Le sang battait violemment à ses tempes, elle se releva avec effort et essuya la sueur qui perlait sur son front.
Elle se remit en garde et fléchit les genoux en s'approchant souplement de son adversaire elle feinta vers la droite et tenta un balayage, mais il avait anticipé et lui décrocha un crochet qui la cueillit à l'estomac et l'envoya voler à plusieurs mètres, elle se releva immédiatement, mais son adversaire prit la parole et dit :
- On arrête-la pour ce soir. Tu t'améliores, mais il y a encore des progrès à faire.
La jeune femme voulut protester, mais il fit un signe pour la faire taire. Alvin était un grand homme baraqué, aux muscles saillants et à la peau cuivrée. Son torse musclé était constellé de cicatrices dues à son passé de forban. Il était impressionnant et terrifiant, mais au fond était très gentil et il était loin d'être un barbare sans cervelle.
Ils s'étaient rencontrés dans une taverne et il lui avait parlée de ces négriers sans vergognes, puis la voyant intéressée il parla à Swan de son groupe et lui proposa d'en faire partie et elle accepta sans hésitation.
Depuis, chaque nuit avec l'aide d'autres membres du groupe, il l'entraîne aux combats. Un cri la tira de ses pensées et elle se retourna vers la direction du cri et le vit, c'était Leigh, un magnifique jeune homme aux cheveux bruns et au visage d'ange. Lui n'était pas un ancien forban comme Alvin et plusieurs autres, mais un petit bourgeois qui en avait assez du système, tout comme la belle aristocrate. Elle l'aimait et c'était réciproque, elle courut vers lui et sauta à son cou avant de l'embrasser. Il la repoussa doucement et demanda.

- Es-tu prête pour le grand soir My Lady ?

- Non je ne suis pas prête, répondit-elle, mais je ferais ce qui me semble juste.

- Je te fais confiance My Lady, tu seras la meilleure comme toujours.

Il l’embrassa avec douceur puis se détourna, car il savait que c’était sûrement la dernière fois qu’ils se voyaient. Le surlendemain ils devaientt tendre une embuscade aux plus importants négriers qui se réuniraient pour parler affaires, malgré que l’esclavage fut abolie en 1807, certaines personnes persistaient à traiter des humains comme des marchandises. Cette embuscade était très risquée, et ils étaient tous très inquiets. Ils se quittèrent sans un regard pour éviter une séparation trop douloureuse .
Swan se hissa hors de la coure et sauta par dessus le mur, se retrouvant devant les abattoirs.
C’était une nuit magnifique où la lune brillait dans le ciel comme un écu d’argent sur une bannière d’azur que la jeune fille admirait toute en marchant d’un pas vif pour rentrer rapidement chez elle. La nuit avait beau être superbe, en plein mois de décembre elle était glaciale et un peu de neige jonchait les trottoirs. Perdue dans ses pensées un jeune homme la bouscula, il lui rappelait bien quelqu’un mais n’y fit pas attention et continua à marcher, souriant à la vue d’un chat qui vint se frotter à ses jambes.
Londres était déjà belle de jour, mais la nuit elle l’était encore plus car à sa beauté se rajoutait une part de mystère et d’étrangeté.
La jeune femme finit par arriver chez elle. Elle contourna l’immense battisse et grimpa jusqu’à sa chambre qui à son grand déplaisir se trouvait au second étage. Elle se retrouva en équilibre sur la balustrade de son balcon et faillit tomber mais se rattrapa au dernier moment, elle se glissa dans sa chambre et après s’être déshabillée, la jeune fille cacha ses vêtements et se mit au lit, mais elle n’arriva pas à dormir, trop inquiète pour le surlendemain.
Elle fut réveillée, bien trop tôt à son goût par Candice, une jeune domestique pétillante qui n’avait que quelques années de plus qu’elle.
Swan se leva en grognant et s’habilla avec difficultés et descendit prendre le petit-déjeuner en compagnie de sa mère et de son père qu’elle détestait depuis qu’elle les avaient vues à une réunion de négriers.
Lady Carthew pris la parole :

- Swan, cette après midi j’organise une partie de bridge, j’attend de toi que tu te conduise parfaitement comme à ton habitude et tu nous joueras quelques morceaux de piano.

-Bien entendue mère, lui répondit-elle avec docilité.

Swan monta dans sa chambre, pestant intérieurement contre les après-midis de bridge de sa mère qui lui sont insupportablement ennuyeuses.
Elle s’assit à son piano et commença à jouer, mais elle était tellement obnubilée par l’embuscade prévue pour le lendemain soir qu’elle fit de multiples fausses notes.
La jeune fille préféra arrêter que continuer à massacrer ses oreilles et pris un livres de légendes Celtiques
Le moment venu elle alla discuter de mondanités et jouer du piano pour les amies de sa mère.
Plus tard elle dû aller encore s’habiller pour se rendre à un bal et échangea d’autres mondanités, fit un peu d’esprit  sans exagérer et comme à son habitude elle s’ennuya à mourir.
Sa mère et elle se trouvaient dans la calèche qui les ramenaient à leur demeure, cela lui rappela une discussion qu’elles avaient eux trois mois plutôt.

- Ma chère enfant, tu as dix-sept ans et tu n’auras pas toujours ce visage. Ton père et moi t’avons donc trouvés un très bon parti.

- Qui est-ce ? Demanda Swan avec appréhension

- Lord Benjamin Bartholome, il est très populaire à la cour et n’a que huit ans de plus que toi.
- Je refuse ! cria Swan.
- Tu n’as pas le choix, avait répliquée sa mère.
Une fois arrivée Swan monta dans sa chambre, elle détestait être une fille et de ne pas pouvoir être seule maître de son destin, heureusement cette fois là, le destin l’avait aidé, Benjamin Bartolome était mort assassiné. Elle se mit au lit mais n’arriva pas à trouver le sommeil. Elle repensait à sa rencontre avec Leigh, ils s’étaient rencontrés chez Alvin, où ils se réunissaient pour discuter. Swan c’était moquée d’une de ses paroles, Leigh étant légèrement susceptible, se retrouva en un instant devant elle un couteau à la main. Leur rapports n’avaient donc pas très bien débutés mais ils avaient finis par s’apprécier et même par s’aimer.
Swan finit par se laisser emporter par le sommeil mais elle fut hantée par de nombreux cauchemars.
Le lendemain elle se réveilla tôt et passa une journée des plus banales, mais  elle ne put s’empêcher de ressasser le plan et son inquiétude commençait à grimper. Pour se calmer elle s’enferma sous les toits dans l’une des chambres inoccupées et sortit sa pipe. Fumer lui permettait de se détendre, même si elle savait que pour une femme c’était hontes et que même Leigh réprouvait cette pratique.
Elle sortit un vieux traité de magie qu’elle cachait sous une latte de plancher. Il était vieux et poussiéreux, c’est Alvin qui lui avait procuré. Elle s’y plongea pendant plusieurs heures et prit quelques notes. Voyant par la lucarne que le soleil se couchait, elle cacha le livre et descendit dîner. Elle expliqua qu’elle était fatiguée et qu’elle ne souhaitait en aucun cas être dérangée, mais Lady Carthew eut une intuition et décida d’aller se promener autour de sa maison.
Swan grimpa dans sa chambre, mit sa chemise, son pantalon et passa un fleuret ainsi qu’un pistolet à sa ceinture. Elle sortit silencieusement par sa fenêtre et sauta de son balcon pour atterrir  souplement dans un buisson juste devant Lady Carthew. Swan se releva horrifiée. Un petit sourire apparut sur les lèvres d’Angelina Carthew.

-Et bien Swan, puis-je savoir ce que tu fais ici à cette heure alors que tu es fatiguée ?

-Je... je...je . Balbutia Swan.

- Rentre immédiatement et habit toi correctement. Tu ne sortiras plus de cette maison. Tu es une honte !

Swan vaincue, rentra l’âme en peine, les yeux pleins de larmes. Ils n’avaient pas besoin d’elle mais elle aurait voulue être à leurs côtés, contribuer à la justice mais c’était impossible. Sa mère l’avait vu et ne la laisserait pas s’échapper.
Swan dû aller se coucher sous la surveillance de Candice. Swan ne trouva pas le sommeil, inquiète pour ses compagnons, tremblante à l’idée qu’ils puissent leur arriver malheur.
Au matin, Swan n’avait pas dormit une seule seconde, elle se leva et descendit à la salle à manger, son père Benjamin Carthew lisait le journal. Il fut étonné de la voir levée si tôt, sa femme ne lui avait pas parlé de la tentative d’escapade de Swan.

- Bon potron minet Swan.

- Pareillement père, quelles sont les nouvelles ?

- Une dizaine de brigands on essayés d’attaquer d’honnêtes hommes d’affaires. Heureusement ils ont été tués, tous sans exception. C’est un scandale, que fait la reine ? Elle devrait faire nettoyer Londres.

Le coeur de Swan se serra, elle chancela et du s’appuyer contre un siège pour ne pas tomber à la renverse.

- Vous avez tout à fait raison. Veuillez m’excuser mais je vais me retirer.

Swan se détourna et courut se réfugiée dans les combles, elle pleura toutes les larmes de son corps sans pouvoir s’arrêter. Après plusieurs heures à pleurer de désespoir elle finit par s’endormir d’épuisement, une seule pensée en tête : ils étaient tous morts, Alvin et surtout Leigh, elle pensait qu’elle aurait aussi dû mourir  Quand elle se réveilla il faisait déjà sombre. Swan se leva rapidement et descendit les escaliers. On criait son prénom, elle cria donc à son tour de manière très peu distingué il est vrai :

-Je suis ici !

Angelina Carthew arriva essoufflée, rouge de colère. Elle passa un savon à Swan puis lui demanda où elle se trouvait pendant tout ce temps. Swan répondit :

-Je me suis rendue dans les combles pour aller chercher Candice, mais je me suis trompée de porte et me suis cognée la tête contre le haut de la porte.

- Vas te laver immédiatement et met une tenue descente. Et ce n'est pas la peine de redescendre, ton père et moi partons une semaine en Écosse pour affaires.

Swan serra les poings, elle ne pouvait rien faire, elle ne pouvait pas se révolter ni rien dire. Elle se rendit dans sa chambre et claqua la porte, se changea et sauta en dehors de sa chambre. Piétinant sans vergogne les massifs de roses et de pivoines que sa mère cultivait soit même. Elle leurs prodiguait plus d'amour qu'à sa propre fille. Elle s'enfuit dans la nuit passant devant l'Opéra éclairé, courant à perdre haleine sans porter une quelconque attention aux passants. Elle courut pendant un long moment et fini par arriver devant la maison d'Alvin près des abattoirs. La jeune fille escalada le mur et sauta dans la cour. Elle était grande, vide et silencieuse. Il y a encore deux jours elle grouillait de gens qui s'affairaient ou se battaient. Elle s’affaissa au milieu de la cour et se remit à pleurer. Un homme encapuchonné pénétra dans la cour et la prit par les épaules pour la relever. Il était beaucoup plus grand qu'elle, la seul chose qu'elle pouvait voir de lui derrière le rideau de larmes qui assombrissait ses yeux, c'était la couleur insolite de ses iris un violet foncé, presque noir. Il essuya les larmes de Swan et lui dit d'une voix suave :

- Séchez vos larmes, cela vous fait un vilain teint.
- Qui êtes-vous pour me dire ça ? Demanda-t-elle.

- Je suis un voyageur de la nuit, un ami d'Alvin, un informateur si vous préférez. J'ai entendu ce qu'il s'était passé, je suis donc passé pour voir et vous ai trouvé ici. Je vous ai croisé avant-hier, je me rendais chez Alvin pour le dissuader d'attaquer ces négriers mais il ne m'a hélas pas écouter. Heureusement vous êtes encore en vie mademoiselle.

Il l'a prit dans ses bras et la serra fort contre lui, profitant de sa faiblesse. Elle était dans un état si second que protester ne lui venait même pas à l'esprit. Elle préférait se laisser aller, penser à d’autres choses. L'homme la colla contre le mur, passant ses mains sous ses habits et finit par la prendre à même le mur. Puis soudain, il la mordit violemment. Swan sorti de sa torpeur, attrapa un de ses poignards d'argents et lui enfonça dans le dos avant qu'il ne puisse esquisser un geste. Swan tremblait de tout ses membres, elle se laissa glisser sur le sol. Toute débraillée, les larmes coulant sur son visage et ses mains pleines de sangs elle faisait peur à voir.  Un mince filet de sang sortait de sa jugulaire. Elle finit par se relever et pénétra dans la maison d'Alvin, où elle se rhabilla puis s'assit sur une des couchettes qu'Alvin laissait à disposition. Qu'allait-elle faire du corps ? Le laisser là ? Et qui était-il vraiment ? Elle l'avait déjà vu mais ne lui avait jamais vraiment parlée.
Elle finit par s'endormir vidée de ses forces. Elle resta trois jours sur la paillasse sans pouvoir bouger, prise de fortes fièvres.Quand elle s'éveilla, enfin guérie, le soleil était déjà haut dans le ciel quand elle sortie dans la cour elle ne vit qu'un petit tas de cendre, le corps avait disparut. Elle se doutait déjà de la nature de cet être mais là en avait la confirmation. C'était un vampire. Swan hésitait, elle avait peur d'être reconnue si elle s'en allait. Elle vit alors la cape noir du vampire qui était rester par terre. Elle la mit et sorti rabattant soigneusement la capuche pour ne pas être reconnue. Elle rentra rapidement chez elle. Une fois dans sa chambre elle s'habilla décemment puis descendit et trouva Candice et les autres domestiques en pleurs. Ils se levèrent d'un bond en la voyant et Candice ce jeta dans ses bras.

-Oh madame, c'est affreux. Nous étions morts d'inquiétudes. Vous avez disparu pendant cinq jours, et vos .. vos parents.

- Que ce passe-t-il Candice demanda Swan avec douceur.

- Vous n'êtes pas au courant ? Vos parents ont été tués dans un accident de de chasse en Ecosse.
Swan fit semblant d'être affligée et répondit.
- C'est ... c'est impossible, ils ne peuvent pas être mort. C'est affreux, je vais me retirer. Faîtes venir le notaire.

La jeune femme se retira dans sa chambre et s’assit sur le lit, indécise. Était-elle heureuse de leurs morts ? C'était tout de même ses parents même si c'étaient des monstres. Toute les personnes contant à ses yeux étaient morte en l'espace d’une semaine. Elle était effondrée. Swan décida de se reprendre en main. Elle demanda à une servante de lui faire monter de l’eau chaude, elle se lava puis elle se vêtue d’une longue robe noire pour symboliser le deuil. Elle fut prévenue que le notaire était arrivé. La jeune fille descendit le grand escalier la tête haute. Elle s’assit à la place de son père dans son bureau et laissa le notaire parler.

-Je vous présente toutes mes condoléances Lady Carthew. Voici ce que dit le testament de vos parents. Ils vous lèguent la demeure et tout leur argents ainsi que leur sociétés manufacturières. Vous n’avez pas besoin de tuteur selon vos parents vu que vous avez eu dix-huit ans hier, vous êtes donc libres d’utiliser leurs lègues comme vous le souhaitez.

Swan avait complètement oublié son anniversaire comme elle était malade, cependant elle n’en laissa rien paraître.

- En quoi consiste leur sociétés manufacturières ?

- C’est un réseau de manufactures se trouvant partout dans le pays. Dans ses manufactures sont produits les tissus qu’achète la classe ouvrière et la petite bourgeoisie.

-Pourquoi mes parents possédaient-ils ces manufactures ?

-Voyez-vous il ce trouve qu’avant votre naissance vos parents étaient malgré leur noblesse très pauvre. Ils ont donc demandé un prêt et on mit en place ce réseau et remboursèrent rapidement le prêt grâce au grand sens des affaires de votre défunt père.

-Je vois. Monsieur, vous êtes un homme que mon père estimait et vous aviez toute sa confiance. Je vous donnerez donc la mienne et je vous demande de gérer ce réseau de manufacture, de garder  dix pour-cent des bénéfices et de me reverser le reste. Pour être sûr que vous ne me trompez pas je vérifierais de manière aléatoire les comptes.

-Bien Madame, n’ayez crainte madame.

-Je vous souhaite une bonne journée Monsieur. Rappelez-vous de ne jamais me sous-estimer.

Elle demanda à ses domestiques quand les corps seraient ramenés, il fallait qu’elle organise des funérailles. Rédiger les invitations allait être un calvaire. Swan était toujours perdue dans ses pensées quand Candice interrompue.

- Mademoiselle, c’était votre anniversaire et nous n’avons pu le fêter. Souhaitez vous organiser une fête ?

- Non, mais merci Candice.

Plusieurs jours monotones passèrent, où Swan prépara l’enterrement de ses parents, où elle apprit à gérer les domestiques et se replongea dans l’étude de la musique et des arts dramatiques. Ce n’était pas facile mais loin d’être insurmontable et elle se décida à garder la maison ou vit les comtes Carthew depuis plusieurs génération. La nuit Swan sortait toujours clandestinement et allait traîner dans les tavernes sur les dock ou ailleurs, enchaînant homme, sur homme. La nuit après l’enterrement, Swan se rendit dans une taverne plutôt mal famé. Elle s’assit à une table, commanda une bière et se remémora sa journée. Toujours vêtue d’une robe noire, Swan avait accueillie les invités, une larme au coin de l’œil. Après la messe, ses parents furent mirent en terre et elle déposa une fleur sans aucun réel sentiment, les gens lui présentèrent leur condoléances, ce proposèrent pour l’aider à gérer sa fortune etc. Swan leur expliqua poliment qu’elle savait se débrouiller seul et finit par se retirer expliquant que sa douleur était trop grande.
Dans la taverne un homme aux cheveux blonds vint s’asseoir en face d’elle. Elle restait désagréable et peu loquace, le jeune homme semblait vouloir jouer, mais il finit par lui rêvéler son nom et elle le sien.