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Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte]

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Katherine Thornes
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MessageSujet: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeSam 10 Aoû - 16:46

[HRP/ Suite de "Autrement Dit"/HRP]

- Et mince…

La goutte noire s’étala sur sa manche. Désespérée, Katherine rejeta la tête en arrière et jura à plusieurs reprises. C’était son peignoir préféré et voilà qu’elle venait de le tâcher ! Agacée elle se leva, fit quelques pas dans la pièce, humidifia un linge et… étala un peu plus l’encre sur la soie. Alerté par tout ce remue-ménage, Michael entra dans la pièce et s’inquiéta de la situation :

-Rien, je n’ai rien, pesta-t-elle, mais ce serait bien qu’à l’avenir tu me fasses cadeau de nouvelles mains !

Souriant il s’avança et chuchota à son oreille :

- Les tiennes sont déjà parfaites… au fond c’est ce qu’il manquait à ce tissu, une tâche de plus.

Sans prévenir il l’attrapa et la serra contre lui. Elle se laissa faire en riant. Depuis son retour de sa soirée avec Alexender au QG, la comtesse était plus légère. Ses yeux pétillaient à nouveau et surtout ses lèvres offraient des sourires sincères. Une certaine animosité le dressait contre ce jeune impertinent mais au moins avait-il le mérite de la rendre heureuse. Dans une effusion de rires et de baisers, Katherine abandonna ce soir-là, la rédaction de son courrier.

Au petit matin il était fin prêt et Michael se chargea de le remettre en mains propres au domaine du Comte Keisuke. La lettre était assez succincte, si ce vampire l’appréciait telle qu’elle était, elle avait tout intérêt à ne pas passer par quatre chemins d’autant plus qu’elle gardait avec une certaine rancœur cette invitation qu’il ne lui avait jamais transmise. Avait-il oublié, était-il trop occupé ou bien était-il lassé de leur petit jeu ? Peu lui importait, la Hongroise n’était pas une femme que l’on faisait attendre. Il ne lui était pas concevable de passer après moultes préoccupations. Les hommes étaient décidément tous les mêmes…

Soucieuse de sa potentielle arrivée, la jeune femme mobilisa ses domestiques et repassa le domaine au peigne fin. Michael avait pour mission de ranger les armes et de vérifier que rien ne puisse trahir ses activités tandis que de son côté elle égaya les pièces à vivre. Ce manoir était un héritage de sa famille. Elle possédait d’autres demeures notamment en France mais sa préférée était en Hongrie. Rongée par la culpabilité et la solitude, la jeune femme n’avait jamais réellement eu à cœur de s’approprier les lieux. Rien n’avait bougé depuis deux siècles au moins et elle hésitait toujours à toucher ces objets qui lui appartenaient, chargés d’histoire et de souvenirs. Elle ne s’était jamais sentie chez elle mais pour une fois les choses devaient changer. Le Comte ne s’aurait s’amouracher d’une femme lascive et dépressive. Il fallait qu’elle redonne un peu de vie à ce lieu. A l’aide d’une de ses domestiques, elle était allée cueillir des fleurs qu’elle éparpilla dans toute la demeure.

Avec un sourire elle repensa à sa lettre. Pourvu qu’il aime être piqué…


******


« My Lord,

Il m’est douloureux de devoir vous rappeler l’invitation que vous sembliez, sans nul doute, avoir malencontreusement omise de m’adresser pour notre prochaine entrevue. Il m’aurait été particulièrement agréable de partager à nouveau quelques moments en votre charmante compagnie. Je ne puis cependant, m’attarder davantage sur ce regret et puisque je n’ai toujours pas reçu la promise, voici la mienne. Vous connaissez mon goût pour les choses exquises et, à défaut d’avoir pu savourer la vôtre, je vous convie à une soirée tout aussi délicieuse en mon humble demeure, ce soir. Vous accueillir dans mon manoir serait pour moi une grande joie, je n’y reçois que mes amis les plus chers, parmi lesquels, sans l’ombre d’un doute, vous tenez une place particulière.

Puissiez-vous accepter cette invitation et ainsi réparer ce léger oubli qui, j’en suis certaine, n’a été qu’un accident du destin.

Dans l’attente de votre venue, je vous adresse, Jirômaru, mes salutations les plus distinguées,

Katherine. »


******


Le soir-même, Katherine avait fait dresser la table pour l’arrivée du Comte. Elle était curieuse de le voir s’attabler à nouveau. Les vampires n’ingéraient pas de nourriture humaine sans tomber malade pourtant elle l’avait vu déguster les mets chez l’architecte. Pour l’occasion, elle avait demandé aux cuisines à ce que les meilleurs plats soient préparés afin de plaire à ses papilles. Elle avait également fait dresser sur sa terrasse, la petite table sur laquelle ils pourraient boire un verre tout en admirant la beauté sauvage du parc et l’élégance de sa fontaine. Vêtue d’une de ses robes hongroises outrageuses, au décolleté plongeant et aux épaules découvertes, elle patientait sagement en lisant « The Pickwick Papers » de Charles Dickens. Sa robe bleue nuit était brodée avec du fil d’or et fendue sur le côté, elle épousait ses formes et dévoilait ses jambes nues. C’était une robe qu’elle avait porté à la cour austro-hongroise et son amant en avait apprécié chaque couture à l’époque… ses cheveux étaient rehaussés en chignon à l’aide d’épingle en argent sertis de pierres précieuses. Elle feindrait délibérément l’innocence… Lorsqu’on sonna, ce fut Michael qui se chargea d’accueillir l’invité et de le mener dans le jardin.



L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Comte Keï
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeDim 11 Aoû - 1:09

[HRP/ Suite de Seuil./HRP]



L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

"Audacieuse petite femme
Ne crains-tu donc aucune flamme ?"


Près du Green park
Demeure de Katherine Thornes
26 juin 1842.


Le grand fiacre noir du comte de Scarborought s'arrêta devant la demeure de Mademoiselle Thornes. Le cocher descendit prestement de son perchoir pour ouvrir la porte frappée des initiales du lord et préparer sa descente. Légèrement en avance, ce dernier prit le temps de remettre ses gants noirs, lentement, et de se saisir de sa canne au pommeau fleuri avant de sortir du véhicule.
Aussitôt qu'il fut pied à terre, le cocher releva le marchepied et referma la porte derrière lui. Puis, sans s'attarder plus longtemps et sans se soucier des domestiques sur les lieux, il remonta sur son siège pour reprendre les rênes de ses chevaux. Il fit claquer son fouet et quitta la propriété aussi rapidement qu'il y était entré. Face aux regards interloqués des hommes chargés de l'accueil dans la cour, le Comte leur sourit, amusé, et les laissa sur place pour se présenter à la porte du domaine de son hôte.
Il sonna alors avec conviction et prit patience. Appuyé des deux mains sur sa canne, le dos bien droit, on eut dit un militaire qui s'apprête à observer une bataille depuis un promontoire.

Jirômaru était ravi d'être là. Dans la journée, il avait reçu l'invitation de la comtesse qui l'enjoignait de venir passer la soirée en sa belle compagnie. Ludwig avait porté la missive à son maître dans la plus grande des discrétions et avait attendu ses instructions. Le grand Vampire s'était levé, mécontent d'être sorti de ses songes, et avait saisi la lettre avec brutalité. Mais son visage s'était adouci au fil de la lecture et l'homme s'était même mit à rire doucement. Le Calice avait été heureux de constater que son maître avait apparemment reçu une bonne nouvelle.
Par la suite, Jirômaru avait rapidement rédigé une réponse pour accepter le dîner et faire savoir à la belle qu'il arriverait vers 21h30. Puis, il s'était recouché après avoir ordonné qu'on le réveillât avant le crépuscule et que l'on préparât sa sortie.
Cette invitation, aussi soudaine que cavalière, était tombée à point nommé. Ambre avait raison : il avait besoin d'une bonne compagnie. Katherine était délicieuse et leur petit tête à tête risquait d'être très intéressant...

Quand l'heure était venue, le Comte s'était levé de bien meilleure humeur que la veille. Occupé à s'apprêter avec l'aide de Ludwig, il avait reçu la visite d'un Vincento fortement contrarié. L'Italien n'appréciait guère que son père prenne ce genre de liberté. Ce dernier lui avait alors rappelé la teneur de leur accord. Vincento était fort conscient que ses plans sournois ne pourraient fonctionner qu'à la condition de donner l'illusion que Jirômaru était encore libre de sa personne. Pour cela, il fallait accepter qu'il entretienne ses relations sociales et politiques. Ceci dit, il tâchait toujours d'être avec lui, afin d'être présenté aux membres de son cercle et de gagner ainsi de l'importance à leurs yeux.
Mais, ce soir, son père lui avait rapidement spécifié que c'était une visite galante : cette invitation relevait de l'intime et il était donc hors de question que Vincento ne l'accompagne. Cela concernait une actrice de sa future pièce de théâtre et sa présence aurait été difficile à justifier si l'on se référait à la forme de la lettre.
Le Vampire avait d'abord vivement réagi et interdit à son père de se rendre à cette soirée. Cependant,  il avait accepté après mûre réflexion, ruminant de nouveaux plans pour l'humilier. Cet imbécile comptait se compromettre ? Grand bien lui fasse ! Sa pièce ternirait d'autant plus sa réputation qu'il aurait fréquenté de trop près cette pimbêche ridicule  ! Après tout, c'était une femme à scandales, autant le laisser se tirer une balle dans le pied ! Et qu'en penserait sa charmante fiancée ? Oui, ses déboires pourraient lui être utiles...

Lorsque la porte s'ouvrit, Jirômaru toisa de haut un homme aux cheveux d'un noir de jais. C'était le majordome de Katherine, un gaillard robuste, au regard perçant, qui possédait un charme certain et des manières exemplaires. Le Comte se souvenait parfaitement de lui. Au dîner de Sir Charles Barry, la belle Hongroise l'avait fait s'asseoir à leur table, comme s'il eut s'agi d'un noble de leur rang. Cela l'avait quelque peu révolté, même s'il n'en avait rien laissé paraître. Qui était-il pour obtenir de tels privilèges de la part de la comtesse ? Que représentait-il donc pour elle ? C'était étrange...
Après avoir échangé de rapide salutations avec ledit domestique, Jirômaru le suivi. L'homme lui fit traverser une partie de la demeure avant de l'inviter à pénétrer dans le jardin. Heureusement, l'heure tardive à laquelle il s'était présenté était suffisante pour que les derniers rayons du soleil aient disparu. Une vague lueur rosée flirtait encore avec l'horizon mais les Vampires ne craignaient déjà plus sa morsure fatale.
Avant de sortir dans le jardin, Jirômaru laissa dans les mains de Michael son haut de forme, sa canne épée et ses gants. Il vérifia que le col de sa chemise était correctement redressé et que le noeud blanc qu'il portait autour du cou avait conservé sa forme initiale. Puis, il tira un peu sur son veston d'ébène à brocards d'argent pour l'ajuster. Enfin, il alla retrouver Katherine installée sur la terrasse. Une table y avait été dressée pour leur dîner. La belle lisait. Agréablement surpris par la robe qu'elle portait, Jirômaru s'avança pour esquisser une courbette, la main sur le coeur.

- Une fleur parmi les fleurs, vous voici, ma Cléopâtre...

Ses cheveux ne neige glissèrent sur ses larges épaules et lui caressèrent les avant-bras tandis qu'il lui prenait doucement une main pour y poser délicatement ses lèvres. Son regard accrocha celui de la belle et son franc sourire lui révéla combien il était grisé par leurs retrouvailles.

- Vous êtes magnifique, miss Thornes...murmura-t-il.

Ce col échancré mettait parfaitement en valeur sa généreuse poitrine et cette fente qui ouvrait sa robe sur ses longues jambes était délicieusement provoquante. Jirômaru n'était pas dupe : elle ne l'avait pas invité pour discuter théâtre, encore moins pour dîner. Leur dernier échange avait été...adorable...et uniquement interrompu par la bienséance à respecter en public. Mais ici, ils étaient seuls. Ou presque.

- Je suis navré de ne pas avoir pu vous convier en ma demeure après notre dernière répétition. J'ai eu fort à faire...fit-il d'un air déçu.

C'était la vérité. Entre le bal des Spencer où il avait décidé de libérer Sarah de son emprise, l'arrivée de Vincento qui l'avait étranglé, le décès de Monsieur Spencer et le nouveau statut de Chastity, il n'avait pas pu songer aux frivolités.

- Vous savez que vous êtes surprenante, Miss Thornes ? fit-il en riant. Vous avez bien fait de m'écrire...

Le Vampire jeta alors un coup d'oeil au livre qu'elle lisait avant son arrivée. Il sourit de plus belle.

- Vous lisez Dickens ? C'est un homme fort appréciable. J'ai suivi ce roman lorsqu'il paraissait en feuilleton. Dickens se faisait alors appeler "Boz", vous vous souvenez ? Je dois avouer que son héros m'agaçait au début, ce Mr Pickwick, mais je m'y suis attaché...

Haussant les épaules, le Comte laissa de côté ce sujet de discussion qui aurait pu le passionner dans un autre contexte mais qui, pour l'heure, lui paraissait bien ennuyeux. Il s'installa en face de son hôte et accepta la boisson qui lui fut proposée. Il observa un peu la jeune femme, se délectant de ce chignon qui dégageait sa superbe nuque. Katherine était vraiment une magnifique jeune femme. Il n'était pas étonnant qu'elle fasse tourner la tête des hommes et soit au coeur de plus d'un scandale au coeur de Londres.

- Je crois que le destin nous a enfin réunis, s'amusa le Comte en levant son verre. Nul doute que cette soirée sera "délicieuse"...

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeLun 12 Aoû - 1:21

Dans l’obscurité naissante, en ce moment si particulier de rencontre du soleil sur l’horizon, le Comte se présenta à la demeure Thornes. Ce fut Michael, qui dans une tenue des plus sobres puis qu’élégantes, fut chargé de l’accueillir. Il ne laissa rien paraître de son animosité qui aurait été palpable dans un autre contexte. Bien au contraire, il se montra plus que professionnel et s’inclina légèrement lorsqu’il fut à sa hauteur. Contrairement à ce que pouvait penser le Lord, Michael n’était pas un domestique comme les autres mais un ami très proche de la Comtesse. Il l’avait vue grandir, s’épanouir, devenir une femme et il avait été son amant. De naissance noble, il se permettait quelques familiarités mais avait abandonné son honneur pour servir cette femme qui l’étonnait toujours un peu plus chaque jour. Le vampire qui lui faisait face était certes séduisant mais terriblement froid. Ayant la gâchette un peu facile, il avait été convenu avec la Comtesse qu’il ne tenterait rien ce soir-là pour les raisons suivantes : dans un premier temps il n’était pas uniquement question de tuer le Comte mais d’en apprendre plus sur lui, ses sbires et ses actions, et Katherine refusait d’avoir le corps mourant de l’un de ses amants reposant sur sa poitrine même si ce dernier point aurait particulièrement plu au majordome…
Le Hongrois étira un sourire courtois sans plus de frivolité et s’exclama :


- My Lord, si vous voulez bien me suivre…

Puis il le guida à travers le domaine. Ils passèrent par l’intérieur, découvrant les pièces les plus vivantes de la demeure, passant ainsi par le vestibule, un immense salon ouvert sur une bibliothèque avant de sortir par le biais d’une terrasse. Respectueusement il récupéra les effets personnels de Jirômaru et lui présenta la sortie. Le Lycanthrope en lui hurlait de rage. Pour qui se prenait-il à arranger ainsi sa mise ? Pensait-il vraiment que la Comtesse avait des vues sur lui ? Qu’il l’intéressait pour ce qu’il était et non pas pour ce qu’il représentait ? Après tout, qui aurait bien pu apprécier la présence d’un asiatique. Sa place à la Cour lui était inconcevable. Calmant ses ardeurs, il lui fit descendre les quelques marches qui le séparaient de la jeune femme. Cette dernière s’était plongée dans la lecture d’un des derniers ouvrages de Charles Dickens depuis une petite heure. Les sens en alerte, elle avait entendu son invité arriver mais avait attendu patiemment qu’il arrive à sa hauteur. Elle releva alors les yeux, un air enjôleur gravé sur son visage et elle se leva pour le saluer. La mise du Lord était des plus élégantes. Son rafinement lui plaisait, il était évident qu’il aimait lui aussi les belles choses et qu’il ne négligeait pas sa présentation.

- My Lord... ! Votre venue me remplit de joie… Oh vous allez me faire rougir…

Lui souriant elle lui offrit sa main et accepta ce baiser froid sur sa peau tiède. Elle en frissonna et laissa ses doigts caresser doucement ceux du Comte. Ses yeux bleus brillaient ce soir-là de ravissement. Il savait lui parler et la flatter, ce qui n’était pas bon. Elle savait déjà qu’elle était magnifique et elle en jouait terriblement. Elle n’avait pas mis cette robe outrageuse seulement pour le plaisir des yeux… Un sourire agréable étira ses lèvres et elle inclina la tête sur le côté :

- Je vous en remercie… Je vous retourne le compliment. Vous êtes très élégant, Jirômaru…

Les émotions de la jeune femme se bousculaient dans son esprit. Elle était tout aussi inquiète qu’heureuse de le revoir. Il avait beau être sa cible et elle le tuerait de ses mains plus tard, elle aimait partager ces quelques moments avec lui, entrer dans ce jeu de séduction subtil auquel ils s’adonnaient depuis le jour de leur rencontre, échanger des traits d’esprit… Son cœur s’emballa un instant et elle s’en sentit presque honteuse. C’était pour un autre qu’il était censé battre à ce rythme, pas pour un suceur de sang ! Elle n’allait tout de même pas faire la lèche-mort ! Faisant un pas vers lui, elle s’autorisa à toucher un peu plus franchement ses mains, puis ses avant-bras, effleurant ainsi ses mèches de cheveux lisses avant de toucher du bout des doigts sa mise.

- C’est ce que j’ai fini par me dire, My Lord… Ne vous inquiétez pas, je vous sais occupé…

Et potentiellement tourmenté par Sarah mais ça elle se fit un plaisir de le taire. Un petit rire accompagna celui du Vampire et elle dodelina doucement sa tête sur le côté, faisant glisser ses belles boucles brunes à la lumière tamisée de la soirée.

- Vous êtes encore plus surprenant d’avoir accepté cette invitation expresse. Je ne voulais pas passer à côté de notre potentiel… Je vois que mon courrier ne vous a pas ennuyé. J’espère, par la même occasion, ne pas avoir dérangé vos plans pour la journée. A ce propos, je serai présente aux répétitions de demain soir. J’aurai pu attendre jusque-là pour vous revoir mais j’avais envie que nous soyons seuls. Enfin presque…

Elle jeta un regard attendri vers Michael qui s’affairait à l’intérieur et leur avait laissé du répit. Il ne pouvait s’empêcher cependant de jeter de temps à autre quelques regards à la dérobée pour s’assurer que tout se passe bien avec la Hongroise. Les yeux du Comte se posèrent sur le livre qu’elle tenait quelques instants plus tôt entre ses mains et elle le récupéra pour le manipuler tout en parlant.


- Je m’y suis mise en effet. J’ai entendu de belles critiques au sujet de cet ouvrage, je voulais en avoir le cœur net et m’y essayer. Vous savez My Lord, c’était il y a 6 ou 7 ans, j’étais encore jeune pour y prêter attention, mentit-elle suavement. Il n’y a qu’une chose qui me chagrine, il me manque une figure féminine et même si ce n’est pas encore la mode de l’époque, j’ose espérer qu’un jour les mœurs évolueront. Elle lui tendit l’ouvrage : Si vous désirez le relire vous pouvez l’emporter chez vous. Je serais par ailleurs ravie que vous me conseilliez quelques-unes de vos œuvres favorites.
-
D’un geste délicat elle lui présenta la chaise à proximité de la sienne et lui souffla :

- J’en oublie mes manières… je vous en prie, installez-vous, soyez à votre aise.

Prenant place à son tour, elle arrangea les plis de sa robe, cette dernière dévoilant sa jambe nue. Michael s’était rapproché d’eux pour servir le Comte en vin blanc et proposa quelques douceurs au couple. Katherine prit une mignardise entre ses doigts et la glissa entre ses lèvres. Aussitôt le majordome se tourna vers le vampire et lui proposa un des apéritifs lorsqu’il eut fait son choix, il reposa le plateau sur la petite table et s’éclipsa. Les mots du Comte la firent sourire d’amusement et elle plissa les yeux joyeusement. Elle leva son verre à son tour et répondit :

- Voilà que vous commencez à me citer, dois-je croire que je ferais une formidable écrivaine à défaut d’être la meilleure des actrices ? Elle fit une petite pause puis continua chaleureusement : A notre soirée… En espérant qu’elle comble vos attentes.

Ses lèvres s’imprégnèrent du délicieux moelleux. Elle ne le quittait pas des yeux. Elle voulait le voir manger mais elle voulait également lui démontrer son intérêt à son égard. Rompant le silence elle se risqua sur un autre sujet :

- Veuillez m’excuser pour la piètre présentation de ma demeure. J’ai bien consciente de sa rusticité et de sa sobriété… c’est que mon domaine préféré est en Hongrie. Je n’ai pas encore eu le loisir d’agrémenter le manoir d’une quelconque sophistication… Mais si cela vous plait, je vous ferai visiter les jardins et la bibliothèque à laquelle j’accorde le plus grand soin.

Intriguée par ses habitudes elle lui demanda doucement :

- Puisque nous parlions de ce Mr Pickwick, êtes-vous un homme qui voyage Jiromaru ? Je suis curieuse à votre sujet, vous êtes un mystère pour de nombreuses personnes tout le contraire de ma personne…

Les rumeurs allant bon train, Katherine semblait n’avoir aucun secret pour personne. Enfin si… Pourquoi ne s’est-elle jamais mariée ? Que reste-t-il de sa famille ? Est-ce bienséant pour une femme de son âge d’habiter une si vaste demeure sans parent ?
Portant à ses lèvres la suite de sa bouchée elle la lui tendit gentiment devant ses lèvres :

- Vous devriez goûter, c’est exquis. La cuisine n’a pas lésiné sur la qualité ce soir, My Lord. Citron, hareng et tomates si cela vous sied…

Son regard se porta sur les lèvres du Comte, sa mâchoire bien dessinée, son cou long et robuste. Ce magnifique nœud papillon l’empêchait d’imaginer sa pomme d’Adam et les veines qui palpitaient autrefois dans le creux de son cou. Il avait cependant découvert ses mains, ce qui lui plut. Il avait des doigts longs et fins qui inspiraient la noblesse, celle qui n’avait jamais réellement travaillé, celle que tout le monde convoitait. Joueuse elle souffla :

- Vous me plaisiez dans la roseraie, chez Sir Barry, vous m’avez fait tourner la tête au théâtre, heureusement que je n’en ai oublié aucune réplique… J’ai aimé danser avec vous au bal de Mademoiselle Spencer. A ce sujet, je suis profondément navrée pour l’accident malencontreux de ce soir-là. J’ai fort peu apprécié les manières de cet homme qui s’est cru disposer de ma personne… Je suis partie dans la colère et la précipitation, je n’ai pas pris le temps de vous saluer… Ou en étais-je… elle fit mine de réfléchir quelques instants : et vous me plaisez encore ce soir. Votre nœud papillon vous assagit…


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
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L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

"Oseras-tu voyager avec moi,
Au pays d'où on ne revient pas ?"


Katherine était exquise. Comment les hommes pourraient-ils oublier ces grands yeux d'azur et ces longues boucles brunes croisés au détour d'un bal ? Comment la beauté de ses traits et la blancheur de sa peau auraient-ils pu passer inaperçus en société ? Ses origines hongroises se lisaient dans l'arête parfait de son nez ainsi que dans la finesse de ses lèvres. Décidément, le plus belle des poupées de porcelaine ne pourrait l'égaler. C'était un véritable objet de collection. Il n'y avait finalement rien d'étonnant à ce que la gent masculine ne la pourchasse de ses avances et que la gent féminine ne s'en méfie comme de la peste...
Jirômaru dévorait du regard cette femme, tout en observant les manières qu'elle adoptait avec lui. Il était évident que leurs désirs respectifs ne dataient pas de ce soir et que ce petit jeu de séduction allait encore durer quelques heures, tout au plus, avant qu'ils ne franchissent quelques nouvelles barrières. Comme ils le savaient, ils étaient tous les deux libres et quasiment seuls. A part leurs domestiques, personne n'était au courant de ce petit diner.

- Rougir ? Attention ma chère, n'allez pas contrarier davantage les roses de votre jardin : elles pourraient être piquées de jalousie...

Cela faisait longtemps que le Comte n'avait plus courtisé avec poésie une belle femme. Ces dernières années, ses manières brutales avaient eu tendance à prendre le dessus et il ne s'était plus prêté à ce petit jeu-là. Pourtant, s'il détestait les mondanités feintes au coeur des grandes réceptions et autres événements plus politiques que sociaux, il avait toujours apprécié cet exercice de style et les amusantes stratégies qu'il nécessitait. Evidemment, lorsque les deux partis sont aussi conscients de la situation, cela devient une mise en scène quelque peu grotesque. Mais, ce petit théâtre charmant avait ses bons côtés : il permettait de se découvrir plus lentement et surtout de faire monter le désir. La nuit promettait d'être longue...

- Je vous remercie, Katherine. Je n'étais pas certain de ce noeud...

Le Comte avait légèrement insisté sur "Katherine", afin de lui montrer qu'il n'était pas indifférent au fait qu'elle utilise son prénom plutôt que son nom ou son titre comme le feraient d'autres membres de la noblesse. Il ferait donc de même. Cela les rapprochait. D'ailleurs, il ne fut pas non plus indifférent à ses doigts brièvement posés sur sa mise et à sa proximité physique. La belle actrice était réellement audacieuse, dans ses mots comme dans ses gestes.

- Je suis occupé mais je considère que libérer du temps pour vous le consacrer est un devoir. Son regard se fit plus appuyé. Ne vous en faits pas : votre lettre tombait à point nommé ! Loin d'être ennuyante, elle m'a au contraire sorti d'une de ces torpeurs dans laquelle les fonctions de lord me jettent parfois. Et puis...Il s'approcha à son tour. Mon désir de vous revoir n'a fait que croitre depuis notre dernière répétition...Comment refuser ce que l'esprit ne cesse de chercher ?

Katherine avait évoqué leur "potentiel" et sa présence à la prochaine répétition. Jirômaru avait souri, sincèrement touché par l'investissement de la jeune actrice dans ce métier qu'il adorait et cette pièce pour laquelle il l'avait engagée.

- Vous m'en voyez ravi ! Que serait ma pièce sans la divine Cléopâtre que vous incarnez si parfaitement ? Hmm ?

Jirômaru se permit un second baise-main. Son regard suivit celui que la jeune femme porta à son majordome. Elle disait qu'ils étaient "presque" seuls. Du point de vue de Jirômaru, le petit personnel était bien la dernière chose dont ils avaient à se soucier. S'il connaissait sa place, Michael ferait profil bas et les laisserait tranquilles, s'effaçant peu à peu au fil de la soirée. Sinon, il le comprendrait autrement...

Afin de ne pas aller trop vite en besogne et de se laisser le temps de savourer ces moments, le Comte engagea la conversation sur l'ouvrage que la belle lisait avant son arrivée. Katherine lui avoua qu'elle était déçue de ne pas trouver de figure féminine forte dans ce genre de roman.
Jirômaru étouffa un petit rire. Que croyait-elle ? Que les femmes pouvaient avoir autant de poids que les hommes dans les intrigues ? Elles étaient trop faibles physiquement, peu dégourdies en politique et assujetties à leurs rôles de femmes puis de mères. Certes, il reconnaissait que certaines d'entre elles étaient passionnantes et combatives, comme Sarah, mais de là à en faire des figures de romans...

- Que voulez-vous ? dit-il en haussant les épaules. Une femme porte plus aisément un enfant qu'une épée. Et puis, des romans écrits par des hommes...cela n'a rien d'étonnant à ce qu'ils aient comme figure principale des hommes. Cela permet aux auteurs de se projeter plus facilement dans leur personnage. Quel homme pourrait se venter de connaître les femmes au point de s'imaginer à leur place ? Le Comte sentit que cela risquait de ne pas plaire à la belle. Aussi rebondit-il rapidement : Vous savez, je vous comprends. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi d'adapter Antoine et Cléopâtre : même si elle est en partie dénaturée, la belle égyptienne n'est-elle pas merveilleuse ? C'est une magnifique amante, certes, mais aussi une femme politique forte. Elle est fascinante.

En prenant le livre que lui tendait son hôte, le grand Vampire lui sourit et inclina la tête pour la remercier.

- Je chercherai dans ma bibliothèque si je n'ai pas quelque ouvrage qui comporterait une figure féminine remarquable, dit-il avec une pointe de malice dans son regard. Ce sera l'occasion de relancer le débat.

Sur l'invitation de Katherine, Jirômaru s'assit. Il posa le livre sur le bord de la table, de manière à ce qu'il ne les dérange pas durant le repas. Reconnaissant, il se servit dans le plat de mignardises, sans réellement choisir, et leva son verre face à Katherine pour fêter leur retrouvailles. Il mangea et but, comme n'importe quel humain l'aurait fait. A force de les fréquenter, l'immortel avait ses astuces. Même quand Ambre n'était pas là pour faire danser les illusions, il savait faire semblant de se nourrir, notamment grâce à son pouvoir des ombres. Il lui "suffisait" d'ouvrir dans sa gorge une "porte" vers sa Salle Noire et d'y glisser ce qu'il était censé ingurgiter. Le tout disparaissait dans le néant de cette pièce étrange. Evidemment, ce n'était pas aussi simple que ça...et Jirômaru détestait utiliser cette méthode. Elle le fatiguait et, si elle lui évitait la nausée habituellement liée aux aliments qui se faisaient cendres dans son estomac, elle lui donnait parfois de terribles migraines.

- C'est délicieux, mentit-il en faisant mine d'apprécier réellement le petit four qu'il venait de mâcher.

Au fil de leur échange, le Vampire comprit assez rapidement que Katherine se dépréciait facilement. Au bout d'un moment, il fronça les sourcils et voulut rétablir la vérité. Il fut plus naturel que flatteur.

- Allons, Katherine, vous êtes une excellente actrice ! Nous avons peu travaillé notre pièce, et pourtant j'ai déjà été conquis par votre jeu. Ne doutez pas de vos talents ! En tout cas, si vous écrivez, rien ne vous empêchera d'intégrer dans vos oeuvres des figures féminines d'exception ! Jirômaru esquissa un sourire, visiblement amusé de vouloir la pousser à réaliser elle-même ce que les hommes ne faisaient pas. Quant à votre demeure, vous n'avez pas à en rougir non plus. Je n'ai pas encore eu le loisir de la visiter dans son entier, mais je dois dire que votre salon semble très agréable. La proposition de Katherine plut au Comte. C'est avec grand plaisir que je sous accompagnerai dans les jardins ! La lune commence à peine à décroître, avec un peu de chance nous serons éclairés par elle dehors...La bibliothèque m'intéresse elle aussi, évidemment, mais je pense que ne pas profiter de la chaleur de cette nuit serait presque...criminel.

La perspective de se retrouver dans les jardins avec la jeune femme ravivait en lui le désir qui s'était légèrement éteint avec le sérieux de leur conversation. Il s'imaginait déjà l'embrasser entre deux tilleuls au milieu des parfums de la nuit.

Faisant mine de boire le vin qu'il avait demandé au majordome, Jirômaru écouta la belle hongroise lui demander s'il voyageait beaucoup, à l'image du personnage décrit par Dickins. Le Vampire réfléchit un peu. Bien sûr qu'il avait voyagé ! Mais il devait être prudent à ce sujet.

- Ah ah ! Vous n'êtes pas la première à me demander cela...murmura-t-il en riant. Mais je n'ai en réalité rien de très mystérieux, fit-il en reposant son verre sur la table. Mes parents viennent du Japon, d'où mon nom, mais j'ai toujours vécu en Angleterre. Bien sûr, j'ai pu visiter quelques fois mon pays d'origine. J'y avais encore de la famille il y a peu mais leurs derniers membres sont récemment décédés. J'y retournerai sans doute un jour.

Il croisa les jambes pour s'appuyer davantage sur le dossier de sa chaise de jardin.

- De fait, j'ai déjà traversé une partie de la Chine et de la Mongolie, j'ai voyagé au sein de l'Empire russe et des pays de l'Est. Des lieux bien étranges si vous voulez mon avis...Il soupira, comme pris de nostalgie. J'ai récemment visité l'Italie et une partie de la France. J'adore l'Italie ! Cela venait du coeur. Ses yeux avaient brillé d'une flamme inattendue. J'ai beaucoup voyagé pour mon âge, j'ai eu de la chance ! fit-il en riant encore. Et je ne compte pas m'arrêter là ! J'aimerais visiter les pays glacés du Nord et le sud de la France que je n'ai pas encore vu. Il faut croire que je conserve une âme vagabonde...

Jirômaru marqua une pause. Il aimait parler de ses voyages mais il sentait que la flamme qui les avait embrasés à son arrivée s'éteignait peu à peu. Il fallait retrouver cet élan perdu.

- Et vous ? Aimez-vous voyager ? Aimez-vous l'aventure ? Son ton et son regard marquèrent le double sens évident. Vous dites que vous n'êtes un mystère pour personne...répéta-t-il presque tendrement en se penchant un peu plus vers elle. Mais...ne dit-on pas qu'il ne faut jamais juger un livre à sa couverture ?

Jirômaru accueillit la bouchée que lui tendait la belle avec un léger mouvement de recul. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle la lui présente directement devant la bouche. C'était...indécent et pourtant si adorable. Il accepta donc de tendre un peu le cou et d'ouvrir les lèvres pour l'attraper. Son regard se fit des plus complices.
Katherine se mit alors à lui avouer combien il lui plaisait. Elle retraça leur parcourt, en se remémorant leurs différentes entrevues et en les associant toutes au plaisir ainsi qu'à un lieu : la roseraie, le théâtre, la demeure des Spencer...Elle finit par revenir sur l'incident au bal de Sarah et s'excusa pour son départ précipité.

- Ne vous excusez pas ! Tout est la faute de ce rustre, ce Standfor ! Gronda le Comte dans un élan de colère évidemment dirigé vers cet empêcheur de tourner en rond. Vous l'aviez...mordu...n'est-ce pas Katherine ? ajouta-t-il en lui souriant. J'espère qu'il ne vous a pas importunée suite au bal. Je l'ai prévenu...fit-il d'un air sombre. A priori, il valait mieux que Standfor n'aie plus jamais adressé la parole à Katherine depuis ce jour.

Alors qu'elle lui confiait qu'il lui plaisait encore, là, ce soir, Jirômaru se leva lentement. Il la trouvait bien intrépide de révéler aussi rapidement son inclination à son sujet, mais cela lui facilitait drôlement les choses.
Arrivé près d'elle, il lui reprit une main et se pencha pour y redéposer ses lèvres. Puis, il la contourna pour venir dans son dos. Ses longues mains d'albâtre se permirent de frôler ses épaules avant de venir caresser doucement ses longues boucles brunes. Jirômaru pouvait sentir les différents parfums qu'utilisait la jeune femme pour laver son corps et ses cheveux. Il pouvait également sentir la chaleur qui se dégageait de sa peau. Avec précautions, il fit glisser ses cheveux pour avoir accès à sa nuque et se pencha pour la frôler de son nez puis de ses lèvres.

- Vous me plaisez aussi, Katherine...Le nier serait ridicule...souffla-t-il dans son cou. Vous savez...je ne suis pas aussi sage que ma mise le laisse entendre...

Le lord déposa un baiser sur sa peau de pêche. Katherine semblait ouverte à ce genre de démonstration de tendresse.

- Oui...nier mon attirance n'aurait pas de sens...répéta-t-il en embrassant de nouveau son cou.

Ses yeux la virent alors : la morsure. Il s'arrêta net. Comment avait-il donc pu passer à côté jusqu'à présent ? Lui qui avait pourtant déjà été si près d'elle à plusieurs reprises ! Ses sourcils se froncèrent, marquant sa surprise, mais aussi sa frustration. Katherine avait déjà connu un Vampire ! Elle appartenait déjà à un autre ! A moins que...

- Qu'avez-vous donc ici...? demanda-t-il calmement. Ces...cicatrices...? Avez-vous été mordue par un...animal ?

La marque semblait très ancienne. Katherine n'était pourtant pas très vieille. Peut-être avait-elle échappé à un Vampire dans sa plus tendre jeunesse et qu'elle ne s'en souvenait pas ?
Jirômaru passa le doigt sur les deux marques et se pencha sur le côté pour regarder la belle dans les yeux. Qu'allait-elle lui dire ? Connaissait-elle donc l'existence des siens ?

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Dernière édition par Comte Keï le Jeu 22 Aoû - 13:33, édité 1 fois
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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeLun 19 Aoû - 0:02


Jirômaru lui plaisait. C’était irrémédiable. Il était particulièrement beau et la nature l’avait doté d’une aura implacable qui aurait fait frémir les femmes les plus froides. Katherine n’y était pas insensible et c’est notamment ce qui avait mené à ce dîner en tête-à-tête. Elle n’aurait sûrement pas poussé la séduction aussi loin s’il l’avait totalement répugnée, elle aurait tenté une approche agressive plus rapidement. Mais son cœur appartenait à un autre. Elle le lui avait dit, elle le lui avait crié. Elle s’était éprise de cet aristocrate déchu qui courait après une autre femme, elle lui avait reproché de fermer les yeux sur ce qu’elle pouvait ressentir, elle rêvait qu’enfin cette Sarah appartienne au passé. Jirômaru était beau certes, mais Alexender l’était mille fois plus à ses yeux et c’était son cœur qui parlait. Le sourire aux lèvres, elle l’écoutait déblatérer avec poésie. Décidément, ce vampire était d’un charme mortel. Il savait parler aux femmes, les faire frémir d’impatience et étirer leurs lèvres avec seulement le son de sa voix. Était-ce si naturel que ça ou bien son aura de vampire masquait au commun des mortels ce que les yeux ne pouvaient pas voir ?

- Le rouge qu’elles envient n’est que le reflet de vos compliments mais si je puis m’exprimer ainsi, Monsieur, sous votre regard il n’est rien qui ne puisse s’enflammer.

Étrange de parler ainsi de chaleur tout en sachant qu’il était aussi froid que la mort et que dans son corps plus rien ne pouvait le faire rougir. Elle observa sa réponse d’un regard rieur. Katherine se savait particulièrement charmante. Elle se plaisait à faire tourner la tête de ces messieurs. Elle les attirait à elle dans une valse mortelle, prenait plaisir sous leurs caresses puis elle écartait ses griffes et les laissaient retourner à leur vie monotone. Il était évident qu’elle était régulièrement courtisée, seuls quelques aventuriers s’étaient risqués à la demander en mariage. Sa réputation la précédait et était nuisible dans cette triste société. Elle les avait toutes rejetées. Les raisons étaient simples, ils n’étaient souvent ni intéressants, ni à son goût ou moins fortunés. Mais la plus terrible était celle de son « immortalité ». Elle craignait par-dessus tout de les voir se flétrir, la vieillesse emportant les derniers éclats de leurs pupilles, les traits se tirer, se creuser en de longs sillons escarpés et la mort les cueillir dans un ultime soupir. Elle, qui resterait à leur côté, cette jolie jeune femme, pleine de vitalité. Avec une certaine nostalgie son regard se porta vers les roses les plus proches. Le temps était assassin.

Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres. Elle n’avait pas ôté ses doigts de sa mise, elle se plaisait à prolonger ce contact incongru et indécent pour une femme de son statut. Elle leva la main vers son cou et arrangea le nœud à sa guise :


- Vous avez tort de douter, il vous sied à merveille…

La demoiselle n’avait pas été insensible à l’utilisation appuyée de son prénom. Elle pouvait se montrer plus familière avec lui et il semblait particulièrement ouvert à ce jeu-là. Son rapprochement lui plut et elle se risqua même à faire glisser sa main le long de son bras pour effleurer ses doigts :

- Voilà quelques mots touchants qui me vont droit au cœur, Jirômaru… Alors je ne culpabiliserai pas de vous avoir pris un peu de votre temps. Il faut dire que vous avez occupé mes pensées depuis notre dernière rencontre. Elle rougit un instant, absorbée par ses paroles. C’était peut_être la première fois qu’elle se montrait si fragile devant lui. Refuser n’a jamais été une option…

Ne relevant pas le compliment, elle lui adressa un sourire enjôleur et apprécia le baise-main. Elle eut crainte un instant de ne pas s’être parfumée les poignets mais les vages souvenirs de sa préparation lui revinrent à l’esprit et la rassurèrent.
La discussion dériva bien assez vite sur sa récente lecture, une œuvre significative dans la carrière d’un des célèbres écrivains de l’époque. Elle rumina un instant sa déception pour l’absence d’une figure féminine et arqua un sourire en l’entendant rire. Qu’y avait-il de si amusant ? Cette littérature monotone était donc ce qui lui plaisait ? Un instant elle songea à écourter la discussion, elle n’avait pas envie d’entendre parler du rôle de la femme et de l’écouter proférer certainement de nombreux propos mysogines qui l’auraient mise hors d’elle. Si les féministes de son époque comme Anna Doyle Wheeler et William Thompson n’avaient pas publié leur fameux ouvrage, nombre de femmes se laisseraient encore écraser par l’omniprésence sociétale de la gente masculine. Jirômaru avait tout intérêt à y jeter un œil s’il désirait encore parler avec une femme de sa trempe. Un peu amère, elle lui répondit alors :


- Êtes-vous de ces hommes qui s’accommodent fort bien d’écraser la moitié de la population mondiale par fierté masculine ? Une femme peut tenir une épée si vous le lui permettez. Voyez, je vis seule et sans enfant, je ne vous ferai pas l’affront de vous provoquer en duel. Elle s’adoucit et caressa le livre de sa main : Pourtant là est l’art de l’écriture. S’abandonner, découvrir de nouvelles perspectives et personnalités, imaginer et apprendre des autres. N’avez-vous jamais pensé que vous auriez pu naître femme ? Nous avions une chance sur deux. Pour un écrivain de renom, il aurait été appréciable qu’il se pose lui aussi la question. La suite de ses propos finit par l’apaiser même si elle gardait en elle une certaine rancœur : Merveilleusement intelligente. La beauté, comme vous le dîtes, n’est pas son seul atout. Vous voyez bien qu’il est possible pour un homme d’écrire sur une femme.

Elle lui sourit et lui tendit le livre :

- Cela serait avec plaisir très cher. Il me tarde de découvrir ce que vous avez à me proposer.

Quelques instants plus tard, elle l’invita à s’asseoir et lui indiqua les mets et les boissons afin qu’il puisse profiter pleinement de cette soirée. Le repas serait servi bien après leur apéritif s’il le désirait. Ce qu’elle vit la fascina. Le Comte s’accommodait plutôt bien de tout ce qu’elle lui proposait. Il buvait et mangeait à son aise sans esquisser le moindre soupçon d’inconfort ou de dégoût pourtant elle en était certaine… Les vampires ne mangeaient pas. Leur corps ne fonctionnait plus, il n’éliminait plus alors comment diantre arrivait-il à avaler sans haut-le-cœur ? Que faisait-il de tous ses repas ? Allait-il les vomir après cette soirée ? elle en doutait, l’inconfort serait bien trop présent. Alors comment diable arrivait-il à agir comme n’importe quel être humain. Tout en l’observant, Katherine plongea le nez dans son verre. Elle releva les yeux et inclina la tête respectueusement lorsqu’il complimenta les mignardises. La suite de la conversation la tira de ses songes. De délicates roses fleurirent sur ses joues tandis qu’il complimentait ses dons d’actrice.

- Je ne puis que vous remercier pour l’étendue des éloges que vous me faites. Je vous prie cependant de ne pas trop insister, je pourrais finir par vous croire… Il se pourrait dans ce cas que vous soyez mon premier lecteur, si le cœur vous en dit. Elle rit un peu et posa son verre : Merci bien, Jirômaru. Il me reste encore de nombreuses choses à arranger pour rendre ce lieu plus agréable et chaleureux, cela serait avec plaisir de vous guider, je pourrais vous montrer les peintures de ma mère. C’était une grande artiste vous savez. Le regard rieur, elle continua : alors nous ferons cela. Je dois vous avouer être tout à fait de votre avis. Nous ignorons bien trop souvent la beauté de la nuit pour les sarcasmes du jour…

Suite à cela, la Comtesse s’intéressa un peu plus à la vie privée du vampire. Voyageait-il beaucoup ? Il était évident qu’il avait des origines étrangères et ce contraste saisissant avec le commun de la société londonienne lui plaisait. L’air ravi, elle l’écouta avec plaisir et exprima de temps à autre la surprise de son regard.

- Je n’en avais aucun doute, très cher… Vraiment .. ? Savez-vous le nombre de femmes qui rêverait de vous entendre prononcer ces quelques mots devant elle ? Elle fit une pause puis continua : Le Japon ! Quel merveilleux pays ! On dit que leur sens de l’esthétique est épuré, la beauté en toute discrétion. Qu’en avez-vous pensé ? Je suis curieuse, je n’y ai jamais mis les pieds… Oh… Vous m’en voyez navrée…

Le verre dans la main elle fit tournoyer le liquide restant et demanda d’un geste de la main à ce que Michael la resserve, ce qu’il fit avec grand plaisir. Jirômaru avait beau être extrêmement séduisant, il n’en était pas moins un vampire et le dégoût que cela lui inspirait devait être noyé dans l’alcool. Ainsi donc, le diable avait déjà visité la Chine, le Japon et la Mongolie, sans parler des pays de l’Est. A leur évocation, la demoiselle ne put réprimer un léger rire.

- Des lieux bien étranges ? Que voulez-vous dire par là ? Lui souriant elle acquiesça de la tête et répliqua : Je ne peux qu’être d’accord avec vous, l’Italie est un pays tout à fait séduisant, si vous aimez l’art et les vestiges archéologiques. C’est un régal pour les yeux.

Katherine fit une légère pause en levant les yeux au ciel. Qu’il était charmeur !

- J’ai toujours aimé voyager. Étant une femme, cela a toujours été plus compliqué. J’ai la chance d’être accompagnée par mon ami qui vous a guidé jusqu’ici. Mon père était Anglais et ma mère Hongroise. Quant à moi, je suis née en France. Votre appétit pour le sud de mon pays me ravit tout particulièrement. Je me ferais une joie de vous conseiller quelques lieux qui sauront ravir vos pupilles et vos papilles, Jirômaru. J’ai visité l’Italie, tout comme vous j’ai été conquise par la beauté de ce pays et la poésie qui en ressort. Je suis allée au sein de l’Empire austro-hongrois, en Hongrie et en Slovaquie plus précisément. Ce sont des pays que j’affectionne de tout mon cœur. La Hongrie me manque parfois, je dois bien vous l’avouer… Et pour répondre à votre question… Elle décroisa les jambes et se pencha au-dessus de la table tout en lui souriant : J’aime prendre des risques. Une vie sans aventure ne mérite pas d’être vécue.

Surprise qu’il aborde le sujet de cette manière, elle entrouvrit légère les lèvres et s’adoucit. Décidément il savait lui parler et même atteindre son cœur. Il était peut-être bel et bien la première personne à ne pas émettre de jugement à son égard. Ses yeux se dérobèrent un instant face à cette proximité des corps et des mots et elle se mordit un peu la lèvre :

- Je n’ai pas l’habitude qu’on veuille apprendre à me connaître, My Lord… Cette société juge la couverture, si elle n’est pas satisfaisante elle sera raillée et rejetée. C’est ce qui arrive quand nous ne correspondons pas à ce qu’ils ont l’habitude de voir. Un profond mal-être s’empara de la jeune femme. Elle paraissait s’amuser de ce qui était colporté à son sujet mais au fond d’elle cela la blessait. Vos mots me touchent, Jirômaru, puisse ce livre vous plaire plus encore que sa couverture.

Reprenant contenance elle croqua dans une bouchée et lui offrit sa moitié afin qu’il la goûte à son tour. Sa réaction lui plut si bien que ses yeux se plissèrent de joie, complètement charmés par ce qu’ils venaient de voir. Au final, les vampires étaient terriblement similaires aux humains. Et dire que son corps avait un jour été animé par un cœur vaillant… Riant un peu, elle planta ses yeux dans les siens et soupira :

- Je l’ai mordu et pas qu’un peu ! Il est fou celui qui pensera pouvoir me posséder et toucher à mon corps sans y avoir été invité. Vous… Vous l’avez prévenu .. ? Dites-moi, Jirômaru, vous n’avez pas sali votre image en me défendant n’est-ce pas.. ? Rassurez-vous, je ne l’ai pas revu depuis ce soir-là… Elle n’osa pas lui dire qu’elle avait traversé une profonde période de trouble et d’anxiété suite à ce bal, qu’elle n’avait rems le nez dehors que pour rendre visite à Alexender et qu’elle se remettait petit à petit de cette immense tristesse qui la rongeait.

La jeune femme était réellement inquiète et émue. Mis à part Michael, personne pour le moment n’avait jamais pris sa défense, considérant certainement que son comportement justifiait un tel irrespect de la gente masculine. Elle se tordit les doigts et attendit sa réponse, elle culpabilisait terriblement de l’avoir entraîné là-dedans, déjà qu’être vu à ses côtés était peu flatteur …

Elle le suivit du regard. Le Comte s’était levé pour se glisser à sa haueur. Résilience elle lui abandonna sa main puis bientôt son cou. Elle priait presque afin de sentir son souffle chaud contre sa peau mais ce dernier ne se manifesta jamais. Pourtant, elle le sentait à leur proximité, son visage était si près de sa chaire ! Elle ferma alors les yeux afin d’apprécier ce soir et inclina le visage sur le côté afin de dégager son cou. D’un geste délicat elle leva la main et se risqua à la glisser dans les cheveux du metteur en scène. Elle suspendait de temps à autre sa respiration, surtout lorsqu’il la frôlait de ses lèvres.

- Prouvez-moi le contraire… Fit-elle d’un air taquin.

Il baisa son cou une fois puis une seconde. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration et alors qu’elle allait tourner le visage pour lui voler un baiser, elle se figea. Il venait de remarquer ses cicatrices qu’elle n’avait fait aucun effort pour masquer. Il était inévitable qu’il s’en aperçoive mais elle se maudit secrètement que cela soit pendant cet instant délicieux. Elle aurait volontiers menti à un autre vampire, elle se serait certainement amusée de sa naïveté mais Jirômaru était loin d’être stupide et les questions, aussi innocentes puissent-elles paraître, connaissaient déjà une réponse qu’il ne pouvait ignorer. Elle croisa alors son regard, il s’était penché sur le côté en attendant sa réponse. Sans pouvoir s’en empêcher la jeune femme rougit de plus en plus intensément et posa sa main sur son cou. Ses doigts effleurèrent à son tour les marques laissées par sa génitrice. Le cœur battant la chamade elle se risqua :

- C’était il y a bien longtemps maintenant. Et ce n’était pas un animal, Jirômaru…

Elle approcha son visage du sien, frôlant sa bouche de ses lèvres tandis que sa main qui était dans ses cheveux s’amusa à caresser sa joue.

- Vous êtes comme « elle », enfin je crois… La même peau froide et dure comme le marbre, votre immobilité à en faire frémir les plus anciennes sculptures, vos ongles de verre et votre sang qui ne palpite plus dans vos veines, votre souffle que je ne sens pas sur ma peau… Tout comme elle…

Elle se figea un instant, la gorge nouée. Les souvenirs refaisaient surface mais son corps n’avait plus de visage. C’était il y a si longtemps qu’elle ne se rappelait plus la couleur de ses yeux ni de la forme de ses lèvres qui était certainement la même que les siennes… Elle lui sourit alors :

- Je n’en suis pas encore certaine mais je pense connaître votre secret. Je sais reconnaître un vampire quand j’en côtoie un… et c’est un vampire qui m’a fait ça. Mais rassurez-vous, je l’ai tué de mes mains.

Katherine plongea ses yeux turquoise dans les siens. Elle attendait sa réaction. Allait-il la prendre pour une folle ? Jouer les innocents ? Être réticent à toute approche. Elle se leva alors pour l’empêcher qu’il lui échappe. Elle ne disait pas cela pour l’effrayer et encore moins pour le rejeter mais pour lui prouver qu’elle était honnête avec lui. Sa main remonta le long de sa mâchoire, touchant la lèvre supérieure du vampire puis se glissa sur sa nuque. Le souffle court la belle Hongroise continua :

- Mais je n’étais encore qu’une enfant et c’était ma mère. Et elle était odieuse avec moi. Elle se nourrissait à mon cou dès qu’elle le pouvait et tuait des innocents dans sa folie meurtrière. Des enfants, des nourrissons. Puis sa propre enfant, ma sœur. Je ne l’ai pas supporté plus longtemps. Elle fit une pause durant son discours, son cœur s’affolait, des larmes lui montaient. Le temps avait beau passer, elle ne le lui avait jamais pardonnée. J’ai attrapé un coupe-papier et je l’ai poignardée puis je l’ai poussée par la fenêtre. Et sous mes yeux elle s’est évaporée. Je ne suis plus jamais retournée chez moi après cela. Sa folie a tué ma famille.

En quête de tendresse, elle se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Leur baiser était salé, une larme s’était posée sur ses lèvres à ce moment-là.

- Ai-je eu tort ? fit elle entre deux baisers. Je me punis chaque jour pour ce que j’ai fait… Ai-je eu tort de l’avoir tuée.. ? Ai-je tort de vous faire confiance.. ?


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

" Garde en ton coeur ces soupirs révélateurs,
Accepte ces fleurs, goûte cette douleur. "


Le petit jeu de séduction que les deux acteurs performaient ce soir était des plus agréables. Katherine jouait volontiers sur les mots et le Comte la suivait ou lançait de nouveaux sous-entendus. Ils s'amusaient beaucoup, c'était évident. Se tourner autour en frôlant les limites de la décence donne au désir davantage de force. Et ce désir augmentait à mesure que les deux aristocrates se rapprochaient également physiquement.
Katherine flattait Jirômaru tout autant qu'il la flattait. Cela plut beaucoup au Vampire. Il appréciait que le jeu aille dans les deux sens : cela lui facilitait la tâche et il n'était pas insensible à quelques compliments. La belle évoqua son regard pénétrant, joua avec le noeud papillon qu'il portait, effleura sa mise, son torse et son bras. Elle osait se laisser faire mais aussi prendre les devants. Katherine était une femme assurée, mais elle rougissait parfois comme une ingénue. Son rire était doux et ses provocations osées. C'était absolument charmant et...excitant.

Ce fut la littérature qui les éloigna un peu. En temps normal, Jirômaru était féru de ce genre de discussion mais, pour une fois, il se maudissait d'avoir abordé le sujet. Dickins finit même par les engager sur le chemin de la place des femmes et ils s'opposèrent presque sur ce point. Heureusement, le Comte le sentit assez rapidement et il modula habilement sa propre opinion pour continuer de plaire à la belle. Cette dernière défendit sa position, en se crispant légèrement. Le Vampire fut plus complaisant afin de ne pas lui déplaire davantage.

- Je ne voulais pas vous offenser, Katherine. Bien sûr qu'il y a des femmes fortes capables de devenir de grandes figures. Bien sûr que les auteurs pourraient davantage se pencher sur leurs rôles au sein de leurs oeuvres. Je suis navré, me suis mal exprimé. Je voulais simplement dire que dans un monde aussi masculin, ce n'était pas étonnant que les personnages principaux soient des hommes. Cela ne signifie pas que je trouve la chose normale, ou plus agréable que s'il se fut agi de personnages féminins.

Ce débat laissé derrière eux, pour leur plus grande joie, ils s'aventurèrent dans la dégustation des apéritifs et reprirent leur danse des compliments. Katherine était humble, malgré la confiance qu'elle affichait.

- Croyez-moi alors...et soyez certaines que je suis généralement avare de compliments. C'est qu'ils sont sincères. Le Comte répondit à ses sourires enjôleurs. Je vous lirai avec plaisir, si vous écrivez un jour. Le tout est de se lancer, l'encouragea-t-il.

La belle actrice et lui discutèrent ensuite du domaine de la belle. Elle semblait peu satisfaite de son intérieur, notamment de ses décorations. Elle avait encore à faire, disait-elle, pour rendre les lieux plus chaleureux. Jirômaru n'avait guère eu le temps d'observer le salon et les couloirs, mais il avait remarqué de nombreuses moulures ainsi que des plantes et des bibliothèques. C'était peut-être un peu vieilli dans le style, mais en tant que Vampire qui traversait les siècles cela ne le dérangeait absolument pas. Katherine évoqua alors les talents artistiques de sa mère. Jirômaru fut interloqué.

- Votre mère était une artiste ? Intéressant ! Le lord aimait l'art et possédait lui-même de formidables galeries dans son grand manoir. Il me tarde de découvrir ses peintures.

Par la suite, la conversation s'orienta sur leur future promenade dans les jardins, sous la lune croissante, puis elle glissa sur leurs voyages. Ce sujet plaisait également au Comte qui aimait découvrir de nouveaux lieux, d'autres cultures, des arts divers et variés. Katherine semblait passionnée elle aussi par le sujet. Elle avait également déjà beaucoup voyagé pour son âge. Sa curiosité le ravit.

- Le Japon est un beau pays. C'est vrai que l'esthétique des Japonais est parfois épuré, mais ils aiment aussi couvrir leurs temples et vêtements de détails. C'est plutôt chargé en réalité. J'ai, chez moi, quelques meubles et objets qui proviennent de là-bas, je vous les monterai, si vous le souhaitez.

Inviter Katherine en sa demeure était une idée qui lui plaisait, mais la présence de Vincento allait malheureusement retarder cette dernière. Il était hors de question de l'exposer à son fils. Ce chien allait la prendre en otage, au même titre que Sarantuyaa et Sarah, et il serait encore moins libre de ses mouvements. Il préféra donc préciser :

- Une partie du manoir est cependant en travaux et j'héberge un cousin depuis quelques semaines, donc ce ne sera pas pour maintenant. Mais ce sera avec grand plaisir que je vous convierai un jour.

Face à la compassion de la jeune femme pour sa famille décédée, Jirômaru lui sourit et la rassura :

- Oh, ne le soyez pas. Ma famille a toujours été réduite et j'ai vécu seul très jeune. Ma mère est morte en couche et mon père d'une maladie des poumons.

C'était la pure vérité et cela se sentait.

- J'ai été rapidement autonome. Je n'ai pas eu le choix.

Katherine fut surprise de l'entendre dire qu'il trouvait les pays de l'Est plutôt étranges. Jirômaru y vit une envie de défendre ses origines hongroises. Il trouva cela touchant.

- Oui, étranges au sens "différents" des pays comme l'Angleterre ou la France. Les coutumes m'y ont été obscures lors de mes voyages et j'ai trouvé les langues parlées par ces populations plus difficiles à appréhender que les langues latines. Et puis, les terres glacées, les steppes, les villes blanches...tout cela a été très dépaysant pour moi.

Katherine aimait elle aussi l'Italie et le Comte l'imagina pendue à son bras au milieu des vestiges qu'elle évoquait désormais. Un petit sourire nostalgique rôda sur ses lèvres.

- Parfaitement séduisant...confirma-t-il en lui jetant un regard complice. J'ai songé un temps à m'y établir, mais la chaleur estivale m'incommode et le charme de Londres me manquerait.

La belle fit la liste des pays qu'elle avait visités. Elle semblait aussi aventurière et curieuse que lui. Par contre, le Comte tiqua à l'évocation de son "ami". Il comprit qu'elle parlait de son majordome, ce Michaël. Quelle était donc la nature de leur relation ? N'était-il donc pas un simple domestique ? Elle l'avait même invité à les rejoindre à table chez l'Architecte. Peut être que son statut était en réalité bien plus compliqué que ce qu'il y paraissait ?

- Hmm...Fait-il partie de votre famille ? Demanda le Vampire en lui indiquant le majordome d'un petit coup de tête. J'ai l'impression que vous ne le traitez pas comme le domestique qu'il semble être. Je suis intrigué...

Et jaloux. Jirômaru n'aimait pas l'idée que cet homme vive avec elle et voyage à ses côtés. Ce n'était pas sain. Faisait-elle donc si peu cas de sa réputation ? Ne pouvait-elle pas se trouver une amiE ? Et puis, il ne supportait guère le mélange des classes sociales. Si cet homme était de caste inférieure à la belle, pourquoi le traitait-elle parfois comme son égal ?
Jirômaru n'insista pas sur ce sujet, car il l'irritait. Il préférait poursuivre leur entretien sur la flatterie et les douceurs plutôt que de s'engager dans de nouveaux méandres indélicats ou du moins pénibles.

- Laissez donc les imbéciles exposer leurs plus beaux livres pour jouir de leurs couvertures dorées et acceptez que les autres veuillent les ouvrir pour les découvrir autrement. La métaphore filée fonctionnait bien avec Katherine. J'ai envie de vous connaître, Katherine. J'espère que partager nos lectures nous rapprochera...Il lui frôla la main.

Katherine évoqua ensuite l'incident au bal de Sarah, ce qui raviva chez elle quelques douloureux souvenirs. Elle s'excusa et le Comte la soutint à nouveau. Standfor avait intérêt à ne plus la déranger s'il tenait à sa misérable vie. La belle fut gênée de savoir qu'il était intervenu après son départ des chez les Spencer. Jirômaru la rassura :

- Ne vous inquiétez pas, Katherine. Je l'ai certes menacé mais cela ne nuira pas à ma réputation. N'est-il pas normal qu'un metteur en scène défende son actrice fétiche ? Standfor n'a qu'à bien se tenir s'il ne veut pas un procès ! Enfin, une épée dans le coeur surtout, mais cela Jirômaru se retint de le dire. Je déteste ce genre d'homme qui se croit tout permis sous prétexte que vous lui plaisez !

Il avait tout de même osé la forcer, en pleine réception, et crier au scandale quand elle s'était défendue. Bien sûr, le Comte lui-même avait déjà forcé de nombreuses jeunes personnes, et même violé, c'était donc l'hôpital qui se moquait de la charité...mais Standfor l'avait fait en public et cela touchait à la réputation de sa pièce.

- Tant mieux si vous ne l'avez pas revu. N'hésitez surtout pas à m'informer s'il revient vous tourner autour. Je me ferai un plaisir de le...,enfin de le calmer.

Le Comte était connu pour ne rien laisser traîner quand il s'agissait d'honneur. Il pratiquait encore le duel, même si cela était rare, d'autant que ce genre de pratique commençait à être interdite un peu partout. Récemment, il avait "tué" le baron d'Arlington en plein bal, après que celui-ci avait humilié Ludwig Zwitter, son protégé. Le baron, qui était un Vampire, avait dû disparaître de la société pour prendre une nouvelle identité. A provoquer le Prince de la ville, il n'avait eu que ce qu'il méritait. Cette fois, il s'agissait de l'honneur de Katherine, et également du sien en tant que réalisateur. Et puis, il était hors de question de laisser qui que ce soit forcer une femme qu'il convoitait lui aussi.

- Vous avez eu raison de vous défendre. Cela lui apprendra à ne pas respecter les femmes. Son regard se fit plus dur. Il a de la chance que je n'étais pas là au moment des faits et que je ne sois arrivé qu'après coup.

Jirômaru pouvait être une véritable ordure mais lorsqu'il s'agissait de ses protégés, il ne laissait rien passer. Katherine devait l'intégrer : désormais, elle était sous sa protection. Il se moquait de sa réputation passée mais se souciait de la présente et de la future.

- Vous êtes une vraie tigresse...fit-il en riant un peu. J'espère ne jamais mériter votre morsure !

Vinrent enfin les douceurs qu'ils espéraient tant. Le Comte se leva et vint caresser les cheveux et le cou de Katherine. Cette dernière se laissa faire, appréciant visiblement ce soudain rapprochement physique et ces tendresses. Elle le provoqua encore et Jirômaru l'embrassa à plusieurs reprises dans la nuque. Leur petit jeu devenait parfaitement délicieux.
Mais cet instant hors du temps fut brisé par la découverte de la morsure qu'elle portait. L'ironie du sort frappa le Vampire qui se stoppa net. Sa question empêcha la belle de l'embrasser comme elle semblait vouloir le faire. Jirômaru l'écouta donc lui expliquer à quoi étaient dues les marques qu'elle portait. D'après elle, ce n'était pas un animal...et il était "comme elle", comme celle qui l'avait mordue.

- ...Comme elle ? Jirômaru fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ?

La surprise se peignit bientôt sur son visage d'albâtre tandis qu'elle glissait sa main dans ses cheveux et lui caressait la joue en lui murmurant qu'elle connaissait sa véritable nature.
Le Comte ne réagit pas vraiment et se laissa faire, figé comme une statue, dévisageant cette femme devenue à ses yeux une menace à éliminer. Il préférait attendre de voir jusqu'où elle allait lui confier son passé et ce qu'elle avait découvert sur lui plutôt que de la tuer sur le champ. Il était extrêmement déçu de la tournure que prenaient les événements. Allait-il donc devoir changer d'actrice ? Quelle plaie !

Rapidement, le grand Vampire grimaça. Il voulut se détourner de la jeune femme mais elle se leva et le retint. Il la laissa lui caresser le menton et s'accrocher à son cou. Encore une fois, il ne réagit que peu. Il se contenta de la fixer de ses yeux d'ardoise. Il cherchait dans les siens la vérité et tâchait de définir ses intensions.
Katherine lui raconta que c'était sa propre mère qui l'avait mordue dans sa jeunesse et qu'elle l'avait utilisée comme calice. Apparemment, la Vampire se nourrissait d'enfants et de nourrissons. Sa fille l'avait tuée avec un coupe-papier pour se défendre. Cette même mère qui avait une âme d'artiste était capable de telles horreurs...
Jirômaru resta muet face aux larmes de la belle. Son visage, devenu marbre, était celui d'un homme qui se retrouvait face à un carrefour. Quel chemin allait-il prendre ? Fallait-il tuer Katherine ? Ou devait-il la laisser vivre et ainsi prendre le risque qu'elle ne dévoile sa nature en public ?

L'actrice l'embrassa à plusieurs reprises. Elle lui demanda son avis, le visage peu à peu baigné de larmes. Elle était visiblement traumatisée par son passé mais aussi pleine de culpabilité d'avoir tué sa génitrice. Elle ne savait pas si elle avait eu tort ou raison d'agir de la sorte.
Jirômaru soupira et la repoussa doucement. Il la tint par les deux bras et la força à le regarder dans les yeux. Il hésita. Son regard glissa sur son cou, puis revint dans l'océan de ses yeux.

- Vous avez eu raison de la tuer, Katherine. Son ton fut ferme. Un Vampire qui ne se contrôle pas et va jusqu'à se nourrir d'enfants ne mérite aucune compassion, quand bien même était-ce votre mère.

Le Comte prit ainsi le parti de ne pas nier sa nature et de ne pas lui demander comment elle l'avait devinée. Il accepta la situation telle qu'elle était et choisit de s'accorder le temps d'y réfléchir plus tard.

- Vous pouvez me faire confiance, fit-il en esquissant un pâle sourire. Mais...puisque vous savez que je suis comme votre mère, un Vampire, je devrais vous terrifier...Ne me craignez-vous donc pas, Katherine ?

Comment, après un tel traumatisme, avait-elle accepté de le fréquenter et même de le charmer, alors qu'elle avait deviné sa nature ? C'était très surprenant. Jirômaru était prêt à la laisser vivre, encore fallait-il qu'il en sache davantage si elle souhaitait obtenir sa confiance.

- Pourquoi m'inviter si vous saviez que je risquais de vous tuer ? demanda-t-il avec une inflexion plus grave dans la voix. Vous me laissez entrer et acceptez même que je me glisse dans votre cou...Avez-vous conscience que je pourrais avoir envie de goûter à votre sang moi aussi ? De vous soumettre, de vous faire mienne, de vous transformer même ?

Il la tira à lui et l'embrassa sauvagement, comme un amant qui n'en pouvait plus d'attendre son consentement et se laissait porter par la passion qu'elle lui inspirait. Ses mains lâchèrent les bras de la belle et lui attrapèrent la taille pour la presser contre lui. Son baiser fut long et brûlant. Enfin, détachant lentement ses lèvres des siennes, le Vampire la fixa dans les yeux et entra dans son esprit.
Du point de vue de Katherine, cela pouvait ressembler à une vague de froid qui engourdissait son cerveau. Du sien, il franchissait d'infimes barrières au sein d'une structure mêlée de mots et d'images qui défilaient.
Le Comte n'alla pas très loin, car il se heurta bien vite à une étrangeté qu'il n'avait encore jamais croisée au fil de sa vie : un paysage d'herbes folles, deux paires d'yeux inquisiteurs, une brume soudaine et une voix qui résonne au fond d'un val invisible, lui criant de partir.
Revenant au coeur de la réalité, le Vampire leva un sourcil et considéra la jeune femme avec étonnement. Qui était-elle réellement ? Maîtrisait-elle une certaine forme de magie, comme Sarah ?

- Vous aussi, vous possédez des secrets...fit-il l'air intrigué. Vous ne m'avez pas tout dit, Katherine...Puis-je vous faire confiance, moi aussi ?

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Katherine Thornes
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Voilà quelque chose qui la chagrinait. Le Comte avait beau être terriblement charmant et intelligent, il était au final le même que tous les autres hommes du gratin londonien, pourvu que les femmes ne se mettent pas trop à réfléchir, cela pourrait leur donner des idées. Grinçant des dents, elle refreina son envie de lui rentrer dedans, de lui faire comprendre qu’il était tout particulièrement déplaisant en cet instant et qu’une femme, même si elle est plus faible qu’un homme, était tout aussi capable de réaliser des exploits. Elle en était le parfait exemple mais à contrecœur elle ne put se résoudre à lui cracher à la figure qu’elle arrachait le cœur de ses amants aux Longues-Dents. Le Comte sembla se rattraper. Il réussit à apaiser le cœur de la jeune femme et elle entendit sa réflexion :

- Je m’excuse à mon tour, je ne voulais pas vous paraître désagréable. C’est un sujet de société qui me tient à cœur. Je comprends votre point de vue même si la triste vérité me chagrine un quelque peu. Elle finit par lui adresser un beau sourire, balayant ainsi toute animosité.

Les compliments de l’aristocrate lui allaient droit au cœur. Comment ne pas être touchée alors qu’elle avait devant elle un metteur en scène de renom ? Alors qu’il présentait les pièces les plus acclamées dans tout Londres ? Alors qu’il embauchait les meilleurs artistes : acteurs, costumiers, bijoutiers, musiciens et bien d’autre pour le représenter ? Avec un sourire, la demoiselle s’inclina un peu et soupira :


- Je ne peux qu’accepter vos compliments dans ce cas. Sachez qu’ils me touchent profondément, je suis ravie que mon jeu ait trouvé grâce à vos yeux. Je ferai en sorte de ne pas vous décevoir.

Le sujet dériva sur son domaine et le manque de soin apporté à la décoration. Elle ne s’était jamais réellement préoccupée d’une telle chose. Pour elle les choses allaient et venaient. Katherine ne voyait plus d’intérêt à s’occuper de telles choses quand le malheur secouait encore le monde. A quoi bon partir à la chasse du plus beau meuble Louis XVI si c’était pour mourir un jour ? Seuls les peintures restaient en son cœur et les sculptures. Elle évoqua par ailleurs les œuvres de sa mère et répondit :

- En effet, lorsqu’elle avait le temps elle installait son chevalet, mélangeait les couleurs, on aurait dit de la magie. De ses doigts, elle arrivait à donner vie à ses idées. Les corps devenaient animés, les couleurs chatoyantes. J’en ai ces souvenirs-là, peut-être sont-ils biaisés avec le temps. Je ne me rappelle plus du son de sa voix. Cela sera avec plaisir de vous faire visiter mais je souhaite vous prévenir en avance, la plupart ne sont pas exposées, seulement entreposées.

Au sujet des voyages, le Comte avait visité de nombreux endroits et cela l’intriguait. Elle aimait grandement découvrir de nouveaux horizons, apprendre des autres, appréhender des cultures différentes et toucher du bout des doigts une partie de l’Histoire dont elle ne faisait pas partie. Elle trouvait toujours fascinant à quel point les êtres pouvaient vivre, penser, décider, aimer et mourir indépendamment les uns des autres. Que Jirômaru ait une vie c’était indéniable mais c’était d’autant plus perturbant de réaliser qu’il avait lui aussi des sentiments, des envies, des rêves, qu’il percevait ses émotions et qu’il en ressentait, qu’il avait été un jour un enfant probablement aimé par ses parents, qu’il avait grandi, nourri quelques aspirations avant de devenir celui qu’il était en ce jour. Un sourire étira délicieusement ses lèvres et elle se risqua à lui susurrer :

- Avec plaisir, si je reçois votre invitation… J’ai peur que le corbeau se perde en chemin… Elle rit un peu et secoua la tête : Ce n’est rien. Je suis patiente, j’attendrai ne vous en faites pas. Vous hébergez un cousin, c’est charmant de votre part.
Approchant sa main de la sienne, la comtesse se risqua à caresser ses doigts pour lui apporter son soutien, aussi léger et futile soit-il.

- C’est une bien triste histoire. J’ignore si vous avez souffert de leur absence mais j’aimerais que vous sachiez que vous n’êtes plus seul aujourd’hui… Qui vous a élevé si ce n’est pas trop indiscret.. ?

Si ce n’était pas particulièrement vrai pour elle, elle le savait plutôt bien entouré et cette jeune femme, Ambre, paraissait tout aussi proche de lui que l’était Michael à ses yeux. Elle fit mine cependant de désirer partager un bout de chemin avec lui. Katherine savait ce qu’était la solitude. Elle l’avait toujours été profondément dans son cœur, seuls les récents évènements et notamment la présence d’Alexender à ses côtés la faisaient se sentir mieux et entourée.
Relevant les yeux à l’évocation des pays de l’Est la jeune femme s’interrogea sur ce qu’il en avait pensé et fut un quelque peu étonnée.

- Oh, eh bien je suppose que vous avez raison. Si le cœur vous en dit, il me serait bien agréable de vous initier à ces cultures qui vous paraissent lointaines… Ayant grandi dans ce mélange de cultures, je n’en suis pas bien étonnée, bien au contraire.

Ils évoquèrent par la suite l’Italie, un pays qui les avait tous les deux séduits. Katherine ne put s’empêcher de sourire à l’évocation du climat italien. Il était évident que pour un vampire le soleil cuisant était bien plus qu’inconfortable. Elle se rappelait sa peau de nacre qui se tannait au soleil et de certaines rougeurs qui lui étaient apparues au niveau des joues. De toute évidence, c’était un pays meurtrier pour celui qui craignait la lumière du soleil.
Le vampire sembla s’intéresser à Michael, qu’il évoqua d’un geste de la tête. Apparemment, l’appellation d’ami l’avait profondément troublé et elle ne put s’empêcher de déceler en lui, tout comme en Alexender, une pointe de jalousie mal placée. Cela l’amusait d’autant plus qu’ils le traitaient tous comme un vulgaire domestique.


- Non, mais c’est tout comme, lui répondit-elle avec un regard et un petit sourire joueurs. Michael est Hongrois, tout comme l’était ma mère. Il fait partie d’une riche famille de la Cour et c’est un de nos plus précieux amis. C’est un noble contrairement à ce qu’on pourrait penser de lui. J’ai grandi et évolué à ses côtés. Il m’a accompagnée partout où je suis allée et il continuera sûrement à le faire. Il a mis de côté sa fierté et son honneur d’aristocrate afin de garder un œil sur moi et veiller à ce qu’on ne me fasse pas de mal. Sa présence n’était pas gênante dans notre pays mais j’ai le sentiment qu’ici les choses sont différentes. Je ne suis pas encore bien au fait de toutes les coutumes anglaises… Elle fit une petite pause et continua : alors il est évident que je ne le traiterai jamais comme un simple domestique et je refuse qu’on le considère comme tel même si la condition de domestique n’est pas une honte mais la preuve d’une autre expérience de vie.

Doucement la jeune femme se mit à rougir. Elle aurait aimé qu’Alexender lui adresse ces quelques mots, qu’il tente de la charmer comme le faisait Jirômaru. Baissant un peu les yeux, comme intimidée, elle répondit sagement :

- Je partage le même désir Jirômaru. Je souhaiterais voir au-delà de ce que vous voulez bien montrer… j’en suis certaine… les doigts du vampire sur les siens la firent frémir. Elle se mordit l’intérieur de la jour et fit bouger ses doigts contre les siens.

Surprise, Katherine papillonna un instant des yeux. Ainsi le Comte avait pris sa défense alors qu’ils ne se connaissaient encore que très peu. Il avait beau être un vampire il semblait posséder en tout cas des valeurs qui étaient celles de la belle. Michael, au loin, fut tout autant surpris que la demoiselle. Au moins, d’après ses allégations, le Comte ne semblait pas homme à forcer les jeunes femmes, voilà un point rassurant. Soucieuse, Katherine fronça les sourcils et et afficha une mine inquiète :


- Je… je vous avoue que je ne sais pas. Je n’ai pas pour habitude que l’on prenne ma défense et je crains qu’on ne parle désormais sur votre dos par ma faute, Jirômaru… Je ne souhaite pas que cet incident vous fasse de l’ombre ou que l’on critique vos fréquentations. Je sais ce que l’on raconte sur moi, je vois les regards et j’entends les commérages, je ne suis pas encore aveugle et je crains que cela n’entache votre nom. Elle lui sourit timidement et secoua la tête : Je pense qu’il ne m’importunera plus, rassurez-vous… Je le ferai, merci.

Son regard était doux. La jeune femme était visiblement émue de ce qu’il était prêt à faire pour elle. Cela la dissuadait presque de mener à bien sa mission. Le vampire était doté d’une part d’humanité très touchante. Son implication était particulièrement appréciable et elle lui répondit gentiment :

- Je ne pense pas que cela le dissuadera de recommencer avec d’autres mais peut-être qu’avec moi ce sera le cas. Elle rougit un instant à l’évocation de sa morsure et répliqua : Oh vous ne pensez pas si bien dire. Elle reprit un peu contenance et se pencha vers lui : J’aurai pourtant espéré que vous attendiez une de mes morsures…

Ce qu’elle venait de dire allait au-delà encore de l’indécence et cela lui plaisait. Bien sûr qu’elle mordait en amour, elle était même prête à tuer si cela lui plaisait. Et elle pouvait mordre encore plus fort si elle se laissait complètement aller…

Le Comte se déplaça et se glissa dans son dos. Ses lèvres contre sa peau la firent rougir et frémir. C’était délicieux. La lycanthrope était particulièrement friande de ces démonstrations de tendresse. Ses doigts se posèrent dans ses cheveux tandis qu’il se permettait la découverte de sa nuque, humant son parfum et profitant de la douceur de sa chaire. Ses baisers la ravissaient, il fallait qu’il s’arrête s’ils espéraient encore pouvoir profiter du dîner. Au lieu de ça elle était prête à se donner immédiatement et tant pis pour les mignardises.

Elle se figea cependant lorsqu’il évoqua sa cicatrice. Bien évidemment qu’il avait fini par la voir, elle n’était ni belle ni correctement soignée. Sa mère n’avait pas fait dans la dentelle et les premières fois avaient été les plus assassines si bien qu’elle avait dû rester couchée plusieurs jours. Le cœur battant à tout rompre elle leva les yeux vers lui. Elle ne voulait pas parler d’elle, elle ne voulait pas se rappeler de ces instants mais il était inutile de lui mentir et il était tout aussi inutile de lui cacher qu’elle savait. Avec ce qu’elle avait vécu, elle reconnaitrait n’importe quel vampire dans le creux de son cou. Tentant le tout pour le tout, elle lui révéla ce qu’elle savait. Ou du moins une partie et feignit l’innocence. Tout en se levant, elle lui raconta les derniers instants terribles qui avaient fini de briser son enfance. Cet acte odieux qui l’avait bousculé de l’autre côté du miroir. Après tout, avait-elle déjà été insouciante ? A chaque mot qu’elle prononçait son cœur dérapait, s’arrêtait ou repartait de plus belle. Et puis, elle voulait savoir. Que faisait-il de ceux qui savaient ? Continuerait-il à la voir ? Voudrait-il toujours d’elle ? Ou bien tentera-t-il de la tuer ? Michael avait presque cessé de respirer à son tour. D’un geste de la main il tâta le Bloody Rose sous sa veste. Katherine était surprenante et terrifiante. Le Comte l’était encore plus. Il la voyait au loin toucher sa peau d’albâtre, accrocher ses lèvres des siennes dans l’espoir qu’il lui apporte du réconfort. La jeune femme paraissait désœuvrée, déstabilisée. Le vampire restait de marbre. C’était terriblement frustrant pour Katherine qui avait espéré plus de réaction de sa part. Du réconfort ou du dégoût, peu lui importait. Soit leur relation allait devenir plus étroite soit elle s’arrêtait ce soir, et si c’était le cas elle était prête à le tuer. Repoussée, la jeune femme releva ses yeux vers lui. Ses larmes laissaient apparaître sa détresse. Elle était au fond véritablement malheureuse, au-delà de tout ce qu’on pouvait croire, Katherine était une femme qui pleurait beaucoup lorsqu’elle était seule. Le cœur douloureux de se rappeler de tels souvenirs, elle se figea un instant, tenta d’essuyer ses yeux mais il lui tenait les bras, la tâche était plus ardue. Le bleu de ses iris ressortait d’autant plus dans la détresse et ses cils mouillés étaient d’un noir d’encre. Ses mots la captivèrent. Bien sûr qu’elle avait eu raison, tous les vampires méritaient de mourir mais avait-elle eu raison de devenir la main de Dieu ? De prendre elle-même la décision d’ôter la vie ou la mort ? Un instant elle plongea ses prunelles dans les siennes et un poids s’enleva de son cœur. Heureusement qu’elle pouvait lui faire confiance ahah !

- Me terrifier .. ? Répéta-t-elle doucement. Pourquoi ? Tous les vampires font-ils la même chose ? Vous venez de me dire que ce qu’elle a fait est intolérable, je suppose donc que vous n’êtes pas aussi lâche. Ma mère ne me terrifiait pas, pas au début, je l’aimais. J’aurais tout fait pour trouver grâce à ses yeux, pour qu’elle m’aime enfin. Elle sourit tristement. Je vous crains comme je crains chaque homme, Jirômaru. Mais pas plus qu’un autre. C’est peut-être de l’inconscience mais ce que vous m’avez montré me laisse penser que vous êtes meilleur qu’elle. Avant d’être Vampire, elle était humaine après tout…

Les mains finalement tremblantes elle les posa sur les avant-bras du vampire et rougit d’autant plus. Ses paroles ressemblaient plus à une attaque qu’à de véritables questions. Elle prit soudainement conscience de la différence de taille entre eux deux. Il était immense et elle n’était pas plus grande qu’une enfant à ses yeux. Ses mots la blessèrent. De toute évidence il venait d’ôter son masque de séducteur pour montrer celui qu’il était vraiment. Pensait-il réellement à la tuer, à la violer ou même à la transformer ?

- Je… tenta-t-elle.

Mais avant même qu’elle ait pu lui répondre quoique ce soit elle se retrouva brutalmeent attirée à lui. Ses lèvres plaquées contre les siennes, elle encaissait chacun de ses baisers. Les bras libérés elle remonta ses mains pour toucher ses bras, son torse et enfin se glisser autour de son cou. Son corps se pressait au sien. Leur étreinte était étonnante, farouchement sauvage. Elle en était presque terrifiante. Elle prolongea l’un des baisers en lui mordant la lèvre inférieure, l’empêchant ainsi de le rompre trop tôt. Pensait-il pouvait faire comme Alexender ? lui faire vivre des montagnes russes sans qu’elle n’ait son mot à dire ? Il la désirait ? très bien, elle aussi. Il doutait de la confiance qu’il pouvait lui portait, elle aussi, d’autant plus qu’elle avait prévu de l’éliminer. Son corps s’emplit de désir pour lui, et puis tant pis ! Alors qu’elle pensait pouvoir reprendre sa respiration elle ne s’attendit pas à ce qui allait suivre. Ses yeux croisèrent les siens et aussitôt une vague de froid envahit son esprit. Elle se tétanisa incapable de penser, incapable de bouger. Elle n’avait plus de volonté propre et sa tête entière semblait geler sur place. Puis son engourdissement s’estompa. Sous le choc de ce qu’elle venait de vivre, à l’image d’une de ses paralysie nocturne, Katherine releva ses yeux vers lui. Elle tremblait et ses jambes ne la portaient plus. Lentement elle s’affaissa contre lui et souffla :

- Qu’est-ce que vous…

Puis la réalité la rattrapa comme un fracas. Il lui semble tout d’abord se noyer, passer sous les roues d’un fiacre, martelée par les sabots d’un cheval ou d’un troupeau, elle n’aurait su le dire. Elle porta instinctivement les mains à sa tête et gémit contre lui. Les entités s’étaient réveillées et Katherine faisait face à un concert de voix révoltées. Elle ne comprit pas tout de suite ce que lui disaient Raïna et Syrya. Tout était encore bien confus et brouillon d’autant plus que leur agitation lui causait une terrible migraine.

*****

- Partir.
- Il…
- Non !

*****

Essoufflée, Katherine s’accrocha à la chemise du Comte.

*****

- Taisez-vous ! Laissez-moi respirer ! J’étouffe.
- Katherine, il est entré.
- Entré ?
- Entré et il a essayé de voir.
- Il n’a pas vu.
- Il n’a pas vu quoi ?!
- Tes pensées.
- Il a voulu lire en nous.
- Mais peut-être qu’il sait.
- Qu’il sait quoi ?
- Ce que tu es.
- Impossible.
- Attention.
- Il ne doit plus entrer.
- Tuer
- Mourir, oui.
- Je suis fatiguée…

*****

La jeune femme releva les yeux vers le vampire et souffla :

- Vous êtes entré dans mon esprit .. ? Sa gorge se noua. C’était horriblement frustrant et humiliant. Une grimace déforma son visage. Vous auriez pu me prévenir.

L’expérience était plus que traumatisante. Elle ne savait pas ce qu’il avait vu et elle semblait vidée de toute énergie. Jamais encore elle n'avait subi un tel assaut d'un vampire. Jamais encore elle ne l'avait laissé la toucher aussi loin dans son être. Elle se sentait trahie, salie.
Ses joues se colorèrent, bien sûr qu’elle ne lui avait pas tout dit. Qu’espérait-il ? Qu’elle allait tout lui servir sur un plateau en argent ? La gorge nouée, elle posa sa main sur la sienne. Elle mit quelques secondes avant de relever le visage et de lui offrir un beau sourire :


- Bien sûr, comme tout le monde. Si je ne garde pas un peu de mystère, n’en seriez-vous pas ennuyé.. ? Vous savez, certains secrets ne se révèlent qu’à ceux qui savent les mériter. Elle leva la main pour caresser sa joue tendrement : C’est à vous de voir, Jirômaru, souffla-t-elle tout bas. Mais j’ai envie de vous dire oui…

La lycanthrope se glissa sur la pointe des pieds et baisa son cou à son tour. Ses mains le poussèrent fermement vers la table jusqu’à ce qu’il la percute. Outrageusement elle glissa une de ses jambes entre les siennes, se pencha, sa poitrine se pressant contre son torse, dévoilant plus encore ses formes généreuses et d’une main elle attrapa son verre. Elle porta l’alcool à ses lèvres et reprit :

- Vous ne m’avez pas laissé le temps de vous répondre… Mais je dois bien avouer avoir apprécié votre baiser. Tout ce désir… Elle appuya un peu plus sa cuisse contre lui. Je vais être honnête avec vous, Jirômaru. Je n’étais pas sûre de ce que vous étiez avant que je vous invite ici. Je nourrissais des doutes mais vos baisers dans mon cou, cette proximité m’en a convaincue. Et je n’ai jamais pensé que vous me tueriez. J’ai conscience de votre désir envers mon sang, surtout après avoir vu les morsures mais je pense aussi que vous êtes capable de vous retenir, à l’inverse de ma génitrice. Mais dans tout ça, il est hors de question que vous me soumettiez.

Elle le lui avait déjà dit, les hommes ne la possédaient pas, elle en faisait le choix.
Son souffle était brûlant contre ses lèvres. Elle se plaisait de cette proximité délicieusement sauvage.


- Si vous avez encore un peu de respect pour moi, j’ose espérer que vous ne feriez pas tout ça…


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Comte Keï
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeSam 24 Aoû - 23:55



RP réalisé en accord avec Katherine.
Attention, il comporte une scène à caractère sexuel.


L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

" Goûte-moi que je te goûte,
Goûte-nous, dégoûtons-nous. "


Katherine était flattée par les nombreux compliments du Comte et semblait follement apprécier leur échange de courtoisies. Elle rougissait, hésitait parfois, et c'était charmant. Jirômaru ne cessait de chercher à lui plaire et de la rassurer. La belle acceptait ses douceurs, mais craignait visiblement de le décevoir, notamment en tant qu'actrice.

- Comment pourriez-vous me décevoir ? Le sourire de Jirômaru se fit plus enjôleur. Nous n'en sommes qu'aux répétitions et je vous adore déjà...murmura-t-il avec une certaine passion dans la voix.

La belle évoqua sa mère avec amour et admiration. Son art lui plaisait de toute évidence et elle avait conservé ses toiles. Cependant, elle avoua que celles-ci étaient surtout entreposées et non pas exposées aux murs de son domaine. Le Vampire songea qu'elle n'avait tout simplement pas pris le temps de s'en occuper, puisqu'elle lui avait expliqué qu'elle délaissait la décoration de son domaine, du moins pour le moment. Peut-être n'avait-elle tout simplement plus de place sur les murs ? Harmoniser un intérieur n'était pas donné à tout le monde.

- Oh, je vois...Ne vous inquiétez pas. Je suis curieux mais je ne voudrais surtout pas perturber vos rangements et vous astreindre à retourner votre demeure pour me montrer quelques tableaux.

Discuter de voyages fut plus grisant que de parler littérature. Ce thème apportait une part de rêve, une envie de découverte plus intense qu'à travers les pages d'un ouvrage. Jirômaru prit plaisir à donner à la jeune femme sa vision du Japon et elle l'écouta, les yeux brillants de curiosité.

Lorsqu'il lui raconta qu'il avait perdu ses parents dans sa prime jeunesse, Katherine fut compatissante. Ses doigts fins touchèrent les siens en un geste délicat. Elle était vraiment délicieuse. Par contre, sa question au sujet de ceux qui l'avaient élevé gêna le Vampire. Il ne pouvait pas décemment lui dire que Matosaï, celui qui l'avait transformé, avait par la suite été son seul "soutien" mais aussi son pire tortionnaire. Il ne pouvait pas lui révéler qu'il s'était bâti seul jusqu'à sa morsure, l'année de ses 27 ans, puis qu'il avait subi tant de tourments, pourchassé par son créateur, poussé à la faute au point de chercher la mort libératrice qui ne devait jamais venir. Depuis cette époque, il n'avait pas vieilli.
Par contre, il s'était transformé. Le Don avait allongé son corps et blanchi sa peau. Ses cheveux étaient tombés et avaient repoussé blancs. Ses yeux s'étaient délavés et plus rien de ce qui avait fait de lui un samouraï du temps d'Edo n'avait subsisté, si ce n'étaient ses yeux légèrement étirés et son menton gracile.

- Je...Il hésita, visiblement perturbé par sa demande. Des amis de mes parents m'ont élevé et je suis passé de mains en mains. Je ne me souviens pas de tout. J'ai été emmené en France puis en Angleterre où j'ai vécu la plus grande partie de ma vie. Je n'ai pas l'air vieux, Katherine, mais j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies...Ce n'était pas qu'une impression, évidemment, mais il n'allait certainement pas lui apprendre sa nature vampirique.

La conversation s'orienta sur Michael et son statut ambiguë. Il était clair que cet homme comptait pour la jeune actrice et qu'elle ne le traitait pas comme un domestique classique. La belle Hongroise lui exposa les origines du majordome et leurs liens étroits. Jirômaru fut surpris d'apprendre ainsi que Michael venait de l'aristocratie hongroise et qu'il suivait Katherine depuis des années, veillant sur elle comme le ferait un mari, ou un amant. Sans doute partageaient-ils la même couche régulièrement. Cela n'aurait rien d'étonnant, surtout de son point de vue à lui qui multipliait les amant.e.s et les plaisirs charnels.
Cependant, il ne pouvait s'empêcher de trouver étrange que cet homme, issu d'une caste supérieure, se comporte comme un serviteur et non réellement comme l'ami que Katherine décrivait. Pourquoi était-il donc toujours en retrait, dans son ombre, et non à ses côtés ? Pourquoi la servait-il au lieu de laisser d'autres individus gérer les affaires habituellement laissées aux soins des domestiques ? C'était étrange. Finalement, il avait la place que ses disciples occupaient pour la plupart.

- Je ne me doutais pas une seconde que cet homme puisse être celui que vous me décrivez, ma chère, fit-il en jetant à nouveau un regard à Michael. Ce dernier restait en retrait à l'intérieur de la demeure et attendait que l'on ait besoin de ses services. Pourquoi n'a-t-il donc pas été présenté à la société en tant que "notre" égal ?

Cette idée fit grincer des dents le Vampire qui ne pouvait s'empêcher de penser que sa place devait rester celle du petit chien qui suivait sa maîtresse plutôt que de risquer de lui donner davantage d'importance. Cela n'aurait pas arrangé ses plans. A ses yeux, qu'il conserve son rôle de majordome était bien mieux et il était loin de partager l'opinion de Katherine, à savoir que les hommes de classes dites "inférieures" faisaient simplement "une autre expérience de la vie". Non.
Pour lui, la naissance était presque sacrée, comme si elle déterminait à l'avance ceux qui méritaient de vivre dans les hautes strates et condamnait les autres à se soumettre à ces derniers. Lui-même était l'héritier d'une grande famille de la noblesse japonaise et avait été proche de l'empereur. Il considérait que ce n'était pas là un privilège mais bien un devoir et un signe du destin que d'être né ainsi. Il ne croyait que peu aux dieux et autres messies inventés de lieu en lieu, de peuple en peuple, mais il remettait sa vie entre les mains du Destin. Si certains naissaient parmi les rois et d'autres parmi les misérables, c'était pour écrire une des pages de ce grand livre des destinées.

- Disons que s'il agit comme un domestique et demeure dans votre ombre, sans vouloir vous offenser, il ne pourra jamais s'attendre à être considéré comme autre chose qu'un simple majordome.

Malgré ses intérêts dans cette histoire, Jirômaru refusait de mentir à la jeune femme concernant le statut de son "ami" aux yeux de la communauté anglaise.

- Il me fait penser à miss Ghrianstad...murmura-t-il en se forttant le menton dans sa réflexion. Vous voyez de qui je parle, n'est-ce pas ? Elle nous accompagne au théâtre. C'est une amie de longue date et nous sommes souvent ensemble. On pourrait nous croire mariés, ah ah ! Elle a tendance à me considérer comme son mentor, et donc à adopter une position ambiguë quant à son véritable rang. Je tâche de la guider au milieu des requins qui nous environnent et de la pousser à l'autonomie. Elle aussi est une étrangère. Vous avez dû entendre son accent irlandais.

Ambre était déjà autonome et portait son véritable rang en société, ce n'était pas le même cas de figure que Michael. Elle était néanmoins souvent silencieuse et en retrait, ce qui la desservait.

Lorsqu'il fut question du bal de Sarah, la conversation devint plus houleuse. Tout naturellement, l'évocation de Standfor agaça le Comte. Celui-ci éprouvait encore une haine farouche envers cet impertinent. Katherine semblait elle-même touchée par cette histoire et fut apparemment agréablement surprise, tout autant qu'embarrassée, de savoir que Jirômaru avait pris sa défense. Elle craignait pour la réputation du lord.

- Allons, Katherine, pensez-vous sérieusement qu'un tel fanfaron pourrait entacher ma réputation ? Il sourit, amusé par les inquiétudes de la belle. Je suis comte de Scarbourought, membre de la Chambre des lords, précepteur de sa Majesté...Jirômaru pencha la tête sur le côté, comme un fauve observe une proie facile. Croyez-vous que ce freluquet fasse le poids ? Il rit franchement. Et puis, je suis le metteur en scène le plus redouté des duels de la région...ah ah ah !

Le Comte se vantait volontiers en société et n'hésitait pas à remettre à leur place les crétins qui le provoquaient. Mais c'était la première fois qu'il alignait ainsi ses titres et rôles au sein de la société anglaise en plein rendez-vous galant. D'habitude, il évitait ce genre de forfanterie. Ce soir, il voulait simplement que Katherine se sente rassurée et qu'elle comprenne que s'il décidait que nul ne lui porterait préjudice alors personne ne le pourrait.

- Ayez confiance, ma douce. Il ne vous importunera plus.

Il lui fit un baise-main plus long que les précédents, d'autant que Katherine rebondissait maintenant sur la "morsure" qu'elle avait offerte à Standfor et que le Comte "espérait" ne pas mériter. Elle fut....piquante.

- Oh...Il faudrait peut-être que je cherche à la mériter finalement...répondit-il en affichant un sourire coquin.

Le Vampire s'approcha d'elle, encore, et entreprit de franchir d'autres limites pour voir jusqu'où la belle Humaine serait prête à le suivre. Avait-elle envie de lui comme il avait envie d'elle ? Désirait-elle qu'il continue ces caresses, ces doux compliments et ces baisers qui se faisaient de plus en plus passionnés dans son cou ?

*************

Mais Katherine portait une morsure de Vampire.

Et la belle lui avoua soudainement qu'elle connaissait sa nature.

Le choc de cette révélation fut rude.

Ces instants de douceur furent suspendus et jetés en équilibre au-dessus du vide.
L'abysse s'ouvrit à leurs pieds.

Allaient-ils y sombrer ?


*************

Jirômaru tomba des nues. Katherine connaissait donc sa véritable nature !? Depuis quand en avait-elle conscience ? Comment l'avait-elle devinée ? Avait-il un traître parmi les siens ? Des centaines de questions découlaient de cette situation.
Figé par cette information inattendue, le grand Vampire se retrouva face à une myriade de chemins à analyser. Il devait désormais choisir lequel emprunter. La plupart d'entre-eux faisaient disparaître la belle actrice. Il se voyait la dévorer et abandonner son cadavre sur cette terrasse. Il s'imaginait la prendre avant de lui briser la nuque entre ses mains de géant. Avait-elle seulement conscience de la force dont sa nature l'avait doté ? Que savait-elle réellement des Vampires ?
Jirômaru apprit alors que Katherine avait subi les assauts de sa propre mère. Ainsi avait-elle connu son premier Vampire. Son histoire était affreuse, comme toutes celles qui concernaient son espèce maudite. Ce qui était étonnant, c'était qu'elle se mette à nouveau en danger. Sa mère l'avait utilisée comme calice, négligée, exploitée, poussée au désespoir. Comment pouvait-elle s'approcher de lui si elle avait senti qu'il faisait partie de cette race à longues dents ? Avait-elle déjà vu à quel point ces créatures étaient puissantes ? Il pouvait briser un homme d'un geste, le vider de son sang d'un coup de dents ! Quelle folie lui était donc passée par la tête de dévoiler ainsi sa découverte !? Ne le craignait-elle donc pas ? Malgré sa violence, sa mère l'avait-elle rendue "docile", du moins complaisante avec ceux de son espèce ?
Jirômaru mit du temps à réagir. Il songea à la possibilité d'effacer la mémoire de la jeune femme afin de garantir son secret, mais cela lui posait plusieurs problèmes...Déjà, il savait qu'il ne pouvait pas facilement sélectionner un seul souvenir et que les dégâts collatéraux étaient inévitables. Et si elle oubliait son texte en tant que Cléopâtre ? Il faudrait reprendre toute la pièce de zéro. Et puis, il risquait de retomber malade. Les dernières fois qu'il était entré dans l'esprit de Sarah ou de l'un de ses disciples, il en avait payé le prix fort. Avec Vincento qui rôdait dans ses affaires, ce n'était certainement pas le moment de faiblir !

Frustré de la tournure que prenaient les événements, le lord serra les dents. Discuter littérature, peinture, entremets ou jardin lui semblait soudainement particulièrement délicieux à côté de ce qu'ils échangeaient maintenant. Quel dommage qu'ils aient perdu ces instants de douceurs, ces tendresses chuchotées à l'oreille et ces caresses tout juste amorcées...Il avait envisagé une autre fin à cette soirée...

"vous n’êtes plus seul aujourd’hui"
Ah ! Comme il l'était en vérité ! Et cela faisait des siècles !

S'il avait rassuré la jeune femme quant à ceux qui avaient pris le relais à la mort de ses parents - de soit-disant amis de la familles installés à Londres - le retour à sa condition de Vampire le blessa violemment, d'autant plus qu'il avait envisagé de s'attacher un peu à cette humaine. Katherine lui plaisait beaucoup. C'était physique, bien entendu, mais aussi moral. La belle était une intellectuelle, une actrice dotée d'un grand talent, une femme du monde décriée, excitante, envoûtante. Elle était de ces objectifs plus difficiles à cerner que d'autres, donc plus enivrants. Mais, maintenant qu'elle devenait une menace, envisager de s'y attacher était trop dangereux...

"il me serait bien agréable de vous initier à ces cultures qui vous paraissent lointaines…"
Comment s'y disposer désormais ? Allaient-il pouvoir voyager, bras dessus bras dessous, comme s'il ne s'était rien passé ? C'était ridicule.

Jirômaru pressa un peu la jeune femme en lui expliquant ce qu'il pourrait lui faire et lui demanda s'il ne la terrifiait pas. Katherine lui répondit qu'elle n'oubliait pas la part humaine qui régnait en chaque Vampire et qu'elle aurait tout fait pour être aimée de sa mère. Le Comte la trouva bien naïve.

- Vous n'imaginez pas ce que j'ai déjà fait, Katherine...soupira-t-il, visiblement hanté par son passé. Vous ne me connaissez pas vraiment...

Il choisit alors d'embrasser sauvagement la jeune femme afin de lui montrer à quel point il la désirait encore malgré la tournure de la situation. Katherine le désirait elle aussi, comme le révélèrent ses baisers répétés et ses bras autour de son cou. Elle était passionnée et sa fougue plaisait au Vampire. Mais il ne pouvait entrer dans cette danse sans la tester plus profondément : il entra dans son esprit pour la sonder et voir si elle ne jouait pas avec lui. Si elle avait eu une mère aussi violente, son ressentiment envers sa race devait être infini. Elle avait beau dire qu'elle avait aimé sa génitrice, elle l'avait tout de même tuée...
Jirômaru fut surpris de ce qu'il trouva dans l'esprit de Katherine. Contrairement à d'autres, il n'eut pas immédiatement accès à ses pensées . Il erra un instant dans un étrange paysage et fut dévisagé par de grands yeux inquisiteurs. Quelque chose le repoussa et il dut s'extraire de l'esprit de la belle sans y avoir trouvé ce qu'il cherchait. Cela le perturba et il resta stupéfait à son retour.
Katherine, elle, vacilla. Jirômaru eut le réflexe de la soutenir et de l'aider à se redresser. Son but n'avait pas été de la blesser et il trouvait sa réaction étonnamment forte. Accrochée à lui, elle exprima sa surprise. Elle avait compris ce qu'il avait essayé de faire et en était outrée. Le Comte lui jeta un regard sombre.

- Le loup demande-t-il l'autorisation de l'agneau avant de le dévorer ?

Ne comprenait-elle donc pas qu'elle se trouvait face à un prédateur ? Lui demander l'autorisation ? Ah ! Pour qui elle se prenait ? Pensait-elle avoir le choix de rester ou non sous la domination qu'il exerçait maintenant sur elle ? Folie. Le Comte comprit en cet instant que la belle possédait une forme d'orgueil mal placé et qu'elle était beaucoup plus assurée qu'elle n'en avait l'air. Et puis ces yeux qui l'habitaient...qu'étaient-ils ?

Katherine se remit rapidement de son intrusion et tenta de lui faire comprendre qu'il pouvait lui faire confiance. Sa part de mystère ne lui serait révélée que s'il le "méritait". Jirômaru leva un sourcil. Quelle insolente !

La belle ne lui laissa pas le temps de répliquer. Déjà, elle l'embrassait à nouveau et se pressait contre lui. Jirômaru sentit sa jambe glisser entre ses cuisses et se rapprocher de son entrejambe. Elle le dévora du regard et lui exprima tout le désir qu'elle avait de lui. Le Comte la dévisagea pour tâcher de lire si elle lui mentait ou non. Puis, lorsqu'elle lui dit qu'il était hors de question de la soumettre, et qu'elle le poussa jusqu'à la table, il lui sourit d'un air carnassier. La sulfureuse jeune femme lui demandait du respect et son souffle brûlant réclamait de nouvelles caresses.
Jirômaru la laissa le coincer et l'embrasser. Il répondit volontiers à ses baisers et la tint par les hanches. Mais il finit par la repousser doucement et se pencha en avant pour lui saisir le menton. A travers le rideau de ses longs cheveux blancs, ses yeux de brume la sondèrent un instant.

- Quels sont ces "choses" qui vous habitent, miss Thornes ? Demanda-t-il dans un murmure. Dites-moi comment pourrais-je vous faire confiance lorsque vos "mystères" m'empêchent de lire vos pensées ?

Katherine sembla gênée, mais elle comprit assez rapidement qu'elle n'avait pas le choix d'expliquer ce qu'il avait vu dans son esprit. Jirômaru l'observait, curieux de ce qu'elle allait lui répondre. Son regard était dur, malgré la passion qui brillait dans ses yeux et que la jeune femme avait réveillée avec sa fougue. La belle actrice lui expliqua alors qu'à force de subir les assauts mentaux de sa mère, elle avait appris à s'en protéger. Elle disait pouvoir ériger des barrières contre les intrusions et qu'elle s'était inventé des "gardiens" pour veiller à l'entrée de sa psyché. Le Comte la crut. Lui-même avait appris à repousser Matosaï et à lui fermer son esprit en érigeant des murs au coeur de son esprit. Il savait que cela était possible. Il s'adoucit alors et sourit à la belle Hongroise :

- Vous êtes surprenante, Katherine...Délicieusement surprenante...

Le grand Vampire décida de la laisser vivre et d'accepter qu'elle ait connaissance de sa nature. Si elle devenait sa complice, cela serait aussi romanesque que pratique, notamment au théâtre. Et puis, si elle devenait pénible, il pourrait toujours la faire taire définitivement. Pourquoi gâcher une promesse d'alliance ? Autant en profiter...

Ses lèvres s'emparèrent de celles de Katherine et répondirent à ses désirs enflammés. Il passa sa langue dans sa bouche et s'enivra de leurs échanges brûlants. Il appréciait qu'elle le mordille et se laissait faire.

- Je mérite donc finalement votre morsure...souffla-t-il entre deux baisers.

Le Comte jeta un oeil à Michael qu'il apercevait dans la demeure. Savait-il lui aussi ? Sans aucun doute. Sa présence auprès de Katherine et son statut étrange devenaient logiques : s'il connaissait lui aussi l'existence des Vampires et avait eu vent du passé tumultueux de la belle actrice, alors il était normal qu'il la suive et la protège. Il prenait les fonctions d'un ami, mais aussi celles d'un garde du corps.

- Michael ne risque-t-il pas de me tuer ? demanda-t-il avec un sourire mesquin.

Jirômaru ne craignait pas cet homme, mais il songeait que si Michael avait pour instruction d'éloigner les Vampires de sa protégée, il ne supporterait pas sa proximité avec elle. Et puis, il l'aimait sans aucun doute. Ne risquait-il pas d'être jaloux ?


Passage comportant une scène à caractère sexuel.:

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeLun 26 Aoû - 16:35

Qu’il l’adore était tout particulièrement grisant pour la demoiselle. Elle avait, en partie, déjà réussi sa mission : l’approcher, le flatter et lui plaire suffisamment afin d’en être le plus proche possible. Mais une chose était certaine, jamais elle ne réussirait à se pardonner cet écart du chemin de Dieu. Jamais elle ne pourrait se contempler dans le miroir et accepter ce qu’elle avait en face d’elle. Son invitation n’était pas innocente. Elle savait quels désirs animaient le Comte, animaient tous les hommes et elle y compris et elle était prête à mettre de côté son amour propre afin de resserrer ses griffes autour de lui. Le Comte n’avait probablement aucune conscience du danger qu’il encourrait en entrant chez elle. Son domaine était truffé d’armes. Il n’était pas fait pour vivre, mais pour survivre. Michael guettait le moindre geste. Il n’avait pas l’autorisation d’attaquer mais il le ferait sans aucun doute si la situation s’envenimait et il crevait déjà d’envie de lui coller une balle entre les deux. Ce chien, ce suppôt de Satan, ce monstre répugnant qui osait lui faire les yeux doux et la complimenter alors qu’il n’avait sûrement qu’une chose en tête, profiter de son corps et probablement de son sang.

Les tableaux de sa mère étaient entreposés dans cet immense manoir. Katherine n’avait jamais tenu à les faire accrocher. Ils étaient certes sublimes mais évoquaient en elle un passé qu’elle rêvait d’oublier. Sa vie serait bien différente aujourd’hui si sa mère l’avait un jour aimée ou bien si elle s’était contentée de disparaître pour toujours. Au lieu de ça, elle avait instillé dans son corps la haine des créatures de la nuit, un dégoût profond et irréversible pour ce qu’ils étaient et ce qu’ils représentaient. Elle aurait épousé un beau jeune homme ou au moins, s’il n’était pas beau, il aurait été riche. Elle aurait sûrement eu des enfants, puis été grand-mère. Elle n’aurait jamais tué de ses mains, elle aurait choisi la vie à la mort, elle… Non, elle n’aurait jamais rencontré Alexender. Elle n’aurait jamais ressenti le besoin de s’exiler. Sa gorge se noua et elle secoua la tête :

- Ne vous en faites pas, cela serait avec plaisir. Ses œuvres sont entreposées mais pas dispersées, je leur ai réservé une pièce.

La jeune femme lui souriait gentiment. Elle n’aurait jamais pu se résigner à accrocher ces pièces, non, c’était bien trop douloureux. Elle vivait déjà dans une maison qui n’était pas vraiment la sienne. Chaque pièce était empreinte de leur énergie, de leur histoire, de leur vie, de ce passé qu’elle rejetait. Avec un peu d’imagination, elle aurait pu les contempler assis dans le salon, un livre à la main ou bien dans le jardin, à boire un verre en terrasse tout comme elle le faisait avec lui. Sa mère avait-elle aimé cette table ? Son cœur se serra. Cette femme était omniprésente, elle était même ancrée dans sa chaire.

Le récit de Jirômaru à propos de sa propre famille la peina réellement. Elle savait ce que c’était de grandir seule. Au fond, ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre. Leur lourd passé les poursuivait et s’accrochait à eux comme le boulet d’un prisonnier. Ils peinaient à émerger, à se reconstruire après tout ce que la vie leur avait réservé. Keisuke avait perdu ses parents très jeunes, il n’avait pas connu sa mère et il avait été élevé par des amis de sa famille. Il n’avait pas connu de stabilité, passant de « mains en mains » comme il le lui expliquait avant d’arriver en France puis en Angleterre. Katherine ne put s’empêcher de sourire.

- Vous n’imaginez pas à quel point je vous comprends, Jirômaru. Au moins avez-vous acquis une grande sagesse et une profonde humanité.

Ce dernier terme était particulièrement volontaire. Que pensait-il au fond de l’Humanité lui qui se plaisait à tuer ? Et… évidemment qu’elle le comprenait pour ses vies multiples. Elle était certainement la mieux placée pour entendre son chagrin et son désarroi. Son existence était sûrement dérisoire face à la sienne mais elle avait cette impression de trop vécu. Elle avait vu autour d’elle des gens naître et mourir. Des jeunes filles se marier, devenir mères et décéder. Elle avait aimé plusieurs fois et avait toujours été déçue, souvent reclassé au rang de second choix et donc de maîtresse. Elle avait vécu des peines, des pertes, des oublis et des moments de grand vide. La Lycanthrope vécut ainsi une année ou deux, elle n’aurait su le dire, sans reprendre sa forme humaine, seulement bercé par les grondements de ses deux entités et le silence d’être enfin repoussée vers l’arrière. Michael avait pris soin d’elle chaque jour, craignant de ne jamais la revoir dans son état normal. Il avait prié, supplié, pleuré, pour qu’elle ne le laisse pas et revienne à ses côtés. Ce qu’elle fit mais bien des mois plus tard… Cette « éternité » la démoralisait.

Vint ensuite le sujet de Michael. C’était tout simplement délicieux. Katherine s’amusait à découvrir sa réaction. Michael était loin d’être le simple domestique que tout le monde se plaisait à imaginer. Il n’était pas l’un de ces hommes qu’il convenait de maltraiter pour la simple raison que son statut était celui d’un serviteur. Michael était son plus proche ami, son amant, un amour parmi ses amours. Il était sa famille, son protecteur, son amant, son confident. Il était tout pour elle et elle donnerait sa vie sans hésiter si c’était pour le sauver. Elle lui apprit ainsi qu’il faisait partie de l’aristocratie hongroise et qu’il était l’une des personnes les plus importantes dans sa vie. Sa réaction lui arracha un petit rire cristallin. Bien entendu qu’elle s’attendait à cette réaction, il avait l’air de le mépriser depuis leur rencontre et c’était tout particulièrement savoureux.

- C’est son choix de ne pas être présenté ainsi et je le respecte. Michael est timide… Il préfèrera toujours être en retrait plutôt qu’au-devant de la scène. S’il veut pouvoir rester à mes côtés sans que notre proximité ne soit trop décriée, c’est une des solutions.

La demoiselle arrangea brièvement sa mise et se pencha vers lui. De toute évidence, ce sujet l’intéressait plus que nécessaire et semblait presque le chagriner. Que cela pouvait-il lui faire que Michael soit vu ou non comme un aristocrate ? Avait-il seulement conscience du peu de cas que faisait cet homme pour son statut ? Il n’avait pas revu sa famille depuis des décennies. Michael était amplement plus vieux que Katherine et plus rien ne le raccrochait à ses racines, pas même son statut ni sa richesse.

- Détrompez-vous Jirômaru, il ne s’attend pas à être considéré autrement, c’est moi qui le désire. Michael est mon ami et même s’il ne semble être qu’un majordome, il mérite une place plus importante. Je refuse qu’on le traite comme un moins que rien ou qu’on l’empêche d’être à mes côtés. Mais j’entends votre raisonnement, Monsieur. Les choses ne sont, cependant, pas prêtes de changer pour le moment. C’est ainsi que nous aimons notre vie, peu importe ce qui est colporté.

Sa comparaison avec Miss Ghrianstad la surprit un quelque peu. Elle ne s’attendait pas à parler d’Ambre en faisant référence à Michael. C’était étonnant mais cela se tenait. Ces deux êtres vivaient dans l’ombre de leur compagnon. Ambre s’éclipsait pour laisser Jirômaru à la lumière tandis que Michael restait aux côtés de Katherine sans jamais s’imposer. Les seuls fois où il se faisait entendre se comptaient sur les doigts de la main et cela avait toujours eu lieu auprès des Hunters.  

- Bien sûr, je ne l’ai pas oubliée… Sa présence est solaire et ses conseils avisés, je l’apprécie autant que notre proximité le permet. Oh vous savez, vous devez certainement entendre un peu mon accent. Je ne suis ici que depuis peu, je ne maîtrise pas encore les différents accents de votre pays mais j’ai pu noter qu’il variait du votre… C’est tout à fait charmant. Mais vous savez… Si c’est son désir, vous ne devriez pas aller contre. Les choses se font comme elles doivent se faire. Mademoiselle Ghrianstad sait sûrement ce qu’elle fait, faites-lui confiance…

Elle lui sourit gentiment. Katherine avait une profonde foi dans les êtres humains. Ils étaient capables d’autant d’horreurs que de merveilles et parfois… même si un être ne se comportait pas comme on l’attendait, il le faisait à la manière qui lui convenait le mieux pour réussir. Jirômaru paraissait particulièrement enclin à aider activement cette femme, mais Ambre ne pouvait grandir et prendre en importance qu’à condition qu’elle le désire ardemment et en fasse les efforts nécessaires. Autrement, c’est que cette situation lui convenait…

La question de Standfor se posa. Ce rustre avait eu le culot d’embrasser Katherine en pleine réception malgré ses multiples refus. Il avait pris pour excuse les rumeurs qui circulaient à son égard, son attitude outrageuse et inadaptée pour une femme de cette époque et sûrement qu’il l’avait vue accompagnée de son majordome et que cela avait éveillé en lui de sombres pensées. La réaction du Lord lui arracha un petit rire. C’était si plaisant de se retrouver en sa compagnie. Jirômaru avait toujours le mot pour la dérider, pour rendre une situation plaisante plus légère et facile à surmonter. Ses yeux exprimaient toute la reconnaissance qu’elle éprouvait à son égard. Il était difficile pour elle d’accepter qu’on veuille bien la protéger et défendre son honneur. C’était encore plus étonnant que cela paraissait normal au Lord de prendre position et qu’il n’avait absolument pas peur d’entacher ainsi sa réputation. Il en venait même presque à s’indigner. En effet, comment un freluquet de son genre pouvait-il porter atteinte à son image. Les yeux de Katherine pétillaient, son cœur se serrait dans sa poitrine. Emue, elle lui répondit :

- Je suppose que vous avez raison, Jirômaru, merci beaucoup… Elle rit plus franchement et prit sa main qu’elle porta à ses lèvres avec tendresse. Le plus redouté ! Je ne voudrais pas que vous vous mettiez en danger pour moi mais… vous avez attisé ma curiosité. J’ai enfin cru entendre que vous pratiquiez encore les duels, je ne peux m’empêcher d’admirer votre chevalerie.

Katherine était à deux doigts de le provoquer en duel. Elle voulait se mesurer à lui, elle désirait le voir se battre. Elle était friande de ce genre d’aventure. Comment son corps se mouvait-il ? Attaquait-il avec élégance ou brutalité ? Ses yeux renvoyaient-ils de la haine ou de l’excitation ? Elle caressait doucement ses doigts en l’imaginant provoquer un gentilhomme. « Ma douce », la jeune femme rougit doucement. C’était tout simplement délicieux. Son corps en frémit. L’avait-on un jour appelé comme ça ? « Ma douce »… ses quelques mots restèrent en elle avec la douceur d’un rêve. Les lèvres du vampire se posèrent sur sa main. Elle s’empourpra d’autant plus qu’il faisait preuve d’une élégance exquise.

Aventurière, elle lui fit gentiment comprendre que sa morsure était peut-être à désirer et elle lui adressa un sourire terriblement séduisant dont elle avait le secret, les yeux légèrement plissés par l’amusement.

Puis tout s’ébranla. Leur discussion se fit plus houleuse tout autant que leurs gestes. Les baisers du vampire s’étaient aventurés jusque dans le creux de son cou, dévoilant la terrible morsure qui avait fini de détruire son enfance. Katherine ne cacha pas sa connaissance des vampires, c’était maintenant ou jamais l’occasion d’avoir de nouvelles informations et de lui prouver qu’elle avait confiance en lui… mais allait-il le percevoir ainsi ? Elle sentit un grand bouleversement chez le géant asiatique. Il semblait tiraillé entre plusieurs décisions et aucun ne lui convenait. Jirômaru s’était fait de marbre, à l’image des mots qu’elle avait employés. Sa peau dure et froide ne recevait plus ses caresses. Il était hanté par quelques pensées sûrement bien macabres à son sujet et Katherine grinça des dents. Au final, elle aurait peut-être dû continuer à jouer l’innocente. C’était terriblement frustrant. Il ne répondait ni à ses mots ni à ses baisers et les seules fois où il ouvrit la bouche ce fut pour employer un ton froid et dangereux. Elle percevait enfin sa véritable nature, celui qu’il cachait et ne lui avait jamais encore montré. Était-ce ce vampire qu’Alexender avait rencontré ou pouvait-il être encore plus incisif que cela ?

Son cœur se mit à battre plus fort et sa poitrine se fit plus lourde. Avait-elle fait le bon choix ? Si la situation tournait au vinaigre elle ne craignait pas grand-chose. La mort ne lui faisait pas peur mais surtout Michael gardait un œil sur elle et elle avait une confiance inouie en ses capacités. Après tout, c’était lui qui lui avait tout appris. De l’amour jusqu’au combat, de l’épée jusqu’au fleuret. Des vampires jusqu’aux loup-garous mais aussi de leur propre nature. Soucieuse, elle répondit au vampire qu’elle avait encore foi en leur humanité et que les actes d’un vampire ne pouvait pas représenter ceux de toute une race. C’était presque stupide, elle n’en croyait pas un seul mot mais elle devait le tenter. Elle devait rester cette idéaliste qui croyait en l’égalité et en l’humanité. Il lui soupira alors qu’elle ne savait pas ce qu’il avait déjà pu faire, ce dont il pouvait être capable et inquiète elle fit un nouveau pas vers lui :

- Alors je suis prête à prendre le risque. Elle fit une légère pause et caressa sa joue. Vous n’avez pas idée de ce que je peux endurer, Jirômaru…

Leur baiser fut teinté d’une extrême langueur, d’une passion dévorante et d’une sauvagerie débordante. Leur fougue transpirait à chaque geste, chaque moment où leur corps se pressait l’un contre l’autre, où leurs lèvres se liaient et se fondaient l’une dans l’autre… Les mains de la jeune femme n’avaient plus peur de s’aventurer sur lui. Elles s’accrochaient à ses bras, à son torse, à son cou. Il avait beau être terrifiant et sa nature répugnante, elle le désirait ardemment.
Violant les principes de la jeune femme, il s’immisça dans son esprit, il tenta de franchir ses barrières, de lire ses pensées et d’explorer ses souvenirs. Il affola par la même occasion ses deux entités, tapies dans l’ombre, qui criaient à Katherine ce qu’il avait osé commettre. Prise d’une violente migraine, la comtesse chancela. Son esprit embrumé l’empêchait de réfléchir correctement. Il lui semblait encore être gelée sur place. Ses doigts s’accrochèrent instinctivement à la tenue du vampire
. Le souffle court, elle analysait la situation. Qu’avait-il vu ou entraperçu ? Pouvait-elle s’estimer encore en sécurité après ce qu’il venait de se passer ? C’était bien la première fois qu’un vampire entrait dans sa tête, que l’on violait de la sorte son intimité. Elle se sentait humiliée, trahie, salie. Un profond dégoût naquit en elle. Comment avait-il osé la prendre à revers ? Comment avait-il pu briser sa confiance de la sorte ? Une grimace se forma sur son beau visage. Elle resserra sa prise sur ses vêtements et releva les yeux vers lui. Ils lui transmettaient sa colère, sa révolte. Pour qui se prenait-il ? Si cela n’avait pas été Jirômaru, s’il n’avait pas été une cible aussi importante elle l’aurait tué pour cet affront. Son corps lui hurlait par ailleurs de le faire, de même que la louve et le léopard en elle. Ses totems se bousculaient, criaient, la faisaient paniquer. Son esprit dégoulinait de pensées négatives et surtout d’un brouhaha incessant. Ses doigts se crispaient. Si elle avait eu son Bloody Rose à portée de main elle l’aurait sûrement tué dans son impulsivité. Syrya lui demandait de laisser sa place, le félin voulait s’en occuper. Le loup ? L’agneau ? Se rendait-il compte de ce qu’il disait ?! C’était elle la louve, lui l’agneau.

- Je ne vois ni loup ni agneau. Je vous ai offert ma confiance, ce n’est pas pour que vous la brisiez en entrant dans mon esprit.

Remontée, la demoiselle essuya d’un geste de la main cet affront humiliant. Elle ne voulait pas s’attarder sur le sujet. De toute évidence, il lui fallait conquérir de nouveau sa confiance d’autant plus qu’il restait sur ses froides positions. Il se pensait puissant, très bien, il l’était sûrement mais elle n’en était pas moins faible. Elle soupira afin d’évacuer son stress et surtout sa colère. Si elle continuait à monter en pression il verrait le véritable loup et ça risquait de ne pas lui plaire. Elle ne s’arrêterait pas à quelques doigts en moins… Raïna intervint dans le flot de ses pensées…

* Reviens à toi, reste calme. Tu n’es pas prête. Ce n’est pas comme ça que tu dois agir. Je suis là, Michael est là. Tu ne crains rien. Entre dans son jeu mais ne le laisse pas t’écraser. *

* Ton ami l’humain va être furieux.*

* Laisse-la tranquille.*

Entendre Raïna aussi douce lui avait manqué. Cela la ramena il y a fort longtemps, durant son enfance où la louve avait presque toujours été à ses côtés, cette figure rassurante et protectrice.

* Merci…*

Passant outre son acte odieux, la jeune femme se décida enfin à répondre à ses questions. Bien entendu, il avait senti quelque chose d’étrange, il la soupçonnait de cacher bien d’autres secrets qu’elle ne pouvait cependant pas trahir pour le moment. Elle refusait qu’il ait cette mainmise sur sa véritable nature, le danger n’en serait que plus présent et il lui resterait peu d’alternative si la situation dégénérait. Elle tenta alors de reprendre la situation en main. Poussant le Lord contre la table, la Hongroise se glissa tout contre lui, sa jambe entre les siennes. Elle voulait raviver cette tension, oublier cet affront, le voir crever d’envie pour elle. Elle l’embrassa. Ses baisers étaient brûlants et ses mains imprimaient sur sa peau son envie irrésistible de lui appartenir ne serait-ce que pour ce soir. Elle lui souffla alors qu’elle n’avait jamais pensé qu’il lui ferait du mal mais qu’en revanche, elle ne se laisserait pas soumettre. La tendance était posée. S’il désirait être à ses côtés cela se ferait selon ses règles, ses envies, ses désirs. Sa domination n’avait pas lieu d’être au même titre que l’humiliation.

Au bout d’un énième baiser, Jirômaru rompit à nouveau le contact. C’était toujours horriblement frustrant. Ses yeux l’envoutèrent à nouveau. Face à lui elle se sentait si petite, aussi fragile qu’il le lui laissait penser. Elle détestait ça. Les cheveux du Lord caressèrent le visage de la belle. Cela la chatouillait, elle rougit un peu face à lui. Elle se maudissait de cette réaction épidermique profondément stupide et fragile. Son cœur se mit à battre un peu plus fort. Il s’affolait de leur proximité, de ces mots qu’il lui susurrait. Elle se haïssait de le désirer autant. Ses lèvres si proches des siennes l’appelaient. Sous l’éclat des bougies et de la lune, elles brillaient. Puis il s’arrêta de battre. Non pas réellement mais il lui sembla chuter. Ces « choses ».. ? Ah comme elle s’en mordait les doigts ! Comment pouvait-elle expliquer la présence de ses deux entités ? Qu’avait-il vu exactement ? Avait-il de quoi il parlait ? Ces animaux lui étaient-ils étrangers ou bien n’avait-il aperçu que des ombres ? Décidément, il ne lâcherait pas l’affaire. Le menton relevé délicatement vers lui, elle le contempla avec étonnement.

- Je… hésita-t-elle. C’était si soudain. Mais une idée lui vint. Ma mère avait pris cette habitude, d’entrer dans mon esprit, de jouer avec mes pensées, de se les approprier. J’ai appris à m’en protéger avec le temps… Je me suis inventée des gardiens afin qu’ils repoussent ses intrusions. Apparemment, ils sont encore là…

Un instant elle détourna les yeux, comme gênée par cette révélation. Bien sûr qu’elle en était horriblement gênée. C’était un fabuleux mensonge. Sa mère n’avait jamais eu l’idée d’infiltrer son esprit, elle ne savait certainement pas comment s’y prendre et peut-être même qu’elle ignorait cette terrible faculté. Sa poitrine se soulevait rapidement, si cet interrogatoire ne prenait pas fin Katherine allait finir par faire une syncope. Elle n’aimait pas être acculée de la sorte, obligée de répondre à des questions épineuses. Surtout quand elle ignorait de quoi il parlait exactement… Mais sa réponse parut lui plaire. Le Comte s’adoucit, il al qualifia de surprenante. Elle s’empourpra à nouveau. Le léopard en elle était hilare. Elle se laissait complètement avoir par ce monstre.

Finalement il l’embrassa à nouveau. Le souffle de la jeune femme caressait la peau du vampire. Ses lèvres s’entrouvraient de désir pour lui et attrapaient les siennes avec fougue. Qu’elles étaient douces et agréables ! Bien moins piquantes que les mots qui en franchissaient les barrières ! Accédant à son désir, elle ouvrit un peu plus la bouche. La danseuse du vampire entama un ballet humide avec la sienne. Sa langue la caressait, se mêlait, répondait à ses envies tandis que leurs corps se pressaient. Le souffle court, elle en vint à le mordre comme elle l’aimait tant. Elle retint à plusieurs reprises a lèvre inférieure, allant presque jusqu’à faire jaillir le sang. Elle n’avait plus peur de le blesser. Tout n’était plus que fougue et animalité. Un petit rire s’échappa entre deux baisers. Malgré tout, il restait courtois, séducteur et terriblement séduisant.

- Vous méritez plus que ça…

Bien sûr. Qu’elle l’étrangle, le dévore, arrache certains de ses membres, que sa peau soit sanguinolante et ses nerfs à vif. Qu’il sente ses tendons se distendre et son cœur se fendre. Oh comme elle n’avait jamais de pensées aussi terribles envers un amant ! Son affection pour lui en devenait morbide. Elle aimait être dans ses bras, elle rêvait de le voir goûter à la véritable immobilité mais cela l’effrayait. Après tout ça, ne risquait-il pas de lui manquer.. ? Son regard suivit celui du Comte. Elle vit alors Michael et lui sourit, caressant la joue du vampire et glissant une de ses mèches de cheveux derrière l’oreille :

- Finalement, le loup aurait-il peur du mouton mon Seigneur.. ?

D’un geste de la main, la jeune femme intima au majordome de s’éclipser. Sa présence semblait contrarier le grand vampire qui s’en souciait. Mais il avait vu juste à son propos, Michael risquait de le tuer. Son sourire mesquin balayait cependant toutes ses potentielles inquiétudes, il ne l’en croyait pas capable. Tant pis pour lui !

Passage à caractère sexuel, allez zou !:


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeMar 27 Aoû - 0:24



RP réalisé en accord avec Katherine.
Attention, il comporte une scène à caractère sexuel.


L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

" Partage, au creux de mon oreille,
Tes désirs, ces merveilles..."


Des échanges mondains, des sourires enjôleurs, des petits fours, des opinions contraires : une véritable danse des manières ! Discuter avec Katherine était grisant. Sur cette terrasse, surplombant un immense jardin entretenu avec soin, dans ce crépuscule qui amorçait la chaude nuit d'été qu'ils allaient passer ensemble, les deux futurs amants se découvraient. Ils se découvraient avec prudence, mais aussi avec une touche de sincérité qui pouvait rendre leurs mots parfois un peu ingrats, voire décevants. Tout n'était pas encore tendre entre eux, il fallait déjà qu'ils apprennent les goûts et aspirations de chacun, qu'ils s'adaptent et s'apprivoisent. Heureusement, la douceur était cependant de mise dans leurs échanges et, lorsqu'ils se déplaisaient, ils tentaient de se racheter ou de dévier sur un autre sujet. Ils étaient tous les deux stratégiques, et loin d'être imbéciles. Ils se plaisaient, ils se désiraient, et rien ne leur gâcherait cette nuit, pas même leur passé ou leurs idéologies présentes.

Jirômaru était attentif aux détails et observait beaucoup Katherine. Il voulait être certain que son désir était réciproque et que cette invitation était bel et bien dans la continuité de leurs tendresses au théâtre. Il ne voulait pas risquer de se méprendre. Perdre sa Cléopâtre ne l'aurait pas arrangé. La belle était fort bien disposée envers lui, ce qui le rassura quant à ses intentions. Il se permit ainsi de pousser un peu ses courtoisies au-delà des limites que la décence leur imposait en temps normal. Il l'approcha. Ils se touchèrent. En arrière-plan de leurs mondanités, ils faisaient monter le désir.

- Disons que j'essaye d'être juste, fit-il lorsque Katherine lui parla d'humanité. Voyager permet en effet d'accéder à une forme de sagesse et d'humanité que l'on ne peut guère découvrir autrement. Mais...je ne suis pas aussi tendre que cela. Je vais vous décevoir...mais je pense être bien moins humain que ce que vous imaginez, ne serait-ce que par mon rang au sein de cette société.

Il n'irait pas jusqu'à lui dire en face qu'il considérait les miséreux comme bons à sacrifier ou qu'il utilisait volontiers des vies pour satisfaire ses plans ou simples envies. Bien sûr qu'il faisait preuve d'humanité, surtout pour un Vampire aussi riche et puissant que lui, mais il était loin d'être admirable...

- Je ne suis pas un homme très patient, ni très honorable en vérité. Je suis tout sauf un héros. Vous n'êtes pas sans savoir que je me laisse facilement guider par mes sentiments. Tout le monde l'a bien vu avec cette demande en mariage à la famille Spencer...Je me suis ridiculisé et j'ai malmené cette jeune femme, Sarah. Il eut un pincement au coeur. Je doute que forcer l'amour soit une preuve d'humanité. Heureusement, j'ai réalisé mon erreur et tout annulé...

Il marqua une pause et réfléchit un peu. En quoi pouvait-on dire qu'il faisait preuve d'humanité ? En était-il à ce point dénué ? Depuis qu'il avait rejoint la Nuit, pouvait-on encore le considérer autrement que comme un monstre ? Il songea alors aux enfants qu'il sauvait régulièrement. Un sourire nostalgique fendit son visage.

- Ces voyages m'ont tout de même poussé à m'engager auprès de l'orphelinat. Je donne de l'argent à la structure et j'y ai quelques orphelins sous ma protection. Je vous demanderai d'ailleurs de conserver cela secret : peu de personnes sont au courant. Il fronça les sourcils : Je ne supporte pas que l'on touche aux enfants.

Son ton était sincère et son regard s'était grandement assombri, comme s'il se souvenait de quelques scènes dont il avait été malheureusement témoin. Il venait de songer à Joyce et ses exclaves sexuels, à ses calices miniatures. Il songeait à Garry, Peter et Jenny qu'il avait sauvés de son emprise...


Les informations que Katherine lui donna par la suite concernant Michael firent un drôle d'effet au Comte. Mais, lorsqu'il évoqua Ambre et leurs similitudes, notamment leur propension à rester en retrait, dans leur ombre, la belle montra tant de respect envers sa disciple que le grand Vampire se mit à reconsidérer sa position vis à vis de son "ami": finalement, si cet homme venait bien de l'aristocratie hongroise, et puisque Katherine l'appréciait à ce point, alors peut-être méritait-il son respect, tout comme Ambre méritait celui de Katherine. Le seul nuage que cette reconnaissance risquait de peindre dans ce nouveau paysage, c'était la proximité que le majordome entretenait avec la comtesse. Comment accepter qu'il soit son amant plus longtemps (si tel était bien le cas) ? Jirômaru était d'un naturel jaloux et extrêmement possessif. Lorsqu'il avait décidé qu'une âme lui appartenait, il était difficile de lui voler la "priorité" qu'il désirait avoir sur elle.

- Michael fait preuve d'humilité...fit-il en acceptant de se détendre un peu à son sujet. C'est une qualité rare à notre époque. Lui-même ne savait guère être humble. Vous avez raison : laissons aux autres le choix de leurs positions. Michael, Ambre...soyons heureux d'avoir de tels amis, fidèles et si proches...

Son regard fut doux. Il voulait que Katherine sache qu'il était capable de lui faire plaisir, si elle le désirait vraiment. S'il devait tolérer Michael, il le tolérerait. Apparemment, la belle n'allait pas lui laisser le choix de toute façon.

Katherine était une femme forte, indépendante et déterminée. Elle savait ce qu'elle voulait et ses idéologies étaient fermes et résolues. Elle ne laisserait personne manquer de respect à son ami et sa défense face à Standfor avait été spectaculaire. En parlant de cet imbécile, Jirômaru était amusé de voir que la belle s'inquiétait de son implication dans cette affaire. Elle semblait confuse d'apporter des problèmes aux autres. Certaines situations ne pourraient jamais être résolues par elle seule et le Vampire ne comptait pas la laisser se défendre d'elle-même lorsqu'il pouvait lui apporter son aide.

- Je suis un vantard ! rit-il quand elle lui parla des duels. Allons, ce n'est rien...Acceptez que tous les hommes ne soient pas comme ce rustre...


***********************

L'ambiance changea lorsque Katherine lui révéla qu'elle connaissait sa véritable nature. Leur discussion sembla soudainement suspendue, ainsi que le fil de leur vie.

Le Comte hésita de longues minutes. Il passa de la douceur d'un courtisan à la froideur de la Bête. Il se demanda comment conserver sa Cléopâtre sans risquer que son secret ne soit dévoilé en public. Katherine était réputée pour ses amants mais aussi pour ses attitudes outrageuses. N'allait-elle pas le trahir pour faire scandale et se retrouver sur le devant de la scène ? Jusqu'où irait-elle pour exister aux yeux des autres ? C'était une femme seule, profondément seule, comme son célibat et son étrange ami le laissaient supposer. N'allait-elle pas utiliser ce secret pour le faire tomber et regagner ainsi le respect et l'affection de toute une société qui la conspuait ? Quand bien même lui plaisait-elle, le Vampire devait rester méfiant. Beaucoup trop d'enjeux en découlaient.

Jirômaru hésita à tuer la belle actrice. Il songea aussi à lui effacer la mémoire. Son envie de la violenter fut aussi grand que sa frustration. Heureusement, Katherine tâcha de lui faire comprendre qu'elle était "de son côté", qu'elle ne le jugeait pas. Pourtant, sa mère avait été d'une extrême violence avec elle. Comment avait-elle pu pardonner aux Vampires sa terrible jeunesse ? Certains devenaient Hunters pour moins que ça. Elle avait même dû tuer sa génitrice ! Comment pouvait-elle encore approcher un Vampire ? Lui plaisait-il à ce point ? Etait-ce son statut de metteur en scène et leur amour commun du théâtre qui la poussaient dans ses bras ? Etait-ce son apparence étrange qui l'excitait ? Comment pouvait-elle lui faire confiance aussi aveuglément ? En avait-elle après sa richesse ou son statut de lord ?
Le Comte crut bientôt comprendre que Katherine avait pardonné sa mère et qu'elle aurait voulu qu'elles se comprennent davantage. Elle était donc si sentimentale ? Elle lui expliqua également que, de son point de vue, l'on était d'abord humain avant d'être Vampire et que la part d'humanité était sans doute conservée. Cela rejoignait ce qu'ils avaient évoqué précédemment. L'ancien samouraï soupira. Avait-il donc encore assez d'humanité à ses yeux ? Elle ne le connaissait pas vraiment...Cette femme était téméraire et fière, comme l'attestaient son refus d'être considérée comme un "agneau" et sa capacité à se forger des "gardiens" pour protéger son esprit...

Elle était un peu comme Sarah...

Elle lui plaisait.

***********************

Laissant tous leurs questionnements en suspens, les deux amants s'enivrèrent l'un de l'autre, comme s'il eut s'agi de la seule échappatoire possible à toute cette sombre tension. Ils voulurent profiter de leurs désirs plutôt que de continuer à se torturer l'esprit avec ces folies.

Attention ! Scène a caractère sexuel.:

Après leurs ébats, il laissa un peu d'intimité à la belle et avisa sa chemise qui traînait à même le sol. Il la posa sur la table et alla un peu plus loin rechercher son pantalon. Après avoir enfilé ce dernier, il se tourna vers la belle actrice et réalisa qu'elle s'était habillée de sa chemise. Il leva un sourcil et rit de bon coeur :

- Par le Père, c'est une vraie robe sur toi !

Katherine était si belle avec sa coiffure à moitié défaite et la rougeur de ses joues pleines de vie et couvertes d'émotions ! La chemise lui donnait l'air d'une nymphe tout juste éveillée et la lumière de la lune encore pleine la veille la baignait d'une douce lumière pastelle. L'approchant avec douceur, le Vampire lui caressa une pommette du dos de sa main droite et replaça une de ses mèches derrière son oreille.

- Artémis est moins jolie que toi...ma Cléopâtre...

Il l'embrassa tendrement et lui passa un bras dans le dos pour la guider. Il la poussa à l'accompagner dans une marche nocturne. N'avait-elle pas promis de lui montrer son beau jardin ? Ils descendirent donc les degrés de la terrasse pour atteindre l'herbe fraîche et profitèrent de la sensation de velours qu'elle offrait sous leurs pieds nus. Jirômaru adorait errer ainsi dans ses demeures et à l'extérieur. Ses disciples en plaisantaient parfois.

- Veux-tu que je te porte ?

Jirômaru jeta un regard à son amante et lui lança un petit sourire amusé. C'était une vraie proposition, pour lui éviter d'avoir froid les pieds ou de se blesser sur un bout de bois ou une épine quelconque.

Finalement soudés l'un à l'autre, le Comte offrant son flanc à la belle et la tenant par les épaules, ils cheminèrent au coeur du parc qui leur ouvrait les bras. Ils respirèrent l'air frais de la nuit désormais tombée et profitèrent des fragrances qui les environnaient. Les fleurs estivales dégageaient encore leurs parfums capiteux et le vent ravivait les senteurs boisées des écorces et des branches qui bruissaient au-dessus de leurs têtes. Jirômaru avait l'air serein, parfaitement satisfait. Il adorait sentir l'air caresser son torse et soulever ses longs cheveux de neige.

- Tu n'as pas froid ? demanda-t-il à Katherine en lui pressant un peu l'épaule.

Il trouvait qu'il faisait plutôt chaud mais il savait que les Humains n'avaient pas la même tolérance aux éléments que les Vampires. Il n'était pas inquiet à proprement parler, mais il voulait que la belle le sente attentionné. Et puis, elle n'était qu'en chemise...

Ils passèrent sous de hautes arches couvertes de roses. Leurs parfums envahirent leurs sens et le Comte se délecta de la présence de ses fleurs préférées. Certaines étaient même blanches. Puis, ils atteignirent un espace ouvert au milieu duquel siégeait un long bassin rectangulaire bordé de gravillons. L'eau y était claire, notamment grâce à la présence d'une petite fontaine en son centre qui l'empêchait de stagner. L'endroit était parfaitement charmant.
Jirômaru avisa un banc au bord du bassin et souleva soudainement Katherine. Il la porta, une main dans son dos, l'autre sous ses genoux, et se dirigea vers l'assise de pierre grise. Doucement, il déposa la comtesse sur le banc et s'installa à ses côtés.

- C'est un très bel endroit...fit-il en soupirant.

Il étendit ses longues jambes et ses pieds touchèrent l'eau glacée du bassin. Il ferma les yeux, heureux. Puis, il entoura à nouveau Katherine de ses bras et plongea ses yeux de brume dans les siens. Il sembla hésiter, puis il posa une main sur sa cuisse avant de remonter sur l'endroit où se trouvait sa cicatrice la plus récente. Il n'appuya pas du tout, mais lui fit comprendre qu'il savait parfaitement ce qu'il y avait sous sa chemise.

- Qui t'a fait ça...? Comment c'est arrivé ? Ton corps est couvert de ce genre de marques...Il l'avait demandé en douceur, sans paraître ni trop curieux ni trop suspicieux. Celle-ci est récente...Qui a osé ? Son regard était légèrement inquiet.

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeMer 28 Aoû - 1:55

Un petit sourire s’était dessiné sur les lèvres de Katherine lorsqu’elle lui parla d’humanité. Qu’allait-il pouvoir lui répondre à ça, lui, qui n’était plus humain depuis longtemps ? lui qui comme tous les membres de son espèce portaient en eux le crime du sang ? Lui, dont le corps, cadavre ambulant, avait ignoré le processus de putréfaction ? Lui, le vampire, espèce qu’elle exécrait tant ? Comment pouvait-il parler d’humanité alors qu’il l’avait perdue depuis longtemps ? D’humain, ne subsistait que son enveloppe, des traits saillants de son visage à ses yeux étincelants mais même-là, l’illusion se teintait d’étrangeté. Ses iris pâles, miroirs transparents de l’âme, auraient fait pâlir un mort, ses cheveux de neige et sa taille de colosse n’inspirait ni confiance ni gaieté. Décidément… Tout concourrait à le ranger dans un livre des monstres. Pourtant, au-delà de ses spécificités étranges, Katherine vit une certaine beauté en ce personnage. Il était indéniablement charmant, son aura attirerait l’œil de n’importe quelle femme et de, sûrement, n’importe quel homme. Il était beau, séduisant, terriblement attractif en fin de compte et c’était ce qui la répugnait au plus haut point. Malgré sa haine pour les vampires, son corps la poussait à le désirer plus que nécessaire. Ce qu’elle portait comme une mission devenait également souhait du corps. Et son corps était son outil le plus précieux. Katherine n’était pas aussi puissante qu’Alexender, ni aussi agile et rapide qu’un vampire, mais elle possédait des formes à en faire pâlir les statues grecques et c’est contre sa poitrine que venaient s’éteindre ses amants lors d’une dernière étreinte.
Penchée au-dessus de cette table, seul obstacle entre leurs deux corps, Katherine répondit doucement :


- En quoi votre rang vous empêche-t-il d’être humain Jirômaru .. ? J’ai connu des seigneurs plus chaleureux, plus humains et altruistes que des hommes qui n’occupent aucun statut et qui prient pourtant chaque jour de leur vie. Le rang n’est pas une raison, il n’est qu’une excuse, dit-elle avec un sourire.

Avec un étonnement feint, Katherine haussa les sourcils. Sa franchise était, tout du moins, honorable. Le Comte ne cachait pas particulièrement ses défauts. Il les dévoilait petit à petit à la jeune femme qui… Pardon ? Il lui sembla chuter de tout un étage si bien qu’elle se mit à trembler presque imperceptiblement. Que venait-il de lui dire ?! Le mariage avec Sarah était annulé. C’était une excellente nouvelle pour la demoiselle et pour… Alexender. Prise de nausées, elle attrapa son verre et but une gorgée de son moelleux. Elle espérait masquer ainsi son désarroi et la tristesse qui venait d’étreindre son cœur. Au fond, elle aurait préféré que le mariage se concrétise, que Jirômaru se marie avec cette femme qu’elle ne connaissait que peu et pour laquelle elle avait dû se battre sans réelle conviction sauf celle d’aider une âme en peine. La jeune femme repoussa son verre et souffla :


- Vous avez annulé le mariage.. ? Eh bien… je ne peux qu’applaudir votre abnégation. Sa gorge se serra. Comment a réagi Mademoiselle Spencer à cette annonce.. ? Je pensais qu’elle vous renvoyait vos sentiments, vous m’en voyez navrée, véritablement… Au moins, avez-vous réalisé votre erreur et tenté de rattraper vos faux pas, c’est en soi assez honorable…

Parler de Sarah lui coûtait terriblement. Cette femme était dans la bouche de tous les hommes. Alexender n’avait que son nom à l’esprit et celui lui avait valu une belle crise de larmes lors de leur dernière rencontre. Katherine ne supportait plus que son monde à elle tourne autour de cette inconnue. Peut-être était-elle cette femme incroyable que tous dépeignaient, peut-être était-elle aussi douce et pure que la société vantait mais elle était absente et pourtant cruellement omniprésente. Katherine était à deux doigts de se lever, le corps oppressé par ces pensées. La pression redescendit en flèche lorsqu’il évoqua un tout autre sujet lié à son humanité. Jirômaru étai apparemment engagé auprès des enfants et cela ne manqua pas d’émouvoir la belle. C’était une belle cause qu’elle pourrait défendre corps et âme si l’occasion se présentait. Hochant solennellement la tête, la jeune femme esquissa un sourire des plus sincères :


- Je crois que vous n’auriez pas pu me toucher plus que ça Jirômaru. Je ne supporte pas non plus que l’on touche aux enfants. Votre secret est bien gardé. Ce n’est pas parce que j’ai la réputation d’une femme facile, volage à la langue bien pendue que tout est vrai dans ces affirmations. Votre lutte est noble… Les innocents méritent toujours une protection. Les enfants que vous recueillez, vivent-ils avec vous.. ?

La discussion dériva aisément sur Michael qui occupait un statut particulier auprès de Katherine et cette dernière fut ravie que le vampire s’accorde à ses pensées. Peu de personnes cherchaient à comprendre Michael, y compris les Hunters. Ces derniers l’avaient reclus également au rang de domestique, de chien de la Comtesse et sa discrétion ne l’aidait pas à se faire une place au sein de l’équipe. Cependant, la jeune femme espérait qu’avec le temps ils finiraient par ouvrir les yeux et lui accorder une place plus significative dans leur groupe. Son ami avait les capacités d’être un excellent Hunter et de fait, il l’était. Les autres l’ignoraient tout simplement. Inclinant la tête, la Comtesse répliqua gentiment :

- En effet, soyons reconnaissants de les avoir à nos côtés.


Jirômaru ne manqua pas d’émouvoir une nouvelle fois la demoiselle. Il avait pris sa défense lors du banquet et cela… elle ne pouvait l’ignorer. Agréablement surprise par ce geste et cette dévotion, elle le remercia, toutefois un peu gênée qu’il puisse se compromettre par sa faute.


Entre doutes et désirs, les deux amants se découvrirent. Ce fut comme une étincelle, un feu d’artifice tiré depuis le quai, l’acte II d’une pièce de théâtre, le romantisme au sein du dramatique. Leur fougue les ranima, désireux de trouver dans le corps de l’autre un réconfort pour sauver leurs peines. Une échappatoire au doute et au rejet.

Scène à caractère sexuel -18:

Alors qu’il se détournait, la demoiselle avisa la chemise qu’il venait de poser sur la table et se fit la réflexion qu’il était bien plus simple pour elle de la revêtir plutôt que d’envisager d’enfiler à nouveau sa robe et son corset. Elle lui vola alors tout simplement son haut et y glissa ses bras. Elle la ferma de quelques boutons, suffisamment pour ne plus être nue mais assez peu pour la recouvrir entièrement et elle ne put s’empêcher de rire avec lui lorsqu’il revint :


- Je crois bien que c’est la première fois que j’enfile un vêtement aussi grand. C’est assez impression mais fort agréable je dois bien te l’avouer…

Sagement, la Huntress posa son visage contre sa main et logea un baiser dans le creux de sa paume. Son compliment la toucha tout autant que son surnom. Ce perosnnage lui collait à la peau désormais.

- Est-ce que j’ai une chance face à Aphrodite .. ? Tu es beau comme un dieu toi aussi…

Ses lèvres contre les siennes elle répondit à son baiser et caressa son cou. Le bras du vampire se plaça ensuite dans son dos afin de l’inciter à marcher en sa compagnie. Amusée par la situation, la belle Hongroise descendit les marches pieds nus en sa compagnie puis lui sourit :

- C’est inutile merci. Je ne crains pas les aspérités de la terre…

Et comme pour ponctuer ses propos, elle fit un pas en avant et marcha sur les cailloux. Leurs reliefs étaient parfois piquants et incisifs mais elle avait toujours eu l’habitude de marcher de cette manière. Ses pieds s’étaient faits depuis sa plus tendre enfance à cette douleur proprement humaine de se déplacer de manière totalement naturelle. Aussi légère que si elle marchait sur du parquet, elle rejoignit son amant et lui prit doucement la main :

- Faut-il que je te porte .. ? Fit-elle faussement inquiète.

Sa tête se posa contre son torse tandis qu’il marchait ensemble l’un contre l’autre. Cet instant, elle aurait aimé le vivre avec un autre. Que voyait-il, lui, dans ses souterrains.. ? Le cœur serré, les amants déambulèrent dans les jardins de la belle. De nombreuses plantes parsemaient leur parcours et quelques oiseaux et chauve-souris s’amusaient parfois à les frôler de leurs ailes. Soupirant d’aise contre lui, elle releva et lui sourit :

- Non, ne t’en fais pas. Et toi.. ? Ressens-tu le froid.. ? Je ne sais plus si elle le supportait…


Leur déambulation durant de longues minutes durant lesquelles le silence régnait. Ce n’était pas un mal, bien au contraire. Pour la première fois de leur vie, ils appréciaient la présence de l’autre sans parole. Ils n’avaient pas besoin de se séduire pour se conquérir, c’était déjà fait. Ils profitaient seulement ensemble de cet instant de calme où rien ne pouvait les perturber. Katherine baissa la tête et tira un peu sur le bras de son amant pour lui intimer de faire de même :

- Attention avec les roses, elles sont capricieuses, certaines descendent dans l’allée. Je demanderai à mon jardinier de s’en occuper demain. Tu sais, je n’en profite pas de ce jardin. Je m’y attarde peu. Tu sais, fit-elle le cœur serré. Il y a peu de choses que j’aime ici. J’ai beau posséder des merveilles et en demander quelques-unes, je n’arrive pas à les apprécier. Seule, la vie perd ses couleurs. Comme ces roses…

Elle effleura du bout des doigts les pétales blancs délicats. Ensemble, ils arrivèrent devant le bassin. Des sculptures en ornaient les recoins et une fontaine trônait en son centre. Cette fois-ci, la statue d’une femme éminemment belle et nue les surplombait. Une nymphe ou bien Vénus. Elle n’aurait su le dire. Personne ne lui avait jamais raconté l’histoire de son manoir. Elle sourit en la voyant, comme si elle souriait à une vieille amie et souffla :

- Elle aussi ne sait pas ce qu’elle fait là.

Riant un peu, elle fut surprise de se retrouver dans les bras de Jirômaru. Ses joues s’enflammèrent brusquement et elle glissa ses bras autour de son cou. Se rendait-il compte qu’il la traitait comme jamais aucun homme ne l’avait encore fait ? Son cœur se mit à battre à tout rompre. Dans ses bras, elle se sentit comme une princesse ou bien seulement comme une jeune fille vivant son rêve de prince charmant. Elle le suivit du regard lorsqu’il la déposa et elle posa son visage contre lui :

- Oui tu as raison, c’est un bel endroit. Nous avons de la chance, la lune est presque pleine.

Les doigts du vampire touchèrent doucement sa cuisse remontant ainsi jusqu’à sa cicatrice. Au contact de ses doigts glacés contre sa blessure, la belle frissonna et tressaillit. C’était plus de l’appréhension que de la douleur. Au fond, elle était presque guérie mais ses ébats avec Alexender n’avait cessé de la rouvrir imprudemment. Ses questions la touchèrent. Il ne semblait plus la considérer comme un danger mais il s’inquiétait de l’auteur de cette cicatrice et il ne manqua pas de lui faire remarquer que ce n’était pas la seule qu’elle possédait. Ses yeux se posèrent sur lui, elle n’aurait pas besoin de mentir pour toutes. Doucement sa main se glissa sur la sienne et elle lui fit appuyer doucement sur sa blessure pour qu’il en sente chaque recoin :

- Tu as raison, c’est la plus récente. Elle lui sourit et caressa distraitement ses doigts. Le corps est un sanctuaire. Chaque passage de la vie y est gravé. Elle fit une légère pause avant de continuer. Personne ne m’a fait de mal pour celle-ci, c’est de ma faute. Je n’ai pas su maîtriser correctement le cheval que je montais il y a de cela quelques mois. J’ai fait une mauvaise chute mais la sienne a été pire que la mienne. Nous avons été obligés de l’abattre, il ne se relevait pas.

Son regard s’était teinté de tristesse. Son histoire était bien évidemment fausse mais son récit la peinait tout de même. Doucement elle guida sa main jusqu’à d’autres cicatrices, notamment la plus large qu’elle avait dans son dos. Elle avait été profonde et certainement extrêmement douloureuse. Katherine se rappelait avoir frôlé la mort de peu ce jour-là.


- Celle-ci c’est un souvenir d’elle. Le jour où elle est morte. En tombant elle a tenté de se rattraper. Je ne sais pas combien de temps j’ai mis à guérir de celle-là, je ne m’en rappelle pas. Mais Michael a pris soin de moi. Il était jeune lui aussi quand c’est arrivé.

Elle baissa les yeux, songeant à cette période de sa vie où elle n’avait plus que lui. Mais contrairement à ce qu’elle racontait, cette blessure n’avait pas été causée par sa mère, elle ne lui avait pas laissé le temps de la toucher. Elle l’accompagna à nouveau dans ses découverte et lui fit toucher une myriades de cicatrices qui recouvrait son dos et ses bras.


- Ceux-ci sont d’elle. Les souvenirs sont flous mais sa main n’était pas tendre. Elle utilisait le bâton, la cravache ou le martinet. L’erreur n’était pas permise.

Cette fois-ci elle ne lui mentait pas. Les douloureux souvenirs lui revinrent à l’esprit mais sa voix avait perdu toute originalité. Elle ne se rappelait plus ni de son timbre ni du ton qu’elle employait avec elle. Sa main le guida à nouveau sur sa peau. Lorsqu’il frôla une cicatrice elle haussa les épaules :

- Je ne m’en rappelle plus. Certainement une mauvaise chute lorsque j’étais petite ahah…

Puis elle le guida vers son bas ventre. Elle lui fit toucher une cicatrice assez courte mais profonde. Ses mains se mirent à trembler.

- C’est celle-ci qui me fait le plus de mal aujourd’hui…

Elle ne mentait pas. Les scènes violentes lui revenaient à l’esprit régulièrement.

- C’est une longue histoire tu sais. Quand ma mère est décédée, j’ai quitté le pays et j’ai suivi Michael en Hongrie. J’ai une demeure familiale et quelques tantes et cousins que je n’ai jamais vraiment apprécié au final. Mon rang m’a permis d’accéder très tôt à la Cour. J’ai évolué en Hongrie, j’ai appris leurs coutumes et j’ai embrassé cette culture de toutes mes forces. Là-bas, je suis tombée amoureuse d’un homme puissant, un prince dirons-nous. Il a été mon premier amour. Il était certes, bien plus âgé que moi mais je ne regardais pas nos différences. Il a regardé chaque pièce que j’ai jouée, lui raconta-t-elle avec émotion. Et j’ai espéré qu’il m’aime comme je l’aimais. Puis il s’est marié, à une femme plus respectable. Une femme qui ne montait pas sur scène, qui ne jouait pas, une femme plus riche aussi et il a fait de moi sa maîtresse. J’ai accepté, c’était le seul moyen pour moi de rester à ses côtés.

Elle fit une petite pause et releva les yeux pour contempler le ciel. Au passage, elle refoula quelques larmes qui menaçaient de tomber. L’une d’elle remporta son triste combat.

- Je suis tombée enceinte une première fois. Il a refusé que je garde l’enfant et m’a demandé d’y mettre un terme. Ce que j’ai fait. Je suis retombée enceinte quelques mois plus tard, grossesse que j’ai du à nouveau avorter. La troisième fois j’ai essayé plus ardûment de le convaincre de me le laisser. Je n’avais pas l’intention de ruiner son mariage, j’étais prête à partir et l’élever seule. Il en a pleuré. Sa gorge se serra violemment. Il m’a suppliée de rester mais je n’ai pas pu garder le bébé. Ce fut atroce. J’ai cru mourir ce soir-là. La quatrième fois, je me suis battue pour le garder. Mes sentiments pour lui s’étaient éreintés. Je l’aimais mais je ressentais surtout cette horrible amertume envers sa froideur.

Elle s’arrêta. Elle ne voulait pas particulièrement attirer sa pitié mais cela lui faisait du bien d’en parler. Jamais encore elle ne l’avait raconté. Il allait mourir, il pouvait bien emporter ça dans sa tombe.

- Il était furieux. Ce soir-là il m’a battue. Longtemps. Et je me suis relevée à chaque coup. Puis il a demandé à un de ses hommes d’en finir avec cette histoire. On m’a poignardée et j’ai perdu mon bébé. Quand il est parti, je me suis enfermée. Il est revenu, il m’a suppliée, je n’ai pas ouvert. C’est Michael qui m’a retrouvée. Nous sommes partis ensemble du pays. Je ne suis plus jamais retombée enceinte.

Son regard se voila d’une immense douleur. Katherine avait toujours voulu être mère. Ce simple fait l’empêchait par la même occasion d’être une épouse idéale. Elle n’avait plus rien à perdre depuis ce jour-là. Ni son honneur ni sa vie, les deux avaient été bafoués. Le cœur lourd, elle se retint de lui dire que c’était également une vieille histoire. C’était il y a au moins 120 ans. Après cela elle avait voyagé jusqu’à revenir en Hongrie. Elle veilla son ancien amant, sénile et malade, jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle, tétanisé par cette beauté qu’il n’avait pas revu depuis ses jeunes années.
Avec un sourire, elle reprit contenance et s’autorisa à porter ses doigts sur la peau du vampire.


- Et toi… Parle-moi des tiennes… Ce croissant sur ton épaule… Ces marques noires dans ton dos, jusqu’à tes plus petites cicatrices… Son regard était bienveillant, voir soucieux. Avait-il souffert ?


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeSam 31 Aoû - 17:01



L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

" Regarde nos passés,
Vois-tu ces destins liés ?"



Jirômaru réfléchissait à la notion d'humanité. Sa réponse ne sembla guère satisfaire Katherine. Elle s'insurgeait silencieusement. En quoi son statut le rendait-il moins "humain" que les autres ? La belle était douce et elle voulut gentiment lui démontrer que manquer d'humanité était un choix et non le résultat d'un quelconque rang social. En soit, elle avait parfaitement raison, mais le lord la trouvait beaucoup trop optimiste : il se connaissait mieux que personne et savait combien il avait dévié de son caractère originel.

- J'ai toujours fait partie des puissants. J'aime le contrôle. C'est ainsi...Nous ne pouvons guère changer notre nature, quels que soient nos idéaux aux fil du temps.

A ce moment-là, Jirômaru ne savait pas encore que Katherine connaissait sa véritable nature et qu'elle aurait pu interpréter cette réplique comme la manifestation évidente de cette dernière. Les Vampires étaient en effet des êtres qui aimaient dominer les autres et le Comte n'échappait pas à cette règle. Même s'il avait eu des années de doute et qu'une partie de sa vie s'était faite dans l'humilité la plus totale, notamment lorsqu'il errait en Mongolie, la rage qu'il avait accumulée au cours des derniers siècles avait cultivé son orgueil et ravivé sa soif intérieure de gloire et donc de pouvoir. S'il fallait écraser quelques imprudents pour atteindre ses objectifs, alors il les écraserait. Nul ne l'arrêterait. Lui, humain ? Il ne l'était plus vraiment, et ce depuis longtemps...

- Dans cette société, faire partie des puissants nous offre bien trop d'occasions de perdre cette "humanité". Vous êtes une idéaliste, miss Thornes, et je dois dire que c'est tout à fait charmant...Il lui sourit avec amitié.

Lorsqu'il confia à la jeune femme qu'il avait cependant réussi à se raisonner quant à sa folle demande en mariage, Katherine sembla très surprise. Elle le félicita pour son abnégation et lui demanda comment Sarah l'avait vécu. Jirômaru tiqua. Il ne voulait pas étaler ses sentiments quant à sa relation avec la Huntress, mais c'était lui qui venait de lancer le sujet. Il se maudit intérieurement avant de répondre comme il put :

- Miss Spencer ne m'aimait pas et ma demande en public l'avait coincée. J'ai été très égoïste. C'était vrai, à ceci près que Sarah s'était visiblement attachée à lui par la suite. Elle a été particulièrement soulagée que je m'en détourne...

Là, c'était un mensonge destiné à conserver l'honneur de la jeune femme. Il ne pouvait pas décemment avouer que Sarah s'était en réalité jetée dans ses bras pour réclamer une vie d'immortelle à ses côtés...A cette pensée, une pointe de colère anima son regard. Comment avait-elle pu lui demander une chose pareille alors qu'elle savait pertinemment que son but était d'éliminer les siens ? Il avait vécu cela comme une véritable trahison. Son amour en avait douloureusement pâti.

- C'était honorable, sans doute...mais le décès de son père très peu de temps après a malheureusement jeté la pauvrette dans une multitudes de tracas que je lui aurais bien évité en la mariant. Il grimaça, visiblement très contrarié par cette situation qui lui avait échappé. Parfois, je regrette de ne pas avoir persévéré...ne serait-ce que pour lui éviter la solitude au coeur du deuil...

Le Comte se tue un instant. Il songeait que s'il avait bien épousé Sarah, il lui aurait évité de prendre autant de responsabilités seule. Sa mère l'aidait, et sans doute quelques amis de la famille, mais en tant que mari il aurait pu grandement la soutenir dans cette terrible épreuve. Au lieu de cela, il avait dû l'abandonner dans sa tristesse. Tout ça était la faute de Vincento : à part venir veiller le corps de Dorian Spencer l'espace de quelques heures, il n'avait pas pu revoir la jeune femme pour lui prêter main forte. Le risque de la conduire à sa perte était trop grand ! Son fils lui avait lié les mains...

Ses pensées dérivèrent ensuite sur les enfants et, quand il rattacha son peu d'humanité à ses actions en faveur d'orphelins, Katherine put apprécier sa position aussi noble que ferme sur ce point. Elle fut en toute apparence éminemment touchée par son engagement et lui demanda si ces enfants vivaient avec lui. Jirômaru la considéra avec amusement et pouffa un peu :

- Ah ! Ah ! Oh non, miss Thornes...je les confie à l'Orphelinat auquel je fais des dons pour que sa structure puisse leur offrir tout le confort souhaitable. Je ne peux pas décemment les garder. Il y a des lois et puis...vous me voyez suivi par une ribambelle de bambins qui ne seraient pas de moi ? Allons...Il rit encore un peu à l'idée d'être envahi de marmots alors qu'il était maître des ombres.

Ramenant ses yeux dans ceux de Katherine, il soupira. La façon dont la jeune femme s'était décrite le gênait un peu. Elle se dépréciait tellement ! Bien sûr, les "on dit" étaient effectivement nombreux à son sujet, mais elle avait l'air de les accepter, quand bien même étaient-ce des insultes.

- Une femme "facile" ? "Volage" ? Avec "la langue bien pendue" ? Répéta-t-il en lui jetant un regard mêlé de tristesse et d'amusement. Comme vous y allez...Il lui déposa un baiser sur la joue. Ceux qui vous considèrent ainsi ne sont que des envieux...Leur frustration les aveugle.

*******************

Leur discussion ne fut bientôt que soupirs et délices. Katherine révéla au Vampire qu'elle connaissait sa nature et le Comte décida de la laisser vivre en attendant de voir jusqu'où il pourrait lui faire confiance. Ils s'adonnèrent alors à la danse la plus sensuelle qu'il soit et, ensemble, ils profitèrent de ce cadre d'exception pour s'ébattre avec grandeur. Jirômaru désirait la belle depuis leur première rencontre et jubilait de l'obtenir enfin. C'était une femme "facile", sans aucun doute, mais cela lui convenait bien. La société avait beau la conspuer, la belle était libre d'offrir son corps à celui qui lui plaisait. Et pourquoi pas ? En tant que Vampire, lui-même traversait les siècles et avait apprivoisé les douceurs de l'amour sans se soucier de la morale. Les puritains pouvaient se rhabiller : il préférait parfois les catins aux jouvencelles effarouchées ! Qu'ils demeurent prisonniers de leurs carcans imbéciles !

Katherine fut délicieuse. Non seulement elle se laissa faire lorsqu'il la poussa au crime mais en plus elle sut lui offrir une merveilleuse démonstration de ses talents en retour. Liés jusqu'à atteindre l'extase finale, ils se délectèrent chacun de la moindre goutte de bonheur qui transpira au creux de leur aventure. Il se rassasièrent l'un de l'autre comme deux affamés redécouvrent le goût du vin. Et ce vin-là fut extraordinairement savoureux.  

La fin de leurs ébats fut marquée de minuscules événements. D'abord, la gêne de Katherine fut évidente et le Comte prit soin de ne pas la perturber davantage. Il lui donna une serviette de table et détourna le regard. Il pouvait être terrible avec les femmes mais il cultivait le respect de leur sexe s'il s'attachait à elles.
Ensuite, Katherine rebondit sur le fait qu'il se disait stérile. Sa question, simplement curieuse, fut quelque peu intrusive et malvenue. Elle s'en rendit compte et se confondit en excuses. Jirômaru hésita à faire comme s'il n'avait rien entendu mais, tandis qu'il bouclait la ceinture de son long pantalon noir comme la nuit, il lui répondit en marmonnant :

- Non...c'est...assez récent.

Sans développer davantage, il finit par se retourner et par constater que Katherine avait enfilé sa propre chemise. Acceptant cela comme un caprice d'enfant, il en rit et l'invita à l'accompagner dans le jardin. Il n'avait aucune envie de s'attarder sur la terrasse, au milieu des éclats de cristal et de porcelaine, encore moins de continuer le repas puisqu'il ne pouvait pas vraiment en profiter. Katherine avait peut-être faim ceci dit ? Tant pis, ils reviendraient bien assez tôt à l'intérieur et elle pourrait se sustenter à ce moment-là.

*******************

Les deux amants s'en furent donc pieds nus sur les dalles, les graviers et l'herbe fraîche du soir, soudés l'un à l'autre comme s'ils craignaient de perdre la chaleur qui courrait encore dans leurs corps suite à leurs folies. Jirômaru s'inquiéta pour les pieds de l'actrice mais Katherine refusa son aide et sembla satisfaite de la situation. Appréciait-elle autant que lui cette sensation de liberté que des pieds nus pouvaient offrir ?

- Fais tout de même attention...rit-il en la voyant prendre les devants. Je n'aimerais pas que tu te blesses.

Il leva les yeux au ciel lorsque la belle lui demanda à son tour s'il voulait être porté. Avait-elle conscience de son poids ? Bien sûr, c'était une boutade et il fallait la prendre comme telle, mais Jirômaru s'amusa à l'imaginer tenter de le soulever.

Quand eut peur que Katherine ait froid, celle-ci le rassura : elle ne le craignait pas, du moins pour l'instant. Puis, elle lui demanda s'il le ressentait, lui, en tant que Vampire. L'immortel haussa légèrement ses épaules nues.

- Nous sentons les différences de températures lorsqu'elles sont extrêmes mais le froid ne nous mord pas comme vous. Par exemple, je pourrai être ainsi dans la neige sans en souffrir...Par contre, nous supportons assez mal la chaleur.

Ils continuèrent leur petite promenade nocturne. Heureusement, la lune permettait à la belle Humaine de suivre le Vampire malgré la nuit. Ce dernier prenait cependant garde à ne pas la conduire dans les zones trop difficiles à pratiquer.
Lorsqu'ils passèrent sous une arche de roses, Katherine se laissa aller à la poésie. Le lord lui sourit. Lui aussi appréciait les jardins, surtout en cette saison. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il avait toujours aimé les fleurs, et il adorait lui aussi philosopher dans ce genre de lieu.

- Oui...les roses piquent...Mais ce sont les plus belles...

Katherine lui confia alors qu'elle ne profitait jamais de cet endroit. Il était à l'image de l'intérieur de son domaine : comme un acte manqué. Une pointe de mélancolie parut la saisir. Jirômaru la serra un peu contre lui. Apparemment, elle souffrait cruellement d'être seule. Pour elle, cela ne valait pas la peine d'avoir un si grand domaine si c'était pour y errer avec soi-même. Le Vampire la comprenait mais il tâcha d'être motivant :

- C'est pourtant un beau domaine ! Avec un peu d'entrain, vous pourriez lui redonner vie. Ce jardin est déjà magnifique, comme toi...Regarde-toi, petite rose blanche...Il la fit tournoyer sur elle même afin que sa chemise ne l'enveloppe comme des pétales. Puis, il voulut la rassurer davantage : Tu n'es pas seule Katherine...regarde ce soir...

Le Comte se savait n'être qu'une piètre consolation aux yeux de la jeune femme, puisqu'il n'était de toute évidence qu'un amant de plus dans sa vie et non un véritable ami fidèle, attaché, prêt à se damner pour elle. Mais, après tout, l'avenir n'était pas écrit et, ce soir, il était à ses côtés et ne comptait pas rentrer chez lui avant l'aube. Elle pouvait compter sur sa présence.

- Katherine, tu n'es pas dépréciée de tous, reprit-il du ton d'un enseignant. Si je t'ai choisie, ce n'est pas par provocation, pour jouer avec les médisances des uns et des autres et m'amuser d'éventuels scandales : c'est parce qu'au milieu de tous ces commérages de vipères, certains louent tes qualités et j'y ai été attentif. Ils sont plus discrets, parce que cette société nous pousse toujours à incarner un loup parmi les loups, mais ils existent. Avant de te rencontrer, j'avais déjà entendu parler de tes talents de comédienne par exemple, et de ta folle beauté cela va de soi...

Il se permit de la regarder de haut en bas et de lui sourire avec complicité. Il avait pu y goûter, à cette "folle beauté" et il en était ravi.

- Ma Cléopâtre est la plus désirables des reines...

Continuant d'errer parmi les plantes et les sculptures, les deux amants contemplèrent chaque détail qui s'offrait à eux. Katherine s'attarda sur les roses blanches, ce qui arracha un sourire étrange au grand Vampire. Il n'y toucha pas, mais ses yeux de brume s'accrochèrent aux pétales que la belle frôlait de ses doigts. Il songea qu'il n'avait pas tué depuis un moment et s'en sentit curieusement soulagé. Puis, la jeune femme soupira face à une statue de nymphe.

- Chasse donc cette sourde mélancolie...fit-il en lui soulevant le visage. Tu es simplement fatiguée...

Jirômaru savait pertinemment que ce n'était pas cela le problème et que la jeune femme souffrait clairement d'un mal-être profond. Elle se sentait seule et l'image qu'elle traînait au coeur de la société londonienne la meurtrissait davantage qu'il ne l'aurait cru. C'était une femme forte, certes, mais elle souffrait terriblement de son statut bâtard. La belle ne désirait qu'une chose : être aimée. C'était évident pour le Vampire. Il avait tant fréquenté les femmes...et vécu dans la solitude lui aussi...

Une fois installés sur un banc au bord d'un long bassin, Jirômaru osa enfin demander à Katherine d'où venait la cicatrice récente qui lui parcourait la hanche. Il avait pris soin de ne pas trop y toucher durant leurs ébats mais il n'avait parfois pas pu l'éviter, notamment lorsqu'ils étaient grimpés sur la table. Il avait vu la jeune femme grimacer.
L'actrice se confia volontiers, même si cela lui coûta apparemment à cause des mauvais souvenirs que ces marques réveillaient en elle. Jirômaru l'observa. La belle prit sa longue main afin qu'il touche sa blessure et le Vampire la laissa le guider. Lorsqu'elle passa ses doigts sur sa hanche, il retint un peu son mouvement afin de ne pas la toucher trop durement. Lentement, cicatrice après cicatrice, la jeune actrice lui révéla toutes les marques qui striaient son corps laiteux. Le lord l'écouta, attentif, sans lui poser de question. Il fut très respectueux. Katherine souffrait d'un passé tumultueux avec sa mère et en parlait avec une tristesse qui brisa le coeur du Comte. Sans Michael, elle n'aurait peut-être pas survécu aux sévices de sa génitrice et à leur lutte finale.

- Je suis désolé...fit l'ancien samouraï en fronçant les sourcils. Les membres de mon espèce sont des sauvages...Il avait l'air véritablement peiné et une sourde colère vibrait en lui.

Enfin, Katherine lui raconta comment son ancien compagnon l'avait malmenée. Elle lui exposa ses différentes fausses couches et la perte de ses enfants. Jirômaru serra les dents. L'amour de sa vie l'avait utilisée comme amante, puis comme maîtresse tandis qu'il en épousait une autre. Enfin, il l'avait abandonnée, laissée comme morte, avec un coup de poignard dans le bas ventre. Quelle histoire !

- Tu...Tu ne peux plus avoir d'enfants non plus alors...? demanda-t-il en prenant à nouveau ses mains dans les siennes.

Le Comte comprit soudainement la mélancolie dont la jeune femme était habitée. Comment vivre après ça ? Comment trouver la force de se relever et de porter le masque conventionnel attendu par tous ? Il n'était finalement pas du tout étonnant que Katherine mène une telle vie ! Plutôt multiplier les amants que de risquer de nouveaux sentiments et donc potentiellement de nouveaux sévices et regrets. C'était plus facile. Et puis, qui voudrait d'une femme de son âge, incapable d'enfanter ? Tout s'expliquait et son histoire le toucha.

- Katherine...fit-il en embrassant ses mains. Tu as tant souffert...et pourtant tu es si combattive. Ecoute-moi...Tu as été capable de te relever et de venir ici. Tu as su continuer le théâtre et tu intègres aujourd'hui ma troupe. Tu n'es pas une "frivole". Tu as simplement laissé ton passé te ronger plus que de raison, et c'est normal. Tu as tenté de le fuir un peu en te créant une vie plus libre, plus amusante. Mais, puisque tu en souffres encore, il va maintenant falloir que tu acceptes d'être heureuse autrement. L'amour t'a trahie, je sais ce que ça fait...ajouta-t-il avec une crispation visible. Tu penses sans doute ton bonheur envolé à jamais car placer ta confiance dans un autre risquerait d'anéantir ce qu'il reste de toi. Alors...ne fais confiance à personne. Tel était son conseil. Ne fais confiance à personne, Katherine, et apprends à t'aimer toi-même avant d'aimer quiconque.

Donner des conseils est simple, mais se les appliquer à soi-même est difficile. Jirômaru était incapable de s'aimer lui-même ou de faire aveuglément confiance en qui que ce soit. Il ne s'était jamais remis de la trahison de sa femme et encore moins de son changement de nature.

- Quant aux enfants, il y en a plein l'Orphelinat...ajouta-t-il avec un sourire sincère.

Après s'être autant livrée, Katherine était en droit de lui renvoyer sa question. Evidemment, elle avait aussi eu le temps de le détailler pendant leurs ébats et elle avait remarqué les stigmates et cicatrices que son corps de géant avait conservé de ses dernières luttes. Jirômaru pouvait lui exposer ses blessures sans mentir. Il se contenterait tout bonnement d'omettre certains détails...

- Celle-ci, commença-t-il en désignant une petite marque sur son sternum, a été provoquée par Sarah figure-toi. Elle a laissé tomber une broche en argent dans mon col...et cela m'a brûlé.

Ce souvenir le fit sourire. Sarah avait été maligne ce jour-là...Par contre, il fit passer cela pour une maladresse de la part de la jeune femme et ne révéla pas qu'elle connaissait elle aussi sa nature et que l'acte avait été totalement volontaire.

- Les marques dans mon dos sont les vestiges d'une "maladie", si l'on peut dire. J'ai été un peu trop ambitieux récemment : j'ai voulu voler les pouvoirs d'un de mes congénères, un homme dangereux qui utilisait des enfants pour son plaisir...J'ai voulu le châtier. Mais mon corps ne l'a pas supporté. J'ai été très malade, d'où mon absence sur la scène publique.

Il s'inquiéta un peu : Katherine n'avait peut-être pas envie d'entendre des choses pareilles. C'était finalement assez dérangeant de décrypter ainsi son corps et de lui afficher une partie de ses faiblesses. Ce n'était ni très mondain, ni prudent.

- Je suis navré, ce n'est pas très gai de mon côté non plus...

Voyant que la jeune femme souhaitait qu'il continue, il accepta de se confier au sujet de la marque en forme de croissant de lune qu'il portait sur l'épaule droite. La belle semblait très curieuse à son sujet. Elle la caressait doucement du bout des doigts. Jirômaru soupira :

- Ce symbole est la preuve que j'ai passé un pacte magique.

Il s'arrêta. Katherine croyait-elle en la magie ? Il craignait qu'elle le prenne pour un fou. Mais il songea que si son amante connaissait l'existence des Vampires, alors il y avait une chance pour qu'elle ait compris que ce monde n'était pas aussi dénué de mysticité que ce que beaucoup imaginaient. Il poursuivit donc son récit :

- J'ai été blessé dans un conflit entre Vampires et j'ai failli y perdre mon bras droit. J'ai pu recouvrer ma santé auprès d'une sorcière en échange de...de ma fertilité...avoua-t-il enfin.

Son regard se voila. C'était le plus grand sacrifice qu'il avait fait depuis sa transformation. Jamais encore il n'avait autant regretté une décision. C'était son avenir qu'il avait anéanti. Heureusement, un espoir perdurait tout de même : Chastity portait son dernier enfant biologique. A cette pensée, il soupira à nouveau, cette fois comme s'il se libérait d'un poids.

- Tout cela doit te sembler bien mystique, ah ah !

Il lui prit une main, la caressa un peu et la plaça sur son genou droit.

- Je ne sais pas si tu as vu celle-ci tout à l'heure, mais j'ai reçu une balle dans ce genou...Il grimaça à ce souvenir. C'est un Hunter qui a tenté de me tuer. Afin de l'instruire, il ajouta : Un Hunter est un individu qui cherche à éliminer les Vampires. Celui-là a bien visé...

C'était encore Sarah. Elle lui avait tiré dessus au Bloody Rose et le poison noir lui avait laissé une cruelle morsure dont la marque lui resterait jusqu'à la fin des temps. Jirômaru haïssait cette scène qui lui revenait parfois en mémoire : Sarah avait voulu sauver Alexender...Le rouquin avait décidément toujours été en travers de sa route ! Maintenant qu'il y songeait, il se demandait où se terrait cet enfant du Diable...

- Et toi, Katherine, tu n'as jamais eu envie de te venger ? Après le décès de ta mère, n'as-tu pas désiré te battre pour ce genre de cause ?

De son point de vue, son vécu était amplement suffisant pour la pousser à devenir Huntress. Contrairement à Sarah, qui avait toujours eu un environnement privilégié, Katherine avait toutes les raisons du monde de vouloir la mort des Créatures de la Nuit.

- J'imagine assez bien la haine qui a pu t'habiter...fit-il en la serrant encore contre lui. La mienne est...démesurée.

Ses yeux avaient glissés vers la lune et brillaient d'une lueur dangereuse. Il serrait les dents en songeant au Père qu'il était si près de coincer et qui pourtant lui échappait encore. Avec l'arrivée de Vincento, ses plans ne pouvaient plus avancer et cette immobilité le mettait hors de lui.

Jirômaru se leva soudainement, dominant Katherine de toute sa hauteur. Il lui tendit alors une main et l'invita ainsi à le suivre dans une nouvelle marche. Cette fois, il l'entraîna dans le bassin où leurs pieds trempaient déjà. L'eau ne leur arrivait qu'à la cheville et c'était très agréable. Il fallait seulement faire attention à la mousse qui rendait le fond glissant. Le grand Vampire enveloppa la taille de la jeune femme, afin de la maintenir debout si elle risquait de déraper. Puis, ils avancèrent lentement à travers l'onde, profitant des sensations qu'elle offrait.
L'ancien samouraï se souvint d'une rivière qu'il avait dû traverser lorsqu'il était dans la région du Chūbu. C'était vers 1276 et l'hiver était rude. Le Shogun avait une trentaine d'années et le protéger des rivalités entre clans n'était pas une mince affaire. Missionné avec ses compagnons pour défaire une troupe d'élite cachée dans le centre de Honshū, Jirômaru n'avait pas eu d'autre choix que de traverser à pied l'eau glacée. La neige faisait scintiller les rives et le silence environnant s'était fait inquiétant. Leurs armures pesaient et il fallait qu'ils tiennent leurs katanas au-dessus de leurs têtes. Ce jour-là, il avait perdu trois hommes dans une embuscade.

- Elle est plutôt bonne, non ? fit-il à Katherine en décidant de la lâcher.

Il la quitta doucement pour s'éloigner d'elle. Puis, il s'installa sur un des bords du bassin. Son grand corps ainsi plié lui donnait l'air d'une araignée. Ses longs cheveux pendaient comme pour dessiner une toile sur ses épaules nues. Il se pencha un peu et plongea dans l'eau une de ses mains en coupe. Alors, sans crier gare, il aspergea Katherine avec un sourire espiègle.

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeSam 7 Sep - 1:45

Le vampire était un puissant parmi les puissants. Il savait parfaitement l’image qu’il renvoyait et celle qu’il désirait conserver. Il avouait sans peine qu’il aimait détenir ce pouvoir, contrôler les personnes et les situations et ces aveux… Firent frissonner la jeune femme. Elle-même n’avait jamais été avide de pouvoir. Sa mère l’avait éduqué de sorte à respecter les attentes que l’on confiait en la gente féminine de son époque et son père avait été un homme des plus respectables et simples dans la vie. Elle n’avait jamais eu accès à cette quête du pouvoir dont Londres se livrait une bataille acharnée, vivre était déjà suffisamment compliqué pourquoi courir après de telles éphémérides ? Pour ceux qui convoitent la puissance, la chute n’en était que plus douloureux. Jirômaru était certes, bien plus âgé qu’elle et certainement bien plus expérimenté, mais sentait-il qu’il marchait sur une corde usée par la vanité de ses prédécesseurs ? Qu’elle finira par se rompre et qu’il se tordra le cou dans cette chute ?

- Prenez garde à ne pas tomber, comme tous ces puissants qui, dans mon pays, ont fini la tête coupée… Elle parlait bien évidemment de la France, son pays natal. L’envie a toujours fait tourner les têtes et obscurcit les âmes.

D’un air un quelque peu curieux, la Comtesse le dévisagea, de l’arrête anguleuse de son nez jusqu’à ses iris de verre. La peau blême du vampire était aussi froide que le clair de lune mais Katherine en était certaine, s’il pouvait encore se présenter sous les rayons de soleil, sa chair renverrait cette étrange impression de vie. Elle lui sourit, perdue dans ses pensées. Ils étaient décidément tous deux bien différents l’un de l’autre. Lui aimait la puissance, le pouvoir, la domination, le contrôle. Elle, bien qu’extravagante, était finalement bien plus sobre.

- Le choix vous appartient, Jirômaru, de succomber à ces tentations ou d’être fidèle à votre humanité. Elle n’avait aucun doute qu’il la trahirait mais si comme Raphaël subsistait encore en lui une lueur d’espoir alors peut-être… La jeune femme inclina la tête respectueusement. Hélas, ce n’est pas avec une idéaliste comme je le suis que le monde se redressera mais me voilà fort aise que vous appréciez mon… optimisme en l’espèce humaine.

L’annonce de l’annulation du mariage la laissa tout d’abord sans voix. Katherine était intérieurement désemparée. Le cœur en berne, elle avait envie de pleurer. Elle se sentait soudainement bien monstrueuse de regretter l’horreur qu’aurait pu être ce mariage, Sarah ne méritait pas son amertume, elle n’avait rien à voir dans ses histoires de cœur si ce n’était qu’Alexender parlait encore d’elle et peut-être l’aimait-il bien plus qu’elle. Tentant d’obtenir quelques rensiegnements supplémentaires afin de masquer son désarroi, la Comtesse le félicita quant à son abnégation.

- Oh… Vous m’en voyez véritablement navrée… Vous apparaissiez comme l’alliance parfaite, entre candeur et grandeur. Doucement elle posa sa main sur la sienne dans un geste qui se voulait rassurant. Vous n’auriez pas pu prévoir le décès de ce pauvre homme, Jirômaru. Suivez votre cœur, c’est lui qui vous murmure les meilleurs conseils. Mademoiselle Spencer est une demoiselle perspicace et certainement très forte, je ne doute pas qu’elle se relèvera de cette perte et n’en ressortira que plus aguerrie. Vous pouvez toujours la soutenir en ami, la rancœur n’a pas sa place lors d’une telle tragédie.

La discussion fut ensuite portée sur les enfants que le vampire semblait affectionner. Katherine en était attendrie. Elle-même aimait les enfants et souhaitait les protéger de ce monde sans pitié. Elle était étonnée que malgré sa nature, le vampire partage les mêmes aspirations. Doucement, elle lui demanda alors si ces enfants vivaient avec lui. Elle rougit un peu à cette réponse qui la rassura. Au moins elle n’aurait pas besoin de se retenir le jour où elle viendrait à bout de ce monstre. Soupirant elle lui rendit chaleureusement son sourire et hocha la tête :

- Voilà une belle initiative. Je me suis fourvoyée, j’avais cru comprendre que votre amour pour ces petits êtres vous avaient conduit à les garder à vos côtés. Votre cause est noble. Me ferez-vous visiter cet Orphelinat .. ? Elle lui offrit un petit rire amusé. Oh, cette vision de vous suivi par une « ribambelle de bambins » est certes cocasse mais fort agréable. Alors pour vous répondre, je crois bien que je vous imagine parfaitement dans cette situation…

Le regard du vampire sur elle la fit frissonner. Il réagit alors vivement à ses dernières paroles et elle ne put s’empêcher d’en rougir. Depuis quand la considérait-on à ce point pour ce qu’elle était et non ce qu’elle renvoyait ? C’était terriblement frustrant que cela soit sa cible qui lui parle de cette manière et non l’être aimé. Elle accueillit son baiser sur sa joue avec un triste sourire et elle ne put s’empêcher de garder son visage proche du sien, ses doigts s’entrelaçant doucement aux siens :

- Je ne fais que répéter ce qui est dit à mon compte… Elle tourna doucement la tête et déposa à son tour un baiser sur sa joue. Vous allez de nouveau me faire rougir… C’est agréable de discuter avec vous, Jirômaru, vous voyez bien plus en moi que tous ceux que j’ai déjà rencontrés…

Son cœur était lourd de tous ces commérages et obscénités.

**************

Lorsque Jirômaru la reposa, la jeune femme se sentait encore bien pantelante. Il était rare et étonnant qu’un homme s’occupe à ce point de son plaisir et elle en était presque gênée, d’autant plus qu’ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps et qu’à l’origine ils devaient n’avoir que des relations strictement professionnelles. Elle se rappelait avec grande culpabilité tout ce plaisir qu’elle avait ressenti dans ses bras, de ses baisers délicieux à ses coups de rein merveilleux. La serviette entre ses doigts, la demoiselle détourna le regard et se nettoya. Il fut un temps où le moindre contact la répugnait au point d’en déclencher des nausées. Elle n’en était plus bien loin ce soir-là, mais elle devait faire comme si de rien était afin de sauver les apparences. Surprise de ce qu’il lui avouait, la Comtesse lui demanda, non sans crainte, si la stérilité du vampire était récente. Sa réponse à demi-mot l’empêcha de pousser plus loin l’interrogatoire, ce type de sujet était toujours délicat à aborder et Katherine avait cruellement manqué de délicatesse par curiosité. Silencieusement, elle hocha la tête et se rhabilla à son tour. Elle enfila alors sournoisement la chemise du vampire et la referma de quelques boutons. La sensation du tissu sur sa peau souillée était presque rédemptrice. Gentiment, la jeune femme accepta son bras et l’accompagna dans les jardins. De toute évidence, Jirômaru appréciait sa compagnie, c’était une bonne chose pour elle qui avait craint justement qu’une relation sexuelle puisse altérer leur rapport à l’autre. Somme toute, cela les avait même rapprochés.

**************

Katherine se retourna, amusée, vers son amant. Avait-il compris quel genre de femme elle était ? Bien sûr qu’elle était capable de marcher pieds nus, elle aurait même couru devant lui si cela pouvait le rassurer. Elle avait grandi à la campagne, dans une famille noble certes mais à la campagne et son père ne l’avait jamais disputée de la voir gambader dans le parc familial sans soulier. Sa mère, quant à elle, ne l’avait jamais vraiment regardée. Katherine ne craignait pas les informités de la terre, ni les petites pierres qui se glissaient sous ses orteils et tentaient de l’écorcher. Elle ne craignait pas non plus la brindille qui désirait se planter mais elle appréciait d’autant plus la caresse de l’herbe sur ses pieds, léchant ses mollets. Cette connexion, si rare, à la nature lui rappelait qu’elle méritait de vivre, qu’elle appartenait à cet immense ensemble et que si Dieu lui avait accordé cette existence c’est qu’elle méritait la peine d’être vécue. Inspirant profondément, Katherine affichait un petit sourire contre le Comte, un sourire qui s’élargit lorsqu’elle lui proposa de le porter à son tour. Ce qu’elle ne dit pas c’est que son cœur avait fait un bond. Qui craignait qu’elle se blesse ? Etait-il courtois ou bien sincère ? Dans tous les cas son attention lui faisait plaisir. Curieuse, et feignant de ne pas être au courant, la demoiselle lui demanda s’il craignait le froid. Visiblement sa réponse la ravit et elle s’exclama :

- Quelle chance ! Tu ne sais pas à quel point j’aimerais sentir la neige sur ma peau sans que ce contact prolongé ne me brûle de froid ! mais… Elle se pencha vers lui d’un air taquin. Je comprends mieux dans ce cas pour l’Italie. Il fait une chaleur et une moiteur à en mourir. Ses yeux se firent plus joueur. Pour toi, je veux bien m’y rendre en hiver.

Glissant sa main dans la sienne, la Comtesse le guida jusqu’à de magnifiques arches de rosiers dont certaines fleurs menaçaient cruellement d’éborgner l’un des deux amants. Elle le mit en garde contre leurs attaques lascives et se tourna pour observer le vampire. Jirômaru semblait dans son élément, son regard pâle s’était accroché sur les roses, il détaillait les pétales et Katherine ne put s’empêcher de penser qu’elles lui allaient bien. Les rouges étaient particulièrement à son goût et contrastaient avec sa chevelure de neige. D’une main, la jeune femme écarta une rose qui frôlait son visage, ne se souciant pas des épines vengeresses de ces délicieuses amantes.

- J’aime les rouges, elles évoquent la passion, ce tourbillon qui nous emporte et qui nous empêche de bien voir mais qui nous montre la vie autrement. J’aime particulièrement quand elles se rapprochent du sang, ce bordeaux si sombre qu’il en est envoutant. Mais je crois que je préfère les orangées. Elles sont comme un lever de soleil, ou un coucher. Elles inondent nos yeux de leur chaleur et elles sont le début et la fin de toute chose… Des scientifiques disent qu’ils arrivent à en obtenir des bleues, je demande à voir…

Son humeur se teinta de mélancolie et elle décida d’être sincère à ses côtés. Être avec Katherine ce n’était pas seulement goûter aux joies de la luxure, à l’extravagance et aux magnifiques souvenirs. C’était aussi se rendre compte qu’au-delà de tout ce qu’elle voulait bien montrer, une femme plus délicate, presque à fleur de peau, se cachait. Sa lourde mélancolie lui emboitait le pas. Contrairement à ce qu’elle était en société, la belle Hongroise souffrait de sa solitude, de cette exclusion qui lui avait valu une bien mauvaise réputation. Elle souffrait de ne pouvoir recevoir d’autrui ce qu’elle aimait tant offrir. Elle en avait souvent eu des nausées. Il était terrible de ne pouvoir être aimée. Serrée contre le Lord, la jeune femme s’affaissa doucement. Elle releva les yeux pour regarder son domaine. Elle ne put s’empêcher de rougir intensément lorsqu’il la complimenta et qu’il la fit tournoyer. Elle lui sourit alors avec gratitude et refoula ses larmes d’un geste de la main :

- Tu es trop bon avec moi… Petite rose blanche... Comment as-tu su que j’avais perdu mes couleurs ? Sa gorge se serra. Tu es là ce soir et j’en suis heureuse mais qu’en sera-t-il de demain ? D’après-demain ? De la semaine prochaine et de l’année qui suit ? Puis-je compter sur ta présence ou dois-je me contenter de rencontres tout aussi fugaces qu’éphémères… ? Quand tu partiras, tu emporteras avec toi les couleurs de ce jardin… ne pars pas trop longtemps, s’il te plaît…

Le sourire qu’elle lui offrait trahissait cruellement la douleur qui habitait son cœur. L’âme en berne, elle baissa les yeux et l’écouta sagement. Jirômaru tentait de la rassurer, voir même de la consoler et elle était terriblement désolée que leur soirée se dirige vers une telle issue, elle ne voulait pas l’inquiéter des troubles qui l’agitaient. Ses doigts caressaient délicatement les siens. Face à lui, la lycanthrope se sentit minuscule, le Comte dégageait une telle aura qu’elle ne frissonnait presque. Elle hocha doucement la tête tout en répondant :

- Je ne doute pas de ta sincérité mais je doute de la leur. Ce sont de si faibles soupirs qu’ils n’ont plus de puissance, pas assez de souffle pour s’imposer, noyés dans cette immensité d’atrocités. Sa main se glissa dans ses cheveux, en quête d’une boucle brune pour y entortiller ses doigts. On parle souvent de ma beauté mais t-a-t-on parlé de ma vive intelligence ? De la qualité de mon esprit et des mots qui sortent de ma bouche ?

Sa « folle beauté » et les commérages à son sujet lui avaient valu l’insistance de Andrew Standfor qui avait osé l’embrasser en plein bal. Cela lui avait valu la méfiance des autres femmes et les regards indésirables de nombreux hommes. Mais c’était son outil de travail. La Nature l’avait faite belle et plus que désirable, elle ne pouvait pas l’ignorer. Anxieuse la jeune femme se mordit la lèvre et attendit la réaction de son compagnon. Finalement elle glissa ses mains à son visage et se mit sur la pointe des pieds :

- Pardonne-moi, je ne veux pas t’embêter avec ça, profitons de ces instants où nous sommes ensembles. Elle apprécia ses compliments et posa doucement ses lèvres sur les siennes. Ta reine est heureuse que tu sois là ce soir…

Le cœur cependant toujours aussi lourd de toute cette solitude, la jeune femme caressa les fleurs en marchant puis s’arrêta devant cette magnifique statue de nymphe qui trônait au centre du bassin. Jirômaru lui releva le visage et elle hocha lentement la tête les yeux mi-clos. Oui cela devait être ça, elle était simplement fatiguée… Son moral remonta doucement quand elle pensa au fait qu’il tente de lui remonter le moral. Cela lui faisait du bien que l’on se soucie un peu d’elle, qu’on ose chercher à la comprendre ou même à la connaître. Jirômaru avait beau être un vampire, elle ne pouvait ignorer son humanité en ces instants…

*********

Assise sur ce banc, Katherine dévoilait petit à petit les fractures de son âme. Leurs cuisses se touchaient et accentuaient la sensation de ce contact tant désiré pourtant les mots étaient graves. De sa main, elle le guidait à travers son corps, lui faisant toucher du bout des doigts puis plus franchement ces plaies dont la plupart avait cicatrisé. Elle perçut chez lui cet instant de retenue lorsqu’elle lui fit découvrir l’ampleur de sa blessure encore vive. Elle lui sourit gentiment, il pouvait toucher. Bien sûr qu’elle avait mal mais ce n’était rien comparé à la douleur au fond de son cœur. Sentait-il son courage ? Remarquait-il à quel point elle était forte d’avoir traversé ces épreuves et d’avoir marqué ainsi son corps à vie ? Bien sûr elle lui mentit pour cette blessure. La raison était moins tragique mais plus violente qu’une chute à cheval. Elle était venue en aide à ce médecin à WhiteChapel et son cœur se serra en pensant qu’elle ne le reverrait sûrement jamais. Doucement, elle lui fit découvrir les sévices de sa mère gravés sur sa peau : des marques de coups de martinet, de bâton, parfois même des brûlures qu’elle avait pris soin de cacher à son père. Elle avait eu peur qu’il ne s’énerve, qu’il la porte lui aussi pour coupable. Ou bien qu’elle soit la cause d’une mésentente entre ses parents. Elle avait longuement écouté les histoires à leur propos, ils étaient, disait-on, un couple parfait. Entre James et Joharda, l’alliance était passionnelle et ils avaient conclu un mariage d’amour comme il était rare d’en conclure à cette époque-là. Ils s’étaient courtisés, s’étaient promis l’un à l’autre tout en devenant des amis extrêmement proches, ils s’étaient épousés, les yeux pétillants de joie et avaient conçu deux enfants. La rupture était là. Le premier enfant n’avait pas suffi à provoquer l’amour maternel chez Joharda. Le cœur rongé par la jalousie de toute l’attention que lui portait James, elle avait nourri à son égard une triste amertume qui s’était, peu à peu, transformé en haine. Et Katherine, enfant, avait espéré que cela change en grandissant. Que si elle taisait les fautes de sa génitrice elle pourrait être aimée par elle. Elle s’était lourdement trompée mais en même temps… Elle n’était qu’une enfant.

Lentement elle le fit passer sur les innombrables coupures, et petites brûlures qui la caractérisaient désormais. Ses doigts rencontrèrent la brèche de son dos, profonde ouverture vers son âme et elle lui sourit tristement. Ce qu’elle lui racontait était un mensonge éhonté mais elle ne pouvait pas lui dire qu’elle avait failli y passer lors d’une chasse. Joharda devait être le seul vampire auquel elle s’était opposée. Doucement, elle se mit à rire, c’était plus nerveux qu’une marque d’amusement. Il était difficile pour elle de se dévoiler à ce point mais elle en appréciait d’autant plus ce qu’ils étaient en train de construire. Après cela, Jirômaru ne pourrait plus l’ignorer ou feindre une simple amitié à son égard. Il y avait bien plus entre eux. Les mots du vampire la surprirent. Elle le regarda avec étonnement. N’était-il pas un fier représentant e son espèce ? Pourquoi sentait-elle une sourde colère dans ses propos. Doucement elle glissa son visage vers lui et baisa sa joue, comme pour le rassurer alors que c’était elle qui racontait des atrocités sur son passé :


- Ce n’est pas de ta faute. Ses erreurs ne sont pas les tiennes, Jirômaru et… Sa transformation n’a fait qu’accentuer ce qu’elle était déjà. Elle n’a jamais réussi à m’aimer et la plupart des marques que je porte aujourd’hui ont été faites de son plein gré lorsqu’elle était humaine. Ses doigts caressèrent gentiment sa joue tandis qu’elle laissait son souffle réchauffer le cou du vampire. Mmmh… Vous êtes un délicieux sauvage dans ce cas.

La discussion fut d’autant plus difficile lorsqu’elle lui raconta la véritable plaie de son cœur. Sa main appuyant sur son bas-ventre, elle avait un jour espérant qu’un homme y glisse ses doigts, ses lèvres et son oreille pour entendre son enfant. Elle lui parla de cet homme qu’elle avait tant aimé et qui lui avait fait tant de mal par le passé. Elle lui évoqua ses quatre enfants qu’elle n’avait jamais vu grandir et son regret de ne pas avoir pu les garder. Son cœur vrillait à chaque fois qu’elle repensait à l’un d’eux. Que seraient-ils devenus aujourd’hui ? Aurait accouché de filles ou de garçons ou bien des deux ? Auraient-ils eu en eux ces totems si particuliers de la lycanthropie ? Qu’elle aurait aimé mourir après tout ça. En fin de compte, Michael n’aurait jamais du la sauver, il n’avait fait que prolonger son calvaire. Son regard glissa vers le clair de lune. Elle ne pouvait supporter de regarder Jirômaru, elle en aurait pleuré et elle ne voulait pas encore l’affecter de ses états d’âme. Mais son compagnon était tout particulièrement compatissant. Il lui demanda alors, avec tout autant de délicatesse qu’elle l’avait fait plus tôt, si elle était devenue stérile. Un triste sourire fendit son visage tandis qu’elle contemplait ses mains logées dans les siennes.

- Eh bien… Je suppose que c’est fini, oui… Dieu m’a offert quatre chances, je n’ai pas su les saisir… Elle caressa doucement ses doigts. Comment lui dire qu’elle en crevait chaque jour intérieurement. ? Elle ne pouvait pas se plaindre, lui non plus ne pouvait pas enfanter après tout. Si ce n’était pas un signe du destin…  

Le vampire sembla réaliser soudain toute la portée de ses révélations. Katherine n’avait plus rien à perdre, pas même la vie, alors à quoi bon s’abstenir ? à quoi bon attendre un potentiel mariage banal voué à l’échec parce qu’elle ne pourra plus jamais enfanter ? A quoi bon s’attacher à toutes ces vertus qui n’avaient plus de sens à ses yeux ? A quoi bon craindre ce vampire alors qu’elle ne tenait même plus à celle qu’elle était ? Les mots du vampire la touchèrent profondément. Il baisa ses mains et félicita son courage, sa force d’être encore debout après toutes ces épreuves, de s’être battue afin que sa vie continue, d’avoir tenté de trouver un nouveau but à sa vie. « Tu as tant souffert », oh oui… « Tu n’es pas une « frivole ». Tu as simplement laissé ton passé te ronger plus que de raison». Katherine le détailla de ses yeux lagons sans pouvoir retenir les quelques larmes qui débordaient désormais. Jamais encore on ne l’avait soutenue de la sorte. Jamais encore on avait trouvé en elle ces qualités qui en étaient devenues des défauts. Elle baissa alors honteusement le visage, ses précieuses gouttes de détresse dévalèrent plus rapidement ses yeux et tombèrent sur la chemise qu’elle portait. Silencieusement elle enleva ses mains de son étreinte et les posa sur son visage pour se cacher, pour essuyer ce qu’elle tentait rageusement de combattre depuis des années puis fatiguée elle se réfugia contre lui.


- Pardon… je ne voulais pas pleurer… Jirômaru… Tu n’imagines pas le nombre de fois où j’ai failli abandonner, le nombre de tentatives ratées, tu vois en moi la force que je ne trouve plus depuis longtemps. Je me sens faible, misérable et j’ai honte de te faire subir aujourd’hui mes états d’âme. Être heureuse autrement .. ? Explique -moi comment, j’ai beau tenter, la lumière n’est plus aussi éclatante qu’elle ne l’était de mon vivant. Bien entendu, Katherine n’avait jamais goûté à la mort mais tout ce qu’elle avait vécu avait tué l’enfant en elle. Sa joie excessive n’était que la démonstration démesurée d’un combat qu’elle ne gagnait pas. Ses mains se crispèrent dans son dos, elle avait besoin qu’on la serre dans ses bras, qu’on la rassure à nouveau. La solitude du cœur et de l’âme était une terrible peine.

Relevant les yeux vers lui elle sécha définitivement ses larmes et lui sourit. Il avait beau n’être qu’un vampire, il était aussi terriblement humain dans ses propos et ses actions. Que lui avait dit Alexender déjà.. ? Qu’elle devait se méfier .. ? Ah oui, elle l’avait presque oublié. Le cœur serré, elle entrelaça ses doigts aux siens et souffla :


- Qui a donc brisé ton cœur pour comprendre à ce point celle que je suis.. ?

Un triste sourire étirant ses lèvres, la jeune femme se permit de rêver un instant. Elle s’imagina entourée d’enfants, plus ou moins grands. Aucun ne lui ressemblait. Cela l’attristait mais elle pouvait faire sans ce lien du sang. Qu’elle avait envie de leur apprendre tout ce qu’elle savait, de les voir grandir, de répondre à leurs besoins et de les voir eux-mêmes vivre leur propre vie, avoir des enfants, les lui montrer, les élever à leur tour… Le cœur serré, elle songea à cette longévité qui lui pourrissait la vie. Elle les verrait sûrement mourir aussi. Une idée l’amusa cependant un quelque peu, cela défraierait la chronique une femme seule, une comtesse sans époux qui adoptait une ribambelle d’enfants. Légèrement plus enjouée, la jeune femme se pencha vers son amant et lui souffla :

- Une femme seule, tu n’y penses pas… Qu’attends-tu pour me demander en mariage ? Son regard était taquin. Bien évidemment qu’elle n’y pensait pas non plus.

Ses yeux s’étaient faits à nouveau rieurs, elle ne voulait pas sombrer à nouveau dans cette triste mélancolie, cette douce nuit qui l’emprisonnait. S’intéressant alors à lui, elle se pencha et lui demanda ce qu’il en était de ses cicatrices. Elle en avait remarqué quelques-unes dont une particulièrement fort peu anodine. En forme de lune, elle ressemblait bien plus au marquage des chevaux, une brûlure, plus qu’une cicatrice tant elle était étonnante. La première, lui raconta-t-il, avait été provoquée par Sarah. Un sourire étira les lèvres de la demoiselle. Elle papillonna un instant des yeux feignant l’innocence :


- Oh, cruel amour ! Est-elle au courant de ta blessure ? Elle fit mine de réfléchir un instant. Je ne savais pas que cette légende était vraie ! Mais j’y pense, l’argent te brûle, alors comment as-tu réussi à t’en sortir chez Sir Barry ? Sa vaisselle était tout particulièrement exquise et surtout en argent, nous n’avons pas manqué de le remarquer. Fais-moi voir tes mains… Elle prit ses mains entre les siennes et exprima un soupir de soulagement avant de baiser ses doigts. Elle se redressa un instant et s’exprima doucement. Alors je devrais peut-être enlever ça, je ne veux pas te blesser, ajouta-t-elle faussement. De ses doigts elle ôta les belles épingles qui maintenaient encore un semblant de coiffure et les posa sur le rebord du bassin, délivrant ainsi ses belles boucles brunes. Ainsi elle paraissait plus sauvage, plus insaisissable. Avec une lueur d’amusement elle repoussa ses bijoux. J’apprécie l’argent, mais pour toi je n’en porterai plus.

Doucement ses doigts détaillèrent la brûlure. Elle glissa sa main ensuite dans son dos et effleura les contours de ses cicatrices. Cette « maladie » avait été causée par le vol des pouvoirs d’un autre vampire. Cela étonna franchement la jeune femme qui n’était pas au courant que ces créatures pouvaient agir de la sorte. Inquiète, elle fronça les sourcils et demanda :

- Est-ce que c’est fini ou bien est-ce que c’est dégénératif.. ? Dis-moi que c’est fini… Il... Il a eu ce qu'il méritait. Sa lâcheté l'a poussée à choisir des victimes qui ne peuvent pas se défendre. J'exècre son comportement de tout mon coeur. Elle hésita puis demanda sagement : Mais... J’ignorais que vous aviez des pouvoirs, en quoi est-ce qu’ils consistent.. ? Comment peux-tu voler les pouvoirs d’un autre.. ? Parlait-elle trop ? Peut-être, mais elle était véritablement curieuse et Katherine était un puits de savoir, elle aimait emmagasiner des connaissances et c’était notamment l’une des images qu’elle renvoyait en société au-delà de toutes les critiques.
Se voulant rassurante elle secoua même la tête lorsqu’il lui avoua que ses cicatrices n’étaient guère plus joyeuses que les siennes. Touchée par ses excuses, la demoiselle caressa son genoux d’une main et lui souffla :

- Pourquoi t’excuser.. ? C’est moi qui te l’ai demandé. J’aime ce que j’entends, j’apprends à te connaître. Tes blessures sont le reflet de ton âme… Peu importe l'horreur qui les accompagne, chante leurs louanges, elles t'appartiennent.

La tête inclinée afin de mieux observer celle en forme de croissant de lune, elle ne put s’empêcher d’y toucher, guettant sa réaction afin de savoir si c’était douloureux. Un instant elle resta surprise. Un pacte magique ? Son regard la trahit. Décidément, elle n’avait jamais entendu parler d’une telle chose. Elle mit du temps avant de réaliser ce qu’il lui disait. Son esprit était bouleversé. Bien entendu, Katherine n’avait jamais été fermée à cette possibilité. Sa vie entière avait été au contact du surnaturel. Elle avait connu de nombreuses créatures et elle-même arrivait à utiliser des facultés particulières qu’elle attribuait à la présence de ses entités. Elle n’avait cependant jamais rencontré d’humains capables à eux-seuls de sorcellerie ou bien entendu parler de pacte magique. Ainsi donc, le vampire avait failli perdre l’une de ses bras en échange duquel il avait dû offrir sa fertilité. Elle releva les yeux vers lui et souffla :

- Et bien… J’avoue que j’ignorais l’existence des sorcières et la possibilité de… réaliser des pactes magiques. Mais tu sais, après tout ça, fit-elle en faisant référence à son passé, la vie me paraissait déjà bien mystique. Ses doigts se posèrent sur son bras droit. Qu’aurais-je fait sans ton bras droit Jirômaru.. ? Comment aurais-tu pu me combler ? Elle éclata d’un rire doux et terriblement séducteur avant de se glisser sur ses genoux. Elle captura alors son visage entre ses mains et souffla plus sérieusement : Ce choix a été difficile, j’en suis désolée… Je ne sais pas si j’aurais eu ton courage, ta force et ton abnégation pour abandonner cette partie de soi. Mais je suis heureuse que tu l’ais fait… Sans cela, peut-être n’aurais-tu pas survécu jusqu’à aujourd’hui et je n’aurais pas pu te serrer dans mes bras. Elle enroula ses bras autour de son cou et enfouit son visage dans ses cheveux, le pressant contre elle avec force.
Finalement, il guida sa main jusqu’à son genou et elle se rassit sur le côté pour ne pas le gêner. En effet, elle n’avait pas fait attention à son genou, elle était bien trop préoccupée par autre chose… Elle ne s’attendait cependant pas à ce qu’il lui parle aussi librement des Hunters.


*Il sait.*

*Bien sûr que non* gronda Raina.

* Et s’il la testait ? Avec les cicatrices…*

*Ch… Tu n’y penses pas.*

* Pourquoi pas. Katherine, s’il sait…*

* Il ne sait pas. J’en suis certaine.*

Intriguée, la jeune femme pencha la tête sur le côté à la manière d’un animal auquel on adressait la parole et qui tentait de comprendre ce charabia. Apparemment cela avait été un excellent tireur. Katherine ne put s’empêcher de sourire et d’ajouter :

- Si je peux me permettre, s’il avait bien visé il aurait touché ton cœur et me voilà rassurée qu’il n’en est pas fini avec toi. Les… Hunters… te veulent-ils toujours du mal.. ?

Elle baissa un peu la tête, inquiète de ce qu’il pourrait lui dire mais la discussion était devenue si périlleuse qu’elle en était capitale. Il pensait l’instruire, très bien, qu’il garde son rôle de professeur, Katherine allait être une élève des plus attentives et appliquées. Ses questions la firent terriblement rougir. Il ne pouvait pas être si proche de la réalité. Bien sûr qu’elle avait eu envie de se venger. Sans tout cela, jamais elle ne serait devenue Huntress, elle aurait vécu une vie presque banale et n’aurait jamais eu à tuer qui que ce soit. Et puis, pour tous ces enfants décédés… le combat devait continuer… L’amertume en bouche elle répondit doucement et faussement :

- Me venger de ceux que je ne connais pas.. ? Il n’y a qu’à elle que j’en veux. Après son décès, j’ai surtout essayé de vivre, Jirômaru… Je ne veux pas me perdre dans cette spirale de haine…

Pressée contre son torse, elle hésita un instant puis l’enlaça de ses bras. Son visage contre sa peau, la demoiselle ferma les yeux. Le Comte était si compatissant, il comprenait sa douleur, sa sourde colère et… Elle blêmit brusquement contre lui. Sa haine était « démesurée ».. ? Son cœur se mit à battre plus vite que nécessaire. Ces quelques mots remirent tout en question ? Parlait-il de sa haine envers les vampires ? Désirait-il lui aussi se venger de quelque chose ? Pourrait-il être possible qu’il soit de la même trempe que Raphaël.. ? Que devait-elle penser désormais.. ? Elle avait épargné le jeune éphèbe, pourquoi s’acharnerait-elle sur celui-ci s’il haïssait autant sa nature que les Hunters et tuait déjà apparemment les siens.. ? Toutes ces questions et bien d’autres venaient se bousculer dans son esprit. Elle en eut presque la nausée. Doucement, Katherine releva son visage vers lui et contempla les traits figés de sa peau, sa mâchoire serrée et la rage dans son regard. Elle ne sut que dire. Comment devait-elle réagir à cela ? Ses bras protecteurs s’étaient refermés autour d’elle. Elle réfugia à nouveau son visage contre lui et décida de le presser à son tour contre sa poitrine.

- Un jour peut-être, me partageras-tu l’objet de ta haine…

Décidément, Jirômaru était un vampire des plus surprenants. Elle hésitait presque à se trahir mais ne put s’y résoudre, après tout, rien ne lui indiquait qu’il pouvait être favorable à sa cause, seulement qu’une haine profonde l’habitait à l’égard des siens. Mais irait-il jusqu’à l’éradication qu’elle visait.. ? Souvent, elle songeait à quel point elle était orgueilleuse de décider à la place de Dieu de ceux qui devaient être punis. Perdue dans ses pensées alors qu’elle humait son parfum elle fut surprise de le voir se lever et elle prit volontiers sa main. Ses pieds se glissèrent dans l’eau fraîche du bassin et elle esquissa un geste pour se rattraper d’une éventuelle glissade. Soudainement maintenue ferment contre lui, la Hongroise se sentait terriblement en sûreté, elle était certaine désormais de ne plus tomber. Un frisson la parcourut alors qu’elle avançait à ses côtés. Les ondulations de l’eau remontaient parfois jusqu’à ses mollets et éclaboussait le derrière de ses genoux. Là, sous cette lumière pâle, le vampire lui paraissait bien éphémère. Son visage épousait à la perfection cette clarté lunaire. Katherine eut presque l’impression d’être accompagnée d’un fantôme. Elle se tourna alors vers la statue et toucha de sa main celle de la nymphe. Le vampire l’avait quittée. Elle sourit tristement lorsque son visage détailla les courbes gracieuses des lèvres de la statue. Elle répondit :

- Rafraîchissante mais c’est parfait…

Lorsqu’elle se tourna elle était seule dans l’eau. Lui, s’était assis au bord du bassin. Katherine se sentit soudain bien frêle ainsi à sa vue. Elle ferma alors les yeux et tourna doucement sur elle-même pour profiter de cet instant de liberté. Ne s’y attendant pas, elle reçut une myriade de gouttelettes qui s’écrasèrent sur son visage et s’étalèrent sur la chemise. Oubliant toute animosité à son égard et retrouvant une joie enfantine, Katherine se mit à rire et d’une main, elle poussa l’eau à déchirer la surface tranquille du bassin. Elle l’aspergea à son tour et fit quelques pas vers lui. La lycanthrope n’aurait su expliquer combien de fois elle l’avait éclaboussé ni combien de fois il lui avait renvoyé son affront. Elle riait, se tournait, lui jetait de l’eau, se protégeait le visage puis attaquait à nouveau. Lorsqu’elle fut suffisamment proche de lui elle se jeta dans ses bras, et de ses lèvres humides elle lui vola un délicieux baiser qu’elle approfondit. Son visage était trempé, ses cheveux se collaient sur ses joues, son cou, sa nuque et dégoulinaient dans son dos. Sa chemise s’était faite outrageusement moulante et certains endroits étaient devenus transparents. Ses dents attrapèrent doucement la lèvre du vampire, sur laquelle elle tira avant de l’embrasser de plus belle. Le tirant à elle, elle le força à s’avancer tandis qu’elle reculait. Ses pas se faisaient précautionneux et terriblement impatients à la fois. Elle l’emmena jusque sous la fontaine, l’eau ruisselant sur leur visage, leur corps tout entier offert à cette cascade contrôlée. Qu’il était beau ainsi dévêtu et trempé ! Ses mains caressèrent ses joues puis à nouveau son cou, sa nuque et elle l’embrassa à nouveau. Cette fois-ci elle fut plus ardente, plus fougueuse, plus langoureuse. D’un geste souple elle se hissa au-dessus de ses hanches, refermant ses jambes autour de lui tandis qu’elle se pressait contre son torse. Désormais, le tissu entier de la chemise lui collait à la peau.

A bout de souffle, la jeune femme dut s’arrêter. Ses yeux se plantèrent chaleureusement dans les siens. Elle lui sourit alors, rit un peu, le regard débordant d’affection pour ce Vampire qui réussissait à la séduire. Doucement elle descendit de son corps, elle prit garde de ne pas le blesser. L’obscurité couvrit un instant les deux amants, la lune s’était voilée. La jeune femme recula alors à son tour, elle manqua de glisser et se rattrapa au bras de la statue. Elle en fit le tour, d’un air joueur puis s’éloigna dans l’obscurité. Bientôt, ses pieds trouvèrent le rebord du bassin qu’elle franchit sans difficulté. Toujours sans lui tourner le dos, elle recula et l’invita à la suivre d’un geste de la tête. Elle slaloma entre les rosiers et les buissons bien taillés. Elle disparaissait parfois derrière des arbres majestueux et se retrouva, à un moment, perchée sur la branche de l’un d’entre eux. Lorsqu’elle descendit souplement elle s’approcha du vampire et glissa une fleur dans ses cheveux. Elle prit alors sa main qu’elle embrassa puis passa sous son bras, comme lors d’un pas de danse.

La jeune femme se détacha à nouveau de lui et alors qu’elle allait lui souffler quelques mots d’une tendre importance un orage estival éclata. Des trombes d’eau couvrirent son murmure et les trempa jusqu’aux os. Katherine s’égaya d’autant plus et se mit à rire. Elle tournoya sur elle-même les bras écartés pour apprécier chaque goutte qui caressaient son visage. Chaque filet du ciel qui glissait contre sa peau. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Elle était bien loin la femme mélancolique que Jirômaru avait rencontré ce soir-là. Là, en cet instant précieux, elle vivait. Alors, à travers les gouttes elle revint vers lui et déroba à nouveau ses lèvres.


- Et là, dans cette obscurité, c’est à toi que je m’offre, mon bel amant à la peau de marbre. Serre-moi dans tes bras que je m’y perde, fais-moi sentir la force de ton affection, presse-moi jusqu’à ce que j’étouffe. Ignore mes supplications, empêche-moi de respirer, je veux crouler sous tes baisers…

Ses mains touchaient à nouveau son torse, dessinaient les contours de ses cicatrices qu’il avait finalement expliquées.


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

Ô rage, Ô désespoir !
Et si l'orage rendait l'espoir ?



Katherine s'amusa à rappeler au Comte que les puissants pouvaient tomber de haut et qu'il fallait qu'il se méfie de ses envies de domination. Elle évoqua la France et les fameuses "têtes coupées" par la Révolution. Apparemment, elle affectionnait ce pays puisqu'elle avait utilisé le possessif "mon". Jirômaru tiqua un peu. Lui, il détestait la France, justement à cause du chaos qui y régnait toujours. A l'époque où il l'avait visitée, à la fin du XIVème siècle, il était tombé en plein conflit entre les dynasties des Plantagenêt et des Valois. Aujourd'hui, on nommait cette guerre interne "la Guerre de Cent Ans".

- Ce n'est pas pour rien que je n'y suis resté que deux ans. J'ai toujours trouvé ce pays trop chaotique...Son peuple a la révolte facile...confia-t-il à la belle actrice.

L'Angleterre avait été étroitement mêlée à ce conflit et c'était durant cette période de troubles que le Comte avait tourné son regard vers l'île. Après un séjour du côté du Rhin, en "Germanie", il avait décidé de s'installer à Londres. Il avait alors participé à la Guerre des deux Roses, un nouveau conflit d'intérêts, pour le pouvoir, toujours le pouvoir. Finalement, il avait beau dire qu'il détestait les affrontements politiques, il avait vécu toute sa vie en leur coeur. Jirômaru appartenait à la caste guerrière depuis sa naissance et avait pris l'habitude de fréquenter les dirigeants. Depuis le Shogun qu'avait servi son propre père, jusqu'à la reine Victoria sur laquelle il gardait aujourd'hui un oeil, il avait été un des grands acteurs des sociétés civilisées au fil de ses cinq siècles d'existence. Jusqu'où irait-il ? Perdrait-il la tête lui aussi ? Son orgueil s'amusa à cette idée.

Katherine tenta par la suite de le pousser à conserver son humanité et à ne pas tomber dans le piège du fatalisme. Ce n'était pas parce qu'il était d'une nature dangereuse qu'il fallait la laisser le commander. Jirômaru loua son optimisme et cela plut à la belle. Il était sincère, même s'il n'était pas capable d'adhérer à cette vision du monde. De son point de vue, tant que les Créatures de la Nuit séviraient, tant que les guerres persisteraient, l'humanité ne trouverait jamais la paix. Finalement, croire qu'il pourrait se charger d'au moins la moitié de ces maux ne faisait-il pas de lui-même le plus grand des idéalistes ?

- Il faut des idéalistes, ils sont porteurs d'espoir.

Katherine était d'une grande douceur, depuis sa voix d'ange jusqu'à ses doigts de fée qui parcouraient les mains et les bras du Vampire. De son côté, Jirômaru appréciait cette soirée à sa juste valeur et se présentait en gentleman exemplaire. Il n'avait aucune raison de maltraiter son actrice. Non seulement elle lui était utile, mais en plus elle lui plaisait beaucoup. Leurs échanges de sourires et de caresses les ravissaient.

La jeune femme fut visiblement surprise d'entendre qu'il avait annulé sa demande en mariage auprès de Sarah Spencer. Elle s'étonna de sa décision, le félicita pour son abnégation et voulut le convaincre qu'il n'avait pas pu prévoir la mort de Dorian, le doyen de la famille. Jirômaru soupira. Il était las de ses déboires avec la jeune chasseuse. Son lien avec les Sectes était des plus dangereux pour Sarah et l'arrivée de Vincento compliquait davantage la situation. La belle était redevenue un otage, sans même s'en rendre compte. C'était un nouveau barreau à la superbe cage qui emprisonnait le lord. Contrarié, ce dernier eut quelques difficultés à conserver son masque mondain.

- Miss Spencer est plus forte que candide, mais j'aurai pu la soutenir au mieux si j'avais été son mari. Je ne le peux plus désormais. J'ai sali son image et elle ne peut guère m'accepter désormais, même en tant qu'ami. Je tâche donc de la laisser tranquille.

La vérité était qu'il ne pouvait plus l'approcher sans la mettre en danger. Autant s'en éloigner. Avait-il seulement le choix de toute façon ?

Lorsqu'il fut question des enfants de l'Orphelinat, Katherine s'anima d'une énergie nouvelle. Le Comte la considéra avec tendresse. Elle fut drôle de croire qu'il puisse vivre avec des enfants et il ne se priva pas pour en rire. La belle rougit, ce qui donna à son visage un petit air enfantin que le Vampire trouva adorable. Après ses petites moqueries, il la rassura :

- Je ne dis pas que je ne le souhaiterais pas. J'aime les enfants. Ils sont innocents et curieux. Ils sont sincères. Mais mon célibat ainsi que mes fonctions et obligations ne me permettraient pas de les élever correctement. J'ai des domestiques qui pourraient s'en occuper, certes, mais je préfèrerais qu'ils aient une "mère".

Son coeur se serra. Il songea qu'il pourrait lui aussi adopter, encore, si le besoin d'élever des enfants se faisait sentir. Mais, la perspective de ne plus avoir d'enfant biologique le blessait. Chastity était son ultime espoir. Il avait hâte de la revoir et rêvait de serrer dans ses bras le dernier enfant de la lignée des Keisuke. Pour cela, il fallait absolument piéger Vincento, ou le tuer. Devait-il donc éliminer son enfant actuel pour élever le prochain ?

*******************

La folle danse dans laquelle Katherine et Jirômaru se lancèrent finalement leur permit d'oublier une partie de ces questions et de laisser de côté leurs douleurs. Les deux amants se laissèrent aller dans les bras l'un de l'autre et prirent le temps de découvrir leurs corps et de profiter de cet instant de partage. Malgré la présence de Michael et d'autres domestiques dans le manoir, malgré les fenêtres qui pouvaient permettre à leurs regards de les observer, ils se délectèrent de ce moment d'intimité et exprimèrent sans retenue leur plaisir. Jirômaru fut heureux de ne pas s'être trompé sur les désirs de son amante. Transportés par cette petite folie dont ils avaient envie depuis leur première rencontre, ils scellèrent ainsi une nouvelle forme de confiance.

*******************

Profitant du parc, baigné par la lueur bleutée de la lune, Katherine et le Comte entamèrent ensuite une promenade destinée à les apaiser et, sans doute, à les rapprocher encore. Confidences sur l'oreiller...à ceci près qu'elles se feraient sur l'herbe, sous les rosiers en fleur et au bord d'un bassin d'eau claire.

La jeune femme semblait très curieuse au sujet de la nature vampirique de son amant. Jirômaru n'avait pas l'habitude de se confier, encore moins à des humains. Il avait toujours respecté les principes de la Mascarade, chère aux membres de la Camarilla et à la plupart des Indépendants. Il ne voulait pas risquer de dévoiler sa nature à n'importe qui, surtout s'il s'agissait d'exposer ses forces et ses faiblesses. Mais c'était différent avec Katherine. A l'instar de Sarah, elle avait déjà eu affaire aux Créatures de la Nuit et ses connaissances étaient donc développées sur le sujet. Il ne risquait pas grand chose à lui répondre.

- J'apprécie l'hiver, oui...Ah ! Ah ! Tu as tout compris. L'air taquin de la jeune femme l'égayait. Florence est magnifique en hiver. Je pourrai t'y faire découvrir des endroits...interdits. Son regard s'était fait complice.

Le contact des doigts de la belle sur sa peau le ravissait. Il aimait la tenir serrée contre lui et accueillir ses mains dans les siennes qui paraissaient immenses. Ses grands yeux bleus le fascinaient et il adorait la couleur de ses cheveux. Elle ressemblait fort à Maria et à ces femmes qu'il avait déjà courtisées pour leur apparence. Visiblement, c'était-là son genre, même si cela ne l'empêchait pas d'apprécier d'autres beautés.

La roseraie et ses arches couvertes de fleurs raviva les sens du Vampire. Il adorait ces plantes. La rose blanche était même l'un de ses symboles, en souvenir de la Guerre des deux Roses. C'était l'emblème de la maison York, qu'il avait soutenue face à la maison Lancastre dont l'emblème était la rose rouge.

- Tu es poétique ma chère...fit-il lorsque la jeune femme s'égara sur ses goûts en termes de couleurs et de symboliques florales. Elles sont toutes magnifiques. Pour ma part, je préfère les blanches...Elle sont pures, d'une noblesse sans égale.

Les compliments qu'il lui fit durant cette balade touchèrent Katherine qui devenait peu à peu mélancolique. Jirômaru comprit que la belle souffrait véritablement de solitude. Elle semblait désirer un compagnon constant, et plus de simples amants qui passaient dans sa vie sans réellement s'en soucier. Elle lui reprocha d'avance son départ. Le Comte fit la moue. Elle n'imaginait sans doute pas à quel point il la comprenait.

- Katherine...Mon immortalité ne me permet pas d'alliance. C'est aussi cela qui m'a arrêté dans mes démarches avec miss Spencer.

Katherine avait besoin d'amour et s'attristait de porter sur elle cette image de femme volage. Il avait beau lui expliquer que la société ne diffusait pas que médisances et jugements hâtifs envers elle, la belle semblait convaincue de n'avoir aucune chance en son sein.

- Allons...Tu verras, avec notre pièce tu vas briller de nouveau et tous les plus grands gentlemen de ce siècle te courrons après.

La jeune femme n'était pas encore assez vieille pour se résigner au célibat. Sa réputation n'arrêterait pas tous les hommes ! Certains seraient conciliants, il en était sûr. Il fallait simplement qu'elle garde espoir et se bâtisse une nouvelle vie. Elle devait fréquenter de nouvelles personnes, toucher d'autres mondes que le sien. Si sa pièce était un succès, ce dont il ne doutait pas une seconde, elle lui offrirait une nouvelle visibilité et sa réputation changerait.

- Je serai d'ailleurs sans doute jaloux de te voir au bras d'un autre...ajouta-t-il en lui lançant un regard tendre. Je suis possessif...

Possessif, oui, mais pas prêt à s'engager avec elle ou avec qui que ce soit d'autre. Seule Chastity pourrait être sa femme désormais. C'était une Vampiresse et elle portait son enfant. Si leur situation s'améliorait, alors il pourrait peut être la marier et jouer au père exemplaire durant quelques années. Puis, il leur faudrait changer de lieu pour éviter les questions sur leur apparente jeunesse éternelle et développer leur empire sur un autre territoire.

- Nous allons nous fréquenter Katherine. Le Comte lui posa une main sur la cuisse. Nous nous verrons aux répétitions mais aussi chez toi, si tu le désires...Je ne compte pas t'ignorer, tu sais ?

Il ne rassurait pas Katherine simplement pour lui faire plaisir, il était sincère. Ils allaient évidemment se revoir aux répétitions et, maintenant qu'il avait été invité une fois chez elle, il espérait bien revenir prendre du bon temps en sa compagnie, surtout si cela lui permettait d'échapper un peu à Vincento. Il fallait cependant qu'ils restent prudents quant aux rumeurs que cela pourrait lancer s'ils étaient vus ensemble ainsi et que, de son côté, il réussisse à fourvoyer son fils pour qu'il ne s'intéresse pas de trop près à la comtesse. S'ils parvenaient à rendre ses visites logiques en utilisant leurs liens professionnels, il était possible qu'ils profitent encore l'un de l'autre, et ce régulièrement.

Tout en badinant, ils s'avancèrent sous les rosiers. Katherine se laissait faire lorsque le Vampire la caressait et elle-même lui accordait ses douceurs sans jamais être repoussée. Jirômaru appréciait ses gestes et sa langueur. La belle lui dit alors qu'elle aimait qu'on loue sa beauté mais qu'elle n'était pas seulement un corps bon à désirer, une simple enveloppe physique tout juste propre à ravir le regard : c'était aussi un esprit, un esprit d'une vive intelligence. Jirômaru lui jeta un regard outré.

- Je ne t'ai pas choisie uniquement pour ta beauté, allons ! Qui serait capable de jouer ma Cléopâtre ? S'exclama-t-il. Qu'elle puisse croire qu'il choisissait ses acteurs en fonction de leur aspect le blessait réellement. Bien sûr que l'on parle de ton intelligence dans les salons ! Tout le monde ne te considère pas uniquement pour ta beauté !

Jirômaru était étonné de découvrir chez cette femme un tel désarroi concernant l'image qu'elle renvoyait en société. Finalement, elle était bien plus préoccupée par sa réputation que ce qu'il avait tout d'abord cru. Elle n'était pas si détachée des conventions...

- Ignore les imbéciles. Tu as l'esprit vif, bien évidemment, sinon je ne serai pas là ce soir. L'âme m'intéresse davantage que le corps. Même si, pour tout t'avouer, tes formes hantent mes rêves depuis notre première rencontre...

La belle s'excusa un peu et se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Le Comte se pencha légèrement pour lui permettre de l'atteindre et accompagna son baiser. Il apprécia ses lèvres pulpeuses et lui saisit ensuite une main pour continuer leur promenade.

*******************

Leurs pas les conduisirent près d'un bassin alimenté par une magnifique sculpture de nymphe. Jirômaru souleva la jeune femme et ils s'assirent sur un banc de pierre. Leur discussion s'orienta sur leurs blessures physiques, donc également sur les blessures morales qui en découlaient.
Katherine avait été utilisée par sa mère biologique. La Vampiresse l'avait maltraitée et habituée aux sévices divers. Coupures, brûlures, morsures...la jeune femme avait tout subi de cette femme qui aurait dû jouer le rôle de protectrice. Son enfance avait été saccagée et Jirômaru en éprouva une vive colère. Katherine voulut éviter qu'il se jette dans le même panier que ceux qu'il appelait "les siens", de véritables "sauvages". L'ancien samouraï en rit jaune mais ne rebondit pas sur ses propos. Il ne voulait pas accentuer ses souffrances. Si sa mère avait déjà été odieuse à l'époque de son humanité, ce n'était effectivement pas étonnant qu'elle soit pire une fois vampirisée. Mais Jirômaru restait convaincu que la plus douce des créatures devenait sournoise et meurtrière une fois le Don insufflé dans ses veines.

- Ah oui...je suis délicieux ? rit-il en frôlant les lèvres que la belle avait glissées dans son cou.

Katherine détailla ensuite ses cicatrices. Guidant la main du Vampire pour qu'il touche les marques sur sa peau, elle les lui expliqua une à une. Le Comte l'écouta avec attention. Découvrir cette femme l'intéressait, et son empathie n'était pas feinte. Katherine était très affectée par son passé et des larmes envahissaient ses yeux au fil de son récit. Jirômaru lui caressa une épaule, la joue, et la serra dans ses bras. La jeune femme regrettait surtout de ne pas avoir pu garder un seul enfant. Elle était morte avec eux. Le Vampire grimaça. Ce genre de drame était malheureusement encore très courant à leur époque, mais il compatissait tout de même, d'autant qu'il peinait lui aussi à assurer sa descendance.

-  Pleure si tu en as besoin...Dit-il au sommet de sa douleur.

Il la serra encore contre lui, la rassura, la consola comme il put. Il savait pertinemment que ses mots ne seraient jamais assez forts pour libérer son coeur de toutes ses questions et souffrances, mais cela ne lui coutait rien d'essayer. Comme il venait de le lui dire, lui aussi avait connu la trahison de l'amour...Katherine lui demanda alors des détails. Il hésita.

- Une femme...il y a longtemps...J'étais fidèle à l'époque et je rêvais de bâtir une famille...

Il se tue, ne souhaitant pas développer cette histoire. En vérité, il avait eu plus d'une déception amoureuse. Celle-ci avait simplement été la pire. C'était à cause d'elle que Vincento était à Londres aujourd'hui.

-  Tu dois te ressaisir...Tu as encore de nombreuses choses à vivre. Il te faut de nouveaux objectifs, c'est ainsi que tu avanceras. Tu n'es ni faible, ni misérable.

Katherine peina un peu à essuyer ses larmes. Elle rit cependant lorsqu'il lui rappela que l'Orphelinat était plein d'enfants à adopter et qu'il n'était pas trop tard pour elle d'être mère, quand bien même cela signifierait aimer un enfant qui n'était pas le sien. Elle trouvait l'idée adorable mais également quelque peu ridicule puisqu'elle était seule et que la société actuelle ne lui permettrait jamais une chose pareille sans qu'elle n'ait de mari. Elle le taquina alors en lui demandant quand il allait la demander en mariage. Sur le moment, le Comte leva un sourcil, légèrement blessé par cette boutade : ne venait-il pas de lui confier qu'il regrettait d'avoir annulé celui qu'il avait prévu avec la jeune Spencer ? C'était un peu maladroit de la part de Katherine ! Il décida de mettre cela sur le compte de ses émotions et ne répondit que du bout des lèvres :

-  Je ne te ferai pas cet affront...

Ainsi, il tourna la chose à son avantage : la demander en mariage avec sa condition d'immortel ne pourrait que la rendre malheureuse. S'il tenait à elle, jamais il ne lui ferait subir ce qu'il avait tenté avec Sarah.

Ce fut ensuite à son tour de se confier. La belle voulait elle aussi savoir d'où venaient les marques qu'elle avait vues sur sa peau. Le Comte lui répondit volontiers, même si cela réveillait chez lui quelques plaies encore vives.

La première dont il parla fut celle au niveau de son sternum. C'était Sarah qui avait laissé tomber une broche d'argent dans son col. Katherine rebondit sur cette information pour évoquer la sensibilité des Vampires à l'argent. Jirômaru lui jeta un regard étonné. Comment pouvait-elle encore avoir des doutes à ce sujet ? Si sa mère avait été une Vampire, elle avait forcément eu vent de cette particularité-là. Au lieu de cela, elle prenait encore la chose pour "une légende".

- Oui, je n'ai pas été discret à son contact. Elle croit que j'ai une allergie, mentit-il. Il souhaitait couvrir Sarah et ce qu'elle savait.

Katherine lui demanda comment il avait fait pour manger chez Sir Barry alors que les couverts étaient en argent. Tandis qu'elle lui prenait les mains, comme pour vérifier avec innocence s'il en avait conservé des marques de ce repas, Jirômaru la dévisagea d'un air totalement interdit. Un terrible doute l'envahit : comment pouvait-elle donc songer à ce détail ? Il était évident qu'elle s'était posé la question sur place, or c'était la première fois qu'ils se rencontraient. Si elle avait compris qui il était, cela ne pouvait être qu'au théâtre, lorsqu'il l'avait approchée de près, pas avant. Son regard se fit plus sombre. Quelque chose ne collait pas dans cette histoire.

- J'ai mes secrets. Fit-il d'un ton qui ne souffrirait aucune autre question de ce genre.

Il ne lui expliquerait certainement pas le rôle d'Ambre dans cette histoire. Pour le moment, Katherine ignorait qu'elle faisait partie de sa race maudite et il ne la trahirait pas. La belle actrice était délicieuse mais Jirômaru savait rester prudent. Ce n'était pas pour rien qu'il avait survécu à tant de siècles.

Le Comte observa ensuite Katherine retirer ses épingles à cheveux et les poser sur le bord du bassin. Au creux de son estomac, une sensation étrange le saisit : il songea qu'il avait beaucoup de chance de ne pas avoir voulu déranger sa coiffure durant leurs ébats. Sans cela, il se serait cruellement blessé. Avait-elle sciemment choisi ces épingles-là ? Peut-être qu'elle avait craint cette soirée plus qu'elle ne voulait bien l'avouer et qu'elle s'était préparée à se défendre s'il l'attaquait ?

- Heureusement que je ne t'ai pas trop décoiffée tout à l'heure...dit-il en grimaçant.

Katherine s'attarda ensuite sur ses autres cicatrices et lui posa une myriade de questions. Jirômaru finit par la trouver un peu trop curieuse concernant sa nature. Cependant, elle s'était confiée sans hésiter et elle lui avait semblée sincère. Peut-être qu'elle profitait de ce moment d'intimité pour comprendre ce que sa mère ne lui avait jamais expliqué ?

- Les Vampires dégénèrent tous, à moins qu'ils ne dévorent de nombreuses victimes. Son regard se fit plus intense. Je ne suis pas du genre à me laisser mourir de faim, Katherine. Il haussa les épaules, comme pour montrer qu'il trouvait cela évident. Voler les pouvoirs d'un autre n'est pas chose aisée. Il suffit pourtant de le dévorer...comme on dévore les humains...mais son sang est chargé de ce que nous appelons le "Don Obscur", notre malédiction, la source de notre "vie" et de nos pouvoirs.

Le Comte voulait observer la réaction de Katherine. Avait-elle seulement conscience que les questions qu'elle lui posait la ramenaient sur un chemin périlleux ? Elle souhaitait avoir des informations sur les caractéristiques des Vampires ? Bien, mais elle risquait de ne pas apprécier...

- J'ai l'impression que ta mère ne t'as pas beaucoup renseignée sur sa condition...fit-il en soupirant. Elle s'est donc uniquement contentée de t'utiliser comme calice ?

Jirômaru se calma un peu. Il décida de prendre sur lui et de répondre plus agréablement à la belle. Elle semblait si affectée par son enfance qu'il s'en voulait maintenant d'avoir été si vif. Il lui expliqua que les Vampires voyaient dans le noir, étaient particulièrement rapides et forts. La plupart pouvaient lire les pensées, les effacer et même les modifier. Il ajouta que les pouvoirs de chacun pouvaient être très différents et que cela relevait de l'intime. Il ne souhaitait pas discuter des siens. Le seul qu'il accepta de partager avec elle était celui qu'ils appelaient "animal de sang".

- Je peux envoyer un messager en utilisant mon sang pour le créer. Connais-tu le principe du golem ? C'est ça, mais je ne peux pas en créer un grand, évidemment. Je donne au mien une forme de chauve-souris. Il marqua une pause en souriant, un peu gêné. Je sais, ce n'est pas très original pour un Vampire, mais j'apprécie ces petits animaux volants.

Ils en voyaient passer de temps en temps au-dessus d'eux dans le parc. Elles virevoltaient entre les arbres, passaient sous les arches de la roseraie et s'enfuyaient en frôlant l'eau du bassin de leurs corps soyeux. Leurs cris aiguës, presque inaudibles, animaient la nuit.

- Je ne t'en ferai pas une démonstration ce soir : mon sang attirerait une foule de mes semblables et je doute que tu veuilles en accueillir davantage...J'ai l'air de te suffire...

Jirômaru se pencha un peu, saisit le menton de l'actrice et l'embrassa doucement en fermant les yeux. Il mit un certain temps à détacher ses lèvres des siennes. Lorsqu'il recula son visage, il lui sourit avec affection. Le moment de tension était passé.

La suite de cette conversation fut plus paisible. Le Comte expliqua à Katherine comment il avait perdu sa fertilité et ils abordèrent la question de l'existence des sorcières. Katherine ignorait que des humains puissent être capables d'utiliser une quelconque forme de magie. Cette découverte sembla la chambouler intérieurement. Jirômaru lui-même avait eu vent de leur existence relativement tard, lorsque l'on considérait son âge.

- J'ai toujours évité de frayer avec les sorciers. Je ne leur fais pas confiance. C'est pareil pour les Alchimistes...dit-il dans un grognement.

Katherine ne cessait de le caresser et de lui murmurer des mots doux. Elle l'embrassait souvent et tentait de lui faire plaisir en exprimant sa compassion. Jirômaru peinait à être aussi démonstratif, sans doute parce que les sujets abordés ne lui plaisaient guère. Néanmoins, il laissa la belle lui monter sur les genoux et l'entoura de ses bras pour la tenir. Quand elle plongea son visage dans son cou, le nez dans ses cheveux d'argent, il se détendit un peu. Katherine loua une fois encore son courage.

- Je n'ai pas vraiment eu le choix tu sais...Je ne risquais pas seulement mon bras...avoua-t-il.

Empoisonné par un sbire du Sabbat, il avait non seulement perdu l'usage de son bras droit mais sa santé avait également rapidement décliné. Sans doute aurait-il fini par perdre la vie...

Katherine se rassit normalement et laissa le Comte reprendre le descriptif de ses blessures. Celui-ci lui raconta comment il avait reçu une balle dans le genoux : un Hunter avait tenté de l'éliminer. C'était Sarah, encore, mais il tue son nom. Il expliqua à Katherine ce qu'était un Hunter, au cas où elle n'aurait pas idée de quoi il parlait. Katherine sembla perturbée par ces informations et, lorsqu'il lui demanda si elle n'avait pas déjà songé à prendre les armes contre ceux qui avaient détruit sa vie, sa réaction le prit au dépourvu. La jeune femme ne souhaitait pas entrer dans "un cercle de haine". Pourquoi tuerait-elle ceux qui ne lui avaient rien fait sous prétexte que d'autres, leur ressemblant, l'avaient heurtée ? Son raisonnement était sain, et Jirômaru le comprit parfaitement. Cependant, il serra les dents face à la détresse de la jeune Humaine et exprima toute sa colère envers ceux qu'il pouvait malheureusement appeler les "siens". Au bout de quelques minutes de silence, il sentit le regard de son amante. Il baissa les yeux sur elle et lui sourit tristement.

- C'est pourtant simple : je n'ai jamais désiré ce corps difforme, ces facultés contre-nature, ces crocs meurtriers, cette soif insatiable...Ses iris de brume se teintèrent de nuages. J'aime le pouvoir pour ce qu'il me permet de faire : le garde fou, en attendant l'heure de me venger. Tu sais, si je n'étais pas allé voir cette sorcière, l'Angleterre aurait un tout autre visage...

Ce discours aurait pu paraître très orgueilleux à celui qui n'en comprenait pas les enjeux mais le Comte était convaincu que Katherine avait saisi l'idée. Sans lui, les Vampires se déchaîneraient, notamment à Londres. Quant à sa vengeance, elle concernait évidemment tous ceux de sa race.

- Je n'ai pas ta bonté, Katherine. Lorsque je te dis que ma haine est démesurée, elle l'est.

*******************

Ils quittèrent bientôt le banc pour se promener plus loin, et errer au coeur du bassin cristallin. Jirômaru adorait être pieds nus, encore plus sentir l'eau claire contre sa peau. Le sol était glissant, mais le Vampire était suffisamment stable sur ses longues jambes pour se tenir droit et aider Katherine.

- Attention à ne pas tomber...Tiens-toi à moi...prévient-il.

Jirômaru observa la lune un instant et profita de l'air chaud qui les saisissait à bras le corps. Il se chargeait doucement d'humidité : de toute évidence, le temps était à l'orage et la pluie laverait bientôt le monde de ses souillures.
Après avoir parcouru quelques mètres, Jirômaru s'éloigna de Katherine et s'assit sur le bord du bassin. Il n'était pas las, simplement joueur. Sans prévenir, il arrosa la jeune femme qui s'était résignée à continuer son exploration seule. Cette dernière s'arrêta, surprise, et rit avant de l'asperger à son tour. Le Vampire se leva alors et ils jouèrent ensemble, comme deux enfants, à s'éclabousser en tous sens. L'eau rendit la chemise que portait la belle actrice parfaitement transparente et le Comte sentit son pantalon lui coller aux jambes. Ce moment de légèreté les rendit heureux, tout simplement.

Katherine finit par lui sauter dans les bras pour l'embrasser avec fougue. Jirômaru l'accueillit paumes vers le ciel et la saisit pour la soulever. Il reçut son baiser avec délice et y répondit avec passion. Il adorait qu'elle lui mordille la lèvre inférieure. Cette tendance qu'elle avait à le griffer et à le mordre rendait chacun de ses gestes incroyablement sensuels. Lorsqu'elle le tira à elle pour l'emmener sous la fontaine, il se laissa faire et la suivit volontiers. Elle avait réveillé ses envies et il ne comptait pas laisser leurs discussions orageuses ternir leurs désirs. Sous la cascade opalescente, ils furent définitivement trempés. La belle actrice se colla à lui et s'empara à nouveau de ses lèvres. Soudés l'un à l'autre, ils se dévorèrent avec tant de violence que Jirômaru dut glisser ses mains sous les fesses de la jeune femme pour la maintenir en l'air contre lui et éviter qu'elle ne bascule en arrière. Il appuya son dos robuste contre la fontaine pour garder son équilibre.

- C'est toi la sauvage...grogna-t-il en l'embrassant de plus belle.

L'eau avait plaqué ses longs cheveux de neige sur une partie de son visage et ses larges épaules nues. Elle ruisselait sur son torse et s'accumulait entre celui-ci et Katherine pendue à son cou. Le Vampire ne se gêna pas pour admirer la poitrine de la belle qui pointait sous sa chemise.
Il embrassa son cou et descendit sur la naissance de ses seins pour mordiller sa peau blanche couverte de gouttelettes brillantes. Il esquissa alors quelques coups de langue et se mit à sucer une petite zone. Son souffle s'accéléra tandis que son désir augmentait. Il voulait prendre à nouveau Katherine. Il voulait la posséder, encore, et s'amuser avec elle jusqu'à ce que l'aube ne l'oblige à s'en séparer. Lorsqu'il détacha sa bouche de son épiderme, il l'avait marqué d'une auréole mauve, un suçon.

- Tu es vraiment délicieuse...murmura-t-il à son oreille.

Katherine s'agita un peu et descendit doucement de lui. Jirômaru l'aida en la lâchant progressivement. Leur différence de taille était absurde. Parfois, il haïssait sa carrure. Elle était pratique pour impressionner ses pairs et dominer la foule, mais elle lui posait soucis dans ses ébats et attirait bien trop l'oeil à son goût.

- Attention...Ah! Ah ! Rit-il quand la belle manqua de tomber.

Il la suivit du regard alors qu'elle faisait le tour de la nymphe de pierre. Amusé, il fit mine de la poursuivre.

- Où vas-tu ? Fit-il en voyant que Katherine s'éloignait.

Jirômaru suivit la jeune femme tandis qu'elle regagnait le bord du bassin. Elle voulait visiblement retourner sur terre, parmi les plantes. Leurs regards se firent à nouveau joueurs et ils s'adonnèrent au jeu du cache-cache, comme deux amants découvrent un labyrinthe et provoquent le désir en se cherchant l'un l'autre.
Au milieu des parterres de fleurs, ils s'esquivèrent, se rapprochèrent, s'éloignèrent. Ils revinrent sous des arches verdoyantes et le Comte laissa la belle prendre un peu d'avance. Il l'attraperait bientôt, mais il voulait qu'elle continue de s'amuser. C'était adorable. Et puis, cela faisait des années qu'il n'avait pas profité de la nuit d'une façon aussi agréable.
Le Vampire rit tout bas à plusieurs reprises. Il fit mine d'attraper Katherine et de la rater. Lui, il pouvait compter sur sa vision nocturne. Il était donc convaincu d'être avantagé. Cependant, il finit par comprendre que la jeune femme était tout à fait apte à le perdre. Il fut surpris par sa capacité d'orientation. Certes, la lune récemment pleine les éclairait très bien, mais les nuages commençaient à s'accumuler devant elle et ses rayons disparaissaient régulièrement, plongeant le parc dans l'obscurité. Le plus surprenant pour lui fut de retrouver la jeune femme perchée sur les hautes branches d'un arbre.

- Comment as-tu grimpé là-haut ? Demanda-t-il, amusé et impressionné.

Katherine quitta son perchoir et atterrit souplement près du Vampire. Celui-ci lui adressa un regard légèrement inquiet. Elle était nue sous une chemise trempée : elle allait finir par se blesser à marcher ainsi dans l'herbe sans souliers et à escalader l'écorce rugueuse des arbres !

- Quel petit singe...souffla-t-il.

Katherine s'approcha en bondissant et lui glissa une fleur derrière l'oreille. Jirômaru sourcilla et rit de bon coeur. Il la laissa lui saisir la main et esquisser un pas de danse. Il voulut la retenir pour continuer le mouvement, mais la belle s'avança pour lui souffler quelques mots. Le tonnerre gronda soudain et noya ses paroles. Le Vampire eut un geste pour protéger la jeune Humaine mais il se ravisa lorsqu'il comprit qu'il n'y avait rien à craindre. Katherine s'éloigna pour danser sous la froide pluie qui s'abattait désormais sur eux. Le Comte la regarda faire, le sourire aux lèvres. Il n'était pas aussi expansif qu'elle mais il comprenait le bonheur qu'elle éprouvait à défier les éléments.
Tandis qu'il se passait une main dans ses cheveux pour les rejeter en arrière et dégager son front trempé, Katherine revint vers lui et l'embrassa encore. Il l'attrapa alors fermement pour la serrer contre ses hanches et l'embrassa à son tour. Cette fois, il ne la laisserait pas s'enfuir. Il répondit à son regard de braise et, nez à nez avec elle, il répondit à son défi :

- Et là, dans cette obscurité, je te prendrai, ma belle amante aux yeux de nymphe, puisque tes désirs sont des ordres...

Attention, scène à caractère sexuel. Oui, il y en a beaucoup en ce moment ! MDR:

Après avoir repris quelque peu son souffle, Jirômaru quitta Katherine et remit rapidement son pantalon, même si le vêtement trempé lui résista un peu. Puis, il aida la belle à se redresser et la porta, conscient qu'elle risquait de s'effondrer chemin faisant. Le Vampire traversa le parc à grandes enjambées. Les arbres gesticulaient en tous sens et l'eau du bassin s'agitait comme si elle cherchait à quitter ses bordures de pierre. Jirômaru regagna la terrasse où la table avait visiblement été débarrassée. Sans se soucier des flaques d'eau sur les dalles, il alla au plus court et franchit la porte-fenêtre pour rentrer dans le manoir et mettre Katherine à l'abri.

Il déboucha dans le petit salon cosy qu'il avait traversé à son arrivée et avisa un sofa pour y déposer la belle. Puis, il referma la porte et mit le loquet. Dégoulinant d'eau de pluie, il se tourna vers son amante et fut pris d'un grand rire :

- Ah ! Ah ! Ah ! En 500 ans, c'est bien la première fois que je fais cela !

Il bondit jusqu'à Katherine et posa un genou sur le tapis pour se mettre à sa hauteur. Il lui prit les deux mains et leva vers elle un regard inquiet.

- As-tu mal quelque part ? Je ne t'ai pas blessée j'espère...

Il l'embrassa sur le front et se releva. Ses yeux de brume embrassèrent la pièce d'un geste circulaire et cherchèrent une couverture ou un manteau. Le Comte voulait envelopper Katherine d'un tissu sec et doux. Malheureusement, il ne trouva rien de tel dans cette pièce.

- Il va falloir t'habiller ou tu vas attraper la mort...

Il se passa à nouveau une main dans les cheveux pour dégager son visage et la glissa ensuite sur son torse. Il était complètement trempé lui aussi et ses coudes avaient ramené de la terre et de l'herbe. Amusé par la situation, il tonna :

- Michaël !

Jirômaru avait la voix qui portait et il ne s'était pas gêné pour appeler le majordome avec force. Il jeta un regard à Katherine et, haussant les épaules tout en levant les bras à mi hauteur, il lui fit signe qu'il n'avait pas su quoi faire d'autre.

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L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Katherine Thornes
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Lorsqu’ils pénétrèrent dans le petit salon attenant à la terrasse, les deux amants étaient trempés de la tête aux pieds. L’eau ruisselait abondamment le long de leur corps, ne faisant plus qu’un avec les intempéries estivales. Mais leur regard était pétillant. Pétillant de vie et d’émoi après ce qu’ils avaient fait sous la pluie. Déposée sur le sofa, la demoiselle hongroise tremblait. Elle était transit de froid et son corps peinait à se remettre de leur dernier assaut fougueux. Jirômaru avait bien fait de la porter, elle n’aurait pas su se tenir sur ses jambes et courir jusqu’à se mettre à l’abris.

************

Dans le jardin, Katherine et le Comte s’étaient adonnés à un petit jeu de séduction un quelque peu enfantin mais follement amusant. D’ailleurs il n’avait jamais fait ça en 500 ans lui disait-il ! Quelle drôle de vie ! Jirômaru ne s’amusait donc jamais ? La Hongroise, elle, en mourrait. Contre cette fontaine à l’allure antique, ils s’étaient follement embrassés, s’attrapant, s’étreignant fougueusement, une lueur d’envie irrépressible dans le regard. Elle avait grimpé sur son corps majestueux, soutenue par ses bras musclés et ses mains impérieuses. Elle l’avait mordu, griffé, tant désiré qu’il l’avait qualifiée de sauvage. Elle en avait ri délicieusement. Lui, avait pris plaisir à explorer son cou, la naissance de sa poitrine et lui avait même laissée une marque qu’elle aurait toutes les peines du monde à justifier mais elle devait avouer que c’était terriblement excitant.

- Attends… Je suis peut-être cannibale en plus de ça…

Elle rit et fourra ses doigts plus délicieusement encore dans les cheveux du vampire puis elle était descendue. Là, dans les herbes entretenues, au milieu des bosquets taillés et des arbres majestueux, le vampire avait pourchassé la lycanthrope. Il l’avait effleurée, à plusieurs reprises, observant sa fuite et ses retours enjoués. Katherine était même allée jusqu’à grimper dans un de ses arbres feuillus aux branches robustes. Perchée en hauteur, elle était pour la première fois de sa vie plus grande que lui. De là, elle devait bien avouer que Jirômaru avait bien la tête recouverte de cheveux blancs, quel ancêtre ! Elle rit un peu, amusée par cette idée et lui adressa un sourire des plus charmants et enjoués.

- J’ai mes secrets, lui répondit-elle en écho à ce qu’il lui avait dit plus tôt.

Il n’était pas prêt à se dévoiler entièrement ? Elle non plus et cela l’arrangeait plutôt bien. Elle doutait d’être bien accueillie en révélant la vérité. Elle sauta souplement de son refuge et atterrit dans l’herbe molle et humide sans se fouler la cheville. Elle avait, de toute évidence, l’habitude de telles acrobaties. En réalité elle faisait bien plus que cela. Elle ne lui dévoilera pas son talent pour étirer son corps dans des positions impossibles, sa souplesse à grimper sur les murs, ne pas glisser sur les tuiles des toits, s’élancer de gouttières en gouttières, sauter dans le vide et se rattraper au dernier moment, se suspendre à la seule force de ses bras. Au moins pouvait-il comprendre qu’elle était autant à l’aide dans les airs que sur terre et que sa démarche féline n’était ni forcée ni trompeuse de son assurance. Elle était revenue dans ses bras, le décorant d’une fleur puis dansant un instant avec lui. L’orage les surprit. Elle fut cependant touchée qu’il esquisse un geste pour la protéger. Que l’éclair la frappe ! Que la pluie glace son sang jusqu’à ses os ! Elle pouvait bien mourir maintenant, elle avait déjà trop vécu. Qu’avait-elle voulu lui dire .. ? Elle-même n’en était plus certaine. Ses pensées se noyaient dans le flot ininterrompu de leurs baisers. Les mains du vampire la pressaient, la maintenaient avec force contre lui. Même avec la plus grande des envies, elle n’aurait pas réussi à se dépêtrer de son étreinte.


Scène olé olé (Je précise qu'elle n'est pas écrite en espagnol), âmes sensibles et innocentes s'abstenir. Sarah, cachez vos yeux de ces choses qu'ils ne sauraient voir !:

************

L’immortel à genoux devant elle la tira de la rêverie. Il avait pris ses mains et s’inquiétait de son état. Elle lui répondit avec un sourire chaleureux tout en approchant son visage du sien :

- Tu n’aurais pas pu me faire plus de bien… regarde-toi, tu es trempé jusqu’aux os et sali par ma faute. Elle entortilla ses doigts dans une des mèches de cheveux du vampire. Doucement sa bouche se posa sur la sienne afin de lui voler un nouveau baiser et elle souffla : Tout va bien, ne t’en fais pas. Mais je crois bien que tu as eu raison de me porter, mes jambes ne m’auraient pas été d’une grande aide, fit-elle presque honteusement. Elle se sentait vidée de toute force, l’adrénaline passée.

Elle palpa son torse et ses cheveux puis continua :


- Tu as les prochaines années de ma vie pour réitérer l’expérience Jirômaru…

Joueuse, elle mordit un peu sa lèvre prenant garde à ne pas la percer pour le garder intact puis elle glissa sa langue dans sa bouche en quête d’un baiser plus fougueux, plus langoureux. Les yeux fermés, ses mains caressaient ses joues puis elle se détacha doucement :

- Je dois bien avouer que je commence à avoir froid. Non. Je suis frigorifiée en fait ahah.

Ses yeux le suivaient du regard, son bel amant. Que faisait-il ? Que cherchait-il ? Visiblement il cherchait de quoi la couvrir. Elle en fut touchée et rougit doucement sous l’éclairage tamisé de la pièce. Elle frictionna ses bras et sursauta lorsqu’il appela Michael d’une voix tonitruante. Cette initiative la laissa pantoise. Zut. Michael était un peu… impulsif dans le genre…

***********

De son côté, Michael avait passé sa soirée à tourner comme un lion en cage dans les cuisines. Il en avait profité pour laver, essuyer, ranger puis renverser tout ce qui ne lui plaisait pas. La relation de la Hongroise avec ce psychopathe le rendait malade. S’amusait-elle à le torturer sciemment ? Entre lui et Alexender le voilà bien garni ! Les poings serrés, ses ongles s’incrustaient douloureusement dans sa peau. Il s’en fichait royalement. Il l’avait vue se mettre à genoux et satisfaire son amant comme l’aurait fait la plus prisée de toutes les catins… Comme… Comme elle l’avait déjà fait pour lui. Mais qu’elle s’abaisse à ce genre d’acte pour ce chien lui était tout bonnement insupportable.


- Michaël !

Alors là, c’était de trop. Ce bouseux de bas-étage osait pénétrer dans cette demeure, séduire SA dame, l’embrasser, lui susurrer des mots doux à l’oreille, la prendre sur la table et renverser toute la vaisselle sans se soucier du luxe qu’il venait de gaspiller puis ils passaient tous les deux leur soirée à batifoler sous la pluie et les orages menaçants avant de revenir et de l’appeler en pensant lui donner des ordres ?! C’était trop. Michael arma son pistolet d’une balle en argent et le rangea dans son holster accroché à sa ceinture, effet qu’il emportait toujours avec lui. Il était décidé à en découdre. Cette fois-ci, il ne laissera plus passer aucun affront, ce chien méritait une balle entre les deux yeux et il finirait le travail en le bouffant avec Kura. Ses talons claquèrent sourdement lorsqu’il traversa les couloirs. Faisant irruption dans le petit salon, il croisa dans un premier temps Katherine. Son regard dériva vers sa poitrine qu’il pouvait voir par transparence et ses formes qui tiraient le tissu de cette chemise exécrable qu’elle portait. Quand Diable allait-elle cesser son petit manège ? Il crevait d’envie d’en finir enfin avec ce vampire exotique. Cela avait été rare qu’ils pensent autant de temps pour traquer et éliminer une de leurs cibles. Ils étaient tous les deux suffisamment habiles pour en finir ce soir. Sa main se posa sur son arme alors qu’il relevait les yeux et croisa les pupilles aveugles du démon mais il se reprit. Pour seule menace, il lui jeta un regard noir lourd d’une multitude de mises en garde :

- Monsieur ?

Sa voix transpirait d’amertume et de défis. Il était évident qu’il avait vu leur petit manège et l’air snobinard de cet empoté à dentelles lui donnait envie de vomir. Sans attendre de réponse, il enleva sa veste noire et se dirigea vers Katherine qu’il couvrit avec une affection non feinte.

- Mademoiselle… Vous êtes trempée, laissez-moi vous aider.

A sa hauteur il se baissa et lui posa d’un geste contrôlé son vêtement sur les épaules. Son regard croisa celui de la Hongroise. Elle le défiait de dire toute sottise qui la desservirait et de faire une quelconque remarque sur son accoutrement ou ce qu’il s’était passé. Elle sentait la colère qui était éminemment palpable en lui. Le corps du Hongrois était plus que tendu et sa mâchoire serrée.
Il n’attendit pas plus pour glisser un bras sous ses jambes et la ramener contre lui. La demoiselle étouffa un petit hoquet de surprise. Il s’exclama alors d’une voix ferme :


- Bien my Lord, vous m’en voyez navré mais Mademoiselle est fatiguée, si vous voulez bien…

- Qu’est-ce…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Katherine battait déjà des jambes dans ses bras et se défit de son étreinte :

- Que… Non tout va bien Michael, vraiment. Si tu peux juste nous rapporter de quoi nous sécher et étendre les vêtements je t’en serais vraiment reconnaissante.

Désemparé et extrêmement frustré, le majordome se pencha vers elle et toucha fébrilement sa taille. Ses yeux se posèrent à nouveau sur l’exécrable vampire :

- Bien, Mademoiselle… Veuillez m’excuser…

Ses lèvres se déformèrent en une grimace retenue et il tourna les talons, résigné. Il se mettait peu à peu à détester son statut, devoir acquiescer à la bonne volonté de Katherine et se refreiner pour ne pas tuer ces pilleurs de vertus qui n’en avaient rien à faire des sentiments de la belle et ne la voyaient que pour son corps. Mais c’était ainsi, ils avaient toujours fonctionné de cette manière. Son corps était l’appât. En position de faiblesse, nu et en plein émoi, les cibles étaient ainsi éliminées.

Katherine soupira lorsqu’il les quitta et elle se tourna vers le Comte. Elle se mit à claquer doucement des dents, signe de son inconfort vis-à-vis de la température et elle se glissa dans ses bras. La tête contre son torse en quête des battements de cœur du vampire, elle releva son joli minois et minauda :


- Mmh… Je suis désolée. Il est juste inquiet…

Quelques instants plus tard, le noble hongrois revint avec des serviettes et des peignoirs de soie afin qu’ils puissent se mettre au sec. La demoiselle attrapa une serviette et entreprit de s’y enrouler à l’intérieur tout en grelotant. La tâche était ardue mais le résultat follement amusant, elle ressemblait à un papier cadeau auquel il ne manquait que le petit nœud ! Une pensée traversa son esprit. Zut ! Elle avait oublié ses épingles au bord du bassin. Pourvu qu’elle les retrouve le lendemain matin. Lorsqu’elle fut sèche ou presque, ses boucles étaient toujours mouillées mais au moins elles ne laissaient plus tomber aucune goutte par terre, elle ôta sans réelle pudeur la chemise, à nouveau nu devant le Lord et dos à lui elle enfila son peignoir. Ses doigts nouèrent la ceinture puis elle arrangea la mise du vampire :

- Serait-il possible de te voir plus souvent dans cet état.. ? Elle lui offrit un petit sourire enjoué puis prit sa main dans la sienne. Suis-moi. J’ai un peu faim, j’aimerais grignoter quelque chose. Du coup je… ne peux rien te proposer à part peut-être un verre de vin ? Dis-moi et tu auras.

Elle tapota son torse avec affection puis elle lui prit la main. La demoiselle le guida à travers les pièces. La demeure était désormais éclairées de toutes parts. Les flammes des bougies projetaient sur les murs les ombres des environ aux ondulations chatoyantes. Les peintures murales étaient d’autant plus belles dans cette ambiance tamisée. Les tons rosés et orangés des formes rondes et généreuses des femmes nues ressortaient tout particulièrement. Si Jirômaru était un adepte de la mythologie, il avait tout le loisir de profiter de ces séries d’œuvres qui mettaient en scène les mythes grecs. Les moulures au plafond, d’inspiration antique, offraient une atmosphère ancienne et mystique qui plaisait beaucoup à Katherine. Par-ci, par-là, quelques œuvres perdaient cependant de leur couleur et quelques fresques s’étaient effritées. Les meubles anciens d’époque Louis XVI avaient été repeints en clair, rare tentative dans ce domaine pour le restaurer. Elle s’arrêta devant une œuvre qu’elle effleura du bout des doigts :

- J’aime particulièrement celle-ci. Héra navigue entre douceur et puissance, clémente et vengeance. Son regard bleuté se fit plus pétillant. Elle commande aux cieux et n’hésite pourtant pas à persécuter ceux qui la blessent. Aujourd’hui elle force l’admiration, auparavant elle inspirait la crainte. Et puis, la composition est jolie. Je regrette seulement ces couches de vernis qui sont parties.

De nombreux anges composaient le chef d’œuvre ainsi qu’un paon, symbole de la déesse qui se tenait fièrement à ses pieds. Elle se tourna vers lui et souffla :

- Je t’ai promis de voir les œuvres de ma mère ce soir, je n’ai pas oublié.

Katherine lui laissa le temps de profiter de l’œuvre puis lui indiqua la suite de la visite. Ils arrivèrent dans une grande salle à manger au centre de laquelle trônait une table immense qui n’avait jamais compris autant d’invités. Avec un petit pincement au cœur elle se mit à rire et arqua un sourcil :

- C’est tout bonnement ridicule, je ne reçois pas autant. Elle glissa l’une de ses mains dans ses cheveux et les secoua légèrement pour détacher les mèches qui s’étaient regroupées en séchant.

Au centre de la table se tenait un véritable festin qu’elle mangerait seule au final. Michael avait pourtant dressé la table pour deux, en tout bien tout honneur. Lui tendant un verre, la Hongroise attrapa du bout des doigts une fourchette et la planta dans le plat le plus proche. C’était un poisson qui avait rôti et était agrémentés de nombreux légumes de saison. Elle glissa le mets entre ses lèvres, adossée contre la table et s’exclama :


- Tu sais, je serai ravie de visiter Florence avec toi en hiver. Je ne suis pas allée souvent en Italie et je dois bien avouer ne jamais avoir tenté l’expérience en cette saison. Mais je suis curieuse, j’aime outrepasser les interdits, dis-m’en plus…

***********

Des souvenirs de leur discussion lui revinrent en mémoire. Il lui avait parlé de Florence mais il avait aussi évoqué son immortalité et cela l’avait durement ramenée à la réalité. Jirômaru était un vampire, la pire espère que ce monde ait connu parce qu’elle faisait le mal consciemment. Les Loups Garous étaient, quant à eux, esclaves de leur folie. Elle ne pouvait pas se permettre d’oublier son engagement à la Cause. Il l’avait par la suite rassurée, bien-sûr qu’elle trouverait une échappatoire à sa mélancolie, Jirômaru était persuadé que la pièce serait un renouveau pour la jeune femme, que grâce à elle, les gentilshommes se jetteraient à ses pieds. Il ajouta, par ailleurs, qu’il ne manquerait pas d’en être jaloux. A cela, Katherine eut un petit rire triste. Il n’imaginait pas à quel point il était dans le faux. A quel point sa longévité l’empêchait de se projeter et d’avoir des projets. Aucun homme ne pouvait l’épouser, aucun ne serait assez fou pour le faire. Pour quoi faire d’ailleurs ? Qu’elle le voit mourir ? Puis elle était probablement stérile et cela lui crevait le cœur. Doucement, elle lui avait répondu qu’elle avait envie de le croire sans rien ajouter de plus. Ce n’était pas pour elle, cette vie-là ne lui était pas destinée.

Il l’avait rassuré sur ses intentions. Il comptait la fréquenter et non pas l’ignorer. A quel point.. ? il n’irait pas jusqu’à se montrer affectueux en public et leurs relations seraient sûrement strictement professionnelles. Pouvait-il entendre la tristesse que cela pouvait engendrer chez une dame comme elle ? Comprenait-il la douleur de faire qui de rien était alors que ces moments avaient été d’une intimité rare et d’une belle complicité ? Tout comme avec Alexender, elle n’aurait sûrement pas à cœur de feindre l’ignorance quant à leur rapprochement. Cela se lirait à son regard, à ses sourires enjôleurs, à ses rougeurs sur les joues et ses mains qui chercheraient les siennes. Tout ça sans oublier la lutte. Oui, la Lutte.

Il ne l’avait pas choisi pour sa beauté s’était-il exclamé. Katherine n’en doutait pas, il avait mal interprêté ses propos. Elle avait réagi doucement en prenant sa main :


- Non ce n’est pas ça Jirômaru. Tu ne m’as pas choisi pour cela, je ne remets pas en cause ton choix. Seulement… Si on parle de moi c’est rarement pour vanter mes mérites et mon esprit mais surtout pour souligner mes formes et… Elle ferma les yeux, las de lutter contre tout ça. J’ai grande peine à te croire… Je n’ai jamais entendu rien de tel. Encore, la fois dernière chez Mademoiselle Spencer, j’ai pu entendre les discussions et elles n’étaient pas à mon avantage. Pas que cela me blesse, seulement, de n’entendre que cela c’est… Désobligeant.

Bien sûr que cela la blessait mais elle ne voulait pas se l’avouer.

*********

Plus tard encore, le vampire s’était montré d’un grand réconfort. Il savait l’écouter, la rassurer, la serrer dans ses bras. Il comprenait ses douleurs, ses doutes, ses peines et voulait la pousser vers l’avant. En entendant tout cela, Katherine avait eu du mal à croire qu’il était bien sa cible. Elle avait déjà rencontré des vampires terriblement séducteurs et gentlemen mais celui-ci était hors compétition. Il semblait… Sincère. Sincérité qui devint muette lorsqu’elle s’intéressa d’un peu trop près à sa nature. La jeune femme avait fait un faux pas, le Comte s’était braqué et paraissait circonspect pourtant sa question avait été des plus innocentes. S’il craignait l’argent, comment avait-il fait chez Lord Barry ? La Comtesse se rappelait la fabuleuse vaisselle et le service à la russe qui lui avaient terriblement plus. Mais il avait ses « secrets » et il s’était fermé hermétiquement. Un peu prise au dépourvu, la demoiselle avait papillonné des yeux puis souri d’un air enjoué. Fort bien, il ne voulait pas parler elle ne le forcerait pas. Jusqu’où pouvait aller leur petit jeu ?

Katherine ne s’était pas démontée et avait prolongé l’interrogatoire. Elle comptait bien lui arracher le plus d’informations maintenant qu’il était au courant de son état des connaissances. Elle ne s’attendit pas à en apprendre réellement plus sur les vampires. Ce qu’il lui avait révélé à propos de la dégénérescence lui avait glacé le sang. Elle ne put masquer son étonnement ni sa réflexion. Sa mère avait peut-être subi une dégénérescence plus rapide que les autres ce qui expliquerait le nombre conséquent de victimes au manoir des Thornes afin de pallier cette « maladie ». Elle ne put s’empêcher de faire le rapprochement avec Raphaël qui était visiblement malade au-delà des sévices qu’il avait subis avec le Comte. Plantant ses yeux dans les siens, le vampire lui fit comprendre qu’il n’était pas du genre à se laisser abattre et qu’il préférait tuer plutôt que dégénérer. Son cœur s’emballa. Et si elle avait été à sa place qu’aurait-elle choisi ? Sa survie ou celle de l’humanité ? Sans aucun doute, elle se serait tuée. Soucieuse elle avait hoché la tête à sa provocation. Elle avait compris l’intention et surtout le danger qu’il représentait. Du moins, il devait croire que la jeune femme qu’il avait en face de lui avait entendu la menace.


- Le « Don Obscur » ? avait-elle demandé innocemment. C’était des mots bien particuliers pour une femme qui était sensée ne pas s’y connaiître en la matière.

Les quelques mots qui suivirent finirent de la mettre mal à l’aise. Les sourcils froncés, cette nouvelle pique lui fit l’effet d’un poignard dans le cœur. Pour qui se prenait-il à parler ainsi de sa famille ? Douloureusement mais déterminée elle répondit :

- Ma mère n’était sûrement pas au courant de ce qu’elle était, de ce qu’elle vivait et de ce qu’elle devait craindre. Elle fit une pause et continua avec une lueur de défi dans le regard : Elle ne m’a jamais vraiment adressée la parole, je suppose que la transformation ne délie pas les langues. Alors oui, tu as raison, je n’ai été qu’un « calice » à ses yeux et elle ne m’a rien appris. Tu es là, je pensais que tu pouvais m’éclairer sur ces choses que je ne connais pas et que je ne comprends pas.

Le Comte se radoucit et s’appliqua à la renseigner avec moins de véhémence dans la voix. Elle but ses paroles, l’écoutant avec respect et attention. Elle ne voulait pas lui paraître déplacée. Lorsqu’il lui parla de son pouvoir elle hocha la tête et son regard s’illumina :

- Une chauve-souris, c’est adorable ! Sais-tu quelles jouent un rôle essentiel dans la Nature ? Regarde, si je peux être avec toi sans être embêtée par un quelconque nuisible c’est grâce à leur protection. Elles sont petites mais vives. Je les aime beaucoup.

En vérité, Katherine aimait les animaux, sa lycanthropie l’y forçait un quelque peu.
La Huntress ne s’était cependant pas attendu aux dernières révélations du vampire. Il haïssait les siens, il haïssait sa nature du plus profond de son être et ce qu’il avait du devenir. Elle en ressentit un pincement au cœur. L’image de Raphaël la hantait. Ils étaient semblables tous les deux dans leur violence et leur colère vis-à-vis de leur espèce. Le voyant contrarié, elle posa sa main sur la sienne doucement et répondit :


- Ma bonté n’est pas aussi grande que tu le crois. Elle croisa son regard et caressa ses doigts, et si ensemble ils agissaient au lieu de s’entre-tuer ? C’était de la folie. Elle hocha gravement la tête, elle mesurait la situation désormais. Si Londres n’était pas aussi agitée que Budapest c’est qu’il y veillait. Elle le voyait tenir un rôle de médiateur ou de répresseur mais qu’en était-il réellement ? Tu as fait le bon choix, répéta-t-elle. Oui c’était sûrement ce qu’il y avait de mieux à faire. Sacrifier son plus grand bien pour la plus grande de toutes les Causes.

Elle en avait eu la nausée. Pour quoi le combattait-elle au juste ? Méritait-il cet acharnement ? Oui, il avait commis des atrocités mais n’agissaient-ils pas comme lui lorsqu’ils traquaient les Créatures de la Nuit ? Tout ceci la bouleversa. Elle ne put s’empêcher de penser qu’elle empruntait le mauvais chemin.


***********

Tout sourire, elle reprit un morceau de poisson et quelques légumes puis elle se servit quelques morceaux de pommes de terre dans une assiette qu’elle picora en lui parlant de tout de rien. De ses envies, des voyages qu’elle rêvait de faire, de ces pays qu’elle voulait découvrir et des civilisations qui l’intriguait. Lorsqu’elle eut fini de grignoter, elle lui proposa du thé avant de l’emmener à nouveau à sa suite dans le manoir. Les pièces étaient nombreuses, trop nombreuses, elle s’y perdait régulièrement. Du moins lorsqu’elle décidait d’utiliser une pièce inusuelle. Cette fois-ci elle connaissait parfaitement le chemin.

Soucieuse elle ouvrit la porte et le laissa pénétrer dans ce qui semblait être une ancienne bibliothèque. De toute évidence, elle n’était pas utilisée. Les livres vieillis étaient laissés pour compte sur le côté. Quelques vieux instruments de musique avaient leurs cordes cassées et de la poussière s’amoncelait un peu partout. Elle avait appris que sa mère avait affectionné tout particulièrement cette pièce pour son calme et sa taille. En effte, elle était spacieuse et les fenêtres, lorsqu’elles devaient être ouvertes, laissaient passer une très belle luminosité. Certains tableaux étaient accrochés aux murs, d’autres étaient retournés afin de ne pas les voir. Elle les avait faits tous retirer des couloirs et des pièces principales. Il était hors de question que Joharda vive encore à travers ses œuvres. A son arrivée elle en avait, par ailleurs, brûlé le tiers. Folle de rage, elle n’avait pas supporté de les voir chez elle. Elle s’était sentie comme piégée, un violent retour en arrière, à l’époque où elle était faible et manipulable. La mâchoire serrée, la jeune femme retourna quelques œuvres. Certaines étaient des portraits de famille ou des autoportraits plutôt bien réussis. Elle eut un pincement au cœur en reconnaissant son père et elle caressa vaguement la toile du bout des doigts. Sur l’une d’elle, elle y était représentée, le visage flouté avec sa petite sœur sur les genoux. Joharda n’avait jamais pris le temps de reprendre ses traits, de les dompter et de les coucher sur une toile. Celle-là aussi elle caressa l’œuvre :


- C’est ma sœur, et moi derrière. Elle rit un peu. Il faut croire que ce tableau inachevé était quand même considéré comme terminé.

La ressemblance avec son père était frappante. Lui aussi avait des beaux cheveux bruns et des yeux d’un bleu éclatant.

- En tant qu’artiste, elle était plutôt douée. Mais je n’ai pas à cœur de laisser ses tableaux accrochés dans cette maison… Les voir me… me hantent. J’ai l’impression d’être chez elle et non pas chez moi. Je suis désolée pour l’insalubrité, je ne tiens pas à ce que cette pièce soit… Aménagée. Son esprit est encore trop présent, trop ancré dans ses murs jusqu’aux pages jaunis de ces livres.

Elle retourne d’autres œuvres qui étaient des paysages ou des natures mortes puis elle se tourna à nouveau vers lui :

- L’art te plait, c’est évident. Es-tu artiste toi-aussi ? Je veux dire, outre le théâtre, pratiques-tu le dessin, la peinture, la poésie ?

***********

Main dans la main et comprenant son intérêt pour la musique, elle le guida avec un petit sourire et le fit entrer dans une pièce bien plus chaleureuse que la précédente. Au fond y trônait un piano à queue monumental. Un violon et une harpe y étaient également exposés. Véritable petite salle de bal mais aussi de discussion, elle fut ravie de lui présenter les instruments.


- J’ai appris à jouer du piano et du violon lorsque j’étais petite. J’avais un professeur qui me dispensait des cours tous les jours et me tapait sur les doigts lorsque je faisais une fausse note, dit-elle avec entrain et amusement.

Le quittant, elle laissa ses doigts glisser le long de son bras et son regard sulfureux sur la silhouette du géant.


- J’espère que tu es à l’aise à quatre mains…

Elle prit place sur le banc et positionna ses mains. Doucement elle entama une mélodie claire et fluide dont les notes enchanteresses ravissaient les oreilles.


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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L'Audace d'une Remontrance

Katherine Thornes et Jirômaru Keisuke

Suis ma main, je prendrai la tienne,
Sur cette mélodie, nos doigts goûteront le bonheur
Celui auquel tu aspires tant,
celui que je fuis si souvent.



Le tonnerre gronda et plusieurs éclairs illuminèrent la terrasse. A genoux devant Katherine, Jirômaru s'inquiétait. Lui avait-il fait mal dans l'herbe ? La jeune femme semblait satisfaite de leur petite folie sous l'orage et le rassura : elle n'était pas blessée et se réjouissait d'avoir passé ce moment en sa compagnie. Le Vampire lui sourit et accueillit son baiser langoureux avec la même passion. Leurs langues se lièrent dans leurs bouches tandis que leurs cheveux humides de pluie trempaient leurs visages soudés l'un à l'autre. Dehors, les éléments se déchaînaient contre la porte-fenêtre, comme pour illustrer la tourmente d'émotions qui parcouraient les deux amants.
Lorsqu'ils eurent détaché leurs lèvres, Jirômaru embrassa la belle sur le front et se releva. Il chercha des yeux de quoi couvrir l'actrice transie de froid et, puisqu'il ne trouvait rien à portée de main, il se permit d'appeler Michaël. Après tout, les domestiques étaient là pour les servir. Il n'allait pas laisser Katherine attraper du mal.

Quand Michaël entra dans le petit salon, son regard se posa aussitôt sur Katherine. La jeune femme commençait à grelotter sérieusement dans la chemise qu'elle avait volé au Comte. Devenue transparente à cause de leurs jeux dans la fontaine et de la pluie, cette dernière épousait les formes voluptueuses de sa maîtresse et laissait la pointe de ses seins percer au travers. Le majordome resta interdit un instant, puis planta son regard noir dans les yeux du Vampire qui venait de l'appeler. Ce dernier le regardait du haut de ses deux mètres et affichait son torse nu et trempé sans se soucier des convenances. Ses longs cheveux blancs lui collait aux joues et gouttaient sur ses larges épaules et dans son dos. Il sortait tout droit d'un de ces contes fantastiques que leurs contemporains écrivaient depuis quelques années. C'était une créature qui appartenait à un autre monde et la situation exacerbait cette impression de se trouver devant une vision fantomatique.
Michaël se dirigea vers Katherine. Affichant un sourire faussement aimable, le lord rit intérieurement en voyant à quel point le Hongrois irradiait de haine à son égard. Il était évident que sa présence le crispait et que ce qu'il faisait avec sa maîtresse le rendait malade.
Le majordome vint à la hauteur de la comtesse et lui offrit sa veste pendant que Jirômaru faisait mine de lui expliquer pourquoi il l'avait appelé :

- L'orage nous a surpris et vous seriez bien aimable de...

Le Vampire s'interrompit et leva un sourcil : le majordome venait de saisir Katherine pour la porter. Qu'est-ce qu'il pensait faire là ? Michaël s'excusa sommairement et lui donna congé. Jirômaru esquissa une grimace : le gaillard commençait à réellement l'agacer. De son côté, Katherine arrêta aussitôt son "ami". Avant même qu'il ait le temps de l'emmener avec lui, elle se dégagea de son étreinte et le repoussa. Le Comte observa la scène avec amusement.
La jeune femme demanda à Michaël de quoi se sécher et étendre leurs vêtements lourds de pluie. Puis, elle le congédia doucement. Le majordome marqua un arrêt et Jirômaru eut un rictus sournois : croyait-il vraiment avoir le pouvoir de lui enlever la charmante compagnie de Katherine ? Il soutint son regard en affichant ouvertement sa victoire et le regarda quitter la pièce. Ô douce jalousie...

Lorsque l'indésirable eut quitté les lieux, le Vampire fixa des yeux sa belle Cléopâtre. La pauvre tremblait de froid, malgré la veste sur ses épaules, et claquait presque des dents. Jirômaru fut à ses côtés en une enjambée et s'installa sur le sofa pour la prendre dans ses bras. Il savait combien les mortels étaient sensibles et ne souhaitait aucunement gâcher la soirée en la laissant tomber malade.

- Tu es transie ! Viens-là...

Il se mit à la frictionner doucement et à dégager de son visage quelques mèches rebelles qui risquaient de gêner sa vue. Katherine se laissa faire et se colla à lui. Elle posa sa tête contre son torse et s'excusa pour l'attitude de Michaël.

- Il t'aime.

Ses yeux de brume dans ceux de son amante, Jirômaru ne semblait pas en colère. Il avait cependant affirmé la chose comme si cette évidence ne pouvait pas lui échapper et qu'il était inutile de la réfuter. Il n'était pas né de la dernière pluie et avait suffisamment compris les liens qui les unissaient.

- Je suppose qu'il sait pour moi ?

Ce n'était pas une véritable question. Jirômaru était logique : si Michaël accompagnait Katherine depuis des années et veillait sur elle, alors il avait sans aucun doute eu vent de ses déboires avec sa mère et avait connaissance de l'existence des Vampires. N'avait-elle pas dit qu'ils avaient grandi ensemble ?

- Tu peux lui dire que je ne te croquerai pas...Pas ce soir en tout cas...ajouta-t-il en lui relevant davantage le menton afin de l'embrasser.

Les lèvres de la jeune femme étaient glacées. Il songea qu'il était réellement temps de la réchauffer. Mais que faisait donc Michaël ? Heureusement, le majordome revint avec des serviettes et des peignoirs de soie. Le Comte se leva en même temps que Katherine et saisit la serviette qui lui était destinée ainsi que les deux peignoirs. Il posa le tout sur le sofa pendant que Katherine entreprenait de se sécher avec sa propre serviette. Jirômaru revint auprès d'elle et se mit à l'aider. Il souleva ses longs cheveux afin qu'elle puisse correctement placer la serviette sur ses épaules et s'enrouler dedans. Dans le même temps qu'elle parachevait le petit paquet cadeau dont elle voulait se parer, le Vampire la frictionna un peu.

- Vous pouvez nous laisser, Michaël.

Une fois le jaloux écarté, il rit un peu avec Katherine en la regardant s'agiter dans son cocon. Qu'elle était mignonne là-dedans !

- On croirait une petite chrysalide !

Il l'embrassa à nouveau sur le front et la laissa finir de se sécher. De son côté, il attrapa sa serviette et se la passa sommairement sur le torse avant de la jeter dans son dos. Alors, il vit Katherine se débarrasser de sa serviette puis de sa chemise. La dévorant du regard, sans honte aucune, il lui sourit d'un air concupiscent. Cependant, il ne tenta rien, considérant qu'il fallait éviter de la malmener. Il lui fit dos et enleva son pantalon. Abandonnant le vêtement à ses pieds, il se sécha un peu les jambes et enfila le peignoir qui lui était destiné. Il était un peu court et étroit aux entournures, mais cela ferait l'affaire. De toute façon, il ne craignait pas le froid. Ce n'était-là qu'une question de décence.
Katherine vint ensuite le retrouver pour arranger son col. Ce geste tendre plut au Vampire. Il aimait aussi qu'elle se mette sur la pointe des pieds pour tenter de lui voler des baisers. La belle lui dit qu'elle aimerait le voir plus souvent dans cet état. Jirômaru répondit à son rire enjoué avec une pointe de poésie :

- Je peux revenir te cueillir au prochain orage...petit papillon...

Serrant la main qu'elle venait de lui donner, il la suivit docilement à travers le salon, puis dans les pièces annexes. Katherine avait faim et souhaitait manger. Cela ne le dérangeait pas, même s'il ne se nourrirait pas ainsi. Mais lorsque Katherine lui demanda s'il voulait tout de même quelque chose, comme par exemple du vin ou autre, Jirômaru la retint et la tira à lui pour la prendre dans ses bras. Il posa ses lèvres dans le creux de son cou et lui susurra doucement de sa voix grave :

- Tu sais ce que je veux...C'est bien imprudent de me dire ça...

Il embrassa son cou avec fougue, puis passa sa langue sur sa peau de pêche. Son souffle se fit plus audible et ses mains la pressèrent un peu contre lui. Alors, il recula soudain et lui jeta un regard joueur.

- Tu es tentante, Katherine, fais attention...

Jirômaru n'avait pas faim. Il avait pris le soin de boire au cou d'un calice avant de rendre visite à la comtesse. Ceci dit, goûter à son sang et la faire complètement sienne le tentait grandement. Il avait même le pouvoir d'effacer la trace que sa mère lui avait laissée et, s'il lui laissait sa marque les autres Vampires de la cité ne pourraient pas la prendre pour cible. Malgré cette envie, le Comte ne désirait pas lui déplaire et encore moins la traumatiser. Sa mère l'avait sans doute déjà assez brutalisée. Il serait patient et attendrait le bon moment. Pour l'heure, la fatigue de leurs ébats et sa faim bien humaine ne permettraient pas à la jeune femme de vivre pleinement "le baiser". Inutile de lui gâcher cette expérience des sens.

*******************

Katherine se fit bientôt guide des lieux et conduisit Jirômaru à travers diverses pièces qu'il n'avait pas encore visitées. Le Comte observa les ornements des plafonds, la qualité des moulures quelque peu défraîchies, les lustres de cristal, les bibelots anciens sur les étagères. Il écouta son amante lui décrire le tableau qui représentait Héra, déesse-mère, marieuse, femme outragée et combattive. L'oeuvre était effectivement très bien exécutée et sa symbolique plut au Vampire, friand des mythes antiques.

- C'est une belle toile. J'aime particulièrement le paon. Très réussi. Nous pouvons la confier à un restaurateur si tu y tiens. Il n'y a pas grand chose à faire, ça devrait être rapide et peu coûteux.

Jirômaru sourit à la belle et lui serra un peu la main. Bien sûr qu'il appréciait l'art ! Il avait lui-même des galeries entières de tableaux dans son manoir et sous l'Opéra. C'était un véritable collectionneur. D'ailleurs, cela valait également pour les antiquités, les objets exotiques et les meubles d'exception qui se cumulaient dans divers débarras sous ses combles.

- J'ai de nombreux tableaux de ce type. Il soupira : Tu n'imagines pas tout ce que j'ai pu accumuler au fil des siècles...

Katherine l'emmena ensuite dans une salle à manger dont la table monumentale avait été dressée avec tout ce que pouvaient désirer des invités de marque. La jeune femme murmura que c'était ridicule d'avoir tant de chaises à sa table alors qu'elle ne recevait jamais personne. Jirômaru sentit qu'elle risquait de retomber dans sa mélancolie et lui embrassa la main avec douceur.

- Je t'ai dit que ça allait changer avec notre pièce...Tu verras ! Ses yeux de brume se plantèrent dans les siens. On vantera tes mérites et tu finiras même par avoir besoin de solitude tant tu seras fatiguée des réceptions ! Les impertinents n'oseront plus te critiquer...Il faisait évidemment allusion aux impolis du bal de Sarah.

Katherine attaqua le poisson qui reposait dans son lit de légumes et se mit à manger. Jirômaru se détacha d'elle pour la laisser déguster les mets dont son estomac réclamait le réconfort. Il attrapa une chaise pour s'y installer puis il fit signe à son amante de venir s'asseoir sur lui. L'accueillant sur son giron, il posa sa tête contre la belle pendant qu'elle continuait le repas. Le Vampire n'était pas fatigué : il avait simplement envie de s'asseoir avec elle, pour l'accompagner dans son dîner.

- Alors nous irons à Florence. Répondit-il lorsque la jeune femme reprit leur conversation au sujet des voyages. Tu verras, il duomo est magnifique. J'adore le marbre dont sa façade est plaquée. C'est un matériaux que j'affectionne particulièrement. Santa Maria novella est également un incontournable. Il soupira. Ses souvenirs refaisaient surface. J'y achèterais bien un domaine...J'y ai souvent songé.

Il passa ses bras autour de la taille de Katherine et la serra contre lui. La perspective de retourner en Italie lui plaisait. Malgré les mauvais souvenirs qu'il en avait, il rêvait de renouer avec ce pays devenu son pays de coeur, ne serait-ce que pour s'y promener et y prendre du bon temps. Evidemment, s'y rendre en hiver était le meilleur compromis qu'il pouvait trouver pour en profiter : ainsi, les nuits seraient plus longues et le soleil moins mordant. Le Don Obscur était un élément à prendre en compte, en toutes circonstances...

*******************

Jirômaru songea alors à leur conversation autour de cette notion. Katherine ne semblait pas la maîtriser. Même si sa mère avait été une Vampire, elle ne lui avait apparemment presque rien appris. A part l'utiliser comme calice, elle ne lui avait pas expliqué la nature de ses pouvoirs, ni ses forces ou ses faiblesses. La jeune actrice était curieuse d'en apprendre davantage et lui avait confié qu'elle comptait sur lui pour l'éclairer. Jirômaru n'était pas contre l'idée de l'instruire, mais il savait rester prudent. Il lui avait donné quelques éléments de réflexions, sans entrer dans les détails qui risquaient de toucher à ses propres pouvoirs.

- Nous appelons "Don Obscur" la force qui nous anime et nous donne vigueur et pouvoirs. Lorsqu'un Vampire donne son sang à un Humain, il lui transfère ce Don. Mais cela ne fonctionne que dans certaines conditions, bien sûr. Si tu buvais mon sang, là, dans un verre, il ne te donnerait pas le Don.

Le lord avait ensuite expliqué à son amante qu'il était capable d'utiliser son sang pour fabriquer une chauve-souris qui lui servait de messagère. Katherine fut visiblement charmée par cette idée, ce qui surprit un peu la Créature de la Nuit qui pensait que cela l'effraierait.

- En général, les gens ne les apprécient pas. Beaucoup croient qu'elles vont venir leur attraper les cheveux pour les emporter. Il rit un peu. Enfin, cela doit sûrement venir du fait que certains d'entre nous sont capables de se transformer en chauve-souris géante...

En réalité, la plupart des Vampires en étaient capables et ce "mythe" autour des chauves-souris était bien plus crédible que ce que l'on pouvait imaginer. Jirômaru lui-même possédait cette faculté, même s'il ne l'utilisait qu'en dernier recourt. Il détestait transformer son corps. La sensation lui était beaucoup trop désagréable et, quelque part, il se sentait avili dans la peau d'un animal.

*******************

Une fois que Katherine fut rassasiée, ils se levèrent et quittèrent la salle à manger. Elle le guida alors jusque dans une ancienne bibliothèque où s'entassaient livres poussiéreux et instruments en tous genres. C'était plus un débarra qu'autre chose. Jirômaru la suivit à l'intérieur et découvrit quelques uns des tableaux que sa mère avait peints. Attentif, le Vampire observa les visages qui le regardaient.

- Tu as une soeur ? Demanda-t-il lorsque la belle lui indiqua une jeune fille sur l'une des oeuvres. Je ne le savais pas. Est-elle...? Il ne termina pas sa question, le sous-entendu était clair : vivante ? Je suis fils unique. Ma mère est morte à ma naissance et j'étais son premier enfant. Je me demande quel genre de grand frère j'aurai été si j'avais eu un petit frère ou une petite soeur...

Son sourire se fit réellement pensif. Il se remémora l'époque très lointaine où il défendait l'empereur et la population à coups de katana. Il aurait sans doute été particulièrement absent du foyer familial et surprotecteur quand il en aurait eu l'occasion.
Katherine s'était elle aussi faite nostalgique. Ces tableaux réveillaient en elle des souvenirs douloureux et les visages des membres de sa famille lui tirèrent quelques grimaces. Elle expliqua au Vampire pourquoi elle ne les exposait pas dans le manoir.

- Je comprends. Je n'ai moi-même pas un seul portrait de mes parents. Le visage de mon père s'est déjà estompé depuis longtemps dans ma mémoire... Jirômaru ne se souvenait en effet plus du tout du visage de son père. Yotila Keisuke, un grand samouraï de son époque, n'avait laissé derrière lui qu'une esquisse à demi effacée. Un jour, tu feras le tri et ce jour-là tu sauras ce qu'il faudra conserver ou jeter. Katherine, le passé ne peut jamais être entièrement enterré, mais nous pouvons le dompter en se focalisant sur le futur.

La jeune femme lui demanda si, en tant que grand amateur d'art, il s'y adonnait lui-même. Le lord frôla du bout des doigts un des tableaux accrochés au mur et murmura :

- Je ne peins pas, non. J'écris un peu et je compose régulièrement des poèmes, mais je ne me suis jamais essayé au dessin.

Non, en 500 ans d'existence, il n'avait jamais tenté de dessiner. C'était étonnant, pour quelqu'un qui appréciait autant l'art pictural mais Jirômaru était plutôt un homme de lettres. Il adorait composer avec les mots et donner vie à ses pensées à travers le genre de l'essai. C'était un homme qui aimait rêver et philosopher. Evidemment, il exerçait son talent en tant que metteur en scène surtout.

- Je compose beaucoup de mélodie au piano, ajouta-t-il pour terminer de répondre à la jeune femme.

Partant de cette révélation, Katherine le prit par la main et le conduisit dans la salle de musique. Jirômaru fut heureux de découvrir cette pièce et en apprécia les peintures et instruments qui lui donnaient vie. Alors, sa belle amante prit place devant le monumental piano à queue qui siégeait en son centre et le mit au défi de l'accompagner.
Charmé par la tournure de leur petite promenade, Jirômaru la regarda commencer un impromptu de Schubert en F mineur. Puis, il se glissa derrière elle et se pencha pour l'encadrer de ses bras. Leurs mains dansèrent sur le clavier noir et blanc. Elles jouèrent à saute-mouton, se frôlèrent, se cherchèrent, tout en performant le morceau qu'ils connaissaient tous les deux par coeur. Schubert était un des compositeurs les plus en vogue à leur époque et le tempo, allegro moderato, de cet impromptu restait léger et agréable à l'oreille. Katherine jouait plutôt les notes aiguës tandis que le Comte revenait souvent dans les graves.

Lorsque la mélodie mourut entre leurs doigts, leurs lèvres s'étaient à nouveau retrouvées, comme pour célébrer ce moment de partage en une explosion d'émotions. Puis, Jirômaru s'installa aux côtés de la belle et ils reprirent, ensemble, leur exploration de leur talent commun. Le Comte était un prodige dans ce domaine. Il avait tant pratiqué au fil des siècles qu'il était capable de composer d'extraordinaires mélodies. Il en inventa une, pour Katherine, et lui donna des tonalités délicieusement joyeuses et sensuelles. Sans même regarder le clavier, il l'embrassa, à plusieurs reprises et termina ce nouveau thème en attrapant son amante pour la serrer dans l'étau de ses bras.

- Celle-ci était pour toi, fit-il en l'embrassant encore, cette fois avec plus de passion.

Ils jouèrent ainsi à quatre mains durant près d'une heure, appréciant chaque morceau, s'amusant parfois à les déformer, à en inventer des parties. Ils prirent plaisir à s'écouter l'un l'autre, à accélérer ou ralentir la cadence, à s'effleurer. Leurs regards se croisaient souvent et leurs sourires rayonnaient sur leurs visages conquis par l'exercice.

*******************

Alors que la nuit entamait sa deuxième moitié, les deux amants se faufilèrent dans une des chambres à l'étage et s'y enfermèrent, n'en déplaise à Michaël. D'ailleurs, ils n'avaient finalement pas recroisé le majordome depuis le repas. Jirômaru caressa du bout des doigts les tranches des livres sur les étagères qui couraient sur deux des quatre murs de la pièce. Il admira le plafond peint ainsi que les fleurs séchées qui ornaient le vase sur la cheminée éteinte. Cette chambre devait être à destination des invités. Elle n'était pas suffisamment vivante pour être celle que la Hongroise utilisait tous les jours.

- Tu n'es pas trop fatiguée ? Finit-il par demander en se tournant vers Katherine.

Le Vampire se dirigea vers la fenêtre et écarta un peu les rideaux. Il jugea la luminosité ambiante. Il devait être 3h du matin et la belle n'avait pas du tout montré de signe de fatigue. Sans doute leurs activités la tenaient-elles éveillée.

- Je ne vais pas devoir tarder de toute façon. L'aube approche...

Jirômaru prit les mains de Katherine et l'invita à s'asseoir avec lui sur le bord du lit. Doucement, il l'embrassa à nouveau et la poussa à s'allonger. Il la prit dans ses bras et poussa un long soupir.

- Ce qui me manque le plus de ma vie humaine, c'est le goût d'un fruit et la chaleur d'un rayon de soleil...Il se redressa sur un coude et regarda la belle dans les yeux. Mais la nuit est si belle...et ses fruits si délicieux...

Les deux amants se perdirent à nouveau dans les plaisirs de l'amour. Ils furent plus sobres cette fois, plus conventionnels, et plus touchants sans aucun doute, comme si ce lit et ses draps cristallisaient leur besoin d'un certain retour au calme. Dehors, l'orage s'était apaisé et la fine pluie qui tombait encore illustrait parfaitement ce qui glissait dans leurs coeurs. Le Comte se fit tendre, sans négliger toutefois les envies de la belle qui demeurait sauvage en la matière.

Quand l'heure fut venue, Jirômaru déposa un baiser sur ses lèvres purpurines et redescendit en sa compagnie pour retourner du côté du salon. Il abandonna son peignoir pour retrouver sa chemise et son pantalon qui avaient séché près du feu, sans doute déposés-là par Michaël. Puis, il retrouva le majordome dans l'entrée. Ce dernier lui tendit son haut de forme et son manteau sans dire un mot et lui ouvrit la porte. Jirômaru embrassa Katherine une dernière fois et sortit. Son regard se fit amusé au moment où il passa devant Michaël. Il avait l'air si pincé ! Enfin, le grand Vampire s'éloigna sur le chemin qui menait au portail. Son fiacre venait d'en franchir les grilles et venait à sa rencontre. Une fois à l'intérieur du véhicule noir, les portes laquées se refermèrent sur lui, signant de ses initiales le dernier acte de cette charmante visite.

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[HRP/ Fin du RP avec le Comte. Suite dans La Paix n'aura pas lieu./HRP]


L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Dernière édition par Comte Keï le Sam 28 Sep - 20:27, édité 1 fois
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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] L'Audace d'une Remontrance [26/06/42] [Katherine-Comte] Icon_minitimeSam 21 Sep - 15:52

Là, sur le sofa, de l’eau dégoulinait allègrement des cheveux et des jambes de la belle, inondant le sol. Elle aurait pu craindre que l’un d’eux ne glisse sur cette surface devenue luisante mais n’y prêtait qu’une vague attention. Les tremblements secouaient doucement son corps. Le froid s’était emparé de ses membres allant même jusqu’à bleuir ses lèvres pourtant délicieusement rosées d’ordinaire. Le vampire à genoux devant elle la ravissait. Il était tout particulièrement prévenant et soucieux. Il craignait de l’avoir blessé. Qu’il croyait ! Katherine pouvait supporter bien plus que cela et s’il lui avait fait mal elle ne se serait pas gênée pour le lui faire comprendre. Elle le rassura alors quelques instants avant que Michael ne déboule sauvagement dans la pièce. Le regard fou il fusillait Jirômaru de ses yeux émeraude et le menaçait silencieusement de faire quoique ce soit. Il en avait déjà trop fait. Après tout, le vampire venait de le pousser à bout. Il s’était laissé séduire par la belle et avait même participé à son petit jeu inconvenant. Ce chien en redingote l’avait caressée, embrassée et même couchée sur cette table. Katherine s’était adonnée à quelques plaisirs coupables, terrible vision qui le hantait encore. Elle s’était glissée à genoux, était descendue le long de son corps et l’avait… Michael crispa un peu plus sa mâchoire. Si elle n’avait pas été aussi robuste il en aurait perdu quelques dents. La tension était éminemment palpable. Elle s’état humiliée pour lui, elle l’avait satisfait comme une catin pouvait le faire avec autant d’ardeur et d’habileté dans le geste. Ça le rendait malade. Il ne méritait pas ses lèvres, ni sa langue, ni ses regards. Il en avait la nausée.

Découvrant la situation d’un coup d’œil, le majordome hongrois s’était approché de la belle et l’avait couverte. Il ne répondit pas aux paroles du vampire et ne l’écouta même pas parler jusqu’au bout. Il se contenta d’attraper la demoiselle et de la porter, clôturant ainsi leur rendez-vous indécent. Il se permit même de renvoyer le Comte avec un regard noir et la colère faisant vibrer sa voix. Ses mains se crispèrent sur le corps de la belle. Katherine avait glapi, soudainement soulevée dans les airs. Elle se débattit alors avec vivacité et retomba sur ses jambes qui ne la portaient qu’à peine. Gentiment elle le rabroua mais son regard était appuyé. Elle le défiait de dire toute sottise qui la mettrait profondément dans l’embarras. Elle avait déjà risqué gros en dévoilant une partie de ses connaissances au vampire, Michael ne devait pas faire tout capoter par pur orgueil masculin. Il capta par ailleurs ses menaces inaudibles et planta ses prunelles dans les siennes. Il était hors de question qu’il la laisse à nouveau seule avec lui. Katherine se faisait du mal et il refusait de la laisser replonger dans cette spirale infernale. Il connaissait les enjeux de leur lutte et les tenants et aboutissants de leur fonctionnement. Michael avait toujours été franc-jeu. Il appréciait peu de tourner autour du pot pendant mille ans mais c’est avec Katherine qu’il avait fait ses plus grosses prises. Parce qu’elle était une femme, avec un corps fort agréable, qu’elle attirait les regards et attisait les envies. Elle avait toujours donné de sa personne pour la réussite d’une mission mais il était rare qu’elle aille jusqu’à faire l’amour avec sa cible. Avec Jirômaru, c’était de trop. Il savait qu’après cela, la demoiselle serait sûrement instable. Elle appréciait peu son existence et encore moins sa longévité. C’était une malédiction dont elle se serait bien passée. De même qu’elle avait encore du mal à accepter sa véritable nature. Ne pas pouvoir être une humaine normale était une torture. Elle se sentait du même acabit que ce vampire. Elle était immortelle, criminelle et spéciale. Michael l’avait déjà ramassé plusieurs fois à la petite cuillère, les pensées de la belle dérivant dans d’affreux méandres. Approcher un vampire et le tuer, oui, jouer les amantes éperdues lui en coûtait bien plus.

Il percevait autre chose aussi chez elle… Depuis sa rencontre avec Raphaël, la belle Hongroise ne savait plus que penser. Tous les vampires n’étaient pas à éliminer, certains lutter, comment prendre en compte cette information et continuer la lutte comme si de rien était. Jirômaru l’avait séduite, il le voyait et cela la rongeait.

Quand Michael la quitta, Katherine se tourna vers son amant et se glissa dans ses bras. Le froid la paralysait. Ses tremblements étaient plus violents encore qu’à leur arrivée et ses dents se mirent à claquer doucement. Contre lui, elle chercha cette chaleur tant désirée, priant pour que son corps froid soit à quarante degrés. Elle aurait tout donner pour prendre l’apparence de Syrya et se blottir contre le puma de Michael. Les deux félins savaient se tenir et appréciaient le contact de l’autre. La comtesse ferma les yeux et infiltra ses doigts glacés sur son corps. Ensemble sur le sofa, elle blottit son visage contre lui puis doucement elle s’excusa. Michael était un peu raide et surprotecteur mais il n’était pas méchant, loin de là… Il était surtout inquiet en réalité. Les mots du vampire la firent s’empourprer pourtant ce n’était pas une grande nouvelle. Bien sûr qu’il l’aimait. Il le lui avait avoué à plusieurs reprises et ça depuis un siècle au moins. Ses yeux se plantèrent dans les siens tandis qu’elle répondit :


- Je le sais. Un silence s’imposa, pesant. Elle savait exactement ce qu’il ressentait pour elle et elle était dévastée de ne pas pouvoir lui rendre la pareille. Il m’a toujours aimée. Et je l’aime aussi. Du plus profond de mon cœur mais pas de la même manière. Je ne l’aime pas comme il m’aime. Il est tout ce qu’il me reste et tout ce que j’ai de plus précieux. Mon ami, ma famille, un amant, un confident. Mais je ne veux pas qu’il soit mon mari. Je ne veux pas gâcher ce qu’il reste de nous avec toutes les problématiques que cela incombe. Je ne veux pas risquer ce rapport de forces imposé par la société entre lui et moi. Tu dois le comprendre n’est-ce pas ? Toi qui as tant vécu…

Et puis, au-delà de tout cela, parmi les paroles qu’elle taisait, Michael était surtout un rappel constant de son passé et de sa nature à laquelle elle ne pouvait échapper. Elle avait besoin… D’oublier, de s’oublier et avec lui, elle n’avait que trop conscience de celle qu’elle était et d’où elle venait. Le vampire lui arracha un petit sourire. Est-ce que Michael savait pour lui ?

- Bien sûr, s’il en doutait maintenant il doit en être sûr.

Ses yeux relevés vers lui, elle l’observa de ses deux lacs jumeaux et caressa songeusement sa joue. Il réussit à la faire rire doucement tandis qu’elle répondait à son baiser.


- Mmh… ça sera fait… Pas ce soir.. ? J’espère que tu respecteras en tout temps ma volonté Jirômaru… Elle mordilla un peu sa lèvre.

Jamais. Jamais il ne devait la mordre s’il devait conserver sa confiance. Elle serait capable de se trahir pour cette simple faiblesse vampirique. Il lui était impensable qu’on puisse disposer de son être à ce point. L’une de ces créatures n’en avait déjà que trop profité…

Michael ne tarda pas à revenir avec de quoi se réchauffer et des vêtements secs. Il s’attarda un instant sur Katherine. Il crevait d’envie de l’aider, de poser ses mains sur elle et de la réchauffer. Ce vampire s’imaginait-il la faible santé dont elle disposait ? Katherine avait beau paraître forte et déterminée, foulant du pied les sarcasmes de la société, le moindre coup de froid la tétanisait et faisait monter sa fièvre jusqu’à la faire halluciner. Ce soir-là, il grinçait terriblement des dents, il priait pour qu’elle s’en sorte sans encombre… mais les lèvres violacées et le teint blanc de la demoiselle lui hurlaient le contraire. Relevant le visage, il fusilla du regard ce nobliau à dentelles lui intimer des ordres. Avait-il conscience qu’il était peut-être bien plus haut placé que lui dans la hiérarchie mais que son abnégation lui faisait taire toute revendication ? Crispé, il regarda un instant Katherine se sécher puis tourna les talons. Qu’il aurait aimé qu’elle aille dans son sens pour une fois ! Au lieu de ça, il la laissait aux mains de ce pervers sanguinaire. Quel horrible personnage !

Katherine s’enveloppa dans sa serviette et rit de son allusion. Elle ferma les yeux satisfaite et tourna un instant sur elle-même.


- Pourvu que je devienne un joli papillon dans ce cas !

Lorsqu’il la lâcha, elle récupéra son peignoir et l’enfila. Ses doigts nouèrent sa ceinture au niveau de sa taille gracile. Le tissu de soi épousait désormais les courbes de ses hanches vertigineuses et s’obscurcissait à l’endroit où ses cheveux reposaient. La matière s’imbibait d’eau et Katherine en frissonna. Ses mains frictionnèrent ses boucles avec la serviette, tentant d’absorber au mieux l’humidité mais c’était peine perdue. De nombreuses gouttes dévalaient encore de ses mèches et les alourdissaient. Croisant son regard la jeune femme revint vers son amant et arrangea son col. Sur la pointe des pieds, elle lui vola quelques baisers et se mordit les lèvres en le détaillant.

- Mmh… ne dis pas ça, je pourrais finir par t’espérer à chaque mauvais temps.

Elle prit sa main et y déposa sagement un baiser avant de le guider à travers les couloirs. La demoiselle lui demanda avec innocence ce qu’il désirait, insinuant qu’il pouvait lui demander tout ce qu’il pouvait rêver et rougit instantanément lorsqu’il la prit dans ses bras. Comme si elle avait dit une bêtise, elle se fit plus petite. Ses mains sur les bras du vampire semblaient s’accrocher à lui tandis qu’il laissait ses lèvres caresser la peau de son cou. Elle pouvait sentir son souffle et son envie et au fond d’elle son ventre se noua. Elle crevait presque d’envie qu’il le fasse, elle le percevait dans son bas ventre. Le souffle court Katherine se tendit et murmura :

- Tu sais que je ne peux pas… Mon corps le désire mais mon cœur le refuse. Je ne veux pas te voir comme elle.

Son cœur battait la chamade. Sentait-il son désarroi .. ? Elle aurait pu s’en amuser mais elle ne s’était pas attendue à ce qu’il l’attrape ainsi. Des roses s’étalèrent sur ses pommettes tandis qu’elle le détaillait.

- J’ai confiance en toi, Jirômaru…

Qu’il ne la gâche pas…

****************

Devant l’œuvre de Héra, Katherine effleura du bout des doigts la toile ancienne. Elle appréciait chaque détail de ce tableau, chaque petit trait longuement travaillé au pinceau, chaque lumière habilement représentée et chaque couleur choisies avec minutie. Elle apprécia d’autant plus cet instant que Jirômaru semblait lui aussi bien aimer ce qu’il voyait et notamment, le paon, lui dit-il. En l’entendant parler de restaurateur elle haussa les épaules :

- Il faudrait confier le manoir entier à un restaurateur dans ce cas, je suis curieuse de voir ce qu’il pourrait en faire. Certaines sont dans un piteux état… Je peux compter sur toi dans ce cas, fit-elle avec un petit sourire. Sa main se glissa dans la sienne. Être guidée est plaisant de temps en temps. Oh, tu es donc un grand amateur d’art ! J’espère que tu me feras visiter ta collection. Ses doigts caressèrent tendrement les siens.

Une fois dans la salle à manger, Katherine lui indiqua la table et les chaises et d’un air un peu sarcastique elle lui souffla qu’il était ridicule d’avoir autant de place pour si peu de personnes. Katherine organisait peu de réceptions. Elle craignait que les ragots empêchent ses invités de venir. Elle avait peur des fausses joies et des faux-semblants. Elle savait pertinemment que la plupart des invitations serait déclinée pour d’excellentes raisons et puis… Elle était une femme seule, c’était pire encore. Toute cette pression lui nouait l’estomac. La demoiselle adorait les bals, les banquets, les réceptions, les réunions. Elle aimait la compagnie, la musique, le vin et les mignardises. Elle appréciait tout particulièrement de parler avec les convives, danser et échanger quelques pensées poétiques ou philosophiques. Cela lui manquait, elle repensait souvent avec émotion à ces moments à la Cour en Hongrie où, même si son statut de maîtresse était connu de tous, l’aristocratie l’avait acceptée avec ses qualités et ses travers. Elle était des leurs après tout. Ils l’avaient vu grandir, devenir une femme et embrasser les codes et les plaisirs de leur mondanité. Son regard parcourut la pièce. L’attention de la Hongroise fut captée par les douceurs du vampire. Elle lui sourit gentiment et fut immédiatement séduite par son optimisme. Ce n’était pas elle l’idéaliste au final ! Sur la pointe des pieds elle se grandit et déposa un baiser sur sa joue :


- Je veux te croire… Peu importe au final, que cela change ou pas, la vie est faite ainsi et je m’en accommode. Elle capta son regard et rougit délicatement. Je n’en demande pas tant. Juste de pouvoir profiter sans être constamment jugée. Ses mains touchèrent son torse puis son visage. Il n’est pas né celui qui arrivera à m’épuiser ahah ! Elle baisa à nouveau sa joue puis ses lèvres en se pendant à son cou. Surtout si tu n’es pas loin…

Approchant de la table, la demoiselle piqua un morceau de poisson et le suivit du regard. L’amusement dans le regard, elle s’avança vers lui et s’installa sur ses cuisses. Elle prenait de temps à autre une bouchée de légumes ou bien de pommes de terre. Sa main se glissait dans les cheveux du metteur en scène qu’elle se permettait de caresser tout en savourant ce que son corps désirait tant. Elle lui parla alors de Florence. Elle avait envie de voyager, de découvrir de nouveaux endroits mais surtout elle devait lui faire croire qu’il y aurait un après. Le vampire ne survivrait pas jusque-là. Si tout fonctionnait selon leurs plans, il ne remettrait jamais les pieds en Italie. Katherine leur servit un verre de vin et lui tendit le sien pour qu’il y trempe ses lèvres. Elle lui vola un baiser pour goûter l’alcool à ses lèvres et les lécha doucement.


- Vraiment.. ? Tu voyagerais avec moi.. ? Alors il me tarde, de découvrir tout ce que tu m’as promis. Un domaine… Je te dirais bien que je t’accompagnerais dans ce projet…

Ses bras autour de son corps lui déclenchèrent des frissons. Il l’appréciait réellement, c’était évident et elle aussi… Commençait à s’attacher…

Au fond d’elle, les deux âmes qui se bousculaient lui hurlaient de garder les pieds sur terre. De ne pas se projeter. De penser à toute cette rancœur qui la faisait encore vibrer car après tout… Si Katherine ne vivait plus pour lutter, qu’est-ce qui la retiendrait ?

Comme on efface un mauvais souvenir, Katherine ignora les supplications de ses deux amies.


************

Dans cette pièce sombre et poussiéreuse, Katherine découvrit ces œuvres oubliées jadis réalisées par celle qui l’avait mise au monde. Elle en eut un petit pincement au cœur en même temps qu’une douloureuse amertume. Ne jamais oublier. Ne jamais pardonner. Avancer. Sa gorge se nouait sous l’émotion tandis que ses doigts repassaient avec douceur sur les coups de pinceau, les amas de peinture séchée. Elle dévoila quelques réussites et d’autres tableaux moins élégants, aux teintes plus obscures. L’âme flétrie de tristesse, elle dévoila un portrait de famille sur lequel elle figurait avec sa petite sœur. Doucement elle se baissa pour le contempler et caresser du bout des doigts seulement, celle qui avait jadis existé. La question de Jirômaru étira ses lèvres en un étrange sourire et elle se contenta de répondre :

- Elle était ce que j’avais de plus précieux, ce petit fil qui te raccroche à la vie. Ses doigts s’attardèrent sur les joues de la petite rousse. Elle l’a tuée, comme les autres. Elle planta ses yeux azurs dans les siens. Et ce jour-là je l’ai tuée à mon tour. Ses mains reposèrent le tableau sur lequel son visage n’était qu’à peine gribouillé avec précaution. Je croyais qu’elle l’épargnerait, elle était sa préférée. J’ai eu tort.

Le souffle court elle se redressa et regarda son amant. D’une main, elle saisit la sienne et la porta à ses lèvres.

- C’est un mal pour un bien. Tu n’as pas eu à connaître cette perte même si tu en as traversé d’autres. C’est plus violent encore que la mort, c’est un morceau de ton âme que l’on t’arrache puis tu navigues, errant entre la vie et les souvenirs. Un frère ou une sœur c’est une partie de soi que l’on chérit plus encore que sa propre vie. Elle baisa ses doigts. Je suis sûre que tu aurais été à la hauteur de cette responsabilité.

Regardant avec plus d’attention encore son amant, Katherine chercha les traits de visage de ses parents. D’où tenait-il l’arrête de son nez ? Sûrement de son père pour qu’il soit aussi volontaire… Et ses lèvres si délicieuses qu’elle se plaisait à dévorer ? Elle eut un sourire en songeant qu’elles lui venaient de sa mère, une femme très séduisante elle n’en doutait pas une seule seconde.

- C’est étrange, n’est-ce pas ? Comme ceux que nous aimons finissent par disparaître de notre mémoire jusqu’à ne plus se rappeler même du son de leur voix ou de la chaleur de leurs mains. Les souvenirs sont de drôles de choses, fugaces, ils semblent eux-mêmes prendre vie, grandir et vieillir jusqu’à ne plus se souvenir… Comment être sûrs de ce que nous racontons alors même que nous oublions ? Elle esquissa un triste sourire. Quand mon âme sera en paix je brûlerai tout pour ne plus avoir de regret. Même son portrait. Ma mère ne méritait pas de la représenter. Quant au futur, il n’est jamais certain ni prévisible. Nous pouvons l’influencer mais jamais le contrôler. Je ne peux pas me focaliser dessus, je préfère savourer l’instant présent, c’est la seule chose réelle et palpable qui nous tient encore.

La demoiselle lui sourit alors qu’il lui parlait de ses passions et elle agrippa doucement son bras :

- Peut-être qu’un jour tu me déclameras ton plus beau poème. J’ai particulièrement apprécié celui que tu as prononcé avant de m’attraper,
lui dit-elle d’un air enjoué qui contrastait terriblement avec les émotions qu’elle ressentait en visitant cette pièce. C’était là qu’on la reconnaissait, l’actrice. Qu’on la démasquait. Cette capacité à naviguer entre deux émotions, à enfouir ses sentiments si nostalgiques pour une facette d’elle bien plus légère et amusée. Oh, tu es pianiste dans l’âme ! Cela me plaît également. Suis-moi…

Sans plus de mots elle prit sa main et le traina en dehors de cette salle qu’elle rêvait de condamner. Elle le guida alors jusqu’au petit salon dans lequel elle conservait ses instruments de musique. Un clavecin était, par ailleurs, recouvert d’un drap. Elle n’y avait pas retouché depuis son arrivée à Londres. Elle savait que c’était l’instrument de son père et craignait d’y effacer ses dernières empreintes. Elle le revoyait assis devant et entamer des petites mélodies dansantes sur lesquelles elle faisait virevolter sa robe de satin. Heureuse de lui montrer une facette plus joyeuse de son domaine, elle s’installa sur le banc du piano à queue et entama à son tour une petite mélodie bien en vogue. Son regard pétillait à nouveau et elle l’invita à la rejoindre ce qu’il fit et lui décrocha, au passage, quelques frissons de désir quand il se glissa derrière elle. Les gestes du vampire étaient fluides et assurés, bien plus que les siens. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas pris plaisir à jouer mais on sentait tout de même une certaine technique se dégager de sa composition. Katherine était loin d’être une débutante mais Jirômaru en avait une maîtrise bien plus séduisante. Lorsqu’ils achevèrent ensemble le morceau, Katherine répondit volontiers au baiser de son amant. Elle ferma les yeux et sourit contre lui avant qu’il ne prenne place à ses côtés. Elle rit un peu et posa sa main sur sa cuisse :

- Tu es véritablement talentueux, tu pourrais être le pianiste le plus en vogue de notre époque !

A ses côtés, Katherine se plaisait à l’accompagnait. Le vampire la guidait d’une main de maître et ne s’offusquait pas de ses erreurs qui la faisaient pourtant grimacer puis rire. Ce moment était agréable. Il était terrible de songer qu’après cela elle le tuerait. Elle partageait avec lui des passions communes pour le théâtre, la littérature, les œuvres d’art et la musique. Elle aimait danser dans ses bras, jouer à ses côtés, discuter et débattre de sujets sur lesquels ils ne s’entendaient pas tout à fait. Puis elle aimait l’embrasser, lui faire l’amour, sentir ses mains sur son corps et ses lèvres contre son cou. Elle se haïssait profondément d’apprécier ces instants et ce qu’il était avec elle mais elle n’en n’oubliait pas sa mission. Non, elle ne pouvait pas l’oublier. Sa gorge se serra tandis qu’elle jouait mais sa tristesse fut immédiatement balayée par l’un de ses baisers. Sans regarder ses mains elle le lui rendit et murmura à son oreille quelques mots doux et désirs retenus.

Le Comte reprit de plus belle avec une mélodie qu’elle ne connaissait pas. Enjouée, elle y ajouta sa petite touche personnelle et se mit à rire tant l’instant lui plaisait. Lorsqu’il acheva le morceau et qu’il lui avoua qu’il était pour elle Katherine se surprit à rougir et glissa ses bras autour de son cou en répondant à son baiser :


- C’est le plus beau cadeau que l’on puisse me faire…

Ses doigts caressaient ses cheveux et entortillaient quelques mèches avec délicatesse. Ses lèvres avaient retrouvé ce sourire si délicatement enfoui sous sa mélancolie et elle posa son front contre le sien. Puis elle attrapa son visage et l’embrassa à nouveau avec plus d’ardeur encore. Son cœur battait à tout rompre. Décidément, il savait lui parler et la séduire. L’instant n’en était que plus tragique.
Ensemble, ils reprirent ensuite la musique, Katherine l’accompagna, inventa de nouvelles mélodies prenant garde à bien accorder les notes entre elles pour toucher l’harmonie. Elle rit souvent d’allégresse, les yeux plissés par le plaisir qu’elle prenait à partager ce moment avec lui. Totalement libérée, elle lui parla sans détour, elle lui raconta quelques anecdotes tout à fait anodines et légères mais elle avait besoin de vivre cette légèreté et il la lui offrait.


***************


L’orage d’été avait laissé place à une pluie plus fine et parsemée. L’écho des gouttelettes se faisait entendre jusque dans la chambre d’amis que Katherine venait d’ouvrir. Elle n’avait pas le courage de l’accueillir dans sa couche, encore moins qu’il y sente une odeur familière s’il en avait les capacités. De plus… Elle préférait mourir plutôt que de dormir dans des draps qu’il pourrait souiller. Sans plus d’explication et surtout feignant une certaine pudeur, elle referma la porte derrière elle. Doucement elle ferma les yeux et soupira. Combien de temps son petit manège durerait-il ? D’ailleurs, quelle heure était-il ? Tournant la tête, les cheveux bouclés de la demoiselle s’évanouirent dans son dos. Elle scruta de ses iris turquoise la silhouette élégante du vampire qui contemplait les livres de la petite bibliothèque. C’était loin d’être la plus grande de la demeure et la plupart n’était que de vieux livres qu’elle n’avait jamais lus. Lorsqu’il la regarda à son tour, la jeune femme lui sourit, il venait de la surprendre.


- A cette question j’ai deux réponses, celle du savant et celle du poète. Le savant te dirait que je ne suis pas fatiguée, que je pourrais encore vivre quelques heures sans retomber, exténuée et que de toute façon demain matin rien ne m’attend. Le poète lui… te dirait que même si la fatigue se fait sentir, la vie est trop précieuse et intense pour s’en soucier. Qu’il y a des jours sans et des jours avec et qu’aujourd’hui je souhaite qu’il soit avec.

Sa réponse était bien trop longue pour une simple question mais toute la mélancolie de Katherine y transparaissait. Lui qui connaissait l’immortalité, n’était-il pas fatigué de vivre comme elle l’était ? Lui, ne savait pas ce qu’elle vivait, il ne s’en doutait pas le moins du monde, d’ailleurs, il lui avait même fait comprendre que son éternité était un frein à tout engagement. Alexender n’était pourtant pas immortel lui, mais l’engagement ne lui plaisait pas plus. La jeune femme en eut un petit pincement au cœur et se rapprocha silencieusement du Comte. Doucement, derrière lui, elle glissa ses mains contre son corps et appuya sa tête dans son dos.


- Je le sais… Souffla-t-elle à demi-mots. Je ne voudrais pas que tu sois surpris par le lever du jour…

Guidée vers le lit, la Hongroise s’assit à ses côtés puis ferma les yeux lorsqu’il l’embrassa. Elle se laissa guidée, emmenée à nouveau dans ce tourbillon de désirs qu’ils avaient pourtant déjà bien exploré. Katherine fut étonnée de l’entendre parler de sa vie humaine et doucement elle se rapprocha de lui, son corps collé au sien.


- Je peux t’offrir la chaleur que tu recherches… Même si j’ai tendance à être frileuse. Pour les fruits… Elle déposa ses lèvres sur les siennes et ne termina pas sa phrase. Peut-être inventeraient-ils un jour un substitut au sang qui reproduise le goût des fruits ? L’idée était amusante mais naïve.

Les sens engourdis par l’envie, le couple se trouva à nouveau. Ils échangèrent baisers et caresses, se perdirent dans les méandres de plaisirs déjà explorés mais plus tendres, plus secrets. Si Michael les avait surpris à cet instant nul doute que Katherine en aurait rougi. Leurs étreintes furent moins animales mais plus rassurantes. Jirômaru était un excellent amant, celui lui brisait le cœur de devoir l’éliminer. Dans d’autres circonstances, peut-être aurait-elle pu l’aimer… Ses mains s’aventurèrent à nouveau sur son corps, détaillant ses muscles, ses formes, ses blessures. Ses lèvres se pressèrent contre le sienne jusqu’à en mélanger leur souffle. La demoiselle se perdit à nouveau dans ces méandres de plaisir.

Somnolant dans ses bras, la jeune femme fut tirée de ses songes par un délicat baiser. Elle y répondit doucement et se leva pour raccompagner son amant. Frissonnant à cause de la fraîcheur ambiante, elle tint son peignoir dans sa main et le regarda s’habiller. Elle ne se gêna pas pour l’aider à remettre sa chemise, boutonner quelques boutons ou bien arranger sa coiffure avec douceur. Michael était déjà levé, il attendait le Comte à l’entrée et lui tendit ses effets personnels : un manteau d’excellente facture et un chapeau élégant. Sans piper mot, il se détourna pour ne pas les regarder échanger un dernier baiser. Katherine lui prit un instant la main alors qu’il allait pour partir et le ramena contre elle. Doucement elle l’embrassa à nouveau, ses bras autour de son cou et sur la pointe des pieds, il était terriblement grand mais le Japonais se baissait bien volontiers.


- Merci pour cette soirée… Je n’oublie pas ton invitation…

Son regard s’était fait joueur. Sur ces mots, la Hongroise le laissa partir. Ses yeux le suivirent jusqu’à ce qu’il monte dans son fiacre et disparaisse. La jeune femme resta là, quelques minutes encore à fixer ce portail, traitre de son domaine qui laissait entrer amis et ennemis. Le cœur lourd, Katherine se détourna. Michael esquissa un geste qu’elle repoussa avec agacement. Ses mains tremblaient sous l’émotion qu’elle s’autorisait enfin à relâcher.

- Laisse-moi tranquille, lui siffla-t-elle sèchement. J’ai besoin d’être seule.

Michael ne dit rien. Elle traversait ce qu’il redoutait à nouveau, cet étrange état de culpabilité et de dégoût pour elle-même. A nouveau, les images de cette soirée lui revinrent à l’esprit. Il se détestait de l’avoir laissée faire. Comme un coup de vent, Katherine disparut de son champ de vision. La jeune femme avait retrouvé sa chambre et s’était assise sur le rebord de la fenêtre, une jambe pendante dans le vide. La fraîcheur matinale la saisissait sauvagement, si bien qu’elle finit par fermer les volets puis la fenêtre avant de perdre ses extrémités. Ses mains trifouillèrent alors les tiroirs de sa coiffeuse. Elle en sortit l’objet tant désiré puis un voile dentelé qu’elle plaça sur ses cheveux et s’observa dans le miroir. Quelle était pathétiquement jolie, impitoyablement sensuelle et terriblement répugnante. Ses doigts caressèrent ses lèvres qu’elle voulait brûler, ses yeux qu’elle rêvait de s’arracher, ses cheveux qu’elle méritait de couper. Une croix avait été accrochée en haut du miroir. Ses yeux lagons l’observèrent longuement tandis que ses doigts, qui avaient recueilli un baiser, se posèrent sur le corps décharné de Jésus. Dans un silence de mort, la jeune femme récita sa prière. Son cœur sembla s’envelopper à nouveau de cet amour profond et mystique.

- Az Atya, a Fiú és a Szentlélek nevében. Ámen…

Pieusement, la comédienne fit le signe de croix. Elle ferma les yeux, prit une inspiration et pria à nouveau puis elle leva la main.


Un.

Deux.

Trois.


Trois chances. Un sourire fendit ses lèvres et des larmes roulèrent le long de ses joues.

Le petit matin se levait sur le manoir Thornes. Les domestiques n’étaient pas encore réveillés ou arrivés, seul Michael s’affairait déjà au cas où si la belle voulait déjeuner. Il prépara ainsi un plateau de viennoiseries, de sucreries et de mets salés puis le déposa sur le petit chariot qu’il lui porterait dans quelques heures. A l’extérieur les oiseaux avaient repris le cours de leur vie. La terre avait eu le temps de sécher et au-delà du portail on entendait déjà les commerçants s’affairer.

Là, dans cette apparente tranquillité, l’actrice tira sa révérence.





[HRP/ Fin du RP avec Katherine. Suite dans "Ne me quitte pas" avec Michael./HRP]


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"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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