu cacher ses méfaits à la jeune femme, ni lui rendre son étreinte. Oubliant ses tords, le bicentenaire referma ses bras sur le corps de la couturière, lui baisant sa chevelure, poussant un soupir d'aise discret, tandis que son pouls s'accélérait dans sa poitrine. Cette proximité n'était pas pour lui déplaire. Il l'entendit parler et resserra tendrement son étreinte.

- La distance est le fléau des âmes amoureuses... Ne t'inquiète plus, je suis là, avec toi mon amour, assura-t-il avec conviction, à l'avenir nous ne devrions plus jamais être séparés autant de temps.

Il déposa ses lèvres sur le front dégagé de Julia, puis s'écarta, il la regarda affectueusement et s'assit sur un fauteuil après qu'elle eut choisi sa place. Il se sentait soulagé d'être enfin en sa compagnie. Il aimait les relations épistolaires, certes, mais il leur préférait la spontanéité d'une conversation où l'imagination était moins l'affaire que la contemplation. Qu'elle était jolie dans cette robe !

Gaspard vit Julia s'apprêter à parler, lissant sa crinoline avec une certaine nervosité, dissimulant son appréhension derrière un sourire. Il l'encouragea d'un signe de tête, lui même le sourire aux lèvres. Tout ce qu'il espérait c'était qu'ils retrouvent au plus tôt l'harmonie laissée à Loth. Avec des mots justes et une certaine patience, ils ne tarderaient pas à la retrouver. Mais quelque chose lui disait que la nervosité de son amie ne venait pas seulement de leur relation. Intrigué, il ne montra pas son intérêt soudain, continuant de paraître aussi détendu. D'un geste nonchalant, il se passa la main dans les cheveux, les repoussant vers l'arrière, sa mèche rebelle disparut dans la mer de feu.
La jeune femme avait encore bien du mal à passer au tutoiement, le Lycanthrope le comprenait sans difficulté, la société était bien plus vilaine avec la gent féminine qu'avec le reste du monde. Il était heureux de ne pas être né femme. Mais il oublia vite ces pensées lorsqu'il compris que la conversation allait se faire bien plus sérieuse. Que s'était-il donc passé ? Julia avait un air si désolé sur son jeune visage que Gaspard s'attendait au pire.


- Da la Phalère ! S'exclama l'aristocrate, se levant à demi de son siège, puis se laissant retomber lourdement, froissant sa chemise, la mine soudain assombrie, le visage visiblement contrarié.

Dans sa tête ses pensées se bousculaient, alors que Julia faisait tout pour le rassurer grâce à de vaines paroles. Cette sale engeance d'Antoine avait donc un frère qui cherchait querelle à sa bien aimée ? Il allait comprendre sa douleur. Il n'était rien et l'aristocrate aurait tôt fait de l'écraser comme un insecte. L'élue de son cœur n'avait pas à souffrir pareille atteinte à sa personne. L'altercation entre De la Phalère et De Sorel était légitime, sans la connaître Gaspard avait combattu pour Miss Thanas parce qu'un homme s'en prenait à sa vertu dans un lieu public, il en avait tous les droits. De la Phalère, blessé dans son orgueil n'en était pas resté là lorsqu'il avait été clair que son adversaire l'avait battu, il l'avait ensuite attaqué dans le dos, mais Gaspard n'était pas en reste, la balle qui lui avait traversé les flancs était ressortie, faisant naître en lui une telle rage qu'il avait aussitôt contre-attaqué et tué cette vile personne. Tout s'était déroulé dans les règles de l'art, pas même la police n'avait eut quelque chose à y redire. L'influence du riche aristocrate avait sans nul doute joué, mais ce qui comptait le plus à ses yeux était qu'il s'était trouvé dans son bon droit. Défendre la bienséance était encré profondément dans les habitudes du bicentenaire, il avait été éduqué ainsi, il le resterait jusqu'à sa mort.

Dire qu'il pensait que cette fâcheuse histoire était terminée ! Non, loin s'en faut, une mauvaise graine en entraîne toujours d'autres dans son sillage et ce Calvin était sans doute de la même espèce que son frère, il aurait pu le deviner, mais trop occupé ailleurs il n'avait pas pris garde et c'était Julia qui en payait lourdement les frais. Elle avait dû s'inquiéter et à raison, sans nul doute avait-elle aussi eu beaucoup de mal à aborder le sujet, craignant d'attirer sa colère. Gaspard secoua la tête. S'il éprouvait du ressentiment, cela ne serait qu'envers lui-même et ce méchant homme, mais comment l'expliquer à cette jeune femme qui l'avait vu dans ses sombres moments ? Elle avait assisté à trop de changements de tempéraments de sa part pour se sentir pleinement en sécurité. Il devait lui prouver qu'il était capable de garder son calme, même lorsqu'il aurait dû partir en croisade et briser les os de tous ceux qui s'en prenaient à sa femme.

Sa femme ? Le Lycanthrope releva les yeux vers Julia. Il la considérait d'ores et déjà comme sienne. N'était-ce pas là le même comportement que De la Phalère ? Non. Non, il avait trop de respect, il n'avait pas enfreint l'étiquette. Quel bougre d'idiot. Il avait tout fait de travers ! Il ne valait pas mieux que cet homme qu'il avait laissé pour mort sur les pavés devant le Fitzrovia. Il avait poussé son amie à dépasser les codes de la bienséance, avec douceur, mais il n'avait pas hésité un instant. Il ressentit du dégoût pour lui même et une sorte de peine pour Miss Thanas. Elle était ballottée entre des hommes sans scrupule. Il voulait la protéger de tout, amis en avait-il le droit si lui-même enfreignait ses principes ? Cette pensée le calma tout à fait. Il n'y avait plus de colère. La paix s'était faite. A l'avenir, elle aurait le choix, elle ferait comme bon lui semblerait, se serait à elle de faire le premier pas, lorsqu'elle se sentirait prête et pas avant. Il devait cesser de la faire sortir du droit chemin car c'était une femme pure, noble sans en posséder le titre.
Quelle femme, sinon une bonne amie, ferait don de mots si rassurants pour apaiser un compagnon ? Elle s'était occupé de tout, telle une femme indépendante et forte. Malgré sa taille, Julia avait les épaules pour supporter de grandes choses, l'aristocrate se demanda d'où cela pouvait venir.
Le visage de Gaspard se recomposa, il s'installa plus dignement dans le fauteuil et reprit la parole avec calme :


- Je suis confus, j'aurais dû prendre des dispositions pour être certain qu'il n'y aurait aucune suite à cette fâcheuse et malheureuse histoire, tu as payé les frais de mon oubli et je te demande de m'excuser si tu le peux.

Il tenta de croiser les yeux de Julia, mais ils semblaient le fuir inlassablement. De quoi se sentait-elle gênée ? Elle avait pris les devants et fait ce qui devait l'être.

- Les rôles se sont inversés à ce que je vois, tu me protèges des ires d'un homme qui t’importune, tu es pleine de surprises, le sais-tu ? Gaspard haussa un sourcil, n'attendant pas de réponse, éprouvant une sorte de fierté pour cette jeune femme. Il espérait que sa remarque lui prouverait son soutient. Dans le doute il ajouta : J'ai confiance en ton jugement, si tu t'es occupée de tout je ne vais pas remettre ta parole en doute. Ton comportement est admirable, toutes les femmes ne seraient pas assez fortes pour tenir tête à leurs persécuteurs. J'admire cela chez toi. Il marqua une pause, pour laisser le temps à son amie d'apprécier son compliment. Dans le cas où Calvin De la Phalère reviendrait à la charge malgré les mesures que tu as prises, viens m'en parler aussitôt, tu déposeras plainte après des autorités et avec mon appui tu n'entendras plus jamais parler de cet homme.

Gaspard allait continuer, mais la jeune femme fit un geste de la main très explicite. Elle voulait oublier cette histoire. Pris au dépourvu, parce qu'il aurait aimé en savoir plus, l'aristocrate referma la bouche. Bien. Si elle n'était pas d'accord pour continuer sur ce sujet, il n'allait pas lui forcer la main. Ils pourraient aborder le sujet plus tard et de toute manière, une fois mariée, plus un homme n'oserait importuner Julia De Sorel... Se serait au tour des femmes, mais c'était là une toute autre histoire.
L'air de rien, le Lycanthrope abandonna la conversation, attrapant la perche tendue par sa compagne.


- Un tableau ? J'espère que tu me le montreras à ta prochaine visite. Est-il peint à l'huile comme les autres ?

La remarque anodine de Julia ne lui échappa pas, mais il laissa couler comme s'il n'avait rien entendu. Peut-être n'était-ce rien d'important, pourtant Gaspard se demanda si cela ne lui était pas directement destiné. Oui, quatre bonnes semaines étaient passées depuis qu'ils s'étaient vus. Il avait été très occupé, mais ce n'était peut-être pas le cas de Julia. Il avait trouvé le temps long, mais cela devait être bien pire pour elle. Et voilà seulement qu'il en prenait pleinement conscience. Elle avait véritablement dû croire qu'il l'avait oubliée, abandonnée. Il se remémora ses paroles avant qu'elle ne s'asseye sur le fauteuil. Ce n'étaient pas de grands mots, elle avait parlé franchement, elle avait véritablement craint qu'il soit passé à autre chose.
Il se sentit peiné. Mais avant tout il était empli de regrets. A nouveau il se rendait compte que son choix entre Alexender et Julia aurait des conséquences sur le long terme. Il n'était pas l'heure de penser à tout ceci. Il ravala son amertume et sourit aimablement à sa douce amie.


- Peut-être cela te ferait-il plaisir de peindre dans le jardin lorsque tu reviendras ici, je n'ai pas le nécessaire pour l'instant, mais si tu le désires, tu pourras faire une liste de tes besoins à André, ainsi tu auras auras un nouvel environnement où développer ton art ? En plus, j'aime te regarder lorsque tu es pleine d'inspiration, c'est si reposant. Je ne possède pas ce talent créatif, mais te voir à l’œuvre m'emplit tout autant de joie.

Le Lycanthrope n'était pas en train de proférer des banalités. Lors de leur séjour à Loth, il avait beaucoup observé Julia lorsqu'elle était en train de peindre, alors que lui même semblait lire quelque ouvrage. Il aimait le calme de la contemplation.

- As-tu déjà pensé à exposer tes peintures ? Je suis d'avis qu'elles mériteraient à être connues.

Comme s'il avait sentit que la conversation s'était détendue, André pénétra dans le petit salon portant dans ses bras un plateau, il déposa sur la table une assiette de gâteaux à la cannelle et un bol de fruits secs qui semblaient délicieux. Il servit le thé dans deux tasses, puis posa chacune d'elle devant le couple. Enfin il servit le sucre et le lait à la convenance de chacun, puis il s'éloigna et disparut avec discrétion tandis que Gaspard le remerciait d'un signe de la tête.

- Comment se porte ta famille ? Les affaires à la boutique sont-elles florissantes ? Demanda-t-il, désirant sincèrement prendre de leurs nouvelles, tout en saisissant la porcelaine entre ses mains. Puis il réorienta le sujet pour ne pas la mettre mal à l'aise si son commerce n'était pas au meilleur de sa forme, il lui offrait une porte de sortie. Goûte les abricots, ils relèvent la saveur du thé, je pense que tu aimeras. Je ne t'ai jamais demandé, mais quels fruits sont tes préférés ? Pour ma part je raffole des pommes. Ma famille avait un verger, lorsque j'étais enfant je grimpais aux arbres pour aller les cueillir, au grand dam de mon père qui s'offusquait de mon manque de civilité.

Il rit en repensant à cette époque lointaine.

- Tant de choses nous sont interdites et inaccessibles pendant l'enfance, cela nous pousse à dépasser les limites qui nous sont imposées, dans une moindre mesure, bien sur. Je suis certain que tu as une petite anecdote à me raconter ?

Gaspard se sentait l'âme légère. Il avait retrouvé Julia et après quelques instants de trouble, il lui semblait qu'ils étaient en train de retrouver le chemin de l’harmonie qu'ils avaient délaissé à la maison de campagne. Si tout se passait bien, il pourrait aborder le sujet qui lui tenait à cœur avant la fin de l'après-midi. En y repensant il sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine. Il avala une gorgée de thé pour s’humecter la bouche, soudain devenue sèche.


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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeMer 10 Sep - 12:34

Arrivée dans la demeure des Sorel, Julia avait senti son cœur se serrer comme jamais. Elle avait longtemps attendu ses retrouvailles avec l'homme de son cœur, car son amour était encore jeune et complet, mais elle les avait également terriblement redoutées pour maintes raisons. Et si le bel aristocrate l'avait faite venir uniquement pour lui avouer qu'il préférait abandonner leur idylle ? Et si les problèmes qu'il avait rencontrés pour sa compagnie sur le Mississippi lui avaient rappelé ses impératifs au point de songer que ses amours avec une simple bourgeoise n'allaient pas lui permettre de prospérer comme il l'avait prévu ? Tout était possible ! Tant de choses les séparaient. Elle-même hésitait encore à poursuivre cette merveilleuse aventure. Pour le bien de son aimé, à cause de sa nature lupine, à cause de sa place sociale trop légère, pour leur survie à tous les deux et afin de conserver son mortel secret, la petite couturière ne cessait de songer à faire marche arrière...

Cependant, l'accueil de Gaspard fut si aimable, si doux et si rassurant que ses angoisses s'envolèrent bientôt pour laisser place à la plus profonde des joies. La chaleur des mains de son amant, son souffle contre son cou, ses mots si puissants, si intenses...toutes ces marques d'affections dans son regard, ses gestes et ses mouvements la ramenèrent à leur séjour à Loth où ils avaient vécu deux semaines parfaites. Oui, parfaites.
Mais une bouffée de peur mêlée d'émotion la fit de nouveau rougir lorsque le bel aristocrate lui murmura dans le creux de l'oreille qu'il mourrait sans elle. Un frisson lui parcourut l'échine tandis qu'elle sentait ses doigts caresser sa pommette avec tendresse. Il venait de lui dire qu'il ne cessait de penser à elle et qu'il rêvait d'elle chaque nuit, c'était déjà fort gênant, charmant et flatteur certes, mais gênant puisque cela dépassait volontiers la bienséance. Mais cette nouvelle révélation était encore plus choquante pour la jeune femme. Gaspard mourrait sans son amour ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Ses sentiments pour elle étaient-ils si puissants qu'il ne pouvait déjà plus imaginer la vie sans sa présence ? C'était à la fois fantastique et effrayant. Fantastique car une telle ferveur dans le cœur était admirable et touchante, effrayante parce qu'en arrivant dans la propriété de l'aristocrate, Julia avait encore hésité à mettre un terme à leur relation. Y avait-il une telle différence d'implication entre eux ? Le mettait-elle réellement en danger à force de le fréquenter ?

Honteuse, la jeune femme avait baissé les yeux et murmuré doucement:


- Ne dites pas de telles choses...

Ainsi, si elle l'abandonnait, il serait capable d'abandonner la vie...Était-ce la vérité ou son bonheur immédiat parlait-il à sa place ? N'exagérait-il pas uniquement pour lui faire plaisir ? Quelque part, la jeune femme l'espérait. Son cœur était encore en balance entre l'amour et la raison et cette nouvelle donnée risquait de la déstabiliser d'autant plus qu'elle allait finir par se sentir enchaînée à Gaspard par devoir, pour lui éviter les affres de la dépression. Tout risquait de perdre de son charme. Le regard que Gaspard venait de lui jeter avait été si grave ! C'était réellement perturbant. Elle ne pouvait plus ignorer l'impact qu'elle avait dans sa vie.

Heureusement, ce moment de gêne relativement dramatique finit par disparaître derrière le récit que l'aristocrate lui fit au sujet de sa compagnie. Julia l'écouta attentivement, buvant ses paroles comme on écoute un savant qui nous offre ses dernières découvertes dans une conférence. La jeune femme avait hâte de comprendre un peu mieux ce qui avait autant retenu son amant loin d'elle. Mais ce qu'elle apprit la mortifia quelque peu. Gaspard avait apparemment perdu beaucoup d'hommes et de matériel à cause des intempéries qui faisaient rage sur le Mississippi. C'était une tragédie humaine et financière pour l'aristocrate. La jeune couturière se sentit soudainement plus petite que jamais. Face à cet homme qui avait la carrure d'une montagne et tant de responsabilités à gérer. Gaspard avait la vie d'une multitude d'hommes entre les mains, une compagnie lucrative à l'autre bout du monde, du matériel cher et calculé...Julia réalisa qu'elle n'avait rien à côté de lui et que sa vie pouvait sembler ridicule en comparaison. Finalement, ses soucis n'étaient que futilités à côté des siens...


- Oh...Je suis navrée...J'ai douté de vous alors que vous affrontiez des malheurs dont je n'avais même pas imaginé la portée. Je suis désolée pour votre personnel et votre hangar. C'est vraiment tragique ! L'Homme est décidément petit face à la colère des cieux...

Songeant soudainement que cette dernière réplique rabaissait Gaspard au niveau des autres hommes et qu'elle le ramenait donc avec toute leur espèce à l'état de fourmis, elle s'arrêta. Pourtant, au fond d'elle-même, elle pensait tout ce qu'elle disait. On avait beau être riche et puissant, rien ne pourrait empêcher les forces de la nature de perturber le cours de la vie. L'être humain était bien fragile face aux tempêtes...

Gaspard lui expliqua alors que, peu importe les tracas, elle restait dans son cœur et le resterait toujours. Toujours...C'était ce type de mots qui faisaient peur à la jeune femme. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais connu l'amour et c'était pour elle une expérience toute nouvelle, avec son lot de joies et d'angoisses. Partant de là, c'était aussi une source de doutes et de remise en question. Évidemment, son éducation l'avait préparée à choisir un mari, un seul, et à s'en contenter toute sa vie, et elle n'avait absolument pas en tête l'idée trop moderne qu'elle devait acquérir de l'expérience avant de se ranger, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que Gaspard n'était peut être pas l'homme idéal, que peut-être qu'elle allait trop vite, quand bien même son âge commençait à être drôlement avancé pour l'époque. Le bel aristocrate possédait un titre, il était riche, il gérait une immense compagnie, il possédait plusieurs domaines et sa réputation n'était entachée d'aucune erreur à sa connaissance ; il pouvait représenter l'homme idéal pour une petite bourgeoise de sa condition. Mais il fallait également qu'elle prenne en compte sa propre malédiction. Comment pourrait-il vivre les pleines lunes à ses côtés ? Comment pourrait-elle s'évader quelques jours chaque mois ? L'accepterait-il ? Elle ne le connaissait pas encore tout à fait. Son caractère était double, de cela elle était certaine, car elle l'avait déjà vu dans un moment de colère tout comme elle l'avait déjà vu dans ses plus grands moments de tendresse. Elle savait que c'était un homme d'honneur et qu'il serait du genre à la protéger au péril de sa vie, l'épisode de Monsieur de La Phalère le lui avait bien assez prouvé, mais elle ne pouvait pas encore prévoir sa réaction face à la terrible révélation qu'elle serait forcée de lui faire un jour.

Dans ses bras, Julia souriait sans pourtant perdre son regard soucieux. Contre son corps de géant, elle se sentait mieux, mais ses pensées ne cessaient de l'assaillir. Que devait-elle lui répondre ? Comment devait-elle se comporter ? Elle ne savait plus où elle en était. Finalement, elle se contenta de poser ses mains sur les siennes et de soupirer.

Une fois qu'elle fut assise dans un fauteuil, la jeune couturière trouva le courage de parler de ses derniers petits tracas à son amant. Elle avait hésité à le lui révéler mais sa vie pouvait être en jeu dans ces affaires et lui cacher les manigances du frère de La Phalère serait, à ses yeux, criminel. Elle craignait la réaction de Gaspard mais puisqu'il lui avait parlé aussi franchement des déboires de sa compagnie, il méritait au moins de connaître ses propres déboires à elle. Après tout, s'ils devaient former un couple unis, il fallait bien commencer à se dévoiler un peu...
L'aristocrate manqua de sauter de son fauteuil lorsqu'elle lui évoqua Calvin et Julia serra les poings sur sa crinoline et se redressa nerveusement sous l'effet de l'appréhension. Mais, finalement, Gaspard se reprit et ses paroles la rassurèrent avec tact. Il s'excusa de n'avoir pas pris les dispositions nécessaires pour éviter ce type de vengeance, puis il lui exprima son admiration et sa surprise face à son efficacité. Pour lui, qu'elle ait pris les devants pour écarter ce nouvel importun de sa vie était une excellente chose. Cela montrait qu'elle était forte et capable de se débrouiller seule. Julia fut flattée et incroyablement soulagée de voir que son amant ne la blâmait finalement pas.


- Je...Vous n'avez pas à vous excuser de quoi que ce soi mon ami. Vous avez agit avec tant de bravoure face à Antoine ! Pour Calvin, vous étiez occupé avec votre entreprise sur le Mississippi et c'est ma faute, je n'ai pas voulu vous déranger, j'ai pensé que devais m'en occuper seule...C'était peut être une erreur, mais j'ai pensé que, puisque tout était de ma faute depuis le début, il fallait bien que je prenne mes responsabilités. Je n'aurais jamais dû fréquenter ce type d'homme...

Julia avait l'impression de justifier une nuit de folie avec un bandit. Cela la dégoûta et elle préféra oublier ce sujet en déviant sur l'art et son dernier tableau. Gaspard sembla comprendre cette pudeur et il l'aida à développer ce nouvelle thème abordé.

- Oui, il est à l'huile, comme les autres. J'aime beaucoup ce médium, c'est fluide, c'est franc, les couleurs sont plus naturelles et aisées à utiliser que les autres.

L'aristocrate lui proposa même de lui donner une petite liste d'affaires à acheter pour lui permettre de peindre dans sa demeure à l'avenir. Julia lui sourit d'un air heureux.

- C'est vraiment aimable de votre part...Oui...J'aimerai bien. Merci...

Elle rougit plus violemment lorsque son amant lui expliqua qu'il adorait la regarder peindre. Se sentir observée l'avait toujours déstabilisée mais elle ne lui avait jamais dit. Si cela faisait le bonheur de Gaspard, elle le laisserait faire et elle apprendrait à garder confiance en elle sous l'oeil d'un observateur.
Bientôt, il fut question d'exposer ses œuvres. Julia grimaça :


- Oui, j'y ai déjà songé, plusieurs fois, mais je n'ai pas encore assez d’œuvres et je ne pense pas qu'elles soient d'une qualité qui permette ce genre de chose. Je reste une amatrice...À part ma famille et quelques amis, personne ne viendrait. Et puis...je ne sais pas...je reste pudique...sans doute.

Tandis qu'elle fuyait le regard de Gaspard, André entra et servit le thé. Julia le regarda faire, un sourire au coin des lèvres. Comme elle appréciait cet homme ! Il ressemblait au père qu'elle n'avait jamais réellement connu. Il était si habile, si serviable et si droit ! La jeune femme se souvenait encore de son efficacité à l'arrivée d'Alexender blessé. C'était le majordome idéal. Même si elle ne connaissait pas son histoire, elle aimait le savoir auprès de Gaspard.
Doucement, Julia accepta la tasse de thé qu'il posa devant elle et se servit un petit biscuit à la cannelle plus par politesse que par curiosité ou faim. La discussion se fit alors plus badine.


- Ma mère et ma grand-mère se portent bien, même si ma grand-mère commence à souffrir terriblement de ses genoux. Quant à la boutique, elle a quelques difficultés à cause des événements récents...Vous savez, les gens sortent pour discuter plus que pour acheter maintenant. Et, même si le Dressed est toujours autant fréquenté, nos clients n'ont pas l'esprit tranquille : ils touchent et regardent nos tissus sans réellement s'en préoccuper...Nous servons actuellement plus de salon que de boutique...

Repartir sur l'évasion d'Alexender n'était pas la meilleure des façons pour se mettre à l'aise et profiter de leurs retrouvailles. L'un et l'autre le savait parfaitement. Aussi la conversation dévia-t-elle naturellement de nouveau sur des thèmes mondains tels que les abricots. Julia finit son biscuit et accepta l'un des fruits qui se présentaient devant elle.

- Merci, j'aime beaucoup les abricots. Que ce soit pour leur couleur, leur douceur ou leur goût, je les trouve fascinants. Mon fruit préféré ? Mmm...Je pense que ce sont les prunes. Je les adore en tarte. C'est juteux, un peu acide...J'en achète toujours à la belle saison. J'en fais des confitures avec ma mère.

L’anecdote de Gaspard concernant les pommes et ses escapades dans le verger familial fit rire la jeune femme.

- Haha ! J'aimerai te voir perché comme ça ! Qui l'eut cru ?!

Sans s'en rendre compte, Julia était repassé au tutoiement. C'était sans doute la facilité de la conversation qui l'avait détendue.

- Il est vrai que nous n'avons pas le droit de faire grand chose, même pendant l'enfance. Je trouve cela triste. Pour ma part, je n'ai pas connu de verger mais des prés et des fleurs des champs...J'ai passé du temps à observer les vaches des cultures voisines, même si cela n'a pas duré longtemps et que j'ai toujours peur de ces animaux. Oui, c'est idiot, rit-elle, mais je trouve les vaches trop imposantes, on ne sait jamais ce qu'elles peuvent penser, leurs yeux sont si grands...Et puis, elles sont tellement curieuses que le temps de cueillir un coquelicot elle vous encerclent sans prévenir pour vous observer. Je trouve cela réellement angoissant.

Le thé était délicieux. Les biscuits et les abricots aussi. Julia se sentait revivre. L'air était envahi de parfums agréables et la lumière du soleil filtrait doucement entre les rideaux du petit salon sublimant chaque meuble.

- Dites-moi...André et vous, vous vous connaissez depuis longtemps ? Je veux dire...Il est à ton service depuis des années non ? Oh, je m'excuse, je ne sais plus si je dois vouvoyer ou tutoyer...

Confuse de faire preuve d'indiscrétion tout en variant de langage, Julia se remit à tripoter sa crinoline après avoir reposé sa tasse sur son support.

- Je suis peut être un peu trop curieuse...Mais André m'a l'air d'être quelqu'un de sérieux et de profondément fidèle. Je n'ai pas de domestique, ni de suivante, de majordome...Je ne sais pas trop ce que cela fait d'avoir toujours quelqu'un sur qui l'on peut compter. Évidemment lorsque nous préparons des repas avec tout nos amis, nous louons les services de cuisiniers expérimentés et de servantes...Mais ce n'est pas la même chose, je ne les connais pas, ils ne sont que de passage.

Julia n'avait pas trouvé d'autre sujet de conversation. Elle n'osait pas reparler de Loth, ni d'Alexender, elle ne pouvait pas non plus s'éterniser sur Calvin de La Phalère ou sa boutique, ni même les fleurs des champs ou les bovidés dont elle craignait le regard...André l'intriguait réellement et cela faisait un moment qu'elle avait envie d'entendre de la bouche de Gaspard leur histoire. Une autre question lui brûlait les lèvres, mais jamais elle n'oserait la poser: Gaspard avait-il connu d'autres femmes avant elle ? Et si oui, ce dont elle ne doutait presque pas, dans quelles circonstances ? C'était trop intime, trop sujet à de la jalousie et des tensions indésirables...Mais elle y songeait malgré tout...


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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeMer 15 Oct - 19:46

Suite à sa déclaration, représentation de ses sentiments profonds, Gaspard sentit comme un malaise émaner de Julia. La petite phrase qu'elle prononça de sa voix fluette lui avait retourné l'estomac. Que voulait-elle dire par ces mots ? « Ne dites pas de telles choses... »
Pour dissimuler son trouble, il enchaîna sans attendre sur une description de la terrible nouvelle qu'il avait mis en place pour dissimuler à la jeune femme pour quelle véritable raison ils ne pouvaient pas se voir en temps et en heure. Les événements du Mississippi qu'il évoquait n'étaient pas totalement faux, les faits réels s'étaient produits deux ans auparavant, il avait édulcoré la situation, car à ce moment là sa compagnie avait été durement touchée, à tel point qu'il avait pensé fermer boutique pour ouvrir un nouveau commerce ailleurs, plus proche de son nouveau lieu de vie qui plus est.
Et tandis qu'il parlait, une partie de ses pensées revenaient aux mots de Julia, se sentait-elle peinée à la pensée qu'il puisse mourir d'amour pour elle ? Où, et là était sa crainte, n'éprouvait-elle pas la même dévotion envers lui ? Qu'y faire ? *« Le cœur a ses raisons » *, pensa tristement le Lycanthrope. Il ne pouvait pas le lui reprocher. En temps normal, il ne se serait jamais laissé surprendre à aimer une femme d'un statu inférieur, à la fois parce qu'il les côtoyait peu, mais aussi pour conserver de la transparence dans le personnage qu'il jouait au jour le jour. Ce masque qu'il revêtait des années durant, au point qu'il ne sache plus qui il était véritablement, ne devait être fêlé par un sentiment aussi vain et éphémère que l'amour.
A force de vies successives, il perdait cette notion d'unité et d'intégrité. Il devenait quelqu'un de différent de Charles de Mornel. De jour en jour il s'éloignait de cet aristocrate français du XVIIème siècle qu'il avait été deux cent ans plus tôt. Pouvait-il encore se considérer comme une seule et même personne ? Ou devait-il penser à lui-même comme une enveloppe charnelle qui restait identique, insensible au passage du temps, mais habitée tour à tour de personnalités différentes ? Puisque son âme il le savait, restait la même. Il lui semblait que seules ses entités lui avait permis de conserver ce lien avec le passé, tandis qu'il évoluait au grès des pays et des modes qu'il traversait. Il s'engorgeait de savoir et de science, il contemplait l'évolution du monde, percevant son changement à contre-coup et lorsqu'il lui arrivait d'avoir un regard sur ce qu'il était devenu, il était comme pris de vertiges : il n'était plus Charles, encore moins Ambre l'amant de Miramanée, car cette part de lui était mort lorsque sa compagne était retournée à la terre.
Qui était-il ?
Le fruit d'une expérience, c'était indéniable, il était devenu quelque chose d'inconnu, de contre nature. Une sorte d'immortel qui ne subissait pas les changements du temps de manière physique. Mais sa personnalité n'était pas paralysé ainsi dans le temps. Par un mélange de science et d'alchimie, en voulant sauver sa mère de la mort, il avait acquis le don de longévité propre à certaines races humanoïdes, mais sans en connaître les effets secondaires. Un jour peut-être la nature reprendrait ses droits et il recommencerait à vieillir comme un Lycanthrope, à moins que comme foudroyé, son coeur s'arrête et cesse d'être stimulé par les breuvages qu'il avait bus, les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il comprenne que l'un d'eux avait eut un effet inattendu et involontaire.
Comme il avait regretté son geste lorsqu'il avait compris ! Des années plus tard il avait commencé à se rendre compte que son corps ne subissait plus les aléas du temps, même sa santé était de fer, aucune ride ne s'était ajouté aux quelques ombres déjà nées aux coins de ses yeux, pas un plis n'était apparu sur son front ; alors que près de lui, sa femme paraissait toujours plus âgée, se fanant avec la beauté d'une fleur belle et fière, subissant la jeunesse de son mari. Avant que tout ceci n'attire l'attention Gaspard avait pris la décision de quitter la France et de simuler sa mort. Personne ne devrait jamais savoir ce qu'il était, sa lycanthropie il voulait la conserver secrète et cette nouvelle particularité n'était pas compatible avec une vie normale.
Là encore il s'en mordait les doigts. Si par bonheur, il se trompait et que Julia avait prononcé ces quelques mots plus par peine que par manque d'amour, il serait toujours dans l'obligation de la quitter un jour où l'autre quand il devrait fuir Londres à cause de tous ses secrets. Il était dans une éternelle impasse. Un immortel enchaîné à ses erreurs.

La jeune femme le ressortit de ses pensées préoccupantes. Sa manière de s'excuser était touchante et dérangeante pour Gaspard car elle s'en voulait d'une chose qu'il avait monté de toutes pièces. Sa culpabilité ne s'en fit que plus grande. Il se promit de se faire pardonner. Un jour. Il espérait que dans avenir plus ou moins long, il pourrait faire en sorte de se dévoiler un peu. Juste assez pour qu'elle sache qu'il était différent, ce qui voulait dire qu'il avait des secrets inavouables. Peut-être son amie l'accepterait-il avec ses travers. Si seulement...


- Tu avais tous les droits de douter. Après tout, nous nous sommes rencontrés il y a bien peu de temps, je serais bien naïf de penser tout connaître de toi. J'imagine aisément ce que tu as pu penser de moi et je suis navré de t'avoir causé tant de tracas. Je trouverais un moyen de te faire oublier ces mauvais souvenirs.

Quant à la petitesse humaine face à l'infinité et aux forces de la nature, Gaspard ne pouvait être que trop d'accord avec la jeune femme, mais il ne releva pas. L'heure n'était pas aux palabres philosophiques sur la condition humaine, bien qu'il ne doutait pas que Julia et lui aient pu disserter sur le sujet des heures durant. Il espérait même qu'un jour cela fusse possible.

- Aucun de nous n'a en effet le droit au chapitre lorsque la nature décide de réduire à néant le travail et la vie des humains. Il serait bien malvenu de se considérer au dessus de cette entité tant destructrice que créatrice.

Pris dans son élan, le Lycanthrope prononça des mots d'amours qui lui brulaient les lèvres et il enlaça la jeune femme sans ses bras. Cette proximité le remplissait de joie. Il avait eu tellement de doutes pendant le mois passé qu'il avait craint pour son avenir avec Julia Thanas. Mais elle était là maintenant, toute proche de lui. Il sentait son parfum lui chatouiller les sens. Des odeurs pleines de promesses. Toutes rassurantes.
Il s'écarta ensuite et ils prirent tous deux place dans le petit salon de part et d'autre de la table basse. Malheureusement, les choses ne tournèrent pas selon les attentes de Gaspard. Apprendre que la famille De La Phalère s'en prenait à son amie le fit presque sortir de ses gonds. Mais il se reprit rapidement. Habitué à être mesuré, il ravala sa soudaine colère. Julia était une victime. Elle n'avait pas cherché à se trouver dans cette situation. L'aristocrate était irrité par sa propre négligence, il aurait évité nombreux tracas à la jeune femme s'il n'avait pas laissé cette affaire de coté. Ses pensées lui échappèrent et il revint à la réalité pour s'excuser de cet oubli. La voyant mal à l'aise il tenta de la rassurer. A ses yeux, elle avait réagi avec courage et détermination, elle avait fait preuve d'une grande maturité et d'un cran certain. Il aimait cela chez elle, cette indépendance malgré sa jeunesse et sa fragilité apparente. Au premier abord il n'aurait pas pensé cela d'elle. Il se demandait ce qui avait forgé cette force de caractère.
Malgré ses paroles, Julia semblait se confondre en excuses, même si son visage exprimait un soulagement apparent. Avait-elle eu peur de sa réaction ? Le Lycanthrope se doutait que oui. Ils étaient de classes sociales différentes, mais dans la petite bourgeoisie comme dans l'aristocratie londonienne, se trouver en mauvaise compagnie, même malgré soi, était une faute de goût que l'on pouvait payer cher. Au regard de leurs relations, plus intimes au fil du temps, Gaspard aurait très bien pu s'offusquer du type d'hommes que Julia avait côtoyé avant leur rencontre. Il fallait avouer que De la Phalère n'était pas la crème de la société, même bourgeoise. Cependant, cela importait peu pour le bicentenaire puisqu'il s'agissait de Julia. Il était prêt à tout accepter. Tout pardonner. D'ailleurs il ne comprenait pas le pourquoi du comment de cette mollesse qui le prenait lorsqu'il s'agissait d'elle. Usait-elle de magie contre lui pour qu'il perde ainsi le sens des réalités ?Il ne se reconnaissait plus lui-même. Depuis leur rencontre tellement de choses avaient changé !
Était-il entré dans un nouveau stade de son évolution ? La dépendance. Ce mot était effrayant. Totalement incompatible avec son mode de vie. Qu'il le veuille ou non, il allait devoir modifier rapidement ce travers, car quoi qu'il arrive, dans un futur plus ou moins lointain, il devrait irrémédiablement se séparer de Julia. Il en revenait toujours à la même chose ! Devait-il se permettre d'aimer, sachant qu'il en souffrirait ? Pire encore : il entrainerait dans son sillage une femme pleine de vie, la rendant veuve terriblement tôt ! Pouvait-il se permettre, en connaissance de cause, de lui briser le cœur ? Il s'en voudrait certainement toute sa vie. Mais il pourrait au moins se dire qu'il avait profité de chaque instants.
Au contraire, il avait l'impression que s'il laissait passer cette chance, ce moment unique,, il s'éloignerait définitivement du monde des vivants. Il ne ferait que fantasmer un avenir qu'il aurait pu vivre, un passé qu'il aurait pu construire, des souvenirs issus de la réalité et non pas de rêves éveillés. S'interdire l'instant présent, c'était comme être une âme fantomatique. Avoir des émotions et des sens, mais sans pouvoir en user librement. Il avait vécu ainsi des décennies durant. Il ne se sentait pas prêt à retrouver cette torpeur maintenant qu'il sentait palpiter à nouveau son cœur.
Il n'était plus fait de marbre.
Julia.
Julia était la, devant lui. Douce. Belle. Elle s'inquiétait pour tant de choses. Comment faisait-elle pour concilier cette fragilité avec cette indéniable force de caractère, cachée certes, mais omniprésente ? Elle n'avait pas hésité à revenir vers lui après cette terrible nuit dans la bibliothèque. Elle n'avait pas défaillit lorsque Alexender avait franchi la porte de la Maison tout ensanglanté. Elle était tellement de choses à la fois. Un être compliqué. Une femme. Une Muse ! Lui dirait-il un jour qu'elle l'avait inspiré lorsqu'il composait au violon la semaine passée alors que son bras s'était tout juste remit de la chute près de la Tour de Londres ? Entre mélancolie et amour de la vie, il avait écris en songeant à elle qui le faisait vivre à nouveau. Oh ! Il pourrait jouer cet air pour elle et selon sa réaction, peut-être lui avouerait-il sa provenance. C'était si intime. La musique était pour lui un art à la fois si scientifique, mesuré, qui se mêlait pourtant avec les sensations infiniment personnelles. La musique était un puissant évocateur. Il n'était pas prêt à avouer en quelques coups d'archets virtuoses la tonalité de ses sentiments. Les mots étaient bien assez pour l'instant. Ils étaient déjà peut-être trop pour Julia.

La couturière orienta la conversation sur un autre sujet, bien plus léger. La jeune femme n'avait certainement pas envie de continuer sur De la Phalère et lui aussi trouvait cette conversation embarrassante. Cet homme s'était déjà bien assez insinué entre eux. Quoique, à bien y réfléchir il était la cause de leur rapprochement. Une question s'insinua dans l'esprit du Lycanthrope : comment à son âge n''était-elle pas encore mariée ? Il n'oserait pas le lui demander. De même, il se demandait si elle avait côtoyé d'autres hommes avant lui et De la Phalère. Si elle avait déjà ressenti de l'amour... Comment le définissait-elle ? Étaient-ils semblablement amoureux ? Tant d'interrogations gênantes, effrayantes, auxquelles il n'était pas encore l'heure de trouver réponse. A trop vouloir se brusquer, il n'atteindrait pas la fin escomptée.

Le changement de sujet convint très bien à Gaspard qui aimait l'art dans tous ses états et qui appréciait sincèrement les œuvres amateurs de son amie. La discussion se fit bien plus légère et plaisante. Bien vite, l'atmosphère se fit plus détendue. On n'avait pas encore oublié ce qui s'était dit, en revanche on faisait comme si.
L'aristocrate souriait. Il aimait voir Julia s'animer de la sorte. L'art lui donnait cette spontanéité qui lui manquait parfois en sa présence. Il souhaitait que cela vienne avec le temps. Il savait que cela viendrait. Il n'avait qu'à attendre. Il fallait continuer à amadouer la jeune femme, non pas pour en faire un animal domestique, mais pour continuer à l'observer dans un environnement où elle pourrait se détendre.
Quelles pensées !
Il s'étonna de songer ainsi à Julia. Trop habitué qu'il était à se placer comme un observateur, il en devenait inconvenant. Il savait qu'il était allé trop loin en lui avouant qu'il appréciait la regarder lorsqu'elle peignait, car Julia rougit fortement. Il pinça les lèvres, se sentant bête. Il aurait dû tenir sa langue et se mettre à la place de son amie. Elle était mal à l'aise depuis qu'elle était arrivée et voilà qu'il lui donnait une raison évidente de se sentir gênée. Rapidement, il chercha à changer la donne et lui demanda si elle avait pensé à exposer ses productions sous l'œil du public. Il pensait sincèrement qu'elles méritaient d'être vues et leur artiste reconnue. En même temps il savait en connaissance de cause que le domaine artistique était très masculin. Comme tout en ce monde ! Julia était la preuve que la peinture pouvait être pratiquée par la gent féminine avec autant de talent que si elle était un homme.
Sans aucun mal, il vit que Julia n'était pas non plus très friande de l'idée d'exposer son travail aux yeux de tous et de la critique. Il pouvait aisément le concevoir. Peut-être qu'un jour...


- Ta production picturale ne fera qu'augmenter, commença Gaspard alors qu'André entrait pour leur amener une collation, après il te restera le choix, à toi et à toi seule, de décider si tu veux exposer. La question de la fréquentation ne se poserait pas véritablement, à mon avis si une bonne publicité est mise en place il y aurait toujours des curieux. Mais je comprend parfaitement ta réticence quand à l'exposition au grand public. Se dévoiler ainsi, cela semble difficile. Il faut avoir une grande confiance en soi pour parvenir à s'exposer à la critique. Il faut de l'ouverture d'esprit aussi.

Attentif, le Lycanthrope avait aperçu le sourire qui était né sur les lèvres de Julia lorsque le major d'homme s'était manifesté. Il était content de voir qu'André était apprécié de la jeune femme. En même temps, avec ses manières, son efficacité et sa gentillesse, cela aurait difficilement pu être autrement. Néanmoins il était content de ce constat. Une fois qu'André eut quitté la pièce ils s'engagèrent sur une conversation bien plus anodine et s'échangèrent des banalités.

- Ah ! Les affres de l'âge, il n'y a parfois que le repos pour soulager les douleurs. J'espère que ses rhumatismes s'apaiseront avec les beaux jours qui devraient s'imposer d'ici peu. Connaît-elle l'apothicaire qui se trouve dans la rue St Russell, proche du Covent Garden ? André va se fournir là bas pour lui-même. J'y prend aussi quelques remèdes et il me semble qu'ils ont prouvé leur efficacité. De plus, le tenancier me paraît être une personne de confiance et habile dans son art. Si par hasard ta grand mère venait à s'y rendre, qu'elle n'hésite pas à évoquer mon nom, même si cela ne me semble pas indispensable.

Gaspard goûta avec lenteur son thé afin de vérifier qu'il était à une température acceptable. Il passa sa langue ses lèvres victimes de la morsure brûlante du Darjeeling. Encore quelques minutes de patience.
Alors comme cela, le Dressed avait quelques difficultés liés aux événements ? Il ne s'était pas attendu que les prouesses d'Alexender touche le domaine de la mode. S'il y pensait, il devrait en toucher deux mots à son ami lorsqu'ils se reverraient. Il serait certainement amusé d'entendre cette anecdote. D'ailleurs, le Lycanthrope se demandait ce que le Hunter était en train de faire. Lorsqu'il l'avait quitté, il était encore dans un état de santé critique. Est-ce que ses blessures s'étaient arrangées ? Avait-il besoin de soins ? D'un médecin ? Il ne pouvait pas avoir déjà quitté Loth. Inquiet, Gaspard aurait aimé envoyer son major d'homme vérifier la santé de Alexender d'ici la fin de la semaine prochaine. Mais cela aurait paru suspect. Il devait cesser d'y penser. Surtout qu'il était maintenant en cet instant avec Julia. Il devait cesser de se dissiper ainsi.
D'un geste, il reposa sa tasse dans sa petite coupelle de porcelaine et revint à la conversation.


- Si la politique influe sur les humeurs des gens, il est certain que le mariage qui a été annoncé entre le Comte Keïsuke et Sarah Spencer va leur redonner goût à s'apprêter, les choses ne devraient pas tarder à changer en la faveur du Dressed, même si avec ce nouveau sujet les clients devraient continuer de prendre ta boutique pour un salon de thé.

Tout était tellement lié que Gaspard ne savait plus que dire sans en venir à aborder le sujet d'Alexender. Il avait voulu éviter le sujet, mais voilà qu'il abordait la question de Sarah Spencer : l'amante de son ami. Pour éviter toute gêne entre eux, l'aristocrate proposa à Julia de goûter aux abricots. Au moins, il n'y aurait là aucun sous entendu, point de méprise. Il renchérit en lui demandant ses goûts en matière de fruits. En pensant qu'il y avait encore tant de choses qu'il ignorait sur son amie !
Il l'écouta évoquer ses préférences et imagina que dans un avenir proche ils puissent se rendre au marché ensemble. Cela ferait une balade charmante et un moyen d'en apprendre plus l'un sur l'autre. De retrouver cette ambiance qu'ils avaient abandonnés en quittant la maison de campagne des Sorel. En plus de cela, ils pourraient se montrer en public dans un lieu neutre, une bonne façon de déclarer plus ou moins officiellement leur relation. Il fallait qu'il conserve cette idée bien au chaud dans son esprit.


- Mhh oui les prunes me plaisent aussi.

Parti sur sa lancée, Gaspard raconta l'anecdote qu'il avait vécue en étant enfant. Son père se fâchait tellement souvent à propos de ses manières... Il ressentit un pincement au cœur et préféra se délecter du rire de Julia que de se remémorer le passé. Il remarqua qu'elle était en train de se détendre. Il se félicita de s'être dévoilé un peu. Il était rare qu'il parle de son enfance. C'était si loin de lui.

- J'imagine que tu rirais bien de me voir ainsi !

Gaspard se sentait heureux dans l'instant présent. En l'espace de quelques phrases, il avait retrouvé son calme et sa spontanéité. Son inquiétude s'était dissipée. Mais le sujet qu'il souhaitait aborder avec Julia ne quittait pas ses pensées. Le thé devait être parfait. Il but une gorgée pour humecter sa bouche soudainement rendue aride par l'angoisse. Il devait cesser de se formaliser. Fort de cette résolution, il se laissa porter par les mots de la jeune femme et rit de bon cœur lorsqu'elle évoqua sa peur pour les vaches née de ses envolées florales dans les champs.

- Mais voilà une peur honorable ! Se moqua-t-il avec légèreté. Se sont des animaux monstrueux, j'en conviens, des prédateurs de premier ordre... Hé-hé... Puis il se reprit et poursuivit pour rassurer son amie : ce n'est pas méchant tu t'en doutes ? Je respecte les peurs de chacun, même la peur pour les vaches...

Gaspard se trouva étonné du changement de conversation amené par la question que lui posa ensuite la couturière. *André ?* se demanda-t-il. Le major d'homme attentif et discret au possible avait attiré l'attention de Julia. Il trouva ça inattendu, mais pas dénué d'intérêt. Il secoua la tête :

- Tu peux me tutoyer, fais comme tu le sens, à ton rythme, peu importe de toute façon. Fais selon tes envies. Si tu es plus à l'aise avec le vouvoiement, cela m'importe peu. Ce qui compte c'est que tu te sentes à l'aise, n'est-ce pas ? Dit Gaspard avec toute la douceur dont il était capable, soucieux de ne pas ajouter à la gêne de son amie qu'il voyait en train de chiffonner sa robe à cause de son embêtement.

Julia ne semblait toujours pas à l'aise. L'instant d'insouciance n'avait duré qu'un court moment, le temps d'un rire, puis tout s'était appesantit soudainement. A nouveau elle formait des phrases hésitantes et semblait chercher un sujet à aborder. Le Lycanthrope se demandait ce qui pouvait la rendre aussi peu sure d'elle alors qu'à Loth leur entente avait été toute différente. Il commençait à craindre qu'il ne reste plus de leur retraite à la campagne que quelques souvenirs fanés, qu'aucun futur ne pourrait jamais plus égaler. Cela se pouvait-il ? L'aristocrate sentit un frisson le parcourir tout entier. Il ne pourrait pas accepter une telle chose sans se battre. Il parviendrait à réinstaurer l'harmonie dans son couple. En commençant d'abord par répondre aux questionnements de son amie :


- Moi j'ai connu tout le contraire, j'ai toujours eu des domestiques pour m'assister, du matin au soir, je n'ai jamais connu la solitude physique. Il y avait toujours quelqu'un dans ma demeure pour s'occuper de tout à ma place et ainsi me laisser le temps de vaquer à d'autres choses. Ma famille a toujours su s'entourer d'un personnel dévoué et discret, par la suite je me suis moi même chargé de trouver mon propre major d'homme. André est à mon service depuis bien dix années maintenant. En connaissance de cause je le considère comme la crème de son espèce, si je puis dire. Il était déjà avec moi lorsque je vivais dans le Mississippi, avant même que je fasse la connaissance de Alexender.

Il en revenait toujours à parler du Hunter ! C'était une situation intenable. Comment parviendrait-il à ne pas dévoiler la vérité à Julia s'il abordait toujours ce sujet ?Il devait se museler et cette autocensure le rendait fou.

- Tu as décris André aussi bien que j'aurais pu le faire. Il a cet art de parvenir à nous accorder toute notre intimité et d'être tout de même présent dès qu'on a besoin de lui. C'est sidérant... Je suis heureux que tu apprécies sa présence. Je pense que s'il entendait tes paroles il en serait très touché. Personnellement je ne me séparerais de lui pour rien au monde, d'abord parce qu'il connait nombre de mes secrets, mais surtout parce qu'il est devenu un élément qui constitue un pilier dans ma vie. Je dois même t'avouer que j'irais même jusqu'à le considérer comme un ami... J'espère que de ton coté tu parviendras à lui accorder toute ta confiance et à prendre de nouvelles habitudes liées à la présence d'un major d'homme... Implicitement il amenait l'idée qu'ils puissent se côtoyer plus souvent, de manière journalière.

De même, si Julia venait à habiter dans la Maison des Sorel, elle n'aurait plus à s'occuper de tâches auxquelles elle s'attelait depuis sa jeunesse. Elle aurait d'autres activités. Quoique, Gaspard se doutait que malgré de plus amples dispositions, elle n'abandonnerait pas la boutique tenue par sa famille.

En quelques gorgées, Gaspard termina son thé qui commençait à tiédir.


- Que dirais-tu, puisque nous avons terminé, de nous rendre dans le jardin derrière la Maison et de continuer à converser en plein air ?

Les amants se levèrent et revêtirent quelques vêtements plus appropriés pour aller au dehors où la température, sinon meilleure, restait tout de même frisquette. Ils sortirent par la porte arrière et se retrouvèrent sur la terrasse de pierre aux couleurs assorties pour créer des motifs abstraits, dénués de sens mais pas de charme. Le jardin était bien moins grand que celui de Loth, il n'y avait ni plan d'eau, ni forêt. La verdure se constituait de nombreux buissons et de quelques arbres, dont un vieux chêne qui, si on l'observait bien, était initialement deux arbres dont les troncs s'étaient mariés en un seul.
Gaspard les mena sur un petit sentier fait de cailloux, maintenant la main de son amie sur son avant bras, marchant lentement, profitant du calme et de la sérénité de l'endroit. Il évoqua les fleurs en train d'éclore et l'intérêt qu'il portait au printemps. Il trouvait cette saison magnifique et pleine de vie, d'espoirs et de beauté. Ce renouveau lui donnait du baume au cœur. Elle lui apportait aussi du courage. A force de jeter quelques regards à la dérobée à Julia, il sentait que le moment approchait. Ses mains étaient moites et ses jambes presque faites de coton. Pourtant le fait de sortir avait allégé leur échange. Etre au-dehors semblait les avoir rasséréné.
Menant la danse, l'aristocrate les fit s'arrêter près du kiosque qui se trouvait dans le fond de la propriété, entouré d'un décor champêtre, tout était là pour favoriser l'expression de l'amour. Ils avaient cessé de parler de choses et d'autres. Dans ce silence, Gaspard se plaça face à la jeune femme en lui prenant les deux mains, un sourire sur les lèvres. Il ne savait pas si le moment était approprié, ou si un autre instant serait plus propice à révéler ses intentions. Il craignait de s'y prendre mal.
Il se passa la langue sur les lèvres, pensant que l'aval et la présence de ses deux entités l'auraient certainement aidé à sauter le pas.


- Je pensais... Hmmm... Il s'y prenait mal. Penses-tu que tu sois heureuse lorsque nous sommes l'un avec l'autre ? Je veux dire, aimerais-tu que nous soyons plus souvent ensemble ?

Il leva les yeux au ciel, infiniment gêné. Se sentant bête. Se retrouvant soudain dans la peau d'un adolescent sans aucune expérience. Il lâcha une main de Julia et se frotta l'arrière de la tête. Un sourire niais sur le visage. Puis il planta ses yeux dans ceux de la femme qu'il aimait et trouva enfin la force de s'exprimer avec clarté :

- Voilà... Commença-t-il avec sa voix ronronnante et enrouée, soudain plus sérieux. J'aime te savoir proche de moi, j'aime nos conversations et nos activités communes, j'aime lorsque nous sommes ainsi en privé, même si nous n'avons peut-être pas encore retrouvé l'harmonie qui nous unissait pendant notre séjour à Loth, je sais que tout cela existe et je ne cesse d'y penser. Habituellement je devrait d'abord passer par ta famille avant même de te demander une telle chose, mais je te porte en haute estime et je préfère que tu choisisses par toi même, en ton âme et conscience. Il reprit la main qu'il avait lâchée plus tôt et demanda sans aucune hésitation cette fois : Julia Thanas, désires-tu devenir ma femme ?

Il l'avait dit.
Gaspard venait de faire sa demande en mariage auprès de la femme qu'il aimait.
Liquéfaction.
Il se sentait mal assuré, à l'image de sa proposition. Déjà, il se reprochait de ne pas avoir fait cela d'une meilleure manière. Il aurait dû attendre encore, faire en sorte qu'elle se sente plus à l'aise. Peut-être aurait-il du d'abord proposer une autre entrevue, dans quelques jours, pour leur laisser le temps de se manquer, d'avoir à nouveau envie d'être l'un près de l'autre. Là il aurait pu provoquer une atmosphère plus adéquate.
L'aristocrate empêchait ses jambes de s'enfuir. Il aurait aimé être partout ailleurs, excepté ici, dans son jardin qui lui avait toujours paru si paisible. Il avait l'impression d'étouffer. Pourtant l'air circulait librement dans ses poumons. Mais ceux-ci étaient comme compressés. Son cœur manquait d'exploser. Des tamtams assaillaient ses moindres pensées. Comme il aurait aimé pouvoir remonter le temps !


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Julia Thanas
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeJeu 23 Oct - 23:39

Oscillant entre les sujets les plus badins qu'un couple pouvait échanger lors d'un thé ou d'une promenade, et des sujets plus graves tels que leur travail ou leurs soucis respectifs, Gaspard de Sorel et Julia Thanas se retrouvaient enfin après des semaines d'attente. Chacun avait de quoi être nerveux. La petite couturière doutait de ses sentiments et craignait que sa malédiction ne la condamne à une éternelle solitude. Elle songeait à Monsieur de La Phalère, à sa dernière transformation lupine, à sa grand-mère qui était sur son déclin. Elle avait peur, et cela se sentait malgré sa prudence et son respect vis-à-vis de son amant. Il lui était difficile de cacher ses ressentis. Le bel aristocrate, lui, était habité d'une tempête d'émotions liée à son nouvel amour, à sa nature lycanthropique et à la demande qu'il désirait faire en ce jour. Julia ne pouvait pas imaginer les troubles qui l'habitaient. De son point de vue, et d'après ce qu'elle savait ou croyait savoir, c'était le sort de sa compagnie sur le Mississippi qui inquiétait beaucoup son amant et qui l'avait retenu loin d'elle depuis leur séjour à Loth. Elle lui découvrait également sans doute un peu de gêne par rapport à leurs retrouvailles. Rien n'était plus naturel, même venant d'un homme tel que lui. À chaque fois qu'ils se retrouveraient, après leurs échanges enflammés de lettres aimables et de bouquets, ils goûteraient à cette étrange joie de se redécouvrir et de se juger pour tenter de déterminer s'ils étaient faits pour s'entendre ou non.

*************

Ces deux êtres s'aimaient d'un véritable amour et, ensemble, ils faisaient plaisir à voir. Cependant, de nombreux d'obstacles s'étaient déjà dressés entre-eux : la différence de leurs deux rangs sociaux, leurs terribles secrets, leurs doutes, leurs âges, leur entourage...Il y avait tant à redouter de leur union ! Ils se mentaient déjà, sans le savoir. La bête qui rôdait en la jeune bourgeoise et les deux totems de l'aristocrate s'ignoraient encore...Qu'est-ce que leur réelle rencontre donnerait ? Ils ne se connaissaient encore que si peu. La vie les avaient placés sur la même route malgré leurs différences notables. Avec l'aide d'Alexender, ils avaient joint leurs mains et leurs regards. Un lien incroyable les unissait déjà. Sinon, pourquoi auraient-ils passé ces deux merveilleuses semaines à Loth ? Pourquoi se seraient-ils retrouvés en ce jour ? Ils s'entendaient comme s'ils se côtoyaient depuis toujours, même si leurs gestes restaient maladroits à cause de la bienséance que leur imposait la société, la timidité de la jeune couturière et la douceur de Gaspard. Était-ce le destin qui les rapprochait toujours ? Étaient-ils réellement faits l'un pour l'autre ? Seul l'avenir et leur véritable engagement pourraient répondre à cette dernière question.

L'engagement...
Julia craignait ce mot. Elle ne s'était jamais promise à un homme et n'avait jamais réellement imaginé pouvoir passer le restant de ses jours dans les bras bienheureux d'un mari. Pourquoi ? N'était-ce pas là un chemin tout tracé pour les femmes de son acabit ? Si, bien évidemment. Mais Julia n'était pas n'importe quelle femme, c'était une Louve-Garou, une meurtrière, une bête qui pouvait tuer de sang froid son amant d'un coup de griffe ou de croc à la pleine lune. C'était une partie d'elle-même qui lui avait toujours interdit l'amour. Comment aurait-elle pu concilier vie de famille et pulsions meurtrières ? Avec l'aide de sa famille, elle s'était détournée des joies de ce genre sans pour autant les regretter. Tant que la flèche de Cupidon ne l'avait pas frappée, a curiosité seule pouvait lui donner de la peine. Pour l'heure, elle n'avait jamais réellement envié ses amies à ce sujet, trop occupée par la boutique et la santé de sa famille pour songer à son émancipation et à son bonheur personnel. Elle avait même songé à s'enfermer dans un couvent, mais sa malédiction l'aurait conduite à se faire brûler vive dans le cloître...Qui pourrait gérer et accepter une telle créature ? Certainement pas les bonnes sœurs, aussi prévenantes soient-elles. Qui pourrait la comprendre ? L'aider ? Compatir à son malheur sans la regarder comme un monstre ? Sa famille et elle seule. Julia n'avait jamais pu imaginer un autre avenir que celui de vieille fille chez sa mère. Elle s'en serait contenté. Elle en avait été longtemps persuadée.
Pour détourner les conversations à ce sujet, elle s'était même arrangée avec sa mère et sa grand-mère pour faire croire aux gens que son futur mari était retenu en Hongrie où il devait régler ses affaires avant de revenir la demander en mariage. Jusqu'à présent, ce mensonge avait fonctionné et nul ne lui avait posé de question dont elle ne pouvait aisément se dépêtrer.

Mais aujourd'hui, depuis le bal d'Alexender, son point de vue avait radicalement changé. Après tout, pourquoi ne connaîtrait-elle pas l'amour ? Pourquoi Gaspard lui serait-il interdit à jamais ? N'avait-elle pas aussi le droit à sa part de bonheur ? Son erreur de jeunesse, sa faute, son péché originel l'avait-il condamnée à la souffrance éternelle ? N'avait-elle pas déjà assez souffert ? Depuis que leurs regards s'étaient croisés, Julia sentait que son cœur avait soudainement pris une inclination particulière. Elle s’était laissée emporter par ces sentiments nouveaux, par cette magnifique sensation d'importer à quelqu'un d'autre qu'aux membres de sa famille. La joie, la tendresse, le désir, l'amour...Enfin elle les avait touché du bout des lèvres...
Ce dernier mois, elle avait beaucoup réfléchi à cette relation inattendue. Les bourgeoises jasaient à son sujet, elle les entendait parfois chuchoter dans sa boutique. Comment avait-elle pu passer autant de temps dans la demeure secondaire du Sieur de Sorel alors qu'elle était soit-disant promise à un Hongrois ? Les gens commençaient à se murmurer que leur arrangement était prévu de longue date mais qu'ils avaient attendu l'occasion de ce bal à cause de leurs différences sociales. Cela embarrassait beaucoup la petite couturière, d'autant que le manège de Calvin de La Phalère n'avait rien arrangé, mais elle se préoccupait de sa boutique et de son dilemme amoureux plutôt que des regards en biais que les clientes lui avaient jeté ce dernier mois entre deux remarques sur les journaux au sujet de la fuite d'Alexender, du mariage du lord Keisuke et de faits divers de plus en plus terrifiants qui infectaient la capitale de rumeurs horribles.

Serait-elle capable, finalement, d'espérer vivre une vie « normale » avec un homme, avec cet homme ? Combien de fois s'était-elle posé la question ! Jamais encore elle n'avait connu l'amour. Quelles attirances, tout au plus, un regard, peut-être...mais jamais elle n'avait frémi d'une telle intensité, jamais elle n'avait voulu revoir un homme, lui tenir la main, l'embrasser...Jusqu'à présent, elle avait été d'une innocence inespérée grâce à sa nature sauvage et à sa bonne éducation. C'était une chose remarquable, un élément propice à sa liaison avec Gaspard. Julia partait de rien. Elle n'avait fait que s'occuper de sa famille, de ses loisirs, du Dressed et de ses tableaux. Lorsqu'elle sortait dans les salons, c'était pour accompagner certaines de ses clientes à des spectacles mondains ou écouter quelques débats philosophiques de ses rares amis rencontrés par l'intermédiaire de sa mère et de son ancienne associée, aujourd'hui décédée, qui vendait des chapeaux. Elle fréquentait surtout des vieilles dames, des femmes mariées, et non pas des jeunes ladies de son âge qui auraient pu l'encourager à trouver un époux ou à fréquenter d'avantage les salons et les bals.
Non, Julia n'avait pas eu beaucoup d'occasions de flirter avec la gent masculine. C'est pour cela qu'elle avait si peur de Gaspard, qu'elle était si maladroite, si farouche et fragile. C'est pour cela aussi qu'elle n'avait jamais réellement pris le temps de se demander si fonder une famille, faire des enfants, se laisser entretenir par un mari lui serait un jour possible. Sa nature lupine la coinçait, d’après elle, à cause de son côté violent et dangereux. Mais ce qu'elle ignorait, c'était qu'en plus de cet aspect terrible, sa malédiction lui interdisait la reproduction. Julia ne serait jamais mère, et ce cruel constat l'aurait sans doute fait d'avantage réfléchir si seulement elle avait su. Pour l'heure, seule la perspective de blesser son amant ou d'être prise pour une créature à éliminer lui murmurait de ne pas aller plus loin dans sa relation.
Cependant, un espoir était tout de même né. N'avait-elle pas réussi à cacher au monde entier sa nature grâce à sa famille ? Sa mère et sa grand-mère pourraient toujours l'aider, elles le lui avaient déjà dit. Peut-être pourrait-elle prétexter qu'une fois par mois elle désirait les retrouver pour les aimer ? La pleine lune serait une excuse datée, régulière, pour retrouver sa famille...Cela pourrait fonctionner...Mais elle n'aurait pas le droit à l'erreur. Il suffirait d'une seule fois pour que tout se transforme en cauchemar.

Conservant toutes ces pensées dans un coin de sa tête, la petite couturière était venue à la demande de son amant, pour lui rendre visite dans sa demeure...


*************

Lorsque Gaspard lui avait confié qu'il imaginait très bien ce qu'elle avait pu penser de lui pendant son absence, Julia avait fortement rougi. Non, elle ne voulait pas qu'il l'imagine, c'était tellement gênant. Oh comme elle regrettait d'avoir cru qu'il l'abandonnait pour quelque autre femme ! Comment avait-elle osé douter d'un homme si bon, si tendre ? Elle regrettait amèrement ses doutes et elle espérait ne plus jamais en avoir de semblables. Elle devait lui faire confiance et l'aimer sans s'égarer. Comme la nature était capable de déclencher des tempêtes et de tout détruire en un souffle, il fallait qu'elle retienne le sien lorsqu'il paraissait inapproprié ou elle risquait de tout balayer sur son passage. Une « entité tant destructrice que créatrice »...Gaspard avait raison. Il fallait rester fort, avoir la foi, continuer d'avancer sans regretter ses choix, sans trembler. Il fallait vivre avec des forces qui pouvaient parfois nous dépasser et se relever si ces dernières nous frappait. Il fallait éviter d'ajouter des problèmes par-dessus les inévitables soucis que la vie semait régulièrement sur la route des voyageurs qu'ils étaient tous.

Ah comme les bras de son amant la rassuraient ! Ah comme elle aimait qu'il l'enlace de cette façon ! Elle qui n'avait jamais été touchée par un homme, elle qui n'avait vécu que dans les bras de sa mère et de sa grand-mère. Se sentir aimée, désirée, si tendrement étreinte lui donnait des frissons jusqu'en bas du dos. Elle se souvenait de leurs nuits à Loth, de leurs chastes baisers qu'elle aurait souhaité prolonger mais qu'elle n'avait jamais osé intensifier. Elle se souvenait de ses pensées secrètes, enfouies aux creux de ses hanches, de ses battements de cœurs unis à ceux de son aimé...

Dans le petit salon, le sujet de La Phalère lui avait fait peur mais bien vite, le calme de l'aristocrate, sa facilité à prendre en main les choses et à la rassurer, voire même à l'admirer pour son attitude autonome, l'avaient confortée dans sa position et ses actions. Elle avait été si soulagée qu'elle avait laissé ses paroles déborder et son passé resurgir avec les histoires d'abricots, de prunes, de vergers, de prés, de vaches. Ils avaient rit ensemble sur ces points plus joviaux et la jeune femme s'était détendue. Ils s'étaient confiés en cœur et leurs regards heureux s'étaient croisés dans l'intimité de ce lieu si emblématique de leur futur. Gaspard avait même parlé de sa peinture. Julia en avait presque été bouleversée, même si elle avait tout fait pour ne pas le laisser paraître. Il lui avait parlé d'exposition, de la multiplication de sa production. Il avait même proposé de lui acheter du matériel pour qu'elle continue à le faire rêver...Que d'émotions !


- Oui, peut-être qu'avec une bonne publicité je pourrais faire venir quelques personnes...Mais...Non, je ne suis pas encore prête, je préfère peindre dans l'intimité, pour mon plaisir, pour me détendre...Je n'ai pas envie que les gens pénètrent à...enfin dans mon travail...loisir...dans mes toiles.

Julia était encore une timidité sans nom concernant son art. Elle n'avait aucunement conscience de son talent et la confiance en elle lui manquait. Gaspard était un amour pour elle. Il souhaitait l'aider à développer ses coups de pinceaux, mais la petite couturière était encore trop humble pour oser exposer ne serait-ce qu'une de ses toiles.

- C'est vrai que j'ai peur de la critique. Je ne sais pas si je supporterais les médisances d'autrui...Je ne fais cela que pour m'évader un peu...Je ne me prétends pas artiste, loin de là. Ces gens imagineraient que je souhaite en tirer profit, gloire ou regards. J'ai besoin de temps...Je ne sais pas si j'exposerai un jour...

Au bout d'un moment, la conversation dévia sur sa famille et le Dressed. Julia avait confié à Gaspard que sa grand-mère ne se portait pas très bien à cause de ses douleurs aux genoux. Ce dernier s'empressa de lui souhaiter un bon rétablissement et de lui conseiller un apothicaire chez lequel André se rendait régulièrement afin d'acheter des onguents qui soulageaient les rhumatismes. Le sourire de Julia rayonna.

- Oh comme vous êtes prévenant ! Je lui dirais. St Russel vous dites ? Merci pour elle, je vais voir avec ma mère comment nous pourrions nous procurer ces remèdes.

Julia était véritablement heureuse d'avoir obtenu ce type d'information. Tout ce qui pourrait aider sa grand-mère à se porter mieux lui ferait plaisir. Elle ne regrettait plus d'avoir dévoilé ce petit détail intime de sa famille. Peut-être que dans la boutique que son amant venait de lui indiquer trouverait-elle de quoi empêcher sa parente de grimacer lorsqu'elle se levait de son fauteuil pour plier les tissus de la boutique ? Quelle bonne nouvelle !

- Il est vrai que le temps joue beaucoup sur ce genre de chose. Nous avons tendance à l'oublier mais la pluie de ces dernière semaine a passée et l'air se réchauffe effectivement. Avec quelques soins et le retour du soleil, ma grand-mère se portera sans doute mieux.

Plongeant ses grands yeux bleus dans le regard ambré de son amant, la petite couturière lui exprima toute sa gratitude. Elle ne savait pas si elle oserait prononcer son nom comme recommandation à l'apothicaire mais elle lui était franchement reconnaissante de vouloir jouer de son titre et de sa réputation, pour qu'elle accède aux meilleurs produits et tarifs.

Au sujet du Dressed, Gaspard ne sembla pas aussi préoccupé qu'elle. Pour lui, si les gens avaient ralenti leurs achats, c'était pour mieux les reprendre avec le mariage du Comte qui n'allait pas tarder. Julia grimaça visiblement contrariée par cette idée mais elle avait conscience qu'il avait sans aucun doute raison. Pauvre Alexender ! Pauvre Sarah ! Sa boutique allait donc faire de nouveau bénéfices grâce à leur séparation ? C'était une triste perspective. Mais, quelque part, la jeune femme pensait toujours que le Hunter avait peut-être quelque chose à se reprocher et que s'il avait été décrété comme « ennemi de la Couronne », ce n'était pas pour rien. Gaspard le pensait innocent, il le soutenait, mais il ne le gardait pas chez lui, c'était bien la preuve que leur amitié n'allait pas au-delà des lois. C'était du moins ce qu'elle croyait. Oui...Le gens parleraient toujours mais ils auraient besoin de robes, de costumes, de gants, de bas...Le Dressed marcherait mieux dans un avenir très proche. Les paroles de Gaspard venaient de la rassurer de nouveau.
Quel pouvoir étrange cet homme avait donc sur elle ! Il était plus vieux, plus mature, c'était une force de la nature, un aristocrate puissant et sage. Oui, Julia le trouvait si posé, si franc avec elle. Ce qu'elle prenait pour de grands soucis n'étaient pour lui que broutilles. C'était réellement rassurant. Cet homme connaissait la société comme nul autre. Il la guiderait au travers elle, lui évitant les embûches et les faux pas ! Elle se servirait de son bras comme d'un appui solide, comme une frêle feuille frissonnante se raccroche à un arbre millénaire.

Gaspard s'était un peu moqué d'elle au sujet de sa peur des vaches. C'était tout naturel venant du'n homme de sa carrure que même un lion d'Afrique ne saurait sans doute pas effrayer. Cela ne vexa aucunement Julia qui en sourit puis en rit d'une voix douce.


- Que vous êtes mesquin! Fit-elle en jouant l'offensée. Ces bêtes sont énormes, je n'y peux rien ! Et si j'avais votre faculté à escalader les arbres comme un singe, j'en aurais peut-être moins peur...Ne craigniez-vous donc pas de chuter ? Le vide ne vous effraie-t-il pas ? Vous auriez pu tomber ! Pour quelques fruits...aussi succulents fussent-ils...

Julia appuyait ses mots. Elle jouait avec Gaspard en le faisant passer pour un petit singe gourmand qui prenait plus de risques que nécessaires. Habile stratagème pour éviter de continuer sur les vaches et détourner la conversation sur lui-même.

- Bien sûr que vous riez...Mais nous aurons l'occasion de vous voir à l’œuvre avec les bovidés un jour...Peut-être que vous vous jouez de moi et que vous aussi vous en avez peur...

Suite à ces boutades, il fut question d'André. Julia était curieuse au sujet du majordome de son ami et Gaspard sembla soudainement réveiller de doux souvenir. La gêne que la jeune femme éprouva sur le moment, en ne sachant plus si elle devait tutoyer ou vouvoyer son ami, et parce qu'elle entrait toujours plus dans son intimité, s'effaça bientôt lorsqu'il lui assura que ce qu'il désirait le plus c'était qu'elle soit à l'aise en sa présence. Attentive, elle l'écouta lui parler d'André. Son visage avait pris une teinte que la jeune femme ne lui avait encore jamais vu : celle de l'amour fraternel.
Gaspard lui confia qu'il avait toujours vécu avec des domestiques. Julia rougit de nouveau. La différence de rang les séparait encore de façon flagrante. Ils n'avaient pas eu le même type d'environnement et, par-là, pas non plus la même éducation. Rien d'étonnant à ce que la jeune femme soit toujours gênée à ce sujet. L'aristocrate n'avait ainsi jamais été seul. Julia sourit. Elle non plus n'avait jamais été seule en vérité, domestiques ou non, puisque sa mère et sa grand-mère avaient toujours été là pour elle.


- Dix ans ? Ah oui...

André était un homme fidèle depuis tant d'années ! C'était un concept que la jeune couturière imaginait très bien, mais qu'elle n'avait jamais connu que par sa famille. En y réfléchissant bien, elle aurait aimé avoir une camériste, une femme qui aurait été là pour l'habiller, l'aider à mettre ses corsets, une confidente, autre que sa mère, une amie...Oui...Gaspard considérait André comme un ami. C'était la nature des choses. Après tant d'années passées à son service, il aurait fallu que leur relation n'évolue pas et qu'elle reste d'un glacial infecte pour qu'ils ne développent pas plus qu'une relation maître-valet. Julia ne pu s'empêcher de songer que le jour où elle aurait une question au sujet de Gaspard cet homme-là pourrait lui répondre pour l'aider à se sortir de situation embarrassantes. Il devait si bien le connaître ! Au fond de son cœur, une petite pointe de jalousie naquit. Comme elle enviait ce vieil homme...Comme elle souhaitait plus profondément connaître Gaspard !

- C'est une belle histoire. J'envie André quelque part...Laissa-t-elle échapper de ses lèvres pincées. Enfin, je veux dire...Oh ! Je n'ai pas voulu dire cela...

Cet aveux la mit terriblement mal-à-aise. Pourquoi Diable avait-elle parlé ? Quelle utilité cela avait-il ? Aucun ! Si ce n'était de la ridiculiser aux yeux de son amant.
Rouge de honte, Julia termina sa tasse de thé en tremblant. Gaspard proposa alors qu'ils aillent se promener.


- Quelle charmante idée !

La jeune femme lui sourit, heureuse de changer de sujet, et posa sa tasse avec précaution avant de l'accompagner. En prenant son bras, elle se sentit plus femme que jamais. Elle était fière de se tenir aux côtés de cet homme si imposant, si grand, si beau ! Une pointe d’orgueil venait s'insinuer dans son petit cœur d'enfant.
Une fois la magnifique terrasse passée, Gaspard les conduisit dans le jardin. Julia respirait avec bonheur l'air frais de l'après-midi. Le soleil était haut dans le ciel, quelques petits nuages blancs ondoyaient dans son océan céruléen. Il faisait bon, même s'il fallait encore conserver autour du cou un petit foulard de circonstance en plus de la robe à longues manches et à haut col. Le vert de sa crinoline se confondit bientôt avec celui des buissons qui les environnèrent. Julia s'amusa à s'imaginer fondre dans le décors comme une goutte de peinture sur une toile déjà fort garnie.


- C'est un beau jardin...J'aime beaucoup ces petits buissons, je n'en ai jamais vu avec de telles formes...

La jeune femme profitait tellement de cet intime moment de paix qu'elle ne se rendit pas compte de l'émoi de son amant. Son agitation n'attira pas son attention, trop préoccupée qu'elle était d'observer les plantes qui composaient ce petit jardin qui n'avait rien à envier à celui de Loth mais qui conservait un charme certain. La petit couturière songeait aux fleurs qui avaient fanées dans l'arrière-cours de leur boutique et qu'elle avait oublié de rempoter.

Soudain, Gaspard lui prit les deux mains. Julia s'arrêta et le regarda d'un air intrigué. Les questions qu'il lui posa la firent sourire avec tendresse.


- Je...Oui...Je suis heureuse. Nous sommes bien ici. Il fait bon...J'aimerai que ce moment n'ai pas de fin...

Sa petite voix trahissait son émotion. Elle avait conscience que ce genre de confidence les rapprocherait. Elle songeait à un baiser, elle en frissonnait d'avance. Mais, lorsque Gaspard reprit, son ton l'interpella. Il avait un air si solennel, si gêné...Sa gorge se serra. Il aimait leurs conversations, leurs activités, leur proximité. Il parlait d'harmonie...Puis de « passer par [sa] famille ». Julia paniqua. Ses yeux s'écarquillèrent à mesure que l'aristocrate faisait sa déclaration. Le souffle lui manqua, elle entrouvrit les lèvres mais aucun son ne sortit de sa bouche. Voulait-elle devenir sa femme ?



Le monde basculait. Un miroir se brisait. Julia fut paralysée de peur.
Que devait-elle faire ? Que devait-elle répondre ? Il tenait sa main, son regard était planté dans le sien. Il attendait ! Le silence pétrifié qui s'installait donnait à la scène une tension insupportable.
Les yeux de la belle s'emplirent de larmes et soudain, sa poitrine trop longtemps comprimée laissa un soupir plaintif glisser entre ses lèvres.


- Oh...Gaspard...

Julia manqua de tomber à la renverse. Ses genoux ne pouvaient plus la porter. L'émotion était trop grande. Sa main serra celle de son compagnon et elle se réfugia dans ses bras pour s'aider de son corps afin d'éviter la chute mais aussi pour fuir son regard. Elle posa son visage contre son torse et l'enfouit dans ses vêtements. Un sanglot terrible lui vint. Ses mains s'agrippèrent à Gaspard comme un naufragé se raccroche à un canot.

- Oh Gaspard ! Comme je le souhaiterais ! Fit-elle en pleurant de plus belle. Mais...J'ai peur, terriblement peur ! Oh si tu savais ! J'ai tellement d'ennuis, tellement de soucis ! J'ai toujours vécu dans la solitude et...j'ai besoin de cette solitude. Je ne sais pas si je suis faite pour être une bonne maîtresse de maison. Je doute de pouvoir porter un jour autant de responsabilités et de...Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai jamais su...

S'extirpant des bras de son amant, Julia lui tourna le dos en se serrant dans ses propres bras. Elle ne pouvait plus le regarder en face. Après avoir vécu autant de magnifiques moments, après lui avoir donné autant d'espoir, elle allait lui briser le cœur. Elle se sentait criminelle, perdue, insensée d'avoir pu croire que leur relation n'aurait pas pris cette tournure. Quelle avait été stupide ! Tout était allé si vite ! Elle se sentait tellement idiote !

- Tu ne seras pas heureux avec moi...Je n'ai rien à te donner à part mon cœur et mille tracas. Toi tu as la fortune, un titre, une réputation...Je ne ferais que ternir ton éclat. J'ai déjà réfléchi à...tout ça...Je...Je ne crois pas que ce soit une bonne idée...

Se tournant de nouveau vers Gaspard, les yeux rouges de ses larmes, Julia perdait la tête. Elle crispait ses mains sur sa poitrine et se tordait le visage de peine, de joie, de détresse mêlées. Elle ne savait plus quoi faire. Son cœur était déchiré en tant de lambeaux!

- Ah que c'est cruel ! Ah que je souhaiterais n'avoir jamais dit tout cela. Attends ! Non...Nous ne pouvons pas...C'est insensé ! Je...Attends ! Si...Je le veux. Je l'ai voulu dès notre première rencontre ! Je ne pourrais pas vivre sans toi. Jamais! Finit-elle par crier en se jetant dans les bras de l'aristocrate. Je préfère mourir, moi aussi, plutôt que de continuer à vivre dans cette obscurité. Oh Gaspard...Promets-moi de ne pas me juger...Si tu m'aimes vraiment, si tu veux faire de moi ta femme...Oh, c'est une folie !

Dans un élan d'amour, la petite couturière attrapa Gaspard par le cou et se hissa jusqu'à ses lèvres pour les embrasser. S'il la repoussait maintenant, elle en mourrait. Leurs bouches se rencontrèrent et la jeune femme l'enlaça de toutes ses faibles forces le corps massif de son amant.


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Dernière édition par Julia Thanas le Mer 21 Avr - 13:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeLun 19 Avr - 19:50

Entourés par le jardin printanier, le couple se tenait face à face près du kiosque, les mains liées. Afin d’entamer sa déclaration, Gaspard avait commencé par deux questions simples, qui lui permettrait de s’assurer que Julia aimait passer du temps en sa compagnie. Un peu gauche, il avait fini par lever les yeux au ciel, avant de se masser l’arrière de la nuque, tandis qu’il manquait le regard intrigué de sa douce.

Celle-ci lui sourit tendrement lorsqu’il croisa à nouveau son regard. L’aristocrate perdit son air désorienté, souriant en retour avec naturel, comme apaisé. Et ce sourire gagna ses yeux, ridant le coin de ses paupières, lorsque Julia lui répondit avec émotion qu’elle était effectivement heureuse lorsqu’ils étaient ensemble. Et qu’elle souhaiterait que le temps de cet instant de réunion dure sans fin.

Ces confidences firent frissonner d’émotion le lycanthrope. Tout était pour le mieux. Les sentiments partagés. Quelle joie ! L’instant semblait donc venu de se déclarer.
Gaspard inspira et ouvrit son cœur, comme il l’avait rarement fait. Ses sentiments emmurés dans une léthargie indolente depuis si longtemps, refaisaient surface avec une puissance telle en présence de Julia, qu’il en ressentait presque une douleur dans la poitrine. Sa question, « Julia Thanas, désires-tu devenir ma femme ? », résonna en écho dans ses pensées, une fois qu’il l’eût prononcé. Il serait le plus heureux des hommes si elle répondait par l’affirmative.

Âme à découvert,
Inspiration suspendue
Instant éphémère.

L’avenir qui serait donné à leur relation reposait en cet instant suspendu entre les mains de la jeune et jolie Julia.

Gaspard maîtrisait sa respiration, inspirant avec douceur, le sang lui battant pourtant les tempes. Il sentait même des palpitations émaner de sa carotide, se demandant si cela serait visible s’il n’avait pas sa cravate nouée autour du cou. Son corps était tendu à l’extrême (si ce n’est plus), tâchant de paraitre sûr de lui, patient et mesuré. Ses pensées entièrement accaparées par le moment présent, ses yeux dorés couvant le visage de sa douce, à la quête d’une expression favorable.

L’aristocrate devait faire taire ses doutes et s’appuyer sur des faits. Il y a quelques minutes seulement, Julia avait laissé échapper une phrase qui à n’en pas douter laissait présager une réponse positive. Oui. Après lui avoir donné plus de détails sur sa relation avec André, la petite couturière avait évoqué ce que Gaspard avait interprété comme une pointe de jalousie vis-à-vis de son majordome : qui avait la chance de le connaître depuis dix années et d’être son ami. Cette remarque avait attendri le cœur du Lycanthrope, au moins autant qu’elle avait gêné la jeune femme.

Pourtant, encore un peu plus tôt Julia avait baissé le regard et marqué une hésitation lorsque Gaspard lui avait déclaré ses sentiments. D’ailleurs, elle ne les lui avait pas retournés. Ils étaient là les faits !

Que lui avait-il pris de se lancer ainsi dans de telles déclarations, après que Julia se soit abstenu de répondre ? Pudique, elle l’était, mais pas au point de taire entièrement ce qu’elle éprouvait. Aveuglé par son objectif, Gaspard n’avait pas fait attention aux incontestables détails.

L’aristocrate déglutit, chassant les tergiversations de son esprit brûlant. Point de retour en arrière possible. Il regrettait sa précipitation avec amertume. Néanmoins, tout n’était pas encore perdu. Elle venait à l’instant de lui affirmer qu’elle aimait être en sa compagnie.
L’attente était longue. Pas seulement parce que Gaspard était impatient. La réponse de Julia tardait à venir. Soudain, ses yeux se brouillèrent et des larmes perlèrent au coin de ses paupières. L’aristocrate n’y distingua pas les émotions escomptées. Leurs mains jointes tressaillirent, lorsqu’un soupir s’échappa des lèvres de la jeune femme, avant qu’elle ne perde pied et que leurs corps se resserrent dans une étreinte. Julia poussa un sanglot, s’accrochant à Gaspard, comme désespérée.

- Julia ! S’exclama-t-il dans un murmure, la soutenant par réflexe, surpris.

Les sourcils froncés d’incompréhension, son menton caressa avec douceur la chevelure de Julia dans un geste d’apaisement, pendant qu’elle s’exprimait en pleurs. Il entreprit de tracer des cercles dans son dos de la paume de sa main, le regard perdu, l’oreille attentive.
La poitrine broyée par l’angoisse, il écouta Julia et s’estima heureux de leur étreinte, qui lui permis de dissimuler les émotions qui se succédaient sur son visage et qu’il aurait été bien incapable de masquer. Incompréhension, peine, déception, inquiétude et interrogation. Inspirant par le nez pour conserver son calme, Gaspard tentait de comprendre ce qui se jouait sous ses yeux. Tout ceci était inattendu !

Plus que tout autre phrase, c’est l’évocation de ses ennuis, tout de suite suivie par sa nécessité de solitude qui interpela Gaspard. Qu’ignorait-il donc à ce point terrible pour que Julia s’en tourmente de la sorte ? Pourtant, il savait pour De La Phalère, ils venaient même d’en parler. C’était déjà un sujet particulièrement épineux et propice aux commérages. Des problèmes pires que ceux-ci... Quels secrets dissimulait-t-elle ?

- Des ennuis ? De quels... Commença-t-il, au moment où la couturière fit vivement volte-face, en s’échappant de ses bras, qu’il laissa lentement retomber contre ses flancs.

Gaspard pinça les lèvres lorsque Julia repris la parole, visiblement décontenancé et abasourdi. Ne venait-elle pas de dire qu’elle aimait passer du temps avec lui ? Il y avait toujours eu entre eux une barrière induite par leur différence de rang, cela n’était pas une nouveauté. Pourquoi cela faisait-il soudainement surface maintenant ? Le lycanthrope se demandait s’il n’avait pas sous-estimé l’impact et les inquiétudes que cela donnait à la bourgeoise. Mais de là à sombrer en pleurs, non, il y avait autre chose, il en était certain.
Le cœur broyé, il respectait la distance qu’avait imposée sa compagne, alors qu’il aurait de loin préféré la garder contre lui. Ainsi éloigné, il se sentait d’autant plus vulnérable. Son corps souffrant de plein fouet les sanglots de Julia, les phrases de Julia, la peine de Julia.
Aimer ! Que de douleurs.

« Pas une bonne idée ? » Elle y avait déjà réfléchi ? Elle y avait déjà réfléchi. Ses paroles s’insinuèrent en Gaspard. Ses épaules s’affaissèrent. Ses yeux tombèrent à ses pieds. Il soupira, secouant la tête de gauche à droite. Alors tout ceci était écrit d’avance. Ses espoirs entretenus ces dernières semaines par son amie, venaient d’être balayés violemment. Il se sentit trahit. Mais c’est la tristesse qui résonnait en lui de toute sa force annihilatrice.

Tandis que Julia se retournait, Gaspard tarda à relever les yeux, prenant le temps d’un souffle pour reprendre contenance. Et c’est au moment où la jeune femme s’exclama « je le veux », qu’il plongea dans l’océan tempétueux. Frappé de plein fouet par l’émotion transparente et brute, il eut un léger sursaut. La chaleur reprit possession de son corps. Et tandis que sa compagne s’élançait vers lui, il l’accueillit entre ses bras ; encore dans la tourmente, se demandant ce que signifiait tout ceci. En quoi la jugerait-il ?
L’aristocrate berça tendrement sa douce amie, déconcerté au possible par ce revirement, ignorant complètement ce qu’elle voulait dire par « c’est une folie ».

- Oh, Julia... Je t’aime, évidemment je te... Il s’interrompit, happé derrière la nuque, ses lèvres rencontrant celles de la jeune femme, qui l’enlaçait avec force.

Fermant les yeux, il répondit à son baiser sans douceur, enflammé par la passion ravivée par l’éteinte et la déclaration de Julia. A cet instant, il avait besoin de sentir cette femme dans ses bras, d’exprimer physiquement son attachement, sans retenue. Dans un élan, il la souleva par la taille et la fit tournoyer autour de lui, ses lèvres s’étirant dans un sourire, se détachant peu à peu de celles de la petite couturière.
Gaspard la reposa en riant doucement. Ce court instant de bonheur prit fin lorsque ses interrogations revinrent à la charge. Son visage se refit plus soucieux et interrogatif. Il s’éclaircit la gorge.

- Il y a des choses que je ne comprends pas, commença-t-il dans un murmure. Est-ce que tu,... J’aimerai que tu partages avec moi ce que tu crains tant, ce qui te troubles au point de te faire verser des larmes, ajouta-t-il en caressant la joue de Julia.

Puis il indiqua le banc situé sous le kiosque.

- Prenons place, si tu le veux bien.

Conscient qu’elle pourrait hésiter face à cette invitation à partager ses secrets, il continua en lui prenant les mains, lui baisant tour à tour la gauche, puis la droite.

- Je comprends tu sais, que tu puisses t’angoisser à propos de ce qui nous sépare. Effectivement, nous n’avons pas les mêmes classes sociales et ainsi nos mondes sont presque entièrement différents. Nous n’avons pas non plus le même âge. Tu as une famille et moi pas. Pourtant, ces derniers mois nous ont incontestablement rapprochés. Toi aussi, dès notre première rencontre tu as senti qu’il y avait cette connexion entre nous. Il s’interrompit, pinçant les lèvres, indécis. J’aimerai que nous parlions, je t’assure qu’il n’est pas dans ma nature de juger et si je puis t’aider, je le ferais volontiers. Je t’en prie, ouvre-toi à moi. Il n’y a qu’ainsi que je pourrais t’apaiser.

Pensif, Gaspard leva la tête vers le ciel couvert, puis haussa les épaules.

- Quel secret pourrait nous séparer ? Excepté si tu es déjà mariée, je ne vois rien ! Il releva un sourcil interrogateur. Allez, viens t’asseoir et parlons. Et si cela peut te donner l’impulsion pour me faire confiance, j’aimerai aussi te confier des choses Julia.

Ces dernières paroles lui étaient venues naturellement, comme s’il avait conscience que tout leur avenir se joutait dans les prochaines minutes, voire les prochaines heures, s’ils en venaient à ouvrir leur cœur. Il était prêt à dévoiler sa véritable nature, pour l’inciter à lui faire confiance. Sachant qu’elle connaissait déjà l’existence des Vampires, elle pourrait croire sans difficulté à celle des Lycanthropes. Il faudrait lui expliquer que sa race était entièrement pacifique, pas totalement inoffensive, mais certainement pas aussi mortifère que les Vampires ou les Loup-Garous.

Et sur sa lancée, il devrait aussi lui apprendre sa longévité... Quoique, cela n’était peut-être pas le bon moment... En même temps, lui dissimuler ce fait, risquait de leur jouer des mauvais tours par la suite, elle se sentirait forcément trahie. L’honnêteté totale serait la bienvenue, pourtant comment aborder ce sujet, qui lui semblait encore plus épineux que sa lycanthropie ?

Gaspard remit ces interrogations à plus tard. Il fallait déjà que la jeune femme accepte de discuter et son humeur changeante l’inquiétait, même s’il essayait de ne pas le laisser paraitre. Son refus catégorique, ses larmes, cela l’avait beaucoup secoué. Et le sentiment de trahison était toujours présent. Comme un poids dans le ventre.

Pourtant, le lycanthrope espérait que leur histoire fut possible. Il l’aimait tant !


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Julia Thanas
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeMer 21 Avr - 16:25

Julia était perdue.


Transpercée par le doute, la honte et les nombreux démons qui la pourchassaient depuis une décennie, elle ne savait quel chemin prendre par rapport à ses sentiments et à ses dernières rencontres.

La belle couturière était habituée à sa petite vie d'une grande simplicité. Tenir la boutique de tissus aux côtés de sa mère et de sa grand-mère lui garantissait à la fois un foyer, une présence familiale et un revenu décent. Sa situation lui permettait en outre de gérer sa malédiction avec efficacité et sécurité. Sous l’œil protecteur des deux femmes, elle ne risquait pas de blesser des innocents lorsque la lune exerçait son joug sur ses épaules.

Cependant, Julia savait au fond d'elle-même que ses anges gardiens n'étaient pas immortels et qu'elle devait pouvoir s'appuyer sur quelqu'un d'autre dans l'avenir. Comme toutes les jeunes femmes de son âge, elle rêvait d'avoir un bon ami, un véritable amour. Dans son cas, la perspective de se trouver un bon parti afin d'assurer ses besoins s'accompagnait d'une nécessité de complicité. Son futur mari devait comprendre sa nature, l'accepter et l'aider à la surmonter.


Mais comment partager un tel secret ?


Gaspard était un homme attentionné, aussi doux que sensuel, aussi distingué que complaisant. C'était un aristocrate intelligent et généreux. Julia ne doutait pas de sa bienveillance et de son amour. Elle était prête à l'accepter tel qu'il était, à le croire lorsqu'il défendait Von Ravellow, à le suivre au bout du monde ! Mais était-il capable, lui, d'entendre ce qu'elle avait à lui révéler ? Pourrait-il veiller sur elle malgré sa terrifiante nature ?
La louve avait la terrible impression d'avancer avec un roc accroché à sa taille. Ce roc, elle le voyait couvert de suie, gras et lourd, noir comme sa deuxième âme. Dès qu'on y mettait les mains, il les couvrait de cette substance gluante, impossible à nettoyer, bien vite sur toutes les surfaces de votre joli costume. C'était un nid de problèmes qui ne pouvait que nuire à tous ceux qui s'en approchaient. Qu'en tirer de bon ? Comment oser le partager sans culpabiliser ?
La peur et la culpabilité étreignaient son petit cœur de couturière. Cette malédiction gâchait sa vie, ainsi que celle de sa famille : était-ce juste de l'imposer à un autre ? N'était-ce pas suffisant d'avoir terni celles de sa mère et de sa grand-mère ? Gaspard avait tout pour lui : la richesse, l'élégance, la beauté, le titre...


Pourquoi irait-elle noircir le tableau de son avenir ?
Quel égoïsme...


C'était dans cette tourmente de questionnements que la belle se trouvait lorsqu'elle se promenait avec Gaspard dans les jardins de sa demeure. Elle avait de nombreux choix à faire et tous lui coûtaient.
Son cœur balançait entre la joie intense que la présence de son amant lui procurait et l'angoisse de se fourvoyer. Tantôt elle sautillait presque à ses côtés, animée par leurs conversations autour de ses tableaux ou de leurs sentiments, tantôt elle se fermait, affichant un air sombre, percutée par ses doutes.
Gaspard dut la prendre pour une inconstante, voire une hystérique. Elle-même ne savait plus comment réagir. Les larmes lui venaient facilement aux yeux, tout comme son sourire étirait ses douces lèvres. Il lui était impossible de cacher sa gêne et ses émotions contraires.

Le ciel se couvrait légèrement lorsque Gaspard lui fit sa déclaration, comme s'il voulait prendre part à leurs émois. Julia paniqua. Une vague de bonheur l'envahit ainsi qu'une véritable horreur : était-il prêt à la supporter réellement ? Non, personne ne le serait jamais ! La petite couturière passa par tous les états possibles.
Heureusement, l'aristocrate se montra compréhensif et rassurant. Son étreinte l'aida à contenir quelque peu ses émotions. Mais Julia sentit qu'elle perdait pied malgré toutes ses douceurs. Bientôt, elle n'articula plus de phrases complètes, passant d'une idée à l'autre sans leur donner de sens. Elle refusa son offre, avant de l'accepter. Elle se réfugia dans ses bras, avant de les quitter prestement. Elle l'embrassa en pleurant de tristesse et non de joie. Visiblement, elle mourrait d'envie de lui dire "oui", mais quelque chose l'en empêchait.

Gaspard était confus.
Le pauvre homme avait sans doute espéré un magnifique sourire suivi d'une étreinte ravie...

Complètement retournée, Julia le suivit docilement vers le banc qu'il lui proposait pour qu'elle se remette de ses émotions et qu'ils puissent discuter tranquillement de tout ce qui la torturait. Son coeur battait la chamade. Elle avait l'impression de se rendre sur un échafaud. Qu'allait-elle lui dire ? Comment allait-elle pouvoir lui expliquer ce qui la mettait dans cet état pitoyable ?
La petite couturière songea à sa mère qui l'avait mise en garde quelques heures plus tôt. Ah comme elle aurait dû rester à la maison plutôt que de montrer un tel visage à son aimé !

Enfin assise, Julia sentit la brise qui se levait caresser sa nuque. Elle soupira en tremblant. Ses larmes de cessaient plus. Elle se mit à presser ses doigts entre-eux, à les tordre. Son regard évitait celui de Gaspard qui tentait de lui redonner confiance en elle, en lui, en eux. Il souhaitait qu'elle s'épanche un peu afin qu'elle libère son cœur et qu'il la comprenne enfin.
Il voulait également se confier lui-même, comme s'ils fussent au confessionnal avant le mariage. La jeune femme était tellement prise par ses questionnements personnels qu'elle ne prêta pas suffisamment attention à ce détail d'importance. Que pouvait donc se reprocher l'aristocrate ? Que pouvait-il bien cacher ? Elle ne songea même pas à l'interroger pour éviter de se confier elle-même.

La petite couturière retint surtout les arguments qu'il lui répéta pour tâcher de les écarter de son raisonnement : leur différence de statut et d'âge, le fait qu'ils ne vivaient pas dans le même monde ou encore que Gaspard n'avait plus de famille...Toutes ces différences étaient négligeables dans leurs rêves les plus fous et ils étaient prêts à les surmonter pour vivre leur idylle. Bien sûr...Gaspard avait raison de rester calme, du moins en apparence, et d'entamer ce genre de discussion afin de poser à la plat leurs craintes respectives. Mais cela rendait Julia fébrile. Tout était possible avec ce genre de philosophie. Mais son secret à elle venait tout détruire. Passer ces difficultés était une chose, même si c'était déjà particulièrement ardue pour elle, mais avouer qu'elle se transformait en monstre à la pleine lune en était une autre.


- Ce n'est pas cela...fit-elle les yeux emplis de larmes.

Devait-elle tout lui confier ? C'était le moment ou jamais ! Non...c'était impossible. Elle n'était pas prête.


- Ce...c'est une illusion...ajouta-t-elle pour gagner du temps.

Il fallait qu'elle choisisse. Devant le précipice qui s'ouvrait entre eux, la crainte de le perdre définitivement la faisait encore hésiter. Elle ne voulait plus du tout le regarder dans les yeux car elle savait pertinemment que son regard de braise allait l'attendrir. Elle préféra lever ses yeux clairs vers le ciel menaçant. Comme si le sort avait décidé de choisir à sa place, là-bas, entre deux nuages noirs, se dessina soudainement la lune. Elle était jeune, très pâle, presque effacée. Julia se mordit les lèvres. Ah si seulement elle avait pu n'être qu'un lointain souvenir. Astre maudit !
Sa décision fut ainsi prise : elle ne mettrait pas en danger Gaspard. Jamais. Sa malédiction ne lui permettait pas d'accepter une telle demande. Il valait mieux qu'elle reste seule, pour toujours, plutôt qu'elle se lance dans cette illusion perdue d'avance.


- Je...je suis déjà promise...murmura-t-elle du bout des lèvres. Elle eut l'impression de mourir en prononçant la suite. Oui. Mon fiancé est en Hongrie, il ne va pas tarder à rentrer...Il arrive dans quelques mois.

Ce mensonge qui la couvrait depuis des années aux yeux de la bonne société allait encore une fois sauver les apparences. Gaspard en serait sans doute horriblement blessé mais qu'importe : s'il devait souffrir un peu maintenant pour éviter d'atroces cauchemars par la suite, il était de son devoir d'amante de faire ainsi.

- Ah ! fit-elle dans un cri désespérant. Jamais je n'aurais dû te donner autant d'espoirs ! Je suis méprisable...

Julia repoussa la main de Gaspard et se leva. Il était temps de partir avant de commettre un crime supplémentaire. La jeune femme se sentait encore capable de fléchir si l'aristocrate insistait un peu. Elle devait couper court à la discussion et s'enfuir.

- Il m'a écrit...et... Son regard croisa celui de Gaspard. Il se fit ferme, pour dissimuler sa profonde détresse : ...je l'aime.

Cet ultime mensonge achevait leur histoire dans le même temps que les derniers espoirs de Julia. C'était fini : elle n'aurait jamais d'autre amant. Elle n'avait plus qu'à se terrer chez elle et ne plus jamais en sortir. Elle allait vivre comme avant, sans ambition, sans échappatoire, dans l'attente de la mort de ses parentes et de sa propre fin qu'elle aurait à orchestrer. Oui, elle se donnerait la mort plutôt que de se retrouver seule, à errer à la recherche de chairs à dévorer dans la capitale.

Julia s'éloigna doucement. Elle tremblait de tous ses membres, à la fois de stress, de tristesse et de froid. Le vent soufflait maintenant pour amener la pluie, comme s'il désirait laver les pauvres amants de leurs péchés.

Le visage couvert de larmes, la belle s'arrêta pour se retourner brièvement.


- Dans d'autres circonstances, j'aurais pu vous aimer...dit-elle en sanglotant. Elle se passa la main sur les yeux et se redressa un peu. Mais la vie est faite de choix. Ma réponse est non, Monsieur de Sorel. Voilà mon choix.

Julia quitta le manoir en refusant qu'André ne l'aide. Elle tourna ainsi le dos à ce qu'il restait de la famille De Sorel. Dans le fiacre, elle pleura toutes les larmes de son corps. Chez elle, elle se réfugia dans les bras de sa mère et de sa grand-mère, incapables de la consoler.

[HRP/ Fin du rp avec Julia. Suite à venir./HRP]


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Gaspard de Sorel
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Gaspard de Sorel
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MessageSujet: Re: Un nouvel avenir [PV Julia] Un nouvel avenir [PV Julia] Icon_minitimeDim 25 Avr - 12:52

Assis l’un près de l’autre, bien plus proches que ne l’auraient permis les convenances entre deux aimés dont la relation n’était pas encore officielle, les silhouettes de Julia et Gaspard donnaient l’illusion d’un couple uni qui se faisait des confidences à l’abri des regards. Ainsi réuni sous le kiosque par une journée printanière d’avril, alors que les arbustes donnaient leurs premières feuilles et que les bourgeons pullulaient, tout semblait aller pour le mieux. Un merle poussait la chansonnette sur la ferronnerie, repris par un comparse plus loin. Un calme paisible régnait sur le jardin.

Pourtant, les larmes sillonnaient les joues de la jeune femme sans discontinuer, ses mains tantôt pressées l’une contre l’autre, tantôt entremêlées dans des torsions douloureuses. Et l’homme, dont le visage grave était d’une pâleur inhabituelle, semblait parler avec douceur à son amie, comme dans un murmure.

Une lueur de soulagement passa visiblement dans le regard de l’aristocrate lorsque la bourgeoise réfuta sa question. Elle n’était pas mariée. Il avait suggéré cette idée inconcevable pour l’aider à se confier, pourtant l’entendre le confirmer retira un poids des épaules de Gaspard. Sa respiration se fit plus légère. Elle se mettait à parler, c’était une première impulsion d’où découlerait enfin leurs vérités.
Il attendit la suite et fut à nouveau interloqué. A quelle illusion faisait-elle allusion ? Avide de compréhension, l’aristocrate dardait son regard sur la bouche de Julia, comme si par la force de sa volonté il avait pu la faire révéler ses secrets qui gangrénaient leur relation. Pourtant les lèvres de son amie demeuraient closes, doublement scellée car il devinait qu’elle se les mordait pour retenir des révélations malheureuses.

Enfin, elle murmura la sentence. L’information fit le jour sur l’ensemble de la situation.

Figé, Gaspard ne saisissait pas, son esprit ne parvenait pas à interpréter les paroles tout juste prononcées. Un fiancé hongrois qui s’introduisait dans leur conversation, quelle étrange apparition ! Le cri désespérant de son amie lui fit refermer naturellement sa main sur la sienne, tendre geste de réconfort, aussitôt repoussé.
Julia se leva, en proie à l’agitation, dominant comme rarement l’aristocrate toujours assit, qui la suivait des yeux pour enfin capturer son regard. Il y lut de la fermeté, qui contrastait avec les sillons de larmes et ses paupières rougies. Puis l’ombre gagna les traits de Gaspard, l’éclair de compréhension lui parvenant enfin.

- Je l’aime.

Frappé de stupeur, il en perdit le souffle, pour inspirer bruyamment dans la foulée. Quelle douleur dans sa poitrine ! Son corps se révoltait contre l’idée de la perdre définitivement. L’instant d’avant ils se frôlaient et maintenant ils devraient se quitter à jamais ? Ne plus s’étreindre, sentir le souffle de l’autre, partager leurs pensées...
Déjà, son aimée s’éloignait. Elle quittait le kiosque.
Impossible ! Le lycanthrope se leva vivement :

- Julia, il doit exister une solution à tout ceci, dit-il avec force, les désignant tous les deux d’un geste circulaire du bras, alors qu’elle lui tournait le dos. Ne nous abandonne pas !

Elle s’arrêta. Gaspard avait bien espéré la faire hésiter. Il bondit hors du kiosque, se rapprochant à grands pas. Le vent qui s’engouffrait dans le jardin agitait sa chevelure et ses rouflaquettes flamboyantes, gonflant sa tenue, lui conférant une apparence sauvage. Il ne voulait pas encore s’avouer vaincu. Conquérant il s’arrêta derrière Julia, qui se retourna, des sanglots morcelant sa réponse. Elle asséna le coup fatal, le ponctuant d’une distance protocolaire assassine.

Gaspard était mis au rebut. Le choix de Julia se portait sur un autre. Après tant de moments partagés, elle prenait sa décision.

Alors qu’elle se retournait pour partir, Gaspard tendit la main pour la poser sur l’épaule de son amie qui s’éloignait à nouveau. Ses doigts glissèrent sur le tissu chaud de son vêtement. Puis ils se refermèrent sur le vide.

- Ne me quitte pas, prononça le bicentenaire bien distinctement, articulant pour le pas laisser sa voix trembler. Reste.

Gaspard la regarda prendre de la distance, puis tiré par un fil invisible qui semblait le rattacher à Julia, il la suivit jusqu’à la maison. Il se sentait fébrile, ses jambes en coton, sa poitrine compressée. Il avait comme une boule au fond de la gorge et ses yeux humides exprimaient une détresse indicible.

André croisa la route des deux amants qui revenaient du jardin. Il ne lui fallut qu’un instant pour comprendre la situation après avoir vu leurs visages ravagés. Il déglutit avec peine. Compatissant à la douleur qu’il voyait.
Le major d’homme s’élança auprès de la jeune femme et proposa prestement à Miss Thanas d’apprêter le fiacre pour la reconduire chez elle, mais elle refusa d’un signe explicite. Elle contourna la maison par le petit sentier qui en faisait le tour et s’engouffra dans l’allée en graviers de l’entrée, puis quitta la propriété dans la foulée. Il la regarda passer la grille, ses vêtements disparaissant à sa suite, puis ce fut le bruit de ses talons sur les pavés qui s’assourdit avant de s’éteindre tout à fait.

André poussa un profond soupir. Soucieux il chercha du regard son ami, qu’il trouva quelques pas derrière lui, figé les épaules basses, sa main droite recouvrant son visage, dissimulant ainsi ses traits et les émotions qui devaient faire rage en lui.

Une ruine.

L’ancien hunter ressentit une peine immense pour son employeur qu’il avait vu s’épanouir et revivre aux cotés de Miss Thanas. Il s’avança vers lui et posa une main sur son omoplate. Aucun mot ne serait à la mesure de la perte et de la détresse que M de Sorel ressentait. Alors André se contenta de ce simple geste significatif ; réconfortant.
Gaspard n’était pas seul.

Gloire à la providence, il ne le serait jamais.
Sa détresse avait transpercé les murailles de sa conscience. Troublés dans le monde des esprits, Galyllée et Œil de Lune s’infiltrèrent sans difficulté entre les décombres fracassés, recevant de plein fouet les ondes douloureuses des émotions d’Ambre.
La chouette hulula, caressant les pensées du lycanthrope avec une douceur toute maternelle, tandis que le loup emmaillotait dans un écrin de fourrure les débris qui constituaient leur hôte. C’est accompagné par ses entités qu’il trouva la force de s’exprimer.

- André, souffla Gaspard du bout des lèvres, la voix rauque. Il se racla la gorge pour la dénouer et laissa retomber sa main, le regard détourné. Un peu de solitude va m’être nécessaire, je vais m’absenter.

- Je me charge de tout, acquiesça le major d’homme, partez confiant. Et revenez-nous. Il pressa l’omoplate de l’aristocrate, puis recula en le saluant.

- Merci André, marmonna le lycanthrope.

Il s’éloigna en remontant l’allée, les gravillons crissant sous ses pas jusqu’à atteindre le petit sentier de terre, qu’il remonta vers l’arrière du jardin. Parvenu sur la terrasse, il embrassa d’un œil circulaire sa demeure, un rictus étirant sa bouche. Déjà des souvenirs lui revenaient. Tout lui rappelait la présence de Julia. Depuis septembre dernier, cette femme avait pris possession de lui, éveillé celui qu’il avait enfoui, dévoré par sa vitalité sa mélancolie.
Tout n’avait été que mensonges. Elle s’était joué de lui ! Vraiment ? Il peinait à y croire.
L’aristocrate s’éloigna vers le kiosque, duquel il détourna le regard, puis le dépassa pour se trouver entouré d’arbres presque nus à cette époque de l’année, qui pourtant le dissimulaient aux yeux du monde.
Gaspard s’humecta les lèvres, salées et amères. Il posa un genou au sol, puis ferma les paupières, en inspirant profondément. Il n’avait cessé d’écouter ses entités depuis qu’elles avaient infiltré ses pensées. Bien qu’il fut déboussolé et brisé à l’intérieur, son lien lycanthropique restait harmonieux et solide.

La silhouette humaine fut remplacée en un instant par celle d’une harfang des neiges, qui détendit ses ailes et se propulsa vers le ciel d’où la pluie s’écoulait. Galyllée fendit les airs, luttant contre les bourrasques de vent qui s’intensifiaient, les éloignant de Londres.

[HRP // Fin du RP. A suivre ici : Les landes de la méditation // HRP]


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