L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
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Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42]

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Comte Keï
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MessageSujet: Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Icon_minitimeSam 5 Oct - 17:08

[HRP/ Suite de La Paix n'aura pas lieu./HRP]

Plan de la demeure du Comte à voir ICI.



Au Coeur du

Labyrinthe


Jirômaru Keisuke, Vincento de Santis
Katherine Thornes, Sarah Spencer


"La gloire acquise sans péril
dans les batailles et sur l'élément perfide
n'est d'aucune valeur aux yeux des mortels."

Pindare


Demeure du comte Jirômaru Keisuke
Le samedi 1er juillet 1842.

Premier étage - Salle à manger


Assis sur une chaise à haut dossier, les mains crispées sur ses accoudoirs molletonnés, le Comte observait le feu qu'il venait d'attiser. Les flammes de l'âtre dansaient dans ses yeux telles les fées du chaos qui tentent d'attirer en Enfer les imprudents qu'elles fascinent. Les mouvements chaloupés, hypnotiques, de leurs ailes incandescentes dévoraient les pupilles glacées du Vampire, comme pour en extraire son âme. Mais avait-il seulement encore une âme ?
Jirômaru se passa une main sur le visage. Il était épuisé. Épuisé par sa lutte, épuisé par sa nature, épuisé par ce fils revenu d'entre les morts pour le hanter. Allégorie de son horrible passé. Mortifère prémonition de son inquiétant futur.

Le destin se riait de lui. Il le punissait...

Un sourire fendit son visage et un rire nerveux franchit ses lèvres froides. Ah ! Il n'y croyait pas une seconde ! Quant à Vincento, cet imbécile heureux ne perdait rien pour attendre...Certes, ses petites manigances le touchaient et l'exaspéraient au plus haut point, mais Jirômaru ne comptait pas lui céder davantage de terrain, surtout pas ce soir. Son fils avait beau tenir entre ses griffes des otages de marque avec lesquels ils jouait comme avec de précieuses poupées, prêt à les décapiter, ce crétin finirait bien par dévoiler une faille ! Et ce jour là...Oui, ce jour là, s'en serait définitivement fini de lui !

Derrière le Vampire plongé en pleine réflexion, les domestiques du manoir s'afféraient. La table devait être prête dans l'heure pour accueillir les invités. Cette pitoyable mascarade prenait doucement forme depuis l'aube et n'allait pas tarder à être tout à fait prête à s'animer.

Jirômaru ferma les yeux un instant, pris d'un vertige. Qui Vincento avait-il invité pour jouer sa pièce ridicule ?
Sarah Spencer et sa mère avaient été les premières à recevoir leur carton. C'étaient des otages de choix et le serpent qu'était son fils avait bien compris leur utilité. Ceci dit, Madame Spencer avait répondu qu'elle ne viendrait pas et qu'une chaperonne accompagnerait sa fille. Elle faisait confiance au Comte, malgré les scandales qui entouraient sa personne et l'annulation de sa demande en mariage. Cela faisait un otage de moins à s'occuper, ce qui était heureux. Mais Jirômaru avait tout même entrevu un danger dans cette facilité à lui confier sa fille : il était évident que, depuis le bal donné par leur famille, la lady était intéressée par Vincento de Santis, le fameux "cousin" du lord. Voyait-elle en lui un bon parti qui pourrait remplacer le premier ? Jirômaru espérait que non ou Vincento gagnerait facilement cette partie...
Le Comte crispa sa mâchoire et poussa un long soupir mélancolique. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, ce fut pour les plonger à nouveau dans les flammes de l'âtre brûlant. Son visage avait pris un aspect terrifiant tant ses traits étaient tirés par la colère.

- Maître, pourquoi avez-vous allumé le feu ? Vous craignez donc que ces dames n'attrapent froid ?

Jirômaru se tourna lentement vers Ambre qui venait d'arriver prêt de lui. Il soupira et se détendit un peu. Puis, son regard revint se perdre dans les flammes. Pourquoi avait-il allumé une flambée ? C'était le premier soir de juillet et le temps avait été radieux toute la journée, il n'y avait donc aucune raison d'allumer un feu en prévision du dîner...

- Je ne sais pas, murmura le grand Vampire d'un ton las. L'odeur sans doute...

Il haussa les épaules. C'était une fragrance réconfortante et quand il avait besoin de réfléchir, cela l'avait toujours aidé à se concentrer sur ses pensées et à s'apaiser. Du moins, presque toujours...Cette fois, ce feu symbolisait surtout sa haine.

- J'aimerais l'y jeter...murmura-t-il en enfonçant davantage ses ongles dans les accoudoirs du fauteuil.

Ambre posa délicatement sa main sur l'épaule de son maître et s'en rapprocha pour lui chuchoter :

- Cela me ferait plaisir aussi...

Jirômaru sourit et posa une main sur la sienne pour la presser un peu. Ambre n'était absolument pas belliqueuse et ce genre de propos n'était pas habituel chez elle. Mais, en ces circonstances, la belle actrice avait elle aussi développé quelques noirs sentiments à l'encontre de Vincento et semblait prête à entrer en guerre. Il suffisait d'un mot de son maître...

- Quelle robe vas-tu mettre ce soir ? Tu ne devrais pas être en train de te coiffer ? demanda le Comte en la ramenant devant lui d'un geste doux.

- J'allais justement monter, fit-elle en lui offrant un petit rire cristallin. Que diriez-vous de ma toilette verte ?

Jirômaru acquiesça : avec sa chevelure rousse et ses yeux verts, cette couleur lui allait particulièrement bien, d'autant qu'elle était très pâle et que son nez était couvert de taches de rousseur.

Après avoir vérifié que la table était correctement mise en place et après avoir murmuré quelques mots à Elwood, le grand majordome, et à Carl, qui s'occupait des cuisiniers, Ambre s'en fut dans l'escalier réservé au personnel et se rendit au deuxième étage pour aller se changer.
Jirômaru était un peu apaisé et c'est avec plus de calme qu'il continua de faire le point sur les invités de ce soir...

Après Sarah, c'étaient Katherine Thornes, son actrice fétiche du moment, et Michaël, son majordome, qui avaient eux aussi été conviés. Vincento voulait surtout se venger de la soirée que son père avait passée chez la comtesse. Il s'était vexé d'en avoir été écarté et de retrouver son père de si charmante humeur à son retour. Songeant aux moments passés avec la belle, Jirômaru sourit : ils avaient décidément passé une délicieuse soirée ! Lui, allait le payer cher ce soir, mais pour rien au monde il aurait voulu que ces tendres moments avec l'actrices aient été effacés. C'était une femme fascinante et mystérieuse. D'ailleurs, il allait encore devoir enquêter sur elle. Ce soir, il allait cependant demeurer très mondain et éviter de trahir leur relation devant Sarah et Sir Barry. Il ne s'agirait pas que sa pièce en pâtisse et que Katherine se retrouve encore dans la tourmente des commérages. Vincento risquait de jouer avec la situation...

Qui les sauverait ? Personne. A part Ambre et Michael, personne ne tenterait de prendre leur défense à ce sujet. Sir Charles Barry, architecte et grand ami de Jirômaru, en serait sans doute retourné et aurait bien du mal à tenir sa langue en société.
Son fils avait en outre prévu des chaises pour Astorre et Vanessa, ses aimables chiens de garde. Quelle stupide mise en scène !

Ils seraient donc une dizaine : Sarah, sa chaperonne, Katherine, Michael, Charles Barry, Astorre, Vanessa (qui passait pour sa fille), Vincento, Ambre et lui-même. A 20h, ils seraient tous rassemblés. A 20h, ce jeu atroce commencerait.


**************************

Premier étage - Salle de musique

Lorsque les horloges sonnèrent 19h30, Jirômaru s'était vêtu. Il arborait une tenue de soirée, plutôt sobre, mais d'une grande élégance. Son pantalon blanc contrastait avec son veston bleu nuit à brocards discrets et rappelait sa chemise blanche dont le col était resserré par un noeud soigné. En guise de veste, le lord portait un manteau coupé en velours bordeaux. La chaînette de sa montre à gousset était fort visible sur son veston, ajoutant une touche de luxe à sa toilette. Ses longs cheveux d'argent étaient coiffés en catogan, liés par un ruban de soie assorti à sa veste. A ses doigts, sa chevalière de comte de Scarborough brillait d'un noble éclat. On y retrouvait les symboles de cette région du Nord du Yorkshire : une tour médiévale, le soleil et un bateau, le tout surmontant quelques vagues.

Tenue et symbole.:

Le Comte se trouvait dans la salle de musique, au premier étage. Il vérifiait que les vases étaient bien pourvus de fleurs et que les instruments avaient été poussés sur les côtés. Puisqu'ils ne seraient pas nombreux ce soir, ils ne danseraient pas dans la salle de bal mais pourraient venir ici faire quelques pas si le coeur leur en disait. Vincento avait tout prévu : le dîner, les conversations, des jeux galants, de la danse, une balade dans le parc...Il y en aurait pour tous les goûts et ils n'étaient pas prêts de s'ennuyer !

- Monseigneur ? Je crains que Sir Barry se soit trompé sur l'horaire et soit en avance...

Jirômaru termina d'arranger quelques roses rouges et blanches dans un vase et se tourna vers Alphonse. Le majordome en livrée l'accueillit sans sourire, toujours très sérieux dans son rôle de domestique.

- Hé bien, je vais aller à sa rencontre. Vérifiez que les derniers préparatifs dans cette salle soient correctement réalisés.

- Bien Monsieur.

Le Comte passa devant lui et s'en fut pour rejoindre le hall d'entrée au rez-de-chaussée. Il n'avait pas encore croisé Vincento de la soirée et se demandait ce que ce sale rat pouvait bien ourdir comme mauvais coup supplémentaire. Il espérait arriver le premier au contact de l'architecte.

**************************

Rez-de-chaussée - Vestibule et salon n°2

Arrivé dans le hall, il ne trouva personne. Il entendit alors des voix dans le vestibule droit et s'y engouffra vivement. Il y trouva son ami en compagnie d'un valet qui venait de le débarrasser de son manteau et de son haut de forme.

- Ah ! Monsieur le Comte ! S'exclama le cinquantenaire en esquissant un geste de ravissement. Cela fait combien de temps que nous ne nous sommes pas vus ?!

Jirômaru avança au contact de l'homme et lui serra chaleureusement la main. Son sourire était sincère.

- Sir Barry, cela doit dater de la mi-mai maintenant ! Fit-il, visiblement enchanté de le retrouver.

- Ah ! Oui, je me souviens, c'était au Queen's...murmura Charles en se frottant le menton. Nous avions discuté de bien vilaines choses...J'espère que vous ne m'en voulez pas ?

- Allons, vous savez bien qu'il n'en est rien, le rassura l'immortel se permettant une tape amicale sur l'épaule de son ami.

- Les rumeurs vous savez...Il vaut mieux en rire ! Ajouta-t-il en haussant les épaules. En tout cas, personne n'a revu ce Fitzwilliam de toute façon...enfin, pas à ma connaissance.

Jirômaru serra légèrement les dents à la mention de ce nom. C'était ce jeune freluquet qui avait inondé la ville de ses pamphlets à son encontre, après l'incendie du théâtre et la mise à prix de la tête de Von Ravellow et Veneziano. Cet imbécile avait tenté de l'affaiblir en politique sans jamais se présenter à lui. Ce n'était qu'un lâche, un fanfaron, un scribouillard ! Avec ses fichus morceaux de papier, il avait réussi à appuyer certaines rumeurs ridicules et surtout à donner au Hunter en cavale des partisans.

- Ce n'est qu'un fanfaron...Souffla le Comte en se détournant.

Jirômaru chassa cette conversation d'un geste de la main et invita l'architecte à le suivre. Cela faisait bien longtemps que Charles Barry n'était pas entré au manoir du lord et il semblait très heureux de redécouvrir son architecture et ses décors.

- J'avais oublié tous ces lambris dans votre hall ! Ah ! Il est vraiment extraordinaire ! Et ce vestibule...Il a été refait, non ? Où m'emmenez-vous maintenant ?

Jirômaru rit avec son ami : ce dernier avait toujours été bavard et d'un naturel enjoué. Lorsqu'il trouvait une oreille pour parler architecture, il ne savait plus s'arrêter. C'était cette passion que le Comte appréciait particulièrement chez lui. Et puis, c'était un homme parfaitement honnête. Il était très social et sympathique, toujours de bon conseil, heureux de vivre et infiniment attentionné avec tous. Il avait le mérite de raviver les coeurs et de redonner le sourire aux lèvres les plus fermées.

Les deux hommes pénétrèrent dans le vaste salon de l'aile Est et le lord laissa "son" invité s'extasier sur les instruments de mesures nautiques sublimés en vitrines, ainsi que sur les tableaux représentant de grands voiliers en pleine expédition ou au coeur d'impressionnants naufrages.

Ils s'installèrent dans les sofas couverts de coussins brodés et prirent chacun un verre que proposait une jeune domestique. Ambre les rejoignit bientôt et Jirômaru fut heureux d'assister à leurs retrouvailles. Charles adorait la belle actrice rousse et lui fit moults compliments au sujet de sa toilette verte et de son chignon. Leur échange se fit des plus animés quand la jeune femme aborda les rénovations du Grand Théâtre. L'Architecte n'en était pas peu fier, d'autant qu'il avait œuvré en un temps record !

L'heure tourna et Vincento ne vint pas. Astorre et Vanessa ne se montrèrent pas non plus pour accueillir Sir Barry. Jirômaru était tendu. Peut-être attendaient-ils que tous les invités soient présents ? Cela ne l'aurait pas étonné...

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Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Dernière édition par Comte Keï le Dim 13 Oct - 23:07, édité 4 fois
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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Icon_minitimeDim 13 Oct - 0:23

[HRP/ Suite de "à compléter, le rp avec Van n'a pas encore commencé ! " et au passage, je l'éditerai pour la mise en forme et les images /HRP]



Au Coeur du

Labyrinthe


Jirômaru Keisuke, Vincento de Santis
Katherine Thornes, Sarah Spencer



A la lueur des bougies, les doigts de Katherine retraçaient les inscriptions sur le papier. Elle y faisait le contour de chaque lettre et s’arrêta sur son nom. Le 28 juin, la Comtesse avait reçu une proposition des plus singulières. Jirômaru l’invitait à passer la soirée dans sa demeure en compagnie de son cousin et Michael y était invité. Cela la faisait grincer des dents. Michael n’était pas censé se présenter comme un aristocrate et Jirômaru semblait pourtant l’avoir bien compris lors de leur petite entrevue. Par ailleurs, Michael fulminait déjà. A la lecture de ce bout de papier, il avait pesté de nombreuses fois et avait même demandé à Katherine de refuser l’invitation. La jeune femme ressortait à peine de son acte désespéré. Ses yeux, encore rougis et meurtris par les larmes, n’avaient su montrer autre chose que de la détresse pendant ces quelques jours. Cela lui crevait le cœur de devoir l’accompagner dans la demeure de ce rustre et de feindre l’amabilité devant cet être qui le repoussait tant.

Soupirant, la jeune femme se retourna lorsque la porte s’ouvrit et dévoila son ami de toujours. Elle lui sourit, s’approcha gentiment de lui et tapota son torse.


- Quelle élégance… Je ne t’ai pas vu comme ça depuis Budapest…

Elle lui avait ronronné ces quelques mots en hongrois et lui, séduit, s’était penché vers son visage pour lui voler un baiser. Il avait répliqué avec toute sa simplicité qu’il ne pourrait jamais l’égaler et de toute façon il n’en avait pas envie. Mais puisqu’il était invité avec elle, il tenait à lui faire honneur et au passage… prouver à ces petits aristocrates que l’humilité n’était pas un crime.


*****************

Dans la diligence, Katherine avait tourné le visage vers la fenêtre. Ses mains tremblaient sous l’émotion tandis que ses yeux scrutaient l’obscurité naissante. Ces derniers jours avaient été des plus éprouvants. Elle ne se rappelait pas tout d’ailleurs. Elle avait passé beaucoup de temps, réfugiée dans ses draps ou dans les bras de Michael. Ce dernier s’était souvent contenté de s’allonger à ses côtés et de la ramener contre lui. Il la réchauffait comme il le pouvait et l’avait inondé de mots doux dans le creux de l’oreille. Ses baisers avaient caressé son cou, ses joues, la naissance de sa poitrine, ses mains. Elle avait eu toutes les peines du monde à y répondre mais elle ne pouvait nier que sa présence avait été salvatrice. D’autant plus qu’elle avait revu entre temps, un drôle d’ami. Son dégoût pour son propre corps, à la limite de s’arracher la chair, pour sa personnalité éminemment sulfureuse et cette réputation qu’elle traînait dans ses pattes nuisaient gravement à sa santé mentale. Elle n’avait pas encore osé en faire part à Alexender. Elle avait déjà pleuré devant lui, elle ne voulait pas l’accabler avec sa situation plus que bancale. Percevant son désarroi, le Hongrois se pencha vers elle et baisa son cou. Elle sourit et se tourna vers lui pour se caler dans ses bras. Que sa présence était rassurante !

La voiture s’arrêta dans l’allée principale du domaine. Le cocher descendit de son perchoir, mit pieds à terre et leur ouvrit la porte dans un grincement métallique. Michael fut le premier à sortir. Ses chaussures lustrées crissaient sur les gravillons. Il arrangea sa mise puis tendit la main. Katherine y logea la sienne, gantée. Elle était sublime dans sa robe bleue nuit. Sa coiffure, rehaussée en un chignon sauvage, découvrait son cou et sa mâchoire bien dessinée. Quelques mèches s’échappaient de ses épingles et retombaient délicatement en de belles spirales souples. Son maquillage, léger, faisait ressortir ses pommettes et la rougeur de ses lèvres. Elle était ravissante, comme toujours, et Michael ne pouvait s’empêcher de la dévorer du regard. Ses yeux glissèrent le long de sa tenue détaillant chaque parcelle de sa mise. De nombreuses fleurs y étaient brodées et des fils dors l’habillaient. Quelques rubans, retombant sur ses hanches, ou ses bras, virevoltaient dans l’air ambiant de la soirée.

Le Hongrois n’était pas en reste. Très élégant, il avait revêtu ses accoutrements de noble. Il portait ainsi un habit à la française, typique de ce qu’il se faisait sous Napoléon, un haut d’uniforme sombre ornés de boutons métalliques disposés symétriquement en deux rangées. Deux épaulettes étaient fixées sur ses épaules et les franges rehaussaient sa stature élancée. Quelques insignes et cordelettes raffinaient sa tenue. En bas, il portait un pantalon noir qui épousaient volontiers ses formes et s’évasait un peu au niveau de ses mollets. Par-dessus ses habits, le jeune homme portait un lourd manteau de fourrure qui rappelait sans aucun conteste son origine hongroise. Katherine était ravie de le voir ainsi apprêté, il retrouvait de sa superbe et méritait d’être considéré comme l’homme qu’il était et non pas celui qu’il voulait bien montrer. Par ailleurs, ses cheveux étaient coiffés de manières impeccable.

La main sur le bras de son compagnon, la Comtesse salua les domestiques, laissa ses frisons aux mains de certains, puis suivit le dernier qui les mena jusqu’à l’entrée. Le couple pénétra ainsi dans le vestibule. Michael y laissa son lourd manteau de fourrure et Katherine son couvre-chef tout aussi décoré que sa robe. Dun pas souple et félin, les deux jeunes gens pénétrèrent ensuite dans le salon. Le regard de la Comtesse balaya la pièce avec ravissement. L’éclairage faisait ressortir les dorures des instruments nautiques et s’il n’y avait pas eu déjà Jirômaru dans la salle nul doute qu’elle s’y serait intéressée de plus près. Ambre, le Comte et un homme qu’elle reconnut immédiatement, Lord Barry, étaient présents et discutaient allègrement dans des sofas qui avaient l’air tout particulièrement confortables. Elle sourit en croisant le regard de son amant d’une nuit et s’avança vers lui. Michaël à son bras elle inclina la tête et sourit en le voyant se lever.

- Messire, quel plaisir de vous revoir tous les deux. Monsieur le Comte, j’attendais votre invitation avec impatience et elle n’a pas manqué de me ravir. Votre demeure est des plus charmantes… Elle s’attarda longuement sur Jirômaru avant de glisser ses yeux sur son compagnon. Sir Barry, votre présence me comble au plus haut point, converser avec vous est toujours un immense honneur et un plaisir pour les oreilles. Miss Griandstadt, vous êtes ravissante. Permettez-moi de vous complimenter sur votre tenue, ce vert vous sied tout particulièrement.

Son regard s’attarda volontiers sur le vampire qui semblait ravi de la revoir. Son sourire et l’éclat dans ses yeux ne mentaient pas. Ils se rappelaient tous deux de leur soirée et ils avaient passé un moment hors du temps précieux. Ils avaient pu se découvrir, se séduire, attiser la flamme sans pour autant se brûler plus que nécessaire. Les sourires complices de Katherine et ses joues qui rosissaient un peu la trahissaient un quelque peu. Le vampire était séduisant et même si elle avait attenté à sa vie, étrangement, elle avait tout de même apprécié leur complicité. Michael inclina la tête à son tour puis serra la main des deux hommes. D’une voix grave, il s’exprima avec un léger sourire afin d’apaiser les traits parfois durs de son visage :

- Messires, Mademoiselle. C’est un honneur d’être parmi vous ce soir. Nous n’avons jamais réellement eu l’occasion de faire les présentations. Michael Nadasdy, duc de Somogy, en Hongrie. Il jeta un regard complice à Katherine qui était tout particulièrement heureuse de pouvoir s’afficher à son bras sans avoir à le traiter comme son domestique. Son petit accent trahissait une nouvelle fois ses origines mais ce n’était pas une chose qui le faisait rougir.

Invités à s’asseoir, les deux Hongrois prirent place contre les coussins brodés et des boissons leur furent apportés. Michael attrapa deux verres dont un qu’il glissa dans les mains de sa compagne avant de s’installer confortablement dans le siège. De toute évidence, ce genre d’invitations n’avaient pas l’air de le gêner outre mesure, au contraire, ce n’était qu’une formalité de plus. Katherine, quant à elle, prit part aux conversations de bon train. Elle parla tout autant avec Jirômaru qu’avec Charles ou Ambre. Elle se faisait d’ailleurs tout particulièrement complice avec la jeune femme qu’elle appréciait énormément. Elle n’avait presque aucun doute quant à sa nature mais elle espérait au fond d’elle qu’il s’agisse d’un vampire inoffensif, presque comme Raphaël… Presque…

L’arrivée d’un nouvel hôte suspendit à nouveau les conversations. Tous se levèrent pour accueillir la nouvelle venue. Le cœur de Katherine fit un bond dans sa poitrine. Michael resta interdit devant cette apparition mais jeta un regard à sa maîtresse qui avait blêmi. Les pensées de la Lycanthrope se bousculèrent et se mêlèrent à celles de ses entités. Raïna lui soufflait de garder son calme, cette femme ne lui avait rien fait. Syrya, quant à elle, pestait et l’incitait à aller au front. Au fond, n’était-elle pas une rivale dans… Son flot de pensée s’apaisa. Michael avait glissé doucement sa main sur sa taille et s’était penchée vers elle. Il lui faisait comprendre, par sa présence, que tout se passerait bien. Il le fallait. Katherine se mordit un instant les lèvres, en proie à une terrible dualité. Elle ne la détestait pas mais elle haïssait quand Alexender parlait d’elle. Intriguée, la Comtesse s’était approchée de Jirômaru discrètement. Elle lui souffla, l’appréhension dans la voix :

- J’ai été surprise par votre invitation Jirômaru mais je le suis d’autant plus désormais. Que dois-je comprendre.. ?

Ses yeux saphir transpercèrent les siens. Quel outrage lui faisait-il à cet instant ? Elle avait attendu des semaines une invitation personnelle et elle se retrouvait à un banquet accompagnée d’une actrice, d’un architecte et de Mademoiselle Spencer avec laquelle elle avait développé encore très peu d’affinités… Sans souligner le fait qu’elle était tombée amoureuse d’Alexender, qu’il trompait Sarah avec elle et qu’elle avait fricoté avec son ex-fiancé. Une boule se noua dans sa gorge. Décidément, c’était comme si le ciel la punissait pour ses péchés. A défaut de l’avoir trainée en Enfers, « Il » faisait apparaître cette femme.

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Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Icon_minitimeLun 14 Oct - 2:34


Précédemment: Mascarade



Roses blanches, tombez! vous insultez nos dieux
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle:
La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux!

Le temps marqua 17h00, faisant résonner les horloges de la demeure Spencer en une synchronisation parfaite. Parfaite? Non pas tout à fait. L’oreille attentive de la chasseuse nota un temps de retard sur celle présente sur son bureau. Comme si la petite horloge brune avait décidé de prendre son temps pour chanter sa mélodie rythmée. Hélas, ce soir n’était pas un soir où l’on pouvait se permettre d’être en retard. Hum, déjà 17h00. L’aristocrate aurait dû s’affairer à préparer sa toilette et pourtant, elle restait assise dans le fauteuil trop grand pour elle, habillée de son peignoir de soie bleu. Ses cheveux sombres rassemblés en une tresse grossière rejetés contre son épaule dénudée laissaient voir la dentelle délicate de ce que dissimulait le négligé qu’elle portait. Installée à l’imposant bureau comme elle en avait pris l’habitude, Sarah observait les documents éparpillés devant elle comme s’il s’était agi d’une carte militaire dévoilant les positions des divers ennemis. Il était difficile de s’imaginer autrement que dans un combat perpétuel lorsque l’on s’attardait au capharnaüm de lettre, de livrets, de correspondances et de documents qui s’entassait. Au centre de ce jeu de guerre, l’invitation aux reliefs dorés portant les armoiries du Lord Kaïsuke trônait en maitre. Le carton pourtant bien insignifiant lui avait déclenché plus d’émotions qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Mais n’était-ce pas là le résultat de ses propres machinations?

Vincento de Santis

Mystérieux cousin, élégant gentleman, curieux personnage, fils improbable, tant de mystère et si peu de réponses. Cette étrange pièce qui s’était ajoutée à un jeu déjà compliqué la laissait sur sa faim. Les enquêtes lancées sur ce dernier étaient restées lettre morte. Soudoyer Alastor n’aurait mené qu’a une nouvelle leçon de moralité aussi inutile que désagréable, sans compter que l’érudit ne quittait jamais son sanctuaire alors qu’aurait-il pu savoir d’un inconnu d’outre-mer? Même Hortense qui avait des oreilles à travers la ville n’avait rien pu dénicher comme information. Peu avait eu la chance de côtoyer le nouvel arrivant, mais tous n’avaient que de bon commentaire à son propos. La Chasseuse avait puisé dans toutes ses ressources sans obtenir les résultats escomptés. Comment diable alors percer à jour cette étrange chimère qui restait dans son repère de brume? Quand la subtilité ne fonctionnait pas, le seul moyen était de s’attaquer directement au mystère en personne. Quelques jours plutôt, elle avait donc envoyé une lettre au fameux cousin du Comte. La lettre de remerciement bien innocente, écrite de sa belle encre bleue avait trouvé une réponse plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu. Sarah s’était attendu que le lord soit un homme occupé, sinon pourquoi se donner la peine de venir à Londres. Pourtant, il avait pris le temps de lui répondre. Le papier accompagné d’un joli bouquet de fleurs l’avait fait sourire malgré elle. Quelle dame n’aimait pas recevoir des fleurs? La jeune femme s’était demandé si l’italien avait conscience du langage des fleurs. Si la rose signifiait l’amour et le lys, la pureté, les clématites elles étaient liées à l’intelligence. C’était souvent ces fleurs qu’on envoyait à un écrivain où un professeur. Sans doute le voyageur n’était pas au courant des subtilités fleurales de Londres, mais le geste était élégant, sans compter que sans le savoir, il avait choisi une variété que Sarah appréciait particulièrement, les cultivant elle-même dans son jardin. La lettre ouverte, la magicienne s’était attardée à l’écriture fine de son correspondant, surprise de constater qu’il maitrisait l’anglais à la perfection. En lisant ses mots, elle avait l’impression d’entendre sa voix chaude aux accents d’Italie. Son écriture élégante avait quelque chose de vif dans sa manière de faire ses traits. Les remerciements semblaient avoir faire mouche. Visiblement satisfait de son séjour à Londres, voilà que l’homme l’invitait même à une soirée, en son nom... et celui un peu plus surprenant du Comte en personne.

Le Comte.

Sarah avait médité longuement, les yeux fixés sur l’invitation, comme si celle-ci aurait pu lui dévoiler plus que ce qu’elle n’avait à dire. Elle avait de la difficulté à croire que le Comte souhaitait la revoir et cette réflexion s’était révélée plus douloureuse qu’elle ne voulait l’admettre. Voilà plusieurs semaines qu’ils ne s’étaient pas vus, lui qui était sortis de son existence en coup de vent après lui avoir promis de ne plus intervenir dans sa vie. Horrible promesse qu’il avait bien tenue jusqu’à présent... Jirômaru. Comme elle pouvait le détester. Lui et ses airs hautains et suffisant, son ton paternaliste et sans réplique, son visage dur et sévère, ses ambitions démesurées, ses méandres d’incompréhensions, ses songes mélancoliques, cette éternité qui lui pesaient sur les épaules comme le poids des cieux tout entier. Comme elle aurait aimé le bousculer un peu, lui et sa stature de marbre! Ne l’avait-il pas assez fait souffrir? N’avait-il pas assez joué avec elle dans ce ridicule élan du cœur entre la haine et l’amour? Mais pourquoi même en attribuant à Jirômaru tous les maux du monde ne parvenait-elle pas à le haïr comme elle le souhaitait? Pourquoi ne pouvait-elle pas s’empêcher de ressentir encore cette profonde affection pour lui? Pourquoi ne pouvait-elle pas oublier ce frisson de délice qu’elle avait vécu dans ses bras et ce sentiment de paix et de sécurité contre son torse à entendre le battement lent et faible de son cœur d’éternel? La jeune femme rit de sa propre bêtise. Qu’elle avait été aveugle ! Qu’aurait-il fait d’une enfant pendant l’éternité? Ce n’était certainement pas les siècles qui l’avaient privé de toute rencontre. Maria avait été très révélatrice sur ce sujet; elle n’était qu’un amusement de plus et passager. À quoi bon s’accrocher dans ce cas? Et le pire était d’admettre qu’il avait eu raison. Pour tout. Cuisante vérité qu’elle ne pouvait toujours pas digérer.

Comment avait-il pu deviner pour Alexander? La réponse était trop simple pour ne pas être évidente, il n’y avait qu’elle qui avait été assez stupide pour croire qu’il y avait encore la moindre trace de noblesse chez le roux impétueux. Et dire qu’elle avait travaillé d’arrache-pied pour le sauver pendant que lui s’offrait du bon temps dans les bras d’une actrice. Une belle insulte. Sous les traits de Fitzwilliams, elle l’aurait provoqué en duel sans plus attendre. Elle avait cru qu’il la laissait à l’écart par sécurité, pour la protégée, pour assurer la survie de la guilde… Pfff, que de mensonges! De rage, la belle avait eu envie de les laisser s’entre-tuer. Le Comte découvrant la double vie de Huntress de Katherine venu pour le poignarder dans le dos, Alexander cherchant sa vengeance en des gestes désorganisés, ses petits poulains encore trop ignorants des créatures de la nuit pour les affronter adéquatement. Qu’ils se débattent donc dans leur panier de crabes! Elle en avait assez de vouloir sauver des chiens fous. Mais la colère passée, ne restait plus que la profonde morsure de la trahison et l’amertume de s’être trompée elle-même. À qui revenait la faute s’il elle avait cette vision idéaliste et remplie de droiture, visiblement des valeurs d’une autre époque. Puis venait le sens du devoir. La cause qui les avait tous rassemblés et qui les faisait œuvre vers le même but. Même ce fameux diable aux cheveux blanc. Et bien elle leur montrerait à tous qu’elle n’était pas de ces créatures fragiles et précieuses qu’il fallait protéger et mettre à l’abri.

Un petit soupir s’échappa de ses lèvres vermeilles. Les doigts vinrent saisir le roi noir qu’elle avait posé tout près de l’invitation. La pièce d’échec en main, l’aristocrate la fit tournoyer doucement avant que celle-ci ne s’élève dans les airs, la magie continuant de la faire bouger. Les échecs n’avaient jamais été un jeu que Sarah affectionnait particulièrement. Non pas qu’ils étaient compliqués à comprendre, mais les stratégies étaient souvent longues à se dévoiler et selon le talent de l’adversaire, la partie était souvent perdue d’avance. Restait à voir combien de pièces elle pouvait abattre avant la fin.

Les iris d’azur se posèrent sur le bijou de jade accroché aux moulures de l’horloge. Le travail d’orfèvrerie de la maison Orlov avait restauré l’éclat de la pierre, faisant briller le métal blanc et le jade polis, effaçant par la même occasion le message qui y avait été gravé. Ce curieux ajout avait été un mystère de plus ajouté à un échiquier déjà bien rempli. Si Sarah l’avait ignoré pendant un moment, elle ne pouvait plus douter que le message devait être lié au Comte et à son cousin. Qu’elle était la vraie nature entre eux deux? Vincento pouvait-il être réellement le fils du lord? Un enfant qu’il avait transformé autrefois, sachant que les vampires devenaient les pères de leur progéniture transformée? Ou était-ce possible que ce soit la véritable chair de sa chair? Était-ce seulement possible? Quoi qu’il en soit, elle ressentait ce besoin de protéger le grand homme, lui qui n’avait besoin de personne. Et pour ce faire, elle devait en apprendre plus sur ce mystérieux homme venu d’Italie et se rapprocher de lui...

La porte du bureau s’ouvrit avec empressement, faisant tomber le roi dans un bruit mat tandis que se dévoilait le minois d’Anna, sa femme de chambre, visiblement réjouie de l’avoir enfin retrouvée.

-Vous voilà enfin mademoiselle! Il est temps de vous préparer, Lady Green vous cherche. Elle craint d’arriver en retard avec tous les embouteillages.

L’aristocrate sourit malicieusement, s’enfonçant dans son fauteuil avec désinvolture.

-Pourquoi? À cheval nous y serons en un rien de temps.

Quelle absurdité, le Comte ne les avait quand même pas invités à la campagne. Le visage de la femme de chambre prit un air scandalisé.

-Vous n’y pensez pas? Avec une tenue d’amazone? Impossible de vous présenter en soirée avec ce type d’habit voyons.

La chasseuse grimaça intérieurement. Oui, elle avait oublié qu’une Lady ne pouvait décemment pas se déplacer comme l’aurait fait un dandy pressé de se rendre à destination. Voilà qu’elle était bonne à voyager en carrosse maintenant.

-Il y a un autre problème, ajouta la femme de chambre, votre garde-robe de deuil n’est pas encore complétée. La couturière fait de son mieux, mais les commandes sont nombreuses vu les mariages de la saison et euh…

Anna s’arrêta, visiblement mal à l’aise de sa maladresse. Voilà qu’elle parlait de deuil et de mariage devant la maitresse de maison. Se raclant la gorge, elle souffla rapidement.

-Nous avons eu l’idée de teindre votre robe bleue en noir, mais les dentelles du col et ceux des manches n’ont pas tenu et la couturière n’avait pas le temps de tout refaire...

Sarah leva les yeux au ciel, ne se retenant pas cette fois de soupirer. Quel embêtement! Voilà que son beau plan prenait déjà l’eau avec des détails impossibles. Les pieds nus foulèrent l’épais tapis du salon accompagné d’un bruissement de soie, suivant la femme de chambre pour voir l’étendue des dégâts...



Les bras tendus, Anna s’efforçait de garder un sourire encourageant, montrant le résultat de la couturière à la maitresse de maison. La robe avait considérablement été modifiée loin des cols montés et des bras couverts qu’on retrouvait habituellement dans la garde-robe de la jeune femme. Pourtant la qualité du tissu était encore bien visible tout comme les détails de la jupe. Sarah plissa les lèvres, signe chez elle d’une intense réflexion.

-C’est un peu… comment dire…

Osé? Volage? Dénudé? Elle n’arrivait pas à mettre le mot exact sur ce qu’elle pensait. C’était une robe tout à fait à la mode et déjà croisée lors des soirées, mais sur elle? Anna s’empressa de s’avancer, présentant la toilette comme s’il s’était agi d’un trésor.

-Elle est parfaite pour cette soirée, les ornements sont discrets, la coupe fluide vous permettra de vous déplacer sans compter que la couturière m’a assuré que c’était en grande mode en Europe.

-En grande mode en Europe dis-tu? dit-elle nullement convaincu.

Hum, oui, cela pouvait le faire. Après tout, c’était le bel italien dont elle devait se rapprocher ce soir et ce n’était pas comme si elle avait le choix. La décision prise, la tenue s’enfila rapidement, suivie de sa coiffure qu’Anna prépara avec soin. Ses éternelles boucles rebelles furent remontées contre sa tête, maintenue d’un ruban de soie noire au parfum nostalgique de rose. L’odeur vint chatouiller le nez de la jeune femme et elle décida de la chasser à sa manière. L’eau de fleur d’oranger vint glisser sur la peau délicate de sa gorge, rapidement séchée par son mouchoir de poche. Les gants de dentelles sombres à remonter sur ses bras ne restaient plus que les parures pour la soirée. Elle enleva la longue chaine d’or  qu’elle avait offert au Comte pour n’en garder que le pendentif de jade qu’elle attacha à un collier de velours noir enserrant délicatement son cou. Alors qu’elle pensait ses problèmes derrière elle, le dernier détail ajouta du sable dans l’engrenage.

-Anna, est-ce les bons escarpins?

Le pied léger dans la chaussure sombre frottait dans l’espace. La femme de chambre observa la situation en se balançant nerveusement.

-C’est-à-dire mademoiselle, vous ne les avez pas remis depuis… depuis votre retour et euh...

Le visage de Sarah afficha un agacement fugace. Bien sûr, après la chute dans la rivière, le bal catastrophique, le décès de son père, ce n’est pas les nuits de sommeils réparatrices et les repas équilibrés qui ponctuaient ses journées. Non, elle n’avait pas le temps pour ce genre de problème domestique, elle avait plus important à faire. Il lui suffirait de serrer les rubans de soie plus fort. Elle aurait les pieds en feu d’ici la fin de la soirée, mais au moins tout y serait parfait. Et dire que la marque mauve enserrant sa cheville commençait à peine à disparaitre. Elle n’avait pas le choix.

Elle devait y aller. Coûte que coûte.


*****

Nous y étions.

Les grands yeux remplis de curiosité observèrent l’obscurité, dévorant les ombres pour voir se dessiner l’imposante demeure rappelant l’architecture des châteaux. Sarah songea un instant que c’était la première fois qu’elle visitait la demeure officielle du lord. Leur rencontre précédente avait toujours été réalisée dans son repère de l’ombre ou dans les rues de Londres, mais ce soir, c’était bien le Comte qu’elle rencontrait et non pas le prince de la nuit. Les lueurs aux fenêtres animaient l’imposante demeure, tout comme celles de l’entrée, témoignant que leur présence était attendue.

-Allons ma fille, remettez-vous à votre place, vous avez passé l’âge de scèné aux fenêtres d’un fiacre!

L’héritière de la famille Spencer leva les yeux au ciel, retenant un commentaire avant de se rassoir élégamment sur le banc rembourré du véhicule. La présence de Mrs Green était une nécessité à cette soirée bien qu’elle s’en serait passé volontiers. Déjà que les apparences jouaient contre eux. Quelle demoiselle de bonne famille irait donc se rendre chez son ex-fiancé après une rupture aussi scandaleuse? Mais voilà que la présence du fameux cousin venait tout changer. Son célibat annoncé et sa réputation de bien nantie en faisaient déjà un parti convoité. Une occasion en or de répondre favorablement à cette curieuse invitation, d’où la présence d’un chaperon de qualité.

Le carrosse s’immobilisa dans un hennissement, la porte s’ouvrant au quart de tour. La mécanique bien huilée de la demeure était admirable. Les dames furent accompagnées au hall où elles se délaissèrent de leur manteau. Un frisson secoua la demoiselle, sentant l’air sur la peau nue de ses bras, ou était-ce l’anticipation? Allons, il fallait se donner du courage!

Le grand salon se dévoila au regard émerveillé de la jeune aristocrate, s’attardant aussitôt aux objets exposés sous les verrières. Le salon était élégant, son agencement pouvait faire rougir de jalousie les maitresses les plus pointues. Le thème nautique était bien utilisé, mêlant les différents éléments, sans toutefois alourdir la pièce. Les toiles marines accompagnant l’exposition ravirent la Chasseuse, le regard curieux s’attarda sur les vagues, lui donnant envie de partir en exploration. Non, elle devait rester concentrer, elle n’était pas ici pour se laisser distraire par quelques babioles brillantes (n’était-ce pas un sextant posé là sur son socle de bois?) il fallait s’en tenir au plan. L’attention fut ramenée sur le petit groupe qui s’était levé à leur approche, dévoilant des visages qu’elle connaissait déjà.

Même si elle s’était préparée mentalement à ce face-à-face tant redouté, la beauté de l’immortel la frappa de plein fouet, comme si sa mémoire s’extasiait de redécouvrir les détails que l’absence avait fait oublier. Le reflet de la lumière sur ces cheveux de neige, la carrure de sa mâchoire volontaire, les muscles saillants qui se dessinait sous la coupe distingué de ses vêtements. C’est que l’homme était particulièrement élégant dans sa tenue sombre. Le dos bien droit et la stature noble, il incarnait à lui seul l’aristocratie dans toute sa splendeur. Sarah songea que c’était la deuxième fois qu’elle le voyait en habit aussi… humain. Sans l’éclat de sa grande cape rouge, il avait l’air moins imposant que d’habitude, laissant place à un éclat de mélancolie que trop visible dans son regard de brume. Troublée par cette envie irrésistible de caresser son visage, Sarah serra la jupe de sa robe.

Juste ciel, il n’y avait que le diable pour être d’une telle beauté.

Consciente qu’elle le fixait ouvertement, le regard d’azur fuit sur les autres invités, heureux d’avoir quelque chose d’autre à observer. Elle reconnaissait la jolie actrice du comte et disciple, Miss Ghrianstad, sublime dans sa toilette verte, près de qui devait se trouver Maria.
Le regard tiqua de nouveau. Non ce n’était pas Maria.

La pulpeuse dame aux cheveux sombres n’était pas la disciple revêche du Comte, mais bien pire. Le regard de la belle silla tandis que le sang dans ses veines s’enflammait.

Elle.

Comment pouvait-elle surgir devant elle, cette succube sans cœur? De toute la préparation minutieuse de cette soirée, c’était la pire des possibilités qui se réalisait! Elle, toujours aussi ravissante dans sa toilette bleu profond, ses cheveux sombres remontés avec élégance, ce visage de poupée qui donnait envie de la gifler. Que faisait-elle là? N’était-elle pas trop occupée avec Von Ravellow pour venir ramper jusqu’ici? Et avec son majordome qui plus est! Cette femme maudite avait décidément le don de tout ruiné! Sarah inspira profondément, ce n’était ni l’endroit ni le lieu pour régler ses histoires. Elle ne devait pas permettre à cette profanatrice de tout bousiller par sa simple présence. Non. Elle n’était pas ici pour elle, elle avait déjà d’être un projet et elle ne pouvait se laisser distraire.

Quelques secondes trop longues s’étant écoulées, c’était à elle de reprendre la situation en main. Affichant son sourire des plus aimables, la demoiselle prit un air surpris.

-Toutes mes excuses, à vous voir ainsi réunis j’ai cru un instant que nous avions interrompu une réunion pour le théâtre.

Oui voilà qui pouvait dissimuler le malaise. Après tout, la présence de Lord Barry ne pouvait qu’accentuer cette impression. Les lèvres s’étirant en un sourire faussement enjoué visible au plus intime, la belle salua gracieusement les invités présents.

-Bonsoir à tous, permettez-moi de vous présenter Lady Green qui a aimablement accepté de m’accompagner ce soir suite au voyage de ma mère.

La vieille dame se lança dans des salutations distinguées remerciant l’invitation. Une diversion des plus salutaires pour l’héritière qui en profita pour reprendre son souffle. Si elle s’était imaginée se retrouver ainsi prise entre deux feux. Heureusement, les condoléances sincères de Lord Barry lui évitèrent de devoir s’adresser à l’un comme à l’autre. S’approchant de l’homme chaleureux, Sarah se lança au hasard d’une conversation.

-Comment avance les travaux du théâtre milord? Le peu de rumeurs qui réussis à fuiter nous promet bien des merveilles et en un temps record qui plus est.

Écoutant l’homme se lancer dans les détails techniques, elle accepta avec plaisir l’un des verres du plateau tendu, heureuse d’avoir quelque chose pour se redonner du courage. Malheureusement la gorgée fut plus importante qu’elle ne l’avait imaginé et les bulles éclatèrent sur son palais, lui faisant tirer une croix sur son breuvage. Le champagne avait le don de lui monter rapidement à la tête et elle ne pouvait se permettre de telle légèreté. Sous ses gants de dentelle, elle pouvait sentir la pulpe de ses doigts la bruler, signe qu’elle devait faire attention pour maitriser son pouvoir rebelle. Il n’aurait plus manqué que lui ne mette le feu au tapis du salon. Le souvenir la fit rire intérieurement. Cela n’aurait été que justice pour celui du manoir Ravellow après tout. Mais voilà que la Comtesse en profitait pour murmurer quelques secrets au Comte. La colère et la jalousie enflammèrent son cœur. Tant de mépris défiait toute droiture. Non pas heureuse d’avoir eu l’affront de s’envoyer en l’air avec le Hunter, voilà qu’elle venait rôder autour du comte! L’espèce de succube sans vertu. L’aristocrate inspira profondément. Elle devait prendre garde, son regard avait le don de la trahir et ce n’était définitivement pas le moment pour être trop facile à lire. Non. Elle s’était promis que rien ne viendrait troubler sa mission de ce soir. Si le Comte voulait se vautrer avec une actrice à deux visages, c’était son problème. Elle avait plus important à s’occuper.

Le regard chercha l’hôte manquant, se demandant où pouvait bien se trouver le cousin.

-Votre cousin n’est pas encore arrivé, monsieur le Comte? Vous êtes si aimable d'avoir songé à organiser cette soirée avec lui, il ne doit pas connaitre encore grand monde à Londres.

Oui car le sieur De Santis avait bien mentionné dans sa lettre qu’il serait présent lors de ce fameux souper...


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Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Signat10
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Vincento De Santis
Fils du Comte Kei
Vincento De Santis
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Race : Vampire
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Secte : Indépendant - tendance au Sabbat
Clan : Aucun. Il a cependant été créé par un Ravnos.
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[HRP/ Suite de La Paix n'aura pas lieu./HRP]



Au Coeur du

Labyrinthe


Jirômaru Keisuke, Vincento de Santis
Katherine Thornes, Sarah Spencer


"Dansez chères marionnettes !

Ce soir est une grande fête !"


Demeure du comte Jirômaru Keisuke
Le samedi 1er juillet 1842.

Sous la chapelle


Vincento rôdait dans les corridors sans âme qui couraient sous la chapelle érigée par son père. Ses pas frôlaient le sol humide et irrégulier de terre battue qui lui collait à la semelle. Nulle lumière dans ce caveau dénué de toute fenêtre. Nulle vie. Les odeurs d'humus et de champignons se mêlaient à celle de la roche au-dessus de sa tête ainsi que celle de l'eau qui croupissait dans de petites flaques qu'il évitait avec soin. Le Vampire adorait cette immobilité emplie de ténèbres, cette merveilleuse atmosphère aussi mortifère que ses desseins. Quelle douce sensation de plénitude ! Quelle fantastique paix !
Mais la paix n'aurait pas lieu, et il avait bien préparé sa guerre. Il avait prévenu. Désormais, nul ne pourrait arrêter ses manœuvres politiques et son père allait payer son impertinence. Les jeux étaient déjà faits. Il n'avait plus qu'à les regarder se dérouler sous ses yeux piqués de vengeance. Un fin sourire anima son visage de craie. Oui, il n'avait plus qu'à regarder tout ce petit monde s'entre-dévorer et tenir le rôle qu'il avait assigné à chacun. Comme ce serait amusant !

- " Ton domaine est ta charge. Tous t'y doivent respect. Nul ne peut défier ta parole dans ton domaine. Nul crime en ce lieu, sans permission des anciens. Nulle insolence sans en payer le prix. "

Son murmure se perdit en écho contre les parois charnues du couloir tandis que sa main droite en parcourait les arrêtes. Son sourire s'élargit encore. Qui était maître du domaine désormais ? Son rire glacé raisonna dans la grande salle dans laquelle il venait d'arriver. Le noir quasi complet y régnait. Deux longs cercueils reposaient de chaque côté et un genre d'autel de pierre grise les séparait. D'un bond surnaturel, Vincento se retrouva perché dessus et écarta les bras comme un maestro s'adresse à son orchestre.

- Dansez, dansez, chères marionnettes ! Dansez jusqu'à souffrir des pieds ! Ce soir, le bal sera long ! Ce soir, je vous croque pour de bon ! Ah ! AH ! AH !

Une ombre sortit d'une ouverture sans porte et vint se poster devant lui. Vincento lui jeta un regard depuis son piédestal et lui montra les canines, toujours hilare.

- AH AH AH ! Sont-ils arrivés ? Demanda-t-il en se passant une main sur le visage comme pour tenter de contenir son fou rire.

- L'Architecte est là. Les autres ne vont pas tarder. Répondit Astorre qui resta de marbre face à cette folie passagère.

Vincento sauta de l'autel et l'attrapa par le bras afin de le tirer à sa suite tandis qu'il faisait demi-tour dans le couloir.

- Allons ! Ne les faisons pas attendre ! Que la fête commence ! Ah ah !


**************************


Grande chambre - Rdc - aile Est

Après avoir fait un détour par le premier étage pour éviter les invités et son père, Vincento était redescendu par les escaliers de l'aile Est afin de regagner "sa" chambre. Il avait envahi le quartier destiné aux convives lorsqu'ils restaient sur place. Il y avait installé ses affaires mais aussi ses trois sbires principaux. Astorre s'en fut frapper à celle d'Antonio pour lui demander si Vanessa et lui étaient prêts, ce que ce dernier affirma. Puis, il se rendit dans sa propre chambre, qui jouxtait celle de son maître. Les quatre Vampires furent bientôt complètement apprêtés pour la soirée. Tous étaient d'une grande élégance. Seul Antonio, qui endossait le rôle de majordome, ne portait pas de tenue de soirée mais une livrée tirée à quatre épingle. Enfin, ils descendirent tous ensemble les marches qui menaient directement dans le deuxième salon.

Cliquez ici pour voir l'apparence de Vincento, Astorre, Vanessa et Antonio:


Grand salon - rdc - aile Est

Vincento se fit ouvrir les portes par Antonio et entra le premier.

- Ah ! Je vois que tout le monde est déjà là ! Excusez-nous pour notre retard...fit-il en écartant les bras de façon théâtrale pour exagérer ses excuses à la façon d'un dandy.

Il s'avança dans la pièce après avoir tendu la main vers Vanessa qui le suivait à petits pas distingués. Astorre fermait la marche. Une fois le trio entré, Antonio referma la porte et s'en fut aux cuisines. Même s'il était d'extraction noble, il jouait le majordome.

- Je vais me charger des présentations, si vous le voulez bien, "cousin". Clama Vincento en souriant au Comte. Voici Astorre Monciatti, que certains ont déjà rencontré, et sa charmante fille Vanessa Monciatti.

Les deux Vampires firent de parfaites courbettes. Vanessa fit mine d'être intimidée par les invités.

- Je...Enchantée...murmura-t-elle en baissant les yeux sur le tapis.

- Ravi de vous rejoindre. Fit noblement Astorre.

- Mes amis, je vous présente miss Spencer...dit-il en guidant Vanessa jusqu'à l'ex-fiancée de son père. Vous l'avez déjà rencontrée au bal chez ses parents mon cher Astorre. Vanessa, je ne doute pas que vos talents au piano sauront trouver une oreille attentive en sa compagnie !

- Vraiment ? Vous êtes mélomane miss ? Souffla Vanessa en lui offrant le plus ravissant des sourires.

- Comme toutes les dames distinguées, miss Monciatti. L'interrompit presque Vincento tandis qu'il faisait un baise-mains à la jeune femme.

Face à Sarah, il plongea ses yeux dans les siens et lui sourit avec complicité.

- Sarah, vous portez si bien le deuil...Cette robe vous va à ra-vir...murmura-il en insistant sur le dernier mot en le décomposant.

Il serra un peu sa main autour de la sienne, laissant son souffle effleurer son avant-bras, avant de la lâcher pour laisser à Astorre le loisir de la saluer à son tour avec élégance. Puis, se tournant vers Katherine Thornes, Vincento continua les présentations :

- Et vous, vous devez être miss Thornes, n'est-ce pas ? Fit-il en faisant mine de demander du regard la confirmation au Comte. Mon passage à la soirée des Spencer a été si rapide que je n'ai pas eu l'occasion de vous y rencontrer. Ce défaut du destin est enfin réparé ! Vincento de Santis, pour vous servir...

Il se pencha pour embrasser le dos de sa main. Ses yeux furent légèrement insistant lorsqu'ils rencontrèrent les siens. Oui, elle était là celle chez qui son père s'était permis de prendre du bon temps ! Elle était vraiment jolie elle aussi dans sa robe bleue brodée de fleurs. Ses grands yeux d'azur et sa chevelure de nuit en étaient sublimés.

- Décidément, mon cousin a décidé d'inviter les plus jolies dames de Londres...

- Oh ! Mais vous êtes actrice n'est-ce pas ? S'exclama soudain Vanessa en bondissant vers elle d'un air candide. J'ai entendu parler de vous !

- Peut-être aurions-nous pu laisser monsieur votre cousin nous présenter Mademoiselle Thornes...Voyons...Rit Astorre en attrapant doucement Vanessa par le bras afin de la faire reculer. Il jeta un regard faussement gêné à Katherine. Excusez ma fille, elle peut être passionnée quand il s'agit des arts...

- Ciel, je suis si heureux de voir du monde que j'en oublie les règles élémentaires de courtoisie ! Lança Vincento comme s'il se rendait soudainement compte de son manquement à l'étiquette.

L'Italien se tourna vers Jirômaru et fit un geste du plat de la main comme pour l'inviter à prendre sa place.

- Je vous laisse faire, cousin. Navré, je me suis emporté. Je suppose que cette soirée me met un peu trop en joie !

Le regard qu'il lui lança sous ses longs cheveux noirs fut d'une insolence effroyable. Seul le Comte pouvait le voir et en comprendre la signification. Son fils jouait la plus parfaite des comédies et s'amusait déjà beaucoup dans la pièce qu'il venait d'amorcer.

Lorsque les présentations furent faites, Vincento resta avec Sarah et profita de l'occasion pour évoquer son présent :

- J'ose espérer que mon petit cadeau ne vous aura aucunement gênée. Quel dommage que le deuil ne vous ait pas permis de porter cette toilette ce soir...J'aurais tant aimé voir ce qu'elle peut donner sur vous.

Vanessa tapota le bras d'Astorre et se fit plus bondissante. Elle souffla :

- J'avais hâte de vous rencontrer miss Spencer ! J'ai entendu tant d'histoires sur vous. Je veux dire : l'incendie au théâtre, cet enlèvement alors que vous sortiez du couvent, le décès de votre pauvre père...J'admire votre courage, vous savez. Cela a dû être terrible...Et pourtant, vous restez aussi élégante que digne.

Assis non loin de Katherine, Astorre lui présenta un plateau de petits-fours qu'il venait d'attraper sur un guéridon.

- Honneur aux dames...fit-il de sa voix suave. Puis il le tendit à Michael. Alors, Monsieur Nadasdy, quels liens entretenez-vous avec madame la comtesse ? Je ne crois pas vous avoir aperçu au bal des Spencer, à moins que notre passage éclair avec Monsieur de Santis ne m'ait pas permis de vous croiser.

Après une petite heure de badinage, Vincento fit tinter son verre et demanda l'attention de l'assemblée.

- Mesdames, Messieurs, je voudrais porter un toast à notre hôte, mon cher cousin, au nom de mon ami ici présent, de sa fille et de moi, car il nous a très généreusement proposé de rester en sa demeure le temps qu'il nous plaira ! Nous vous en remercions très humblement, cousin ! Il esquissa une courbette supplémentaire face au Comte. Je pense que nous pouvons également le remercier pour cette charmante soirée qu'il nous offre dans le dessein de nous présenter ses plus chers amis et de nous intégrer davantage ici, à Londres. J'espère apprendre à vous connaître et lui faire honneur en vous promettant toute mon amitié !

Il leva un peu plus haut son verre et en but une gorgée, fortement amusé d'afficher ainsi les plus gros mensonges qui régissaient cette mascarade.

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MessageSujet: Re: Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Icon_minitimeMer 16 Oct - 14:45



Au Coeur du

Labyrinthe


Jirômaru Keisuke, Vincento de Santis
Katherine Thornes, Sarah Spencer


" Glisser mes doigts autour de ton pitoyable cou.

T'étrangler encore et encore jusqu'à le briser.

Voilà où tu vas nous mener, pauvre fou. "


Dans le grand salon, 1er étage.

Accueillir l'Architecte fit plaisir à Jirômaru. Exaspéré d'avance par la ridicule scène que son fils voulait lui faire jouer ce soir, son humeur était des plus noires. Mais retrouver son vieil ami Charles Barry lui redonna un peu de baume au coeur.
Cet homme était simple et pourtant des plus distingués. C'était un gentleman dont les manières avaient toujours été irréprochables et qui pouvait pourtant être très familier avec ses amis. Le Comte et lui entretenaient une relation particulière, plus fraternelle que politique. C'était même sans aucun doute le seul être que le grand Vampire considérait ainsi. Charles avait son respect, son admiration même, et son entière confiance. Néanmoins dans l'ignorance de sa véritable nature, l'homme représentait un soutien non négligeable dans les épreuves qu'il traversait depuis des mois.
Qu'il soit arrivé en avance au diner n'était ni surprenant, ni dérangeant. Jirômaru le savait ponctuel et soucieux des codes sociaux : cela ne pouvait être qu'une erreur de sa part et il était tout excusé. Jirômaru ne lui en voulait pas le moins du monde. En soit, lui serrer la main avant l'arrivée de Vincento lui convenait parfaitement. Au moins auraient-ils un moment en tête à tête.
Malheureusement, leur premier sujet de conversation fut finalement peu encourageant pour Jirômaru. Il fut question des pamphlets de Fitzwilliam, un petit malin qui s'était amusé à le conspuer durant l'emprisonnement de Von Ravellow et après sa fuite de la Tour. Cet empêcheur de tourner en rond ne perdait rien pour attendre.

L'Architecte eut le bon goût de balayer d'un revers de la main ces désagréables pensées en jetant sous le tapis ce sujet pénible. Puis, il s'extasia sur l'architecture des lieux, leur offrant ainsi un nouveau motif de discussion. Le Comte avait toujours apprécié son goût pour les bâtiments, leurs structures et intérieurs.

- Ravi que ma demeure vous plaise toujours autant. Avait doucement répondu le lord en retrouvant son sourire. Oui, le vestibule a été refait récemment. C'est du bois de chêne, imputrescible.

Installés dans les sofas et fauteuils, les deux hommes prirent un verre et accueillirent bientôt Ambre. Les conversations reprirent de plus belle en présence de la jolie rousse, notamment au sujet du théâtre refait à neuf par l'Architecte.

- Vous me flattez Mademoiselle Grianstad ! Pouffa le quinquagénaire. Je suis heureux que l'édifice vous plaise et que vous puissiez enfin remonter sur les planches !

- Oh ! J'assiste surtout Monsieur Keisuke pour la mise en scène cette fois-ci. Répondit la belle en cachant un peu son large sourire derrière un grand éventail en plumes de paon parfaitement assorti à sa mise verte. Je veille au bon déroulement des répétitions, j'oriente les comédiens, j'intègre les nouveaux...

- Ah oui ! Vous devez avoir fort à faire ! S'exclama le bonhomme. Mais dites-moi, j'ai entendu dire que Miss Thornes allait jouer le rôle principal de votre prochaine pièce. Ces rumeurs sont-elles vraies ? Il jeta un coup d'oeil exagérément suspicieux et complice à Jirômaru.

- Ce ne sont pas de simples rumeurs, mon bon Charles, ce n'est là que pure vérité. Intervint le Comte en reposant son verre à peine entamé sur le guéridon près de son fauteuil. Son regard se fit très sérieux. Et j'en assume totalement le choix. C'est une excellente actrice. Ajouta-t-il comme pour clore le débat qui risquait de naître.

- Ah mais je suis parfaitement de votre avis, Jirômaru : Miss Thornes est une actrice de talent ! Les rumeurs vous savez...cela rejoint ce que nous disions tout à l'heure...

Rassuré par l'attitude de l'Architecte, Jirômaru se détendit à nouveau, même si l'attente de son fils l'exaspérait. Ce crétin avait sans doute imaginé une entrée fracassante, histoire d'impressionner son monde. C'était ridicule ! Pourquoi tardait-il autant ?

Comme pour faire écho à leur conversation, la porte principale du salon s'ouvrit alors et un domestique annonça la comtesse Thornes et Monsieur Nadasdy.

- Quand on parle de la louve...fit l'Architecte en écarquillant les yeux de stupeur. La coïncidence était amusante.

De son côté, le Comte abandonna le verre sur lequel il venait d'avancer sa main. Une vague de joie venait de le traverser, aussitôt suivie d'un pincement. Qui était ce "Nadasdy" ? Il n'avait jamais entendu ce nom-là. Qui son idiot de fils avait-il encore convié à cette soirée ridicule ?!
Lorsqu'un grand homme aux cheveux sombres entra avec à son bras Katherine, Jirômaru reconnut aussitôt Michael. Il fut à la fois soulagé et désagréablement surpris. Ce dernier était vêtu avec un costume d'une élégance sans pareille. Entre la tenue militaire et la tenue de bal, il donnait à son allure une prestance digne d'un prince. L'air fier qu'il arborait lui donnait un tout autre panache que le regard revêche qu'il lui avait servi au manoir Thornes. Le Vampire tiqua : que venait-il donc faire ici en sa qualité d'aristocrate ? C'était...presque humiliant. L'accueillir ainsi chez lui après l'avoir vu comme un simple majordome, et traité comme tel, le dérangeait fortement. Il avait l'étrange impression de devoir faire une courbette à un chien...

- Miss Thornes ! Fit-il malgré tout en se levant d'un bond pour accueillir la comtesse. Quel plaisir de vous revoir ! Vous êtes vraiment ravissante...Il était réellement ravi de retrouver sa dernière amante en date. Monsieur Nadasdy...Son ton fut plus solennel avec le Hongrois. Soyez les bienvenus !

Jirômaru esquissa une courbette et fit un baise-main à Katherine avant de serrer celle que Michael lui tendait aimablement. Il ne mit dans ces gestes rien de plus que ce que le protocole exigeait en de telles circonstances, histoire de ne pas choquer sir Barry près de lui. Ce dernier salua avec dignité les deux arrivants et fut flatté :

- Tout le plaisir est pour moi, miss Thornes. Arrêtez, vous allez faire rougir le vieil homme que je suis, allons !

Ambre fit une courbette à son tour et posa même une main sur le bras libre de Katherine, comme si elle accueillait une vieille amie.

- Je suis heureuse de vous revoir, miss Thornes. Annonça la belle rousse en s'appuyant doucement sur son bras. Vous me flatez ! Ce bleu vous va merveilleusement bien ! Il est parfaitement assorti à vos yeux. Je crois que nous avons les mêmes stratégies...rit-elle derrière son éventail en se rapprochant de l'actrice avec un petit pas bondissant. Se tournant cette fois vers Michael, Ambre lui offrit un sourire radieux. Monsieur, je ne vous ai pas reconnu sur le moment ! Fit-elle en plongeant ses grands yeux verts dans ceux du Hongrois. Je suis agréablement surprise de vous retrouver parmi nous ce soir. Son regard s'était fait charmeur.

Pendant ce temps, Jirômaru n'avait pas pu s'empêcher de détailler Katherine du regard. Elle était magnifique dans sa longue robe bleu-nuit et sa silhouette lui remémorait leurs folies sous l'orage. Il vit que sa Cléopâtre l'avait remarqué et son sourire se fit plus complice. Ensemble, ils se parlèrent à travers ce discret échange de regards et leurs coeurs s'amusèrent à battre la chamade. Le Comte se sentit terriblement frustré de ne pas pouvoir entrer dans ses pensées pour converser silencieusement avec elle. Même s'il était loin, Astorre Monciatti, le sbire infernal de Vincento, bloquait en effet toutes les communications mentales. C'était un vrai handicap qui garantissait à son maître le contrôle de la situation.

Les deux invités prirent place dans un sofa et furent rapidement servis en boissons et collations. Les conversations reprirent de bon train, notamment grâce à Ambre et Charles qui animaient volontiers le groupe. Jirômaru dut s'avouer à contrecœur que la soirée lui plaisait bien, du moins dans ses débuts. Si seulement tout cela avait été de son initiative ! Dire que ce n'était qu'un vulgaire piège pour les confronter tous et renforcer le pouvoir qu'avait son fils sur lui !
Alors que Jirômaru ruminait ses sombres pensées, il réalisa que Michael se trouvait non loin de lui et se retrouvait sans partenaire de discussion. En effet, Ambre et Charles s'accaparaient la comtesse, laissant son ami des pays de l'Est légèrement de côté. Leur conversation s'animait sur la future pièce qu'ils étaient en train de monter : l'Architecte tentait de pousser les deux jeunes femmes à lui révéler son contenu, puisque le Comte n'en donnait jamais le nom avant de l'annoncer sur les affiches. Mais Ambre était intraitable sur le sujet et elle se fit d'autant plus complice avec Katherine qu'il était follement amusant de faire tourner en bourrique le vieil homme.

- Vous êtes un vilain petit curieux, sir Barry. Mais vous ne nous aurez pas ! Rit-elle en lui tapotant le bras de son éventail fermé.

Jirômaru sourit. Il leva son verre rempli d'un vin léger et montra d'un coup de tête discret le trio à Michael.

- Je crois bien que mes deux charmantes actrices n'ont pas fini de jouer des pieds et des mains pour échapper aux questions de ce fieffé coquin ! C'est qu'il peut se montrer insistant, le bougre...Ah ah !

Soudain, de nouveaux invités furent annoncés. La porte du grand salon s'ouvrit sur Sarah et une vieille dame qui jouerait sans doute le rôle de son chaperon pour la soirée. Tous se levèrent aimablement pour accueillir les deux femmes. Jirômaru avait immédiatement pâli en voyant la chasseuse, ce qui était pourtant quasiment impossible avec son teint de craie. La revoir lui fit un tel choc qu'il en entrouvrit les lèvres sans pour autant prononcer un seul mot. Elle-même semblait s'être figée en croisant son regard. Les secondes qu'ils passèrent ainsi à se dévisager sans un mot semblèrent durer une éternité.
Sarah portait une longue robe d'un noir aussi profond qu'une nuit d'hiver. Sa toilette évoquait évidemment son deuil mais elle avait quelque chose de très osée. Réhaussée de dentelles et cependant largement ouverte au niveau de son col arrondi, elle était même légèrement trop dénudée à son goût. Depuis quand la chasseuse osait-elle afficher un tel décolleté ? Observant sa taille et ses rubans, il la trouva maigrie. Avait-elle été malade ? C'était sans doute dû au chagrin qu'avait provoqué la mort de son père. Inquiet, Jirômaru faillit froncer les sourcils mais il se retint pour finalement afficher un air ravi. Il allait devoir jouer sur les apparences et maintenir l'illusion d'une soirée mondaine s'il ne voulait pas en payer les conséquences.
Près de lui, Katherine souffla qu'elle était étonnée de voir que Sarah avait été conviée à cette petite soirée. Sur le moment, Jirômaru ne l'écouta pas. Puis, il profita que la chasseuse prenait les devant afin de meubler le silence pour répondre discrètement à l'actrice :

- N'y voyez-là que le reflet de ma grande amitié pour son père...fit-il de façon à ce qu'elle seule puisse l'entendre.

Que Katherine s'étonne de sa présence n'était pas très surprenant étant donné qu'il lui avait récemment appris son envie de s'en éloigner ainsi que la rupture officielle de leurs fiançailles. Cependant, il s'interrogea tout de même : que pouvait-elle trouver de si étrange dans cette invitation ? Sarah et lui étaient "amis", du moins aux yeux des humains, avant qu'il ne la demande en mariage. Devait-il donc voir dans cette question une pointe de jalousie ? Craignait-elle d'être évincée en tant qu'amante ? Quelque part, cela le flattait de constater que la belle actrice semblait s'être déjà autant attachée à sa personne. Mais il ne voulait pas risquer de conflits inutiles. Il aurait déjà bien assez à faire avec Vincento.

- Il n'y a rien de plus...murmura-t-il presque pour lui même.

En s'avançant dans le salon, Sarah fit une petite boutade pour évoquer le fait qu'ils étaient tous rassemblés autour du théâtre. Puis, la jeune femme leur présenta élégamment "lady Green". Jirômaru les salua l'une et l'autre, en prenant soin de ne pas s'attarder davantage sur Sarah que sur sa chaperonne. Il ne s'agissait pas de la mettre plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà visiblement.

- Soyez les bienvenues dans mon humble demeure...fit-il en leur offrant à chacune un chaste baise-main.

Jirômaru n'avait jamais vu cette "Lady Green" et il la détailla un peu. C'était une vieille dame à l'air sévère. Ses manières étaient exemplaires et l'on devinait aisément le dragon qui sommeillait en elle. Cela le rassura : au moins Sarah serait-elle suivie de près ce soir, ce qui éviterait à Vincento de se croire tout permis, même si cela était en partie illusoire.
Cependant, le grand Vampire tiqua lorsqu'il entendit la jeune chasseuse dire que sa mère était partie en voyage. Il lui jeta un regard intrigué. Ah oui ? Et où lady Spencer était-elle donc partie ? Depuis quand laissait-on à sa fille unique la charge de son manoir entier alors que son père venait de décéder ? Cela ne lui plaisait absolument pas. Finalement, la chaperonne avait beau sembler solide, elle n'était en réalité qu'un pâle substitut de sa mère...

- Vraiment ? Et où est donc partie Madame votre mère, si ce n'est pas trop indiscret ? Demanda-t-il d'un ton parfaitement mondain.

Lorsque la vieille dame le remercia pour "son" invitation, Jirômaru s'inclina une nouvelle fois et lui proposa un fauteuil.

- Mais c'est tout naturel, Madame. Prenez place, n'hésitez pas. Les verres sont pleins. J'espère que les petits-fours sauront vous plaire.

De son côté, Sarah s'était rendue au contact de sir Barry afin de discuter du théâtre.

- Oh mais, miss Spencer, la restauration du théâtre est déjà terminée ! S'exclama-t-il en l'accueillant avec force sourires. S'il faut encore revoir quelque peu les moulures au premier balcon et la fresque du plafond, le reste est d'ores et déjà fonctionnel ! Monsieur le Comte et sa troupe y répètent depuis des semaines, et je dois dire que c'est une grande fierté que d'avoir œuvré si rapidement !

Jirômaru observait Katherine. Son regard s'était fait si froid qu'il aurait tout donné pour visiter ses pensées. Qu'est-ce qui la chagrinait à ce point ? Sarah et lui avaient un certain passif évident, vue sa demande en mariage, mais de là à la détester, il y avait tout un monde ! Non, c'était sûrement le fait que la jeune femme l'ignore qui la faisait tiquer. Sarah avait effectivement salué un peu trop rapidement les invités pour que cela soit convenable. Enfin, cela serait bien vite passé avec les boissons et collations qui leur faisait de l'oeil sur les plateaux dorés.

Sarah vint alors le trouver pour lui demander où était son "cousin". Elle le cherchait du regard tout en le flattant quant à son amabilité de vouloir lui présenter du beau monde afin de le sortir de son isolement. Jirômaru tiqua, et ce fut très visible. Il serra un peu ses doigts autour de son verre encore plein.

- Mon cousin est effectivement en retard et je m'en excuse...fit-il d'un ton légèrement sombre. Il ne connait pas grand monde, c'est vrai, et je tenais à lui présenter mes plus chers amis. C'est naturel...

Ô combien pénible ces quelques mots lui parurent ! Discuter de son fils en le faisant passer pour son cousin était déjà d'un ridicule sans nom mais en plus il devait tâcher de l'aider à conserver honneur et dignité en le faisant passer pour un sain. C'était insupportable !

- Il ne va pas tarder...

Jirômaru serra un peu les dents, tout en conservant un faux sourire enjoué. Ah comme il crevait d'envie de lui dire de sortir d'ici ! Il voulait attraper la belle par le bras et lui hurler de partir et de ne jamais tenter de frayer à nouveau avec ce sale charognard !

Les portes s'ouvrirent alors et l'arrivée de Vincento et de ses mignons interrompit toutes les conversations. Le Comte se redressa, comme piqué par une épine. Son fils s'avança, en compagnie d'Astorre et de Vanessa, et la théâtralité de ses gestes le mirent en lumière. Comme il s'y était attendu, son fils avait prévu de faire une entrée remarquée...
Ce dernier fit mine de lui demander s'il pouvait faire les présentation et se lança. Il fit l'introduction de ses mignons et s'invita parmi les convives. Il s'approcha de Sarah pour la saluer d'un long baise-main. Jirômaru frémit de rage. Vanessa fit semblant de s'intéresser à ses talents au piano et sa voix aiguë fit grincer des dents le grand Vampire. Cette scène était écœurante. Puis, le trio se tourna vers Katherine et Michael. Jirômaru se tendit tout autant lorsque Vincento saisit doucement la main de l'actrice pour l'embrasser. Il détestait ses fausses manières et ses regards louches.
Astorre sentit que le petit jeu de son maître risquait d'être légèrement exagéré et intervint pour redonner au Comte sa place de maître de maison, même si ce n'était plus qu'une illusion. Jirômaru peina à reprendre un ton badin mais il savait qu'il n'avait pas le choix.

- Ah ! Ah ! Mon cousin est un peu trop impatient de faire votre connaissance à tous ! fit-il en se rapprochant de ce dernier. Vous l'avez deviné : voici miss Thornes. Et voici Monsieur Nadasdy, un de ses chers amis qui nous vient de Hongrie. Laissez-moi également vous présenter sir Barry, le plus grand architecte de son temps !

- Je suis béni ce soir ! S'exclama le vieil homme, à nouveau flatté.

Evidemment, Jirômaru ne présenta pas Ambre qu'ils connaissaient déjà tous, même si Vincento fit semblant de ne pas l'avoir vue depuis des jours. De leur côté, Astorre et Vanessa s'intéressèrent aux plateaux et rapportèrent à leur maître une coupe de vin, histoire de maintenir les apparences. Si Astorre avait pour mission de couper toutes les communications mentales, Ambre, elle, devait à nouveau aider les siens à maintenant l'illusion qu'ils mangeaient et buvaient comme les humains. Il lui suffisait de projeter l'image d'un liquide dans les verres quand ils étaient vides ou de dédoubler le petit-four attrapé entre deux doigts pour donner l'impression qu'il était réellement porté à la bouche. Mais, il leur fallait tout de même parfois avaler quelque chose pour éviter tout soupçon. Elle-même croquait maintenant dans un toast de saumon.

- Ceux-ci me déplaisent...murmura-t-elle à Katherine pour justifier sa grimace. Je n'ai jamais vraiment apprécié le poisson, et vous ?

Les discussions plus banales les unes que les autres meublèrent ce début de soirée. Vanessa et Vincento avaient tendance à rester auprès de Sarah et de sa chaperonne tandis qu'Ambre et Astorre demeuraient avec Katherine et Monsieur Nadasdy. Le Comte, lui, restait avec sir Barry et tâchait de garder un oeil sur les deux femmes prises pour cibles par son fils et ses larbins. Pour l'heure, les mondanités prévalaient encore, mais il sentait que son fils ne tarderait pas à les entraîner dans les méandres de son jeu...

Lorsque le verre de Vincento tinta et coupa court aux discussions, Jirômaru sentit son estomac se tordre. C'était le moment de bascule qu'avait choisi son fils. Le petit jeu commençait réellement.
Le visage fendu d'un sourire convenu, histoire de dissimuler sa vive colère, il le regarda faire son discours de remerciements et déballer ses idioties pour justifier sa présence sous son toit. Quand il eut terminé, le Comte but comme les autres pour lui faire "honneur" et soupira doucement face à son regard. Oui, il avait compris.

- Allons, cousin, c'est tout naturel ! Maintenant, si vous voulez bien me suivre, nous allons continuer cette soirée à l'étage.

Il mena les convives dans les escaliers et les conduisit au premier dans la salle de musique. Les instruments les plus imposants avaient été poussés sur les côtés, afin de dégager une large zone, et le buffet continuait non loin d'eux. Sur une table, des petits foulards colorés avaient été disposés et l'on pouvait aisément deviner à quel jeu ils allaient s'adonner : un colin-maillard.
Les verres furent à nouveau remplis et les plateau tournèrent un peu avant de regagner leur place. Une fois correctement restaurés, les convives furent invités à poser leurs verres et à écouter les règles.

- Vous souvenez-vous des règles ? L'un d'entre-nous va se bander les yeux avec un foulard et va essayer d'attraper un maximum de joueurs. Celui ou celle qui aura été  attrapé(e) devra se laisser faire pour être identifié(e). Evidemment, nous attendons de la bienséance...Une fois le joueur identifié, ce dernier va se rasseoir pendant que l'aveugle de la partie devra continuer ses recherches. Si l'identification n'est pas bonne, le jeu s'arrêtera et l'on changera de chasseur.

- Oh ! Je croyais que nous aurions tous les yeux bandés ! fit l'Architecte en frôlant les lambeaux de tissus du bout des doigts. Pourquoi avoir autant de foulards différents dans ce cas ?

- Ce sera notre deuxième jeu, sir Barry, intervint Ambre. Elle avait été mise au courant par son maître de ces deux premières "épreuves". Pour cela, nous irons dans le parc. Considérez cette première étape comme un entraînement.

Le lord sourit, visiblement heureux de pouvoir participer à ce genre de jeu ce soir. Il avait ce petit esprit de compétition qui le motivait à chaque fois qu'un défi lui était proposé.

- Très bien ! Qui commence alors ? Demanda-t-il, intrigué.

Le Comte saisit le foulard rouge et le tendit à Michael.

- Que pensez-vous de commencer, Monsieur Nadasdy ?

Jirômaru eut le regard insistant. Non loin, Vincento étouffa un genre de petit gloussement. En vérité, il venait de retenir une exclamation moins agréable : il avait été convenu que ce serait Sarah qui commencerait la danse, pas ce Hongrois sans intérêt ! Ainsi donc son père comptait-il lui gâcher son plaisir jusqu'au bout ? Très bien, cela se pairait aussi...

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Katherine Thornes
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Au Coeur du

Labyrinthe


Jirômaru Keisuke, Vincento de Santis
Katherine Thornes, Sarah Spencer


Dans ses belles dentelles d’un bleu aussi profond que la nuit, Katherine avait fait son apparition dans le salon. Elle était fort bien accompagnée au bras de Michael, son ami, amant et majordome. Si la perspective d’être tous les deux invités ne les avaient pas réjouis, il leur était tout de même présent de se présenter comme à la Cour du Saint Empire. D’un petit sourire entendu, le jeune couple de lycanthropes s’était avancé dans la pièce, fort bien accueillis par les personnes déjà présentes. La silhouette du grand vampire se détacha, projeta une ombre imposante sur les murs. Leurs regards se croisèrent. Il était évident que Jirômaru se faisait une joie de la retrouver et c’était un plaisir partagé ! Toute guillerette, Katherine s’avança vers son hôte et salua les autres invités. Ambre et Sir Barry étaient de la partie, ce qui était assez étonnant mais pas vraiment pour lui déplaire. Il était vrai que la demoiselle s’était plutôt attendue à une invitation plus… intime… Mais soit, il s’agissait-là de deux personnes qu’elle appréciait. Un sourire enjôleur étira ses lèvres et gratifia le Lord Keisuke lorsqu’il arriva à sa hauteur. Il lui baisa la main, complimenta sa tenue, ce qui lui allait droit au cœur. Il s’adressa même à Michael qui pourtant pâtissait d’une drôle de position à ses côtés et le point d’honneur qu’il mit à lui souhaiter la bienvenue tout en se montrant solennel lui plut. Elle l’en remerciait silencieusement.

Michael, quant à lui, s’était incliné et avait serré la main du Comte. Il retint une grimace de dégoût et d’agacement et se contenta de hocher la tête doucement, acceptant ainsi ses salutations. A peine venaient-ils d’arriver que Katherine s’éparpillât déjà. Elle complimentait l’Architecte avec une douceur révoltante, elle rit un peu à sa boutade et répliqua toute boute-en-train « qu’il n’était encore qu’à l’orée de sa jeunesse » avant de lui adresser un sourire des plus complices. Ambre fut une véritable explosion de saveurs à ses côtés. Pendue à son bras, elle complimenta à son tour sa tenue et Katherine ne put retenir un petit gloussement :

- Le plaisir est pour moi, ma chère amie. Oh vous avez remarqué, voilà qui me ravit. Eh bien, nous dirons que nous sommes assorties pour ce soir. Sa main s’était posée doucement sur la sienne pour la caresser avec amitié.

Michaël s’inclina très respectueusement devant la demoiselle et lui adressa un sourire poli. Il était vrai que l’actrice était très jolie et il ne restait pas tout à fait insensible à son regard charmeur mais droit qu’il était, il ne se permit aucune sorte de familiarité mal placée. Il se contenta de lui offrir un baiser chaste sur le dos de sa main, ses lèvres ne faisant qu’effleurer la surface.

- Il n’y a pas de mal, Miss. Les circonstances sont différentes. Mais si je peux me permettre, vous êtes toujours aussi rayonnante, je suis ravi de partager cette soirée avec vous.

Le début de soirée fut ainsi bien doux. Le jeune couple fut invité à s’assoir, Katherine accueillit avec joie une coupe de champagne dont les fines bulles effervescentes remontaient gracieusement à la surface. Elle conversa avec Ambre et Charles tout en n’oubliant pas de temps en temps de s’adresser à Jirômaru ou bien Michael même si ce dernier semblait désirer rester en retrait. Silencieux, il observait sa maîtresse prendre plaisir à une telle invitation et cela lui arracha un petit sourire de contentement. Il était devenu rare que la jeune femme apprécie autant une soirée sans être inquiétée par les regards et les rumeurs qui circulaient à son sujet. Elle était en excellente compagnie, quoi que, trop peu mortelle au goût du Hongrois. Ces gens-là, en tout cas, semblaient tout particulièrement apprécier la présence de l’actrice et leur gentillesse apaisait son cœur. Après ce qu’elle avait tenté de faire…

Délibérément, Charles n’en démordait pas. Il désirait être au fait de quelques secrets concernant la pièce et les deux demoiselles s’évertuaient à repousser ses assauts avec toute l’habileté dont elles disposaient.

- Parlez-nous plutôt de ce que vous aimeriez voir, de ce qui vous anime au théâtre… lui dit-elle en un souffle après avoir bu une gorgée du délicieux pétillant.

Michael se tendit un peu aux mots du vampire. Il appréciait peu qu’il feigne ainsi la sympathie et tente un rapprochement mais il se devait d’être aimable. Si ce n’était par politesse, au moins pour Katherine. Les jambes croisées, installé confortablement il tourna la tête vers le Comte et esquissa l’ombre d’un sourire. Son regard se posa ensuite sur Katherine installée à ses côtés et il lui répondit, le corps penché vers celui de son interlocuteur :

- La situation en est amusante et les préoccupations sont légères. Il est plaisant de la voir apprécier autant leur compagnie. Peut-être devriez-vous songer à l’enrôler pour votre pièce, notre homme est si passionné par la chose qu’il semblerait qu’il vendrait son âme pour obtenir ne serait-ce qu’un infime indice. Il rit légèrement afin de se détendre et récupéra d’une main le verre que Katherine lui tendait afin qu’elle puisse lisser le tissu de sa robe. Lorsqu’il fut de nouveau libre il planta son regard dans le sien : Que nous vaut l’honneur d’une telle invitation ? Existe-t-il une raison particulière ? Mademoiselle se faisait une joie de vous revoir, sachez-le.

Katherine se pencha dans le même temps, une main posée sur le bras de Michael et elle lui souffla toute guillerette :

- Chh… Ne lui dévoilez donc pas tous mes secrets mon ami.

Puis sans plus de cérémonie, elle se concentra à nouveau sur la discussion avec Ambre et Lord Barry. Michael avait souri face à cette intervention bonne enfant et tendit son verre au Comte.

- A cette soirée radieuse qui nous attend !

Les discussions qui allaient de bon train s’évanouirent à l’annonce des autres invités. Aussitôt, tout le monde se redressa et Katherine se figea. L’arrivée de Sarah n’était pas prévue, elle qui pensait passer une soirée agréable auprès de Jirômaru et de ses plus proches amis. Sa vue la laissa perplexe, pire encore, elle installa un malaise. Ses yeux se posèrent sur le vampire. Quel message désirait-il lui faire passer à travers sa venue ? Pourquoi avoir fait le choix d’inviter ces deux jeunes femmes en même temps alors que sa demande en mariage était finalement caduque et qu’ils avaient tous deux passé une excellente soirée l’autre jour ? Enfin, pourquoi fallait-il que cette femme, si elle n’était pas à la bouche de tous ceux qu’elle fréquentait, soit présente pour la tourmenter ? Concrètement, Katherine ne pouvait pas lui reprocher grand-chose. Sarah était là bien avant elle dans toute cette histoire mais n’entendre ne serait-ce que son nom la blessait. Alexender n’avait eu qu’elle à l’esprit pendant longtemps. Jirômaru l’avait évoqué lors de leur rendez-vous. Pourquoi fallait-il toujours que tout revienne vers elle ?

La gorge serrée en contemplant la jeune femme marcher, elle demanda implicitement des explications au Comte. Ce dernier ne sembla pas l’entendre puis expliqua sa présence par l’amitié qu’il éprouvait à l’égard de M. Spencer. Katherine s’en tordit les doigts. Si ce n’était que ça… Elle y croyait difficilement. Qui invitait donc en période de deuil la fille d’un ami auquel on venait de rompre les fiançailles ? Les quelques mots du vampire qui suivirent la rassurèrent un quelque peu. Tendue, elle effleura sa manche du vampire de ses doigts avant de saluer Sarah. Ses yeux passèrent de Miss Spencer à Lady Green et elle se félicita silencieusement de n’avoir jamais eu à traîner dans ses pattes une chaperonne. Au moins, avait-elle Michael qui lui servait de majordome, professeur, ami enfin peu importe… Ses yeux cherchèrent ceux de Sarah, en vain. Elles avaient des choses à se dire, au moins à propos des Hunters et de la mission. Elles auraient dû se parler au bal des Spencer et l’occasion avait été manquée. Sarah se souciait-elle aussi peu de leur entente ? Pincée, elle se concentra sur Michael, qui lui aussi, s’était tendu et attendait des salutations en bonne et due formes.

La chaperonne prit place, sur invitation du Lord puis les discussions reprirent de bon train. Katherine se concentra auprès d’Ambre, toujours aussi rayonnante. Elles se complimentèrent, rirent un peu ensemble à propos de quelques souvenirs partagés. Au moins, essayait-elle d’oublier ce terrible affront et cette présence écrasante. Pour celui qui connaissait la jeune femme il était évident qu’elle était troublée, voire contrariée. Lorsque ses yeux se posaient sur Sarah, ils se faisaient glaciales, elle la scrutait un instant avant de se concentrer sur autre chose, la coiffure de la jolie rousse, les boutons de la tenue de Michael, son verre désormais presque vide. L’entendre parler n’était pas un supplice, mais presque. Enfin la porte s’ouvrit à nouveau. Katherine se retourna et arqua un sourcil. Un homme tout à fait inconnu faisait une entrée théâtrale comme s’il était chez lui. La pression n’étant toujours pas redescendue depuis l’arrivée de Sarah, elle glissa un regard au Comte tout aussi tendu qu’elle. Etait-ce la présence de la demoiselle qui lui faisait cet effet ou bien cet étrange personnage qui agissait sans gêne ? Deux autres personnes firent leur apparition, deux jeunes gens tout aussi séduisants que le premier.

Ce cousin était on ne peut plus terrible. Il parlait beaucoup, saluait les invités comme un grand seigneur alors qu’il était lui-même un invité dans cette demeure. Sa joie, qui aurait pu être contagieuse, était dérangeante. Katherine aimait l’extravagance et l’amusement mais tout ceci se teintait d’une étrange amertume. Ses yeux tentèrent de sonder cet individu et ceux qui le suivaient. Elle le trouva alors bien envahissant.

Michael dans le dos de Katherine posa une main discrète sur sa taille. Cette dernière afficha à nouveau un sourire enjoué et accueillant puis inclina légèrement la tête afin de les saluer. La dénommée Vanessa, qui ne semblait pas tout à fait à l’aise à son arrivée, fut prise d’une joie incontrôlée lorsque le cousin de Jirômaru évoqua les talents de pianiste de l’héritière Spencer. Son sourire se fit alors plus franc, elle préférait la spontanéité et l’innocence de cette demoiselle à l’attitude exacerbé de cet étranger. Elle tiqua cependant un quelque peu, cet homme n’avait pas grand-chose d’asiatique, Jirômaru avait-il de la famille en Europe ? Le nouveau-venu ne se priva pas pour faire quelques compliments un quelque peu déplacés, à quel moment le deuil pouvait-il être bien porté ? A ce sujet, Katherine devait bien avouer être étonnée de la tenue de la jeune Sarah. Sa robe noire était outrageusement découverte au niveau de la poitrine et de ses bras. Faute de goût ou tentative de plaire, Katherine n’aurait su dire ce qui l’avait poussé à revêtir une pareille tenue qui jurait ardemment avec la personnalité de la demoiselle. N’était-elle pas cette femme prude et bienséante que tous s’arrachaient ? Lady Green n’avait-elle rien dit quant à son accoutrement ? C’était étonnant et audacieux.

Katherine accueillit avec un sourire les salutations du noble. Elle fit une élégante révérence, à la hauteur de son jeu d’acteur et planta son regard de saphir dans ses yeux enjoués.

- Enchantée, Monsieur de Santis. J’espère que vous apprécierez votre séjour à Londres, pour ma part je suis conquise ! Elle fit une petite pause, le temps de lui sourire agréablement puis répondit avec tout autant d’engouement. J’ignorais que vous y étiez, en effet, mais comme vous le dites cette erreur est du passé.

Elle rougit un peu lorsqu’il s’adressa au Comte à leur sujet et eut un petit à peine étouffé. Finalement ce fut Vanessa qui bondit vers elle telle une enfant. La jeune femme posa ses yeux sur son joli visage et lui répondit avec douceur :

- Vous avez l’âme d’une artiste, Mademoiselle. La musique, puis le théâtre, nous sommes faites pour nous entendre. Elle regarda Astorre qui la détachait déjà de la jeune femme et continua. Oh, voilà qui me touche. En effet je suis actrice.

Souriant à Astorre, elle inclina doucement la tête et répondit avec légèreté :

- Allons ce n’est rien, ne brimons pas les passions, elles se font si discrètes de nos jours qu’elles en perdent leur saveur. Son engouement est plaisant et votre fille ravissante.

Comme si Vincento se rappelait soudainement son cruel manque de politesse, il laissa Jirômaru présenter ses invités. Michael se détacha un peu de la Comtesse et esquissa un salut assez froid. Lui qui n’aimait que très peu les attitudes pompeuses des autres hommes avait vu d’un très mauvais œil le comportement de Vincento à l’égard de Katherine. En revanche, Astorre, plus sobre, ne le dérangeait pas outre mesure. Katherine se retourna vers Sir Barry lorsque Jirômaru l’annonça et fit mine d’applaudir à ses compliments. Il était particulièrement rafraichissant de voir cet homme au centre de toute l’attention. Et puis finalement, les discussions reprirent gaiment. Astorre proposa le plateau de petits fours à la demoiselle qui accepta avec plaisir et attrapa entre ses doigts un soufflé au fromage. Elle tendit une nouvelle coupe, du vin cette fois-ci, à son compagnon et se servit à son tour. Elle croqua dans la bouchée, ravie. Ambre, à ses côtés, s’essayait avec un petit toast au saumon qu’elle accueillit avec une drôle de grimace. Enjouée, Katherine posa une main sur son bras et répondit :

- Prenez plutôt ceux au fromage. Ils sont légers et savoureux ! Elle s’approcha alors outrageusement et recueillit entre ses lèvres le toast de la jeune femme. Avec un sourire elle croqua et s’exclama : je crois que j’ai toujours aimé ça !

Michael accepta le plateau sobrement et récupéra un toast aux œufs de poisson qu’il porta à ses lèvres.

- Délicieux, commenta-t-il avec élégance. Son regard de jade se porta sur son interlocuteur, ce dernier se faisait un peu entreprenant et intrusif. Mademoiselle Thornes et moi-même sommes des amis de longue date. Je me permets de l’accompagner en société. J’y étais mais nous n’avons pas eu l’honneur de nous rencontrer. Et vous, qu’êtes-vous venu chercher à Londres ?

Lorsque le verre de Vincento tinta, tous les regards se tournèrent vers lui. Katherine qui allait lever la main pour qu’on la resserve se retint et écouta le petit discours. « cher cousin », « très généreusement », « le temps qu’il nous plaira », « très humblement », « charmante soirée », voilà qui était fort pompeux pour un discours. La courbette, encore une fois exagérée, fit arquer un des sourcils de la Comtesse. Allons, pourquoi autant de cérémonie pour une simple soirée ? Il en était presque indécent que les autres hôtes ne fassent pas de même. Levant cette fois-ci discrètement sa main, quelqu’un vint remplir son verre à moitié, comme elle l’exigea. Elle leva alors son verre et en but une gorgée puis étonnamment, Jirômaru prit la parole pour les inviter à le suivre. Tout le petit monde s’empressa alors de se ranger de manière raisonnable et grimpa avec élégance les marches de la demeure. Katherine se retrouva alors derrière Sarah. Elle esquissa un geste pour la toucher, lui signifier sa présence et son envie de discuter avec elle mais se retint au dernier moment. Peut-être n’avait-elle pas envie de sympathiser avec la comtesse ? Jouait-elle un rôle devant tous ces gens et viendrait-elle lui parler finalement une fois au QG ? Michael se glissa à sa hauteur et prit son bras pour l’aider à monter. A son oreille il souffla :

- Le vin ici est excellent.

Katherine l’accueillit avec un sourire et commenta l’élégance de la demeure :

- Tout autant que l’architecte qui a imaginé cette demeure.

D’un regard entendu, ils arrivèrent finalement dans une jolie salle. De lourds instruments de musique avaient été poussés sur les côtés et Katherine en ressentit une petite pointe au cœur. Elle aimait jouer ! Et elle se rappelait aisément les talents du Comte au piano. Sur une table, de nombreuses étoffes étaient étendues ne laissant planer aucun doute sur la suite des évènements. Elle s’approcha alors de lui alors que chacun retournait à ses discussions et lui souffla :

- C’est donc ici que vous avez appris à être un merveilleux pianiste mon cher ! Avec une aussi jolie salle, je ne peux qu’imaginer le temps fou qu’un passionné y passerait. Elle lui sourit et fit tinter son verre délicatement contre le sien. Vous nous servez comme des rois, vous feriez de nombreux jaloux à la Cour de Hongrie. Je me demandais… Elle lui sourit alors avec un peu plus d’espièglerie : Votre demeure regorge de très belles pièces. Auriez-vous également un lieu dédié au théâtre ? Avez-vous déjà été acteur avant metteur en scène ?

Ses yeux s’étaient rivés dans les siens. Le vin la rendait plus joueuse et toute la froideur dont elle avait fait preuve avec l’arrivée de Sarah s’était volatilisée !

- Et ces foulards.. ! Voilà une excellente idée !

Michael vint alors quelques instants plus tard à leur rencontre avec un petit plateau de mignardises et en proposa au Comte puis à la comédienne.

- Si vous me permettez, je vous l’emprunte quelques instants…


Katherine afficha un sourire désolé à leur hôte puis prit le bras de Michael :

- Allons Michael… Avez-vous besoin de moi pour vous lier d’amitié .. ?

Michael rit doucement puis s’éloigna avec elle, le plateau toujours à la main. Il se pencha vers elle tout en se dirigeant vers la chaperonne de Sarah.

- Nos amis communs ne sont pas présents, ma chère. Nous sommes seuls mais le vin a peut-être dissipé le brouillard dans notre esprit, je souhaite me faire de nouveaux amis.


Katherine mit un instant à comprendre ce charabia. Avait-il trop bu comme il le sous-entendait ?

- Michael, est-ce Lady Green que vous souhaitez…

Le regard appuyé du Lycanthrope la força à se taire.

- Je crains que nous n’ayons laissé que trop longtemps Narco sans surveillance, il pourrait s’ennuyer de notre absence. J’espère que mon ami à quatre pattes ne déchirera pas votre beau tapis…

Katherine papillonna un instant des yeux et souffla :

- Nous sommes seuls ? Elle sembla soudainement réaliser puis se mit à rire comme s’il s’agissait d’une conversation tout à fait anodine. Allons mon ami, ne vous en faites pas, la prochaine fois nous le confierons à quelqu’un. Et pour ce soir, venez, je vais vous présenter Sarah.

Sa main se crispa sur son bras et son regard se fit inquiet. Intérieurement elle appela. Syrya ? Raïna ? Aucune des deux ne répondit. Elle ne s’en était pas rendue compte de la soirée, elle communiquait peu avec ses entités mais Michael vivait en harmonie avec elles. Ses silences apparents étaient souvent ponctués de dialogues silencieux avec ses amis comme il les appelait. Elle avait été cruche de ne pas le comprendre de suite. C’était pourtant ainsi qu’il les surnommait souvent, ses « amis ». Nul doute que le Hongrois devait se sentir décontenancé et incroyablement seul, lui qui avait toujours été accompagné. Le regard qu’il lui lança était lourd de sous-entendus. Quelque chose clochait dans cette soirée. Les entités ne disparaissaient pas comme ça, quelque chose les empêchait de communiquer. Finalement le jeune couple arriva devant Sarah et Miss Green. La jeune femme salua chaleureusement son alliée et s’exclama :

- Miss Spencer ! Nous n’avons pas encore eu le loisir de nous parler. Je suis ravie de partager cette soirée en votre compagnie et j’espère que vous apprécierez tout autant la nôtre. Je vous présente Michael Nadasdy, un ami de longue date, vous l’avez sûrement déjà vu à mes côtés. Ce dernier s’inclina respectueusement et sourit en proposant le plateau à Sarah puis Miss Green.

- Excusez-moi Mesdames…

Sur ces mots, il les laissa seule et Katherine continua, son sourire s’évanouissant doucement :

- J’ai appris pour le décès que vous affrontez ma chère. Je vous présente toutes mes condoléances… Elle fit une petite pause, de circonstance puis continua : Je regrette que nous nous soyons ratées à votre bal, seulement, je pensais que nous aurions trouvé le temps de converser. Je souhaitais également m’excuser pour la gêne occasionnée ce soir-là. Il n’était pas dans mes intentions de partir avec aussi peu de manières. Mais je vous importune sûrement, vous n’avez peut-être pas le cœur à discuter de tout cela ce soir…

Elle porta son verre à ses lèvres et but une gorgée. Le liquide âpre s’accrocha à sa gorge. Il lui était décidément bien difficile de converser avec elle. A chaque fois qu’elle posait ses yeux sur la Huntress, le cœur de Katherine s’emballait. Elle repensait à Alexender, à ce qu’elle ressentait pour lui et à ce qu’il ressentait pour… « elle ».

Après un certain temps, Jirômaru prit à nouveau la parole. Il expliqua alors les règles du colin-maillard et Katherine toute enjouée sautillait presque sur place. A côté d’Ambre, elle murmura à son oreille qu’elle adorait les jeux et surtout les surprises. Charles semblait tout aussi ravi qu’elle à l’idée de ce petit jeu. A l’annonce de son nom, Michael se raidit. Ses membres se crispèrent, tout autant que sa mâchoire tandis qu’il croisait le regard du vampire. Cela l’amusait bien de l’indisposer à ce point ! Son malaise était palpable et il fut à deux doigts de refuser mais Katherine était en-chan-tée à cette idée et elle le poussa un peu vers l’avant. N’ayant pas à cœur de lui faire de la peine, il attrapa le foulard rouge et grinça des dents.

- Bien, comme cela vous plaira.

Visiblement tendu, il leva ses mains à la hauteur de ses yeux et noua le bandeau. Sa vision se couvrit d’une teinte vermillon avant l’obscurité totale ou presque. Il percevait encore un peu les lumières et presque des ombres. Ses doigts appuyèrent sur ses yeux et arrangèrent la mise en place. Katherine vint l’aider chaleureusement puis tapota son torse :

- Si j’avais su un jour que vous seriez prêt à jouer à ce jeu…

Son ton s’était fait amusé voir taquin. Elle le fit alors tourner sur lui-même puis s’éloigna de quelques pas. Aveuglé, Michael grimaça. Il leva les mains, fit queques pas, se tourna, détailla le contour d’une table tandis que les joueurs s’écartaient de lui afin de ne pas être touchés. Un bruissement attira son attention puis ses doigts attrapèrent finalement la tenue d’un convive. Forcé de se laisser faire, le Hongrois put ainsi explorer les détails de sa mise. Sa main effleura le bas de son ventre, il rougit sous son foulard et remonta le long du buste du joueur. C’était un homme de toute évidence. Il put entendre Katherine glousser dans le fond qui devait certainement se payer de sa tête. Quelle honte ! Quelle humiliation ! l’une de ses mains toucha faiblement le visage. La mâchoire était anguleuse et puissante. Sa main sur son torse trouva la petite chainette accrochée à son veston et il recula presque horrifié :

- Monsieur Keisuke ?

La honte était terrible. Il venait de palper et caresser le torse de cet homme. Il ressentit également une soudaine jalousie. Sa musculature puissante n’était pas passée inaperçue et il aurait aimé être aussi bien pourvu que lui… Pris d’un coup de chaud, le Duc de Somogy glissa une main dans son col et l’écarta un peu afin de ne pas étouffer. Le petit jeu continua. Il attrapa au vol le bras fin d’une demoiselle. Aussitôt il se sentit mourir. Il priait pour que ça soit Katherine mais celle-ci était plus frêle, moins plantureuse et sa peau plus fraîche. Doucement ses doigts se posèrent sur sa taille.

- Excusez-moi… Je…

Sa main remonta le long de sa robe. Ses doigts cherchèrent ses cheveux, leur texture et il toucha malencontreusement son cou puis son visage. Son souffle s’accéléra. Il paniquait. Ses joues prirent une teinte rosée assez violemment et il souffla :

- Je… je ne sais pas. Je ne peux pas.

Sa main fit tomber le foulard autour de son cou et il croisa le regard de la belle Ambre et il se sentit soudainement encore plus honteux.

- Je suis confus… Pardonnez-moi…

Puis il fit quelques pas en arrière, s’embroncha sur l’une des chaises et se retourna vivement pour se retrouver devant Katherine. Elle l’aida à enlever le foulard et s’exclama :

- Si vous le voulez bien, je prends la relève !


Toute guillerette et une fois le bandeau mit en place elle partit à la chasse. Elle reconnut Miss Green du premier coup, puis Astorre qu’elle faillit confondre avec Vincento. Elle attrapa également Charles auquel elle toucha les mains, les bras puis le visage. C’est sa moustache qui sembla la convaincre en riant un peu. Elle l’imaginait déjà rougir comme un diable d’avoir été ainsi touché par l’actrice. Elle manqua de tomber à cause d’une table, faillit renverser au passage deux ou trois verres qu’elle retint au dernier moment avant d’attraper le bras musclé du Comte. Elle passa ses mains sur son torse et son sourire s’élargit :

- Je vous reconnaitrai entre mille, Jirômaru !

Son sous-entendu était clair pour celui qui voulait bien le comprendre. Le jeu continua, elle eut du mal à attraper Vincento et elle le reconnut parce qu’il ne restait plus que lui et Michael en homme. Ce dernier se tordait les doigts de nervosité dans la salle. Il détestait ce jeu. Il n’aimait pas que Katherine se mette ainsi en scène. Le comble arriva lorsqu’elle toucha Sarah. D’abord joyeuse, elle reconnut la robe noire qui n’était pas à son goût, le collier qu’elle portait à son goût mais elle bafouilla. De toutes les personnes, elle n’avait pas eu envie de l’attraper à elle. Elle l’appela alors Vanessa et la partie s’arrêta pour elle. Elle enleva son bandeau et le tendit à la Spencer. Son regard balaya les alentours et elle s’exclama ravie :

- Je vois que je n’ai pas perdu la main. A votre tour, Sarah !


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Au coeur du labyrinthe [Comte, Sarah, Katherine, Vincento] [01/07/42] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Sarah Spencer
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Pourquoi n’arrivait-elle pas à se débarrasser de la nervosité qui l’habitait? Assise le dos droit comme la justice dans le confortable fauteuil, le visage d’une amabilité tranquille n’arrivait pas à masquer complètement l’agitation qui habitait les grands yeux d’azur. Le verre à moitié vide entre ses doigts ganté, la belle faisait énormément d’effort pour ne pas accorder d’attention plus que nécessaire à l’hôte de la soirée. Mine penchée sur le discours entrainant de l’architecte, elle n’aurait pu répéter le moindre mot de ce que l’homme lui disait. Sa concentration était à néant. Même si elle tentait de l’ignorer, peu importe où Il se trouvait dans la pièce, elle pouvait sentir sa présence, comme si son corps réagissait de sa propre volonté malgré son désir. Ne pouvait-elle pas simplement l’effacer? C’était peine perdue. Cela était d’autant plus frustrant que ces retrouvailles organisées comportaient un élément indésirable. Elle n’arrivait pas à faire fit de la présence de l’actrice sulfureuse et encore moins des regards complices qu’elle échangeait avec le Comte. Non ce n’était pas de la jalousie, se dit la magicienne, c’était simplement de l’inquiétude de voir son ‘’ami’’ se faire embobiner par un succube venu l’assassiner. Ce n’était que ça et rien d’autre. Se mentit-elle. Comme elle avait promis à l’immortel de ne pas trahir son secret, elle ne pouvait décemment pas annoncer à la guilde qu’il convoitait la même cause que la leur! Ils l’auraient pris pour une folle à coup sûr. Non, elle devait œuvrer dans l’obscurité pour que le terrible plan échafaudé par Von Ravellow ne se concrétise pas. Encore des machinations dont elle se serait bien passée.

Nez dans les bulles de son breuvage, l’héritière de la famille Spencer regrettait un peu d’être venue. Bien sûr, elle avait ressenti un léger pincement devant l’air choqué qu’avait eu le Comte en la voyant. Avait-il ressenti comme elle cette vague de tristesse et de regret? Non, c’était sans doute la surprise de voir qu’elle avait accepté de venir qui l’avait laissé sans voix. Il avait dû s’attendre qu’elle le boude dans son domaine et jette son invitation au feu. Ce n’était certes pas l’envie qui lui avait manqué. Les doigts s’étaient portés au pendentif en croissant de lune qu’elle portait au cou, comme pour se rassurer de sa présence. Elle était venue, car il lui avait demandé de l’aide. Du moins, le pensait-elle vraiment. Faisant fi de l’attitude exécrablement polie du Lord, la demoiselle se permit les présentations. Après tout, Mrs Green était la raison pour laquelle sa présence en cette demeure ne ferait pas exploser les ragots. Toutefois, l’absence de sa mère sembla tirailler le Comte qui reprit aussitôt ses allures paternalistes malgré son ton mondain. Étonnée qu’il n’ait pas été mis au courant de ce départ, lui qui savait toujours tout, la chasseuse l’observa un instant avant de répondre.

-En France. La question de succession du domaine et du titre n’a pas encore été réglée par la Couronne.

Une ombre de mécontentement obscurcit le regard de la belle. Soumise à cette règle stupide de la primogéniture, son statut d’héritière avait été écarté d’un geste de la main sous le principe que son sexe dictait sa capacité à reprendre la succession du domaine. Comme on attendait d’elle qu’elle ne soit qu’une pouliche docile, agréable et bonne a enfanté, elle n’était que la résidente de la demeure en attendant que son remplaçant ne soit désigné. Le regard intrigué que lui lança le grand homme lorsqu’elle justifia l’absence de sa mère lui donna envie de rire. Et oui cher milord, c’était elle qui s’occupait de tout, en dépit de ce qu’il pouvait croire, elle savait se débrouiller. Aurait-il secrètement espéré qu’elle vienne quémander son aide comme il l’avait agréablement proposé devant sa mère lors des funérailles? Il pouvait toujours rêver si tel était le cas. Prenant à contrecœur une gorgée de son breuvage, elle continua simplement:

-Aussi ma mère a-t-elle décidé de voir si mon oncle pourrait intervenir en attendant qu’un successeur potentiel soit désigné.

Le titre lui importait peu, ce qui la chagrinait était le risque de pouvoir perdre sa maison à tout moment sous le bon vouloir d’un autre prétendant. Que ferait-elle alors? Reprenant un air aimable, elle avait dissimulé ses consternations sous un sourire mondain. Non, elle ne voulait pas qu’il s’inquiète faussement pour sa situation, il était trop tard pour s’encombrer.

-Mais ne vous en faites pas, nous pouvons compter sur notre ami Mister Fitzwilliams pour les détails du domaine. Il s’est montré très avenant dans toutes les questions de gestions.

Voilà qui devrait étouffer tout commentaire. Ce nouveau tour de passe-passe était pour l’instant le seul radeau auquel la Chasseuse pouvait s’accrocher. Comme si elle aurait pu accepter que quelqu’un d’autre mette son nez dans les livres de compte et investissement du domaine. C’était à peine si leur homme de loi acceptait de discuter des tenants et états avec elle. La tentation aurait été trop facile de détourner des fonds. Cela s’était déjà vu et même Dunberry avait semblé soulagé de voir Gabriel se présenter à son bureau. Une dame ne pouvait décemment pas se permettre de venir le questionner sur la gestion des finances. Un homme toutefois...

La question de sa situation passée, la jeune femme et son chaperon avaient passé un moment agréable en compagnie de Lord Barry. Son amour pour les moulures et dispositions de balcon entrainait Mrs Green à chercher à apprendre quelques potins de plus sur ces rénovations tenues secrètes, permettant à Sarah de souffler un peu. Cette inaction mondaine la dérangeait. Elle avait l’impression d’attendre la bête traquée qui ne se montrait pas. Son verre inutile dans ses mains, cette mascarade flagrante, les manières distinguées du vampire, les sourires charmants de la Hongroise, tout lui donnait envie de taper du pied. Au bout d’un moment, n’y tenant plus, elle s’approcha du Comte, plissant le nez alors que l’odeur de rose blanche éclatait dans l’espace restreint qu’elle avait franchi entre leurs deux personnes. La question pourtant anodine qu’elle adressa à l’immortel fit tiquer ce dernier derrière son sourire charmant. Elle croyait que sa question était tout à fait d’à-propos devant l’absence de celui qui s’était permis de l’inviter. Curieusement l’idée que le comte puisse être jaloux de l’attention qu’elle adressait à son cousin lui fit un baume passager sur son cœur meurtri. Trouvait-il donc amer le gout de sa propre médecine? Le lord s’excusa plutôt du retard de l’italien, se confondant à sa place. Étonnée par cette gentillesse qu’elle ne lui connaissait pas, Sarah hocha doucement la tête, dégouté par le titre de ''chers amis’’ qu’il venait de lui coller dessus.

Oui, cher ami en effet.

À peine l’absent mentionné que voilà qu’il faisait son apparition. La synchronisation digne du plus bel acte de théâtre laissa place à une nouvelle scène. Se levant d’un seul mouvement surpris, les invités observèrent l’entrée remarquée du cousin. N’étant pas en reste, Sarah et Mrs Green avaient imité le geste, se levant en un bruissement de soie pour accueillir comme il se doit les retardataires. La chasseuse fut d’abord surprise de constater qu’ils étaient plusieurs. Le lord était accompagné de son fidèle ami de voyage dont il avait fait les présentations lors de leur première rencontre et d’une jeune inconnue que l’aristocrate ne parvenait pas à identifier. D’apparence timide, la demoiselle tenait la main de l’italien. Était-ce sa compagne dissimulée aux yeux de tous? Un calice agréable? Ou une vampire comme les deux hommes qu’elle accompagnait? L’héritière tut ses questions sous un sourire convivial. Il fallait s’armer de patience, ce qui n’était pas le plus facile avec son tempérament de feu. À l’aide de grand geste éloquent, l’italien prit possession de l’espace, présentant ses compagnons comme s’il s’était agi de personnages dignes de ce nom. Ses manières grandiloquentes firent tiquer l’aristocrate anglaise qui jeta un coup d’œil vers Mrs Green, s’attendant à voir un air réprobateur sur son visage. Contrairement à ce qu’elle pensait, la vieille dame semblait plutôt s’amuser de l’entrainante situation. Le charme du voyageur faisait donc son effet? Étant la plus proche de l’entrée, c’est vers elle que le petit trio se dirigea en premier. L’observant avec une attention minutieuse, la demoiselle nota que la ressemblance entre le Comte et son « cousin » était frappante pour qui avait passé beaucoup de temps à observer le visage du Prince. Ils avaient la même mâchoire carrée, les mêmes pommettes saillantes, le même timbre de voix si ce n’était que l’accent enjoué de l’italien réchauffait le sien. Seuls les yeux venaient trahir la différence. Si ceux du Comte étaient en forme d’amande et teinter de brouillard, tandis que ceux du jeune homme avaient une apparence européenne, les iris vibrante de couleur. Sarah se demanda un instant si le noir de jais de la chevelure de De Santis était la même pour le Comte avant que ceux-ci ne prennent une teinte de neige? Effectuant une élégante révérence, la chasseuse esquissa un sourire poli devant les louanges de pianiste qu’on lui attribuait.

-Oh vous savez je ne joue plus autant qu’avant.

Faute de temps et d’envie. La demoiselle prit un instant pour présenter Lady Green au petit trio, laissant le bel italien prendre sa main pour la baiser avec chaleur. Le commentaire sur sa toilette lui laissa une drôle d’impression, se contentant d’étirer les lèvres en un sourire faussement comblé. Porter bien le deuil. Une manière détournée de lui dire que la mort lui allait bien? Remarque sans doute fugace pour un vampire comme lui. Au moins pouvait-elle apprécier le fait que sa robe semblait plaire au lord, les efforts de déguisement n’auraient pas été vint. L’attention fut ensuite portée vers Miss Thornes et son compagnon, donnant loisir et Sarah d’observer de plus près le petit trio. Il y avait quelque chose de dérangeant dans leur façon de se mouvoir. De Santis avançait d’un pas enjoué et conquérant, habitant l’espace à la manière d’un prince présomptueux. Une attitude bien frivole qu’elle n’aurait jamais crue possible en présence du Prince. Après tout, c’était à lui que revenait la responsabilité de la société nocturne. Le regard se porta vers le Comte qui restait de marbre, son sourire charmant au visage, véritable statue grecque ne souffrant d’aucune imperfection. Finalement, Sieur Monciatti rappela à l’ordre son compagnon trop bavard qui faisait fit de l’étiquette anglaise. Le Comte se chargea alors de la suite des présentations, ajoutant Nadasdy et Lord Barry à l’équation. Une drôle de soirée qui se dessinait. L’héritière de la famille Spencer s’obligea à garder un sourire aimable et avenant tandis que l’italien prenait place près d’elle. À la mention de sa robe, elle rit doucement, lui lançant un regard malicieux.

- Qui sait, peut-être l’avenir nous le permettra-t-il?

Inutile de mentionner qu’elle avait déjà enfilé la robe ostentatoire pour la soirée du bal masqué de la Marquise. Posant brièvement une main rassurante sur la sienne, elle secoua doucement la tête.

-Oh non j’ai trouvé votre attention des plus flatteuses, je dois vous avouer c’est le présent le plus agréable que j’ai reçu pour mon anniversaire.

Voilà qui pourrait enorgueillir l’étranger. Mais alors que le visage se penchait pour lui souffler de nouveau quelques remerciements, le minois et la voix aiguë de la pétillante demoiselle Monciatti l’obligea à se taire, manquant de blêmir sur les paroles enjouées de la jeune femme. Quelle impolitesse que de lui rappeler avec tant d’enthousiasme les épreuves qu’elle avait traversé ! Était-ce sa jeune naïveté qui la faisait babiller ainsi? Une manière détournée de lui rappeler qu’elle avait toutes les mauvaises raisons du monde de se retrouver le centre de l’attention? Loin de se laisser atteindre, la jeune femme sourie doucement, faussement complaisante face à tant de dévotion.

-Oh et ce n’est là qu’un bref résumé… il s’est passé tant de choses…

Au moins avait-elle eu la délicatesse de ne pas aborder ses fiançailles rompues. Sarah dut faire un effort pour se rappeler de ne pas porter sa coupe à ses lèvres même si l’envie d’annihiler un peu ses sens était forte. Elle sentait la morsure cuisante de ses escarpins écorchés la peau de ses pieds, l’estomac vide protester contre le liquide pétillant et la tension de cette soirée raidir ses muscles. Non, elle ne pouvait pas se permettre de faiblir. La nuit ne faisait que commencer. Retournant les questions vers les deux voyageurs, la belle prit un air franchement intéressé et curieux.

-Mais vous-mêmes avez été très courageux! Traverser ainsi l’océan en terre inconnue. N’avez-vous pas dû laisser famille et amis derrière vous pour entreprendre un tel voyage?

Voilà qui lui permettait de poser innocemment quelques questions. La demoiselle en profita pour chercher à en apprendre plus à travers le récit des deux inconnus. Le temps passa doucement et finalement, le sieur De Santis se leva pour attirer l’attention de l’assemblé. Ses remerciements chaleureux figèrent la demoiselle dans sa contemplation. Vraiment? Le Prince les avait invités à rester dans sa demeure? Le regard de la demoiselle silla, mais elle se contenta de lever sa coupe avec les autres, la vidant cette fois pour de bon. Si les sous-entendus de la soirée n’avaient pas été assez clairs, cette fois l’impression que quelque chose ne tournait pas rond se concrétisait.

Suivant le petit groupe dans le grand escalier, la Chasseuse donna le bras à Mrs Green pour monter les marches sachant que la vieille dame souffrait de ses articulations. Arrivée à la salle de musique, son visage se fendit d’un sourire sincère. Était-elle surprise de voir tant d’instruments entasser dans une pièce aussi vaste? Non. Elle connaissait l’amour de son ami pour la musique. Une passion commune qu’ils partageait volontiers, du moins, autrefois. Le regard se perdit un instant sur les tentures et l’épais tapis qui n’enlevait en rien à l’acoustique merveilleuse de la pièce. Laissant les petits groupes se former deux mêmes, Sarah écouta d’une oreille distraite les commentaires de Mrs Green sur a magnifique demeure. Le regard perçant détaillait le grand piano près duquel le Comte s’était approché, se demandant un instant si elle n’irait pas lui poser quelques questions. Toutefois la présence de l’actrice lui fit rapidement détourner les yeux, observant plutôt les partitions posées sur un lutrin. Elle avait d’ailleurs commencer a en feuilleté quelques-unes lorsqu’une voix dans son dos ouvrit les portes de l’enfer sous ses pieds. Le geste de la belle se figea avant de reposer avec une précaution extrême les fragiles papiers à leur emplacement. Les yeux se fermèrent un instant, le temps que la magicienne ne reprenne le contrôle de son visage, masquant la colère qui avait enflammé ses prunelles. Comment osait-elle se présenter à elle de manière aussi simple? Était-elle inconsciente ou d’une arrogance sans borne? Les mains serrées sur sa jupe, Sarah se retourna avec une lenteur calculée, un sourire de circonstance étirant ses lèvres, nullement atteinte par le salut chaleureux que lui envoyait la Hongroise. Impossible cette fois de l’ignorer sans créer un froid visible de tous. S’inclinant respectueusement, l’élégante demoiselle refusa le plateau tendu par le compagnon de la dame.

-Mrs Thornes, bonsoir,  vous êtes toujours aussi ravissante, de quoi ravir le cœur de tous les hommes.

Qu’ils soient pris ou non, mais qui s’encombrait des détails n’est-ce pas? À peine déjà arrivé que le sieur Nadasdy les quittait déjà, réduisant encore plus cette atroce proximité qui s’installait entre les deux femmes. Les condoléances sincères de l’actrice firent jaillir une armtume sévère dans la bouche de la magicienne qui avala de travers. Oh oui, c’est maintenant qu’elle se souvenait du deuil qui avait frappé sa demeure? N’était-elle pas trop occupée avec son amant pour s’en soucier à l’époque? Sarah baissa les yeux, ajustant ses gants d’un geste absent. La nonchalance du mouvement cachait pourtant la puissante magie qui se manifestait sous sa peau.

-Oh, vous parler du bal? Ce n’est rien voyons...

Il y avait tant de choses pour lesquelles elle aurait dû s’excuser à genoux plutôt qu’un simple départ précipité sans les formes et les convenances. Lord Barry s’approcha de Mrs Green pour lui demander si elle avait remarqué les magnifiques tentures qui composaient la pièce. Gardant son attention sur la Comtesse, Sarah poursuivit doucement.

-Après tout, vous êtes une femme bien occupée avec ces répétitions, un rôle excellent à n’en pas douter...

S’approchant de la demoiselle comme pour admirer sa tenue de plus près, l’héritière lui murmura doucement afin qu’elle seule puisse entendre la teneur de ses propos.

- Un ami commun m’a d’ailleurs révélé que vous passiez du temps en bonne compagnie.

Le regard lourd de sous-entendus s’accrocha aux prunelles bleues de la séduisante actrice, glaciale accusation, avant de s’éloigner un peu. Avait-elle compris de quoi elle parlait? Après tout, la Chasseuse pouvait désigner les deux hommes que la magnifique Hongroise avait menés jusqu’à son lit... Faisant tous les efforts du monde pour garder une mine enjouée, Sarah ouvrit son éventail, l’agitant devant elle alors qu’un rire sans joie la secouait.

-Ne soyez pas surprise, nul secret n’est éternel n’est-ce pas? Ou auriez-vous préféré que je reste dans l’ignorance?

Comme ils avaient dû s’amuser Von Ravellow et elle à se moquer de sa naïveté! Elle qui attendait le prince charmant pendant qu’il frôlait les dentelles d’une autre. La belle humiliation. Il n’y avait rien de plus que la Chasseuse pouvait ajouter sans risquer de brûler leur couverture à toute les deux, dans tous les sens du terme. Mieux valait en rester là avant de s’emporter pour vrai. Faisant mine de s’intéresser au buffet et à ses breuvages, la magicienne lança un air faussement enjoué à la belle actrice.

-Si vous voulez bien m’excuser, je crois bien que ce verre porte mon nom.

Un élégant salut envers l’Hongroise et la Chasseuse s’en fut, heureuse de retrouver le cristal entre ses mains, oubliant pendant un instant ses bonnes résolutions pour en boire le contenu. Que cette mascarade lui pesait. Voilà qu’elle était obligée de sourire et d’être mielleuse alors que la colère battait ses tempes et avait fait rougir la pointe de ses oreilles. Non, ils ne perdraient rien pour attendre c’est deux là. Au moins Miss Thornes aurait-elle l’explication claire du pourquoi elle refusait de s’en faire une amie. Comment aurait-elle pu faire confiance à quelqu’un qui se permettait de poser ce genre de geste en toute connaissance de cause.

La coupe déposée sur le buffet, l’annonce du jeu lui fit cette fois froncer les sourcils. Un Colin-Maillard? Vraiment? Sarah choisit d’aller se poster près de Vanessa, partageant un sourire complice avec elle.

-Juste ciel, un jeu? Je n’aurais jamais cru voir le comte se prêter à ce type d’activité, il doit vous porter un grand intérêt pour réaliser une telle chose!

Curieusement, la magicienne regretta l’époque ou elle était encore jeune fille. Le regard pétillant voyait déjà quelques endroits où se glisser et quelques meubles où grimper pour se placer hors d’atteinte. Rien de ce que la bienséance d’aujourd’hui n’aurait pu lui pardonner. Elle aurait même poussé l’audace d’enlever ses chaussures inconfortables pour se déplacer plus silencieusement. Le simple fait de monter l’escalier lui avait rappelé l’effet désagréable du frottement sur ses pieds et du serrement des rubans sur ses chevilles. Mais la facilité de l’amusement la déconcertait quelque peu. Une fois attrapé, il était aisé de deviner qui était qui. Lord Barry était le seul à porter une moustache, mister Michael avait les boutons parallèles de son costume, Monciatti était le seul avec les cheveux courts, une fois les autres détails éliminés. Chez les dames, le parfum de lady Green était assez puissant pour être reconnu, Vanessa était la seule à porter les cheveux  sans chignon, restait alors Ambre et Katherine. La première avait de soigneuse dentelle à ses manches tandis que la deuxième y avait plutôt des rubans.

Observant le compagnon de l’actrice être désigné, la magicienne songea qu’il lui faudrait aller à contre sens. Le but de ce soir était d’en apprendre plus sur le mystérieux cousin et l’expérience lui avait appris que les hommes n’aimaient pas les femmes intelligentes qu’ils trouvaient souvent trop compliquées. Sans compter qu’avec ses talents de chasseuse, elle aurait tôt fait de trahir rapidement son agilité si elle se donnait réellement. Non, elle allait devoir jouer plus finement. La magicienne enleva ses gants qu’elle posa sur le buffet, préférant sentir le tissu sous ses doigts pour une identification plus rapide. La partie lancée, elle se déplaça rapidement, suivant les autres dans leur mouvement pour éviter l’hongrois. Le pauvre attrapa Miss Griandstadt, cherchant par quelques touchés hasardeux a deviné son identité. L’héritière a eu pitié du pauvre homme dont le rouge aux joues commençait à rivaliser avec le foulard qu’il portait sur les yeux. Abandonnant rapidement la partie, Michael laissa volontiers sa place à Katherine. La magicienne profita de ce changement pour souffler un peu. La petite course avait abimé la teneur de son chignon et réveillé la douleur à ses pieds. Pour la prochaine partie, elle ne pourrait pas courir autant. Relevant le bas de sa robe pour éviter que la traine de soie sur l’épais tapis ne la trahisse, la demoiselle se déplaça silencieusement, évitant par des gestes simples le contact de la Hongroise qui s’amusait, à n’en pas douter. Katherine avait visiblement décidé de montrer ses talents puisqu’elle élimina rapidement plusieurs joueurs. Alors qu’elle s’approchait d’elle, Sarah recula d’un pas, percutant dans son dos le Comte à qui elle souffla une excuse silencieuse, mais déjà l’actrice se retrouvait près d’eux, cognant la table de son corps. Instinctivement la magicienne tendit une main pour éviter que la demoiselle ne tombe, mais celle-ci glissa plutôt dans les bras de leur hôte, s’exclama fortement pour l’identifier.

Le sourire d’amusement de la chasseuse se ternit alors qu’un regard évident était coulé au Comte près d’elle. Elle l’appelait déjà par son prénom? Le vampire éliminé, le jeu continua encore, jusqu’à ce que le manque d’entrain de Sarah lui soit fatale. La main sur son bras la força à s’immobiliser, laissant Katherine révélée son identité. Alors qu’elle attendait patiemment que son nom soit nommé, celui qui franchit les lèvres pulpeuses de la femme la laissant surprise. Elle était certaine que l’Hongroise l’avait reconnu alors pourquoi prononcer un autre nom?

-Bien joué Mrs Thornes

Fit Sarah en prenant le ruban en main. Il était hors de question qu’elle lui rende sa familiarité déplacée de l’appeler par son prénom. Elles n’étaient pas amies et elles ne le seraient jamais. La jeune femme prit le bandeau rouge entre ses doigts délicats avant de le nouer autour de sa tête. Aveugle, elle ne put constater le contraste frappant de la couleur pourpre sur sa peau blanche, rehaussée de sa robe sombre. Pendant un instant, la jeune femme crut revivre l’épisode de Hillsgate. Les yeux pointés sur elle alors qu’elle était plongée dans l’obscurité profonde... Après un léger soupir pour se donner du courage, la chasseuse tourna sur elle-même avec la grâce d’une ballerine, sa robe se déployant en auréole sombre autour de sa silhouette. Elle devait avoir l’air ridicule. Arrêtant son geste, la magicienne prit un instant avant de bouger, semblant rétablir son équilibre en riant. Elle entendait les gloussements, les talons claquer sur l’épais tapis, le bruissement des robes soyeuses...

L’héritière erra un instant, les bras tendus devant elle, se sentant légèrement vulnérable d’avancer ainsi. Un petit bruit sur sa droite lui fit tendre le bras, mais au lieu de toucher une robe de soie ce fut plutôt le veston militaire qui se dévoila sous sa main. Était-il possible que Michael se soit porté à la rescousse de sa compagne lui évitant d’être découverte? L’identifiant rapidement, Sarah prit tout de même le temps de tapoter un peu son costume et ses épaules pour la forme avant de prononcer son nom. Cela faisait un joueur de moins. Continuant d’avancer, son pied buta finalement sur le banc du piano, arrêtant ses mouvements tandis que la main se posait sur le meuble. Le premier élément placé, le reste de la pièce se dessina dans son esprit. Le buffet se trouvait donc sur sa droite, les fenêtres devant elle. Lady Green se tenait près des chaises depuis le début du jeu, elle devait encore y être.

Alors qu’elle s’avançait doucement, contrôlant sa démarche pour avoir l’air plus malhabile qu’elle ne l’était vraiment, son corps heurta brusquement celui d’un autre. Soit elle avait été chanceuse de tomber sur un personnage si rapidement, soit ce dernier s’était mis délibérément sur sa trajectoire. Le petit nez se plissa, les mains glissant sur les épaules larges de l’homme devant elle. Il était plus grand qu’elle, ce qui n’était pas un indice en soit. Les doigts nus glissèrent sur la peau de marbre, traçant les contours d’une mâchoire volontaire. La douceur des cheveux qui frôlait ses doigts lui révélait que celui qui se trouvait devant elle les portait long. Ne restait alors que deux possibilités.

-Hum… qui êtes-vous donc ?

Se redressant un peu sur la pointe de ses pieds, les doigts remontèrent sur le front de l’inconnu. Leur similitude était vraiment frappante, on ne pouvait l’ignorer. Mais il y avait des détails qui ne trompaient pas. La peau du front était moins ridée, le menton plus relevé. De plus, à cette proximité ce ne fut pas l’odeur des fleurs qui vint éveiller ses sens. C’était un arôme plus mystérieux, plus soutenu avec des touches épicée et ambrée. L’inconnu identifié, Sarah choisit plutôt de se tromper délibérément. Annonçant fièrement le nom de Monciatti, la belle sembla surprise lorsqu’on lui annonça son erreur.  Le ruban enlevé, la tête se releva, surprise de constater que le bel italien se trouvait plus près de ce qu’elle avait imaginé. Masquant le rougissement de ses joues en un petit rire, la jeune femme baissa les yeux.

-Je ne suis visiblement pas très douée.

Fit-elle en guise d’excuse avant de tendre le foulard au voyageur devant elle. C’était maintenant son tour.

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