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Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn]

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MessageSujet: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeVen 11 Jan - 2:26

Elizabeth n’aurait pu le dire si c’était la curiosité ou un simple pressentiment qui dirigeait ses pas, mais une chose était sûre, elle suivait les flammes qu’elle voyait s’élever du Grand Théâtre. Les paroles de Glen avaient su éveiller son attention. D’une part il avait fait mention de la Reine… La violoniste espérait seulement qu’elle n’ait pas périe dans l’incendie… Elle voulait sa mort, certes, mais de ses propres mains ! Mais cette pièce qui devait se jouer ce soir… Ça ne lui disait rien qui vaille… La nuit était cependant bien avancée, elle ne devait pas s’attarder… Elle savoura pourtant l’air frais de la nuit. Après cette rencontre avec Glen, elle se sentait totalement vidée. La pression qui l’avait maintenue pendant tout le temps de leur entrevue retombait enfin, et elle prenait enfin pleinement conscience d’à quel point elle avait pu être tendue en sa présence. Elle savait qu’elle jouait un jeu dangereux mais elle n’avait fait que saisir la chance qui se présentait à elle. Pourtant, les paroles d’Aisling sonnaient encore à ses oreilles comme un avertissement. Elle devait se méfier de l’homme, il était dangereux. Elle devait absolument apprendre à se maîtriser plus encore, maîtriser sa soif et ses pouvoirs si elle voulait avoir une chance de faire front devant l’Irlandais. Tout comme devant sa disciple…
La jeune femme soupira. Elle doutait quelque peu de pouvoir amener cet objectif à bien… Elle se positionnait face à un vampire horriblement manipulateur et fourbe… Cela allait sans doute lui jouer des tours ! Après tout, elle était encore jeune, et le temps jouait contre elle ! Elle n’avait pas encore assez d’année d’expérience pour pouvoir prétendre tenir tête à des vampires tels que le Comte et pourtant… la Reine était une mortelle, une simple humaine… Que faire lorsque le temps était son pire ennemi ? Au final, elle ressortait de chez Glen plus perplexe encore qu’elle ne l’était à l’origine. Mais cela n’entamait en rien sa détermination, comme elle avait pu le montrer à cet homme ! C’était bien pour cela qu’elle voulait graisser la patte de ce genre de personne… Il pouvait avoir le bras long et l’emmener là où, seule, elle n’aurait pu aller. Elle avait choisis de réajuster sa tactique. Tenter de mener ses projets par la force n’aurait été que pure hérésie… Alors peut-être qu’un peu de finesse saurait faire fonctionner les rouages ! En tout cas, elle l’espérait !

Elle s’adossa contre le mur humide d’une ruelle, respirant l’air putride de Londres à plein poumon. Maintenant que la tension redescendait, elle se sentait fatiguée, mais surtout… la faim venait la tirailler atrocement, prête à la faire redevenir le monstre sombre qu’elle semblait tant redouter ! Les sens incroyablement éveillés, son instinct de prédatrice s’activaient déjà la recherche d’une proie… Elizabeth due se rendre à l’évidence… Si elle voulait s’approcher du théâtre sans perdre tous ses moyens, elle devrait chasser ce soir… Elle se voyait mal sauter sur les victimes sortant de l’édifice en feu pour boire leur sang ! Elle devrait bien se résigner…
Elle reprit donc sa marche, silencieuse et souple comme un chat. La prochaine personne qu’elle croiserait serait bien malchanceuse… Et cela tomba sur un jeune homme enivré par l’alcool. Il devait sans doute rentrer d’une soirée plutôt joyeuse en voyant son sourire. Le dernier qu’il ferait. Ne lui laissant pas le temps de l’apercevoir, Elizabeth lui fondit dessus, le plaquant contre un mur, une main en guise de bâillon pour ne pas qu’il rameute la populace, ses crocs solidement plantés dans le cou de l’homme. Très vite le sang vermeil la vivifia bien plus que ce qu’elle voulait bien avouer. Elle se sentait coupable de ressentir autant de plaisir à vider cet homme de son sang, de sentir battre à tout rompre son cœur paniqué pour qu’ensuite il ralentisse effroyablement pour finir par cesser de battre. Elle aimait le goût de la peur distillé dans le sang. C’était une prédatrice et elle se délectait de la crainte qu’elle inspirait.
Bientôt elle laissa retomber le corps sur les rues pavées, passant avec délice sa langue sur ses lèvres afin de collecter les dernières gouttes de sang s’y trouvant.
Un bruit la fit se retourner. Un autre homme, sans doute ami avec la victime, avait tenté de prendre la fuite en voyant le macabre spectacle… Malheureusement pour lui, sa maladresse avait trahi sa présence ! Le pauvre homme n’eut pas fait deux pas que le vampire était déjà sur lui, aspirant son sang. Elle entraîna alors le corps inerte de l’homme vers son ami, et les laissa là, à la bonne volonté de la rue… Après tout, il faudrait plusieurs jours avant que quelqu’un ne voit leur cadavre ici… C’était le genre de ruelle très peu fréquentée…

Elle reprit son chemin, ce bref arrêt n’ayant duré que quelques minutes. Ce regain de sang lui avait permis de quitter cette pâleur maladive qu’elle arborait depuis deux jours. Maintenant, elle savait qu’elle pourrait résister à l’appel du sang lorsqu’elle serait au théâtre.
Elle y fut plusieurs minutes plus tard et le spectacle qui s’offrit à elle fut d’abord celui d’une belle pagaille. Le Scotland Yard était présent, évacuant les blessés. Il semblerait que le feu était maîtrisé, évitant la destruction totale des lieux. Pourtant la suie recouvrait l’édifice, rappelant ce qu’il venait de se passer à l’intérieur. D’ailleurs, qu’est-ce qui avait bien pu provoquer tout cela ? Elie l’ignorait, mais vu comme le Scotland Yard s’agitait, ça avait tout l’air d’un incendie criminel. Curieuse de savoir ce qu’il pouvait bien s’y dérouler ce soir-là, elle avisa une affiche. Le Coriolan mis en scène par… elle crut mal lire, mais non c’était bien là, écrit noir sur blanc, Jirômaru Keisuke… Ce nom elle avait appris à la connaître et à s’en méfier. Le Comte, le maître de la ville, tous le connaissait d’une manière ou d’une autre et pour Elizabeth cela n’évoquait pas de bons souvenirs. Son premier réflexe fut alors de sonder le bâtiment à la recherche de l’aura de cet homme, avec la ferme intention de repartir si par malheur il s’y trouvait toujours. Mais rien… Soit il avait péri – ce dont elle doutait fort – soit il avait déjà quitté les lieux. En revanche, une autre aura attira son attention. Elle la connaissait déjà… Wynn. Lui, en revanche, il se trouvait toujours dans l’édifice.
Piquée par la curiosité, elle prit son mal en patience, et décida d’attendre l’homme à la sortie du bâtiment, sous un réverbère.

Ce fut l’odeur de son sang qui l’indiqua en premier qu’il sortait, bien avant qu’elle ne le vit. Il était soutenu par deux personnes, ne semblant plus pouvoir marcher correctement. Qu’avait-il bien pu faire pour se retrouver dans cet état-là ?
Lui aussi sembla détecter la présence de la jeune femme, puisque, les yeux écarquillés de surprise il lui demanda la raison de sa venue. Elizabeth aurait bien répondu immédiatement par une petite réplique à sa sauce, mais semblant vouloir l’ignorer il passa devant elle sans ajouter le moindre mot, bien assez mal en point d’avoir déjà aligné deux phrases…
Ce fut au tour de la violoniste d’ouvrir de grands yeux. Elle n’avait pas pour habitude d’être ignorée ainsi ! Parfait ! Elle qui c’était laissé dire qu’elle allait l’aider à marcher, il devrait donc se débrouiller tout seul !
Elle lui tourna également le dos et partit dans la direction opposée.

Ceci aurait très bien pu clore cette nouvelle rencontre… Mais chaque pas qu’Elizabeth faisait semblait lui peser un peu plus et elle savait pourquoi. Sa conscience avait décidée de lui jouer des tours… Elle n’avait pas pour habitude de laisser derrière elle quelqu’un de blessé… Sa morale lui disait de faire demi-tour et de mettre de côté sa fierté, tandis que cette dernière, bafouée, lui disait d’envoyer au diable l’homme ! Mais le poids de la culpabilité était le plus fort… Elle le savait, plus tard elle s’en voudrait de lui avoir tourné le dos… Elizabeth n’avait jamais été foncièrement méchante… Mais ça personne n’avait pris le temps de le découvrir ! Elle pouvait se montrer garce, certes, mais jamais elle n’avait été cruelle au point de laisser quelqu’un agonir sur les pavés. Elle poussa alors un soupir rageur. Elle maudissait ce Wynn…
Elle tourna alors talon et en quelques pas avait déjà rattrapé l’homme devant lequel elle se campa, fermement décidée.


- Tu comptes m’ignorer encore longtemps comme ça, ou bien quand tu seras réduit à ramper pour avancer peut être m’accorderas-tu une phrase de plus que « qu’est-ce que tu fais là ? ».

Elle laissa son regard courir sur les vêtements maculés de sang de l’homme. Il était bien amoché, et le fait qu’il crache du sang lui indiquait que cela était bien plus qu’il n’y paraissait encore. Elle lui saisit le bras fermement, pour lui donner un semblant d’appui, le voyant toujours tituber. Une odeur lui frappa alors les narines. Mêlée au sang, l’argent y avait trouvé sa place. Elle fronça immédiatement les sourcils. Les Hommes n’utilisaient jamais de l’argent pour leurs armes à moins que…

- On dirait bien que tu n’as pas pu t’empêcher de t’accoquiner avec des hunters…


Décidément ce Corolian revêtait un manteau bien mystérieux… D’abord le Comte, ensuite un incendie, des vampires en sang, des hunters… Une fois de plus Wynn avait mis son nez dans quelques histoires bien sombres, mais elle n’en émit pas le moindre mot. Ce n’était pas le lieu. La possibilité que quelques hunters se trouvent encore dans le coin était grande, il fallait d’abord se mettre en sécurité.
Après un rapide coup d’œil aux blessures du violoncelliste, elle le prit par le bras gauche qu’elle passa autour de ses épaules pour le soutenir. Le but n’était pas de l’amocher encore plus…
Il leur fallait passer par les ruelles sombres, se faire oublier. L’idée d’héler un fiacre était hautement tentante, encore plus quand elle songeait qu’elle fouillerait les poches de Wynn pour régler le coché – après tout, il lui devrait bien ça… -, mais l’idée que les hunters puissent les suivre jusqu’à la demeure du violoncelliste n’était pas la meilleure. Il fallait donc se résigner à rentrer à pied ! Elle espérait seulement que l’homme n’aurait pas un besoin urgent de sang entre temps. Ils n’auraient sans doute pas d’humains à portée, et il était hors de question pour Elie de lui offrir de son sang pour le revigorer !
Elle sentait déjà le sang de l’homme imprégner ses vêtements. Il lui devrait une faveur… Une très grande faveur, pensa-t-elle amèrement.
Elle planta son regard obstiné dans celui de Wynn avant de lui demander résolument :


- Bien… Chez toi, c’est par où ?


Elle sentait déjà que la partie n’allait pas être facile… Surtout avec quelqu’un d’aussi buté qu’elle !

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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeVen 11 Jan - 13:16

Wynn était loin d'appartenir à cette petite communauté de vampires saintes nitouche couverts de fanfreluches, qui préféraient se pavaner jusqu'à en oublier leurs instincts pour se fondre dans la masse humaine. Ces vampires incapable de se battre, fronçant le nez à la moindre égratignure et piquant une crise à la première goutte de sang versé. Lui tenait plus du guerrier, du véritable assassin n'ayant aucun scrupule à couvrir ses mains de sang et terre battue, un vampire prêt à traquer sa proie jusque dans l'humus grouillant et moisi d'une forêt humide et non pas l'un de ses arrivistes à peine capable de boire du sang sans qu'on leur pré mâche le travail.
Et pour cela, Wynn connaissait bien la morsure des balles d'argent, la brûlure du feu et l'acidité de l'eau bénite. Il n'en avait plus peur, et parce qu'il avait oublié de craindre tout cela, il s'était cru capable de vaincre tous ces chasseurs en les prenant de haut.
Sa fierté et son orgueil venaient d'en prendre un coup, et même s'il leur avait aussi asséné quelques coups bien placés, il était loin de bien s'en tirer. Car même en étant habitué à être blessé, en ayant le corps couvert d'anciennes cicatrices et en supportant au quotidien le mal que lui infligeaient ses revolvers, il ne pouvait ignorer la douleur effroyable de l'argent allié au poison noir des balles de Bloody Rose.

Seule la rage lui permettait encore de tenir debout. S'il n'avait pas eu cette soif de vengeance ancrée dans le coeur et cette volonté de faire payer le prix fort aux chasseurs, Wynn se serait sûrement effondré depuis longtemps contre un mur, en attendant un geste salvateur de la part d'une tierce personne. Au lieu de cela, il avançait, le dos vouté et le pas trainant, son seul but étant son manoir. L'assassin n'avait jamais été du genre à se laisser abattre ou à attendre qu'on lui prenne la main gentiment. La gentillesse, il n'en avait que faire. La pitié aussi. Il n'en voulait pas, il était prêt à lui cracher au visage, à cette pitié que l'on aurait pu avoir pour lui. Il jura même que si l'on osait lui venir en aide, il n'hésiterait pas à mordre, et au sens propre du terme.
Là où certains vampires gardaient une grande part de leur humanité jusqu'à ne plus avoir de vampire que le nom et les crocs, Wynn ressemblait davantage à un animal. Il en avait l'instinct, l'attitude et les réactions. Lorsqu'il était blessé, il n'aimait pas qu'on le touche ni qu'on vienne s'enquérir de sa santé. Les bons sentiments l'écoeuraient, et il n'y voyaient que la marque évidente d'une hypocrisie maladive. Qu'on lui prenne le bras en lui disant que tout irait bien, qu'il serait soigné, et il n'hésiterait pas à dévorer cette main tendue vers lui. Il avait commis une erreur, plusieurs, même. Il en était conscient et il s'en voulait, même s'il les assumait.

Pourtant, Wynn avait remplit son contrat. Il avait écrit l'intégralité de la musique pour Coriolan, l'avait dirigé sans une fausse note, était allé accueillir en bonne et due forme les chasseurs qui avaient osé saccager et piétiner un aussi bel ouvrage... Il avait même prit soin de la jeune Sarah en la soignant. Et malgré cela, il gardait une rancoeur plus que tenace. Car rien ne s'était passé comme il l'avait espéré. Il avait une dent contre l'immonde garce qui l'avait presque achevé, en voulait à son chien de compagnie qui malheureusement pour lui venait de passer l'arme à gauche, et aurait volontiers écrasé les doigts de Sarah un à un par simple désir de vengeance. Quant au Comte... Il devait être le seul que Wynn n'avait pas envie de massacrer sur le champ. Même s'il avait été plus que désagréable avec lui, l'assassin se sentait bien mieux à des lieues de cet étrange personnage. Il avait bien assez de rancoeur envers tous les autres pour ne pas en rajouter une couche avec un adversaire de sa taille.

La volonté de Wynn était de fer, et il serait volontiers retourné au combat pour en achever ne serait-ce qu'un seul, mais son corps lui hurlait de s'arrêter pour se reposer. La balle dans son sternum le faisait souffrir à un point inimaginable, et la moindre respiration était devenue une torture. Il avait l'impression qu'on lui écartait lentement les côtes avec des tenailles, et que la balle ne cessait de s'enfoncer dans ses os, dévorant les tissus alentours pour se rapprocher un peu plus du coeur. Plus il y songeait, plus Wynn se demandait comment il allait pouvoir retirer cette balle. Tout vampire qu'il était, son corps avait la même réaction que celui d'un humain: La douleur l'empêchait de faire certains gestes par pur instinct de survie. Aussi, ouvrir un peu plus ses plaies pour aller retirer une balle profondément incruster dans son sternum lui paraissait être une entreprise périlleuse. Ôter celle qu'il avait dans la clavicule lui poserait sûrement moins de problème. Mais la blessure qu'il avait à l'épaule, comment pourrait-il la soigner? Il n'était pas en mesure de la voir.

C'est à ce moment là, alors qu'il se posait toutes ses questions, qu'il vit Elizabeth. Que faisait-elle ici, pourquoi semblait-elle attendre quelque chose? Mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, Wynn l'ignorait déjà, lui passant devant sans lui accorder un regard. Pourtant, une chose le fit hésiter un court instant avant que la douleur ne le décide à reprendre sa route: La jeune femme ne s'était pas précipitée sur lui pour l'aider, ne l'avait pas couvé d'un immonde regard empli de pitié et de fausse gentillesse, elle s'était contentée de le regarder comme elle le faisait toujours, avec un détachement impressionnant. Pendant un court instant, Wynn eut envie de faire demi tour pour retourner voir Elizabeth, mais elle avait déjà tourné les talons, probablement vexée qu'il ne lui adresse pas plus la parole.
D'un coup, l'assassin se sentit las et fatigué. Toute la hargne et la force qu'il avait mis dans le combat commençaient à s'évaporer, ne laissant derrière elles qu'une carcasse vide et décharnée. Il était épuisée, sa vue était trouble et il se demandait s'il parviendrait un jour à atteindre son manoir, à deux rues du théâtre. Seulement le vampire avait trop d'honneur pour demander de l'aide à la jeune femme, d'autant qu'il n'était pas tout à fait sûr de le vouloir... Supporter les sarcasmes de la demoiselle n'était pas franchement au programme de sa soirée.

Aussi, quand Wynn la vit revenir et se camper fermement sous son nez, il lui jeta un regard mauvais, une main tremblante posée sur sa poitrine sanguinolente. Sa voix rauque et sifflante n'était plus qu'un murmure, par instant.


-Vas-t-en... Je me débrouille... Très bien tout seul...

Il était de très mauvaise foi et peinait à aligner quelques mots, ses jambes tremblaient et menaçaient de céder sous son poids. Il n'était plus qu'une poupée de chiffon abandonnée à son triste sort. Si bien que lorsqu'Elizabeth reprit ses railleries, Wynn laissa échapper un grognement avant de cracher sèchement.

-La ferme! Ca ne te regarde pas!

Le vampire tenta de se redresser, mais la douleur de son dos et de sa poitrine vint le mordre avec une force inouïe, le forçant à courber à nouveau l'échine. Il se sentit choir, mais ses genoux ne touchèrent jamais le sol, car il sentait qu'on lui soulevait le bras pour le soutenir. Son corps se raidit et ses lèvres furent secouées d'un soubresaut, mais le vampire résista à l'envie d'égorger Elizabeth sur le champ. Il n'avait pas envie qu'on l'aide, mais au fond, il en avait besoin. A trop souvent vouloir s'en sortir tout seul, il finirait entre quatre planches ou sous la forme ridicule d'un petit tas de poussières.
Conscient de son poids comparé à celui de la jeune femme, Wynn essaya de ne pas trop s'appuyer sur elle, mais avoir un soutient lui permis de respirer un peu mieux. Tournant la tête vers Elizabeth, l'assassin hésita entre garder le silence et prononcer ce mot, ce simple mot qui allait pourtant lui couter énormément. Il sentait dans le geste de la demoiselle la détermination de l'aider, mais sans le prendre en pitié ou voir en lui un animal blessé. Elle l'avait même charrié plutôt que de minauder des paroles sucrées couvertes d'une fausse bienveillance. Et elle avait eu raison, Wynn s'était mis seul dans cette situation, mais il ne saurait s'en tirer sans aide. Finalement, le mot lui écorcha les lèvres et la langue, mais il finit par le prononcer.


-Merci...

Et ce fut tout. Pas besoin de se répandre en flatteries et remerciements, tous deux n'étaient pas fait pour ce genre de choses. Au lieu de cela, Wynn esquissa un sourire moqueur alors que tous deux s'avançaient sur la place.

-Je ne sais pas où tu as été trainer... Mais tu sens le parfum à plein nez..., dit-il d'une voix moqueuse.

Peu importe ce qu'elle avait pu faire ce soir là, il cherchait simplement par un moyen détourné et très maladroit de détendre un peu l'atmosphère.
Quand Elizabeth lui demanda par où il habitait, le vampire releva la tête et d'un signe du menton lui indiqua un chemin sur la droite.


-Par là... Juste après Charing Cross..., laissa-t-il échapper dans un souffle.

Le reste du trajet se fit en silence. Wynn était épuisé et particulièrement amer. Sa colère ne semblait pas vouloir décroitre et ne demandait qu'à s'exprimer plutôt que de rester confiner dans ce corps meurtrit.
Enfin, ils parvinrent à la grand rue où se situait le manoir du vampire. Bien plus petit que les grandes bâtisses aristocratiques qui faisaient la fierté de Londres, il avait néanmoins un caractère certain, avec sa façade presque noire et ses tuiles sombres sur le toit. Le jardin n'était pas fleurit mais correctement entretenu, tout comme l'austère portail de fer forgé gris.
Grimpant les marches menant au perron avec une peine palpable, Wynn fouilla dans la poche de son pantalon pour en extirper une clé qui était miraculeusement restée en place, malgré les évènements de la soirée.
Il entra, hésita un instant entre inviter Elizabeth à se joindre à lui ou à lui refermer la porte au nez. La tentation était grande, non par envie d'être méchant ou impoli, mais parce que plus que jamais, Wynn se sentait faible et ne voulait pas se montrer ainsi.

Pourtant, il lui fit signe de le suivre et referma la porte derrière lui. Dans l'entrée, il n'y avait aucune décoration. Un escalier en bois brun verni et fraichement ciré menait à l'étage, une paterre n'attendait qu'une veste pour remplir son office, et un miroir était couvert d'un drap pourpre. Pas de feu, aucune source de chaleur et une obscurité particulièrement lourde rendait l'endroit très peu accueillant, malgré le rangement et la propreté. On sentait tout de suite que le propriétaire des lieux n'aimait pas passer trop de temps chez lui, et qu'il n'y venait que par nécessité.
Car en effet, Wynn ne passait pas tant de temps que cela chez lui. Il aimait le calme et la fraicheur des sous sol d'église, où il dormait régulièrement, ainsi que la quiétude des parcs à la nuit tombée.
Ce soir n'était pas un soir comme les autres, et l'assassin allait avoir besoin de ses outils de médecins pour se soigner. Il commença par se diriger vers le salon, et il poussa un soupir de soulagement en trouvant son violoncelle posé sur son pied, et l'archet sur la table basse à côté du conducteur. Le messager avait bien fait son travail, et le musicien trouva son instrument en parfait état. Il se retint même de passer un doigt sur les runes argentées qui couvraient le bois, pour ne pas les souiller de son sang.

Enfin, il se dirigea vers la salle à manger, puis la cuisine. Contrairement à son habitude maniaque qui était de toujours tout bien ranger, Wynn se mit à fouiller nerveusement dans ses placards à la recherche de quelques blood tablet. Il avait ces comprimés en horreur, ne les gardait que pour ce genre d'occasion et savait que de toute manière, leur efficacité ne serait que de courte durée. Mais il se refusait à se nourrir de sang animal, plus infect encore, ou de se trouver un calice. S'enchainer à un garde manger ne le tentait absolument pas. Lorsqu'il saignait un humain, il le faisait jusqu'à la dernière goutte.
Aussi, lorsqu'il trouva le petit pilulier, l'assassin eut un rire nerveux en ne découvrant que quatre petit comprimés blanchâtres. Les mains tremblantes, il laissa tomber les pilules dans un verre qu'il remplit d'eau. Le temps que le mélange se fasse, il avait regagné à grand peine le salon.
D'un trait, il avala l'infâme mixture et grimaça en la sentant glisser à l'intérieur de sa gorge. Ces cachets n'avaient ni le goût du sang, ni la consistance.
Acculé, Wynn posa le verre sur le rebord de la cheminée, avant de s'y appuyer à son tour, le visage baissé vers le sol. Sa colère était si palpable que son aura en devenait encore plus sombre et glaciale que d'ordinaire. Elle semblait même bourdonner autour de lui tel un essaim de guêpes furieuses. A défaut de le soulager un tant soit peu, les blood tablet ne firent que lui donner encore plus soif et accentuer sa colère. A présent, il sentait sa mâchoire devenir douloureuse et ses canines lui brûler les gencives. Ses crocs saillant ne réclamaient plus qu'une chose: Se planter dans la chair tendre d'une gorge pour en prélever le précieux élixir.

Le vampire tourna vivement la tête vers Elizabeth. La mâchoire ainsi crispée et le regard de fauve qu'il lui jetait était on ne peut plus explicites. S'il n'avait pas eu un minimum de conscience à ce moment là, il serait jeté sur la jeune femme pour la vider de son sang. Mais il détourna vivement le regard pour s'ôter cette pensée de la tête et leva les yeux vers le portrait qui ornait le dessus de la cheminée. Avec les années, la peinture s'était estompée et éclaircie, et le bois semblait avoir absorbé les détails les plus fins. Mais il reconnaissait toujours son Elizabeth, ainsi que son nom, doré à l'or fin au bas du tableau. C'en fut trop pour le vampire, et sa rage explosa. Le verre sur la cheminée alla se fracasser contre le mur opposé, tandis qu'il poussait un hurlement de rage pure. Toute cette colère et cette animosité qu'il avait enfouit en lui depuis quelques semaines commencèrent à envahir la pièce à l'instar d'un mal contagieux et foudroyant.
Incapable de contrôler plus longtemps un pouvoir qu'il ne maitrisait pas totalement, Wynn mit involontairement le feu à une des chaises entourant la table. Fort heureusement, son état actuel ne lui permit pas de créer de grosses flammes, et seul le dossier partit en fumée avant que le feu ne se tarisse. Et comme chaque fois lorsqu'il était en colère, Wynn en oubliait l'anglais pour revenir à sa langue natale, le roumain.


-MERDE! Ca devait pas se passer comme ça! J'leur ferai la peau!! Je leur f'rai la peau à tous! Je les écorcherai vif et leur ferai bouffer leur entrailles, à ces fils de chiens!

Peu lui importait qu'Elizabeth ne comprenne pas ce qu'il était en train de dire. Son ton suffisait, on comprenait très facilement qu'il était loin d'être ravi. Ses griffes se plantèrent dans le bois vernis le table, qui gémit un moment mais ne résista pas longtemps aux assauts du vampire. De grandes boursouflures vinrent ruiner le travail d'un ébéniste donc Wynn n'avait que faire à cet instant précis. Les ongles crissèrent en s'attaquant au bois, les échardes vinrent lui meurtrir les doigts, mais il n'en avait plus rien à faire, il s'en fichait éperdument et aurait donné n'importe quoi pour pouvoir se défouler sur quelqu'un, n'importe qui... Mais il ne pouvait décemment pas impliquer Elizabeth. Elle n'était pas responsable et n'avait nullement besoin de subir sa colère.
Retirant ses doigts profondément enfoncés dans la table, Wynn fut prit d'une furieuse envie de dévaster et saccager entièrement l'endroit, rien que pour se défouler, mais il avait si mal que l'idée même lui était douloureuse.
Un rire nerveux et presque hystérique commença à lui secouer les épaules tandis qu'il fixait le sol sans réellement le voir. Tant de pression et de tension avait besoin de s'exprimer. La fatigue et la douleur le rendait presque fou, et il finit par se tourner vers le tableau d'Elizabeth, la pointant du doigt.


-Tu vois? Je ne suis même pas capable d'abattre deux ou trois misérables humains... Tu dois me trouver ridicule, hin? Le pitoyable petit vampire qui cherche à se venger depuis deux cents ans! Pauvre créature, c'est ça que tu dirais! Mais qu'est ce que t'en as à faire, hin? Au fond tout ça ne te concerne plus depuis bien longtemps...

Wynn baissa le bras, le poing serré. Par dessus tout, ce qui le mettait hors de lui était le fait de ne pas être capable de vaincre quelques humains. Il avait dans ce cas bien peu d'espoirs de battre un vampire âgé de plus de quatre siècles. Il n'était pas le seul responsable, dans l'histoire... Ils avaient tous manqué d'organisation, mais sa propre culpabilité le rongeait, sa propre faiblesse...
Finalement, il s'approcha en titubant d'Elizabeth et l'attrapa au col, sans réellement la brusquer, mais avec une franche détermination. Il eut néanmoins assez de bon sens pour lui parler en anglais.


-A tous... Je leur ferai la peau... Quitte à y laisser la mienne..., puis il la lâcha, exténué, et se laissa tomber sur une chaise. Ca a été un vrai fiasco... Une belle mascarade sans queue ni tête!

Wynn se tut. Dans sa colère, il avait rouvert les plaies qui commençaient seulement à cicatriser, et la douleur vint le cueillir à nouveau pour se rappeler à son bon souvenir. Le vampire cracha du sang, qu'il essuya du revers de la main, puis se prit la tête entre les mains.

-Et baste! Ca ne sert à rien ne m'apitoyer comme ça... Ca ne les fera pas revenir..., il releva la tête. Je crois que je vais avoir besoin de ton aide. Pourrais-tu m'apporter une bassine d'eau chaude et la trousse noire qui est sur le plan de travail de la cuisine, s'il te plais...?

Le vampire soupira profondément et se laissa aller contre le dossier de la chaise. Il voulait à tout prix éviter qu'Elizabeth ne cherche à l'aider à soigner ses blessures... Qu'elle voit l'état de son dos et lui demande des explications...
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeLun 14 Jan - 19:44

L’accueil que Wynn réserva à Elizabeth était loin d’être le meilleur… Tout d’abord ignorée, elle eut ensuite le droit d’être foudroyée du regard. Son aide ne semblait pas appréciée et pourtant… ce n’est pas pour autant que la violoniste tourna talon. Elle était bien décidée à suivre sa conscience. Non, ce n’était pas de la pitié qui guidait ses actes, mais bien un reste d’humanité, un semblant de moral qui lui disait qu’elle s’en voudrait si elle laissait Wynn derrière. C’était peut-être aussi une manière de se montrer qu’elle n’était pas un monstre… Qu’il lui restait une petite part de bonté humaine, celle qu’elle dénigrait aujourd’hui, mais qui, pourtant, ne cessait jamais de lui faire rêver à une vie humaine… Et puis après tout, peut être ressentait-elle une once de sympathie pour cet homme. Il lui ressemblait. Sans doute aurait-elle agit comme lui alors qu’elle aurait été blessée. Elle n’aurait certainement pas admit qu’il l’approche, et encore moins qu’il la prenne en pitié. De la pitié, elle ne pouvait pas en ressentir… Elle savait trop ce que c’était que ce regard. C’était hypocrite… De la compassion ? Comment en avoir ? Elle ne savait même pas ce qu’il s’était passé !
Non, elle voulait l’aider. Cet homme ne méritait pas qu’elle reste indifférente à son sort. Il était le seul à avoir consacré au moins une nuit de son existence à son attention. Forcé ou non il l’avait fait… Et de cela, même si elle n’en dirait mot, elle lui était reconnaissante. Au fond, la solitude lui était devenue tellement pesante ! N’avoir personne avec qui parler, personne avec qui échanger un sourire sincère, une parole agréable… Bien sûr avec Wynn ce n’était pas du tout comme ça… Ils étaient plutôt du genre à s’envoyer des répliques bien senties au visage, mais avec lui elle avait appris une chose essentielle… Se remettre en question. Il était le premier à qui elle avait présenté des excuses et malgré leurs deux caractères forts, il avait réussi, l’espace d’un instant à canaliser celui de la violoniste, ce qui n’était pas une mince affaire. Il était meilleur pédagogue que ce qu’avait prétendu la belle quelques jours plus tôt… Elle avait besoin de quelqu’un qui lui tienne tête, quelqu’un qui sache la recadrer sans se laisser démonter face à ses moqueries et ses insinuations. Il lui fallait quelqu’un qui la comprenne, qui sache dans quel état d’esprit elle se trouvait. Le Comte Keisuke n’avait pas tort sur un point… Elle avait besoin de quelqu’un pour la cadrer. Un maître, un pédagogue, un ami… Une personne sur qui se reposer et pour lui imposer des limites… Bien que les limites elle les ait compris depuis longtemps… C’était surtout lui empêcher de les dépasser, que ce soit volontaire ou non… Elle était telle une enfant face à un nouveau monde qu’elle devait apprendre à connaître. Pour l’instant elle arrivait à nager à la surface de ce torrent déchaîné, mais un jour, il n’y avait aucun doute qu’elle finirait par couler à force de se débattre, de lutter contre cette nouvelle vie… Comment ferait-elle sans personne pour l’aider ? Pas grand-chose… Elle était vouée à la dégénérescence… Pour le moment, elle courrait à sa perte, et ne semblait pas en prendre conscience… La preuve en était ce soir, avec ce pacte qu’elle avait conclu avec Glen… Ca l’était aussi lorsqu’elle s’opposait au maître de la ville… et une nouvelle fois lorsqu’elle avait rencontré Wynn et avait voulu lui faire payer son audace… Elle était telle une furie qui tomberait de haut lorsqu’elle se casserait le nez face à plus fort qu’elle. Elle avait bien compris sa chance d’être ressorti entière de ses précédentes escapades, mais sa témérité n’était pas de bon augure… Il lui fallait quelqu’un pour y mettre fin, d’une manière ou d’une autre… C’était sans doute ce qu’avait recherché là le Comte…

Mais ce soir-là, ce n’était pas elle qui avait besoin d’aide, mais bien Wynn. Maintenant qu’elle était en face de lui, elle pouvait bien se rendre compte à quel point chaque pas lui avait semblé difficile. Il était vraiment mal en point. Crachant du sang, respirant difficile, boitant et tremblant de tout son corps, il semblait prêt à s’effondrer au moindre coup de vent. Sans doute avait-il voulu jouer au téméraire lui aussi... Encore un point commun qu’ils avaient tous deux en cette nuit pluvieuse. Encore à cette instant, son entêtement parlait avant sa raison, lorsqu’il lui demanda de partir, affirmant qu’il pouvait se débrouiller seul… Ce n’était pas ce qu’affirmait ses jambes titubantes et sa respiration sifflante en tout cas. Elizabeth haussa un sourcil, circonspecte avant de lâcher narquoisement :


- Vraiment ?

Elle ne put s’empêcher de se moquer de lui lorsqu’elle sentit l’odeur d’argent sur lui. Au fond sa remarque n’avait rien de bien méchant… Plus une recherche d’affirmation et surtout d’information sur ce qu’il venait de se passer… Mais encore une fois, l’homme se montra aigrit dans sa réponse, ce qu’elle pouvait comprendre, bien que cela ne soit guère plaisant. Cela n’empêcha tout de même pas à la jeune femme de maintenir fermement le violoncelliste par le bras lorsqu’elle vit ses jambes céder sous son poids. Il devait vraiment être à bout de force, ce n’était pas le moment pour Elizabeth de céder au caprice de l’homme. Il devrait accepter son aide, de gré ou de force… Pour une fois que la violoniste se montrait généreuse, il n’aurait d’autre choix que de l’accepter. Et puis de toute façon, ce n’était pas comme si son état de santé lui permettait… Ses blessures étaient telles qu’il faudrait surement un bon moment avant de tout soigner ! Elizabeth ne put s’empêcher d’avoir une pointe d’admiration devant la fierté de cet homme. Il devait souffrir abominablement et pourtant… il trouvait toujours suffisamment de verve pour répondre à ses provocations. Sa force de volonté était impressionnante !
Sans lui laisser le choix, la jeune femme avait passé le bras de l’homme autour de ses épaules pour le soutenir dans leur marche. Cela sembla bien aider ce dernier. Sa respiration s’améliora bien qu’elle sentit bien que celui-ci s’arrangeait pour ne pas se reposer entièrement sur elle. Quel imbécile… Bien sûr qu’il serait certainement un peu lourd, mais c’était sans compter sur sa volonté à elle… Si elle avait décidé quelque chose, ça ne serait pas quelques kilos qui lui feraient peur… Mais elle respecta la volonté de l’homme, sachant déjà pertinemment que sa fierté devait en prendre un certain coup… S’il devait avoir besoin de plus de soutien, ce serait lui qui viendrait le demander.
Cependant, là où il étonna la jeune femme, ce fut, après un court silence, ce « merci ». Simple, court, mais efficace. Enfin il reconnaissait cette assistance qu’elle lui portait. Non pas que cela avait une importance particulière pour Elizabeth, mais cela l’amusait surtout beaucoup venant de Wynn. Il n’était peut-être pas si entêté que cela ! Elle se contenta donc d’un simple sourire, satisfaite. Pas besoin de plus, elle le savait. Ce mot représentait sans doute déjà un grand effort pour lui !

Elle se contenta donc de marcher avec lui, l’entraînant loin de ce théâtre tragique qui s’était déroulé. Wynn se permit même une petite phrase ironique qui laissa échapper à Elizabeth un petit rire amusé avant qu’elle ne réponde d’une voix condescendante :


- Tu sais j’ai d’autres occupations que de saigner des humains dans une ruelle ou me mettre à dos tous les vampires de Londres…


Et ce fut tout. Il n’avait pas à savoir ce qu’elle avait fait de sa soirée. Après tout, elle n’avait pas créé de carnage – ses deux victimes de ce soir étant des victimes qu’elle avait fait de son plein gré- et n’avait pas perdu le contrôle de ses pouvoirs… C’était déjà un fait notable ! Elle n’avait semé de troubles nulle part… Ca n’avait pas l’air d’être en revanche son cas… A croire que c’était plutôt lui qui avait besoin d’être supervisé… Réflexion qu’elle ne partagea d’ailleurs pas avec Wynn… A ce moment ça lui semblait être une mauvaise idée… Il lui semblait être suffisamment grognon comme ça…
Elle se contenta donc de lui demander la direction de sa demeure, ce qu’il fit par un signe de tête en plus de lui annoncer son quartier. Fort heureusement, il n’habitait pas loin ! Elle se voyait mal traverser la ville alors qu’il était si mal au point !

Elle hocha la tête pour lui signifier qu’elle avait bien comprit avant de l’entrainer dans la direction choisit. Le reste du chemin se fit presque dans un silence religieux, la respiration sifflante de Wynn venant à rappeler à chaque pas qu’il faisait que celui-ci devait être un supplice. Hélas, Elizabeth ne pouvait rien faire de plus pour lui. Elle veilla seulement à le soulager comme elle le pouvait, en le soutenant au mieux.
Jusqu’à ce qu’ils arrivent au quartier en question… Après avoir dépassé plusieurs magnifiques bâtisses, le violoncelliste la fit bifurquer vers un manoir, de taille plus modeste, certes, mais pas moins splendide. Cette demeure était typiquement victorienne dans son architecture et correctement entretenu. Elizabeth n’imaginait pas Wynn aussi soigneux et s’attendait du coup à voir grand nombre de domestiques s’occuper de cette demeure.
Elle le suivit, curieuse, sur les marches du perron, pour finalement le lâcher afin qu’il puisse récupérer ses clés. Après avoir fait jouer le mécanisme, il entra pour se figer ensuite sur le seuil hésitant. Allait-il la renvoyer ainsi chez elle, après cette aide qu’elle lui avait offerte ? Il était clair qu’Elizabeth n’apprécierait pas qu’on lui claque la porte au nez ! Elle aurait perçu cela comme une ingratitude envers elle. Pourtant, le violoncelliste lui fit signe d’entrer, ce qu’elle fit sans un mot. Il venait de faire là le choix le plus sensé. Il n’aurait quand même pas eu l’idée extravagante de se soigner seul ! Il avait encore besoin d’elle…

Ce qui la frappa en premier chez le vampire, ce fut cette obscurité qui régnait. Elle savait que par nature, les vampires en avaient besoin, mais à quoi bon assombrir autant sa maison en pleine nuit ? Deuxième détail notable, les lieux semblaient briller de propreté. Pas un brin de poussière, ni aucun objet en désordre… Ces détails la persuadèrent qu’il devait bien y avoir quelques domestiques dans cette demeure. Mais personne d’autre que le silence ne les accueillit ce qui fit froncer les sourcils à la demoiselle. Etrange… Une personne du rang de Wynn devait bien avoir les moyens de prendre quelques serviteurs. Pourtant, lorsqu’elle sonda les lieux, elle ne sentit que leur aura, à Wynn et elle.
Avisant une patère, elle se dévêtit de son manteau pour suivre le vampire jusqu’à un salon. Encore une fois la décoration était tout ce qu’il y avait de plus sobre. Suivant Wynn du regard, elle vit elle aussi le violoncelle qui trônait fièrement à côté de la table basse. Elle s’en approcha pour admirer de plus près l’instrument, en musicienne qu’elle était. Il était de magnifique constitution, l’envie prit à Elizabeth d’en entendre le son. Mais elle se détourna de l’instrument pour suivre du regard l’homme qui partait déjà vers d’autres pièces. La violoniste n’avait aucunement l’intention de le suivre comme un petit toutou bien apprivoisé. Elle resta dans le salon, observait curieusement la composition de la salle. Rien de bien extravagant si ce n’était qu’un tableau, suspendu au-dessus de la cheminée. Un portrait d’une femme… Voilà qui était bien étonnant de la part d’un être aussi solitaire que Wynn ! Elizabeth s’approcha un peu plus de la peinture pour admirer les traits de la jeune femme. Une belle demoiselle brune aux traits doux et rieurs de présentait à elle. Elle ne semblait pas beaucoup plus vieille que la violoniste… Était-ce Elle ? Était-ce la raison de sa solitude ? Cette personne qu’il avait perdue, cette perte qui le murait dans la solitude ? Sans doute… Sinon pourquoi afficher son tableau dans sa demeure ?! Il devait beaucoup y tenir pour conserver cette peinture chez lui… Était-ce sa femme ? Cela devait surement l’être…

Mais alors qu’Elizabeth allait se détourner du tableau, son œil accrocha une écriture au bas… Elizabeth… Ses yeux s’écarquillèrent. Elizabeth ? C’était le nom de cette femme ? Comme elle… Se ressemblaient-elles ? Non… La violoniste ne se connaissait pas cet air si doux… Elle ne s’était jamais fait aimer d’un homme, comment le pouvait-elle de toute façon, elle qui était si solitaire ? Elle s’y connaissait autant qu’en amitié… pour ne pas dire pas du tout ! Il n’y avait rien de comparable chez ces deux femmes… A première vue en tout cas !

Elizabeth ne se détourna du tableau que lorsqu’elle entendit un grand vacarme s’élever des pièces d’à côté. Surprise de cette attitude étrange de l’homme, elle se dirigea vers le petit salon, cherchant du regard l’homme.


- Wynn ?

Elle le vit alors revenir aussi faible qu’il était dans le salon, tenant dans la main un verre qu’Elizabeth identifia comme contenant des blood tablet. Elle n’avait jamais eu l’occasion de se restaurer avec. A vrai dire, son maître n’avait jamais été un fervent admirateur de cette solution prétendue miracle. Il était resté profondément ancré dans les racines ancestrales du vampirisme et ne se nourrissait qu’à la gorge de ses victimes. Elizabeth avait été éduquée comme cela et n’avait jamais songé à y déroger. Mais à voir la grimace que Wynn fit lorsqu’il les avala, ça ne devait surement pas être du meilleur goût !
Ce fut lorsque ce dernier s’appuya contre le manteau de la cheminée que la jeune femme sut qu’il y avait un problème. Elle sentit son aura changer, devenir menaçante. Des frissons envahirent son corps et ses sens s’affolèrent. Tout son corps l’avertissait d’un danger qu’elle comprit lorsque l’homme tourna brusquement le visage vers elle. La soif s’était emparée de lui, et lui réclamait son quota de sang pour pouvoir commencer à cicatriser ses plaies. A cet instant-là, Elizabeth ne donnait pas cher de sa peau. Elle savait trop bien ce que c’était qu’être dévoré par cette force et la crainte lui noua l’estomac. Se faire menacer par quelqu’un était une chose… En revanche se faire vider de son sang en était une autre qu’elle n’avait pas envie d’essayer. Tous ses muscles se tendirent tandis qu’elle reculait d’un pas, prête à se défendre de toute tentative de l’homme. Par chance, il avait un bien meilleur contrôle qu’Elizabeth… Là où celle-ci aurait fondu sur l’homme pour se restaurer à sa carotide, celui-ci se détourna pour faire face au tableau de son Elizabeth.

Tout se passa alors en quelques secondes. Le verre de l’homme alla se briser dans un geste rageur contre un mur, provoquant un sursaut de la violoniste. Elle ne s’attendait pas à ce brusque changement d’attitude ! Ce fut là le début d’un déchaînement de la colère de l’homme. Déjà que l’atmosphère était pesante, elle devint à partir de ce moment irrespirable. Une chaise prit feu plus loin sous les vociférations du violoncelliste. Il n’en parlait même plus Anglais, mais une langue qu’Elizabeth ne put identifier. Mais le ton était clairement menaçant pour qu’elle comprenne que ce n’était certainement pas de gentilles paroles qu’il disait là…
Elle ne savait pas quoi faire. Tenter d’arrêter l’homme ? Sans doute deviendrait-elle la cible de ses foudres… Il valait sans doute mieux le laisser exprimer sa rage avant de proférer la moindre parole… Elle resta donc tranquille dans un coin de la pièce, tentant de se faire oublier de lui.
Cette tâche ne fut pas aisée lorsque le vampire planta ses griffes dans le bois de la table, s’attirant échardes et griffures aux doigts. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent et elle dût se mordre la lèvre pour ne pas crier aussi fort que Wynn. De tout le saccage qu’il pouvait faire, abîmer ses mains de musicien était bien la dernière idée qu’il aurait à avoir ! S’il avait bien une chose à laquelle il devait faire attention, c’était bien à cela. Mais elle se doutait qu’à ce moment-là, ce serait bien la dernière chose qui lui traverserait l’esprit. Mais il pouvait bien entendu compter sur Elizabeth pour le lui rappeler… Du moins, plus tard…

Il continua ensuite à s’énerver, mais cette fois ce fut à son tableau qu’il s’adressait… Qu’attendait-il d’elle exactement ? De quoi lui parlait-il ? Ces questions traversaient la tête d’Elizabeth, sans qu’elle ne puisse les poser. D’autant plus qu’il se dirigea ensuite vers elle. Que lui voulait-elle ? Passer ses nerfs sur un punchingball ? Très peu pour elle, elle passait son tour ! Elle se braqua immédiatement lorsqu’il l’attrapa par le col pour lui balancer ses envies de vengeance à la figure. Son regard glacial se planta dans celui de Wynn. La colère commençait à bouillonner en elle. Elle aussi en avait marre de cette soirée. Sa patience avait ses limites et le violoncelliste commençait à les atteindre. Il finit d’ailleurs par les atteindre quand, après l’avoir lâché et à nouveau craché du sang, il s’écroula sur une chaise en apitoyant. Et ensuite il avait l’audace de lui demander de l’aide…

Elle n’y tint alors plus. S’avançant à grand pas, elle vint se planter devant l’homme, et, une main sous son menton, le força à relever la tête vers elle. La suite, Wynn ne devait certainement pas s’y attendre… Brisant le silence qui venait de s’installer, la main d’Elizabeth vint s’écraser contre la joue gauche de l’homme. Ce n’était pas de la sympathie qui s’affichait à présent sur le visage de la violoniste, mais bien de la colère. Ne laissant d’ailleurs pas l’occasion à l’homme de réagir elle lui balança au visage froidement :


- Ecoute-moi bien Wynn… Je t’ai peut-être aidé à rentrer chez toi en un seul morceau, mais je suis loin d’être un enfant de chœur alors cesse de geindre et de faire n’importe quoi comme un enfant de cinq ans ! C’est cet exemple là que tu veux me donner ? Un homme qui s’apitoie et qui se lance dans des idées de vengeance sans même réfléchir ?

Elle marqua un arrêt, reprenant son souffle après avoir parlé d’une seule traite. Son ton se radoucit quelque peu bien qu’elle resta ferme :

- Je vais rester pour t’aider, mais je ne veux plus t’entendre proférer de telles inepties !

Elle prit alors les mains de l’homme, regardant ce triste spectacle d’un œil critique. Un claquement de langue marqua son agacement tandis qu’elle voyait les échardes s’enfoncer impitoyablement dans la peau. Quel imbécile ! Il voulait gâcher là son plus grand trésor… Ses yeux vinrent alors foudroyer ceux de l’homme.


- Quel gâchis…

Elle lui lâcha les mains et se dirigea vers les cuisines. Elle allait lui ramener sa bassine d’eau chaude, mais s’il continuait avec ses imbécilités, cette bassine rafraîchirait bien plus que ses blessures…
Fouillant un peu partout, elle réussit à trouver ce qu’elle cherchait, et mit à chauffer de l’eau. Elle revint ainsi avec ce qu’il avait demandé.
Elle posa le tout à côté de lui puis ouvrit la trousse noire dans laquelle elle trouva une petite pince. S’agenouillant sur le sol devant l’homme, elle prit ensuite l’une de ses mains et s’attela à retirer toutes les échardes qui s’y trouvait. Qu’il proteste ou non, elle s’occuperait en premier de ses mains. Il n’avait qu’à pas être un imbécile…
La chose n’était pas aisée à cause de la régénération naturelle des vampires. La peau se régénérait déjà autour des épines.


- Tu vas devoir serrer les dents…


Ainsi, patiemment elle retira une à une toutes les échardes jusqu’à ce que les mains de l’homme retournent à leur état initial. Elizabeth était appliquée dans sa tâche et s’évertuait à travailler le plus vite et le plus proprement possible pour éviter de causer plus de mal encore à l’homme.
Ce ne fut que lorsqu’elle eut terminé sa tâche qu’elle s’aperçut qu’elle portait sur ses mains le sang de l’homme. Son goût cuivré lui revint en mémoire, et sa fragrance envahi ses narines. Elle sentit ses canines la brûler, sa soif la rappelant à sa condition vampirique. Ses yeux étaient braqués sur ce liquide vermeil, ses mains tremblaient sous la force de cette envie irrésistible qui la prit de goûter une nouvelle fois son sang. Résistant à la faim, elle ferma les yeux quelques instants, puisant en elle la force de continuer son affaire sans en être inquiétée. Elle s’était déjà repue cette nuit-là, il lui fallait se concentrer sur le sang qu’elle avait déjà ingéré. Et petit à petit elle vint à se calmer. Le feu dans sa gorge diminua et ses mains cessèrent de trembler. Rouvrant les yeux, elle plongea les mains dans la bassine d’eau pour se défaire de ce liquide alléchant et se reconcentra sur les blessures de l’homme, comme s’il ne s’était rien passé.
Il lui fallait maintenant s’attaquer au gros des blessures… Et pour cela il lui faudrait retirer la chemise du violoncelliste.


- Bien… Maintenant retirons cette chemise que je vois l’ampleur des dégâts… Il faudra que tu me guides, je n’ai jamais soigné personne…


Elle avança alors ses mains vers les boutons de nacres de sa chemise, voulant épargner à Wynn tout mouvement inutile.
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeDim 20 Jan - 0:43

Wynn avait l'impression d'être un fauve enragé que l'on aurait laissé dans une cage trop petite. Sa fureur faisait bouillonner ses entrailles et sans la douleur, il l'aurait probablement laissé s'exprimer bien plus tôt. Pourtant, Wynn était un homme distant et mesuré, doté d'un calme à toutes épreuves. Il était loin d'être capricieux et accueillait toujours tout avec beaucoup de recul. Mais les évènements récents n'avaient fait que craqueler un peu plus son masque d'indifférence, il s'était fissuré lentement mais sûrement et lorsqu'il avait volé en éclats, le vampire s'était sentit désarmé, dépassé par tout et incapable de réagir en conséquence.
Téméraire, bien trop téméraire... Trop orgueilleux, aussi. Il s'était cru capable de mieux, sa mission sonnait comme un échec pour lui. Il avait oublié trop longtemps ce goût amer que pouvait avoir l'échec, il s'était conforté dans l'idée que plus rien ne l'atteignait désormais mentalement, que ses blessures ne lui ferait ni chaud ni froid... Il avait eu tort. Son orgueil et son honneur avait été frappé de plein fouet mais plus que cela, sa confiance en lui. Haineux et emplit d'un besoin de vengeance hors du commun, Wynn poursuivait le même but insensé depuis près de deux cent cinquante ans, sans jamais regarder en arrière ou se soucier des dommages collatéraux. Il avait fait montre d'une incroyable patience, mais il avait visiblement négligé ses propres faiblesses.
Avec le recul, il se rendrait compte que les évènements de la soirée lui avait été bénéfiques. Il comprenait à présent qu'il y avait bien d'autres paramètres que lui et son but à calculer dans cette histoire. Le vampire qu'il pourchassait n'allait-il pas lui rire au nez en voyant son air fier et en se montrant presque pédant? N'allait-il pas tout simplement crier victoire avant même de lui avoir porté le moindre coup? La chute n'en serait que plus grande, s'il persistait à se comporter ainsi, et plus que ses blessures et son orgueil bafoué, c'était sa propre bêtise qui l'agaçait désormais.

Wynn poursuivait une ombre, une vision chimérique qui n'avait plus aucune consistance physique, il pourchassait un souvenir plus qu'un personnage. Ce visage l'avait marqué à jamais, cette expression de noblesse à vomir et ce rire supérieur qui lui avait donné l'envie de le tailler en pièces dès leur rencontre. Ces yeux froids, cette haine, cette pulsion de colère qu'il avait vu chez cet homme lorsqu'il s'était brûlé avec ses revolvers... Et plus que tout, Wynn gardait en mémoire le faciès du monstre lorsqu'il avait ôté la vie de sa fiancée. Seulement, l'horreur de la perte, sa mort, sa transformation et sa haine avait rendu ce vampire plus diabolique et monstrueux que tous les autres. L'assassin gardait de lui le souvenir d'une créature tout droit sortie de l'enfer, et la peur qu'il avait ressentit à ce moment là n'avait fait qu'exacerber cet aspect terrifiant. Wynn aurait beau le nier, et même s'il souhaitait ardemment retrouver son maître pour lui arracher la tête, il appréhendait ce jour. Son coeur était saisit par la peur et l'excitation à chaque fois qu'il trouvait un nouveau renseignement à son sujet. Et lorsque l'information se révélait être erronée ou trop dépassée pour en valoir la peine, il se retrouvait partager entre la frustration et le soulagement. Car si son esprit de vengeance le faisait tenir debout, et si Wynn ne vivait désormais plus que pour ça, il redoutait inconsciemment le jour de la confrontation. Qu'arriverait-il ce jour là? Garderait-il son calme ou laisserait-il deux siècles de rancoeur prendre le dessus sur son contrôle? Aurait-il seulement le courage de mettre fin à cette traque perpétuelle?
A présent, ce n'était plus seulement les évènements de la soirée mais surtout ceux en perspective qui le préoccupaient.

La tête penchée et les doigts crispés dans le bois verni de sa table, il sentait tout son corps trembler de rage et de douleur. Mais cette colère avait besoin de s'exprimer pour mieux être contrôlée, Wynn avait besoin de laisser parler sa haine s'il voulait pouvoir remettre les choses à plat par la suite.
Reprendre tout cela dans l'ordre, oui... Redonner un semblant de logique à ses idées!
Il fallait qu'il se soigne, qu'il retire les balles qui l'empêchait de guérir et le faisait souffrir, qu'il réfléchisse à tout cela... Mais la soif, cette soif entêtante prête à le rendre fou tant il en avait envie, ne l'aidait pas à se sentir mieux. Il aurait donné n'importe quoi, son âme, sa vie, son honneur pour un peu de sang, dans l'état où il était. Penser à ce liquide couleur rubis, sa tiédeur, le goût sucré d'une gorge encore jeune alliée à l'arôme piquant du fer... Ce petit arrière goût salé, la sensation de le sentir couler dans sa gorge... Le fait d'y penser ne faisait qu'alarmer un peu plus ses sens à chaque seconde. Rendu fou par la colère, la douleur et le besoin de sang, Wynn ne tenait plus de propos sensé. Heureusement pour lui, la colère lui faisait reprendre cette vieille habitude de parler dans sa langue natale, si bien qu'Elizabeth ne du rien comprendre à ce qu'il disait. De la haine, du regret, de l'impuissance et pourtant une volonté évidente de se battra transparaissait dans sa voix. Il était fatigué mais loin d'avoir décidé de baisser les bras. Wynn ne se laissait d'ailleurs jamais abattre, mais la lassitude semblait l'avoir gagné lorsqu'il lâcha Elizabeth pour se laisser tomber sur une chaise.

Trop occupé avec ses propres problèmes, il n'avait accordé aucune attention à Elizabeth, et fut plus que surprit lorsqu'elle s'approcha de lui à grands pas pour lui saisir le menton. Instinctivement, l'assassin eut un mouvement de tête pour se dégager, trop énervé pour la laisser le toucher. Mais avant qu'il n'ai pu faire quoi que ce soit, la main de la jeune femme était venue cueillir sa joue sans la moindre douceur.
La gifle brisa le silence avec un claquement sec et la tête tournée, Wynn resta un long moment sans savoir quoi dire ni quoi faire. Un grondement sourd monta de sa gorge alors qu'il se tournait vers Elizabeth, prêt à lui faire regretter amèrement son geste. Mais déjà la jeune avait prit la parole, le regardant pour une fois de haut et parlant d'une voix glaciale. Le violoncelliste écarquilla les yeux, incapable de prononcer le moindre mot. Elle avait raison, Ô combien raison! Qu'avait-il fait à part céder à la colère et se plaindre? Mais d'un autre côté, Elizabeth ne pouvait pas comprendre. Elle ignorait tout de l'histoire de Wynn, de ce qui motivait sa rage en plus de l'exécrable soirée qu'il venait de passer. Comment pouvait-il seulement lui dire ce qui l'amenait à vouloir se venger à ce point...?
En revanche, même si la jeune femme ignorait tout des véritables motivations de Wynn, elle avait on ne peut plus raison en lui disant qu'il n'avait pas à agir comme un enfant. Geindre ne le ferait pas avancer... Ce qu'Elizabeth venait de lui dire eu plus d'impact que sa gifle, et il se contenta de la regarder avec le même air éberlué. L'envie de lui faire regretter son geste lui passa rapidement, et il finit par faire la grimace.


-Ca va, c'est bon..., bougonna-t-il, Je me suis un peu laissé emporter...

Un peu était un euphémisme, et Wynn rechignait bien évidemment à s'excuser. Se faire gifler et réprimander par une enfant dix fois plus jeune que lui l'humiliait déjà suffisamment.
Alors que la jeune femme allait chercher la trousse de soin de l'assassin, il retourna ses poignets, paumes tournées vers le plafond. Ses grandes mains pâles à la peau translucide laissaient entrevoir un réseau de veines bleutées, leur donnant presque un teint maladif. Ses longs doigts étaient ceux d'un musicien, il n'y avait pas à en douter, et il les trouva curieusement laids, ainsi rougit par le sang et souillés par les échardes. Mais il ne les sentait pas. Pas même un picotement. En cet instant, Wynn se sentait comme anesthésié ou enfermé dans une bulle cotonneuse. Il avait même l'impression d'être présent sans vraiment l'être. Pour pallier à la souffrance, son corps semblait avoir coupé toute vivacité et volonté, le laissant aussi impuissant qu'une poupée de chiffon. Il se sentait si las que la simple idée de devoir se lever l'épuisait plus encore.
Le sang, la violence, la poudre et les balles, le feu, tout cela était derrière lui, ses oreilles bourdonnaient encore légèrement et son corps était tendu, mais il avait soudain l'impression de revenir à la réalité.

Levant les yeux, il regarda autour de lui. Il était dans la salle de séjour de son manoir, une pièce assez vaste mais très sombre et dépourvue de décorations. Il y régnait un silence religieux, ponctué seulement par la respiration sifflante du vampire. Il lui sembla même entendre un léger souffle de vent s'engouffrer dans la cheminée dont l'âtre gris ne semblait pas avoir accueillit de bois depuis bien longtemps. L'intérieur était froid mais sec, propre et bien entretenu. Wynn aimait cette simplicité, cette absence de fioritures qui n'auraient fait que l'agacer et exacerber plus encore son côté maniaque. Tout était simple et épuré, presque austère, et l'assassin ressentit enfin le besoin de soupirer d'apaisement, faisant descendre un peu plus la tension qui l'avait animé quelques minutes plus tôt. Même si elles étaient rares, les colères de Wynn étaient violentes et destructrices. Fort heureusement, il se calmait rapidement. Mais la plupart du temps, il se calmait seul, il ne montrait pas à ce point ses émotions à quelqu'un d'autre... Elizabeth avait vu bien plus de facettes de sa personne en quelques jours que n'importe qui en plusieurs décennies. Incroyablement secret et dédaignant la confidence, Wynn n'aimait pas prendre qui que ce soit à parti pour lui raconter sa vie. La jeune femme avait vu ce que tout le monde pouvait voir: L'homme taciturne et réservé, cynique et insolent au possible pour faire fuir au mieux ceux qui essayaient de s'approcher d'un peu trop près. En revanche, elle avait réussit à le blesser, avait entrevu ce malaise qu'il avait fini par ressentir à force de chercher la solitude et ce soir, il lui avait montré l'une des facettes les plus violentes de sa personne. L'assassin avait comprit qu'Elizabeth n'avait aucun intérêt à lui nuire ou l'aider pour pouvoir mieux l'utiliser. Elle lui avait prouvé qu'il devait arrêter de penser qu'il pouvait s'en sortir seul. Si l'entraide existait, ce n'était pas seulement pour servir des intérêts couverts pas une compassion hypocrite.

Dans la cuisine, Elizabeth s'affairait à faire chauffer de l'eau, mais tous les sons paraissaient flous pour Wynn, il les entendait comme s'il avait été derrière un mur très épais couvert d'une épaisse mousse absorbante. Seul un ronflement de graves lui arrivait... Cette sensation était curieuse mais néanmoins pas si désagréable que ça. Son ouïe n'était plus agressée par la brillance des aigus ni le cliquetis agaçant des ustensiles dans la cuisine.
Ce n'est que lorsque la jeune femme revint de la cuisine que Wynn se sentit émerger de cet état second dans lequel il était. Sa vue floue se clarifia, il retrouva peu à peu l'usage de ses oreilles, mais il resta immobile, ses mains sur les cuisses tournées vers la plafond alors qu'il semblait s'affaisser un peu plus sur sa chaise à mesure que les minutes passaient. Il n'opposa aucune résistance lorsqu'Elizabeth lui prit la main pour commencer à retirer les échardes incrustées dans ses doigts. Il se sentait aussi mou qu'un invertébré et eut un instant envie de rire en s'imaginant dans la peau d'une quelconque créature aussi molle qu'un escargot. Mais le rire n'aurait fait que le faire souffrir davantage et finalement, cette position totalement relâchée lui faisait moins mal.
La petite pince en acier venait arracher les échardes, faisant perler un peu plus de sang sur les mains du vampire, mais il esquissa un sourire, murmurant d'une voix faible, presque inexistante.


-Je ne sens rien...

Ce qui était vrai. Il sentait à peine la pression de l'outil médical sur sa peau, il aurait du s'alarmer de cette absence de réaction de sa part, mais tout cela lui semblait normal. En réalité, il était tout simplement en train de sombrer. Son corps ne lui obéissait plus pour privilégier les fonctions vitales, et à mesure que sa respiration se ralentissait, les battements de son coeur suivaient le même rythme. Le poison des balles de Bloody Rose allié à l'argent remplissait bien son office. Il tuait le vampire à petit feu, au fond de lui il le sentait.
Quelle tristesse, quelle ironie de se retrouver ainsi ce soir! Lentement mais sûrement, quelques éclats d'argent se rapprochaient de son coeur, venant effleurer par instant ses autres organes vitaux. Le vampire se sentait lourd, si lourd... Le moindre battement de cil lui coutait, la moindre respiration apparaissait comme un défi insurmontable. Il lui semblait tellement plus facile de se laisser bercer par les battements sourds et ralentis de son coeur que Wynn finit par fermer les yeux. A l'abri de ses paupières, il trouva une obscurité apaisante à laquelle il ne voulait plus s'arracher. Un cocon fait de ténèbres était prêt à l'accueillir, comment refuser un tel repos? Son corps parlait pour lui, Wynn l'avait poussé dans ses retranchements, et son instinct venait de faire taire sa raison. Au fond de lui, une petite voix lui hurlait de bouger, de faire quelque chose qui montrerait qu'il était encore en vie, un signe, un murmure, une infime particule de vie qui prouverait son état de vivant et non de cadavre. Son esprit combatif refusait de se laisser abattre mais il avait trop donné, perdu trop de sang, accusé trop de chocs.

Wynn comprit alors qu'il ne s'en relèverait pas. Et l'idée ne lui fit ni chaud ni froid. Il s'en fichait, tout ce qui lui importait c'était de ne plus sentir cette rage lui retourner l'estomac et ses blessures le faire souffrir. Au loin, comme venue d'ailleurs, la voix d'Elie lui parvint, si déformée et si floue qu'il ne la reconnut pas immédiatement. Il ne comprit pas tout ce qu'elle lui dit, mais lorsqu'elle tendit la main vers les boutons de sa chemise couverte de sang.
Le geste fit à Wynn l'effet d'une décharge électrique. Soudainement, violemment, il ouvrit les yeux et saisit le poignet d'Elizabeth pour l'empêcher de lui retirer son vêtement. Le regard qu'il lui jeta était glacial, la transperçant comme s'il avait voulu la blesser. Il ne lui broyait pas la main, mais la tenait suffisamment pour l'empêcher de le repousser.


-Non! Ca va aller..., grogna-t-il d'une voix éteinte.

La froideur de son regard se mua en une peur réelle, un éclat de terreur sincère qui ne dura qu'une fraction de seconde avant de disparaître. Lâchant finalement le poignet d'Elizabeth, Wynn se redressa en soupirant. Il ne redoutait pas seulement sa réaction à la vue de ses stigmates mais aussi ses questions. Car elle en poserait, il était certain. Et l'idée était loin de l'enchanter.
Se penchant avec difficultés, l'assassin plongea ses mains dans le récipient remplit d'eau pour se rincer les mains. Un instant il croisa le regard de la jeune femme, où brillait encore une lueur d'envie et de soif. Elle avait goûté son sang et il en était couvert, elle risquait fortement de vouloir y revenir. La laisser le soigner n'était finalement pas une bonne idée. Elle risquait de perdre le contrôle et dans son état, Wynn n'aurait pas pu faire grand chose pour la repousser.
Se redressant en la surveillant du coin de l'oeil, il passa les deux mains dans son dos, retira les revolvers accrochés à sa ceinture et les posa sur la desserte en hauteur, à côté de lui. Il en profita pour ouvrir l'un des tiroirs et en extraire une petite boite d'allumettes. Il en craqua une et s'en servit pour allumer les trois bougies blanches d'un chandelier. Ainsi il y verrait plus clair.
Wynn fit signe à Elizabeth de lui tendre sa trousse de soin, et il en sortit de quoi soigner sa plaie à la clavicule.
Enfin il consentit à retirer sa veste bleue marine, tâchée de sans et poussiéreuse, et à déboutonner son veston noir et sa chemise blanche. Son allure athlétique et ses muscles bien sculptés auraient pu rendre le spectacle tout à fait charmant pour n'importe quelle femme, mais sur sa peau pâle coulait encore du sang, et une plaie peu avenante en occupait le centre. Ses musculeuses épaules étaient secouées de spasmes et plus il reprenait le contrôle de son corps, plus Wynn sentait la douleur se rappeler à son bon souvenir. Un rictus naquit sur ses lèvres: Cette souffrance lui permettait de se garder à l'esprit qu'il était encore en vie. Sombrer comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt avait été une erreur.

Sans aucun scrupule et sans se soucier de la pudeur, l'assassin ouvrit totalement sa chemise, tordant le cou pour voir la blessure qui lui meurtrissait l'épaule. La balle était venue se loger dans sa clavicule, prêt de l'articulation de son bras. Fort heureusement, les os avaient stoppés la balle, et il en voyait encore une partie.


-Passe moi la pince, s'il te plais..., dit-il en tendant la main.

Il coinça la pince entre ses dents et prit un petit scalpel, qu'il approcha de la blessure. Retenant sa respiration, il incisa la peau pour ouvrir un peu plus la plaie et lui permettre de retirer la balle dans arracher les tissus autour. L'assassin laissa tomber le scalpel dans l'eau, appliqua un peu de poudre d'opium sur sa blessure pour en atténuer la douleur, puis il attrapa une serviette en tissu dans le tiroir où il avait été chercher les allumettes.


-Pour celle-ci je peux me débrouiller seul..., dit-il en lançant à Elizabeth un regard plus doux.

Wynn reprit la pince dans une main et coinça cette fois ci la serviette roulée entre ses dents, pour s'empêcher de hurler ou de se mordre la langue en retirant la balle. Il savait à quel point les nerfs et les os pouvaient être fragiles et douloureux lorsqu'on les malmenait... Tournant à nouveau le regard vers son épaule, il remarqua un détail curieux. Ses stigmates entouraient une partie de la blessure, et semblaient ralentir l'hémorragie. Le sang avait coagulé et la blessure ne saignait presque plus. Certes il n'était pas en train de guérir, mais il perdait moins de sang. Se tournant au mieux pour cacher les étranges veines noirâtres de son épaule, Wynn prit une grande inspiration et d'un coup sec, il arracha la balle en argent de son épaule.
Son hurlement de douleur fut étouffé par le tissu mais lui déchira un peu plus la gorge. Tout son corps fut secoué de spasmes douloureux et convulsifs tandis qu'il lâchait la pince et la balle à ses pieds. La sensation était abominable. La balle avait résisté, il avait du l'arracher, se brisant la clavicule par la même occasion. Les yeux plissés du vampire brillaient de larmes de souffrance contenues, mais pas une ne roula sur ses joues alors qu'il retirait le linge de sa bouche pour éponger le sang et le poison qui s'étaient remis à couler. Quand tout le liquide mortel fut évacué, sa régénération prit le dessus et il commença petit à petit à guérir.
Pendant quelques minutes, Wynn garda le silence, sa respiration sifflante et haletante lui soulevant la cage thoracique.


-Et bien... Rappelle moi de m'y reprendre à deux fois avant de provoquer un chasseur... L'argent dans les os, ça fait un mal de chien! Dit-il en bougonnant.

Puis enfin, l'assassin baissa les yeux vers son sternum, où une blessure autrement plus profonde attendait d'être soignée. Et il ne pourrait le faire seul, la balle était trop profondément incrustée. Il ramassa le scalpel dans la bassine, l'essuya, et le tendit à Elizabeth.


-J'imagine que tu ne t'es jamais servie de ça... Du moins pas pour ce genre d'opération..., il marqua un temps de pause, hésitant. Je te fais confiance. Je sais que ce n'est pas évident de te demander ça, mais il n'y a qu'à toi que je peux le demander, là...

Il avait besoin d'Elizabeth, besoin qu'elle l'aide à retirer cette balle, besoin qu'elle accepte de passer outre le fait qu'elle allait devoir lui charcuter le torse. Il espérait qu'elle aurait la poigne suffisante pour le faire, mais il lui faisait réellement confiance pour cela.

-Je n'y arriverai pas tout seul..., dit-il avec un sourire encourageant.

Wynn ne pouvait décemment pas aller voir un médecin, à cette heure avancée de la nuit, tout comme il ne pourrait pas expliquer qu'il soit encore en vie avec autant de blessures. Et d'un autre côté, le violoncelliste préférait que la jeune femme se préoccupe de cette blessure là avant de revenir à son dos. Jusqu'à présent, la seule à avoir vu ses stigmates était Rosalia, la jeune chasseuse qu'il avait rencontré quelques semaines auparavant. Elle n'avait posé aucune question, mais il avait sentit l'interrogation dans son regard, et si Elizabeth venait à avoir connaissance de ce mal qui le rongeait, il doutait qu'elle le laisserait tranquille sans rien demander. Wynn n'était pas préparé à une telle éventualité.

Tout comme il n'avait pas vu l'insistance de la jeune femme face au tableau de sa défunte fiancée. Beaucoup de questions sans réponses qui auraient tôt ou tard besoin d'être éclaircies.
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeMer 30 Jan - 2:16

Un grognement monta de la gorge de Wynn à la suite de la prodigieuse gifle qu’il reçut. Mais cela ne décontenança par Elizabeth. Elle savait très bien qu’elle pouvait se heurter à l’homme et malgré qu’il soit blessé, elle ne doutait pas qu’il puisse encore se montrer dangereux. Mais face à toute cette violence elle pensait qu’il se trouvait encore quelque part une parcelle de raison… Sous toute cette colère se trouvait un homme blessé mais pas moins intelligent. A lui de faire le bon choix et d’utiliser à bon escient ce qu’elle lui dirait. La raison exacte de sa colère, elle ne le savait pas. Elle pensait que c’était le fait de s’être fait rosser par de simples humains… Elle n’imaginait pas l’ampleur de la rancœur de l’homme, et encore moins à quel point il pouvait en souffrir. En toute connaissance de cause, peut-être aurait-elle pu l’aider, car son intention était bien là, mais tout ce qu’elle pouvait faire à ce moment-là c’était lui ramener les pieds sur terre et l’aider à se remettre de ses blessures.
Et apparemment ses paroles eurent l’effet escompté. L’arrêtant net dans ses intentions violentes, il se contenta de la regarder quelques instants ébahis. La jeune femme ne pensait pas qu’elles feraient autant mouche, d’autant plus que, un semblant boudeur, Wynn se reprit mettant cela sur le compte d’un léger emportement… Ce qui fit d’ailleurs hausser un sourcil à la demoiselle… Ils ne devaient pas avoir la même définition de « un peu »… Elle se garda tout de même de faire le moindre commentaire, de peur de braquer un peu plus le violoncelliste… Il était déjà difficile de composer avec, mieux valait peser ses mots…
Sans un mot de plus, elle alla chercher ce qu’il lui demandait, dans la cuisine.

A son retour elle le trouva au même endroit, bien que plus encore avachi dans sa chaise. Il semblait vidé de toutes forces, et ce fut un Wynn bien trop docile qu’Elizabeth retrouva. Son regard semblait perdu dans le vide, et pas même un frémissement le saisit lorsqu’elle lui enleva les épines de la main. Cela ne lui ressemblait pas, et elle resta encore plus étonnée lorsqu’il répondit qu’il ne sentait rien. Avait-il consommé quelques substances pendant qu’elle était partie à la cuisine ? Cela ne lui ressemblerait pas… Tout comme baisser les bras comme il le faisait. Elle avait envie de le secouer comme un prunier, de le faire réagir. S’il avait vraiment un but, des idées de vengeance, il ne pouvait pas se laisser aller à la mort, aussi bienfaitrice qu’elle pouvait l’être.
Depuis qu’Elizabeth était devenue un vampire, jamais elle ne s’était laissé un moment de répit, jamais elle n’avait baissé le bras aussi épuisant qu’était sa quête. Alors elle n’admettrait certainement pas qu’un vampire plus âgé qu’elle encore ne le fasse. Et de toute façon, elle se disait qu’elle avait encore besoin de lui. Elle ne pouvait pas apprendre toute seule tout ce qu’il y avait à savoir sur le monde vampirique… Décidément, cet homme avait besoin d’elle ce soir, qu’il l’admette ou non, qu’il se laisse faire ou non…

Mais pour cela il fallait d’abord lui retirer sa chemise… Mais alors qu’Elizabeth avançait ses mains vers la chemise de l’homme, celui-ci sembla se ranimer, saisissant le poignet de la violoniste pour l’arrêter. Elle leva des yeux interrogateurs vers l’homme pour voir qu’il la foudroyait du regard, ce qui fit froncer les sourcils à la belle. La surprise de ce geste ne laissa même pas le temps à Elizabeth à penser à dégager sa main ou quoi que ce soit d’autre. Elle ne comprenait pas sa réaction. Elle n’avait fait que l’aider, qu’est-ce qui pouvait bien lui prendre. Ce n’était pas comme si elle avait eu l’intention de l’agresser… Et pourtant, il refusait toujours son aide… A quoi cela servait-il qu’il lui la lui demande quelques instant auparavant.


- Très bien…


Son ton devait être certainement un peu sec. Cependant qu’elle allait retirer son poignet avec fermeté, elle intercepta ce bref moment de peur dans le regard de Wynn, ce qui la fit se radoucir immédiatement. C’était la première fois qu’elle était fasse à ce genre de situation avec lui, et elle ne savait comment l’interpréter. Qu’est-ce qui pouvait autant effrayer l’homme. Elle se savait parfois peu encline à la confiance, mais elle ne pensait pas non plus être quelqu’un inspirant la peur… Quelque chose semblait lui peser, et sans le savoir elle avait mis le doigt dessus… Qu’avait-il donc à cacher sous cette chemise ? A moins que le malaise vienne d’ailleurs ? Mais Wynn était tellement mystérieux sur tout cela qu’Elizabeth n’avait pas même une seule piste de réflexion…
Plutôt de répliquer comme elle l’aurait fait d’habitude, elle laissa faire l’homme à sa guise. Elle se releva, regardant avec attention le violoncelliste faire, jusqu’à ce qu’il lui fasse signe de lui tendre la trousse de médecine, ce qu’elle fit sans rechigner. Elle l’observait comme un élève pouvait se montrer attentif à un professeur… La médecine avait toujours été pour elle quelque chose de fascinant et à la fois terrible… Etre médecin n’était pas à la portée de tout le monde… Il fallait un tel degré de connaissance que les moins courageux abandonnaient vite… La confiance en soi était également primordiale… Faire les bons choix aux bons moments… Avoir la vie de quelqu’un entre ses mains demandait un sang-froid qu’Elizabeth n’aurait certainement pas… A la moindre difficulté, elle se voyait déjà paniquer et ne plus savoir que faire… De toute façon il s’agissait d’un métier d’homme… Mais non moins intéressant.
Elle nota bien, lorsque l’homme se départi de ses pistolets, qu’il les garda à portée de main… Pensait-il qu’elle allait l’attaquer ? Cela paru totalement injuste aux yeux d’Elizabeth qu’il puisse penser une telle chose après l’assistance qu’elle venait de lui apporter, mais elle devait bien se rendre à l’évidence, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir ce frisson d’envie à la vue du sang du violoncelliste… Elle y avait goûté, et y revenir était une solution plus que tentante… Elle pinça les lèvres agacée par elle-même, par la situation, par tout…

Jusqu’à ce que Wynn ne commence à déboutonner sa chemise et l’ouvrir totalement. Elizabeth eu alors grand mal à ne pas détourner les yeux de pudeur… Peut-être que lui ne ressentait-il aucune gêne, mais pour la violoniste qui n’avait encore jamais eu d’homme dans sa vie, il s’agissait d’une première… D’autant plus que, malgré sa blessure occupant le centre de son torse, il restait un bel homme à l’anatomie sportive et musclée. De quoi ne laisser aucune femme indifférente… Elizabeth tenta tant bien que mal à se détacher de la situation… Elle qui était toujours si confiante, si sûre d’elle d’aspect, était pour ce genre de choses la plus maladroite et inexpérimentée qu’on pouvait trouver…
Distraite par son malaise, elle mit d’ailleurs du temps à comprendre ce que Wynn lui demandait… Elle accéda tout de même à sa demande, et essaya de se concentrer au mieux sur ce qu’il faisait, gravant chaque geste dans sa mémoire. Ça pourrait surement lui servir… Elle retenait bien dans quel ordre il utilisait quoi, nota l’utilisation de la poudre, et hocha la tête en guise de réponse à Wynn sans même s’en rendre réellement compte…
Elle ne remarqua pas les stigmates autour de la blessure, Wynn lui ayant caché dès l’instant qu’il s’en était aperçu. En revanche, elle se fit la réflexion que l’homme était peu tendre avec lui-même lorsqu’elle entendit un craquement sinistre tandis qu’il arracha la balle avec force. La douleur avait dû être abominable pour que le violoncelliste en ait les larmes aux yeux. Pourtant, il encaissa plutôt bien le choc et commença à éponger sa plaie malgré sa respiration sifflante. Ce fut seulement après quelques minutes à récupérer, que Wynn reprit la parole. Elizabeth eu un sourire entendu avant de lui répondre :


- Je m’en souviendrai également…


Puis d’un commun accord, leurs regards se dirigèrent vers la plaie qu’il portait au torse… Tout deux savaient que ça serait à Elizabeth de le faire… Et cette dernière n’était pas sûre de vouloir le faire… Non pas qu’elle ne voulait pas aider Wynn, ce n’était pas du tout cela, mais l’idée de fouiller dans son torse à la recherche d’une balle ne l’enchantait guère… Mais avait-elle vraiment le choix ? Personne d’autre ne pourrait la soigner, à moins qu’il exista un médecin spécialement pour les vampires ? Elle n’en savait rien, et il n’était plus temps de se poser la question… Il fallait retirer la balle maintenant, avant qu’elle ne fasse des dégâts irrémédiables… Et elle était la seule disposée à le faire…
Prenant son courage à deux mains, elle prit alors le scalpel que Wynn lui tendait. Il lui disait qu’il lui faisait confiance pour le faire, mais elle-même n’était même pas sûre de ses propres capacités… Elle ne se laissa pas pour autant démonter.


- Je tâcherai de faire au mieux…


Elle s’accroupit alors une nouvelle fois devant l’homme pour se mettre à hauteur de la blessure. Maintenant qu’elle la voyait de plus près, elle appréhendait encore plus d’aller devoir déloger cette balle… Elle semblait s’être enracinée profondément dans le corps de Wynn et l’extirper allait être une tâche ardue. Elle approcha alors le scalpel de la blessure, mimant au mieux les gestes du violoncelliste d’une main qu’elle se voulait sûre lorsqu’elle se ravisa soudainement.
Se redressant, elle se pencha vers sa bottine pour en extraire une dague, simple, mais bien aiguisée. Elle la posa alors dans la main du violoncelliste en précisant d’une voix sérieuse :


- Je préfèrerais que ce soit toi qui l’ai au cas où…

Elle ne termina pas sa phrase. Ils savaient tout deux que son contrôle lorsqu’il s’agissait de sang laissait plus qu’à désirer. Lui laisser alors une arme pourrait s’avérer dangereux… Cela lui donnerait au moins une arme pour se défendre, en plus de ses pistolets…

Elle retourna alors à sa tâche, faisant taire toute angoisse qui la tenaillait. Elle appliqua le scalpel afin d’élargir un peu plus la blessure avant de le laisser tomber dans l’eau… Se souvenant qu’il avait d’abord appliqué une poudre avant d’aller chercher la balle, elle fit de même. Jusque-là tout allait bien, c’était la chose la plus facile… Mais maintenant qu’il fallait aller chercher la balle, tout se corsait… Elle tendit alors la serviette à Wynn avant de tourner son visage vers lui.


- Prêt ?

Elle partit alors à la recherche de la balle… Très vite ses mains furent entièrement recouvertes de sang. Elle était obligée de se mouiller jusqu’au cou si elle voulait pouvoir y parvenir… Mais tout ce sang en même temps, et la réalité de ce qu’elle faisait qui était bien là, après tout ce n’était pas comme si elle avait à présent les mains dans les entrailles de l’homme, il lui fallait se distraire la tête… Elle n’avait pas vraiment envie de réaliser l’instant présent, alors elle parla à Wynn et lui sortit le premier sujet qui lui passait par la tête…


- Tu m’as demandé il y a quelques jours pourquoi j’étais seule et sans maître tu te souviens ?


Elle laissa un temps de pause, laissant le temps au violoncelliste de se remémorer leur conversation qu’ils avaient eue il y a peu. Elle reprit la parole, sa voix se voulant détachée et calme, presque indifférente.

- Je ne l’ai pas toujours été… Seule. Durant ma première année de ma transformation il a été là.


Elle s’arrêta quelques instants, luttant pour essayer d’avoir un accès vers la source du calvaire de l’homme. Il n’était pas facile d’amener la pince suffisamment près de l’objet, celui-ci se trouvait atrocement près du cœur et du poumon gauche. Si Elizabeth n’agissait pas prudemment, elle risquait fort de rompre une artère ou une veine, les abords du cœur étant les plus vascularisés du corps…
Elle se devait de rester concentrée tout en parlant. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle en venait à parler à Wynn de son maître alors qu’elle aurait pu choisir un tout autre sujet de conversation… Sans doute parce que Glen en avait abordé le sujet. Il lui pesait sur la conscience bien plus qu’elle ne laissait y paraître, et bien qu’elle avait adopté un ton neutre pour en parler, le faire lui était bien difficile et douloureux. Elle était même soulagée quelque part que la concentration peigne ses traits et que son faciès soit orienté vers sa tâche, de peur de trahir la moindre émotion… Elle n’était pas là pour s’épancher sur un maître absent. Elle ne faisait que tenir la promesse qu’elle avait fait à Wynn… Du moins, c’est ce qu’elle pensait.

Elle soupira avant de reprendre d’un même ton.

- C’est lui qui m’a inculqué le peu que je sais… Il avait commencé à m’apprendre à maîtriser ma soif, mes pouvoirs, aiguiser mes sens… Mais sur lui je ne sais rien, juste son nom.

Elle s’activa un peu plus sur la blessure de Wynn, cachant son agitation dans son obstination à vouloir le soigner.

- Maintenant il est parti ou mort, je ne sais pas… Je ne l’ai plus revu et je n’ai jamais eu la moindre explication de ce départ…

Et elle se tut. C’était là les seules choses qu’elle consentait à bien vouloir lui avouer sur son maître ! Elle ne parla pas de l’affection qu’elle avait noué avec cet homme, ni combien son abandon l’avait blessée. Cette impression de trahison, sa confiance bafouée et toute cette peine qu’elle avait ressentie lorsqu’elle avait compris qu’il ne reviendrait pas… Tout cela elle l’avait enterré dans une partie de mémoire, et pourtant, cela ne cessait de la hanter chaque jour davantage…
La preuve en étant qu’encore maintenant, elle arrivait à y songer alors qu’elle était en train de porter assistance à un homme… Elle préférait se taire, taire sa douleur, ses mots et laisser plutôt le silence s’installer…

Ce fut donc dans un mutisme complet et à force de patience que la violoniste parvint enfin à saisir la balle. Elle tenta avec prudence de l’extraire du torse de l’homme, mais lorsqu’elle parvint enfin à l’extirper, sa cage thoracique commença à se remplir de sang. Elizabeth écarquilla les yeux. Malgré la force qu’elle avait dû y mettre pour déloger la balle, elle pensait avoir fait attention aux organes et artères de l’homme… Et pourtant, il y avait bien quelque chose qu’elle avait touché.
Laissant tomber la pince et la balle dans la bassine d’eau, la violoniste s’agita, regardant avec désespoir le violoncelliste.


- Oh seigneur, qu’est-ce que j’ai fait ?!


Elle prit un nouveau linge du tiroir et commença à éponger ce qu’elle pouvait, s’imaginant déjà Wynn étendu dans son sang, gisant sur le plancher. Non, il ne fallait pas que cela se passe ainsi, il fallait qu’elle fasse quelque chose… L’idée même qu’elle ait pu tuer cet homme par son inexpérience la paniquait. Elle voulait l’aider, et pas le mettre six pieds sous terre, entre quatre planches. Mais que faire ?

Dans sa panique, elle ne remarquait même pas qu’au milieu du sang s’échappait le poison des balles, et ce fut dans la plus grande stupeur que la régénération naturelle de Wynn pu faire son travail… Elle se trouva bien bête lorsque le saignement se calma et qu’elle en comprit la cause… Elle avait pourtant bien vu l’homme faire, bien que lui n’avait pas visé une veine… Elle se laissa aller au sol dans un soupire. Elle lâcha la serviette et s’essuya le front d’un revers de la main, oubliant totalement la présence de sang sur cette dernière, et la trace qu’elle venait ainsi de laisser… A vrai dire, le sang elle n’y pensait même pas à ce moment-là… Du moins, pas de la façon habituelle. Les battements de son cœur étaient encore affolés et sa tête n’allait pas tarder à exploser. Elle sentait poindre en elle de la honte. Elle s’était laissée berner et avait paniqué bêtement devant Wynn. Elle avait été idiote, terriblement idiote et maintenant se sentait boudeuse devant son comportement… Ou du moins blessée dans son petit orgueil personnel…
Elle se redressa, plongea les mains dans la bassine d’eau pour les nettoyer de leur sang et fit de nouveau face à Wynn, l’air renfrognée.


- Rappelle-moi de ne plus jamais te laisser aller fricoter avec des hunters…


Elle avait dit ça uniquement dans le but de détendre l’atmosphère mais n’en pensait pas moins… Elle s’en souviendrait longtemps de cette soirée, et l’envie ne lui plaisait guère de devoir recommencer… Malheureusement sa tâche n’était pas encore terminée. Elle avait remarqué lorsqu’elle l’avait ramassé dans les rues de Londres, qu’il portait également une blessure au dos… Il lui faudrait donc lui retirer cette chemise, qu’il le veuille ou non… Elle se redressa, mains sur les hanches, résolue.

- Maintenant retire ta chemise que je puisse regarder ta blessure dans le dos…

Mais devant l’air peu enclin à lui obéir, Elizabeth perdit une nouvelle fois patience. Qu’est-ce qu’il avait avec cette maudite chemise ? Ou bien était-ce qu’il ne voulait plus passer entre les mains de la violoniste pour se faire soigner -ce qui restait, en soit, fort compréhensible au vue de son inexpérience- ?
Passant en quelques secondes derrière Wynn, elle attrapa la chemise à deux mains par le col dont le tissu ne mit pas longtemps à se déchirer sous la force du geste.


- Fichu pour fichu…

Mais la violoniste s’arrêta alors dans sa phrase lorsqu’elle vit ce que l’homme tenait absolument à lui cacher tout au long de la soirée… Voilà la réponse à ses questions… De longs stigmates noirs lui parcourant tout le dos… Cette particularité physique se détachait d’autant plus que Wynn avait une peau presque translucide… Le spectacle n’était pas vraiment beau à voir et la première chose qui vint à l’esprit d’Elizabeth fut « est-ce aussi douloureux que ça en a l’air ? ». Elle en oublia même la blessure qu’elle était sensée soigner. Cela était tellement curieux… Qu’est ce qui avait bien pu provoquer cela ? Quel était donc ce secret que Wynn tenait absolument à conserver ?
Pour le coup elle ne savait plus quoi dire… Elle était surprise de l’évolution que prenait cette soirée… Jamais elle n’avait imaginé que Wynn portait un aussi gros fardeau… Se souvenant de l’éclat de peur dans le regard du violoncelliste, elle préféra ne faire aucun commentaire sur ce qu’elle venait de découvrir.
Dans un silence presque religieux elle reprit tranquillement les outils de médecine de l’homme, s’appliquant à retirer la pointe de flèche qui s’était fiché dans son épaule. Si l’homme était intelligent, il saurait qu’il ne pouvait le faire seul… Elle s’en voulait presque d’avoir confronté l’homme aussi brutalement face à ce qu’il voulait lui cacher… Mais de toute évidence, si elle ne l’avait pas fait, il aurait été suffisamment stupide pour rester ainsi blessé… Mais tout de même… Elle pouvait concevoir que Wynn lui en porte rancune…

Elle s’attela donc à le soigner en silence, l’opération se passant cette fois-ci beaucoup mieux que la précédente. L’endroit était moins délicat à traiter et surtout, elle n’avait pas à aller chercher la pointe de flèche aussi profondément. Jusqu’à ce que chaque accessoire de médecine se retrouve à tremper dans la bassine. Ce fut seulement à cet instant qu’elle se décida à briser le silence.


- Je me doute que cette question ne va guère t’enchanter mais… D’où viennent toutes ces marques que tu as dans le dos ?

Délaissant l’homme et tout son matériel ensanglanté, elle se laissa alors tomber dans le canapé qui ornait le salon dans un mouvement de lassitude. Elle fixa à nouveau son regard dans celui de Wynn avant de rajouter avec un petit sourire contrit :

- Au final tu caches beaucoup de choses… Les stigmates dans ton dos… Ta solitude… Mais je ne peux m’empêcher de penser que cette dernière trouve une réponse dans ce tableau –elle désigna le seul de la pièce-, celui d’Elizabeth…

Elle en avait conscience, sa phrase était étonnement curieuse pour quelqu’un qui connaissait peu Wynn. Mais elle ne pouvait empêcher sa curiosité d’être assouvis et surtout sa volonté de vouloir comprendre cet homme. Elle en avait bien plus à en apprendre que ce qu’il voulait bien avouer…
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeMar 5 Fév - 17:39

Lorsqu'il ouvrit sa chemise pour entreprendre quelques soins, Wynn ne comprit pas tout de suite la réaction d'Elizabeth. Elle sembla gênée, et le vampire pensa alors qu'ayant déjà goûté son sang, elle devait se sentir encore plus attirée, d'autant que le spectacle n'étais pas beau à voir. A vrai dire, il était loin d'imaginer qu'en réalité, la jeune femme était perturbée par son torse athlétique et bien sculpté. Il avait beaucoup de choses à apprendre des femmes, c'était certain, et si la demoiselle lui avait fait part de sa gêne, nul doute qu'il aurait rougit à son tour, tout aussi embarrassé. Il avait beau ne pas en avoir l'air au premier abord, de passer pour un homme simplement taciturne et un peu ours, Wynn était étonnamment timide. Cela était en partie du à son habituelle attitude solitaire depuis de trop nombreuses décennies. Il ne fit pourtant aucune remarque à ce sujet, se concentra sur la maudite balle à extraire de sa clavicule. Si son corps avait commencé à s'habituer à la douleur, l'extraction promettait d'être périlleuse et Ô combien désagréable.
Le vampire ne fut pas déçu du voyage. La douleur fut si vive qu'elle lui en arracha presque des larmes instinctives. Pourtant, il était rodé et plus qu'habitué à subir ce genre de choses, être assassin était loin d'être une activité joyeuse et sympathique, mais l'argent et le poison rendaient ses nerfs et son épiderme hypersensibles, à tel point qu'il préféra laisser sa régénération prendre le dessus plutôt que de tenter de recoudre la plaie. Il aurait d'ailleurs eu bien du mal, avec ses mains tremblantes.

La sensation cotonneuse et étrange qu'il avait éprouvé quelques minutes avant semblait totalement oubliée, tous ses sens étaient à présent en alerte, et ce malgré le vertige qui commençait à le prendre à cause de ses blessures et du manque de sang. Et Wynn se serait donné des gifles pour avoir songé un instant à se laisser aller dans les bras de Morphée pour ne plus jamais s'en détacher. Son esprit combatif semblait s'être enfuit le temps d'une seconde, le laissant alors face à un choix cruel : Abandonner cette souffrance et ses traquas, et se battre. Il avait choisit la plus simple, et même si le geste d'Elizabeth avait été mal vu de sa part, il n'en restait pas moins salvateur. A présent il en avait conscience, sans la jeune femme, le vampire ne s'en serait sûrement pas sortit, ou du moins pas aussi bien. Les remerciements lui arracheraient sûrement la langue une fois de plus, mais tôt ou tard il lui serait plus que redevable. D'une certaine façon, Wynn avait à cœur de toujours honorer l'aide qu'on pouvait lui apporter, et Elizabeth l'avait fait sans broncher, ce même si sa gifle lui restait en travers de la gorge. Elle aurait probablement été étonnée de ce trait de caractère chez le vampire.

Pour l'heure, il lui tendait son scalpel en tentant de lui sourire d'un air rassurant. Il ne pouvait nier qu'une pointe de méfiance retenait un peu son geste. Ce n'était pas un manque de confiance en Elizabeth mais davantage en le fait qu'elle n'avait probablement jamais fait cela. Il n'était pas à l'abri d'un geste de travers, geste qui pourrait lui être fatal, mais avait-il seulement un autre choix ? Pas vraiment... Il la pensait sincèrement capable de faire cela. Elle lui tendit alors son poignard, et il se contenta d'un hochement de tête approbateur. Pour une jeune vampire manquant de contrôle, elle était prévoyante et réaliste, elle savait qu'elle serait soumise à la tentation de son sang et prenait des précautions. En cela elle était plus sage que bien des nouveaux nés. Wynn n'avait pas réellement conscience qu'il commençait à apprécier la jeune femme, mais en y repensant, il n'était pas certain d'avoir très envie de la livrer comme un simple paquet au Comte quand celui-ci reviendrait le voir... Raison pour laquelle il comptait bien l'éviter autant que possible pour ne pas avoir de comptes à lui rendre à ce sujet.
Chassant ses pensées, Wynn reprit le linge qu'il avait utilisé un peu plus tôt, constata qu'il était couvert de sang et décida finalement de s'en passer. Lorsqu'Elizabeth lui demanda s'il était prêt, le vampire hocha la tête avec un regard déterminé. Serrant les dents, il sentit tout son corps se raidir de douleur lorsque la jeune femme partie à la recherche de la balle. Le moindre effleurement était devenu un véritable supplice, une caresse aurait eut l'effet d'une violente brûlure tant ses nerfs étaient à vif. Le vampire en venait même à découvrir l'existence de zones douloureuses sur son corps dont il ignorait presque l'existence ! D'ailleurs, il ne discernait pratiquement plus les différentes blessures, elles semblaient liées, à présent. Et son corps était d'autant plus endolorit et secoué de spasmes qu'il avait reçu de plein fouet une décharge électrique. Les effets commençaient à se faire bien sentir. Même la poudre d'opium ne parvenait plus à anesthésier suffisamment la blessure pour qu'il ne sente rien. Qu'il en ai ou non ne changeait plus rien, maintenant.

L'assassin fut plus qu'étonné lorsqu'Elizabeth prit la parole, lui confiant d'elle même ses problèmes avec son maître. Peut-être était-ce de sa part un besoin de lui parler, d'avoir quelqu'un avec qui partager ce genre de faits, mais elle agissait peut-être aussi ainsi pour détourner l'attention du vampire de sa blessure et de la douleur. Si tel était le cas, c'était efficace, car le violoncelliste était tellement concentré que ce qu'elle disait que son cerveau faisait abstraction d'une grande partie de sa souffrance. Mais il ne voulait pas perdre une miette de ce que la jeune femme était en train de dire. Il avait eu tant de mal à obtenir de maigres informations de sa part, alors obtenir d'elle une confidence spontanée donnait une valeur exponentielle à ces propos. Et quels propos ! Elle lui parlait enfin de son maître, ce vampire qui l'avait transformée puis abandonnée... Wynn apprit que contrairement à lui qui avait été délaissé dès le premier jour, Elizabeth avait connu une année entière aux côtés de son maître, et durant ce laps de temps il avait commencé son éducation. Ainsi donc sa rancoeur venait en partie de là... Elle lui en voulait, c'était évident. Et dans sa façon de parler, dans sa voix, l'assassin comprit que malgré son ressentiment, elle avait de l'affection et peut-être de l'admiration pour cet homme. Il l'avait aidé, et son abandon avait du être encore plus cruel que pour Wynn dans le sens où elle avait eu le temps de se faire à sa présence et de se lier à lui. Elle devait rester depuis lors avec cette même question, ce sempiternel «pourquoi» lui retournant l'esprit jusqu'à lui en donner la nausée. Le vampire ne comprenait que trop bien ce sentiment de trahison et d'abandon, cette impression de n'être plus qu'une créature incomplète et perdue dans un monde encore trop nouveau... Et lui avait eu la chance d'être recueillit par d'autres vampires, sans quoi il serait vite retrouvé dans la situation d'Elizabeth, ce qui avait été le cas pendant plusieurs mois.
Wynn comprenait sa déception mais en revanche, il avait du mal à intégrer cette affection qui transparaissait malgré tout de la jeune femme. Lui n'éprouvait qu'une haine virulente et destructrice pour celui qui aurait du être son maître, et il nourrissait un tel esprit de vengeance contre lui qu'il en était parfois totalement aveuglé. Pourtant, l'assassin n'était pas aveugle et voyait bien que cette année avec son maître avait marquée Elizabeth. Et plus que tout, elle ignorait s'il était simplement parti ou s'il était mort. Si c'était le cas de quelle manière ? Qui l'avait tué, pourquoi ? Il y avait de quoi se poser la question.

Lorsque la jeune femme se tut, Wynn resta lui aussi silencieux, le corps tremblant sous la douleur. Loin de vouloir la prendre en pitié ou de lui dire bêtement que tout irait bien et qu'elle n'avait pas à s'en faire, il préférait rester muet. A l'inverse, il fit un effort considérable pour lever une main et la pose sur la tête d'Elizabeth dans un geste qui se voulait rassurant ou compréhensif, comme pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'il saisisse. Après tout, il savait lire entre les lignes mais estimait qu'il n'avait pas besoin de retourner le couteau dans la plaie, au risque de faire fuir la jeune femme. Sa main retomba lourdement le long de son corps.
Il sentait la pince qu'elle tenait frotter contre ses côtes, et la vibration que cela occasionnait lui soulevait l'estomac à tel point qu'il du se mordre la langue pour ne pas rendre le peu qu'il avait ingurgité dans la soirée. Il tentait de maitriser ses spasmes et sa respiration saccadée pour faciliter le travail d'Elizabeth, mais c'était une tâche plus ardue qu'il ne l'aurait cru. Le violoncelliste ne s'était pas rendu compte que la balle était bien logée dans sa cage thoracique, si près du cœur. Le chasseur qui l'avait blessé était doué, c'était certain, et il savait visé. S'il n'avait pas été lui même blessé, peut-être l'aurait-il tué, et cette idée ne fit que renforcer la haine que Wynn nourrissait désormais à son égard.
Bientôt, la pince entre en contact avec la balle instinctivement, l'assassin retint sa respiration. Lentement mais sûrement l'objet métallique fut retiré de son corps, le libérant d'un poids certain mais provoquant une douleur encore plus vive que les précédentes. Son cri de douleur fut étouffé par le sang qui remontait le long de sa gorge et qu'il cracha à grand peine dans le linge qu'il avait toujours en main. Wynn avait l'impression de se noyer dans son propre sang mais à mesure qu'il coulait, il sentait la brûlure de la balle d'estomper, et ses chairs purent commencer à se régénérer. C'est à moment là, le front couvert de sueur et du sang coulant encore de sa bouche qu'il croisa le regard horrifié d'Elizabeth. Pour la première fois, une expression spontanée apparaissait sur son visage. Son masque de froideur et d'indifférence venait de tomber pour laisser place à une réelle culpabilité. Pourtant, elle venait bien de lui sauver la vie, même si l'assassin en crachait encore ses poumons et la moitié de son estomac. Il était en miettes et dans un état d'anémie de plus en plus critique, certes, mais en vie. Pour le moment, c'est tout ce qui lui importait. Nul doute qu'en étant humain, son cœur aurait lâché, et il serait à présent à terre et sans vie.

Puis les minutes passèrent, Wynn épongea au mieux le sang qui coulait de sa poitrine. Il était pâle comme un mort, les lèvres violacées, mais il avait moins mal et si sa régénération était ralentie à cause du poison et de son état, elle commençait à agir correctement. Il respirait mieux et se sentait un peu moins comme une poupée de chiffon. Il trouva donc la force de se redresser et tenta d'étirer un peu ses muscles anchylosés. Puis Elizabeth lui fit une remarque qui malgré la situation fit sourire l'assassin. Il ne put alors s'empêcher de répliquer d'une voix faible et rauque.


-Je m'en souviendrai également..., dit-il en reprenant mot pour mot ceux de la jeune femme.

Son sourire malicieux disparu dès lors qu'Elizabeth parla à nouveau de lui retirer sa chemise. Le regard de Wynn s'assombrit, ses lèvres se pincèrent et il serra le vêtement contre lui en grognant.


-Non... Je vais me débrouiller tout seul, gronda-t-il en montrant les crocs.

Ces stigmates, ces immondices qui lui couvraient le dos, l'assassin préférait les oublier autant que possible et surtout pas les montrer à qui que ce soit. Rosalia les avait vu, elle, mais n'avait posé aucune question, pourtant Wynn avait longuement hésité. Mais qu'en l'espace de deux semaines deux personnes voient l'étendu des dégâts et surtout sa plus grande faiblesse, il s'y refusait. Tôt ou tard il le savait, Elizabeth lui demanderait d'où venaient ses blessures, il devrait s'expliquer et il n'en avait aucune envie. Il était buté, borné, têtu comme une bourrique et s'en portait très bien. Quand il ne se faisait pas tirer dessus, bien sûr. Mais c'était sans compter sur le caractère d'Elizabeth. Plus rapide que lui qui était encore faible, elle fut derrière lui en une fraction de seconde et déchira sa chemise. Les yeux écarquillés et rivés sur le sol, Wynn entendait encore l'écho de ce sinistre craquement. Son dos mis à nu, ce mal inqualifiable qu'il préférait masquer, elle l'avait à présent sous le nez. Et qu'allait-elle en penser ? Que c'était monstrueux ? Car ça n'avait rien d'ordinaire ni de ragoutant. Ou alors le prendre en pitié ? Mais encore une fois, cela ne lui ressemblait pas. Alors quoi ? Elle devait forcément penser à quelque chose ! Il aurait aimé le savoir et pourtant le redoutait. Mais après tout... Et alors ? Personne n'avait son mot à dire là dessus. C'était ainsi, ces stigmates le rendait malade et tôt ou tard finiraient par le tuer mais il n'avait absolument pas envie de pleurer sur son sort. Et il se sentait pas non plus prêt à en parler. En parler pour dire quoi, de toute manière ? Il savait que les stigmates étaient dues au contact prolongé de ses revolver, mais il en ignorait l'origine profonde, il ne connaissait rien à la sorcellerie et n'avais eu qu'un vague aperçu des pouvoirs de l'alchimie grâce à Phorao. Mais il n'avait plus de nouvelles de ce dernier depuis plus d'un mois.

Les poings serrés, Wynn faisait son possible pour ne pas laisser exploser sa colère et se jeter sur Elizabeth pour lui faire regretter son geste. Il tentait de se persuader qu'elle ne faisait que l'aider, qu'elle ne cherchait pas à lui nuire, mais la question lui pendait au nez et n'allait pas tarder à tomber, il le sentait. Et que ferait-elle d'une telle information ? C'était inutile pour elle et personnel pour lui. Les dents serrés, il n'émit pas le moindre son lorsqu'elle commença à extirper la pointe de la flèche en argent de son dos, et ce malgré la douleur. Son corps bouillonnait davantage de colère.


-Je t'avais demandé de laisser ça... Pourquoi est ce que tu n'écoutes jamais ce que je te dis... ? Lâcha-t-il d'une voix glaciale et menaçante qui dissuadait toute réplique.

Il n'avait pas du tout envie qu'elle retourne cette réflexion contre lui, à vrai dire. Malgré l'aide qu'elle avait pu lui apporter, il lui en voulait. Il saurait faire abstraction de cette rancune plus tard mais pour l'heure il ne pouvait le tolérer. Et pour bien lui faire comprendre qu'il était loin d'être ravi, il ne répondit pas à sa question, restant ostensiblement muré dans son silence. La jeune femme acheva de le soigner et alla s'écrouler dans le canapé. Ce petit sourire satisfait qu'elle lui lança eut le don d'exaspérer Wynn qui à cet instant fut brusquement prit de l'égorger... Peut-être cela aurait-il eu le mérite de le calmer, et il n'aurait plus eut à supporter les questions mais d'un autre côté... Il se serait à nouveau retrouvé seul, avec un cadavre entre les mains sous son propre toit. L'idée ne l'enchantait absolument pas. Et parce qu'il avait néanmoins de l'affection pour Elizabeth, il se retint et se contenta de lui jeter un regard glacial avant de se lever. Sa démarche restait bancale mais c'est avec assurance qu'il se dirigea vers l'escalier pour le gravir jusqu'à sa chambre à coucher. Là il laissa tomber sa chemise en haillons dans une panière, se débarrassa de ses bottes et de ses autres vêtements, verrouilla la porte derrière lui et passa dans la salle de bain. Il nettoya rapidement ses plaies, les pansa avec de larges bandes de tissu, enfila une chemise noire propre, ainsi qu'un pantalon. Il récupéra ses bottes qu'il enfila, rattacha ses cheveux qui commençaient à le gêner et redescendit l'escalier.

Il ne devait pas s'être absenté plus de dix minutes, mais il demeura dans le même mutisme qu'auparavant, accordant à peine un regard à Elizabeth. Pestant devant le désordre et la saleté dans son séjour, il entreprit alors de tout ranger, ne se souciant guère de son état convalescent. Il épongea activement le sang qui avait giclé sur le sol et fut soulagé de constater que le tapis avait été épargné. S'il y avait bien un défaut amusant à relever chez Wynn, c'était sa maniaquerie et obsession de la propreté presque maladive. Lui se serait qualifié de simplement minutieux, bien sûr. Quand le sol fut nettoyé, il remit la chaise à sa place, récupéra les instruments médicaux, la trousse et la cuve d'eau, et les porta jusqu'à la cuisine où il les nettoya. Il n'avait toujours pas ouvert la bouche mais ses gestes vifs et nerveux traduisaient sa colère. Il remit les instruments et la bassine à leurs places respectives puis revint au salon. C'est alors qu'il remarqua la trace de sang qu'Elizabeth avait sur le front. Il retourna donc chercher un linge propre et s'approcha d'elle, la dominant de toute sa hauteur avec un regard peu avenant. Il était en colère contre elle mais aussi contre lui. Il était un peu idiot de lui en vouloir à ce point, après tout... Elle n'avait fait que l'aider, c'est ce dont il devait se persuader... Mais il ne lui parlerait pas de ses stigmates. Pas maintenant. Peut-être plus tard.
Il s'agenouilla alors, et si son regard et son attitude pouvaient avoir l'air menaçants, c'est avec douceur qu'il tendit le bras pour passer le tissu sur le front de la jeune femme et effacer toute trace de sang. Lorsque ce fut fait, il posa le linge sur la table basse derrière lui et fixa la jeune femme un long moment, impassible, avant de se tourner vers le tableau de sa fiancée.


-J'ai rencontré Elizabeth à Bucarest lors d'un récital. Elle était claveciniste, une véritable virtuose. Probablement la plus douée, dit-il en jetant un regard à son violoncelle. Nous avons échangé quelques mots, quelques notes de musique et de fil en aiguille... Il y a eu plus que ça, nous nous sommes fiancés. Nous devions nous marier peu de temps après mais elle a..., il tourna à nouveau le regard vers Elizabeth. Elle a été lâchement assassinée par le vampire qui m'a transformé.

Le vampire se tut. Son visage était resté neutre mais un tremblement dans sa voix était venu trahir la douleur liée à ce souvenir. Car cette souffrance était plus profonde qu'elle en avait l'air. Wynn savait à quel point il avait aimé Elizabeth, à quel point elle avait pu le rendre heureux, elle l'avait ouvert au monde et l'avait rendu bien plus social qu'il ne l'était auparavant, elle avait du le faire sourire et même le faire rire. Depuis, il s'était à nouveau fermé et n'avait plus jamais ris avec franchise, simplement avec ironie. Et il n'avait plus que ce souvenir d'avoir aimé, car il ne le sentait plus, ce sentiment. Il était tellement rongé par la haine, la culpabilité et la rancoeur qu'il ne parvenait plus à ressentir cet amour et ce chagrin. Il ne sentait plus que le vide, un creux immense qu'il avait peiné à combler et qu'il avait finit par abandonner pour se forger une carapace d'indifférence. Il aurait pu passer l'éponge, choisir de vouer l'éternité à autre chose ou chercher à la remplacer, mais il était trop fidèle, trop loyal envers ses premiers sentiments et envers cette femme morte par sa faute pour avoir le courage de passer l'éponge. Ce courage, il ne l'aurait peut-être qu'après avoir tué son ancien maître. Alors, peut-être serait-il en mesure d'oublier, mais peut-être serait-ce le contraire.

-C'était en 1608, ça fait longtemps, mais ce genre d'événement marque à jamais un homme, c'est ainsi..., dit-il en se redressant pour s’asseoir à côté de la jeune femme. Je n'ai pas connu mon maître, il s'est enfuit comme un couard juste après cette tragédie...

Il n'ajouta rien, mais il n'y avait pas besoin d'être devin pour comprendre qu'il nourrissait une rancune tenace et meurtrière à l'égard de ce vampire. En revanche, ce que Wynn ne laisse même pas sous entendre fut la raison de l'assassinat de sa fiancée. Il ne parla pas des revolvers ni de leur attrait maléfique. Tout cela viendrait plus tard, en temps voulu, mais il en avait assez dit. Mentionner Elizabeth lui était déjà suffisamment douloureux. Et maintenant qu'il en parlait, il se rendait compte à quel point elle lui manquait. Son sourire, son rire, ses deux fossettes si mignonnes qui rendait son visage adorable... Même son étourderie lui manquait, même sa curieuse manière de laisser traîner des partitions partout ou de lamentablement rater tous les desserts qu'elle cuisinait. Pleins de petits détails de cet ordre lui manquait, Wynn y était attaché. Il avait retrouvé certains de ces traits de caractère et physiques chez Rosalia, et l'assassin aurait été de bien mauvaise foi s'il avait osé dire que cela ne l'avait pas séduit. Pourtant, les deux femmes seraient indéniablement différentes. Mais le temps d'une nuit, il avait réussit à oublier un tant soit peu son malaise. Un rire faux lui secoua les épaules.

-C'est idiot, n'est ce pas ? Cette façon curieuse que nous avons de nous attacher aux gens... C'est souvent notre plus grande faiblesse mais aussi ce qui fait notre force... Un vampire reste avant tout un humain, nous ne quittons pas pour autant nos sentiments... Même si parfois ce serait plus simple...

Wynn se laissa aller contre le dossier du canapé en soupirant, puis tourna la tête vers Elizabeth. Il s'apprêtait à nouveau à parler lorsque son regard fut attiré par sa gorge nue, qu'il apercevait sous le voile châtain de ses cheveux. Sa soif lui revint en pleine figure avec la force d'un raz de marée, et il se pencha légèrement vers elle, silencieux. Cette peau ni pâle et vierge de toute imperfection, un sang si jeune, il devait avoir bon goût... Il devait être exquis, ne pas y goûter aurait été un véritable sacrilège ! Posant une main sur le canapé et l'autre sur l'accoudoir, il se pencha un peu plus, l'emprisonnant entre le dossier du sofa et sa personne. Son aura venait de se teinter d'une étrange chaleur, comme pour rassurer et en même temps immobiliser Elizabeth. Son regard semblait avoir perdu toute lueur d'humanité, il n'était plus guidé que par sa soif qui l'incitait à mordre à pleine dents dans chair douce et sucrée qui s'offrait à lui.

-Ne bouge pas..., murmura-t-il d'une voix ronronnante qui se voulait rassurante.

Son regard dévia sur son cou, où une veine palpitait avec force, l'attirant un peu plus à chaque battement de son cœur. Quel délice cela devait être... Il l'imaginait déjà, cet élixir vermeil coulant sur ses lèvres, alors même qu'il était encore à quelques centimètres de sa gorge.


-Tu ne sentiras rien, je te le promet...

Une de ses mains vint glisser sur sa gorge dans un geste protecteur, mais alors qu'il s'apprêtait à commettre l'irréparable, Wynn recula brutalement, le regard horrifié. Ce qui l'avait ramené à la raison, il l'ignorait car il ne s'en était pas rendu compte, mais c'était efficace. Il se leva précipitamment comme pour fuir la jeune femme et s'adossa contre un mur, confus, le regard perdu dans le vague.

-Je... Je suis désolé je ne sais pas ce qui m'a prit j'ai perdu le contrôle...

Puis il releva la tête vers Elizabeth, le regard emplit d'incompréhension.

-Tu devrais partir... Partir avant que ça ne se reproduise...

Il aurait certes préféré qu'elle l'aide à trouver de quoi se nourrir, étant donné son état, mais il ne voulait pas courir le risque que cela se reproduise. Quel bel exemple il lui donnait... Même dans une situation comme celle-ci, il aurait du faire preuve de davantage de vigilance.
Comment cela avait-il pu arriver? Wynn savait se contrôler depuis longtemps, un tel écart ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps... Trop longtemps. Il fallait qu'il se nourrisse et vite, ou la soif le rendrait incontrôlable, comme n'importe quel autre vampire, mais il se refusait à laisser son instinct reprendre le dessus.
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeMer 13 Fév - 23:50

La douleur devait être insoutenable, et pourtant Wynn, secoué de spasmes, faisait preuve d’une grande force à travers cette épreuve. Elizabeth avait beau faire son possible pour rendre la chose moins pénible, il n’empêchait qu’elle devait aller déloger une balle près de son cœur, et que ça ne se faisait pas sans souffrances… La situation était délicate pour tous les deux, et malgré la confiance que lui faisait Wynn, la violoniste avait du mal à s’en accorder. Pourtant, elle se débrouillait plutôt pas mal pour quelqu’un qui n’avait jamais fait ça, et le violoncelliste, malgré la douleur, s’arrangeait pour lui faciliter au maximum la tâche. Il le fit bien plus encore lorsque la jeune femme se mit enfin à lui parler d’elle-même. Sans s’en rendre compte son corps s’était immobilisé, tendu et concentré pour bien écouter ce qu’avait à dire la jeune femme. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte de la curiosité qu’elle représentait pour lui. Que voulait-il savoir au juste ? Qu’est-ce qui motivait une telle envie de savoir ? Sans doute comme elle, il voulait comprendre les raisons du caractère de l’autre, de son comportement… Pourquoi ? Cette simple question auquel il était si difficile de répondre…
Il s’abreuvait de chaque parole qu’elle prononçait, tentant de la comprendre, comprendre ce qu’elle ressentait, ce qu’elle pensait et les raisons de ses actes. Et dans l’ensemble il l’avait plutôt bien comprise. C’était bien de l’affection qu’elle ressentait au fond d’elle, celle-là même qu’elle avait tenté de refouler au court de cette fameuse année… Si elle avait seulement su ce qu’il ce serait passé, peut-être aurait-elle montré plus de sympathie envers son maître… Alors peut-être ne se serait-elle pas retrouvée seule ? A cette question elle n’aurait peut-être jamais de réponses. Son créateur pouvait tout aussi bien être mort, ceci expliquant son long silence, ou bien ne jamais revenir à Londres… Elle vivait rongée par ces questions laissées en suspend…
Mais là où il ne pouvait la comprendre, c’était pourquoi avoir encore autant d’affection pour lui ? Car elle lui en voulait autant qu’elle l’aime, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Mais Wynn ne pouvait comprendre… Il ne pouvait savoir de quel tourment son maître l’avait tiré. Elle qui était vouée à la froideur des rues, à une vie misérable à mendier ou pire encore. A ne vivre que rongée par des « si seulement je pouvais… ». Son maître lui avait offert une chance… Maudite, certes, ce qu’elle n’oublierait pas, mais tout de même, à y regarder, une vie moins misérable que celle qui lui était promise… Elle avait tout perdu avec ses parents, son maître avait été, paradoxalement à ce qu’il était, le souffle de vie qu’elle avait perdu.
De cela elle ne pouvait que lui être reconnaissante… Ce qui rendait son amertume d’autant plus cruelle… Il l’avait peut-être laissée seule à elle-même mais malgré tout, au fond d’elle, elle ne pouvait oublier cette place qu’il avait prise, ce trou béant qu’il avait comblé… Mais de cela elle ne voulait pas s’expliquer. Il s’agissait là de quelque chose de bien trop personnel… Cela lui reviendrait de lui parler de son passé, en tant qu’humaine, de ses parents, leur assassinat. C’était sa cause, sa bataille, elle voulait la mener seule, aussi lourde soit-elle. Alors elle préféra le silence, laissant l’homme l’interpréter comme il l’entendait.

Et il ne rompit pas ce moment par des paroles. Un simple mouvement vint accueillir ses confidences. Une main posée sur sa tête dans un geste qu’elle comprit parfaitement. Seulement, comme si cette simple main l’avait brûlé, elle écarta la tête pour s’en soustraire. Cette attitude ne devait aucunement être interprétée hostilement, bien que sa raison n’en fût pas évidente. Et pourtant… Cette main bienveillante posée sur sa tête elle l’avait bien trop connue. Wynn ne pouvait pas le savoir mais s’il y avait bien une chose qu’avait toujours fait son maître, c’était bien cela. Bien plus que les mots, il avait su la comprendre et se faire comprendre ainsi.
Le violoncelliste n’avait pas voulu remuer le couteau dans la plaie, et pourtant cette simple action avait réveillé un souvenir bien plus douloureux encore… C’est comme s’il lui avait planté un poignard en plein cœur… Mais plus encore… Aux yeux d’Elizabeth c’était comme s’il prenait la place de son maître, et cela elle n’était pas prête à l’accepter. Il en avait en effet pris les fonctions, mais elle ne voulait pas qu’il en prenne la place… Du moins c’est ce qu’elle voulait croire… Mais la raison était bien plus complexe encore… Bien plus forte. C’était bien de la peur qui la muait. Ce qu’elle craignait depuis que son maître l’avait abandonnée, c’était sans aucun doute éprouver de l’affection pour quelqu’un. Elle ne voulait pas enfin s’ouvrir à quelqu’un pour être à nouveau laissée derrière par la suite… Elle ne pourrait le supporter une nouvelle fois, voilà pourquoi elle se fermait à toute personne voulant la connaître… Si Wynn parvenait à s’immiscer à hauteur de Tharin, l’abandonnerait-il lui aussi ? Attendrait-il qu’elle éprouve cette affection et ce dévouement qui la caractérisait pour tout briser derrière ? Arriverait-elle à s’en relever derrière ? Sans doute pas… Non, pour elle, la seule solution qui se présentait était de se fermer hermétiquement à toute émotion.
Gardant une contenance face à cette attaque surprise du vampire, elle releva le visage vers l’homme les sourcils froncés, se peignant un regard peu avenant pour le dissuader de tenter une nouvelle fois ce type de geste.
Pourtant, s’il y avait bien une chose pour laquelle Elizabeth était reconnaissante à Wynn, c’était bien sur le fait qu’il n’ait pas cherché à insister sur ce qu’elle avait dit. Il aurait pu en profiter et s’engouffrer dans la brèche pour lui poser tout un tas de questions sur le sujet, mais il semblait qu’il avait comprit que cela n’était pas forcément la meilleure chose à faire avec la violoniste…

Elle ne s’attarda pas plus sur le visage, plus que pâle, du violoncelliste. Elle avait une tâche à accomplir, qu’elle parvint finalement à achever. Non sans se faire une frayeur lorsqu’elle vit le sang envahir la cage thoracique de l’homme, et celui-ci cracher du sang. Alors qu’Elizabeth était toute paniquée, Wynn, lui, conservait le plus grand calme malgré son teint pâle et maladif et tout le sang qu’il perdait. S’il n’était pas aussi mal en point, il serait sans doute déjà en train de rire en se moquant. Mais pourtant c’était une sincère culpabilité et inquiétude qui se peignait sur le visage de la violoniste. Elle épongeait avec lui tout le sang qui se déversait de la plaie, et elle ne put réellement se calmer qu’une fois qu’elle remarqua que la plaie était en voie de rémission.
Plus détendue mais quelque peu honteuse, son trait d’humour fut suivi par le violoncelliste qui ne releva pas son moment de panique, chose appréciable. Il reprenait mot pour mot ce qu’avait dit Elizabeth, et la situation, bien qu’elle ait été critique semblait l’amuser, la jeune femme pouvait le deviner à son sourire.
Mais ce semblant de détente prit fin bien assez vite, lorsqu’Elizabeth réitéra sa demande pour que l’homme enlève sa chemise. La réaction qu’il eut fut purement puérile, voire même de sainte nitouche dans la manière qu’il eut de s’accrocher à sa chemise. Comme s’il était pudique… Et pourtant, la manière dont il avait laissé voir son torse un peu plus tôt prouvait le contraire. Mais Elizabeth n’était ni intimidée par ses grognements, qu’elle commençait à considérer comme habituels, ni par ses crocs qu’il montra… Elle aussi elle en avait, et elle savait s’en servir ! Pour l’heure, elle n’avait ni le temps, ni l’envie de jouer à cela avec Wynn. S’il ne voulait pas se faire soigner, elle n’allait pas lui donner le choix !

Le silence fut plus pesant que jamais lorsque la chemise se rompit sous la force de la violoniste. Mais outre le silence qui régnait c’était surtout l’absence de réaction de Wynn qui inquiétait la belle. Il ne disait mot, se contentant de serrer le poing qu’Elizabeth devinait destiné à son visage si elle osait le provoquer… Loin de là était son idée. Maintenant qu’elle était devant ce sinistre spectacle elle comprenait pourquoi Wynn ne voulait pas lui laisser voir. Il devait redouter ses questions… Et bien plus encore, sans doute ne voulait-il pas montrer cette partie de lui peu encline au ravissement des yeux. C’était comme montrer ses défauts, ses faiblesses… Ce n’était jamais très agréable, et cuisante était la honte lorsqu’elles étaient mise à nu ! Mais le violoncelliste ne devait pas considérer Elizabeth comme une ennemie… Certes il avait ses défauts, mais il restait à l’heure actuelle la seule personne que la violoniste côtoyait de façon « amicale ». On pouvait lui attribuer tous les torts, mais Elizabeth n’avait pas l’habitude de colporter les secrets de chacun sur les toits. Ayant elle-même souffert à travers autrui, elle savait trop bien ce que cela faisait d’être poignardé dans le dos, et elle ne le souhaitait pas pour l’homme. Ce qu’elle venait de découvrir là, elle le garderait pour elle…
Et elle comprit bien le mécontentement de Wynn lorsqu’il lui reprocha de ne jamais rien écouter… C’était bien là l’un de ses défauts les plus irritants ! Mais elle jugeait que son geste était justifié… Elle n’allait tout de même pas laisser l’homme avec une pointe de flèche dans le dos ! A y penser, que préférait-il ? Un inconnu qui découvre ses stigmates au risque de devenir une curiosité médicale, ou bien Elizabeth, qui, malgré sa curiosité tiendrait sa langue et le soignerait ? Même si ça ne lui plaisait pas, la violoniste était la meilleure option qu’il avait… Elle se garda tout de même de lui répliquer quoi que ce soit. Elle avait très bien compris la menace implicite… Il fallait laisser le temps au vampire de laisser digérer cette découverte… En attendant Elizabeth allait devoir se faire toute petite, chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire. Mais d’un autre côté, elle reconnaissait la colère de Wynn comme légitime…

Elle s’aventura tout de même à demander au violoncelliste les raisons de ces marques qu’il portait au dos. Elle ne reçut pas de réponse… Poussant le vice un peu plus loin en lui faisant la remarque sur tous ses secrets qu’il gardait pour lui, elle ne reçut en réponse qu’un regard glacial qui en disait long sur l’état d’esprit de l’homme. Il était près à lui sauter à la gorge, de cela elle était sûre. Sous son regard, elle s’enfonça un peu plus dans le canapé, retrouvant son aspect totalement calme et détaché. Elle n’avait pas envie de s’en attirer encore plus les foudres… Elle fut d’ailleurs soulagée de le voir finalement monter les escaliers vers l’étage… Ce qu’il allait y faire, elle l’ignorait, mais elle n’allait certainement pas le suivre pour le savoir… Il avait peut être besoin de solitude, lui si peu habitué à la compagnie… Tout comme Elizabeth d’ailleurs !
Elle profita d’ailleurs de son absence pour s’approcher un peu du violoncelle de l’homme. Elle qui s’était abstenue un peu plus tôt de toucher l’instrument, laissa cette fois ses doigts courir sur ses cordes. Nu doute qu’il était entretenu avec soin. Un soin presque maniaque… Comme tout le reste de la maison d’ailleurs ! Elizabeth put même s’apercevoir, maintenant qu’elle regardait l’instrument de plus près, que des runes recouvraient le bois. Ce qu’elles signifiaient elle ne pouvait le dire, mais cela donnait un aspect mystique au violoncelle qui n’était pas sans aller avec le caractère de son propriétaire. Si Elizabeth n’était pas si certaine d’accentuée encore plus la mauvaise humeur de son hôte, elle aurait sans doute pris l’archet pour tester chaque son de l’instrument… Mais ses pas se firent entendre dans l’escalier, elle retourna donc à sa place, comme si elle n’en avait jamais décollé…
Elle comprit très vite la raison de son absence lorsqu’il revint propre comme un sou neuf, des vêtements propres et surtout entiers sur le dos…

Il s’activa alors à vouloir tout ranger et nettoyer dans le salon. Elizabeth le regarda faire sans que jamais il ne lui accorde le moindre regard… Elle trouvait cela étrange qu’au milieu de toute cette colère il pense à nettoyer minutieusement tout le sang qu’ils avaient mis dans la maison… Peut être un moyen de passer sa colère… Pourtant ses mouvements indiquaient clairement qu’il était encore fâché, ce qui empêcha Elizabeth de pouffer de rire devant sa maniaquerie. Elle ne fit aucun commentaire, se demandant si elle devait aller l’aider ou non. Il ne s’était pas remis de ses blessures, il n’était pas raisonnable pour lui d’autant bouger… Et pourtant, elle resta immobile sur son canapé… Inutile de rappeler au vampire sa présence… Il semblait en avoir déjà trop conscience malgré son attention particulière à l’ignorer… Elle se demanda d’ailleurs à quelle sauce il allait la manger quand il revint de la cuisine… Mais à son grand soulagement il fit presque immédiatement demi-tour… Pour en revenir avec un nouveau linge propre… Peut être avait-il vu une tâche oubliée, même si Elizabeth se demandait bien comment il pouvait en rester avec toute la ferveur qu’il avait mis à frotter ! Mais ce fut vers elle qu’il s’approcha, l’air peu commode. Instantanément Elizabeth se tassa sur elle-même non pas comme une réaction de peur mais comme un enfant devant son père, alors qu’il savait qu’il avait fait une bêtise. A ce moment elle paraissait si petite face à lui… Si impuissante aussi, presque fragile, et la violoniste en avait atrocement conscience… Elle avait presque l’envie de se fondre au canapé pour se faire oublier. Elle n’avait pas l’habitude de se faire houspiller comme une enfant… Attirer les foudres lui était devenue coutumier, mais cette fois, elle était fautive et se sentait quelque peu coupable ce qui n’arrangeait rien à son affaire… Elle ne chercha d’ailleurs pas à braver le regard qui la foudroyait. Son attitude resta calme d’apparence bien qu’elle resta méfiante, prévenant tout geste vengeur de la part du violoncelliste. C’est avec étonnement qu’elle le vit s’agenouiller devant elle, et c’est dans un mouvement instinctif de défense qu’elle se recula lorsque Wynn tendit le bras vers elle. Elle remarqua très vite qu’il n’était pas dans un but violent, mais pour sa décharge le visage de Wynn ne l’avait guère aidé à le deviner ! Elle se laissa faire comprenant son intention… Elizabeth n’osait pas réengager la conversation, de peur de fâcher plus encore l’homme… Pourtant, lorsqu’il déposa le linge sur la table pour ensuite la fixer sans rien dire, elle ne put rester plus encore dans ce silence pesant.


- Je suis désolée pour ta chemise… et pour le reste, dit-elle d’une voix sincèrement coupable.


Et oui il s’agissait bien d’excuses… Même s’il n’était pas toujours évident de le faire, Elizabeth mettait un point d’honneur à s’exécuter tout de même. Ce n’était pas dans l’intention particulière de voir la colère de Wynn s’apaiser, la violoniste n’était pas de ce genre là… Si seulement elle avait su ce qu’il cachait réellement, sans doute les choses ne se seraient pas passées ainsi… Seulement voilà, elle ne pouvait pas revenir en arrière, seulement regretter ses actes… Il n’y avait rien à ajouter. A Wynn à présent de juger.

Ce ne fut qu’au bout d’un petit moment qu’il se tourna enfin vers le tableau au dessus de la cheminée. Il lui parla alors d’Elizabeth… La violoniste pu clairement identifier toute l’affection qu’il lui portait. Sa voix la trahissait… Elle l’imaginait mal pouvoir avoir autant d’amour pour quelqu’un, lui qui se comportait comme un véritable ours avec les autres, et pourtant toute son attitude lui criait le contraire… Mais ce qui la surprit le plus fut sans doute d’apprendre que sa fiancée lui fut arrachée par son maître. Voilà bien un acte des plus cruels… Arracher son humanité pour condamner un être à souffrir éternellement de la perte d’un être cher… Soit son maître était un être dépourvu de toute humanité, soit la raison de tout ceci devait être autre chose… Elizabeth ne pouvait pas concevoir qu’on puisse infliger cela à quelqu’un par pur plaisir ! Et d’entendre cet homme à l’apparence si forte avoir ce tremblement dans la voix, toute cette douleur exprimée dans ce simple signe, cette simple faiblesse, ne pouvait pas laisser Elizabeth insensible. Elle comprenait la douleur de l’homme. La perte, le deuil… Quand un être était arraché aussi violemment, s’en remettre était une chose bien plus difficile qu’on voulait le croire. Et d’après ce qu’Elizabeth pouvait voir, malgré plusieurs centaines d’années qui étaient passés, cette douleur restait toujours aussi vivace… Et pour le coup, elle ne savait pas quoi faire face à Wynn… Elle se voyait mal le prendre dans ses bras et lui tapoter le dos pour le consoler… Pourtant elle voulait lui dire qu’elle comprenait, qu’elle savait tout le mal que pouvait apporter la perte d’un être aimé. Mais les paroles restèrent bloquées au fond de sa gorge. Seul son regard s’adoucit. Elle tendit alors une main compatissante vers le bras de Wynn mais se ravisa au dernier moment, la laissant retomber et se contentant de dire dans un murmure :


- Je comprends…

A vrai dire, elle n’avait pas osé montrer outre mesure sa compassion, ni osé un geste qui aurait pu paraître comme plus familier… Comme d’habitude, il existait cette barrière invisible qu’elle s’était installé pour se protéger qui l’empêchait toujours d’être proche des autres… une fois encore elle en faisait les frais. Pourtant, c’était la première fois qu’elle s’y risquait presque… Elle ne saurait dire pourquoi, mais cet homme elle parvenait à le comprendre, et à partager sa souffrance… Surement parce que leur vie avait été parsemée toutes deux d’embûches… et qu’il s’y était brûlé ! Ils avaient connus les mêmes souffrances, les mêmes déboires… Ils ne pouvaient que se comprendre !
En tout cas, Elizabeth compris bien que Wynn était loin de porter dans son cœur son maître, ce qui était totalement compréhensible… Au final, il était autant à plaindre qu’elle… Malgré leur divergence d’histoire, ils en avaient tous les deux bavé… Et ils étaient tout deux menés par un fort désir de vengeance ! Ils n’avaient même pas conscience d’à quel point ils se ressemblaient !

Qu’ajouter de plus à tout cela. Wynn s’était assis à côté d’elle puis avait gardé le silence. Elizabeth ne songea même pas à le rompre. A vrai dire, elle était également dans ses pensées, songeant à ce que la violoncelliste venait de lui raconter. Cela n’avait dû être une chose facile, et la violoniste appréciait le fait qu’il se soit un peu ouvert à elle. Seulement elle ne savait pas vraiment comment elle déjà réagir face à ses révélations. Elle n’était pas du genre à montrer ses sentiments, bien qu’il y en ait eu une esquisse quelques minutes plus tôt… Mais à présent devait-elle dire une parole gentille à Wynn ? Essayer de lui remonter le moral ? Lui dire que tout s’arrangerait ? Ça ce serait sûrement le type de discours qu’il n’aimerait pas entendre !

Ce fut le rire nerveux de l’homme qui la tira de ses pensées. Sa remarque eu l’effet d’un sceau d’eau froide… C’était vrai… Ressentir encore ce genre d’émotions les rendait plus humains que ce qu’ont pouvait dire… Que ce qu’Elizabeth pouvait croire… Mais était-ce idiot de ressentir des émotions pour quelqu’un ? Non… Risqué, certes, mais naturel. C’était dans l’ordre des choses de ressentir des choses pour autrui, il était dur pour n’importe qui de se construire une muraille contre eux… C’est ce qu’avait tenté de faire Elizabeth, et pourtant… chaque jour elle sentait cette barrière s’effriter un peu plus au contact du violoncelliste.
Elle soupira.


- Ce n’est pas idiot, c’est humain… C’est bien là quelque chose contre lequel on ne peut rien faire, même avec toute la volonté du monde !


Mais tandis qu’elle parlait, Elizabeth pu capter chez l’homme un changement d’attitude notable. N’écoutant même pas ce qu’elle avait à dire, il commença à se rapprocher vers elle, posant une main sur le canapé, et une autre sur l’accoudoir, lui coupant toute échappatoire. La voix de l’homme changea de tonalité tandis que son regard glissait vers le cou de la jeune femme. Lorsqu’elle s’en aperçu, elle sentit son cœur s’emballer, et l’angoisse la saisir. Si Wynn se laissait aller à sa soif ainsi, Elizabeth ne pourrait rien faire contre lui. Même blessé, il restait bien plus fort qu’elle ! Même en se débattant de toutes ses forces elle ne pouvait pas espérer sans sortir indemne ! Elle s’imaginait déjà gisant sur le canapé, vidée complètement de son sang, et cette pensée la fit pâlir plus encore. La seule personne qui avait posé ses crocs sur son cou avait été son maître… Cela avait été une expérience douloureuse qu’elle n’avait pas envie de reproduire !
Elle se tassa un peu plus sur elle-même, sa voix assurée n’exprimant pas du tout la crainte qu’elle avait d’être mordue :


- Wynn, contrôle-toi ! Ce n’est pas ce que tu veux !

Du moins elle l’espérait ! Mais lorsque la main de l’homme se posa dans son cou, elle ne put s’empêcher tout son être de s’affoler. Ses yeux s’écarquillèrent tandis que sa main venait taper dans le bras de l’homme pour l’éloigner de son cou. S’avisant qu’elle ne pourrait pas lui faire grand mal elle songea qu’il n’y aurait qu’une façon de lui ramener les pieds sur terres… Elle frappa l’homme à l’épaule, à l’endroit précisément où il y avait eu la balle quelques temps plus tôt. Elle n’y avait pas mis grande force, le but n’était pas de rouvrir sa blessure mais bien que sa soif soit remplacée par le rappel de sa plaie… Et cela sembla fonctionner lorsque brusquement l’homme s’éloigna d’elle, horrifié. Immédiatement la jeune femme se leva elle aussi, sortant de cette prison qu’avait été le sofa… L’homme s’excusait de la perte de contrôle qu’il venait d’avoir, semblant réellement désolé et surprit de ce qu’il venait de faire. Mais après tout, après tout le sang qu’il venait de perdre sa réaction était plutôt normale… Même si elle n’était pas pour plaire à Elizabeth dont le cœur semblait avoir du mal à se remettre de cette montée d’adrénaline. Tout les deux semblaient avoir établis une distance de sécurité mutuelle… Wynn lui proposa même de partir, pour sa propre sécurité…

Elizabeth garda le silence quelques instants avant de partir à grands pas vers le hall d’entrée et récupérer son manteau sur la patère. Le passant sur ses épaules d’un geste vif, elle ne mit pas longtemps à sortir du manoir de Wynn… Son pas rapide ne ralentit pas jusqu’à ce qu’elle trouve ce qu’elle était venue chercher… Silencieuse comme un chat, un pauvre homme n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait qu’il gisait déjà au sol, assommé. Car oui, Elizabeth n’avait pas fui le manoir par peur ou par colère, bien qu’elle n’ait pas vraiment appréciée d’être prise pour repas, mais bien pour ramener de quoi étancher la soif de l’homme, de crainte d’un autre accident. Le soleil n’allait pas tarder à se lever, et avec les blessures qu’il avait subit, il n’aurait guère été sage de laisser partir Wynn chasser… Il ne lui restait plus que cette option… Elle s’attela donc à ramener le corps jusqu’au manoir. A cette heure-là il n’était pas essentiel qu’elle fasse attention de ne pas se faire voir. Elle avait déjà eu de la chance de tomber sur un humain… Mais vu l’odeur d’alcool qu’il dégageait, elle devinait aisément qu’il venait de terminer la tournée des bars…

Elle ramena donc le corps jusque dans la résidence de Wynn, retrouvant l’obscurité des lieux. Délaissant le corps à l’entrée, elle passa la tête par la porte du salon, s’avisant que l’homme n’était plus là… Il avait du croire qu’elle avait décampé, terrifiée… Mais non, il ne s’était écoulé qu’une quinzaine de minutes depuis son départ. D’une voix assurée elle appela alors :


- Wynn !

Peut être l’avait déjà entendu entrée… Dans tous les cas, elle regarda voir s’il ne se trouvait pas dans les autres pièces de la maison… Jusqu’à ce qu’elle tombe sur une pièce dans laquelle se trouvait un magnifique piano… Curieuse, elle ne put s’empêcher de rentrer dans la pièce, se disant que de toute façon, le vampire avait du l’entendre lorsqu’elle l’avait appelé. Elle laissa alors sa main courir sur le bois vernis du piano pour arriver sur son couvercle, pour ouvrir le couvercle du clavier, comme on ouvre le couvercle d’une boîte au trésor ! Les touches d’un ivoire étincelant étaient bien comme dans les souvenirs d’Elizabeth… S’asseyant sur le petit tabouret, elle positionna alors ses mains dans un premier accord avant d’appuyer… S’éleva alors un accord mineur qu’elle reconnut, immédiatement… Puis un autre vint… et ensuite de suite jusqu’à ce qu’une mélodie se forme. La violoniste ne savait pas jouer du piano sauf cette mélodie, ce morceau… Une berceuse qui portait son nom. Personne ne pouvait la connaître… La raison en était simple, c’était sa mère qui l’avait composé. Ses dons de musicienne, Elizabeth ne les tiraient pas du hasard. Sa mère était promise à un brillant avenir de pianiste jusqu’à ce que la couronne requière ses services… A la naissance de sa fille, elle avait composé cette musique. Ce fut les rares fois qu’elle fut présente à la maison qu’elle lui apprit à la jouer. Alors, pendant son absence, Elizabeth s’était appliquée à s’entraîner pour la jouer toujours mieux encore lorsque sa mère revenait… C’était la seule chose qu’elle lui avait apprise, les seuls moments qu’elles avaient partagé ensemble…
Elizabeth était contente de voir qu’elle s’en souvenait toujours, même si pour elle jouer cette musique lui évoquait des moments tristes… De voir un piano chez Glen lui avait donné envie de retoucher à ces touches ivoires. Même si elle ne le chérissait pas autant qu’un violon, c’était toujours un instrument qu’elle trouvait fascinant. Encore une fois elle était concentrée dans ce qu’elle faisait, et même si le morceau n’était pas d’une grande difficulté technique, il s’en restait pas moins qu’elle s’appliquait sur chaque nuance. En soi, cette mélodie était un mélange plutôt étonnant de sensation passant parfois d’un sentiment cotonneux de calme et de douceur à quelque chose de plus nostalgique et obscure. Cette mélodie exprimait bien toute la dualité qui avait existé chez la famille Mc Cartney…

Elle ne s’arrêta que lorsque le dernier accord fut posé pour se rendre enfin compte que Wynn était là, dans l’encadrement de la porte. Un sourire amusé s’afficha alors sur ses lèvres tandis qu’elle répliquait immédiatement ironiquement :


- Et non je n’ai pas fui toute apeurée…

D’un mouvement de tête, elle désigna d’un mouvement de tête la direction du hall d’entré de l’homme.


- Je t’ai rapporté de quoi clore l’incident de tout à l’heure… J’aimerais autant que ce qu’il s’est passé tout à l’heure ne se reproduise plus, autant pour mon bien que pour le tien…


Le ton était donné. Ce n’était pas une menace, mais plutôt un avertissement. S’il recommençait à avoir des vu sur son cou, l’homme risquait fort de se heurter à une farouche résistance de la jeune femme…
Pour l’heure, elle n’allait pas l’accompagner jusqu’à sa victime… Sa soif s’était tenue plutôt tranquille jusque là… Il n’était pas bon de la provoquer outre mesure… Elle préférait de loin s’amuser à pianoter sur l’instrument en l’attendant, telle une gamine émerveillant devant ses cadeaux au matin de noël…
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeDim 17 Fév - 22:59

La tête penchée en avant et les poings serrés, Wynn imaginait mille et une façons de réduire Elizabeth en charpie. Chaque geste qu'elle faisait lui arrachait un frisson de douleur et sentir ses doigts effleurer ses stigmates le révulsait. Ce n'était pas le contact des mains de la jeune femme qui le dégoûtait mais bien la conscience physique de ces immondices sous sa peau. Certains boursouflaient hideusement sa peau, faisant de son dos une curiosité tout à fait morbide et de son quotidien un véritable calvaire. Cette faiblesse, l'assassin la haïssait et la dissimulait comme il le pouvait, en contenant des grimaces douloureuses et gardant un visage impassible la plupart du temps. Et il cachait cela à la perfection ! Peu de gens se doutaient qu'il cachait un si lourd fardeau, d'autant que le Vampire ne côtoyait pas énormément ses semblables. Il se sentait mis à nu, observé, détaillé... Et il avait horreur de cela. A quoi pouvait bien penser Elizabeth ? Wynn ignorait que sa première réaction avait été l'horreur, imaginant à quel point cela devait être douloureux.

Mais il lui en voulait. Il lui en voulait sincèrement pour avoir agit de la sorte, pour avoir délibérément choisit d'ignorer son avertissement, pour avoir profité de sa faiblesse physique... Cependant, ses poings se détendirent après qu'il lui eut sifflé sèchement quelques mots. Elle ne faisait que l'aider, tous ses gestes partaient d'une bonne intention... Il n'aurait pu rester ainsi avec une pointe de flèche dans le dos, il se serait affaiblit continuellement et n'aurait plus été aussi efficace. Il lui devait beaucoup, elle lui avait sauvé la vie, après tout... Mais à quel prix ? Elle connaissait sa plus grande faiblesse, et même si elle en ignorait l'origine, si un jour il lui venait l'idée de se débarrasser de lui, elle n'aurait qu'à le poignarder dans le dos, en tout connaissance de cause. Devait-il seulement se méfier d'elle ou bien instaurer une véritable distance entre eux ? Etrangement, Wynn avait envie de faire confiance à Elizabeth. Plus que de l'envie il en avait besoin. Avec qui avait-il vraiment parlé, ces derniers temps ? Ses commendataires se contentaient généralement de lui écrire et de le payer, certaines n'échangeaient que quelques mots avec lui. Avec Rosalia, il n'avait finalement pas eu le temps de beaucoup parlé. Et si elle savait pour le mal qui le rongeait, elle ignorait bien des choses qu'Elizabeth savait. Quant au Comte, à part se montrer ouvertement insolent voire insultant avec lui, Wynn n'avait pas dit grand chose... Seule la jeune Vampire avait su le comprendre mieux que quiconque. Et elle le prouvait encore en ne posant aucune question et en se contentant de le soigner.
Son interrogation ne tarda pas à tomber, et elle ne dut pas être étonnée de l'absence de réponse de la part de Wynn, mais avait-il seulement besoin de parler pour lui montrer à quel point le sujet était délicat ? Non, bien évidemment. Tous deux n'avaient pas vraiment conscience des points communs qui les liaient et les dressaient en même temps l'un contre l'autre. Ils avaient choisis de se laisser du temps pour s'apprivoiser plutôt que de choisir immédiatement de se mordre mutuellement pour prouver leur force.
Qu'avaient-ils à y gagner ? Beaucoup. Énormément, même. Une oreille attentive prête à écouter, un tempérament réservé et secret prêt à garder n'importe quel secret, une présence, quelqu'un sur qui compter, pourquoi pas ? Ils avaient tout deux besoin de ce pilier solide sur lequel s'appuyer, cette confiance aveugle l'un dans l'autre qu'ils avaient refusé d'accorder à qui que ce soit de peur d'en souffrir. Car si la solitude et la douleur les avait rendu profondément hermétiques aux relations sociales, ils n'en restaient pas moins tous deux incroyablement loyaux et fidèles. Mais comment le voir alors qu'ils peinaient chacun de leur côté à aligner trois mots ? Au contact d'Elizabeth, Wynn commençait à comprendre que son mutisme centenaire ne le menait à rien. Sa solitude ne lui avait jamais autant pesé sur les épaules, et n'arrivait pas à déterminer s'il devait en être inquiet ou soulagé.
Après tout... Il était censé lui apprendre à se contrôler et à maîtriser ses pouvoirs, pas se lier d'amitié avec elle. S'y attacher leur attirerait peut-être des ennuis et cela, Wynn préférait l'éviter. Mais d'un autre côté, il appréciait la présence de la jeune femme, et ce malgré certains de ses gestes plutôt brusques.

Ruminant tout un tas de pensées contradictoires, Wynn était allé changer de tenue, laver ses blessures, était redescendu, avait rageusement et maniaquement rangé son séjour, avant de se présenter à nouveau devant Elizabeth, le regard mauvais. Mais sans gestes brusques, il avait nettoyé son front souillé par le sang, tout en gardant le silence. La jeune femme fut la première à le rompre, en lui présentant des excuses. Un instant l'assassin se figea dans son geste, puis continua. Il s'en fichait, de sa chemise, il en avait bien d'autres. Le geste, c'était autre chose. Mais il ne lui fit aucun reproche et se contenta de hocher la tête. Après tout, elle s'excusait et avait l'air sincèrement peinée par ce qu'elle avait vu. Elle avait comprit, il était inutile de se montrer plus rancunier que cela. Et il lui faisait confiance sur une chose : Elle n'irait pas répéter cela sur tous les toits.

Après un long moment de silence, Wynn consentit à parler de sa fiancée à Elizabeth. En parler avait ravivé cette vieille douleur, celle là même qu'il avait apprit à apaiser par le sang et les meurtres, celle qu'il espérait voir disparaître une fois son maître mort. Et puis elle avait justement fait resurgir cette haine viscérale, cette volonté presque entêtante de faire la peau au vieux Vampire.
S'il l'avait pu, et s'il y avait cru, Wynn aurait sans hésité vendu son âme au Diable pour avoir ne serait-ce qu'un renseignement au sujet de son maître. Il en venait à désespérer de le retrouver un jour et plus que tout, il espérait qu'il soit encore en vie. Imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde qu'un autre ai pu le tuer le mettait hors de lui et il préférait ne pas y songer. Ce Vampire était sa proie, sa vengeance, son besoin maladif d'en découdre. Et s'il s'avérait qu'il n'était finalement pas à Londres, Wynn comptait bien mettre la clé sous la porte et suivre le premier indice qu'il trouverait. Le violoncelliste avait envisagé tant de scénarios, tant de possibilités différentes d'en découdre... Mais il avait conscience d'une chose. Si en tant qu'assassin il faisait preuve de minutie et de patience, il savait que face à cet homme, seule l'envie de le réduire en charpie lui reviendrait. Quitte à s’entre tuer, il préférait le faire dans un bain de sang et de tripes, même s'il devait y laisser la vie à son tour. Wynn gardait de son maître cette image effroyable du Vampire sanguinaire égorgeant sa proie, de la créature monstrueuse et inhumaine assouvissant son besoin de sang et de cruauté. Mais cela, il se garda bien de le dire à Elizabeth. Il ne donna d'ailleurs pas tous les détails concernant son maître. Lui avouer qu'il était la seule personne au monde que Wynn craignait n'aurait en rien servit à la jeune femme, et lui ne souhaitait pas lui exposer une autre de ses faiblesses.

L'assassin resta donc très évasif au sujet de son maître et de ce qui l'avait amené à faire de lui un Vampire. Qu'en avait-elle à faire, après tout ? Elle devait probablement avoir comprit à quel point Wynn avait put aimer sa fiancée. Malgré sa voix grave et monocorde, un léger tremblement demeurait en son timbre, et son visage s'était crispé de douleur. Malgré les deux cents ans qui les séparaient, il ne parvenait pas à oublier son visage, son parfum, le son de sa voix... Mais tout cela n'avait laissé en lui qu'un vide profond qu'il n'avait même pas cherché à combler et à oublier. Il avait préféré se focaliser dessus et laisser la haine l'envahir plutôt que de chercher à tourner la page. C'était dans son tempérament, Wynn ne pouvait tolérer que ce crime reste impuni. Il s'en fichait bien d'avoir été changé en vampire, sa condition lui importait bien peu et étrangement, l'éternité ne lui avait jamais pesé sur les épaules. Il n'était ni mélancolique de son existence humaine, ni jaloux des humains. Il n'était nostalgique que de son amour perdu et rongé par la haine et la rancoeur. Quand tout serait terminé, quand il aurait tué son maître ou quand il aurait comprit qu'il ne le retrouverait pas, peut-être sentirait-il brusquement le poids des années sur ses épaules.

A la grande surprise du Vampire, Elizabeth ne se lança pas dans un long discours plein de bonnes intentions sirupeuses et de paroles moralisatrices qui n'auraient fait que l'exaspérer. Elle ne le prit pas non plus dans ses bras en tentant de le réconforter, ce à quoi il aurait probablement répondu en grognant, non... Elle se contenta de lui dire qu'elle comprenait. Et ces deux mots eurent bien plus d'impact sur l'assassin que quelques envolées lyriques ridicules. Elle avait conscience de sa douleur, de la difficulté qu'il éprouvait à lui parler de tout ça, et cela lui suffisait ! Elle ne s'en doutait peut-être pas, mais le violoncelliste lui était reconnaissant de ne pas poser plus de question ou de ne pas avoir l'air faussement compatissante. Son regard et ces quelques mots suffisaient, il n'avait pas besoin de plus pour comprendre qu'elle avait de la compassion pour lui. Sur ce point, ils se ressemblaient. Il préférait le silence et les regards à n'importe quelle parole hypocrite.

Mais l'heure n'était pas à ce genre de réflexions car déjà, Wynn oubliait ce qu'il venait de dire en voyant la gorge si douce et appétissante d'Elizabeth.
Tout se passa si vite qu'il ne comprit pas tout, et en quelques secondes, il était contre le mur, regardant la jeune femme avec effarement. Toutes ces années de contrôle irréprochable venaient de voler en éclats et faisaient flancher sa détermination. On lui avait pourtant apprit une chose fondamentale : C'était lui qui contrôlait sa soif et non l'inverse. Il avait entendu ce que la jeune femme avait dit, il n'avait même pas saisit que c'était son geste sur son épaule qui l'avait ramené à la réalité. La douleur lui semblait lointaine, et tout bourdonnait à ses oreilles. Il s'en était fallu de peu... Il avait manqué de perdre totalement le contrôle et de mordre Elizabeth. Et que ce serait-il passé ensuite ? Serait-il redevenu cette bête sanguinaire à l'instinct animal et impossible à arrêter qu'il avait été à ses débuts ? Le fait d'y songer à nouveau fit frissonner le Vampire de dégoût. Se sentir dominer par sa propre nature le révulsait, et il fut presque soulagé de voir Elizabeth sortir de chez lui à grands pas.

Il le savait, son départ était une très mauvaise chose pour lui, il ne tarderait pas à en avoir les retours, et d'un autre côté, il aurait aimé qu'elle l'aide, mais il était allé trop loin et ne pouvait se permettre de lui demander quoi que ce soit à présent. Wynn n'était pas habitué à perdre ainsi le contrôle et à se sentir à ce point attiré par le sang. Mais il était si faible, il avait tellement faim que la moindre goutte de sang aurait à présent pu le rendre fou. Avec difficultés, le Vampire gagna l'arrière cuisine, où il se mit à chercher désespérément quelques blood tablet. Il les avait en horreur et elles ne le nourrissaient pas assez mais elles auraient du suffire à lui donner assez de force pour chasser. La soif commençait à prendre le dessus sur sa volonté, il sentait la Bête grogner à l'intérieur de son corps, prête à prendre le contrôle pour se jeter sur la première créature vivante qui aurait le malheur de croiser son chemin. L'idée devenait entêtante, la soif lui martelait le cerveau et lui dévorait les entrailles, c'était insoutenable. Wynn ne s'était pas retrouvé dans une telle situation de faiblesse depuis bien longtemps, et il n'allait pas tarder à en perdre le contrôle. Mais il s'y refusait, et sa volonté aurait raison de la faim, même si cela devait le rendre fou.

Après avoir tout retourné dans l'arrière cuisine, l'assassin dut se rendre à l'évidence. Il n'y avait plus rien de comestible pour lui sous son toit. Il n'avait plus d'autre choix, il devait sortir et affronter ainsi la foule qui devait encore se presser à Trafalgar, devant le grand théâtre.
Mais alors qu'il allait sortir de la pièce pour regagner l'entrée, Wynn perçut un grincement sur le parquet, suivit d'un frottement, comme un lourd paquet qu'on aurait traîné au sol. Attentif, il ne mit pas longtemps à reconnaître l'aura d'Elizabeth et sa voix lorsqu'elle l'appela. Mais pourquoi était-elle revenu ? Elle savait le violoncelliste dangereux, pourquoi n'avait-elle tout simplement pas fuit ? Wynn poussa un profond soupir et ne répondit pas à la jeune femme. Il allait sortir de la pièce, la rejoindre et tout faire pour qu'elle fuie en vitesse et surtout pour lui faire passer l'envie de revenir. Il était prêt à la menacer ou à se montrer ouvertement agressif si cela pouvait lui sauver la vie.

Mais il n'en eut ni la force ni l'occasion. Car lorsqu'il parvint près de l'entrée, qu'il vit l'homme assommé et empestant l'alcool, et comprit qu'Elizabeth n'était partie que pour lui ramener quelques nourritures et l'aider. Le geste et l'intention plurent au Vampire, qui allait se pencher sur l'homme inerte lorsque des notes de piano le détournèrent de son intention première. Il oublia totalement le corps gisant à ses pieds et se dirigea machinalement vers le petit salon excentré où reposait un piano quart de queue. Son bois vernis semblait assez ancien, et les pieds arboraient des gravures et sculptures d'une autre époque. L'ivoire des touches était brillant et avait miraculeusement résisté au jaunissement qu'apportait le temps, et l'instrument avait été accordé depuis peu.
Pourtant, et malgré la maniaquerie de Wynn, une fine pellicule de poussière s'était déposée sur le plateau du piano. L'assassin ne venait que rarement dans cette pièce, et jouait encore moins souvent. Le clavier lui rappelait trop sa fiancée, et lorsque ses doigts en parcouraient la surface, ils retrouvaient instinctivement les accords des compositions qu'ils avaient créés ensemble. Ce n'est pas tant la douleur qui l'envahissait alors mais bien la culpabilité. Wynn s'était toujours sentit et rendu responsable de ce qui était arrivé à sa fiancée. Mais il chassa bien vite cette pensée morose, dédaignant cette nostalgie qu'il haïssait tant, et se concentra sur ce qu'Elizabeth était en train de jouer. La musique avait toujours eu le don de l'apaiser, et lorsqu'il était en colère, le meilleur moyen pour le calmer était encore de lui jouer quelque chose.
Le Vampire eut beau chercher, il ne reconnu pas l'oeuvre interprétée par la jeune femme, et finit par en déduire qu'il devait s'agir d'une création personnelle. L'air était triste et emprunt d'une mélancolie certaines, de douloureux accords mineurs côtoyaient de chaleureux accords majeurs, et le tout se mariait dans une harmonie des plus agréables. Il n'était pas question ici de vitesse ou de virtuosité, tout résidait dans l'émotion et le doigté. Et Wynn en était certain, ce morceau représentait plus qu'un alignement de notes pour Elizabeth. Il devait symboliser quelque chose pour elle, elle y mettait du cœur, cela se sentait dans son jeu et dans son attitude.

Appuyé contre le chambranle de la porte, l'assassin attendit qu'elle ait finit, sans dire un mot, se nourrissant simplement de la musique. Il en oublia presque sa soif grandissante, et soutint le regard de la demoiselle lorsqu'elle se tourna vers lui avec un sourire. Il ne tarda pas à baisser les yeux, sincèrement peiné. Il s'en voulait de l'avoir mise en danger, tout comme il s'en voulait d'avoir perdu le contrôle. Lui dire que cela ne lui était pas arrivé depuis les premiers mois ayant suivis sa transformation n'aurait servit à rien, aussi se contenta-t-il d'un murmure.


-Merci...

Il n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'Elizabeth comprenne qu'il s'en voulait sincèrement. Il n'avait pas souhaité l'amadouer, tout comme il n'avait pas cherché délibérément à lui nuire. Il aurait pu lui en vouloir de ne pas être partie, pour son propre bien, mais il était curieusement soulagé de la savoir encore sous son toit. Se répandre en excuses... A quoi bon ?
Touché par la musique, Wynn prit le temps de complimenter la demoiselle sur son interprétation.

-C'était magnifique. Ce que tu viens de jouer... Je ne connais pas cette oeuvre mais... Tu as l'air de savoir trouver l'émotion que n'ont pas tous les musiciens...

L'assassin hocha la tête lorsqu'elle lui parla de l'homme qu'elle avait ramené, et tourna la tête dans sa direction.


-Je te remercie... Je suis bien obligé d'avouer que j'aurais eu du mal à m'en sortir seul..., dit-il d'une voix qui se voulait plus enjouée.

L'incident était terminé, il fallait passer à autre chose. Le violoncelliste alla s'agenouiller prêt de l'ivrogne, qui commençait à remuer en grognant dans son sommeil. Il empestait un mélange de bière, d'absinthe et whisky frelaté. Le mélange fit grimacer le Vampire et se demanda comment l'homme pouvait encore tenir debout lorsque la jeune femme l'avait assommé. Pourtant, Wynn avait l'habitude des sangs alcoolisés. Son quartier de chasse favori restait Chinatown, où il trouvait des opiomanes et amateurs d'absinthe si perchés que les attraper était un jeu d'enfant. Mais il aimait la saveur que prenant le sang lorsqu'il était imbibé de ce genre de substances, et sa nature ne lui permettait plus d'en consommer à l'état pur, Wynn profitait alors du sang. Il y était habitué, mais ce soir, il était faible, et n'avait pas non plus très envie de se soûler en présence d'Elizabeth.


-Elizabeth ! Viens voir, s'il te plais !

Le Vampire attendit que la jeune femme l'ai rejoint pour lui désigner l'homme. Quitte à se nourrir, il pouvait bien lui enseigner ce qu'il savait, et il sentait d'humeur pédagogue, peut-être par culpabilité.

-Je me doute que tu as du attraper le premier homme passant mais... Dès que tu sens cet odeur d'alcool sur eux, fuis-les. L'alcool est un véritable poison pour nous, surtout pour un Vampire aussi jeune que toi. J'ai... L'habitude de ce genre d'homme, mais tant que tu le peux, évite les. Privilégie un sang sain, celui ci te rendrait malade ! Ajouta-t-il avec un léger sourire.

Ce n'était bien sûr pas un reproche. Il lui était reconnaissant pour son geste, et ne cracherait pas sur cet homme qu'elle lui avait ramené, mais il en profitait pour ajouter quelques éléments à son éducation. Il faisait un gros effort en agissant ainsi. D'ordinaire très réservé et peu enclin à partager ce qu'il s'avait, Wynn agissait ici spontanément et avec beaucoup de bonne volonté, chose peu habituelle chez lui.
C'est l'instant que choisit l'homme pour se réveiller, se massant le crâne en se redressant.


-Mgh... Où suis... Qui êtes-vous ? Demanda-t-il aux deux vampires, l'air un peu hagard.

Immédiatement, Wynn se pencha vers lui en lui intimant le silence d'une façon ferme et suffisamment menaçante pour que l'homme se taise
.

-Et arrange toi toujours pour qu'ils ne gesticulent pas dans tous les sens...

A terre, l'assassin attrapa l'homme qui tentait de se débattre et coinça ses bras entre ses jambes, lui coupant toute retraite. Il lui plaqua une main sur la bouche pour l'empêcher de hurler, et lui saisit un poignet. Conscient que la vue du sang gênerait sûrement Elizabeth, il se tourna, lui faisant dos, et mordit le poignet de l'homme. Il n'avait pas l'intention de le tuer, et il se contenta de quelques gorgées de sang. Celui-ci avait un goût âcre et amer d'alcool bon marché, et si sa soif sembla un peu se tarir, Wynn n'éprouva aucun plaisir à boire ce sang. La mine dégoûtée, il lâcha l'homme et se tourna à nouveau vers Elizabeth, non sans avoir omis d'effacer toutes traces de sang sur ses lèvres.

-Je sais que tuer des humains te rebute... Tu es jeune, tu te sens encore proche d'eux. Mais tu n'auras pas toujours le choix. En revanche, si tu souhaites leur laisser la vie sauve, assure-toi toujours qu'ils t'oublient le plus rapidement possible...

L'assassin se pencha à nouveau vers l'homme, qui avait reculé vers le mur, tétanisé. Agenouillé face à cette pauvre créature recroquevillée sur elle même, le Vampire semblait soudain bien impérieux, mais il n'avait plus l'air menaçant. Il saisit le bras de l'homme, le força à se redresser et le regarda droit dans les yeux. Wynn avait apprit à utiliser les dons naturels de persuasion des vampires, et même s'il lui arrivait rarement s'en user auprès des humains, il savait encore amadouer un esprit faible. A vrai dire, l'assassin n'aimait pas beaucoup ce genre de pratiques, mais Elizabeth pouvait avoir besoin d'en user. Le regard du Vampire sembla se voiler, et l'humain prit une expression plus détendue, comme s'il était attentifs à chaque faits et gestes de Wynn.

-Tu as trébuché et t'es cogné la tête... Tu ne nous as jamais vu, tu ne sais pas qui nous sommes, mais tu sais qu'à partir de ce soir, tu y réfléchiras à deux fois avant de boire...

La voix du Vampire était ferme mais douce, et l'homme hocha la tête, comme s'il avait parfaitement comprit. Bientôt le lien se rompit, et il secoua la tête et ne tarda pas à tourner de l'oeil, le manque de sang l'ayant tout simplement assommé. Il avait probablement déjà oublié l'existence de des deux Vampires, mais il ne se souviendrait sûrement pas non plus de l'avertissement de Wynn. Il était capable de lui effacer quelques souvenirs, mais l'hypnotiser, c'était autre chose. Il se releva en poussant un soupir.

-Avec un peu d'entraînement, tu pourras aisément effacer quelques souvenirs chez un humain. La plupart ont l'esprit totalement ouvert, mis à nu, et ne savent pas protéger leurs souvenirs. Effacer ton visage sera un véritable jeu d'enfant si tu prends le temps de t'y exercer. Mais méfie toi toujours des esprit aguerri et plus encore des Vampires. Certains seraient capables de retourner cela contre toi. Ferme ton esprit au leur, interdis en l'accès et tu seras intouchable.

Wynn était conscient des années de pratique cela nécessitait, et l'impuissance d'une si jeune Vampire face à un membre de leur race bien plus âgé, mais elle avait besoin de savoir tout cela, même si son maître lui avait probablement déjà touché quelques mots. Se penchant, Wynn ramassa l'ivrogne en grognant et le hissa sur son épaule, masquant au mieux sa grimace. De sa main libre, il jeta sa veste sur son épaule et ouvrit la porte d'entrée.

-J'imagine que tu n'as pas très envie de voir ce que je vais faire, dit-il en lui lançant un regard qui en disant long sur ses intentions. Tu n'as qu'à m'attendre ici, si tu veux...

Il passa la porte, traversa la petite allée, referma le portail de fer noir derrière lui et s'avança dans les allées sombres du quartier. Il aurait bien sûr comprit si Elizabeth était partie, mais il avait l'intuition qu'au lieu de cela, elle le suivrait.
Après plusieurs rues, Wynn trouva un banc, sur lequel il allongea l'homme endormit. Il ne se souviendrait probablement pas de sa soirée et se réveillerait en pensant s'être endormit après un ou deux verres de trop. Après s'être assuré qu'il ne se réveillerait pas tout de suite, Wynn enfila sa veste et se tourna vers l'autre bout de l'allée avec un léger sourire. Il ne la voyait pas, mais il sentait encore la présence d'Elizabeth, et il fit mine de ne pas s'en soucier.

Bientôt, le Vampire oublia tout ce qui se trouvait autour de lui pour focaliser chacun de ses sens sur une proie. La nuit disparue, la ruelle également, il ferma les yeux et ne fit plus confiance qu'à son odorat et son ouïe. Non loin, il y avait un parc. Il entendait le hululement d'une chouette et le clapotis de l'eau bercé par la brise nocturne. Plus loin, les seaux d'eau jetés sur les poutres enflammées qui venaient à choir aux pieds de Milte & co. Il sentait encore l'odeur du bois vermoulu et brûlé. Et une rumeur, faible et pourtant vive... Des discussions. Prêt de la place de Trafagar, les attroupements se dispersaient, il ne devait plus rester qu'une petite dizaine de personnes. Il était tard, tous se pressaient à rentrer malgré les événements, et Wynn commença à s'avancer silencieusement vers la place, conscient de l'heure qui tournait et le rapprochait un peu plus à chaque minutes de l'aube.
Sur les pavés, les pas du Vampire se firent feutrés, et il ne tarda pas à se fondre dans l'ombre, presque invisible. Il n'entendait plus que les battements de son propre cœur et sa respiration posée, et il se coula le long du mur, attendant patiemment. Il avait entendu le groupe sur la place se disperser, probablement des riverains en quête de renseignements. Chacun semblait rejoindre son logis. Plusieurs étaient montés dans une voiture, deux autres continuaient de discuter sur la place, un petit groupe était partit dans la direction opposée, et il y en avait une, qui s'approchait à petits pas pressés de la ruelle où Wynn s'était posté. Il entendait sa longue robe frotter le sol et les talons de ses chaussures marteler le pavé. A son parfum bon marché, l'assassin en déduisit qu'il s'agissait sûrement d'une petite bourgeoise coquette en quête de ragots, une petit curieuse qui regrettait malheureusement de s'être aventurée seule la nuit. Mais peut-être avait-elle un tempérament d'aventurière, peut-être trouvait-il un plaisir quelconque là dedans... De cela, Wynn s'en fichait éperdument. Focalisé sur la femme, il percevait à présent sa respiration et entendant son cœur battre frénétiquement dans sa poitrine. Plus que quelques pas, et elle serait à sa portée, cachée dans l'ombre.

Lorsqu'il la sentit à sa hauteur, Wynn attrapa la femme et plaqua immédiatement une main sur sa bouche pour l'empêcher de hurler. De son autre main, il immobilisa ses bras en les tenant fermement le long de son corps. Elle lui tournait le dos et ne pouvait donc pas voir son visage, mais le Vampire ne fit pas le moindre geste violent à son encontre, se contentant de la rassurer en lui murmurant quelques mots pour qu'elle arrête de se débattre. Bientôt elle sembla se calmer, mais le violoncelliste sentit des larmes s'écraser sur sa main et tout son petit chétif trembler entre ses bras puissants. Elle devait avoir entre trente cinq et quarante ans, la matière que Wynn sentait sous ses doigts confirmait son hypothèse sur son origine sociale, et elle avait de longs fins un peu gras. Mais peu lui importait, elle semblait bien plus délicieuse que l'ivrogne.
Doucement, sans brusquerie, Wynn se pencha sur la gorge de la bourgeoise, huma son parfum, et plongea ses crocs dans sa chair tendre. Elle se débattit comme elle pu, luttant instinctivement pour sauver sa vie, mais la poigne du Vampire était telle que bientôt elle n'eut plus la force de faire le moindre mouvement. Elle cessa rapidement de trembler, ses genoux fléchir, incapable de supporter plus longtemps son poids, et ne fut plus qu'une poupée inerte entre les mains de la créature. Hormis sa pâleur, elle semblait dormir paisiblement dans les bras de l'assassin, qui la prit doucement dans ses bras pour la porter.

Il fallait à présent qu'il dissimule le corps, comme il le faisait à chaque fois. En une soirée, Elizabeth avait pu observer plus d'un geste étonnant de la part de Wynn, notamment cette facilité qu'il avait d'immobiliser ou tuer les humains. Elle devait probablement se demander quelles autres activités bien moins innocente que la musique il pouvait pratiquer... Mais cela importait peu au Vampire, qui réfléchissait à présent à un endroit où faire disparaître la femme qu'il venait de mordre. Il pensa immédiatement à la Tamise, puis au Waterloo Bridge. On comptait bon nombre de noyades prêt de ce pont, son méfait passerait inaperçu. Agir ainsi pouvait paraître assez inhumain de sa part, mais Wynn n'avait plus beaucoup de compassion pour les Hommes depuis bien longtemps.
Ne se souciant pas d'Elizabeth, à qui il n'avait pas envie de montrer ce cadavre exsangue, l'assassin se changea en cette substance cendreuse et vaporeuse qu'il affectionnait tant, le cadavre avec lui, et prit la direction du pont.

La lune se reflétait à la surface de l'eau, donnant à l'endroit une couleur blafarde et faisant courir des ombres inquiétantes aux murs. Sans un regard pour la femme, Wynn lesta le corps dans l'eau, et fit volte face alors qu'il s'enfonçait dans l'abîme noirâtre et sale du fleuve londonien. Depuis bien longtemps le violoncelliste n'avait plus de compassion pour ceux qu'il tuait. Qu'il s'en nourrisse ou qu'il les assassine pour remplir un contrat, il n'éprouvait plus de culpabilité ou de remords. A vrai dire, la compassion ne lui effleurait plus beaucoup l'esprit lorsqu'il s'agissait de personnes à qui il n'adressait même pas la parole.
Regagnant la ruelle où il avait laissé Elizabeth, Wynn se rematérialisa devant elle.


-Navré pour ce contretemps... Je pensais que tu resterais au manoir...

Il attendait le reproche, ou le regard peu amène de la demoiselle, mais elle l'avait délibérément suivit, après tout. Le regard du Vampire fut alors attiré par les ombres qui commençaient à se mouvoir au sol. L'aube allait bientôt percer l'horizon, il était temps pour eux de rentrer. Baissant à nouveau les yeux vers la jeune femme, il reprit.

-Tu risques de ne pas avoir le temps de rentrer chez toi avant que le soleil ne se lève... Alors si tu... Souhaites rester, j'ai une chambre d'ami, dit-il avec une certaine gêne dans la voix.

Il n'ajouta rien, suffisamment embarrassé, et reprit la direction de son manoir. Tous les événements de la soirée et de la nuit l'avait épuisés, et Wynn n'aspirait plus qu'à une chose : Dormir.
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeSam 23 Mar - 1:34

La musique avait percé le silence pesant qui régnait dans la maison. Sans être d’une grande virtuosité elle semblait tout de même emplir chaque recoin de la bâtisse, appelant à l’écoute toute oreille qui pouvait la percevoir. Chaque accord était posé avec autant de douceur que de détermination. La violoniste faisait là appel à de vieux souvenirs. Peut-être était-ce là un hommage qu’elle faisait à sa mère, une manière pour elle de lui montrer qu’elle ne l’oubliait pas.
Quoiqu’il en soit, cette mélodie évoquait pour elle de douloureux souvenirs mais elle ne pouvait arrêter ses doigts sur le clavier, la nostalgie l’en empêchant. Elle était tellement absorbée dans ce qu’elle faisait qu’elle ne voyait même pas l’homme à la porte. Elle ne se rendait même pas compte qu’à ce moment-là, elle était bien plus transparente dans ses émotions qu’elle ne l’avait été jusque-là en compagnie de Wynn. Elle ne savait pas tricher avec la musique, encore moins avec celle de sa mère… C’était une sincère tristesse qui se peignait sur son visage mais lorsqu’elle se rendit enfin compte de la présence du violoncelliste elle se forgea un nouveau visage radicalement différent avant de lui sourire. Elle soutint son regard jusqu’au moment où il baissa le sien, coupable. Plutôt étonnée de cette attitude, Elizabeth s’en retrouva embarrassée. Bien sûr, elle n’avait pas vraiment appréciée qu’il essaye de la vider de son sang, mais devant sa culpabilité, elle ne pouvait lui en tenir rancune. Elle imaginait bien à quel point il avait dû être difficile de résister jusque-là à la soif insatiable du sang face à toutes les blessures qu’il avait subi. Aussi, le simple « merci » qu’il prononça suffit à Elizabeth pour lui pardonner et le comprendre. Entre eux commençait à se développer une compréhension mutuelle. Ils apprenaient à s’écouter et à s’accepter tels qu’ils étaient. De cela ne pouvait découler que quelque chose de positif. Ils étaient faits tout deux pour s’entendre, ils pouvaient en être sûrs !

Un simple hochement de tête vint accueillir le compliment que lui fit Wynn. De la part d’un musicien professionnel, cela était encore plus appréciable. Mais elle n’avait en revanche guère l’envie de lui expliciter d’où venait ce morceau. Elle préféra lui parler de cet homme qu’elle lui avait ramené. Wynn lui reconnut qu’il aurait été bien difficile de continuer sans son aide, ce qui confirma enfin à Elizabeth qu’elle avait fait le bon choix en s’obstinant à vouloir l’aider devant le théâtre en flamme. Peut-être pouvait-elle se montrer plus utile que ce qu’elle ne pensait. Peut-être qu’après tout, elle avait sa place ici.
Elle reprit son pianotage sur le clavier dès lors que l’homme sortit de la pièce, s’amusant à se réapproprier chaque note, mais elle fut très vite interrompue par le vampire. Curieuse de savoir ce qu’il lui voulait, elle vint le rejoindre dans l’entrée, posant sur lui un regard interrogateur. C’est alors que Wynn se mit à faire une chose à laquelle Elizabeth ne s’attendait pas du tout… Il commença à lui enseigner les rudiments de l’alimentation vampirique. La jeune femme fit tout de même la moue. Bien sûr qu’elle avait pris le premier venu, elle n’allait pas sillonner tout Londres non plus… Elle l’écouta tout de même avec attention. Jusque-là, il était vrai qu’elle n’avait jamais vraiment portée attention à la qualité du sang qu’elle ingurgitait. A vrai dire elle ne choisissait jamais vraiment ses victimes, la soif de sang le faisant toujours pour elle. Elle n’avait alors jamais eu l’occasion de vérifier les paroles de l’homme mais il était vrai que cela était bon à savoir. Elle hocha donc la tête, assimilant immédiatement les conseils de Wynn. Elle savait se montrer bonne élève malgré son mauvais caractère et elle savait reconnaître un bon conseil quand elle en entendait un.

C’est d’un regard attentif qu’elle vit Wynn intimer le silence lorsque sa victime se réveilla. Eviter que ses proies gesticulent, ça elle savait le faire. A vrai dire, à son plus grand désarroi, Elizabeth s’avérait être un prédateur redoutable qui laissait peu de chance à ses victimes de s’en sortir vivante. Elle était rapide à bondir à leur gorge et plus encore à les vider de leur sang. Elle prenait un malin plaisir à les réduire à sa volonté et encore plus à les terrifier. Mais elle dû admettre pour ce qui était de la méthode de dissuasion du vampire, celle-ci était pour le moins efficace. L’homme n’eut plus par la suite ni l’occasion de crier, ni même de bouger. Wynn semblait parfaitement savoir ce qu’il faisait… Cela devait lui être plus que coutumier après toutes ses années d’existence…
Elizabeth détourna le regard en même temps que le violoncelliste lui tournait le dos pour mordre l’homme. La violoniste n’avait pas envie de perdre une fois de plus le contrôle, bien que de toute façon l’odeur alléchante venait lui titiller les narines. Elle apprécia tout de même l’attention de l’homme. Il était plus prévenant qu’il n’y paraissait ! Au final, il commençait à cerner le caractère de la jeune femme et à l’amadouer. Ce n’était pas une mince affaire, mais il ne devait pas se rendre compte qu’il parvenait parfois à la temporiser. Au fond, Elizabeth commençait à avoir confiance en Wynn et à l’apprécier. Elle voyait bien que l’homme avait sur elle une influence bénéfique. C’est peut-être pour ça que, là où habituellement elle aurait sa forte tête, elle se montra plus conciliante et attentive. Elle commençait vraiment à respecter Wynn et cela se ressentait dans son comportement. Pour une fois elle ne trouvait rien à redire, même lorsque Wynn lui affirma qu’elle était encore proche des humains. Elle ne le ressentait pourtant pas ainsi. Ils n’appartenaient plus au même monde. Elle savait très bien qu’il serait dur maintenant de se refaire une place parmi eux. Comment expliquer son absence durant le jour ? Comment résister à tout instant pour ne pas leur sauter à la gorge ? Pour elle cela ressemblait à quelque chose d’impossible mais elle avait envie de croire que Wynn parviendrait à faire d’elle un vampire capable de se contrôler.

En tout cas, elle trouva grand intérêt à le regarder manipuler l’humain. Elle avait déjà vu son maître faire mais il ne lui avait jamais appris. Elle le regrettait même si elle se doutait fort que la manipulation de l’esprit n’était pas la première chose à apprendre dans son cas. Il fallait bien avouer que cela la fascinait. Malheureusement pour elle, elle savait trop bien ce que cela faisait de se faire manipuler. Cela expliqua sa réaction dédaigneuse lorsqu’il lui conseilla de fermer son esprit aux autres. Il y en avait qu’un jusque-là qui y avait pénétré… Le Comte…. S’il y avait bien une chose qu’elle ne lui pardonnerait pas, c’était bien cela. Ce malin plaisir qu’il avait eu de fouiller ses souvenirs, cette idée horrible qu’il avait eu un instant de lui effacer sa mémoire, cette aisance qu’il faisait preuve pour contrôler son corps aussi. Elle ne parvenait à l’oublier. Mais cela, le violoncelliste devait le savoir. Il était là lorsque cela s’était passé. Il avait assisté les bras croisés à toute la scène. Malgré tout, Elizabeth ne lui en voulait pas. Après tout, elle aurait fait de même… En revanche, il devait être apte à comprendre le ressentiment qu’elle entretenait envers le Comte.


- J’aimerais que cela soit aussi simple à dire qu’à faire ! Mais je me demande si contre un vampire comme Lui cela serait vraiment possible… continua-t-elle en marmonnant plus pour elle que pour le violoncelliste.

En tout cas, elle espérait que Wynn avait raison dans ce qu’il disait…

Elle le regarda hisser l’homme sur son épaule. Avec quelqu’un d’autre que lui, elle aurait protesté que cela n’était pas raisonnable… Mais allez raisonner une tête de mule… Elle avait bien compris qu’il était aussi têtu qu’elle, et sa volonté à camoufler comme il le pouvait une grimace de douleur montrait bien qu’il était déjà fermement décidé. Elle le laissa donc faire, ne lui répondant rien lorsqu’il lui expliqua implicitement ce qu’il comptait faire. S’il pensait qu’elle allait partir, une fois de plus il se trompait… Et encore plus s’il comptait à ce qu’elle reste sagement assise à l’attendre. Lorsqu’Elizabeth entreprenait quelque chose, elle le faisait jusqu’au bout… Elle n’allait pas laisser son patient sortir seul au risque qu’il fasse de mauvaises rencontres… Non pas qu’elle serait d’une très grande aide dans ce cas-là, mais elle le serait plus qu’un simple vampire blessé. Elle n’allait pas le laisser clopiner seul dans les rues de Londres, c’était décidé. Elle laissa tout de même l’homme prendre de l’avance. Il pouvait très bien refuser à ce qu’elle l’accompagne… Et puis la violoniste était toujours plus encline à montrer son mauvais caractère, mais quand il s’agissait de montrer quelque chose de bon en elle, cela s’avérait toujours plus compliqué.
Prenant son manteau sur la patère, elle finit par suivre le vampire. Elle n’avait pas très envie de le voir chasser mais elle n’avait pas vraiment le choix… Et puis, il avait su aiguiser sa curiosité dans sa manière d’agir. Il était toujours enrichissant d’observer un vampire plus âgé… Ainsi se retrouva-t-elle dans la nuit noire à espionner le violoncelliste… Elle se doutait qu’elle ne passerait pas inaperçu par le vampire, et en eu la confirmation lorsqu’il se tourna dans sa direction. Il ne la voyait pas, mais les êtres de la nuit n’avaient pas besoin de voir pour savoir lorsque leurs congénères étaient là. Pourtant la jeune femme prenait soin de rester dans l’ombre pour ne pas gêner le violoncelliste. Elle le regarda se fondre patiemment contre les murs, attendant sa prochaine proie. Elle aussi pouvait entendre le bruit des derniers badauds osant s’aventurer dans les rues. Et s’approchant pas à pas ce qui allait devenir la victime de l’homme. C’était une femme… Comme le lui avait enseigné Wynn quelques instants plus tôt, il ne lui laissa ni le temps de crier, ni même de gesticuler celui-ci l’ayant plaqué immédiatement contre un mur, une main plaqué sur sa bouche. Elizabeth pouvait sentir la peur de la jeune femme… Cela aiguisa quelques instants ses instincts de chasse. Elle aimait cette sensation de terreur qu’ils avaient lorsqu’ils comprenaient qu’ils ne s’en sortiraient pas, les battements de leur cœur qui s’accéléraient férocement pour prendre cette cadence lente, si lente… presque langoureuse… Ça lui donnait à elle aussi de chasser, et plus encore lorsque l’odeur du sang lui parvint aux narines. Elle dû rester fortement concentrée sur son objectif de base pour ne pas se laisser emporter par l’envie, elle aussi, de partir chasser. Elle se rencogna contre le mur, gardant tout de même un œil sur le vampire. Tout cela avait été rapide. Pas le moindre faux-pas, une chasse en bonne et due forme.

Jusqu’à ce que Wynn se dématérialise… Elizabeth se redressa brusquement mais il était déjà partit… Elle l’avait déjà vu faire mais il était déjà loin pour qu’elle le rattrape… Le fourbe… Il avait su comment la semer. Elle se demandait ce qu’elle pouvait bien faire… Retourner chez elle ? Ou bien chez Wynn ? Ou peut-être l’attendre ici ? Elle optait pour le dernier choix… En était-ce vraiment un ? Pas vraiment… Elle espérait seulement ne pas poireauter inutilement dans la ruelle. Et si l’homme rentrait directement chez lui après ? Elle se retrouverait bien bête à l’attendre là ! Et il entendrait alors parler d’elle… S’avisant de caissettes entreposées dans la ruelle, elle s’assit dessus, la mine boudeuse. Pourquoi l’avoir ainsi laissé derrière ? Qu’avait-il à cacher ?
Il ne tarda finalement pas à revenir, reprenant forme humaine devant elle. Il fut accueilli par un visage peu amène. Il devait surement s’y attendre de toute façon… Mais curieusement, il n’y avait plus de cadavre avec lui. Qu’en avait-il fait ? Elizabeth se posait sincèrement la question, elle qui, jusque-là, n’avait jamais été vraiment discrète dans le camouflage de ses victimes. Elle se releva pour lui faire face avant de lui répondre d’un air faussement suspicieux :


- Aurais-tu donc des choses à cacher ?

Ne pouvant retenir sa curiosité elle continua :

- Et pourrais-je savoir où tu as dissimulé le corps ?

Puis, le violoncelliste se rendant compte que l’aube était proche, proposa alors à Elizabeth de rester chez lui pendant la journée. Et effectivement, rentrer chez elle allait s’avérer difficile pour la violoniste. Ça ne la ravissait pas plus que ça de rester chez le violoncelliste et pourtant elle n’avait pas d’autres choix… Mis à part chez elle, elle n’avait nulle part ailleurs pour se réfugier durant la journée. Elle devait accepter son offre…

- Très bien, allons-y dans ce cas…

Ils reprirent alors la direction du manoir de Wynn. Le silence s’installa. Les deux étaient tout aussi gênés de la situation. Pour les deux ce genre de cas était inhabituel. Elizabeth était toujours habituée à dormir chez elle. D’autre plus lorsqu’on savait que son nombre d’amis était restreint pour ne pas dire nul… Elle ne fit tout de même aucune remarque et tenta de se montrer le plus calme possible. Et pourtant… seule elle savait à quel point elle pouvait être stressée par cette simple invitation… Il était déjà tout à fait exceptionnel qu’elle commence à accorder sa confiance à quelqu’un, mais plus encore de développer avec ce dernier une relation amicale. Jamais on l’aurait pu croire lorsqu’on savait dans quelles circonstances ils s’étaient connus.

Lorsqu’ils arrivent enfin à destination, Wynn emmena la violoniste à l’étage pour lui montrer la chambre en question. D’une taille tout à fait respectable, et bien rangée, elle était dotée d’une salle de bain qui lui était personnelle. Elle remercia l’homme avant de refermer la porte. La première chose qu’elle fit alors ce fut d’aller se rafraîchir dans la salle d’eau. Elle sentait encore beaucoup le sang et en compris la raison quand elle regarda sa robe… Il était vrai qu’elle n’avait guère prêté attention à ses vêtements lorsqu’elle avait été aider l’homme… Elle soupira. Il y avait peu de chance qu’elle arrive à tout faire partir mais elle ne pourrait décemment sortir couverte de sang la nuit prochaine. Prenant son courage à deux mains malgré la fatigue qui commençait à se faire sentir, elle s’attela à la laver pour finalement la lécher de longues minutes plus tard. Après s’être débarbouillé le visage elle finit par retourner dans la chambre. Elle fut rassurée d’y trouver un lit et non un cercueil… S’il y avait bien une pratique vampirique auquel elle ne se ferait jamais, c’était bien cela… S’enfermer dans une boîte était bien la dernière chose dont elle avait envie. A la place de beaux draps propres l’attendaient dans lesquelles elle se fondit avec plaisir.

La nuit avait été longue et son constat plutôt mitigé. Elle n’avait pas encore décidé si sa rencontre avec Glen avait été une bonne ou une mauvaise chose… Elle devait demeurer prudente avec lui… En revanche pour le cas de Wynn, la nuit avait été bénéfique. Non seulement elle lui avait prêté main forte, qu’en plus quelques questions qu’elle se posait à son sujet avaient été élucidées. C’est sur ces pensées, après avoir regardé le plafond pendant un petit moment, qu’Elizabeth s’endormit.

La journée passa un bon moment avant que les rêves ne viennent assaillir la violoniste. Elle se trouvait dans les rues de Londres dans une ruelle sombre. Une fois encore elle se produisait avec son violon, comme elle avait la coutume de le faire. Sauf que dans les visages qui la regardaient, elle semblait reconnaître un visage familier. Pourtant, impossible de fixer un nom sur ce dernier… Comme s’il restait flou. Cessant son morceau, elle tenta de se rapprocher mais les quelques auditeurs ne semblaient vouloir lui laisser le passage. Elle tenta tant bien que mal à coup d’épaule de percer la foule, jusqu’à ce qu’elle le voit un peu plus loin. Il lui tournait le dos, mais ses épaules un peu plus larges que celles d’un dandy, ses cheveux noirs et sa démarche, tout cela réveilla chez elle de lointains souvenirs… Elle attrapa alors le bras de l’homme pour le faire pivoter vers elle… Le visage de cet inconnu lui parvint alors, laissant quelques instants la violoniste surprise. Elle connaissait ce sourire et ces yeux qui se posaient sur elle… Tharin, son maître, il était revenu ! Elle ne pouvait le croire de l’avoir en face d’elle. Toute sa colère s’envola face à lui. Non elle ne pouvait pas le détester quand elle sentait son cœur bondir ainsi dans sa poitrine, lorsqu’elle le sentait sur le point d’exploser de bonheur. Oubliant toutes ses résolutions de distance qu’elle s’était instaurée, elle ne put alors s’empêcher de l’enlacer avec joie. Tout semblait rentrer dans l’ordre. Tharin était de retour, son sentiment de solitude ne serait plus qu’un mauvais souvenir à présent…
Mais le bonheur fut de courte durée… La prenant par les épaules pour la repousser, le vampire posa son regard perçant dans celui de la jeune femme. Cette dernière sue immédiatement que quelque chose clochait. La sévérité peignit alors les traits de son maître tandis que sa voix perçait les ténèbres :


- Tu m’as encore déçu Elizabeth… Je ne vois pas pourquoi je m’attacherais à un vampire aussi pathétique que toi…

Les yeux de la belle s’écarquillèrent alors. Les mots restèrent coincés au fond de sa gorge en même temps qu’un sanglot. Repoussée par ce qui fut son maître, elle fut de nouveau seule tandis que l’image de l’homme s’éloignait d’elle. Pas une fois il se retourna, semblant partir sans regret, laissant derrière lui une Elizabeth désespérée. Elle semblait rétrécir, redevenant enfant devant sa fenêtre, délaissée par ses parents au profit de leur travail. Une fois de plus elle se retrouvait seule… Une fois encore elle était laissée derrière. Elle avait beau hurlé de toutes ses forces, personne ne l’entendait, les larmes avaient beau couler, personne n’était là pour les sécher. Puis vint alors Wynn. Il ne lui adressa pas même un regard, semblant lui aussi se superposer à l’image de son maître pour s’éloigner d’elle. Semblant sombrer dans le désespoir, la jeune femme se prit alors la tête dans les mains. Ce cauchemar n’en finirait donc jamais ?! Etait-elle vouée à être constamment abandonnée ?

Ce fut à ce moment-là qu’elle se réveilla. Pas de sursaut, rien que cette sensation de pesanteur étouffante dans sa poitrine. Elle se redressa alors dans le lit, prenant une grande inspiration. Elle avait encore du mal à réaliser où elle se trouvait et que tout cela n’était qu’un rêve. Cela lui avait semblé tellement réaliste ! Et la douleur dans sa poitrine était toujours là. Elle sentait les battements de son cœur affolé, cette sensation d’avoir la gorge en feu d’avoir trop hurlé et de retenir ce sanglot qui menaçait de sortir à tout moment. Elle se laissa retomber brusquement sur l’oreiller, retenant les larmes qui avaient commencé à briller au coin de ses yeux. Elle était bien bête d’espérer quoi que ce soit de Tharin. Il était parti, à quoi bon se leurrer en l’attendant indéfiniment ? En revanche elle restait perplexe pour l’apparition de Wynn. Pourquoi lui ? Pourquoi cela avait-il la moindre importance que lui l’abandonne aussi ? Avait-elle peur que lui aussi fasse comme son maître ? Sans doute… Même si elle ne voulait pas se l’avouer, elle commençait à en avoir marre de toujours se retrouver toute seule et de voir sa confiance brisée. C’était bien de la peur qu’elle ressentait, une angoisse qui devenait de plus en plus obsédante au point qu’il devenait de plus en plus difficile pour Elizabeth de prendre une inspiration correcte. Elle avait ce nœud dans la gorge ainsi que cette sensation oppressante au cœur. Et plus le temps passait sans qu’elle parvienne à se calmer, plus cela empirait. Jusqu’au moment où elle sentit qu’elle exploserait si elle n’intervenait pas vite. Ne sachant pas quoi faire d’autre, elle se leva, délaissant le confort du lit, tout en embarquant tout de même sa couverture. Wynn était toujours là, dans la maison, elle sentait sa présence. Et pourtant, de le savoir là ne parvenait pas à l’apaiser. Elle sortit alors de la chambre, tel un petit fantôme tellement elle restait emmitouflée dans son drap. Elle devait juste s’assurer de ses yeux qu’il était bien là, c’est tout. Instinctivement déjà elle suivait son aura, ne sachant pas dans quelle pièce il se trouvait. Elle ne mit pas longtemps à se retrouver devant la porte, la main tendue vers la poignée. Elle hésitait… Et s’il ne dormait pas ? Comment expliquerait-elle sa présence ici ? Elle aurait pu rester longtemps ainsi à hésiter. Ce fut sa respiration saccadée qui finit par la convaincre d’ouvrir la porte.

Laissant un simple entrebâillement tout d’abord, afin de vérifier que l’homme n’était pas éveillé, elle finit par entrer complètement lorsqu’elle s’aperçu qu’il était allongé dans son lit. Elle referma discrètement la porte derrière elle, avant de s’avancer à petit pas vers le vampire endormi. S’arrêtant devant le lit quelques secondes, elle pensa qu’elle pouvait se permettre de s’assoir à côté de l’homme quelques secondes. Juste le temps de se calmer… après elle sera repartir dans sa chambre et jamais l’homme n’aurait su qu’elle serait venue le voir durant la journée. Elle ramena donc la couverture autour d’elle posant son regard sur celui de Wynn. Il avait l’air profondément endormi, ce qui n’était pas étonnant vu toutes les blessures qu’il avait subi. Il semblait calme et le voir pendant son sommeil lui donnait quelque chose de moins sérieux et sévère. Il en aurait presque eu l’air plus sympathique… Au moins lui arrivait à dormir…
Ce fut seulement au bout de quelques minutes qu’elle parvint finalement à se calmer. Lassée de rester bêtement assise, elle finit par s’allonger sur un côté du lit. Ce n’était que pour quelques minutes de toute façon, le temps qu’elle redevienne parfaitement sereine. Elle se sentait stupide à ressentir le besoin d’être près de Wynn, mais l’idée même d’être toute seule provoquait une nouvelle angoisse. Elle n’avait jamais dépendu de personne et voilà qu’aujourd’hui elle ne pouvait même plus supporter sa solitude. Les choses commençaient à changer et Elizabeth avait peur d’en voir les conséquences… Mais pour l’heure, toute angoisse fut effacée lorsque la violoniste, fatiguée de lutter contre ses paupières lourdes, fini par s’endormir…

Cette fois aucun rêve ou cauchemar ne vinrent hanter son sommeil. Enroulée dans sa couverture, elle passait une nuit bien plus tranquille qu’elle ne l’avait été jusque-là. On pouvait même voir dépasser de sous le drap sa main, fermement accrochée à la manche du violoncelliste, comme si, dans son sommeil elle craignait que celui-ci disparaisse également ! C’est comme ça qu’elle resta jusqu’à ce que le soleil fût de nouveau couché.
Ce fut de façon plutôt brutale qu’elle fut réveillée. Elle sentit la chemise lui échapper des doigts. Elle ouvrit alors les yeux, encore toute ensommeillée. L’image du violoncelliste en face d’elle fini totalement de la réveiller. Tout d’un coup elle avait les idées parfaitement en ordre. Elle se redressa alors brusquement du lit, trop gênée pour oser rester en face de Wynn.


- Je voulais simplement m’assurer que tu allais bien… lança-t-elle d’une voix gênée.

Elle n’avait rien trouvé de mieux pour expliquer la raison de sa présence dans sa chambre. Elle ne voulait en aucun cas lui révéler pourquoi elle était venue… Ce serait lui avouer sa faiblesse… Et puis elle n’avait pas envie de se remémorer son cauchemar… Il avait été déjà suffisamment pénible comme ça ! Elle ne voulait qu’une chose à présent, fuir pour ne pas avoir à affronter les explications que demanderait peut-être Wynn. Mais à peine avait-elle posé le pied sur le sol qu’elle se les emmêlait déjà dans les draps et terminait sa chute dans un bruit sourd. Elle se cogna rapidement contre quelque chose qui était entreposé soigneusement dans un coin de la pièce. En rentrant elle ne l’avait pas vu mais maintenant que c’était devant elle, elle pouvait aisément identifier de quoi il s’agissait. C’était un cercueil… La réaction d’Elizabeth fut alors immédiate… Son visage se décontenança en quelques secondes tandis qu’elle se relevait brusquement pour s’éloigner de l’objet. Elle en avait toujours eu peur… Cette sensation d’être enfermée dans une boîte… On la mettrait entre quatre planches seulement lors de sa mort définitive… Elle ne se tourna à nouveau vers le violoncelliste qu’une fois avoir établi une distance respectable entre le macabre objet et elle. Du coup son envie de sortir lui était passée mais ça ne l’empêchait toujours pas d’être peu encline de croiser le regard du violoncelliste. Elle resserra le drap autour d’elle, n’oubliant pas qu’elle n’avait plus sa robe en dessous. Son regard se posa alors sur les pistolets du vampire qui avaient été soigneusement reposés dans un écrin. Ainsi entreposés, ils paraissaient inoffensifs… mais Elizabeth n’allait pas faire l’erreur de reposer un seul de ses doigts dessus… Elle n’en savait toujours pas plus à leur sujet… Juste qu’ils étaient maléfiques… Profitant de cette occasion, elle aborda ce sujet afin d’éviter toute autres questions :


- Tu as toujours ces armes sur toi… elle désigna les pistolets, mais que sont-ils vraiment ? je n’ai encore jamais vu d’armes qui puissent se défendre de façon autonome contre quelqu’un qui ne serait pas son propriétaire…

Elle espérait cette fois avoir une réponse correcte à sa question… Mais à croire que le sort s’obstinait contre elle, des coups frappés se firent entendre à l’entrée de la maison… D’un naturel curieux, Elizabeth suivi alors Wynn jusqu’à l’entrée, celle-ci s’arrêtant dans les escaliers afin de dissimuler sa présence à la personne qui avait ainsi toqué. De là elle était aux premières loges pour observer ce qu’il se passait en bas…
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeMer 27 Mar - 12:40

Un prédateur, un fauve... Une bête assoiffée de sang se coulant contre les murs de pierre grise et humide... Quelle créature aux desseins meurtriers se cachaient sous ces prunelles améthyste ? L'assassin s'était ombre et silence, il avait fondu sur sa proie sans lui laisser une seule chance de s'échapper pour sauver sa vie. Impuissante, elle n'avait même pas pu voir le visage de son agresseur et ne pouvait mettre un nom ou une allure sur sa face. Il avait insidieusement glissé sa tête dans son cou, avec une douceur quelque peu menaçante.
La bête en avait frissonné de plaisir, la peur de la jeune femme faisant palpiter son cœur n'avait fait que le mettre un peu plus en appétit. Pourtant, il avait fait preuve de douceur et n'avait pas cherché à la faire souffrir outre mesure.

C'en était à présent fini de la demoiselle, et alors que Wynn se délestait du corps dans la tamise, regardant son visage livide s'enfoncer dans les eaux ténébreuses, la lune semblait jeter sur lui un regard réprobateur. Aussi étrange que cela puisse paraître, le violoncelliste n'était pas fondamentalement mauvais ni même méchant. Il faisait preuve de cruauté lorsqu'il le fallait, pouvait paraître insolent et était d'un naturel très grognon, mais il ne lui prenait pas l'idée d'aller torturer n'importe qui sur un coup de tête. Et par dessus tout, il avait horreur de jouer avec la nourriture. C'était aussi pour cela qu'il ne voulait pas d'un Calice : S'enchaîner à un être dévoué, ou non d'ailleurs, uniquement présent pour servir de garde manger, un humain réduit à la simple condition de réservoir intarissable, très peu pour lui. L'instinct animal et le besoin de chasser était profondément inscrit dans les gênes de l'assassin, et pour rien au monde il n'aurait troqué cette sensation grisante qu'il éprouvait en poursuivant sa proie. Le sang ne prenait son goût et ses saveurs qu'une fois la chasse menée à bien. Wynn finirait par être poursuivit par quelques chasseurs ou esprits vengeurs pour son attitude, mais cela lui était bien égal. Il avait survécu plus de deux siècles, ce n'était pas pour qu'on commence à lui dicter sa conduite !

Mais cacher des choses était d'une simplicité affligeante lorsque l'on vivait seul... Dès lors que cela impliquait une tierce personne, les cachotteries devenaient bien plus difficiles à dissimuler. Aussi Wynn ne fut-il pas vraiment surprit lorsque Elizabeth lui demanda ce qu'il avait à cacher. L'assassin resta silencieux avant de l'inviter à rentrer chez lui afin qu'elle ne soit pas prise au piège par le jour qui se levait au loin. Devait-il lui dire que son métier de musicien n'était qu'une couverture pour masquer ses véritables activités ? Lui avouer qu'il était assassin et tueur à gages, qu'il rapportait des têtes pour gagner sa vie ? Comment le prendrait-elle... Elizabeth semblait avoir un passé douloureux, elle n'avait jamais parlé de sa famille, seulement de son maître. L'idée traversa l'esprit du musicien : Si la jeune femme avait vu ses proches disparaître sous la lame d'un assassin, elle risquait fortement de voir en lui le visage d'un meurtrier et non plus celui du violoncelliste qu'elle connaissait. Ce n'était qu'une hypothèse, et Wynn ne savait rien de la vie passée de la demoiselle, mais il hésitait à lui en parler.
Mais pourquoi faire preuve d'autant de scrupules ? Le violoncelliste commençait à comprendre qu'il appréciait plus la jeune femme qu'il ne voulait bien l'admettre. Il n'avait finalement pas très envie de la froisser ou de la faire fuir, car aussi étonnant que cela puisse paraître, Wynn n'était pas certain d'avoir envie de retrouver le silence total de son manoir, sa solitude et son absence de dialogue. Elizabeth avait raison lorsqu'elle disait que sa solitude finirait par le ronger... Il en perdrait toute notion d'humanité, et il ne résulterait plus de lui qu'une carcasse humaine habitée par la haine, le remord et la soif de sang.

Finalement, le Vampire décida de garder le silence sur ses activités, et se contenta d'un demi sourire pour répondre à la seconde question.


-J'ai laissé la Tamise se charger de le faire disparaître... Aussi cruel que cela puisse paraître, il vaut mieux cela que de le laisser pourrir à l'air libre, répondit-il avec des termes piquants, comme s'il avait déjà oublié qu'à l'intérieur de ce cadavre exsangue il y avait eu une âme.

Il était temps pour eux de rentrer et de dormir. La nuit avait été longue, très longue, et les blessures de Wynn le faisait atrocement souffrir malgré son pouvoir régénérant qui commençait déjà à effacer les plaies superficielles. Mais sa respiration était toujours sifflante, et son épaule droite l'handicapait beaucoup. Il lui faudrait plusieurs semaines pour être totalement rétablit... Il n'aimait pas cela. Cela signifiait ne pas pouvoir répondre à ses contrats, il devrait également suspendre les recherches de son maître... Ses pensées allèrent alors au vieux vampire et Wynn serra les poings de rage et de dépit. Il avait passé deux siècles à lui courir après, mais il ne se souvenait que de son regard suintant de haine et de colère, cette expression déformée par la rage... Mais son esprit avait déformé cette vision pour en faire un monstre de cauchemar, une créature devant laquelle croquemitaines et autres sorcières se seraient enfuis en courant. Seulement tout ceci n'était que le fruit de son imagination et il le savait. Reconnaître son maître se ferait à son aura, et non de visu. Wynn chassa bien vite ces sombres pensées de son esprit, et laissa entrer Elizabeth dans l'entrée du manoir. Il garda le silence en posant sa veste sur un crochet, et monta les escaliers pour présenter sa chambre à la jeune femme.
Ni étroite, ni trop vaste, elle était néanmoins de taille respectable et bien agencée. Un grand lit en bois d'acajou vernit occupait une partie de la pièce, et il était garnit d'un épais matelas, d'oreillers en plumes, de draps blancs et de couvertures bleues brodées de motifs en arabesques. Les taies des oreillers étaient assorties, et le meuble invitait le visiteur à se laisser glisser entre les draps pour se reposer. Deux tables de chevets encadraient le lit, et sur l'une d'elle était posée une lampe à huile. Sous la grande fenêtre calfeutrée de velours bleu marine se trouvait un petit bureau et à sa droite, une bibliothèque où croulait un nombre incalculable de recueils de partitions. Musique de la renaissance qui avait vu naître le Vampire, Sarabandes et Rondo baroques, Sonates et Opéras classiques, et enfin Symphonie et Concertos romantiques étaient méticuleusement rangés par ordre chronologique. Il y avait de quoi ravir tous les mélomanes, et certains ouvrages auraient attiser la jalousie de certains collectionneurs. Wynn gardait en effet des partitions vieilles de plusieurs siècles, et certaines étaient devenues presque introuvables. Il ne doutait pas que si Elizabeth mettait le nez dedans, il peinerait à l'en sortir, et l'idée le fit sourire.

Délaissant la bibliothèque, protégée par une porte vitrée, l'assassin se dirigea vers la salle de bain attenante à la chambre et en ouvrit la porte.


-J'imagine que tu aimerais te laver... Tu trouveras tout ce qu'il te faut ici. Si tu n'as besoin de rien d'autre, je te laisse !

Le Vampire lui souhaita bonne nuit, ou tout du moins bonne journée, et referma la porte derrière lui. Exténué, il eut l'envie d'aller d'étendre directement, mais le simple fait d'imaginer le bazar qui régnait dans son manoir l'insupportait. Redescendant l'escalier, il nettoya le sang et la saleté ramenés par l'ivrogne quelques minutes plus tôt, rangea les chaises qu'il avait mises en désordre, à l'exception de celle qu'il avait brûlé, qui termina dans la remise. Il ramassa également ses revolvers, qu'il rattacha à sa ceinture, et entreprit cette fois de gagner sa chambre. Le métal des deux armes était étonnamment tiède, contre sa peau glacée, et il pulsait toujours légèrement, à la manière d'un cœur, une sensation malsaine à en faire frissonner de dégoût, mais dont Wynn n'avait que faire.

Lorsqu'il pénétra dans sa chambre, il poussa un profond soupir de soulagement. Un peu plus spacieuse que la chambre d'invités, ses couleurs dominantes alliaient le brun des boiseries d'acajou à l'orangé des tapisseries. S'approchant de son bureau, l'assassin ouvrit d'une étrange boite en bois sombre. Les coins étaient vieux et abîmés par le temps, et le vernit commençait à bien s'écailler. En revanche, le velours qui en tapissait le fond était encore en bon état. Il accueillit sans se déformer les deux revolvers de l'assassin, avant que celui-ci ne se détourne du bureau pour s'approcher d'une petit étagère fermée à clé. Tirant ladite clé de son trousseau, il ouvrit le placard et en observa le contenu. De petites fioles bien rangées et minutieusement étiquetées attendaient leur heure funeste sur les rangées de l'étagère. A gauche, du phosphore pur émettait une très faible lumière, visible malgré l'obscurité. Huile de ricin, arsenic et cyanure se suivaient, curare, Cantarella, venins de cobras, d'insectes et arachnides se présentaient à l'étage du dessus. Atout légendaire de l'assassin, le poison pouvait se décliner sous tant de formes et tant d'effets que de l'un à l'autre, on assistait à des phénomènes totalement différents. Ils étaient devenu l'arme fétiche de Wynn, qui en usait aussi bien pour arracher des avoeux à une proie, ou simplement pour s'amuser un peu plus avec l'objet de ses contrats. Mais celui qui avait le plus d'intérêt à ses yeux était caché. La main du musicien chercha une irrégularité dans le bois, et un léger clic se fit entendre. Un double fond dissimulé dans l'une des portes de bois révéla la présence d'un dernier flacon.
Contrairement aux autre, qui arboraient des couleurs translucides, blanches, bleutés, verdâtres ou rosées, celui ci était d'un rouge rubis très prononcé, et le flacon avait été scellé avec de la cire. Le mélange qu'il contenait était précieux au Vampire et pourtant, il ne l'avait jamais testé. La fiole contenait en effet du sang de mort, allié à du venin de cobra et du phosphore pur. Sur un vampire, le sang ne pouvait que l'affaiblir, le venin nécrosait les tissus dont la régénérescence était ralentie, et le phosphore se chargeait d'achever la cruelle besogne. Du moins en théorie. Mais ce poison, Wynn ne comptait le tester que sur une personne, à savoir son maître. Et il n'avait pas l'intention de rater son coup. L'assassin était prêt à tout pour réussir son coup. Mais pour cela, il lui fallait retrouver sa trace. Soupirant profondément, il reposa le flacon, referma la cachette, l'étagère, reprit sa clé et se laissa tomber sur son lit.

Fixant un instant le plafond, il ne sentit pas le sommeil le cueillir et s'endormit presque aussitôt. Son sommeil ne fut peuplé d'aucun cauchemar ni rêve. Il dormit si profondément que les heures passèrent sans qu'il ne bouge, immobile, la tête tournée sur le côté et l'un de ses bras posé sur son ventre. Ses blessures peinaient à se résorber, et malgré la coagulation du sang, sa chemise blanche était tâchée au niveau du sternum. On aurait même pu le croire mort, tant il était livide et immobile. Mais il n'en était rien, et sa respiration trahissait le souffle de vie qu'il lui restait. Le sommeil l'aida d'ailleurs à guérir davantage, et à mesure que la journée avançait, sa blessure à la clavicule se refermait. Celles de son dos et de sa poitrine seraient plus lentes à guérir.

Le Vampire dormait si bien qu'il ne sentit pas Elizabeth se glisser prêt de lui, pas plus qu'il ne sentit sa main serrer la manche de sa chemise. Ils dormirent encore plusieurs heures ainsi, totalement exténués. Ce n'est qu'aux alentours de dix huit heures que Wynn ouvrit un œil, puis l'autre. Se frottant les yeux d'une main en grognant, il voulu s'étirer mais sentit une force qui retenait son autre bras prisonnier. Fronçant les sourcils, il se redressa légèrement, tourna la tête et fit un bond magistral qui manqua de le faire tomber du lit. Ses longs cheveux blonds masquaient son visage rouge pivoine et ses yeux exorbités, et il peina à se redresser sur son céans.


-Mais que... Qu'est ce que... Qu'est ce que tu fais là ? Balbutia-t-il alors qu'Elizabeth tentait de se justifier. Que je vais... Quoi ? Mais... Oui ! Enfin je crois ! Tu...

Ses yeux quittèrent le visage de la jeune femme pour la couverture qu'elle serrait contre elle, et il crut tout d'abord qu'elle était nue en dessous. Faisant preuve d'une pudeur presque attendrissante, le Vampire détourna immédiatement les yeux.

-Et tu es... Enfin... Reste couverte, surtout ! Il se racla la gorge, tentant de retrouver un semblant de contenance. Je vais te prêter des vêtements...

Comme s'il s'était brûlé, le Vampire se leva et s'approcha de sa grande armoire à la recherche d'une tenue qui aurait pu satisfaire la jeune femme. Il se sentait horriblement gêné et bête à la fois, mais il n'était guère habitué à accueillir une femme dans sa chambre... Encore moins une femme dénudée !
D'ailleurs, Wynn n'avait pas reçu de femme chez lui depuis Rosalia, et cette dernière ne lui avait pas laissé sa robe, bien entendu. L'assassin ne gardait d'ailleurs même pas une tenue de sa défunte fiancée. Il n'avait gardé d'elle qu'un col de robe en dentelles et quelques ornements de cheveux en perles. Il n'aurait donc pour Elizabeth rien de mieux qu'une de ses chemises... Une bien maigre consolation ! Et alors qu'il s'apprêtait à lui demander la raison de sa présence dans sa chambre, un bruit sourd se fit entendre, et le violoncelliste ne put que constater que la jeune femme venait de terminer les quatre fers en l'air au sol. C'en était trop pour le calme légendaire de l'assassin, qui partit dans un grand éclat de rire. Pas l'un de ces ricanements moqueurs dont il avait le secret, ni ce rire sombre et quelque peu forcé qu'il avait en tuant... C'était un rire franc, jovial, incroyablement clair. Une chose fort surprenante de la part d'un homme qui riait une fois tous les deux ans.
S'appuyant contre la porte de l'armoire, l'assassin ne parvenait plus à s'arrêter de rire. Au fond, il ne riait pas seulement de la chute d'Elizabeth. Celle-ci avait été le déclencheur d'une réaction en chaîne nerveuse, trop longtemps contenue. Il en avait les larmes aux yeux, et la douleur de son sternum finit par le faire grimacer et le dissuada de continuer à rire.


-Ahah... Si tu voyais ta tête !! On dirait que tu ne sais plus marcher ! Tu t'es lamentablement écroulée, c'était magistral ! Répliqua le Vampire d'une voix encore secouée par son rire.

Il lança un regard moqueur à la jeune fille mais bien vite fronça les sourcils en voyant la panique se dessiner un instant sur ses traits. Le regard du violoncelliste se coula au niveau du cercueil qui trônait prêt du lit. Elle semblait craindre le grand objet noir, et il devina qu'elle devait faire partie de ces Vampires qui ne supportaient pas de rester cloîtrés entre quatre planches. Il voulu lui demander si tout allait bien, mais avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, la jeune femme s'était approchée du bureau et observait ses revolvers. Wynn ne fit aucun geste pour l'en empêcher. Il savait bien qu'elle n'y toucherait pas une seconde fois, la première lui avait suffit et la douleur devait s'être gravée dans son esprit. Il savait que la question tomberait, mais il ne s'était absolument pas préparé à y répondre. Comment lui dire clairement qu'il savait certaines choses mais ignorait tout de l'essence qui constituait ses deux armes maléfiques ? Finalement, l'assassin s'approche du bureau et tendit la main pour saisir l'une des armes, qui resta inoffensive entre ses doigts, à l'exception de ce léger frémissement qu'il sentait contre sa paume. Il s'apprêtait à tenter une explication lorsque des coups se firent entendre au rez de chaussée. Wynn fronça les sourcils, rangea l'arme au niveau de sa ceinture, laissant sa jumelle dans son écrin, et changea rapidement de chemise pour ne pas se présenter avec de grosses tâches de sang sur son vêtement.

Il boutonna la chemise en descendant l'escalier, fit signe à Elizabeth de rester cachée dans l'ombre et, alors qu'il se rhabillait convenablement, il déverrouilla le loquet de la porte d'entrée. Il fut surprit de voir l'un des disciples du Comte. Il s'agissait du grand homme blond et musclé qui avait tenté de retenir les Hunters à l'intérieur du Théâtre, tandis que celui-ci brûlait. Que raconterait-il à son maître une fois rentré ? Il avait face à lui un Vampire bien amoindrit. Wynn était si pâle que ses veines faisaient paraître sa peau bleutée, les stigmates de son dos étaient si étendues que certaines venaient effleurer son menton, et son visage était creusé, les yeux noircis pas des cernes immenses, les cheveux quelque peu en bataille... C'était un Vampire convalescent et miraculeusement rescapé qu'il avait sous les yeux. Pas un mot ne fut échangé entre les deux hommes, car leurs gestes et regards leur suffisaient pour se comprendre. L'assassin prit le pli que lui tendait l'homme dont il ne connaissait toujours pas le nom, et alors que celui-ci faisait volte face, le violoncelliste referma la porte.


-Tu peux remonter, je vais te donner des vêtements..., reprit Wynn tout en gravissant les marches alors que son regard se portait sur le sceau qui cachetait l'enveloppe.

Il s'agissait bien de celui du Comte. Que lui voulait-il, cette fois ? Lui reprocher l'échec du Théâtre alors que tous étaient responsables ? Le blâmer ? Voire même le menacer ? De nombreux scénarios prirent forme dans l'esprit du violoncelliste alors qu'il pénétrait dans sa chambre. Il déposa la missive sur une des tables de chevet et sortit une chemise propre qu'il tendit à Elizabeth.


-Je crains de ne pouvoir faire beaucoup mieux, mes pantalons seront beaucoup trop grands pour toi...

Il laissa donc la salle de bain à Elizabeth pour qu'elle puisse se changer, et s'installa sur son lit pour prendre connaissance du contenu de la lettre.

Spoiler:

Les doigts crispés du Vampire froissèrent le papier tandis qu'il le reposait sur ses genoux, fixant le mur en fasse de lui avec une hargne presque palpable. Un échec ? Oui c'en était un ! Wynn n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'il s'était fait malmener par des humains ! La chose le rendait suffisamment amère comme cela ! Le Comte s'en tirait plutôt bien, avec une balle dans le genou ! Le violoncelliste chiffonna la lettre et la jetant contre lui mur.


-Mais il se fout de ma gueule ! Depuis quand ai-je besoin de condescendance ? Qu'il aille au diable, tiens ! Grogna le Vampire d'une voix si forte qu'Elizabeth devait parfaitement l'avoir entendu.

Wynn ignora le bouchon de papier au sol, que la jeune femme pouvait parfaitement ouvrir et lire à son tour, et alla s'asseoir à son bureau pour rédiger une réponse venimeuse et bien sentie. Après tout, qu'Elizabeth comprenne enfin pourquoi il s'était retrouvé au Théâtre ne le dérangeait pas tant que ça. Elle était si curieuse et maline que tôt ou tard elle aurait fini par comprendre. Et l'assassin était bien trop remonté pour avoir encore des scrupules à se cacher.
Il ne coucha que quelques mots sur le papier, d'une écriture vive et agacée, des mots qui signeraient probablement son arrêt de mort étant donné le ton insultant qu'il prenait. Il était sur le point de signer lorsque sa main se figea au dessus du papier. Une goutte d'encre tomba de la plume et s'étira comme les nervures d'une feuille d'arbre sur le parchemin.
N'agissait-il pas un peu trop impulsivement ? Sous ces mots mondains aux accents hypocrites, n'y avait-il pas une part d'honnêteté ? Le geste que le Comte avait eu à son encontre lui revint en tête, et Wynn se demanda un instant s'il avait raison d'agir ainsi. Après tout, il n'avait aucune envie de se dresser contre le maître de la ville. Il ne l'appréciait pas beaucoup, et ce pour bien des choses, mais il ne faisait pas partie de ces Vampires avides de pouvoir et de renommés qui étaient prêt à tout pour le renverser. Et ce pour une raison très simple : Wynn ne savait pas quel but ultime poursuivait le vieux Vampire, et il s'en fichait éperdument ! Pour lui, seule sa vengeance comptait, le reste passait au second plan. La rivalité entre les créatures de la nuit, la volonté de régner, de surpasser les autres, tout cela lui passait loin au dessus. Le violoncelliste n'avait jamais été avide de renommée, de puissance, ni même orgueilleux au point de vouloir diriger les siens. Il était tellement aveuglé par sa vengeance qu'il n'avait pas encore comprit qu'une fois sa mission menée à bien, il se retrouverait sans rien, sans but, sans chemin rassurant à suivre...

Pourtant une chose était sûre, il ne voulait pas se mettre le Comte à dos, pour bien des raisons. Et en songeant à nouveau à ses mots dans la lettre, il se souvint qu'il l'avait félicité pour son travail et sa rage face aux Hunters... Il y avait tout de même une part de gratitude dans ses mots, et Wynn avait quelques points à mettre au clair avec lui, à commencer par l'attitude déplacée de cette Fiora Hagane. Déchirant le premier parchemin, il en prit un autre pour reprendre son écriture. Wynn se garda bien de préciser que s'il s'était battu aussi vaillamment, c'était bien parce qu'il ne supportait pas que quiconque interrompe une pièce musicale, quelle qu'elle soit. En mélomane pointilleux qu'il était, il n'aimait pas voir la beauté de la musique réduite à néant par quelques rustres avides de batailles et autres giclées de sang. Une chose était certaine, l'assassin voulait ce Von Ravellow, ainsi que son acolyte qu'il avait éborgné... Du moins s'il était encore en vie. Cette Eulalia dont lui avait parlé le Comte semblait être une de leurs alliés... En se montrant suffisamment persuasif, Wynn pouvait obtenir d'elle des renseignements. Seulement, il utiliserait ces renseignements pour lui même avant d'en faire part à qui que ce soit. Il n'était ni le messager, ni le mercenaire attitré de qui que ce soit.
De même, si Wynn ne pouvait se mesurer seul à Fiora et ses acolytes, il entendait bien faire connaître sa traîtrise.


Spoiler:

Le Vampire signa sa lettre, la plia et la cacheta. Tendant la main, il fit naître à son extrémité un corbeau, son animal de sang. Celui-ci pris la lettre dans son bec et s'envola par la fenêtre que son maître venait d'entrouvrir.
L'assassin avait rappelé poliment au Comte qu'il ne s'exécutait pas gratuitement, mais rien dans ses mots ne traduisait une quelconque agressivité. Il lui avait même fait part de son ressentit vis à vis de Fiora, et son esprit de vengeance envers Alexender allait de paire avec celui du vieux Vampire. Seulement, Wynn était un solitaire qui avait du mal à agir avec l'aide des autres, et s'il obtenait des informations au sujet du Hunter, il agirait seul.
Mais chaque chose en son temps... Wynn tenait d'abord à reprendre ses recherches au sujet de son maître, ensuite il lui faudrait trouver Eulalia, qui en saurait sûrement bien plus au sujet de ses acolytes de chasseurs.

Relevant la tête vers Elizabeth, Wynn prit un air grave. Elle devait probablement se poser bien des questions au sujet de cette mascarade, et c'était tout à fait compréhensible. Il poussa un léger soupir et retira l'arme qui reposait à sa ceinture.


-Tu me demandait tout à l'heure d'où viennent mes armes... Je t'avoue que je l'ignore. Il s'agit de très anciennes reliques, qui mêlent magie noire et alchimie. J'ai vite compris qu'elles ne servaient qu'un seul et unique maître, et quiconque ose les toucher s'en brûle les doigts. Elles sont étranges, elles n'ont ni chargeur ni balles, mais pourraient tirer des rafales pendant des dizaines de minutes ! Dit-il avec une forme de fascination dans la voix. Je n'ai jamais réellement saisis ce qu'elles étaient... Je ne puis te le montrer, mais le métal est toujours tiède et... Animé d'un battement... A l'instar d'un être vivant !

Ces mots, murmurés d'une voix sourde, auraient fait frissonner de dégoût n'importe qui. Wynn imaginait ces deux revolvers comme des entités à part entière, une vie semblait battre en leur sein, pour une raison qu'il était incapable d'expliquer. Il aurait été incapable de se séparer d'eux et pourtant, ils lui faisaient plus de mal que de bien, ses stigmates le lui rappelaient assez souvent.

-Elles réclament un... Tribut de sang, si tu veux. Aussi étrange voire répugnant que cela puisse paraître, ces armes sont solidaires de leur propriétaire...

Wynn ne précisa pas de quoi il parlait en mentionnant les mots «tribut de sang». Elizabeth pouvait faire le lien avec ses stigmates comme ne pas saisir de quoi il parlait. Finalement, Wynn délaissa l'observation du métal brillant de son revolver, pour plonger ses yeux dans ceux de la jeune femme.

-Ce sont ces revolvers qui ont coûté la vie à ma fiancée... Ils sont une malédiction comme une formidable bénédiction... Car ils sont l'instrument de ma vengeance, tout simplement..., conclut-il de voix horriblement glaciale.

Wynn était amère et cela se sentait. Plus que jamais il ressentait ce besoin de vengeance, et la tiédeur presque rassurante de son arme accentuait un peu plus ce besoin de réduire l'être haït en charpie. Mais autre chose venait de traverser son esprit. Se dirigeant vers le bureau, il reposa son revolver et se tourna vers Elizabeth, soutenant toujours son regard.


-Et je sais reconnaître le regard de ceux qui crient vengeance... Qui appellent à la justice et décident de la rendre eux mêmes... Ce regard tu l'as, tu ne peux le cacher. C'est la vengeance qui guide tes pas. Et ce n'est pas un reproche, je t'assure que je te comprends... Cela fait deux cents ans que je poursuis le meurtrier de ma fiancée...

C'était dit, Wynn l'avait laissé sous entendre trop longtemps, à présent il venait d'avouer pour la première fois ce qui motivait clairement ses pas et pourquoi il en était arrivé là. Il avait pensé que cela le soulagerait mais au contraire, il ne ressentait qu'un vide intense et désagréable.

-De qui cherches-tu à te venger... ? Et pourquoi ?

La jeune femme lui devait bien quelques révélations à son tour. L'assassin ne pouvait que la comprendre, saisir sa détresse ou sa haine, son besoin de vengeance, il partageait tout cela ! Et il espérait qu'elle lui faisait à présent suffisamment confiance pour en parler, ne serait-ce qu'un peu.
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeVen 5 Avr - 23:28

Elizabeth n’insista pas face à la semi réponse du vampire. Elle commençait à comprendre qu’avec lui, chaque réponse viendrait en son temps. Même si la patience n’était pas son fort, elle essayait de son mieux de ne pas précipiter les choses, sachant pertinemment que sa curiosité pourrait conduire l’homme à se fermer définitivement. Aussi ne fit-elle qu’hocher la tête à sa réponse, songeant que son idée n’était pas si mauvaise pour faire disparaître un corps. Avec la dérive du corps, et les dommages que causerait l’eau dessus, il serait ensuite difficile de retrouver les causes de sa mort, et encore plus son auteur… Les moyens limités de la police ne leur permettaient pas d’avancer grandement sur ce genre de cas… En revanche, Elizabeth avait la mauvaise tendance à laisser des corps derrière elle, camouflés dans les ruelles les plus sombres de Londres. C’était déjà moins prudent, et elle en avait conscience. Sur ce point, elle avait beaucoup à apprendre de Wynn…

Une fois rentrés chez l’homme, elle le suivit à l’étage, elle semblait le suivre sans vraiment réfléchir à où elle allait. La fatigue la tenait, et à la vue du lit elle n’eut plus que l’idée de dormir en tête. Toutefois, lorsque le vampire lui présenta la salle de bain, elle ne put résister à la tentation de se débarbouiller. Elle lui souhaita également une bonne nuit avant qu’il ne s’éclipse. A peine dix minutes plus tard, elle était déjà couchée. Sans nulle doute que si elle avait ne serait-ce jeté un coup d’œil à la bibliothèque de Wynn elle y aurait passé la nuit. Rien n’était plus attrayant pour elle que la musique, et voir autant de partitions regroupées au même endroit aurait juste été pour elle jubilatoire. Mais le sommeil la cueillit bientôt et les cauchemars qui allaient avec.

C’est ainsi qu’elle se retrouva plusieurs heures plus tard dans la chambre de Wynn. Profondément endormie, elle aussi récupérait de ces derniers jours mouvementés. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas eu un sommeil aussi calme, et il aurait continué si elle n’avait pas été réveillée par le bond monumental qu’avait fait Wynn. L’esprit tout d’abord embrouillée, elle fut parfaitement réveillée lorsqu’elle comprit qui se trouvait devant elle. L’homme semblait aussi gêné qu’elle, sinon plus. Il ne devait pas avoir l’habitude de se réveiller à côté d’une femme au vue de son comportement. Rouge pivoine, il peinait à trouver ses mots autant qu’Elizabeth peinait à trouver une raison valable à sa présence dans sa chambre. Mais ce fut au tour de la violoniste de rougir lorsque l’homme lui demanda de rester couverte. Elle le regarda quelques instants incrédules, ne comprenant pas pourquoi il lui disait ça subitement, jusqu’à ce qu’elle comprenne ce qu’il voulait réellement dire… Et qu’il y avait quiproquo… Jamais elle n’aurait osée se présenter nue dans sa chambre… Elle était bien trop pudique pour ça ! Mais cela eu pour effet de la faire serrer encore plus son drap, dans un mouvement de pudeur. Elle n’avait pas pensé à cette situation lorsqu’elle était venue ici… Et à cet instant elle se demandait même si son action n’allait pas être mal interprétée par l’homme… Il fallait avouer qu’une femme ne pénétrait jamais dans la chambre d’un homme sans avoir une arrière pensée. Bien loin d’elle cette idée là… Jamais il ne lui viendrait à l’idée de plaire à cet homme… Mais rien qu’à imaginer ce qu’il pouvait bien penser elle se mit à rougir encore plus, les joues en feu, la tête prête à exploser.
Heureusement, l’homme s’était déjà tourné vers son armoire, prêt à lui prêter des vêtements.


- Mais non ! Je…


Elle n’eut même pas le temps de terminer sa phrase qu’elle était déjà par terre dans un grand fracas. Se redressant immédiatement, elle fut étonnée d’entendre derrière elle un grand éclat de rire. La carapace tombait et transparaissait enfin une partie de Wynn que la femme n’avait jamais pu voir. Il riait tellement naturellement, comme s’il faisait ressortir tout ce qu’il n’avait pu exprimer par le rire durant toutes les longues années de son existence… Car il y avait une chose dont Elizabeth était sûre… C’est qu’il ne devait pas rire souvent ! Et elle se dit que finalement, cet homme avait réellement quelque chose de bon, quelque chose qui valait la peine d’être connu en lui. Tout chez lui n’était que façade, et le réel Wynn se révélait être une personne bien plus appréciable que ce qu’il laissait croire… Mais suite à la surprise et au prolongement de ce fou rire, Elizabeth se renfrogna. Non pas qu’elle était vexée, cette position était juste humiliante pour elle. D’autant plus lorsqu’il lui fit la réflexion qu’elle était tombée lamentablement… Elle fit donc la moue, jusqu’à ce qu’elle se rende compte sur quoi elle était tombée, et que sa moue se transforme en une réelle peur… Celle des cercueils. En deux ou trois mouvements elle fut relevée, déjà loin de cet objet de malheur, un masque serein recomposé sur son visage. Wynn devait avoir tout vu, et elle n’avait pas envie qu’il lui pose des questions sur cette étrange peur… Ou bien même qu’il s’en moque… le comble pour un vampire n’était-il pas d’avoir peur des cercueils alors qu’ils étaient pour lui une chose si importante à son bien être ? Elle tourna donc le dos au violoncelliste pour ne pas à avoir à lui donner de plus amples explications, cherchant ce qui pourrait détourner la conversation. Elle le trouvera bien vite sur le bureau de l’homme. Ses pistolets étaient là, bien rangés dans leur étui. Elle savait qu’elle ne pouvait pas les toucher, même si l’envie ne lui manquait pas. Elle était réellement curieuse au sujet de ces armes, et se demandait par quelle magie elle ne pouvait pas les prendre en main alors que Wynn oui. Ce fut donc tout naturellement qu’elle interrogea ce dernier sur ses pistolets. Elle le vit alors prendre l’un d’eux dans ses mains, sans que rien n’arrive. Elle fronça les sourcils, songeuse. Le violoncelliste allait surement lui donner des explications lorsqu’on frappe à l’entrée du manoir. Songeant qu’il ferait sans doute peur à voir avec sa chemise tâchée de sang –déjà que…- il changea de chemise avant de se précipiter à la porte, Elizabeth sur ses talons. Comme il lui demanda, elle resta dans un coin sombre de l’habitation afin de ne pas faire remarquer sa présence. Elle observa curieusement l’échange qui se fit à la porte. Malheureusement pour elle, aucun des deux ne parla ne l’aidant en aucun cas à comprendre quoi il en retournait. Lorsque le violoncelliste referma la porte, elle était toujours accroupie en haut des marches, tel un enfant qui espionne ses parents. Elle ne mit pas longtemps à remonter sous l’inclination de l’homme. Elle le suivi de nouveau jusqu’à sa chambre, regardant avec curiosité l’enveloppe qu’il tenait dans sa main. Elle ne pouvait s’empêcher de vouloir savoir de quoi il en retournait. Mais c’était surement un courrier qu’il voulait lire seul puisque après avoir fouillé dans son armoire, il lui confia une de ses chemises pour qu’elle puisse s’habiller un peu plus décemment.

Pour une fois, elle n’émit aucune protestation. Elle se contenta de prendre le vêtement dans un merci, et de sortir de la pièce. Une fois dans la salle de bain du violoncelliste, elle enfila la chemise. Il était un peu gênant pour elle de se faire prêter des vêtements par un homme mais elle n’avait guère le choix. Pour le moment elle n’avait rien de mieux… Elle lui arrivait aux genoux. Autant dire qu’elle flottait dedans… Elizabeth à côté de Wynn n’était qu’un moucheron… D’autant plus que la belle n’était pas connue pour être imposante, mais plutôt frêle… On aurait dit un enfant dans les habits de ses parents…
Elle repliait minutieusement le drap qu’elle avait utilisé lorsqu’elle entendit soudain une exclamation venant de la chambre. Apparemment, le cachet ne devait pas contenir de bonnes nouvelles… Encore une fois la violoniste se demanda de quoi il pouvait bien s’agir… Elle sortir de la pièce, s’attendant à voir un Wynn en rogne. Il était assis à son bureau, semblant griffonner avec vigueur sa lettre. Elle remarqua d’ailleurs celle qu’il venait de recevoir quelques instants plus tôt, laissée froissée par terre. Elle n’hésita que quelques secondes avant de se pencher pour ramasser le pli et parcourir les lignes… Sa main se crispa sur le papier lorsqu’elle vit de qui elle était. Le Comte… encore lui ! Il devait sans doute parler de cette affaire dont ils s’entretenaient tous deux dans la ruelle… Ainsi Wynn avait été embauché pour être le chef d’orchestre de cette pièce de théâtre créée par le Comte… Ayant mal tournée à cause d’hunters, Wynn avait alors défendu les intérêts du Comte ? Elizabeth avait du mal à y croire… L’homme n’était pas du genre à faire des excès de zèle devant quiconque… La raison devait être autre, mais elle échappait alors à la violoniste… Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il en gardait une colère profonde. Non… Il devait y avoir une autre raison à l’opposition que Wynn avait menée, mais elle lui échappait à l’heure actuelle…

Elle reposa alors la lettre là où elle se trouvait, comme si elle ne l’avait jamais lu, déposa le drap qu’elle tenait dans ses mains sur le lit puis observa l’homme, le laissant terminer tranquillement sa tâche. Une fois finie, elle le vit alors faire apparaître un corbeau dans sa main. Curieux pouvoir que voilà, mais tout à fait fascinant. Il avait l’air bien pratique…. Elle suivit sa trajectoire des yeux jusqu’à ce que l’animal ne soit plus visible. Enfin seulement elle reporta son attention sur l’homme qui semblait à présent disposé à lui parler.

Il ramena de lui-même la conversation vers son arme. Ce qu’il décrivait était étrange, et jamais jusqu’alors elle n’avait été témoin de l’alchimie. Mais en voyant ces armes, elle se demandait jusqu’où pouvait alors aller l’alchimie. Il était étrange que Wynn ressente ses armes comme des êtres vivants. Comment cela pouvait-il être possible ? C’était une bonne question à laquelle même l’intéressé ne pouvait répondre… Mais ce qu’il continua de dire fit frissonner la jeune femme. Un tribut de sang ? Elle comprit alors vite que ces armes pouvaient s’avérer une bénédiction comme une malédiction… Une arme puissante mais qui drainait la vie de son propriétaire. Cela n’était-il pas un cercle vicieux ? Mais elle ne comprit pas que ce tribut de sang se manifestait par les zébrures dans le dos du violoncelliste… Pour le moment ces dernières lui étaient sorties de l’esprit…
Mais là où son étonnement fut à son comble, c’est quand Wynn parla de sa fiancée. Tout de suite les questions fusèrent dans son esprit. Comment se faisait-il que ces armes avaient couté la vie à sa fiancée ? Comment des armes, aussi formidables soient-elles pouvaient-elles valoir plus qu’une vie ? Des questions qu’elle voulait lui poser, mais qu’elle savait prématurées…. Ou du moins, venant de sa part. Surtout quand elle voyait le ton sur lequel Wynn avait dit tout cela… Il parlait de sa fiancée, il était normal que cela lui tienne à cœur. Mais sous tout cela se cachait une amertume qu’il ne tentait même pas de cacher. Elle le devinait aisément, il y avait toute une histoire liée à ces armes.

Mais Wynn passa tout de suite à des remarques qui se firent de plus en plus allusives. Elizabeth avait peur de comprendre où cela allait mener. Et elle n’était pas préparée à cette éventualité. Jusque-là l’homme était resté à l’écart de ce sujet, ce qui lui avait parfaitement convenue. Mais aujourd’hui il se dévoilait un peu plus et lui demandait de même… Il alla même lui dévoiler que lui aussi était motivé par la vengeance de sa défunte fiancée… Il poursuivait donc son maître pour l’occire… Bien différent de ce qu’Elizabeth éprouvait à l’égard de son propre maître… Mais elle comprenait cette soif de vengeance, ce besoin d’apaiser cette plaie béante qui s’était créée dans sa poitrine… Sa conscience lui réclamait tribut… Elle voulait avoir la tête de ceux qui avaient tués ses parents… Alors seulement peut être pourrait-elle se sentir sereine et apaisée ? Mais elle le savait, cela ne pouvait pas les ramener à la vie…
La question fut alors franche et directe… Et au vue de comment il regardait droit dans les yeux la jeune femme, Wynn attendait une réponse claire… Ce fut Elizabeth qui détourna en premier les yeux, préférant tourner le dos au violoncelliste. Qu’allait-elle lui dire au juste ? Cela faisait cinq ans qu’elle portait ça en elle, sans jamais en avoir soufflé mot à quiconque… Cinq ans que cette vengeance la rongeait… Bien pathétique à côté de tout le temps qu’avait passé Wynn à poursuivre son maître… Mais à ses yeux cela avait de l’importance… il en allait de l’honneur de sa famille…. Elle finit finalement par rejoindre le lit sur lequel elle s’assit, bras croisés devant son vente dans une attitude qui aurait pu être interprétée par certains comme une attitude réservée voire de protection… Ce qui était le cas, sans qu’elle ne le sache vraiment… Elle hésita encore un instant avant de finalement relever les yeux vers lui dans une attitude qui se voulait digne, et qui pourtant n’était pas ressentie comme tel à ce moment-là. Elle se sentait insignifiante en simple chemise devant cet homme immense qui était resté fier malgré ses révélations alors qu’elle se sentait si fragile.
Elle ne savait pas comment aborder le sujet, alors elle choisit de commencer par la base de tout…


- Je pense que tu dois connaître le monde élitiste qu’est celui de l’Aristocratie ?

Elle marqua une courte pause avant de reprendre, sa question n’attendant aucune réponse de l’homme.


- Je ne suis pas Elizabeth Dawson, la petite violoniste qui se produit dans les rues. Mon vrai nom importe peu, mais sache que j’ai appartenu à ce monde, ainsi que mes parents.

Elle se mit alors à tortiller la chemise de l’homme nerveusement. La confession qu’elle allait faire là n’était pas facile, d’autant plus qu’elle touchait quelque chose qui l’avait toujours fait souffrir… sa solitude étant enfant. Elle continua tout de même d’une voix qui se voulait assurée.


- Mes parents ont tout sacrifié au service de cette Aristocratie, même leur propre famille ! Mais lorsqu’ils devinrent inutiles et gênant pour quelques hautes sphères, ils furent tout simplement tués, balayés comme de simples détritus. Si j’avais été avec eux ce jour-là, je ne serais même plus de ce monde pour t’en parler…

Elle sera le poing, envahie par une colère sourde à l’idée de cette trahison… de cette récompense qu’ils avaient eus pour leurs bons et loyaux services… Leur mort avait été injuste. Ils aspiraient juste à vivre de nouveau normalement, reprendre le court de leur vie là où elle s’était arrêtée… Sans doute que sa mère aurait repris sa carrière de pianiste. Son père quant à lui aurait pu reprendre ses activités marchandes, comme il le faisait à l’époque… En soit rien de bien dérangeant pour personne… Mais à croire que le sort s’était obstiné sur la famille Mc Cartney… Il ne restait aujourd’hui qu’Elizabeth, et elle devait sa survie qu’à cette volonté de vengeance. Elle se savait affreusement vide sans cela… Quel but avait son existence sinon de se venger ? A quoi bon être à l’abri des maladies et de la vieillesse si l’on ne pouvait pas en user pour réparer les injustices subies ? Personne n’allait lui dicter ce qu’elle devait faire… Sa décision était prise, malgré les embuches qui s’accumulaient sur son chemin.

- Tu me demandais la dernière fois d’où venait mon différent avec le Comte ? Nous ne partageons pas des intérêts communs… Il est un obstacle vers ma vengeance ! Mais il ne pourra pas constamment LA protéger… Le jour où il baissera sa garde, je serai sur ses pas…

Son ton était alors plein de rancunes. Elle n’avait pas évoqué clairement la Reine et ne comptait pas le faire. Wynn pouvait très bien deviner de qui elle parlait ou non… Elle doutait fort qu’il la dénoncerait sur le champ pour sa trahison pour la couronne de toute façon… Elle pensait qu’elle pouvait faire confiance à l’homme pour qu’il garde pour lui tout ce qu’il venait d’entendre, y compris au sujet du Comte Keïsuke avec qui il entretenait tout de même une correspondance. Sa réaction à la lecture de la lettre qu’il avait reçue de sa part confirmait qu’ils n’étaient pas de toute façon en excellent terme… De toute façon, le maître de la ville savait très bien son intention… Elizabeth savait être patiente, elle tenterait sa chance au moment où l’homme ne s’y attendrait le moins… Elle savait très bien que si elle y arrivait elle s’exposait à une morte quasi certaine, voire peut-être pire au vu des pouvoirs du vampire, mais alors peut être seulement aurait-elle la conscience tranquille… Enfin elle aurait l’impression d’avoir accompli quelque chose ! Son désir était purement égoïste, certes… et elle savait qu’elle mettrait le pays en péril, mais n’avait-elle pas droit pour une fois dans sa vie d’obtenir ce qu’elle désirait ? D’autres à sa place auraient-ils réagi différemment ? Elle ne le saurait malheureusement jamais…

Et si l’homme comprenait tout, comment réagirait-il ? Elizabeth ne voulait pas entendre ces mots qui pourtant étaient vrais… Folle vengeance que voilà… Vengeance démesurée et face à quelqu’un d’aussi puissant que le Comte, vaine… Et pourtant elle s’y accrochait de toutes ses forces. Elle se voilait la face pour pouvoir continuer à avancer… Ces mots ils viendraient un jour, et elle devrait bien les accepter… Mais pour le moment elle n’était pas prête. Sans cette carotte pour avancer elle se sentait vide… Sans sa vengeance, elle ne serait rien !


- C’est étrange comme on peut s’accrocher à des détails de notre passé humain tu ne trouves pas ?


Son ton s’était fait amer. Sa vie humaine n’était faite que de regrets et de nostalgie… Si elle avait pu revenir en arrière les choses se seraient passées bien différemment… Mais il était trop tard maintenant…
Il n’y avait rien de plus à dire… Aussi se contenta-t-elle d’un petit sourire ironique tandis qu’elle concluait :


- Voilà, tu voulais savoir, maintenant tu sais tout… Pathétique n’est-ce pas ?

Elle se leva alors ne tenant plus assise. Elle ne savait pas si elle avait envie ou non d’affronter les réactions de Wynn. Elle choisit finalement la fuite, trop lâche pour affronter ses confessions…
Feignant l’indifférence, elle se dirigea vers la porte avant de lancer par-dessus son épaule :


- Merci pour la chemise, mais je pense que je vais retourner mettre ma robe…

Une excuse bien choisit pour s’éclipser, même s’il était vrai qu’elle n’était pas à son aise, ainsi vêtue.

Ce fut avec soulagement qu’elle franchit le pas de la porte… Elle ne s’était pas rendu compte de la pression qu’elle s’était mise à la simple évocation de sa petite vengeance personnelle. Cacher son identité et ses ambitions avait toujours été une question de survie… Mais cela avait été aussi un poids qui s’était aujourd’hui quelque peu allégé. C’était la première fois qu’elle s’appuyait sur quelqu’un, et il fallait l’avouer il y avait là-dedans quelque chose de réconfortant.

Elle pénétra alors dans la chambre d’invité. Alors qu’elle allait se diriger vers la salle de bain son regard fut cette fois attiré par la bibliothèque qui trônait dans la chambre. S’étala alors derrière la vitre toute une collection de partitions qui firent alors pétiller d’excitation les yeux de la violoniste. Ouvrant la vitrine aussi vitre qu’un enfant déballerait un cadeau elle se mit alors à piocher au hasard diverses partitions qu’elle se mit à dévorer des yeux. Plusieurs comme ça furent retirées de leur place pour être feuilletées sur le lit par une musicienne avide de connaissance… Comme l’homme s’en était douté, la vue de tous ces trésors n’avaient pu rester longtemps inaperçu…
La jeune femme alla chercher encore plusieurs morceaux à déchiffrer lorsque son regard fut attiré par le rebord de la fenêtre sur lequel reposait un papier. L’ouvrant, elle s’avisa alors qu’il s’agissait d’une enveloppe cachetée… Qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire là ? La curiosité de la violoniste était mise à l’épreuve, mais ce courrier ne lui était surement pas destiné. Il était en revanche étrange que cette lettre tombe là… Elle décida tout de même de donner son bien au vampire sans l’ouvrir…


- Wynn ? Je crois que je viens de trouver quelque chose pour toi ! L’appela-t-elle.

Reprenant sa recherche, elle tomba alors sur des partitions de Chopin. Les prenant, elle retourna s’assoir sur le lit au milieu de tous les parchemins pour continuer son déchiffrage jusqu’à ce que l’homme l’ait rejointe dans la pièce. Elle en avait même oublié de se changer, comme dit plus tôt. Lorsqu’elle l’entendit entrer, elle releva à peine la tête des ouvrages, soulevant d’une main le parchemin qu’elle avait trouvé…

- Il y avait ceci de poser sur le rebord de la fenêtre… Je pense que ça t’appartiens !

Elle releva alors un visage émerveillé devant Wynn avant de lui sourire.

- Tu possèdes là un recueil de partition qui ferait pâlir d’envie n’importe quel musicien…

Pour le coup, elle en avait complètement oublié ses confidences d’avant… Mais peut-être que l’homme ne tarderait pas à les lui remettre en mémoire…

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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeLun 29 Avr - 23:51

Alors qu'il tentait de refréner son rire, Wynn surprit le regard terrifié d'Elizabeth sur la forme sombre gisant aux pieds du lit. Son cercueil... Elle devait probablement faire partie de ces Vampires incapables de supporter l'enfermement, ces créatures rejetées par leur propre nature et la l'humanité si ancrée dans les gênes qu'elle les poussait à fuir cet objet mortuaire. Comment pouvait-on seulement se sentir à l'aise dans un coffre de bois destiné à accueillir des cadavres ? L'assassin comprenait un peu la réaction de la jeune femme, après tout elle était jeune, elle avait vécu plus longtemps comme une humaine que comme un Vampire.
Il s'abstint donc de lui faire remarquer que sommeiller dans un cercueil était bien plus reposant pour une créature de la nuit qu'un lit humain. Lui même s'était échoué sur son lit par manque de courage, mais aussi parce qu'il savait que son sommeil serait sûrement agité et parce que le cercueil serait trop petit. Le sujet ne fut pas abordé mais Wynn rangea cette information dans un coin de son esprit, déterminé à en reparler avec la jeune femme, même si le sujet serai probablement délicat et source de conflits entre eux. Elle avait besoin de comprendre que malgré son apparence et son jeune âge, elle n'avait plus d'humain que l'enveloppe charnelle, tout le reste était dévoué à la nuit et à sa nouvelle nature, mais était-elle seulement prête à l'admettre et l'accepter ? Il en doutait. Il n'avait jamais éduqué de Vampire, il ignorait tout de la façon d'appréhender cette nature houleuse pour les autres. Dès le début, Wynn avait été obnubilé par sa vengeance au point d'en oublier totalement son ancienne nature humaine, il n'avait pas eu ce regret de l'humanité, ni ce rejet de sa nouvelle personne. Il n'avait ressentit qu'une rage incommensurable et un besoin désespéré de meurtre et de sang, si bien qu'il était un peu déboussolé en voyant autant d'humanité chez la jeune femme.

En un sens il n'arrivait pas à être touché par cette angoisse pourtant naturelle chez la jeune femme. La comprendre, il le pouvait. Compatir, il ne savait décidément pas le faire. Par pour ce genre de chose. Son détachement vis à vis des gens était trop profondément ancré dans ses gênes. S'il avait ouvert la bouche, il lui aurait répondu avec beaucoup de franchise qu'avoir peur de quatre planches de bois lui passerait et qu'il faudrait bien qu'elle s'y fasse. Mais il avait saisit que la demoiselle était farouche et qu'il valait mieux éviter de la brusquer au risque de la voir se fermer définitivement.
Wynn simula l'indifférence et lorsque la lettre du Comte arriva, il reporta son attention dessus.
La réponse fut brève et strict, mais il y a mit politesse et bienséance pour ne pas paraître grossier. En réalité, le violoncelliste ne savait pas sur quel pied danser avec le Comte. Devait-il le voir comme un allier ou comme un ennemi à ne surtout pas provoquer ? Une aura de mystère presque impénétrable entourait sa personne, et ce qui déroutait Wynn plus que tout était son incapacité à prévoir les réactions de l'aristocrate. Il ne savait donc pas si celui-ci lui offrait les hunters sur un plateau d'argent ou s'il comptait l'utiliser. Ne pas savoir était la chose qui le rebutait le plus dans cette histoire. Il n'avait pas envie de se poser plus de questions... Il ne voulait que sa vengeance, sa satisfaction personnelle, aussi égoïste soit-elle.

La lettre fut envoyée et Wynn se tourna à nouveau vers Elizabeth. Il lui confia certaines choses au sujet de ses revolvers, mais resta toujours très allusif. Elle en savait beaucoup. Bien trop, même. Bien plus que n'importe qui. A part peut-être Rosalia... Il avait davantage ouvert son cœur à la jeune femme et s'était montré tellement plus honnête avec lui même... Mais il avait horreur de devoir admettre ses faiblesses et sa sensibilité. Il ne voulait pas montrer cette face cachée de sa personne à Elizabeth, ne pas lui montrer que face à ce qui l'attendait il n'avait aucune chance. Il n'était pas idiot, simplement déterminé, mais il savait qu'en se mesurant à son maître, il se ferait écraser. Deux siècles les séparaient sinon plus, et même si la ténacité du Vampire lui permettrait de tenir un temps, il ne pourrait qu'être fier de l'amocher suffisamment pour le rendre vulnérable. Au fond de lui, il espérait avoir la force d'en venir à bout, de lui porter le coup fatal, mais n'était-ce pas là l'espoir d'un fou ? Lorsqu'il l'aurait retrouvé, Wynn savait qu'il ne pourrait résister à l'envie de mettre sa vengeance à exécution et s'il s'en sortait, il attendrait à peine d'être rétablit pour frapper à nouveau. Ce besoin de déverser sa haine était devenu omniprésent chez lui, c'était ce désir qui guidait à présent ses pas et non plus sa raison. Et cela, personne ne pourrait le changer. Pas même Rosalia ou Elizabeth. Ce besoin lui était vital et il ne reculerait pas, la lâcheté ne faisant pas partie de ses traits de caractère notables.

Son regard se fit insista sur le revolver qu'il tenait à la main. Le métal tiède semblait murmurer sous ses doigts, comme s'il sentait la haine dans le cœur de son porteur. Cette rage semblait attiser un peu plus la nature meurtrière de l'arme qui n'attendait qu'une chose, assouvir la vengeance de l'assassin. Wynn avait toujours sentit que ses revolvers aspiraient à se retrouver à nouveau face à Mircea, pour une raison qui lui échappait totalement. Le violoncelliste aurait voulu savoir pourquoi son maître tenait à ce point à ces armes, ce qu'elles représentaient pour lui pour qu'il le punisse aussi sévèrement. Il y avait forcément une raison... Wynn ne souhaitait pas seulement le tuer, il avait également un grand nombre de questions à lui poser, des questions qui avaient un besoin vital de réponses.

Maintenant figé devant Elizabeth vers qui il penchait la tête avec un regard à la fois bienveillant et inquisiteur, Wynn attendait patiemment qu'elle daigne lui faire quelques révélations. Et alors qu'il s'attendait à ce qu'elle ne réponde pas et élude le sujet, elle ouvrit la bouche et s'aventura à lui révéler quelques uns de ses secrets.
Immobile, le Vampire analysa chaque mot, chaque syllabe que prononçait la jeune femme. Un rictus nerveux anima cependant la lèvre supérieure de l'Assassin lorsqu'il apprit qu'elle était issue de l'aristocratie. Cette classe qu'il méprisait pour le ramassis d'idiots qui la composait... Combien d'aristocrates pouvaient encore se vanter d'avoir gagner leur titre à la sueur de leur front ? Aucun. Duc, Prince, Marquis et autres, ils avaient tous hérité d'un titre et d'une sécurité financière que n'avaient pas les autres classes. Naître avec une petite cuillère en argent dans la bouche n'était pas donné à tout le monde ! Et si Wynn était né dans une famille relativement aisée, s'il avait eut une enfance heureuse loin de tous soucis, il ne supportait pas le dédain et les regards impérieux de la plupart des nobles britanniques. Par principe, ils se sentaient supérieurs, probablement issu d'une branche plus noble et pure de la race humaine ou vampirique... Comme c'était pitoyable... Pouvait-on seulement se sentir plus invincible avec un titre ? Baron, bourgeois ou simple paysan, une fois morts ils se décomposaient tous de la même manière et retournaient à l'état de poussière. Leur sang avait la même couleur, leur cœur battait au même rythme, alors à quoi bon se sentir plus important ? La chose échappait au violoncelliste, si bien qu'il se montrait souvent arbitrairement agressif avec les aristocrates et adoptait curieusement l'attitude qu'il détestait chez eux.
Wynn avait tout simplement du mal à accepter qu'en Angleterre, les aristocrates menaient encore la danse. Pourtant, jamais il n'aurait soupçonné l'appartenance d'Elizabeth à cette classe. Elle était naturelle avec lui, ne le regardait pas de haut... Elle le traitait simplement comme son égal. Avait-il donc besoin de revoir son jugement ? Peut-être bien... Ou du moins pour de rares exceptions.

Mais le fait qu'elle soit d'origine noble lui sortit totalement de la tête lorsqu'elle lui admit un fait autrement plus important. Ainsi donc elle n'était pas Elizabeth Dawson ? Si le prénom semblait bien être le vrai, elle masquait en revanche son nom... Mais pour quelle raison ? Pour se préserver ? La réponse vint rapidement. Elizabeth ne semblait pas apprécier les aristocrates plus que Wynn, et elle gardait une rancoeur tenace à leur égard, c'était flagrant. Ses parents avaient été pris dans la toile gluante d'une intrigue et n'avaient pu s'en dépêtrer avant que celle ci ne plante ses chélicères venimeuses dans leur cœur pour leur ôter la vie... Comme le secret pouvait être cruel et difficile à porter... A cet instant, Wynn comprenait le ressentiment d'Elizabeth. Il savait à quel point perdre un être cher aussi brutalement pouvait être douloureux. Et il ne savait que trop bien ce que l'on ressentait lorsque l'on aspirait plus qu'à une chose : La vengeance. Une vengeance qui se dégustait froide après des mois voire des années de recherches acharnées. Une vengeance qui pouvait mettre à sac un esprit en quelques heures, comme elle pouvait paradoxalement le renforcer. Elizabeth voulait voir sa famille vengée et c'était un droit voire un devoir, selon l'Assassin.
Cependant, un doute avait commencé à s'insinuer en lui depuis quelques minutes, et une question lui brûlait les lèvres. Sans le véritable nom d'Elizabeth, il n'en aurait pas la certitude. Mais la jeune femme avait moins de trente ans, et le violoncelliste vivait à Londres depuis plusieurs décennies. Il était assassin depuis deux siècles... Il pouvait très bien avoir été la personne commanditée pour assassiner les parents de la jeune femme. Il avait beau se remémorer ses derniers assassinats, ils étaient trop nombreux pour qu'il soit sûr de lui. A Londres, le meurtre était une monnaie d'échange et un service comme un autre, si bien que le Vampire manquait rarement de travail. Mais s'il était la cible ou plutôt l'origine de la haine et de la solitude de la jeune femme... Oserait-il seulement la regarder en face ?

Wynn était loin d'être insensible. Il se tenait à l'écart de ses semblables et des humains, faisait rarement preuve d'affection ou de sentimentalisme, mais il ne pouvait nier qu'il avait conscience du mal qu'il faisait. Non pas qu'il éprouvait une quelconque compassion à l'égard de ceux qu'il tuait, simplement il comprenait qu'on puisse lui en vouloir. Il savait aussi qu'au contact des gens, il aurait fini par avoir des remords, par éprouver de la culpabilité et pourquoi pas chercher à pardonner... Il s'y refusait. Jamais il ne pardonnerait à son maître ce qu'il lui avait fait subir et pour cela il ne devait pas faiblir.
Mais il était là, ce doute... Peut-être s'inquiétait-il pour rien, mais il pouvait très bien être l'Assassin tant haït des parents d'Elizabeth... D'un autre côté, la coïncidence aurait été énorme... Cette pensée le rassura un peu.


-Je... Vois... J'imagine que la chose ne doit pas être facile à évoquer mais... Sais-tu comment ils ont été tué ? Demanda-t-il d'une voix sourde.

Il voulait simplement en avoir le cœur net. Avoir la certitude qu'il n'aurait pas tôt ou tard besoin de s'expliquer avec la jeune femme. Vivre dans le mensonge impliquait une relation bancale entre eux, et il ne sentirait plus la force d'exiger de l'honnêteté de sa part si lui même n'était pas capable de s'abstenir de mentir.
En revanche, tout cela fut à nouveau oublié lorsque Elizabeth reprit ses confidences. Le nom du Comte fut prononcé et à nouveau Wynn se fit très attentif. Il ne pouvait nier que l'agressivité dont avait fait preuve la jeune femme à son égard l'avait surprit, et qu'il s'était posé des questions à son égard. Tout cela coïncidait. Elizabeth nourrissait une haine et une envie de meurtre à l'égard d'une personne que le Comte protégeait au point de faire surveiller la sauvageonne par un autre. Ce devait être une personne précieuse à ses yeux... Ou aux yeux d'une nation toute entière. Car si Wynn ne connaissait que très peu le lord, il avait retenu que celui-ci défendait Sarah Spencer et la reine Victoria. Or, il avait du mal à imaginer que Sarah, jeune aristocrate parmi tant d'autres puisse être à l'origine de la mort des parents d'Elizabeth. Mais la reine... N'était-ce pas un peu gros ? Qui le Comte pouvait-il protéger ? Wynn s'aventura alors à émettre à vois haute ses déductions.


-Je ne connais que peu le Comte mais... J'ai
retenu deux personnes qu'il protège et ne souhaite pas voir finir en
charpie. Sarah Spencer et la reine Victoria. Si la première me semble
inoffensive pour toi, je ne pense pas me tromper en disant que c'est de
la seconde qu'il s'agit ? Arrête moi si je me trompe...,
dit-il d'un ton étrangement détaché.

En vérité, qu'il s'agisse de la Reine d'Angleterre, du Tsar de Russie ou de l'Empereur de Chine, Wynn s'en fichait. Le vengeance restait la même, la personne à abattre était humaine, la rancoeur était présente... Pourquoi blâmer Elizabeth ?
Poussant un léger soupir, l'Assassin recula et alla s'appuyer contre le rebord de la fenêtre en croisant les bras sur son torse, chose qu'il regretta bien vite en sentant ses blessures lui brûler les côtes.

-Si c'est bien d'elle qu'il s'agit, n'ait aucune crainte. Je ne rapporterai cela à personne. Après tout, ce que tu fais de ta vie ne me regarde pas, et je serai bien hypocrite de te blâmer. Que tu voue une haine farouche à une reine, un prince ou un empereur, c'est ton droit. Et à vrai dire, trahison envers la couronne ou non, personnellement je m'en fiche ! Je ne suis pas anglais ni même britannique, alors les affaires de ce pays m'indiffèrent totalement tant qu'elles ne me touchent pas de près ! Dit-il d'une voix ronronnante où chantait son accent qui trahissait toujours ses origines de l'Est.

C'était incroyablement égoïste de sa part, mais Wynn n'avait jamais été un bon samaritain près à sauver un pays en défendant la tête d'un monarque. Pour lui, un régent pouvait se remplacer par un autre, cela ne ferait pas tourner la terre à l'envers ou s'éteindre le soleil.


-En revanche, je ne t'apprendrai rien en te disant que tu mets la barre très haut. Pourquoi t'en prendre à une figure emblématique du pays ? Es-tu vraiment certaine qu'elle en ai voulu personnellement à tes parents ? Que c'est bien à elle que tu dois vouer ta haine et non un autre ? Réfléchis-y bien... Car le Comte ne sera pas ton seul obstacle. Dis-toi bien que je cours depuis deux siècles après une vengeance, toi tu poursuis une reine. C'est un autre gabarit !

Wynn ne voulait pas décourager Elizabeth, simplement la mettre en garde. A aucun moment il n'interviendrait dans cette histoire. Il avait conscience du besoin de solitude inhérent à la vengeance. On ne pouvait partager une telle chose, à moins de l'avoir vécu à deux. C'était une chose bien trop personnelle.

-Je ne ferais rien pour t'en empêcher, et je ne t'aiderai pas non plus à mener à bien ta vengeance. Peu importe la personne dont il s'agit, je sais à quel point il est vital pour une personne meurtrie de panser ses blessures avec le sang de son ennemi...

C'était à la jeune femme de résoudre ce problème, lui proposer son aide aurait été une insulte pour elle. En revanche, elle manquait cruellement de patience, et si elle se jetait à corps perdu dans son projet fou, elle se heurterait encore au Comte, et tous deux en paieraient le prix. Wynn était censé lui apprendre à se contrôler, pas l'encourager à faire du mal... Mais lui faire obstacle dans sa vengeance était au dessus de ses forces, il ne comprenait que trop bien ce besoin vital de justice. Il s'en mordrait sûrement les doigts à l'avenir mais peu lui importait... Lutter contre une nature ancrée en lui depuis des siècles n'était pas une chose facile.

-Tu manques de recul et de patience, c'est là ton plus gros défaut. Prends le temps d'appréhender et crois-moi, tu verras les choses sous un autre angle... Je n'ai pas particulièrement envie de te ramasser à la petite cuillère parce que tu auras foncé dans le temps sans réfléchir ! Conclut-il avec un sourire amusé.

Bien il faisait référence au fait qu'Elizabeth était venu le récupérer alors qu'il aurait pu y rester, mais il préférait maintenant voir la chose avec humour, allant jusqu'à faire de l'auto dérision. Il secoua alors la tête et se redressa en grimaçant.


-Non je ne trouve pas cela pathétique... C'est humain, ce besoin de vengeance. Au fond de nous, ce besoin est exacerbé par notre nature, il est vital ! Ou alors si c'est réellement pathétique, le monde est dominé par le pathos ! Il y a tant de gens qui nourrissent un besoin de vengeance sur Terre que le considérer comme pathétique serait ramener cela à tous les Hommes..., ajouta-t-il en haussant les épaules.

Cette réflexion pouvait paraître défaitiste et pourtant Wynn était surtout réaliste. Il ne voyait pas l'intérêt de dire que le monde était rose et bleu, dominé par l'amour et le partage quand tant de haine et de rancoeur tapissaient les rues de chaque citées dans le monde. Ce n'était pas une fatalité à ses yeux, cela faisait simplement partie de la nature humaine, vampirique, lupine, qu'importe ! Le vengeance servait également à trouver un but, à trouver un sens à une existence brisée par la perte et le chagrin. Sans celle-ci, Wynn n'aurait su que faire de son éternité... Il ne s'était jamais posé la question sur ce que l'immortalité pouvait lui offrir de plus que la possibilité d'assouvir sa soif de sang. Et il n'était pas question qu'il commence à se la poser. Tout cela viendrait plus tard.

Elizabeth le remercia alors pour le prêt de sa chemise et se retira pour aller chercher sa robe. Le Vampire ne la retint pas, se contentant d'un bref hochement de tête. Ses révélations devaient l'avoir chamboulée, elle devait avoir besoin d'être un peu seule pour remettre ses idées en place. Car à présent, si Wynn avait vu juste, il connaissait la cible de la jeune femme. En revanche, ce n'était pas réciproque. Elizabeth ignorait le nom, l'allure, presque tout du maître de Wynn. Mais lui même qu'en savait-il ? Presque rien... Alors à quoi bon spéculer sur le sujet ?

Tournant la tête vers la fenêtre comme s'il attendait déjà une réponse à son courrier, le violoncelliste se mit à compter les étoiles qui parsemaient le ciel. Il aurait pu passer sa nuit à cela sans s'en lasser, patient et calme comme il était. Mais bientôt la voix d'Elizabeth s'éleva dans la pièce d'à côté et il quitta presque à regret sa contemplation de la voûte céleste. En entrant dans la chambre d'amis, il lui jeta un regard interrogateur et prit la lettre qu'elle lui tendait. Le pli était bien cacheté mais aucun sceau n'y figurait, et le papier portait une étrange odeur de vieux parchemin poussiéreux, comme un antique papier que l'on aurait laissé de côté avant de s'en servir à nouveau. Un léger poids se fit sentir lorsqu'il retourna la lettre, et il devina qu'un objet était enfermé à l'intérieur.
Wynn allait ouvrir la missive lorsqu'il jeta un regard amusé et agacé à Elizabeth. Amusé car il reconnaissait bien là la passion et l'intérêt d'une musicienne, agacé parce qu'il constatait qu'elle avait mit un désordre sans nom dans ses partitions minutieusement rangées et classées avec soin par ordre chronologique... Maniaque comme il l'était, voir ses beaux recueils éparpillés sur le lit lui donnait envie de les ranger à nouveau mais il s'abstint, heureux de pouvoir parler d'un sujet aussi plaisant que la musique avec Elizabeth.


-Pourtant tu n'as sélectionné que les plus récents... Chopin, Liszt, Paganini... Celui-ci ferait davantage le bonheur d'un collectionneur, dit-il en s'approchant de l'étagère à partition pour sortir un très vieux recueil relié de cuir.

Il posa le volume sur le lit, délaissa un instant la lettre et souleva la couverture pour découvrir le titre enluminé avec soin et calligraphié à la plume.


-C'est le Spem in Allium de Tallis, une pièce magnifique écrite pour quarante voix solistes. Une véritable prouesse musicale et une innovation impressionnante quand on sait que ce morceau a été composé avant 1570. Cette pièce est plus vieille que moi ! Dit-il avec un sourire en parcourant la première page du bout des doigts.

La partition avait été recopiée à la main et non imprimée, et le papier était d'excellente qualité. Wynn tenait ce recueil de sa mère, qui le lui avait légué à ses quinze ans. Même s'il n'était pas chanteur, il avait toujours beaucoup aimé cette pièce, et gardait jalousement sa partition.


-Mais je crois comprendre que tu es plus fascinée par Chopin..., reprit-il d'une voix moqueuse.

En effet, la jeune femme avait sélectionné plus de partitions de ce jeune compositeur que les autres. Sa musique torturée et débordante d'émotions devait fasciner la jeune femme, ce qu'il ne pouvait que comprendre. Se relevant du lit, Wynn reprit sa lettre et entreprit de l'ouvrir pour en découvrir le contenu, laissant Elizabeth feuilleter les recueils.
Un petit objet tomba dans la main du Violoncelliste, et bientôt celle-ci se mit à trembler alors qu'il la fixait, les yeux écarquillés d'horreur. Il s'agissait d'une perle de culture taillée en forme de lys, montée sur une chaîne en or blanc. Ce pendentif, il ne le connaissait que trop bien... Il s'agissait du collier qu'il avait offert à sa fiancée pour ses vingt quatre printemps. Un collier qu'elle n'avait porté que quelques semaines avant de se faire tuer. Wynn avait cherché le bijou partout, et avait du se résigner à le penser disparu pour toujours.

La vision de l'objet lui fit l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. La douleur fit si vive qu'il manqua de choir au sol et de rendre ce qu'il avait dans l'estomac. Les jambes flageolantes, il eut tout juste la force de se laisser tomber brutalement dans le fauteuil le plus proche, fixant toujours le pendentif, qu'il osait à peine effleurer de sa main libre. Il revoyait encore ce visage radieux, ce sourire plein de fossettes et ce nez piqué de tâche de rousseur, il entendait encore cette exclamation de joie lorsqu'il lui avait offert le pendentif... Pourquoi était-ce si dur pour lui de faire une croix sur une femme morte depuis des siècles ? Pourquoi s'acharner à le faire souffrir à ce point ? Il savait à présent. Son maître s'était caché pendant deux siècles, à présent il l'appelait à le rejoindre. Peut-être était-il enfin résigné à affronter son insolent et éphémère disciple ? Ou avait-il décidé d'en finir une bonne fois pour toute en anéantissant son esprit ? Wynn ignorait les projets de son maître et il s'en fichait. Il ne voulait qu'une chose, sa tête pour pouvoir l'exposer au dessus de sa cheminée et se rappeler tous les jours la haine qu'il lui vouait.

A cet instant, Wynn ne réfléchissait plus. Il n'avait pas envie de réfléchir. A ce jeu là, son maître serait gagnant, car lui ferait preuve de réflexion et de recul, chose que l'Assassin était incapable d'envisager en sa présence. Et rien ni personne ne pourrait l'empêcher d'y aller, d'essayer, simplement de voir à nouveau le visage de cet être à occire.
Incapable de prononcer le moindre mot, Wynn ne s'exprimait plus que par son aura qui devenait de plus en plus houleuse. Une aura d'ordinaire si paisible et pourtant menaçante, prenait maintenant une consistance lourde, sombre et terrifiante, l'aura d'un homme déterminé à tuer.
Fébrile, il fouilla dans l'enveloppe à la recherche d'un autre indice, et ne trouva qu'un petit morceau de parchemin sur lequel était croqué une église en ruine. Un indice très mince mais qui lui suffisait à localiser le monstre de ses cauchemars. La Chapelle des murmures. La seule église de Londres en ruines, il n'en avait plus aucun doute.

Alors que son aura s'étendait un peu plus à chaque minute, Wynn releva la tête, ses yeux violets luisant d'une lueur malsaine et malfaisante, tandis qu'un sourire dément étirait ses lèvres. Seuls quelques mots murmurés d'une voix doucereuse et lisse comme la lame d'un poignard franchirent ses lèvres. Ces quelques mots suffiraient à Elizabeth pour comprendre que dans les jours à venir, il vaudrait mieux ne pas se frotter à l'Assassin.


-J'ai une chasse à mener...
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeSam 3 Aoû - 2:02

Il était étrange pour Elizabeth de se trouver là en face de Wynn à lui faire partager son passé. Jamais elle n’aurait cru qu’une confiance, aussi timide soit-elle, puisse s’établir entre eux. Il était d’une écoute attentive et elle voyait bien qu’il portait grande attention à ce qu’elle lui disait. Quelque peu soutenu par ce qu’elle comprit comme de l’intérêt, elle continua à s’ouvrir un peu plus. Après tout, cette tension qu’elle avait ressentie depuis toujours semblait s’amoindrir au fur et à mesure de ses révélations. Ce poids qu’elle avait en elle semblait s’alléger à chaque mot et ce fut plus légère qu’elle continua ses paroles. Bien sûr toutes ses révélations n’étaient pas faciles à dire. Elle revoyait encore la scène macabre qui s’était étendue sous ses yeux. Elle se souvenait encore de cette solitude qui avait peuplé son enfance alors que ses parents étaient occupés par la couronne. Tout cela avait contribué à la rendre telle qu’elle était aujourd’hui… Quelqu’un d’asocial et maladroit, solitaire et belliqueux. Elle qui n’avait jamais fait confiance à personne se surprenait à parler aussi simplement avec Wynn. Ils partageaient les mêmes blessures, la même douleur et surtout le même but… Leur vengeance respective les rapprochait plus encore qu’une quelconque sympathie. Il était alors le plus à même de la comprendre. Mais ils n’étaient pas encore arrivés à ce niveau d’affinité… Encore beaucoup de choses restaient à apprendre sur l’autre. Chacun avait pris soin de conserver une part de secret sur sa vie, autant par pudeur que par cette obstination qu’ils avaient tous deux à vouloir se débrouiller seul. Après tout ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais pour tout avouer, c’était bien la première fois qu’Elizabeth se liait aussi vite avec quelqu’un. Et cela l’effrayait autant que, au fond, cela la réjouissait… Après tout, elle n’était peut-être pas vouée à être toujours seule.

Une question lui fit tout de même relever la tête. Comment ses parents avaient-ils été tués ? Elle fronça les sourcils. Pourquoi cette question ? Qu’est-ce que ça lui apporterait de plus à connaître ce détail. Il était vraiment étrange qu’il lui demande. Et puis, qu’est-ce que tout cela avait à voir avec lui ? Qui se souciait de cela ? Après tout, après leur mort une enquête avait été ouverte. Elle avait eu tôt fait d’être close, sans qu’on ne puisse identifier le moindre meurtrier derrière ces meurtres… Encore une histoire étouffée pour ne pas jeter la lumière sur les affaires de la couronne. Mais Elizabeth était à mille lieues de savoir le but de cette question. A vrai dire elle ne s’était jamais demandé le pourquoi des actions de Wynn. Après tout, il était normal pour un vampire de tuer… Elle chercha dans sa mémoire les détails de ce qu’elle avait vu, les émotions de ce jour-là lui revenant trop bien à son goût… Elle se souvenait de cette odeur qui empestait l’air quand elle était entrée dans la demeure. Le silence qui y régnait ne l’avait pas frappé tout de suite, elle qui était si contente du retour de ses parents. Mais bien vite le triste spectacle de plusieurs domestiques morts s’était imposé à sa vue. Elle ne s’était guère attardée sur eux longtemps, trop soucieuse qu’elle était de savoir si cette tuerie s’était étendue à toute la maisonnée. Mais quand elle était arrivée dans le salon, l’ampleur de la tragédie lui sauta aux yeux. Tous, ils étaient tous morts… Elle les revoyait encore, la gorge tranchée, son père resté pétrifié dans une expression de surprise… Sa mère quant à elle affichait la plus pure des terreurs… Nul doute qu’ils ou qu’il, elle n’en savait rien, avait commencé par le chef de famille… La personne avait été rapide et discrète. La seule consolation que se donnait Elizabeth était que ses parents n’avaient pas eu le temps de souffrir… Bien maigre consolation certes, mais il fallait bien qu’elle se raccroche à quelque chose…
Elle trouva tout de même le courage d’affronter le regard de l’homme pour lui répondre.


- Pourquoi cette question ? Aurais-tu eu vent de quelques informations quant à cette affaire ?


Elle doutait fortement de cela mais elle espérait tout de même… Elle savait bien qu’elle était bien loin encore de connaître toutes les ressources du vampire, ils pouvaient bien garder quelques informations dans sa manche…
Elle décida tout de même de répondre finalement à sa question.


- Ils ont été égorgés… De mon avis, il ne s’agissait pas là du travail d’un amateur… Ils devaient faire ça vite et bien…


Elle avait ajouté cette dernière phrase non sans masquer la rancune qu’elle gardait contre l’auteur de ses meurtres. Elle savait bien que si elle retrouvait la personne qui avait tenu ce poignard elle serait sans pitié. Il n’aurait pas d’échappatoire… Autant Elizabeth n’avait rien d’une personne sadique, autant elle savait qu’elle le ferait souffrir et payer au centuple son action. Aucune main ni aucune raison ne pourrait la retenir. Elle pouvait bien y laisser sa peau… Cela ne lui importait guère du moment qu’elle emportait ce démon d’homme avec elle.
Et en parlant de démon d’homme… Elle continua sur sa lancée, confiant alors la raison de sa mésentente avec le Comte. Maintenant qu’elle en était à ce stade de confidence, elle pouvait bien lui dire cela, même si elle n’était toujours pas à l’aise avec le fait de se confier ainsi au violoncelliste, mais après tout ce qu’il lui avait dit, elle pouvait bien avoir cette franchise là…
Elle se tut à l’instant où elle eut fini de lui révéler la vérité sur sa relation avec le Comte. Ce fut Wynn qui reprit le relais, et qui à l’étonnement d’Elizabeth visa juste. Elle était bien naïve de penser qu’elle pouvait ainsi noyer le poisson face à cet homme. Il était intelligent et avec toutes les informations qu’avait données la violoniste, avait rapidement fait le rapprochement. Elizabeth garda donc le silence, écoutant ses soupçons sans lui donner raison ou tort. Ainsi mise à jour elle se sentait incroyablement vulnérable… Et s’il l’en empêchait ? S’il la dénonçait ou pire encore la tuait immédiatement pour sa trahison envers son pays ? Mais le vampire se contenta de soupirer avant de continuer… Il la détrompa bien vite sur ses intentions… Il comptait la laisser en paix avec ses idées de vengeance… Voilà qui était un bon point pour elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que pour lui cela ne le serait pas… Après tout, si le Comte apprenait que Wynn n’aurait rien fait pour l’arrêter, il allait surement très mal le prendre… Elle allait devoir la jouer fine… Après tout, elle n’avait pas envie de lui apporter des ennuis inutiles… Elle avait déjà suffisamment conscience d’être pour lui un poids… Elle l’avait été aussi pour son maître. Quelqu’un d’aussi imprévisible et incontrôlable était un inconvénient à ne pas négliger. La violoniste avait très bien compris qu’elle dérangeait le vampire dans son quotidien… D’autant plus qu’elle savait qu’il n’avait jamais eu de descendance vampire, ni même une éducation facile… Alors ne pas lui causer d’ennuis vis-à-vis du maître de la ville était sans doute la seule chose utile qu’elle pouvait faire pour lui… Sans compter le ramasser sur les pavés de la ville à moitié mort éventuellement…

En revanche, là où elle fut étonnée, ce fut pour le peu d’intérêt que Wynn portait pour l’Angleterre… Il était vrai qu’il possédait un accent, et de ce fait, qu’il ne devait sans doute pas être Anglais, mais elle considérait que si on habitait à un endroit, c’était parce qu’on l’appréciait un tant soit peu… Bien entendu, elle ne se doutait pas que ce que le violoncelliste était venu chercher ici, c’était des indices sur son maître. Comment réagirait-elle s’il devait partir dans un autre pays à sa poursuite, maintenant qu’elle commençait à avoir de la sympathie pour lui ? Elle ne se l’avouerait pas mais sans doute qu’elle aurait un pincement au cœur… Elle se sentirait également bien seule… Sans doute l’ennui lui redeviendrait coutumier… Elle qui recommençait à sourire se refermerait une nouvelle fois dans sa coquille. Plus elle se sentirait laissée derrière, plus elle s’isolerait et deviendrait asociale, jusqu’à ne plus pouvoir échanger la moindre chose avec quelqu’un… Ce n’était pas ce qu’elle voulait, et pourtant c’était ce vers quoi elle tendait au fil du temps… Elle avait l’impression d’être au bord d’un précipice, prête à y plonger à la moindre embuche…

Mais Wynn l’extirpa de ses sombres pensées, continuant sur sa lancée et confirmant ce qu’Elizabeth pensait déjà… Elle le savait qu’elle visait haut… Elle ne pouvait pas se tromper sur leur assassin… C’était pour elle impensable… Ses parents travaillaient pour la Reine et comme par hasard, lorsqu’ils avaient voulu rompre tout contrat avec elle, ils furent assassiner… Si ce n’était pas elle, alors qui ? Qui pourrait leur vouloir du mal ? Et surtout qui aurait pu embaucher un assassin aussi efficace ? Pourquoi étouffer l’affaire derrière ? S’il n’y avait pas de manigance royale derrière tout ça, Elizabeth tomberait de bien haut…
Elle se renfrogna, plus déterminée que jamais malgré les avertissements de Wynn.


- Je le sais mais pas de doute possible… Peu importe qui se mettra en travers de ma route, je trouverai un moyen…

Dans son regard on pouvait y lire toute sa détermination. Il devait surement le savoir, il y avait peu de moyen de lui faire changer d’avis. Elle était pire qu’une tête de mule, tant qu’elle n’aurait pas foncé tête baissée vers sa vengeance, elle n’aurait aucun répit.
Et Wynn le comprit très bien puisqu’il lui confirma qu’il ne l’empêcherait pas d’accomplir sa vengeance. Il ajouta qu’il ne l’aiderait pas non plus, mais elle n’attendait certainement pas cela de lui, ni de personne d’autre. Elle ne voulait l’aide de personne… Même Glen ne serait qu’un outil dont elle se servirait, mais en aucun cas elle n’irait ramper devant lui pour qu’il lui apporte ce qu’elle désire. Elle avait beau être de l’aristocratie, elle n’avait jamais voulu qu’on lui apporte les choses sur un plateau d’argent. S’il fallait se salir les mains, ce serait elle qui le ferait. Par contre ce qu’il lui affirma ensuite eut le don de rembrunir la jeune femme. Elle savait qu’il avait raison, mais l’avouer lui coûtait beaucoup… Trop pour que sa fierté l’admette en réalité… Elle ne put s’empêcher de lui répondre par un petit pic qu’il comprendrait sûrement.


- Défauts que nous partageons tous deux n’est-ce pas ? Mais il me semble que tu n’ai jamais eu à me ramasser à la petite cuillère à la différence de toi non ? Au final, je me demande bien qui de nous deux est le plus imprudent… Après tout, je cours après une humaine… et toi un vampire plus âgé que toi, dit-elle avec un sourire ironique. Au final peut-être sommes-nous aussi insensé l’un que l’autre, ajouta-t-elle plus pour elle-même que pour le violoncelliste.

Mais l’ironie la quitta bien vite remplacée par ce sentiment qu’elle avait d’être si pathétique… Comme si tout ce qu’elle faisait n’avait aucun sens… Elle n’était plus humaine alors à quoi bon s’accrocher encore à ces détails qui s’étaient passés avant cette nouvelle vie ? Et lorsqu’elle l’exprima à Wynn il lui confirma que c’était un désir bien humain. Alors que devait-elle être ? Elle qui avait du mal à rejeter toute trace d’humanité alors qu’on la poussait à accepter sa nature vampirique, elle devait pourtant s’acclimater à avoir certains de ses sentiments d’antan exacerbés. Concilier tout cela était encore bien compliqué pour elle. Devenir un vampire n’était pas aussi simple que ce qu’on lisait dans les contes… Il fallait réussir à se contrôler, tout en maîtrisant les émotions encore humaines qui pouvaient venir l’assaillir… Et la conscience… Etre un monstre avec une conscience du bien et du mal était sans doute le plus difficile à supporter pour Elizabeth…
Cependant la violoniste ne pouvait pas donner tort à Wynn dans ses paroles… Bien plus de gens étaient motivés par la haine que par de nobles sentiments… Après tout, l’Homme était plus facilement belliqueux que bon… Cela elle l’avait appris depuis longtemps ! Elle hocha donc la tête, quelque peu revigorée par ce qu’il venait de dire. Après tout, il était plus doué pour comprendre les gens qu’il ne le disait… Il ne la retint d’ailleurs pas quand elle eut besoin de s’isoler. Elle lui en avait beaucoup dit… Que pouvait-il bien penser de tout cela ? Même si lui aussi recherchait une vengeance, la sienne était plus réaliste, plus concrète… Elizabeth, elle, avait l’impression d’en vouloir au monde entier… La reine, les aristocrates… Pas un n’atteignait son estime. Tous les avait méprisés, elle ne voyait pas pourquoi ils auraient droit à sa clémence…

Elle retourna sur cette sombre pensée dans la chambre d’invités. Jusqu’à ce qu’elle ne trouve cette lettre sur le rebord de la fenêtre et qu’elle se remette à feuilleter les partitions qui s’étendaient devant elle. Une véritable mine d’or, une mine d’information qu’elle n’avait jusque-là jamais découverte ! Son enseignement en musique avait été limité. Elle avait bénéficié de l’enseignement d’un professeur de musique mais son rêve avait toujours été d’entrer dans le conservatoire de musique de Londres. C’était un milieu élitiste mais elle savait qu’elle était suffisamment travailleuse pour y parvenir. L’assassinat de ses parents avait coupé court à tout cela. Il n’était plus cas maintenant de l’intégrer… Elle savait qu’elle avait du talent, mais lui seul ne suffisait pas quand on n’avait pas toutes les connaissances qui devait l’accompagner. Cela expliqua pourquoi elle n’avait choisi que des auteurs récents… Elle connaissait bien les auteurs contemporains mais pour ce qui était de leurs prédécesseurs, elle ne pouvait pas en dire autant. Elle porta cependant un regard attentif à l’ouvrage que lui présenta Wynn. Elle ne put s’empêcher de penser comme lui à la prouesse qu’était celle d’harmoniser quarante voix pour un faire tout un morceau… Déjà elle était en train d’en déchiffrer les premières notes quand elle releva une information intéressante dans les paroles de l’homme. Plus vieille que lui disait-il ? Ainsi il avait moins de 272 ans… Cela aidait la jeune femme à un peu mieux situer sa naissance…


- En effet cette partition n’est pas toute jeune, confirma-t-elle avec un sourire, regardant avec insistance le vampire.

Bien sûr de cette façon elle soulignait également les deux siècles d’âge  passés du vampire… Leur différence d’âge était énorme et c’était avec un certain amusement qu’elle relevait qu’il n’était plus tout jeune… Elle se demandait toutefois comment il avait pu tenir plus de 200 ans sans perdre la raison… Sans doute la vengeance l’avait-il aidé. Elle devait se l’avouer, la perspective de vivre éternellement l’effrayait beaucoup… Voir le monde changer sans elle avait quelque chose de fataliste… C’était comme si les vampires était exclus de ce monde, qu’ils n’évoluaient pas dans cet univers… Des êtres à part, damnés.

Mais l’heure n’était pas à penser à des choses aussi sombres… En effet Wynn la taquinait déjà sur son choix de compositeur de prédilection. Il était vrai qu’il y avait des partitions de Chopin partout autour d’elle. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas savoir qu’elle était particulièrement passionnée par lui. Et il n’en fallut pas plus pour qu’elle n’en défende ses goûts.


- Oui… En plus d’être un pianiste virtuose, il n’en reste pas moins un compositeur qui sait allier la technicité à une interprétation rigoureuse de chaque note de la partition. On dit de lui qu’on peut l’entendre jouer deux fois le même morceau, qu’on croirait à chaque fois en entendre un nouveau…  C’est un perfectionniste, sa notoriété est à la hauteur du travail qu’il fournit, finit-elle par conclure d’une voix passionnée.

Elle se replongea ensuite dans l’ouvrage que l’homme lui avait présenté. Elle se plaisait à imaginer la mélodie que formaient les premières notes dans sa tête. Cela devait vraiment donner quelque chose de grandiose…

Elle était en train de se demander s’il lui serait un jour possible de voir une pièce d’une telle ampleur lorsqu’elle vit le violoncelliste se laisser tomber brusquement dans un fauteuil. Elle ne comprit pas tout de suite la raison, elle qui avait été si absorbée par la partition. Puis son regard se porta sur le visage horrifié de l’homme, puis l’enveloppe qu’il tenait toujours au bout de ses doigts, et enfin sur le pendentif qu’il renfermait au creux de sa main. Au vue de sa réaction, il devait s’agir de quelque chose d’important pour lui. Le voyant mal fréquenter des femmes, Elizabeth en déduisit qu’il devait s’agir là d’un objet appartenant à sa fiancée défunte. Mais qui donc aurait pu lui envoyer ? Qui cela amuserait-il de faire souffrir autant un homme qui avait perdu ce à quoi il tenait le plus ? Une seule réponse possible s’imposait dans son esprit… Il ne pouvait s’agir que d’une personne… Ce vampire après qui il courait depuis plus de deux siècles… Qui d’autre aurait su que cet objet aurait provoqué une telle douleur chez le violoncelliste sinon lui ?
Mais pourquoi lui avoir envoyé cet objet ? Pourquoi cette obstination à vouloir faire souffrir Wynn. Le savoir tourmenté, rongé petit à petit par sa vengeance n’était-il pas suffisant ? Fallait-il le savoir complètement détruit, privé de toute volonté pour que ce jeu morbide cesse ? Le maître de Wynn était-il cruel à ce point ?

Bien vite l’atmosphère se plomba, devenant lourde et menaçante. L’accès de colère de Wynn la veille n’était rien comparé à la haine qui se déversait par vague dans la pièce. La jeune femme se sentit très vite oppressée. Il n’était plus question de plaisanter à présent. L’homme semblait comme perdre la raison au fur et à mesure prenait une expression qu’Elizabeth connaissait que trop bien… Celle d’un homme prêt à tout, un tueur, un homme sur le point d’exécuter sa vengeance… Il n’avait plus rien de du vampire que connaissait Elizabeth… Ses yeux s’étaient posés sur elle, annonciateurs de la folie démente qui s’emparait de lui, tandis qu’un sourire qui n’avait rien d’une personne saine d’esprit courait sur ses lèvres. Un frisson parcourut l’échine de la violoniste. Elle le savait, rien ne pourrait stopper l’homme dans ses décisions. Il était arrivé au moment fatidique où il allait être confronté à ce à quoi il courrait après depuis plus de deux cent ans… Sa patience allait enfin être récompensée… Et sa phrase fut on ne peut plus explicite…

La présence d’Elizabeth n’était plus requise à présent. L’homme était à peine remis de ses blessures qu’il pensait déjà courir après un vampire plus âgé que lui… Quel insensé… Mais elle savait aussi qu’il serait impossible de le raisonner. Aussi se contenta-t-elle d’un simple hochement de tête. Il était temps à présent pour elle de partir et de laisser le violoncelliste à ses préoccupations. Elle serait plus une gêne pour lui si elle restait dans ses jambes…
Elle partit donc dans la salle de bain pour se changer. Elle en ressortit deux minutes plus tard, prête à partir. Elle avisa les partitions qui étaient restées sur le lit. Elle regroupa le tout et commença à ranger celles dont elle se souvenait encore de la place. Pour le reste, le classement fut plus hasardeux. Elle n'avait pas saisit que toutes les partitions étaient classées par ordre chronologique.
Elle se tourna ensuite pour faire face au vampire. Elle ne savait pas quoi lui dire de plus. Un au revoir aurait été approprié mais elle ne savait même pas si elle le reverrait vivant… Elle garda donc le silence, traversant la pièce pour en sortir. Mais arrivée au seuil elle se ravisa, se tournant une dernière fois vers le vampire pour lui lancer ce seul avertissement :


- Tu ne m’écouteras sans doute guère mais… ne fais rien d’insensé. Tu cours après un vampire plus âgé que toi, ne fonce pas tête baissée vers lui. Je ne pourrais sans doute pas te ramasser une nouvelle fois par terre alors que tu agonises… Ou pire encore. Si tu meurs face à lui, ces 200 ans d’attentes n’auront servis à rien, donc réfléchis-y…

Elle se tourna alors pour franchir le seuil de la porte et descendre les escaliers qui la menaient au rez-de-chaussée. Elle attrapa alors son manteau qui était resté accroché à l’entrée et sortir dans la nuit fraîche de Londres. Elle n’osa même pas se retourner. Au fond d’elle, elle espérait que l’homme parviendrait à obtenir sa vengeance… Elle n’avait pas envie de le retrouver mort… Elle ne savait même pas si elle devait guetter son retour au manoir. Et si ce dernier était voué à demeurer vide ? Et s’il s’agissait là de la dernière nuit où elle voyait Wynn…

[HRP : Fin du RP pour Elizabeth
Désolé Wynn c'est un peu court, j'aurais pu prolonger un peu à la sortie d'Elizabeth, mais j'ai voulu clôturer ce RP sur cette petite note dramatique... xD Moi et mon goût pour le drame... tu connais la chose :p]
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MessageSujet: Re: Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Petits soins pour un malheureux violoncelliste [Wynn] Icon_minitimeSam 10 Aoû - 17:56

Lorsque Elizabeth lui demanda s'il avait quelque information au sujet de l'assassinat de ses parents, Wynn était perdu dans ses pensées et mis quelques secondes avant de répondre.

-Hum ? Non aucune... Mais s'ils ont été tué par un professionnel, c'est que celui ou celle qui l'a engagé avait les moyens de se payer un assassin... C'est certainement quelqu'un d'assez haut placé, j'imagine.

En réalité, Wynn ne l'imaginait pas il le savait. Ce n'était pas sa carrière de musicien qui lui rapportait le plus mais bien l'assassinat. On ne se rendait pas toujours compte de valeur que pouvait avoir une tête si elle était tranchée avec doigté et minutie. Et avec l'expérience, il avait apprit que certains cas désespérés ou haineux était prêt à mettre un prix exorbitant pour n'importe quel assassinat. Aussi, il se doutait que si le travail avait été bien fait pour toute la maisonnée chez Elizabeth, ce n'était pas pour rien. Il restait simplement ce doute dans son esprit. Et s'il était le responsable ou plutôt la main meurtrière à l'origine de ces meurtres ? Pour sa conscience, cela ne changeait pas grand chose. Il n'éprouverait pas de remords ni le besoin de s'excuser, il avait dépassé ce stade depuis bien trop longtemps. En revanche, il était certain que cette amitié infime, ce lien si ténu qui commençait à se tisser entre lui et Elizabeth serait rompu et qu'un gouffre immense se creuserait entre elle et lui. La vengeresse et l'assassin, de quoi faire un joli titre de roman insipide, pensa-t-il. Il n'avait aucunement envie d'être poursuivit par une enfant et d'être obligé de s'en débarrasser. Pas pour se retrouver à nouveau totalement seul sans personne avec qui grogner de concert. Aussi préféra-t-il ne pas poursuivre sur le sujet et dévoiler ses véritables activités de tueurs à gages à la morale douteuse.

La remarque de la jeune femme à propos de son insouciante fut soldée par un regard glacial de la part de l'assassin. Il se serait volontiers défendu mais elle avait en partie raison. Il avait sous estimé les hunters, fait face à une incapable pourtant plus âgée que lui qui n'avait pas été capable de maîtriser ses pouvoirs et s'en était sortit par miracle ou plutôt grâce à Elizabeth. Il savait que son projet était voué à l'échec. Mettre la main sur son maître serait une chose, l'abattre en serait une autre. Il était conscient que cet homme était le seul capable de lui faire totalement perdre ses moyens et de le pousser à se montrer tel qu'il était réellement. Un homme meurtrit et rongé par la haine.


-Et bien dans ce cas, miss insensée, je crois que la morale n'a pas lieu d'être entre nous, je me trompe ? Si nous nous cassons les dents sur notre vengeance, nous ne pourrons nous en prendre qu'à nous même.

Wynn était sincère en disant cela. Il ne comptait pas reporter la faute sur qui que ce soit s'il échouait dans sa mission, mais bien se blâmer lui même et personne d'autre. Et alors qu'il continuait à ruminer sa haine, Elizabeth s'était éclipsée dans la chambre voisine, le laissant seul un moment. Il la sentait en lui, cette haine et cette envie irrésistible de mettre à sac tout ce qu'il avait autour de lui, de céder à une démence qui lui faisait peur et qui restait tapie dans l'ombre en attendant son heure. Wynn n'était pas fou au point d'ignorer que la dégénérescence le guettait depuis des années déjà, et qu'il suffirait d'un moment de faiblesse de sa part pour que tout bascule. Dans un sens, elle était attrayante cette nature. Plus besoin de réfléchir, guidé par un instinct bestial et meurtrier, l'esprit totalement vidé. Mais ce qu'il craignait c'était de perdre sa volonté, son but et sa capacité à réfléchir. Cette carapace de calme qu'il conservait précieusement sur lui l'aidait à ne pas céder à facilité. Mais ça qui pouvait le comprendre ? Qui pouvait comprendre qu'après deux siècles et demi de course la lassitude s'installait plutôt que la maîtrise ?

Elizabeth le sortit de cette morosité lorsqu'il la rejoint dans sa chambre et la trouva entourée de partitions de toutes les époques, chose qui l'amusa. Elle parla de Chopin avec une telle dévotion et une telle admiration qu'il en fut presque touché... Presque. Elizabeth vivait la musique tout comme lui, et il déplorait de ne plus voir autant de passionnés à une époque aussi troublée. Pourtant la musique méritait que l'on se batte pour elle, quelques notes valaient mieux qu'un long discours, il en avait toujours été persuadé.

Mais alors que la conversation aurait pu se terminer sur une note légère et quelques remarques musicales, Wynn avait ouvert la lettre qu'Elizabeth lui tendait et tout avait basculé.
A présent figé dans son fauteuil, il sentait son aura de noirceur s'étendre autour de lui, prête à engloutir le premier téméraire qui oserait s'approcher de lui.
Sentant qu'il valait mieux ne pas l'ennuyer, Elizabeth eut le bon sens de se lever, de reprendre ses affaires et de quitter la pièce. Mais avant de partir, elle se tourna une dernière fois vers le violoncelliste, dont le regard était perdu dans le vague. Il serra les poings sur les accoudoirs mais ne répondit rien lorsqu'elle sortit. Il avait la ferme intention de tuer son maître et de prendre son temps. Un temps qu'il utiliserait pour imprimer dans sa chair toute la haine qu'il lui vouait et pour le laisser mourir à petit feu. Une balle entre les deux yeux ou une tête arrachée n'aurait su contenter le Vampire. Il voulait plus, beaucoup plus.
Mais pouvait-il seulement dire à Elizabeth que s'il échouait, au fond de lui... Il espérait que son maître finirait ce qu'il avait commencé deux siècles plus tôt. Parce que son attache au monde réel se résumait désormais à sa haine, et à l'intérêt qu'il avait pour la jeune femme.



[/fin du rp pour Wynn, suite à définir] [HRP: Désolée pour cette réponse minable et très courte, mais si j'avais été cherché dans le détail on repartait pour 15 pages de plus! Q^Q Donc voilà... J'ai honte quand même du coup je vais aller me cacher dans un coin! /HRP]
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