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Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42]

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Comte Keï
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MessageSujet: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeVen 21 Avr - 14:51

[HRP/ Suite du RP avec Chastity - à venir/HRP]


Pour un souffle de plus

Le Comte Kei et la Sorcière

"L'humilité du pèlerin le mènera sur la voie de la rédemption. L'orgueil du pécheur l'abandonnera aux tourments."
Arthur Oswald Peregrin, clerc de Salisbury, 1836.


Le sanctuaire de la sorcière, le 9 mai 1842

Une bouteille de plus, juste une...Cela réchauffe, cela ravive. Une bouteille de plus, qu'est-ce que c'est ? La promesse d'un avenir vacillant, mais d'un avenir quand même. Vaut-il mieux crever de froid dans la pénombre ou vivre dans l'illusion du bonheur ? Jonas préférait boire et survivre. Au moins pourrait-il espérer voir le jour se lever une nouvelle fois...
La Grande Horloge sonnait onze heures du soir et l'air se tintait d'une pluie d'orage. Le vieil homme se mit à chercher du regard un abri assez décent pour s'installer. Quitte à passer une nuit de plus, autant la passer au sec.

Alors qu'il avisait une ruelle un peu étroite, Jonas vit l'ombre d'un grand fiacre noir courir sur ses murs. Quelques chiens errants se cachèrent à son passage, paniqués par ses imposants chevaux d'ébène. L'homme n'eut que le temps de se plaquer aux vieilles briques humides d'une baraque pour éviter de se faire percuter. Ce fut juste !  Au passage du véhicule, son bois laqué brilla sous le pâle lampadaire qui brûlait près de lui. Jonas sentit une goutte de sueur froide lui couler dans le dos. On eût cru que la Chasse Sauvage venait de descendre du ciel pour punir les mortels de leurs péchés et les emporter vers les limbes mortuaires des anciennes légendes. Cet attelage lugubre ne lui inspirait rien de bon...

Intrigué, l'alcoolique attendit un moment avant de se rendre fébrilement au bout de la ruelle pour observer le fiacre qui s'arrêtait un peu plus loin. Ses rideaux demeuraient fermés et aucune initiale ne permettait d'identifier ses passagers. Le cocher, un grand gaillard aux cheveux sombres, ne semblait pas connu dans le métier. Le véhicule s'était arrêté devant un vieux bâtiment : l'ancienne auberge du quartier. Le vieil homme blêmit. Ici, c'était le « sanctuaire », le repaire de « la sorcière », et il n'était jamais bon de traîner avec ceux qui faisaient appel à ses services. Cette femme-la était l'incarnation de Satan, la maîtresse du Diable...Elle faisait le tour des salons pour faire la démonstration de ses talents et les rumeurs allaient bon train quant à la source de ses pouvoirs. Certains en faisaient une simple saltimbanque capable de monter le plus fin des spectacles, jouant des cartes et des illusions d'optiques, d'autres restaient persuadés qu'elle possédait de réels dons et qu'elle pouvait les utiliser pour retrouver un disparu, faire parler les morts ou vous maudire sur des générations entières. On racontait même qu'elle prenait les cœurs pour les dévorer, qu'elle fouillait les esprits pour les retourner, qu'elle manipulait le feu dans sa paume ouverte et qu'elle commandait aux corbeaux et aux rats...Quel était le vrai du faux ? Jonas n'aurait su le dire. Mais lui qui faisait partie des errants, il savait que ceux qui entraient dans cette obscure bâtisse en ressortaient changés.

Le cocher descendit de son siège d'un bond leste et gracieux avant d'ouvrir la porte du fiacre d'un geste vif. Plusieurs formes sortirent, mais Jonas était du mauvais côté de la chaussée pour pouvoir nettement apercevoir ceux qui s'avançaient maintenant sur le trottoir. Il y avait trois hommes, non quatre...trois hommes et une femme...oui. Le cocher, un homme immense dont le corps entier était enveloppé d'une lourde cape noire à capuche rabattue, un autre qui lui servait de support et dont on ne distinguait pas le visage, même lorsqu'il le tournait vers la rue, et une femme, d'après la silhouette, elle aussi encapuchonnée dans l'ombre d'une cape. Ce petit groupe-là ne voulait pas que l'on puisse identifier ses membres, c'était évident. Le mendiant plissa les yeux. Au travers des fines gouttelettes d'eau qui tombaient du ciel nuageux, le pauvre homme ne parvint pas à en savoir plus. Bientôt, les trois passagers disparurent dans la bâtisse tandis que le cocher regagnait le véhicule pour les attendre.
Jonas tendit un peu le cou mais la porte se referma sur ses mystères.


- Vous êtes bien curieux...

Jonas sursauta en poussa un cri de frayeur. Il n'eut pas le temps de réagir qu'une main puissante le saisissait par la gorge. L'homme s'étrangla, incapable de résister. Il sentit ses pieds quitter le sol et sa peau se plisser sous la poigne d'acier. Ses yeux écarquillés reconnurent le cocher. Comment avait-il fait pour arriver là aussi rapidement ?

- Je te conseille de filer avant que je ne te croque...grogna l'inconnu en montrant ses dents, étonnamment pointues, à quelques centimètres de son visage.

Le mendiant étouffa un faible « oui monseigneur » avant d'être rejeté en arrière avec une force prodigieuse. Il tituba en toussant, chuta sur le pavé, se releva péniblement, complètement paniqué et s'enfuit sans demander son reste en glissant dans les rigoles humides de la ruelle.
Alphonse remonta ses gants sur ses poignets en lui jetant un regard noir.


- Tsss...Pitoyable insecte.

Le Vampire jeta un coup d'oeil vers la porte du sanctuaire et soupira. Il vérifia que la ruelle était bien vide et retourna près du fiacre. Soulevant le couvercle d'un petit coffre à côté de son siège, il sortit un chapeau à bords, le plaça sur sa tête - afin de se protéger sommairement de la pluie - et s'adossa au véhicule, les bras croisés. Il se remit à la surveillance de la rue, attentif au moindre son. Son maître avait besoin de lui ce soir...

Alphonse posa son fin menton sur le col de sa veste et son front se fit soucieux. Jamais, depuis qu'il était au service du Comte, il ne l'avait vu aussi faible. La mort de Salluste l'avait bouleversé, l'attentat au théâtre avait été difficile à supporter et son dernier combat contre le Sabbat lui avait laissé de cruelles séquelles. Après la balle noire qui lui avait malmené le genoux droit, il se retrouvait maintenant avec un bras complètement paralysé. Il s'était remis de sa première blessure, même si cela avait été long, mais pour son bras...même l'Occulis n'avait rien pu faire. Le poison noir qui s'était répandu dans ses veines avait nécrosé ses tissus et handicapé ses nerfs. Le sang de Ludwig et les soins du Docteur Fortunato avaient arrêté la nécrose mais Jirômaru Keisuke n'avait pas récupéré l'usage du membre atteint. Sa régénérescence n'agissait pas dessus et rien, ni personne, ne semblait pouvoir lui redonner vie.

C'était Chastity Stephenson, la belle rouquine à la tête de la plus grande compagnie de chemin de fer de toute l'Angleterre, son amante et fidèle alliée, qui lui avait conseillé de voir celle que l'on appelait « la sorcière ». Le Comte connaissait son existence, comme beaucoup, mais il ne s'y était jamais intéressé. Le lord n'avait pas le temps de se préoccuper des rumeurs ridicules qui courraient sur ses confrères et consoeurs. Après tout, du moment qu'elle ne mettait pas réellement en danger la Mascarade et ne dévorait pas n'importe qui n'importe comment, elle pouvait se faire passer pour une magicienne et donner des spectacles, ou faire des séances de spiritisme, il n'en avait cure. Mais quand Miss Stephenson lui avait suggéré de la voir, pour profiter de ses pouvoirs, le Comte n'avait pas hésité longtemps. Comme s'il n'avait plus d'autre espoir, il avait pesé le conseil et jugé qu'il était bénéfique. Que craignait-il à aller la voir ? Au pire, il retournerait dans son manoir, bredouille. Au mieux, il soulagerait sa douleur et retrouverait peut être une partie de son bras. Cela valait la peine de tenter l'expérience.

Alphonse, lui, n'était pas de cet avis. Il l'avait rapidement fait comprendre à son maître, mais il n'avait pas insisté de peur de lui déplaire. Pour lui, cette « sorcière » pouvait aussi bien être à la solde des Vampires du Sabbat et accentuer son mal plutôt que de le soigner. Et puis, sortir dans son état n'était pas une bonne idée. Apparemment, le Comte était même incapable de marcher tout seul. Avec les Vampires de la Camarilla qui s'impatientaient au sujet du duel qu'il devait à Crimson, c'était tout sauf prudent. Cela relevait presque de la témérité. Mais que pouvait-il dire ? Jirômaru Keisuke ne pourrait pas rester indéfiniment dans son manoir...Alphonse savait pertinemment que son maître devait rester actif, pour le bien de tous, mais il ne pouvait s'empêcher de regarder cette visite comme une erreur. Heureusement que Manouk et Ambre l'accompagnaient...


************

Ambre frappa à la seconde porte du petit hall et l'ouvrit. Manouk soutenait le Comte comme l'on soutient un camarade blessé sur un champ de bataille.

- Annonce-moi...Ambre...Elle sait que nous sommes là.

La belle rousse passa doucement sa tête par l'ouverture de la porte et murmura doucement dans la pénombre :

- S'il vous plaît ? Il y a quelqu'un ? Nous avons besoin d'aide.

Manouk grogna et la poussa un peu pour la faire entrer. Il avança, le Comte sous le bras, et l'assied sur la première chaise qui se présenta à eux. Jirômaru se laissa faire. Le voyage depuis son manoir l'avait horriblement épuisé. Cette sortie était peut-être inutile...Alphonse l'avait pourtant prévenu...
Pendant qu'Ambre ôtait des épaules de son maître sa lourde cape noire, l'Africain cherchait leur hôte des yeux. Étrangement, aucune aura ne transparaissait dans la bâtisse. La sorcière était-elle donc absente ?


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> Jirômaru Keisuke <

Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Comte_10

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Dernière édition par Comte Keï le Sam 22 Avr - 18:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeVen 21 Avr - 20:23

La boutique Nazomie passait souvent inaperçue. Coincée comme elle était entre deux grandes boutiques aux devantures attrayantes, l’ancienne auberge se fondait dans le paysage, glissant dans le regard des passants sans qu'ils n'y portent réellement attention. Sa devanture était sobre, le bois travaillé était d’une couleur sombre couvert par la poussière des fiacres. Un écriteau était posé sur le haut de la porte révélant le nom de la boutique, mais la peinture écaillée était si pâle qu’on le lisait difficilement. Ceux qui se rendaient au sanctuaire pour la première fois restaient souvent surpris et incertains devant le chemin à prendre. Ils passaient si souvent ici, comment avaient-ils pu ne pas remarquer ce bâtiment. Mais la sorcière gardait jalousement son antre effaçant volontiers le souvenir des importuns qui osaient lui chercher querelle.

Non, la boutique Nazomie ne ressemblait à rien, habité comme elle était de sa volonté propre. Ici, tout était truqué, ensorcelé. Le hall avait une allure simple. Des chaises aux coussins de velours rouges étaient disposées ici et là pour satisfaire les clients qui attendaient. Un grand miroir aux contours doré était posé sur l’un des murs, au-dessus d’une ancienne cheminée. Le plafond avait une ouverture où se trouvait un grand puits de lumière qui laissait entrer la lumière du soleil. Pourtant, la nature vampirique aurait dû éloigner la sorcière de cette pièce. Mais encore là, tout n’était que poudre aux yeux. Des miroirs installés de l’autre côté de la vitre et des chandelles servaient à imiter la lumière du jour. Ainsi, sa nature particulière demeurait-elle un mystère pour ceux qui entraient ici. De l’autre côté de la pièce se dressaient les grandes portes en chêne massif où étaient dessinées des scènes de la vie quotidienne. C’est derrière ces postes que ce trouvaient la salle de consultation. Cette pièce était le cœur de la demeure. Changeant constamment de configuration, de décors, elle s’adaptait à chaque personne qui entrait ici, tantôt prenant des allures domestiques, tantôt prenant des allures mystérieuses. Seuls les grands miroirs qui se trouvaient aux quatre coins de la pièce et le grand miroir qui était posé au plafond demeuraient inchangés. Il fallait dire qu’il y avait un nombre incroyable de miroirs dans cette boutique. Ils étaient partout observant les invités d’un regard sombres. Certains racontaient y avoir vu un visage démoniaque, peut-être n’étaient-ils pas si loin de la vérité.

Non, la boutique Nazomie n’était vraiment pas comme les autres...



•••☼•••

En cette après-midi pluvieuse, la sorcière dormait paisiblement dans la salle de consultation sur un amas de coussins soyeux. Ses cheveux d’ébène glissaient comme de l’encre noire autour de sa tête. Son kimono blanc avait pris une allure négligée et reposait sur son corps maigre comme une légère couverture. Après une nuit bien difficile, la magicienne avait fermé la boutique pour la journée pour se reposer et surtout se prélasser. Près d’elle, la pipe d’opium laissait encore échappé un nuage de fumée dans l’air comme de long serpent blanc. Dans l’autre pièce, les jumeaux s’amusaient tout en nettoyant les étagères remplies d’items que conservait la sorcière. Leur petit rire se perdait dans le silence pesant de l’ancienne auberge. Soudainement, un murmure s’éleva dans la pièce où se trouvait la sorcière. La fumée se figea dans l’air tout comme les flammes des chandelles. Le miroir au plafond de la salle de consultation devint trouble, puis s’agitât comme l’onde sur l’eau. La surface du miroir sembla devenir liquide et une immense goutte argentée glissa doucement vers le sol sans jamais briser le lien qui la rattachait au plafond. La goutte prit tranquillement une forme humanoïde et un visage s’esquissa. Le murmure enfla remplissant la pièce au complet.
La Sorcière ouvrit brusquement les yeux. Autour d’elle la fumée voletait doucement dans l’air, la flamme des chandelles s’agitait tranquillement. Le miroir reflétait la pièce dans une imitation fidèle. Était-ce un rêve ? Une prémonition? La jeune femme se redressa doucement, rajustant avec soin le kimono qu’elle portait. Ses iris rouges observaient la pièce avec la même intensité que si elle pouvait voir à travers les objets qui l’entourait. Ses sens en alerte, elle sentit l’énergie de la pièce changée.


-Les garçons! appela-t-elle d’une voix forte.

Ses pieds nus foulèrent le tapis avec rapidité et elle atteignit la porte au moment où celle-ci s’ouvrait pour afficher le visage confiant des jumeaux. Ceux-ci se tenaient immobiles, attendant ses indictions. La Sorcière ne les appelait jamais sans raison. Son visage impassible dévisagea ses assistants comme si elle élaborait un plan en se plongeant dans leur iris lumineux.

-Continuez le ménage, il faut que tout soit prêt, nous attendons de la grande visite ce soir...

•••☼•••

Les trois vampires venaient à peine de s’installer que les bougies qui étaient disposées ici et là dans la pièce s’allumèrent brusquement, éclairant la pièce comme si l’on fut en plein jour. La pièce avait été spécialement aménagée pour cette visite importante. De grands voiles blancs avaient été installés sur les murs. Les coussins moelleux avaient disparu, remplacer par un grand tapis blanc au centre duquel se tenait une grande baignoire ronde en marbre. La baignoire était aussi grande qu’une table et d’une hauteur de près d’un mètre. La manière dont elle avait pu entrer dans cette grande pièce était un mystère. Le marbre blanc du bassin accrochait les reflets des chandelles, tout comme l’eau immobile qu’elle contenait. De nombreuses fleurs étaient posées sur les chandeliers et des pétales de cerisiers blancs jonchaient le sol. La chaise sur laquelle le Comte avait pris place était l’un des deux seuls sièges que contenait l’endroit. Le deuxième était occupé par la Sorcière elle-même. Son aura était dissimulée, si faible que si on ne la cherchait pas, elle se fondait dans les autres énergies qui habitaient la pièce. La femme avait pris le temps de soigner son apparence pour cette visite. Elle portait un kimono de cérémonie traditionnel, d’un blanc pur brodé par des fils d’or. Il était ceint à sa taille par une large ceinture de tissus. Les manches longues du vêtement dévoilaient les mains délicates de la jeune femme. Elle ne portait aucun bijou si ce n’était son petit pendentif à son cou dont le bout disparaissait dans les replis du vêtement. Une partie de ses longs cheveux noirs comme l’ébène étaient remontés en un chignon retenu par une baguette de jade noir. Le reste de son imposante chevelure retombait le long de ses épaules jusqu’à sa taille. Son visage aux traits asiatiques lui donnait une ressemblance frappante avec l’homme qui se tenait difficilement sur la chaise devant elle. Cette constatation se lisait sur le visage de la vampiresse rousse qui ne put effacer l’expression de stupeur qui anima ses yeux. Un silence plana un moment tandis que les iris rouges de la Sorcière dévisageaient ses trois invités. Le Prince semblait très mal en point. Comme tout vampire, elles avaient entendu les rumeurs qui enflaient la ville et elle savait les événements qui avaient frappé l’existence du vieux Comte. Pourtant, le voir ainsi devant elle, aussi faible, lui donnait un air profondément humain.

La belle enchanteresse se leva dans un bruissement à peine audible de ses vêtements. Ses pieds nus foulèrent le tapis moelleux tandis qu’elle contourna le grand bassin pour s’approcher du petit trio. Demeurant à une distance respectueuse, elle s’inclina profondément.


-Je vous salue monseigneur et bienvenue dans ma demeure...

La Sorcière avait prononcé ces paroles en japonais, pays d’origine qu’elle partageait avec le Prince. Le langage qu’elle avait utilisé était une formule de politesse réservée aux grands seigneurs. Toutefois, son langage était déjà dépassé, il avait la sonorité des textes anciens, du vieux japonais qu’on ne voyait que dans les récits historiques. Ainsi, malgré ses efforts, la Sorcière appartenait déjà à une époque lointaine. Elle nota à l’expression métigée des deux vampires qui accompagnait le Comte que ses paroles étaient restées confuses. La jeune femme dévisagea les deux complices du Prince. Ses iris rouges s’enfoncèrent dans les regards des acolytes comme l’eau s’incrustant dans leur âme. Un grand noir issu des peuples reculés de la mystérieuse Afrique et une actrice populaire. Voilà qui faisait d’eux des compagnons bien particuliers. La Sorcière se recula un peu, ramenant ses mains devant elle qui disparurent aussitôt dans les longues manches de ses vêtements. Lorsqu’elle parla de nouveau, sa voix avait pris l’aplomb de la maitresse qu’elle était. Elle s’exprima cette fois en anglais, dans une fluidité qui ne souffrait d’aucun accent.

-Si vous êtes dans cette boutique, c’est que vous avez un souhait à réaliser. Sachez que je peux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour réaliser vos désirs, mais le prix demandé sera proportionnel à votre souhait.

Son regard se tourna aussitôt vers Ambre qui avait entrouvert la bouche comme pour parler. Son regard dur l’obligea aussitôt à refermer les lèvres.

-Je ne peux prendre qu’un seul client à la fois et il doit lui-même formuler son vœu... Si vous voulez bien attendre dans la pièce d’à côté...


Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Crea6110
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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeSam 22 Avr - 20:33



Pour un souffle de plus

Le Comte Kei et la Sorcière

"Fie-toi aux apparences et tu seras certain de te tromper. L'eau qui dort est souvent la plus tumultueuse des tempêtes: apaisée pour un soir, elle signe ta perte lorsque tu la touches du doigt."
William Caedfal, poète, 1745.


Le sanctuaire de la sorcière, le 9 mai 1842

Lorsque la pièce fut brusquement éclairée d'une myriade de bougies, le Comte ne réagit pas alors que Manouk et Ambre sursautèrent d'un même mouvement en réalisant qu'ils étaient en présence d'une femme. Le grand Africain darda ses iris sombres sur la sorcière qui venait d'apparaître à la lueur des flammes. L'air paisible, installée sur une chaise, elle les observait silencieusement. Ambre frissonna tandis que son regard parcourait la pièce dans laquelle avait été installée une grande baignoire de marbre. Quelle était cette étrange mise en scène ? Sa main se serra sur l'épaule de son maître. Ce dernier releva péniblement la tête pour jeter sur la sorcière un regard intrigué. Le surplus de lumière l'aveuglait un peu mais il put la détailler brièvement.
Dans son kimono blanc, son étrange consœur ressemblait à un spectre revenu d'entre les morts pour réclamer son dû. Ses yeux bridés et ses longs cheveux, d'un noir profond, ne laissaient aucun doute quant à ses origines asiatiques. Elle était très élégante: toute en finesse, élancée comme un roseau, elle avait relevé une partie de ses cheveux en un chignon de qualité dans lequel avait été piquée une broche de jade noir. Les broderies d'or qui ornaient ses vêtements scintillaient de mille éclats. Jirômaru fut fasciné par son apparence. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de contempler une beauté si envoûtante !
Enveloppée de mystère, elle s'avança et se présenta à eux en esquissant une courbette emplie de respect. Ambre inclina la tête, Manouk également, mais ils ne comprirent aucunement les paroles qu'elle prononça en japonais. Le Comte, lui, baissa la tête en répondant dans sa langue natale.


- Nous vous remercions pour votre accueil et nous excusons de ne pas vous avoir avertie de notre venue. fit-il avec humilité.

La voix du vieux Vampire resta rauque dans sa gorge et son japonais se tinta d'un fort accent anglais. Jirômaru parlait plus facilement l'anglais, l'italien ou même le mongol, que le japonais. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas entendu cette langue et cela lui fit plaisir. Ambre et Manouk, incapables de saisir ces subtilités, restèrent muets. Mais le regard que portait sur eux la sorcière les mit très mal à l'aise. La jeune actrice ne pouvait s'empêcher de penser qu'Alphonse avait eu raison de les mettre en garde: cette femme-la était décidément tout sauf rassurante. De son côté, l'Africain pesait son aura et jugeait de sa puissance. Elle était encore jeune, mais elle semblait si assurée qu'elle en demeurait impressionnante. Le grand noir comprenait que les humains puissent lui accorder crédit avec autant de facilité. Elle donnait à chacun de ses gestes une dimension mystique rare et ses iris rouges brillaient d'une lueur maligne. Devaient-ils avoir confiance en elle ? Rien n'était moins sûr...

La sorcière leur expliqua alors que s'ils étaient venus dans son antre c'était pour voir un de leurs souhaits se réaliser. Ambre voulut exposer les circonstances de leur venue mais elle fut interrompue pas l’ensorceleuse qui exigea qu'un seul ne parle car un seul pouvait voir son vœux se réaliser ce soir. La jeune actrice se tue et baissa la tête en jetant un coup d'oeil à son maître qui venait de se redresser un peu. Manouk fronça les sourcils. Cette femme venait de leur demander de la laisser seule avec Jirômaru ! C'était hors de question qu'ils ne laissent leur maître blessé entre ses mains ! Le Comte perçut la tension qui venait de s'installer et intervint aussitôt. Il leva sa main gauche pour empêcher son disciple de prendre la parole.


- Il suffit...Attendez-moi dans l'entrée.

- Mais, c'est insensé ! gronda Manouk en se rapprochant de lui d'un bond.

- Sors ! rugit le Comte en frappant du poing sur son propre genoux.

Le disciple serra les dents et quitta la pièce en grommelant que ce n'était que folie. Ambre le suivit, le visage barré d'inquiétude. Lorsque la porte se referma sur ses deux acolytes, Jirômaru poussa un léger soupir et tendit sa main glacée devant lui. Ses iris anthracites plongèrent dans ceux de la jeune femme.


- Je ne possède plus grand chose, hélas...mais j'ai besoin de votre aide. fit-il en grimaçant. Il paraît que vous pouvez sauver mon bras...

Sur ces mots, le Comte se leva et s'avança vers la sorcière. Son pas restait incertain mais sa carrure lui conférait encore une certaine prestance. Doucement, il déboutonna son veston brun et or à l'aide de sa main valide et le laissa tomber au sol. Sous l'oeil avisé de sa consoeur, il fit de même avec sa chemise blanche, éprouvant cependant un peu plus de difficultés, et finit torse nu devant elle, en simple pantalon noir et bottes cirées. Ainsi dévoilé, le corps musclé du lord luisait de sueur. La fièvre ne l'avait toujours pas quitté malgré les soins de Chastity et de ses disciples. Sur son flanc et ses pectoraux, ses stigmates noirs courraient en forme de branchages étirés, comme des parasites qui venaient lui sucer la vie au travers de sa peau. Mais il ne venait pas pour eux, il venait pour son bras gauche...Ce dernier, abandonné le long de son corps, demeurait raide et sans vie. Noirci sur l'avant, comme si ses tissus s'étaient nécrosés, il paraissait un peu plus maigre que son pendant droit. Jirômaru saisit lentement de sa main gauche son poignet inerte et leva son bras malade pour le montrer à la sorcière.

- Il y a huit jours, j'ai été mordu par un Vampire du Sabbat. Je ne connais ni son nom, ni ses pouvoirs, et sa carcasse est déjà un lointain souvenir...Je n'ai aucune information le concernant. Je pensais que cela passerait mais mon bras s'est nécrosé jusqu'à hier et cela fait trois jours que je ne peux plus le bouger...Le Vampire laissa son bras retomber. Son regard, presque implorant, toucha celui de l'asiatique. Pouvez-vous le sauver ? Dites-moi votre prix: il sera le mien.

Jirômaru ignorait que ce que la sorcière réclamait généralement à ses clients n'étaient pas des pièces sonnantes et trébuchantes...Tout ce qu'il espérait, c'était recouvrer un semblant de santé pour pouvoir aller rendre visite à Sarah, ne serait-ce qu'une dernière fois...Il désirait ardemment connaître sa réponse concernant sa dernière lettre...avant de se battre contre Crimson...

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> Jirômaru Keisuke <

Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Comte_10

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Dernière édition par Comte Keï le Jeu 11 Mai - 20:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeJeu 11 Mai - 5:41

Impassible, la Sorcière restait droite et immobile. Sa grande silhouette mince et élancée enveloppée dans l’ample tissu blanc la rendait aussi belle qu’une déesse antique venue réaliser le souhait d’un humble demandeur. Malgré sa droiture, tous les sens de la vampiresse étaient en alerte, étendant ses pouvoirs comme des ombres pendant une nuit noire. Ses iris d’un rouge profond fixaient le Prince qui avait péniblement enlevé ses vêtements pour lui montrer l’étendue de son mal. Voir ainsi un membre de sa race à ce point mal en point mit la magicienne mal à l’aise sans pour autant que cette émotion ne paraisse dans son regard inquisiteur. En effet, le vampire faisait vraiment pitié à voir. Son grand corps amaigri était arqué vers l’avant tel un arbre ployant sous la force du vent. Sa peau était recouverte d’une fine pellicule de sueur et tous ses membres tremblaient de faiblesse. La Sorcière voyait peser sur ses larges épaules les siècles d’une existence tumultueuse qui tirait l’âme de l’immortel vers un abysse noir et sans fond. D’horribles stigmates recouvraient la peau de marbre du vampire, comme des petits kanji ou autres symboles mystiques qui auraient dessiné sur le torse de l’homme une malédiction éternelle. Cette vision éveilla quelques souvenirs chez la vampiresse. Était-ce le même mal qu’elle avait vu sur ses confrères en Égypte? Son visage impassible continua de détailler le Prince sans aucune retenue. Ses iris rouges glissaient sur sa personne comme si elle sondait jusqu’au plus profond de son âme. Elle comprit rapidement que la douleur qui déchirait le vampire en cet instant était son bras. Celui-ci pendait lamentablement le long de son flanc. La peau était devenue d’un noir cendré, similaire à une statuette d’ambre qui commencerait à prendre la poussière dans un vieux temple égyptien. La magicienne demeura un long moment silencieuse. Était-elle en train d’analyser la situation? Pouvait-elle sauver ce bras nécrosé jusqu’au plus profond des os?

De son pas aérien, la Sorcière s’avança d’un geste lent et fit le tour du Prince, l’observant sous tous les points. À chacun de ses pas, la longue traîne de son vêtement entraînait quelques pétales dans son sillage. Pendant qu’elle marchait, son aura se déploya doucement, comme les ailes d’un papillon qui s’étirerait paresseusement. En effet, la belle magicienne régnait en reine et maître sur son royaume que constituait son repère. Même les humains sentaient cette terrible force qui faisait peser un poids invisible sur leur estomac lorsqu’ils entraient par le petit portail. L’inconnu se dressait devant eux et chacun de leur pas leur rappelaient qu’ils marchaient dans un monde qui n’était définitivement pas celui des vivants. Lorsque les vampires étaient entrés dans sa demeure, la belle jeune femme avait caché ses dons, se contentant garder cacher son aura derrière un lourd manteau de mystère et d’ombre. Rien ne servait de déployer ses talents et l’étendue de son savoir, la plupart de ses confrères en avaient peur et elle n’était pas de poids pour oser affronter le Prince mais pire encore ses fidèles à l’âme suspicieuse. Maintenant qu’ils étaient seuls, la jeune femme prenait doucement ses aises sans pour autant que l’atmosphère autour d’elle ne perde son aspect sacré. Son aura demeurait mystérieuse, sinueuse, similaire à un parfum doux intangible.


-Cette boutique n’est pas une boutique comme les autres. Elle permet de réaliser les souhaits les plus chers, les désirs les plus profonds. En échange, il faut être prêt à donner la compensation équivalant à son souhait. Ici les biens matériels n’ont aucune valeur de plus que celle que vous leur donnez...

Une fois qu’elle eut accompli le tour de son confrère, elle revint prendre place sur le large bord du bassin. Son regard demeurait toujours aussi impassible que lors de l’arrivée du Comte. Dans son esprit, elle entendait les murmures du démon qui se glissait derrière les miroirs de la salle, observant le vieux vampire une lueur d’envie dans son regard infernal. Le temps se suspendit doucement. Les flammes des bougies cessèrent de vaciller et l’onde du bassin se figea. La voix douce et la Sorcière remplissent l’espace en un murmure puissant.

-Ce que vous demandez est un souhait bien important. Le mal qui vous ronge est si profond qu’aucune autre méthode n’a fonctionné. Tout ce que vous avez essayé n’a été qu’un échec...

Le silence s’installa, le murmure enfla un instant avant de se taire tout à fait. La demande avait été faite, le prix avait été fixé.

-Pour pouvoir réaliser votre souhait, je dois prendre une chose en compensation... et pour réaliser votre demande, le prix sera la dernière chose qui vous rattache au monde des hommes...Votre fertilité...

La Sorcière observa le Prince avec douceur. Elle nota la consternation qui passa dans son regard gris rapidement suivi par une lueur d’incompréhension. Ramenant ses mains ensemble sur ses genoux dans un mouvement gracieux, la magicienne expliqua doucement :

-Le don de se reproduire n’est pas donné à tous les immortels. Rares sont ceux qui réussissent à engendrer une progéniture avec un humain... Or vous avez ce don qu’il vous faudra me remettre, en échange, je pourrai réaliser votre vœu.


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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeVen 12 Mai - 18:10



Pour un souffle de plus

Le Comte Kei et la Sorcière

"Oublie ton futur. Il n'existe pas.
Tu es mort. Quel droit croyais-tu avoir sur la vie ?
L'enfant de demain, ultime espoir, ne sera jamais tien."


Le sanctuaire de la sorcière, le 9 mai 1842

Seul avec la Sorcière, Jirômaru s'était mis torse nu afin de lui montrer l'étendue de son mal. En pantalon de toile noire et en bottes, il tâcha de se tenir droit afin que sa consœur puisse l'observer à sa guise. Silencieux, le Vampire laissa cette dernière le dévorer du regard et faire le tour de sa personne pour mieux analyser son état. Les iris rougeoyantes de la fascinante créature passèrent sur lui comme des flammes tandis qu'elle lui expliquait que sa boutique était bien particulière.
Le Comte l'écouta sans bouger. Il n'avait jamais été pudique, même lorsqu'il était encore humain. Cependant, depuis que sa peau de marbre s'était recouverte de ces étranges stigmates noirs, il évitait de se dévoiler à n'importe qui. C'était sans doute en partie par honte, car cela le blessait dans sa propre estime en altérant la beauté de son corps, mais c'était surtout pour éviter d'offrir à ses nombreux ennemis la preuve qu'il s'affaiblissait. Donner raison à ceux qui le disaient sur le déclin n'aiderait en rien ses desseins. Il fallait qu'il demeure prudent et qu'il joue de diverses stratégies pour maintenir la peur qu'il inspirait à ses congénères et ainsi éviter la chute.

Le vieux Vampire savait que la Sorcière s'attarderait sur les grandes tâches sombres, et il avait longtemps réfléchi à la démarche qu'il aurait à suivre en sa présence. Considérant qu'elle pourrait informer le monde de la nuit de son réel état, il avait longuement hésité à venir la consulter. Malheureusement, Jirômaru se trouvait dans une impasse. Il n'avait plus le choix...Sa pudeur n'avait plus lieu d'être : Kate Swan Lewis était la seule personne ici-bas qui pouvait encore sauver son bras droit.
Sans ce bras, l'ancien samouraï n'était plus capable de se battre correctement. Il ne pouvait plus tenir son sabre, ni sa canne-épée. Face à Crimson, il n'aurait que peu de chances de s'en sortir. Or, confier la suprématie de Londres au Primat n'était pas dans ses objectifs. Afin de garantir la sécurité de la reine et venir à bout du Père, le Comte avait besoin de conserver le pouvoir. Le Monde de la Nuit était sien en Angleterre, et il ne laisserait personne venir le lui prendre ! Le duel qui l'opposerait au Camarillien ne pouvait souffrir cet handicap.
Et puis, sans ce bras, le grand Vampire ne pouvait plus paraître en public sans afficher clairement ses faiblesses. Il devait bander ce membre malade et il finirait ainsi par attirer sur lui les regards amusés de ses détracteurs et des conspirateurs qui l'environnaient. Il risquait de perdre en crédibilité, aux yeux de tous, humains comme Vampires, et ne pouvait se le permettre à l'heure actuelle. Le retour de Sarah le préoccupait beaucoup et il attendait sa réponse concernant leur mariage. Quelque part, Jirômaru espérait encore que la belle chasseuse accepterait de partager sa vie avec lui...L'image qu'il donnerait en société ces prochaines semaines pourrait le desservir assez pour que Dorian se mette à douter de la justesse de ce contrat : le Comte refusait de s'afficher publiquement avec une telle blessure.
Enfin, sans ce bras, le lord ne pouvait plus serrer entre ses mains la taille de ses conquêtes, ni les satisfaire pleinement. Il en avait encore eu la preuve, la veille, lorsqu'il avait possédé une nouvelle fois la belle et plantureuse Chastity. Sans les initiatives de la jeune femme, plus que bienvenues, il n'aurait jamais pu aller au bout de leur folle entreprise. La luxure restait malgré tout son péché favori et sa faiblesse générale, alliée à ce membre malade, l'empêchait de jouir totalement des occasions que ses pérégrinations lui offraient. C'était insupportable, car sa virilité légendaire en prenait un coup de même que son plaisir coupable. Pour le vieux Vampire, c'était, avec la lecture, le seul moyen qu'il avait d'oublier sa misérable condition et les impératifs douloureux qui lui incombaient...

La voix de la Sorcière sortit le Comte de ses pensées. Sa boutique n'était pas comme les autres car les biens matériels n'avaient pas la même valeur qu'ailleurs. Le vieux Vampire fronça les sourcils. Il ne comprenait pas.


- Que voulez-vous dire...? interrogea-t-il dans un murmure intrigué.

La grande femme en kimono blanc lui fit de nouveau face et Jirômaru sentit que l'atmosphère des lieux s'était changée tout à coup. L'eau se figea, l'air lui-même sembla si lourd que le lord se demanda si l'aura de la belle en était réellement la seule cause. Depuis qu'il était entré dans cette boutique, il sentait une étrange présence. C'était comme si l'ensorceleuse n'était jamais seule. Comme si elle portait en elle un autre être. Le Comte songea aux Lycanthropes. Il n'avait jamais saisi toute la subtilité de cette mystérieuse race venue d'Amérique, mais il avait compris que ces créatures portaient en elles plusieurs entités. Les auras que ces multi-êtres dégageaient le perturbaient beaucoup. Il restait loin des Lycanthropes, le plus loin possible, parce qu'il les craignait à l'instar des Alchimistes, et parce qu'il voulait éviter d'être tenté de les détruire eux aussi...
La Sorcière et son regard inquisiteur le firent frissonner. Jirômaru la regardait, comme un enfant lève les yeux sur un adulte alors qu'il avoue sa faute.Le front perlé de sueur, il hésita à s'asseoir tant son corps ne pouvait plus le porter. Sans l'aide de son précieux disciple à la peau d'ébène, sans canne, ses jambes refusaient de le soutenir très longtemps. C'était ce bras, ce bras de malheur, qui pompait toute son énergie pour un parasite vient sucer votre vie au travers de vos veines. Le poison noir qui s'en était emparé poussait le corps tout entier à réagir, d'où la fièvre et les spasmes qui crispaient parfois tous ses muscles.


- Oui...rien n'a fonctionné...fit-il dans un grognement douloureux, dépité et ennuyer d'entendre cette inconnue lui rappeler ses échecs. Pouvez-vous le sauver ?

La Sorcière laissa le silence s'installer entre eux. Jirômaru ne décrochait plus son regard du sien, si mystérieux, si sanglant. Il se demandait ce qu'elle était en train d'imaginer comme prix à payer...Elle venait de lui sous entendre que l'argent ne l'intéressait pas et le Vampire ne comprenait pas ce qu'elle pouvait lui demander d'autre. Allait-elle lui demander du pouvoir, des privilèges, une place plus élevée dans la société ? Allait-elle se risquer à lui demander son sang ? Jirômaru était incapable d'imaginer jusqu'où son don pouvait aller. Et lorsque le prix fut fixé et annoncé, son cœur manqua un battement.

- Que... ? Ma...Ma fertilité ? répéta-t-il hébété, comme s'il n'avait pas compris les mots prononcés par la jeune femme.

La Sorcière avait pourtant été très claire : elle réclamait sa capacité à enfanter. Ainsi, elle le condamnait à la solitude et à la disparition. Ainsi, il ne pourrait plus jamais avoir de descendance biologique. C'était son bras contre sa faculté à donner la vie. C'était la récupération de son corps physique contre le dernier fragment qu'il lui restait de son humanité. Jirômaru resta tout d'abord muet d'étonnement. Puis, consterné par la valeur de ce prix, il fronça les sourcils, persuadé que sa consoeur exagérait la valeur de son bras. Par la suite, il se demanda tout simplement par quel moyen elle pourrait bien lui prendre une pareille chose. Le Don Obscur était différent pour chacun de ses enfants, et le Comte le savait bien, mais comment était-il donc possible de se saisir de la fertilité de quelqu'un ? Sur le moment, le vieux Vampire ne su que répondre. Il devait réfléchir...Le silence se fit tandis qu'il se passait la main gauche sur son visage moite en poussant un soupir contrarié.

Jirômaru se savait fertile. La Sorcière avait vu juste : il faisait partie des rares Vampires qui n'avaient guère de mal à se reproduire et il le savait pertinemment. C'était à la fois une chance et un véritable fardeau. C'était une chance, puisqu'il pouvait espérer élever un jour une progéniture, comme n'importe quel être humain, et rêver à l'amour paternel et filial. Il pouvait espérer connaître le bonheur d'être enfin complet, avant de disparaître de ce monde. Mais c'était également un cruel fardeau car, malgré ses envies et ses besoins, sa quête personnelle ne pouvait être compatible avec le projet de fonder une famille. En effet, ses multiples voyages et son immortalité ne lui permettaient pas de concevoir sans devoir abandonner sa progéniture en chemin...
Ce n'était pas pour rien que Jirômaru ne couchait qu'avec des Vampiresses ou qu'il s'intéressait aux hommes depuis quelques siècles : avec eux, il n'avait pas à réfléchir aux conséquences. Stériles et inféconds, ils ne pourraient jamais porter la vie pour lui. Contrairement à ce que l'on pouvait imaginer ou croire, le Comte faisait attention à ce genre de détail. D'ailleurs, lorsqu'il prenait une humaine pour satisfaire ses fantasmes et ses envies passagères, c'était pour la dévorer derrière. Jamais il ne laissait en vie une femme susceptible de lui donner un enfant.
D'aucuns pouvaient se demander pourquoi un tel homme ne souhaitait pas de descendance. Après tout, nombreux étaient les Vampires qui ne se souciaient pas de laisser derrière eux quelques bâtards. Parfois, ceux qui parvenait à concevoir un enfant attendaient qu'il ait l'âge requis pour le transformer et en faisaient l'un des leurs le moment venu. C'était rare, à cause de la patience qu'il fallait conserver le temps qu'il atteigne sa majorité aux yeux des lois ancestrales, mais cela arrivait toutefois. Pourquoi Jirômaru ne tentait-il donc pas de perpétuer son nom au travers des âges ? Pourquoi se souciait-il à ce point de ne pas laisser dans son sillage filles et fils ?
En vérité, l'ancien samouraï avait déjà tenté de fonder une famille. En effet, près de quatre siècles auparavant, il avait espéré devenir un bon père et avait affreusement échoué...Cela avait marqué son cœur et son esprit, balafré sa confiance en lui-même et anéanti ses idéaux. Non seulement il se savait désormais mauvais père mais en plus il ne désirait plus perpétuer son sang vicié. La grande quête de sa vie, liée à la promesse qu'il avait faite à son propre père sur son lit de mort, avait d'abord été de donner aux Keisuke un long et bel avenir. Mais, depuis sa vampirisation, il avait condamné cette mission...Pour lui, l'Histoire n'avait rien à faire de ce nom. Les siècles qu'il avait passés loin de sa terre natale avaient suffi à effacer la gloire des Keisuke au Japon. Ce n'était plus qu'un très lointain souvenir, sans personne pour l'entretenir à par lui-même. Ressusciter ce nom n'avait plus de sens. Et puis, détruire les démons tels que Matosaï, son ancien maître, pour purger la terre de leurs crocs et du « Don Obscur », s'étaient mis à l'obséder au point qu'il avait laissé de côté ces aspirations somme toutes très humaines et prosaïques. A quoi bon donner la vie si c'était pour la laisser périr ensuite ? Jirômaru refusait de transmettre le Don Obscur...il ne pouvait survivre au chagrin de voir ses enfants mourir.


- Prenez-la...Je n'en ai cure. fit-il soudain sombrement. Jirômaru avait l'air contrarié mais déterminé. L'inquiétude grandissait dans son regard mais il se fit violence. Je...Je ne compte pas avoir d'enfant. Je ne veux pas perpétuer...ça... ajouta-t-il en désignant son propre corps d'un mouvement de la main gauche.

Et Sarah ? Et si la chasseuse désirait finalement se lier à lui... ? Et si ce mariage avait réellement lieu un jour... ? Ne voudrait-elle pas d'enfants ? Non...C'était impossible. Sarah refusait ses avances depuis toujours et la perspective qu'elle s'abandonne à lui n'était finalement qu'un doux rêve de plus. Jirômaru tentait d'être lucide. La tristesse saisit son cœur mais il tint bon : pour mener à bien ses plans, il devait récupérer son bras et sa force physique. Il lui restait sa bonne étoile, son reflet de lune à protéger...Il lui restait une forme de futur, quoi qu'on en dise...Sarantuyaa était encore en vie.
Jirômaru s'avança pour se rapprocher de la Sorcière. Malgré le fait qu'il la dominait de sa taille de géant, il semblait plus démuni que jamais.


- Prenez-la et rendez-moi ce bras...Dites-moi ce que je dois faire...

Jirômaru abandonna ainsi tout espoir d'avoir une descendance. Il abandonna son futur et son nom. Il céda une nouvelle fois au démon, pour un souffle de plus....

Made by Neon Demon


Crédit image: White Snake de Zeilyan


> Jirômaru Keisuke <

Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Comte_10

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeVen 12 Mai - 20:21

À peine le Comte eut-il prononcé son accord que l’atmosphère de la pièce changea complètement. Les issus se verrouillèrent et les deux vampires qui attendaient dans le petit hall ressentir un poids au fond de leur estomac. Désormais plus rien ni personne ne pouvait entrer où sortir de la grande salle. Même si la panique du saisir les deux complices du Comte, leurs efforts demeura muet. C’était comme si la pièce se coupait du temps et de l’espace qui l’habitait. Même les communications mentales étaient impossibles. C’était comme si tout ce qui était présent dans cette pièce avait brusquement cessé d’exister. L’air reprit vie et s’agita doucement. Un vent se leva dans l’espace de la pièce, soulevant les pétales des cerisiers qui volèrent dans l’air comme une tempête de neige d’une époque lointaine. Les mures se couvrirent de symboles qui se mirent à briller d’eux-mêmes. La luminosité de la pièce augmenta et bientôt ce fut comme si la lumière d’un matin d’été inondait l’endroit.

La Sorcière resta immobile tout le temps que durèrent ces étranges manifestations. Ses yeux avaient pris un éclat doré et son visage impassible était toujours teinté de ce sourire de madonne bien veillante. Lentement, son aura se dévoila jusqu'à recouvrir chaque parcelle de la pièce. C’était une aura subtile, remplie de mystère et de douceur qui laissait un arrière-goût de poison venimeux si elle changeait de teneur. Avec une douceur digne d’une danseuse, elle releva le bas de sa tunique pour dévoiler ses pieds d’un blanc aussi pur que la neige qu’elle déposa sur une marche de marbre qui semblait être sortie de nulle part. Elle gravit doucement les marches jusqu’au bassin dans lequel elle descendit. L’eau monta jusqu’à sa taille gracile et malgré ses vêtements, elle avança avec l’aisance d’une nymphe. Son kimono suivit son sillage créant une onde autour d’elle. La Sorcière s’avança jusqu’au milieu du bassin et se retourna pour faire face de nouveau au Prince. Les pétales qui voletaient dans la pièce vinrent se poser sur l’eau qui prit rapidement une couleur opaque, d’un blanc laiteux. La magicienne leva la main en direction de l’immortel pour l’inviter à la rejoindre. Elle regarda le Comte avancer avec difficulté et gravir les marches avec le peu d’énergie qu’il lui restait. Ce fut un pied nu qu’il posa sur la dernière marche menant au bassin. Ses derniers vêtements et ses bottes avaient disparu, le laissant nu comme au premier jour. Elle attendit avec patience qu’il s’avance dans l’eau dont la température tiède la rendait confortable. Lorsqu’il fut rendu à sa hauteur, les yeux de la Sorcière prirent encore plus d’éclat alors que dansait sur la surface de l’eau une lumière miroitante comme les reflets du soleil. Sa voix douce surgit alors dans l’esprit du beau Prince, s’adressant à lui en japonais et lui demandant de s’étendre. Lorsque le corps musclé de l’homme fut étendu sur l’eau, son corps flotta près d’elle, demeurant à quelques centimètres sous la surface. L’eau encadrait le visage du Comte et faisait étendre ces longs cheveux blancs autour de sa tête comme une auréole de blancheur dans l’eau trouble.

De son point de vue, l’immortel avait une vue sur les miroirs qui composaient le plafond et qui lui renvoyaient son reflet seul, comme si la Sorcière ne se trouvait pas à ses côtés alors que pourtant, elle avait son visage pencher au-dessus du sien. Les pétales continuèrent de tomber et se posèrent avec douceur sur le corps à moitié immerger de l’immortel. Les miroirs du plafond se mirent à briller et bientôt leur surface devint aussi bleue et profonde que le ciel. C’est alors que dans un geste gracieux, la Sorcière appuya sur le torse du Comte, l’enfonçant d’un seul coup dans l’eau du bassin, vers une noirceur et un sommeil profond.

•••☼•••

Le sommeil du Comte dura deux jours. Deux jours pendant lesquels ses disciples vinrent tambouriner à la porte de la Sorcière sans obtenir aucune réponse. Deux jours pendant lesquels ils tentèrent de percer avec leur aura le cercle de protection qui entourait la pièce. Deux jours pendant lesquels ils attendirent un signe, un espoir sans rien. La Sorcière restait muette à leur demande et ils se devaient de patienter dans le petit hall. Curieusement, aucun humain ne vint quérir les services de la sorcière pendant cette période. C’était comme si le domaine tout entier était plongé dans un espace hors du temps.

Au début de la deuxième nuit, alors que le soleil était couché depuis à peine quelques heures, le sort de la Sorcière commença à s’effriter. Lorsque le Comte ouvrit ses yeux gris, la pièce avait complètement changé. Le plafond était redevenu sombre, comme si un épais voile opaque en masquait le contenu. La pièce était éclairée faiblement par quelques bougies. Les voiles qui recouvraient les murs avaient disparu également. Le corps de l’immortel, habillé et reposé était étendu au milieu du bassin vide dont quelques pétales séchés parsemaient le fond. Le sort avait fonctionné, son bras avait repris une couleur saine et seule une marque en forme de demi-lune marquait l’endroit où il avait subi une morsure. Ses muscles avaient perdu leur nécrose et la force habitait de nouveau son membre mobile. Plus efficace encore, le sort lui avait donné le sentiment d’une bonne nuit de repos et son esprit calmé avait retrouvé une énergie nouvelle.

Assise sur sa chaise, la belle Sorcière vêtue d’un kimono aussi noir que ses cheveux fumaient tranquillement sa longue pipe d’opium, attendant patiemment que son confrère ne se réveille tout à fait et finisse par noter sa présence. Son aura avait disparu de nouveau, comme si les ailes majestueuses du papillon s’étaient refermées.


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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeSam 13 Mai - 15:42



Pour un souffle de plus

Le Comte Kei et la Sorcière

"Hors du temps
Hors de l'espace
Oublie tes enfants
Abandonne ta race"


Le sanctuaire de la sorcière, le 9 mai 1842

Le prix avait été fixé, le prix avait été accepté. Désormais, la Sorcière devait satisfaire son client. A peine eut-il achevé ses réflexions que le Comte ressentit un vif changement dans l'air. C'était comme si l'atmosphère se chargeait d'une aura mystique, cette même aura qu'il avait perçue quelques minutes auparavant et qu'il avait comparée à celle des Lycanthropes.
Perturbé, le grand Vampire recula d'un pas et jeta un coup d'œil à la porte close derrière lui. Il eut peur, mais son instinct le rassura. De toute façon, il devait faire confiance à sa consoeur s'il voulait un jour pouvoir retrouver son bras. Après tout, il n'avait plus rien à perdre, ou presque...Sentant que la pièce se refermait sur lui, Jirômaru tenta de prévenir ses disciples :


* N'interven...*

Mais ses paroles mentales furent coupées net et il comprit rapidement que la pièce entière avait été scellée. Ses disciples ne pouvaient plus ni le rejoindre, ni l'entendre. Sans doute ne pouvaient-ils même plus sentir son aura. Tant pis. Ambre et Manouk paniqueraient sans doute et tenteraient de rentrer pour le sauver de quelque piège, mais cela n'était plus de son ressort...Il était dans l'antre de la Sorcière et les lois ancestrales étaient claires : nul ne pouvait défier un Vampire, quel qu'il soit, dans son domaine. Le Comte était ici pour demander un service, pour payer un service, et la jeune femme ne pourrait lui accorder son vœu qu'à la condition qu'il respecte ses règles. Si elle avait verrouillé la pièce, c'était parce qu'elle en avait besoin. Si elle l'avait coupé de ses disciples, c'était parce que ses soins le nécessitaient. Quels choix avait-il ? Il devait la suivre, pour son salut et celui de ses desseins...

Sans un mot, le Comte suivit des yeux la majestueuse créature qui montait sur les bords du bassin de marbre. Il l'observa y descendre pour couler dans l'eau laiteuse couverte de pétales. Jirômaru avait bien évidemment remarqué cette étrange baignoire apparue en même temps qu'elle, mais toute son attention s'était portée sur la Sorcière elle-même plutôt que sur le décor qui l'environnait. Maintenant qu'il devait le considérer, il en détaillait chaque relief, chaque aspérité : le marbre blanc de cet incroyable bassin, les pétales de cerisier qui ondulaient au sol et sur l'eau blanche, les bougies parfumées qui brillaient comme des dizaines d'yeux venus des anciens temps pour les espionner dans leur rituel... : chaque objet, chaque partie de ce décors travaillé, semblait né de l'imagination de quelques déesses prêtes à tout pour posséder les mortels.
Lorsque la sorcière se retrouva au milieu du bassin, auréolée de son magnifique kimono blanc qui dessinait tout autour d'elle un halo luminescent, le Vampire ne put s'empêcher de songer que dans d'autres circonstances cette femme si particulière aurait su lui plaire. Mais l'heure n'était pas aux mondanités et encore moins à l'appréciation du corps de l'un ou de l'autre. L'heure était à la magie et aux subtiles pouvoirs du Don. L'heure était aux soins devenus monnaie d'échange.
Le Comte s'avança pour recevoir ce qu'il était venu chercher. Ses pieds trouvèrent le bord du bassin tandis que son corps tout entier se dévoilait dans sa nudité. Par quelle magie ses vêtements avaient-ils été emportés ? Il l'ignorait et n'en avait cure. Pourquoi chercher à comprendre maintenant ? C'était trop tard. Il devait accomplir le rituel qui sauverait ses dernières forces. Jirômaru obéit silencieusement à sa consœur qui le guidait en japonais. Il suivit ses yeux, fascinants, envoûtants, et accompagna ses gestes sans hésiter davantage. Sa peau entra lentement en contact avec l'eau tiède du bassin et il se laissa faire. Le grand Vampire fut particulièrement docile et patient. Son corps entier souffrait et il n'y avait plus la volonté de parler. Même si son esprit multipliait les questions par rapport à la situation qu'il était en train de vivre, il laissait toutes ces interrogations de côté pour se livrer, sans simagrées, au jeu du destin. L'ancien samouraï s'allongea donc dans l'eau, comme le lui indiquait la paisible magicienne, pour étirer doucement ses membres fatigués au creux ce nid de chaleur.
Bientôt, il se retrouva à semi-immergé, le visage tourné vers le plafond. Ses iris anthracites tombèrent alors sur les miroirs qui reflétaient la scène juste au-dessus de lui. Ce qu'il vit lui fit pitié car, même s'il se reconnaissait, il ne voulait pas croire que c'était son propre corps qu'il observait. Les stigmates noirs qui lui rongeaient la peau ressemblaient aux auréoles de moisissures que l'on peut retrouver sur les plafonds laissés trop longtemps seuls dans l'humidité...Il avait l'air vieux, affreusement vieux, et ses longs cheveux d'argent, qui flottaient autour de son visage comme les filaments d'une méduse, en plus de la nudité et de la blancheur éclatante de sa peau, donnaient l'impression qu'il était mort pour de bon. C'était un spectacle effrayant. L'éclair d'un instant, le Vampire imagina que disparaître de ce monde n'était finalement peut-être pas une si mauvaise idée...
La main de la Sorcière s'appliqua sur son torse et le colosse d'ivoire lui jeta un regard reconnaissant. Quoi qu'il advienne de lui, il espérait ne plus souffrir. Qu'elle lui ôte son mal ou lui prenne la vie, peut lui importait maintenant. Dans ses iris anthracites brillaient les glyphes qui luisaient sur les murs et un éclat de défi anima sa rétine. Qu'elle fasse son office ! Qu'elle le noie ! Il s'en remettait à elle. Alors il sentit la main de la jeune femme enfoncer son corps dans le liquide tiède et son esprit s'égara dans le néant.


************

- Ça fait une éternité qu'il est là-dedans ! s'impatienta Ambre en faisant les quatre cents pas dans le hall.

Son coéquipier à la peau d'ébène soupira bruyamment près d'elle : lui aussi il trouvait le temps long, mais il refusait d'entrer dans cette pièce. Cela revenait à bafouer la loi du domaine et à provoquer la Sorcière. Il ne comptait pas lui déplaire, et encore moins aller à l'encontre des ordres de son maître. Jirômaru désirait rester seul avec elle, c'était son droit. Les soins qu'il devait recevoir étaient d'une importance capitale pour la suite de ses opérations : le déranger maintenant n'aurait fait que les conduire à la catastrophe. Tous deux avaient perçu sa tentative de contact et compris qu'ils ne devaient pas intervenir. Mais les paroles de leur maître avaient été rapides, soufflées, incomplètes. Peut-être avaient-ils mal saisi leur sens ? L'impatience les guettait à mesure que les heures passaient et l'inquiétude grandissait dans leurs cœurs.
Après quatre longues heures d'attente, les deux Vampires n'y tinrent plus. L'Africain se mit à tambouriner à la porte pour réclamer le retour de son maître. Mais il n'obtint jamais de réponse. Ambre et lui avaient accepté un moment que l'on ferme l'esprit du Comte mais cela ne pouvait plus durer. L'esprit et l'aura d'un Vampire représentent sa vie : si l'un ou l'autre disparaît c'est qu'il est définitivement passé dans l'au-delà. Les pires scénarios se développaient dans la tête des pauvres disciples. Et si la Sorcière faisait partie du Sabbat ? Et si elle avait été payée par Crimson pour éliminer son adversaire avant le duel ? Tout était possible dans semblable contexte...Et puis, l'état dans lequel se trouvait leur maître ne lui permettait pas de se défendre correctement...


************

De grands yeux rouges l'observaient dans le noir. Transformées en flammes ardentes, leurs iris sortaient de leurs orbites et venaient lécher sa peau. Elles le dévoraient, lentement, insidieusement. Son épiderme, ses muscles, ses nerfs...tout brûlait en lui. La vie semblait le quitter tandis qu'une douleur lancinante s'emparait de son bras droit. Jirômaru perdit plusieurs fois connaissance et s'agita, comme pour tâcher de sortir d'un cauchemar qu'on lui imposait, avant de s'immobiliser complètement. Il fit un rêve, dans un rêve, dans un cauchemar, lui-même imaginaire...Son âme se disloqua, incapable de supporter la pression de ce rite, et une main avide sortit bientôt du néant pour s'avancer vers lui. Jirômaru tenta de reculer. Il poussa un cri de stupeur et d'effroi. Mais des chaînes le retenaient. Cette monstrueuse main, démesurée, issue d'un autre monde, vint fouiller son entre-jambe avec brutalité. Le Vampire sentit les ongles noirs lacérer sa chair, déchirer sa volonté et s'emparer de son bien le plus précieux. On lui enleva tout espoir d'avoir une descendance et il hurla. Il hurla du plus profond de son cœur, sa terrible colère et son immense tristesse. Sa voix se perdit dans l'écho d'un rire gras, et son bras s'agita de spasmes incontrôlés. Jirômaru s'éteignit.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, le Comte se crut dans la Salle Noire de son propre espace mental. Il ne voyait rien d'autre que le vide, un océan de ténèbres. Il n'entendait rien, ne sentait rien. Incapable de bouger, il respirait à grand coup, paniqué, comme un poisson jeté hors de l'eau. Puis, lentement, sa vue lui revint. Son regard s'adapta à la douce pénombre de la pièce dans laquelle il se trouvait et son souffle se fit plus constant. Après quelques minutes, le grand Vampire sentit la vie revenir en lui et il se redressa péniblement sur son séant en toussant. C'est là qu'il réalisa qu'il pouvait à nouveau bouger son bras droit. Alors qu'il s'appuyait sur ce dernier, Jirômaru sursauta presque et jeta un regard sur sa paume qu'il ramena devant lui. Comme un enfant qui découvre pour la première fois qu'il a le contrôle de son propre corps, il ferma et rouvrir plusieurs fois le poing pour apprécier l'articulation de ses longs doigts blancs.
De nouveau capable de se lever, le Comte se redressa et s'agrippa au bord du bassin pour se mettre debout. Sous ses bottes, les pétales de cerisier crissèrent. Ils étaient fanés, secs et craquants. Combien de temps avait-il passé dans ce bassin ? Jirômaru l'ignorait. Défaisant son veston et sa chemise, il s'attarda sur son bras retrouvé et sourit, les larmes aux yeux. Il était heureux de retrouver une partie de ses forces. Non seulement son bras était guéri, mais en plus il avait maintenant l'impression d'avoir passé la meilleure nuit de tous les temps. Sa fièvre semblait avoir totalement disparu et il se sentit de nouveau puissant, incroyablement puissant, et en mesure d'accomplir tout ce qu'il désirait accomplir. Seule demeurait une étrange marque en forme de lune, comme une tache de naissance.
Alors que le Comte observait cette marque avec intérêt, il sentit soudain les auras de ses disciples qui s'agitaient. D'un geste rapide, il se rhabilla avant de sortir avec précaution du grand bassin de marbre. La Sorcière l'attendait sur une chaise. Un long kimono noir épousait ses formes et la fumée de sa pipe embaumait l'air d'un agréable parfum. Jirômaru s'arrêta devant elle et se souvint soudain du prix qu'il avait dû payer. Son visage s'assombrit tandis qu'il toisait la jeune femme avec hésitation. Devait-il la remercier ?


- Combien de temps cela tiendra-t-il ? demanda-t-il de sa voix de stentor. Pour un tel prix, j'ose espérer que je n'aurai plus à m'en inquiéter...Jirômaru semblait indécis quant à la suite de ses paroles. Mais, après un silence, il s'inclina légèrement, ses iris grises fixant l'éclat vermeil des siennes. Je vous remercie, lady Lewis.

Sans un mot de plus, le grand Vampire saisit son manteau qui demeurait sur le dossier d'une chaise et quitta la pièce sans se retourner. Lorsqu'il ouvrit la porte qui donnait sur le hall, il trouva Manouk et Ambre, atterrés, les visages déconfits. Ils se tenaient debout, dans des positions défensives, comme s'ils s'étaient attendus à ce qu'un véritable monstre mythologique ne vienne les dévorer. Le Comte s'arrêta, perplexe, et accueillit Ambre qui se jeta dans ses bras, le visage baigné de larmes.

- Monseigneur !! Oh...J'ai cru que vous étiez...Oh merci mon Dieu !

Manouk s'approcha de son aîné, la tête basse, tandis que ce dernier repoussait doucement la belle actrice aux cheveux flamboyants.

- Deux jours...Nous avons attendu deux jours ton retour...fit-il avec douleur.

Jirômaru écarquilla les yeux de stupeur. Puis, impatient, il écarta un peu plus vivement Ambre pour pouvoir passer.


- Sortons d'ici. ordonna-t-il d'un ton sec.

Manouk était aussi choqué que sa jeune consoeur mais il savait mieux cacher ses émotions. Voir ainsi Jirômaru marcher de nouveau seul, se tenir droit, assuré et maître de tous ses membres, lui fit plaisir, mais il avait tellement craint pour sa vie que sa joie ne parvenait pas effacer l'inquiétude qui plissait son front.
Lorsque Jirômaru sortit à l'extérieur, il prit une grand aspiration et soupira de bonheur. Il avait l'impression de revenir d'une tanière occulte où le Diable en personne venait de jouer avec sa vie. La lune, éclatante dans le ciel de nuit, lui offrait son plus grand sourire.
Alors son regard tomba sur Marco, puis sur Arath, Alphonse et Elwood...Son cœur fit un bond. Que faisaient-ils tous là ? Ils avaient quitté leurs postes pour venir l'attendre ici ?! C'était insensé ! Cela faisait donc réellement deux jours que son aura s'était éteinte ? Cela pouvait être dangereux...Dans son dos, Manouk murmura doucement:


- Nous avons cru que tu étais mort, mon frère...Mais ne t'en fais pas, l'Opéra est surveillé de près, le manoir aussi...

- Quelle date ? demanda le Comte, figé.

- Nous sommes le 11 mai.

Jirômaru tiqua avant de lever le bras droit pour annoncer à tous qu'il avait retrouvé sa première jeunesse. Les disciples soupirèrent de soulagement. Le Comte ordonna ensuite à tous de retourner à leurs différents postes. Lentement, il remonta dans le fiacre qu'Alphonse avait maintenu dans les environs pendant la durée du rituel. Ce dernier s'inclina profondément devant son maître avant de lui ouvrir la porte du véhicule noir. Sur le trajet du retour, le Comte resta effroyablement silencieux. Dans son esprit, tout était chamboulé. Il ne savait que penser de cette Sorcière ni de son rituel. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait réellement reprit possession de ses moyens et que de retrouver son bras lui faisait un bien fou. Il songeait à Sarah et à sa fertilité abandonnée...Un étrange sentiment de tristesse poignardait son cœur...

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[HRP/Fin du RP avec le Comte. Suite dans "Jalousies./HRP]

Crédit image: Creature's corpse de Xviolacea


> Jirômaru Keisuke <

Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Comte_10

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MessageSujet: Re: Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42] Icon_minitimeMar 27 Juin - 17:27

Les yeux sombres de la Sorcière fixaient le corps immobile du Prince des Immortels avec la même patience que celui d’un gardien d’éternité. Ses longs doigts blancs s’étaient posés sur le bras de la chaise tandis que son autre main tenait la majestueuse pipe où s’échappait l’odeur enivrante de l’opium. Même en étant assise de manière négligée, sa prestance demeurait la même. Le long drapé de sa robe se perdait en plis soyeux aux pieds de la chaise comme une cascade de noirceur. Ses longs cheveux noirs remontés en un chignon élégant entouraient son visage aux traits impassibles. La Sorcière était épuisée. Jouer les gardiens et les sauveurs avait considérablement diminué son énergie et pourtant, elle avait refusé de fermer les yeux, se glissant dans son rôle immobile de veilleuse. À l’étage, les deux jumeaux n’avaient pu fournir un effort supplémentaire et s’étaient effondrés dans leur petit lit où ils reposaient du sommeil du juste. Pour accomplir un tel prodige, la magicienne avait dû user du pouvoir du démon, mais aussi de l’énergie mystique des deux enfants. Sauver le bras du Comte n’avait pas été une chose aisée. Le poison qui y circulait était puissant même si celui qui lui avait affligé la blessure n’était encore qu’un jeune vampire. Indéniablement, le poison aurait fini par se répandre dans le corps du grand homme, dévorant chaque parcelle de son don obscur jusqu’à ce qu’il ne disparaisse tout à fait. Mais cela le Grand Prince n’y avait pas pensé, il était venu la voir juste à temps.

À l’extérieur, elle sentait les disciples s’agiter. Maintenant que le sort qui scellait la pièce commençait à s’effriter, ils recommençaient à sentir l’aura de leur maitre, son énergie. Elle sentait leur grogne commune face à son action et la peur qu’ils avaient eues de voir le Prince être englouti par son aura. Mais la Sorcière s’en moquait éperdument. Elle était comme l’eau d’une rivière et la pensée des hommes l’effleurait seulement sans jamais arrêter son cours. Si la magicienne avait enfermé son domaine c’était bien évidemment pour sa protection, mais surtout celle du Comte. Pendant le sortilège, le grand homme était plus vulnérable que jamais. Son aura disparu, plonger dans un sommeil plus profond que la mort, il devenait une proie idéale pour tous ses détracteurs. Si un vampire ou un hunter avait décidé d’attenter à sa vie en cet instant, il n’aurait rien pu faire. C’était pour cela que la Sorcière avait cloitré l’endroit dans un espace hors du temps, garantissant du même coup leur sécurité à tous les deux.

La respiration de Jiromaru se fit plus audible et elle vit sa poitrine se soulever doucement. Il s’agita brusquement comme pour sortir d’un cauchemar avant d’ouvrir les yeux. Elle le vit se redresser et prendre conscience de son nouveau bras. Il regardait ses doigts bougés, sa main s’ouvrir et se refermer comme si c’était la première fois. La Sorcière eut un sourire intérieur. Comme le Grand Prince pouvait être candidement aussi humain. C’était sans doute pour cela qu’il s’était attaché à une humaine, pour nourrir ce que le don obscur n’avait pas complètement détruit en lui, l’émerveillement des choses de la vie. Et pourtant, il avait sacrifié ce qui le rattachait le plus au monde des humains. Elle le vit sortir avec difficulté du grand bassin qui avait pris des allures de ruines antiques. Le marbre blanc s’était obscurci comme si la pluie et le vent avaient fini par ternir sa couleur pure. Sous les bottes du Comte, les pétales se brisèrent en une centaine de petits morceaux, faisant résonner dans la pièce le bruit de ses pas. Lorsqu’il vient se poster devant elle, la Sorcière en profita pour le détailler de nouveau. Elle sentait son aura parcourir chacun de ses membres, synonyme que le sort avait bien fonctionné. Les traits tirés du vampire avaient disparu et il avait retrouvé sa beauté d’immortel. Leur regard se croisa et la belle magicienne sentit le ressentiment qui s’emparait du cœur du vieil homme. Il prenait enfin conscience du prix qu’il avait dû payer. Elle vit ses iris s’assombrir tandis que le Comte crispait imperceptiblement le poing. La Sorcière ne broncha pas. Elle était habituée à cette réaction. L’homme désespéré était souvent prêt à tout pour sauver sa vie jusqu’à ce que celle-ci lui soit rendue. Après venait l’amertume des regrets. La voix du Comte résonna dans la pièce comme le douloureux écho de sa colère.


- Combien de temps cela tiendra-t-il ? Pour un tel prix, j'ose espérer que je n'aurai plus à m'en inquiéter...

Les lèvres de la Sorcière s’étirèrent en un sourire mystérieux tandis qu’elle prenait l’insulte sans broncher. Si elle ne réagit pas, ce ne fut pas par crainte du Prince, mais bien parce que cela n’en valait pas la peine. C’était une discussion puérile et l’immortalité lui avait appris à bien choisir son temps et ses mots. Lorsqu’elle parla, sa voix douce s’exprima dans un anglais parfait, qui ne souffrait pas du moindre accent.

-Auriez-vous déjà des regrets?

Elle se redressa sur sa chaise dans un bruissement soyeux de tissus. Elle éloigna gracieusement la pipe de son visage pour se pencher un peu plus vers l’avant pour l’observer de plus près. Leurs regards se défièrent tandis qu’un silence s’installait entre eux deux. Puis, le Comte s’inclina en la remerciant. Le sourire de la Sorcière fut sincère, mais le grand homme ne put le voir. Déjà ses pas de géant le guidait vers la sortie qu’il traversa d’un air décider. Lorsqu’il entra dans le hall, la jeune femme entendit la voix des disciples qui exprimait leur joie de revoir leur maitre. Lentement, les portes se refermèrent magiquement et la pièce replongea dans un silence sacré. La Sorcière porta de nouveau sa pipe à ses lèvres, aspirant la fumée qu’elle recracha dans l’air. Le petit nuage blanc s’étira pour prendre la forme d’un dragon oriental qui s’envola vers le plafond où les yeux rouges du démon observaient la Sorcière de nouveau. La belle Japonaise était songeuse. Le Prince était décidément un homme plein de mystère et pendant qu’il rêvait, elle avait senti ses pensées vagabondes dans la pièce. Comme plusieurs, l’immortelle savait les rumeurs qui circulaient à propos du plus vieux d’entre eux. Elle savait son attachement pour la Chasseuse, son combat contre la Camarilla qui viendrait sous peu, sa position délicate de Prince de la ville. Elle était aussi bien renseignée que le Conservateur sinon plus, car le démon était d’une efficacité sans limites pour espionner. Une chose toutefois avait capté son attention. Dans les pensées du Comte, elle avait vu un chemin, un espace auréolé de lumière et le visage d’une femme composée d’une lumière aveuglante. Elle avait reconnu le visage de la Mère. Que faisait-elle dans l’esprit du grand Prince? Cela l’intriguait, mais sans plus. La Sorcière ne s’intéressait pas à toutes ses futilités. Le temps finissait parvenir à bout de tous et chacun. Les plus forts étaient bien souvent les premiers à partir. Quant à elle, elle qui ne cherchait ni la gloire ni le pouvoir, elle traversait les époques avec la légèreté d’un papillon.

La belle magicienne se leva soudainement. Abandonnant sa pipe fumante sur le bras de sa chaise, elle s’avança vers le basin dont les larges rebords avec disparurent, ne laissant qu’un immense cercle au centre de la pièce. Un escalier était apparu en son centre et c’est dans un bruissement de tissus que la Sorcière s’y glissa. Une fois l’escalier descendu, elle déboucha dans une vaste pièce entièrement composée d’étagère. Il y avait des rangées et des rangées qui rappelaient vaguement une bibliothèque, sauf qu’ici, tout semblait dans un désordre incroyable. Chacune des tablettes était remplie d’items tous aussi hétéroclites les un que les autres. Il y avait des bijoux, des poupées, des livres, des journaux, des pièces de monnaie. C’était ici que la Sorcière conservait le prix obtenu pour chacun des souhaits qu’elle avait réalisés. Cette pièce extraordinaire était l’une des réalisations du démon. Il était impossible d’y avoir accès à moins d’y avoir été invités. Certains items étaient très vieux et dataient d’époque lointaine. Le disque solaire aux gravures égyptiennes et la broche de fakir en témoignaient. Tous les objets amassés ici constituaient l’une des sources de pouvoir de la Sorcière et du Démon. Ils puisaient leur énergie à même les objets et ces ce qui permettait à la boutique de vivre.

La majestueuse créature s’avança à travers les étagères sans se soucier du capharnaüm. Elle connaissait exactement l’emplacement de chaque item. Elle en connaissait l’histoire et les hommes et femmes qui lui avaient donné. Elle s’avança vers le centre de la pièce qui ne semblait pas avoir de fin. Elle enjamba les rames d’un voilier réduit avant de passer à côté d’un éventail qui était aussi gros qu’un enfant. Une fine pellicule de poussière avait recouvert certains items. Elle s’arrêta devant une tablette où se trouvait un petit espace vide. Lentement, sa main sortit de sa manche sombre, tenant un objet. Il s’agissait d’une plume de grue, dont la taille faisait trois paumes. Sur sa couleur blanche et grise avait été dessiné un symbole qui brillait d’une couleur argentée. Il s’agissait des armoiries du Comte. L’item était la représentation concrète du prix que le Prince avait dû payer, un peu comme le cœur de tissus qui se trouvait un peu plus loin. La Sorcière déposa la plume, bien en équilibre sur sa pointe sur l’étagère. Elle n’avait pas révélé à Jiromaru que le prix qu’il avait payé pouvait être racheté à tout moment par celui qui viendrait en faire la demande. Le grand homme n’avait pas besoin de savoir. Puis, sans un regard, elle quitta la pièce. Les enfants se réveilleraient bientôt et ils allaient avoir faim.


[HRP : fin du rp de la Sorcière /HRP]


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Pour un souffle de plus [La sorcière, Comte Kei] [09/05/42]

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