En provenance de Un début de soirée chaotique

Dans la voiture, Gaspard avait fermé les yeux et s'était collé contre la fenêtre. Il dodelinait de la tête, entrant dans un demi sommeil fiévreux. Il n'avait qu'une envie, être couché au fond de son lit, ne plus s'occuper de rien. Cependant, il fallait qu'il se fasse soigner et que la jeune Julia rentre chez elle. Bien qu'elle lui ait demandé de l'emmener loin, au pire elle pourrait rester chez lui un moment, la maison était spacieuse, elle ne manquerait de rien et quand le désir lui viendrait de rentrer, elle pourrait partir.
Quelques temps plus tard, le fiacre s'arrêta, Valentin vint ouvrir la porte et fit descendre Julia, puis il repartit le regard soucieux.
L'aristocrate se sentait partir, mais ce n'était pas le moment de tomber inconscient. Il poussa le grand portail et avança vers les marches de pierre qu'il monta avec difficulté. Le lycanthrope sonna et peu après un major d'homme vint leur ouvrir. En voyant Gaspard, il cligna des yeux d'étonnement et sa mine se déconfit.

- Que vous est-il arrivé monsieur? Demanda-t-il alors qu'il les débarrassait de leur manteaux. En quoi puis-je vous être utile?

Gaspard marmonna quelque chose d'inaudible en se dirigeant vers l'escalier. Puis il répéta de façon à être entendu, tout en s'appuyant sur la rambarde.

- Rien, occupez vous simplement de mademoiselle Thanas, faîtes qu'elle ne soit en manque de rien.

Il se retourna et partit vers ses appartements, en sachant que Julia était entre de bonnes mains. Une fois dans à l'étage, il  reprit son souffle et partit vers la bibliothèque, car c'était derrière les livres qu'il avait dissimulé son laboratoire d'alchimiste. Il chercha a tâtons l'entrée secrète, parce qu'il n'avait même pas prit le temps d'allumer une bougie. Il y eût un petit grincement et la porte s'ouvrit. Gaspard entra et s'affala sur le siège le plus proche. Quelle bêtise d'avoir oublié de prendre un flacon de sa décoction avec lui.
Trop étourdit pour se relever et prendre un remède, le lycan s'endormit dans un sommeil douloureux.

Quelques temps plus tard, le Lycan se réveilla en sursaut. Il était recouvert de sueur et s’aperçut que c’était en fait ses gémissements qu’ils l’avaient réveillé. Il se sentait honteux d’être aussi diminué. Il inspira profondément et se leva d’un coup, mais il retomba aussi vite car il était prit de vertiges. Rageur, Gaspard pestiféra entre ses dents, puis tenta de se mettre debout une seconde fois, mais moins vite.
A demi courbé, il avança vers sa table de travail et sortit un tabouret d’en dessous et s’assit. Il posa ses mains à plat sur la table, le visage déformé dans un élan de douleur. Il fallait qu’il prenne quelques calmants. Il tira un tiroir de son bureau et en sortit un livre relié d’apparence vétuste, il l’ouvrit et parcourut rapidement quelques pages. Puis son regard se figea sur une quelques lignes : morphine, étagère n°45, niveau 3.
L’aristocrate referma le livre et se dirigea lentement vers l’étagère en question. Il trouva vite ce qu’il cherchait, car cela faisait des années qu’il rangeait tout dans un ordre bien précis. Par exemple le rayon 40 à 45 ne comportait que des médicaments, des herbes médicinales ou d’autres éléments destinés à ses expériences. Tous ces objets reposaient sur plusieurs niveaux, allant de 1 à 7 (le 1 représentant le haut de l’armoire).
Il prit donc ce dont il avait besoin et retourna s’asseoir. La morphine lui permettrait d’être moins sujet à la douleur et aussi d’endormir en partie son corps quand il serait transformé en Loup-garou. Oui, il comptait se transformer pour accélérer son rétablissement, en effet le fait d’être un loup aiderait son organisme à se reconstituer plus vite, comme ça, le lendemain, dans l’après-midi il serait en meilleure forme. Certes pas encore guérit, mais la blessure se serait surement refermé en apparence. Il espérait en silence que la demoiselle Thanas reste au moins jusque-là, mais elle pouvait rentrer chez elle quand il lui plairait, c’était ce qu’il lui avait assuré.

Il prit donc ce médicament et emporta avec lui une fiole de liquide gazeux, celui qui lui permettrait une métamorphose aisée, sans dépenser la moindre énergie. Pour plus de sécurité, il prit place dans une pièce noir et insonorisée qu’il avait fait installer dès son arrivée. Il ferma la porte et s’adossa contre le mur de pierre nu. Puis, Gaspard se dit qu’il serait plus judicieux de retirer ses vêtements. Il se dévêtit, ne gardant que son pantalon sur lui. Il prit ensuite la fiole et l’ouvrit, il but tout son contenu et la reposa au sol.
La réaction ne se fit pas beaucoup attendre. En quelques minutes, ses ongles durcirent, s’allongèrent, un pelage recouvrit l’homme sur tout son corps,… Il était devenu Loup. Bien sur, il avait une forte envie de sortir de cet endroit clos, mais comme tout Lycanthrope, il avait une totale résistance face à ses appels de la nature. Gaspard ferma son esprit à la douleur et décida de se laisser plonger dans un profond sommeil.

Des heures plus tard, l’aristocrate se réveilla, il avait totalement perdu la notion du temps et n’avait aucun moyen de deviner l’heure qu’il était. Le plus important était qu’il se sentait mieux. De sa patte gauche, il gratta son flanc, à la recherche de sa blessure. Mais, il ne trouva plus de trace de déchirure, ses chairs s’étaient refermées, à son grand soulagement. Cependant il restait sur ses poils du sang coagulé, Gaspard se sentait très sale, il n’aimait pas ça. Il prit la décision d’attendre encore un peu avant de reprendre forme humaine, son rétablissement était plus important qu’une entrevue avec une Dame.

Il se rendormit donc.

Et se réveilla. Le Lycanthrope se sentait bien, même si quand il bougeait trop, la douleur devenait très gênante. Il retrouva sa forme humaine et sortit de la pièce en marchant à tâtons. En arrivant, dans son bureau secret, il pestât de ne pas avoir préparé de bougie. De plus, il remarqua qu’il était nu comme un vert, car sa transformation l’avait dépouillé de son pantalon. Résigné, il sortit lentement et passa de la bibliothèque à sa chambre. Il se mit quelques affaires sur le dos et appela son major d’homme en le priant d’apporter de l’eau pour qu’il puisse se laver.
Une fois sa toilette faite, l’homme s’habilla en conséquence, il se regarda dans le miroir et prit une mine sombre et maladive. Il ne faudrait pas qu’il ait l’air trop rétablit, sinon Julia, si elle était encore la, se demanderait pourquoi il était aussi en forme.
Gaspard avait apprit qu’une journée entière était passée, il était donc tard le soir. Malgré tout, il décida de descendre dans le salon pour prendre son diner.

[HRP// vraiment navré de la longueur de ce post ^^']

Quand Gaspard entra dans le salon, il fut content de voir Julia assise en train de lire. Il vit qu'elle portait des vêtements différents de la veille, et d'ailleurs ils lui allaient plutôt bien. L'aristocrete avança lui aussi vers la jeune femme et ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Il s'inclina autant que sa douleur le permettait et portât la main de la charmante demoiselle à sa bouche. Il restat à lui faire un baise-main un peu plus longtemps que le permetait d'habitude la bienséance, mais c'était une manière bien à lui de lui montrer qu'il lui portait du respect, car il ne s'inclinait pas autant devant tout le monde. Une fois qu'il eût laché la main de Julia il lui dit:

- Mes salutations ma demoiselle, je suis fort aise de vous voir encore en ma demeure, surtout après une si longue absence de ma part, dit-il en lui souriant avec franchise.

L'aristocrate écouta avec une grande attention ce que lui apprit ensuite la jeune femme. Etrangement il se sentait chagriné que La Phalère se trouva vivant, d'habitude il se moquait éperdument de si ses ennemis avaient ou non survécu. Le fait qu'il ne soit ps mort permettrait d'effacer plus facilement les faits, c'était peut-être la seule chose qu'il voyait de positif dans cette affaire. Gaspard se dit qu'il faudrait dans l'avenir remercier grand-mère Thanas pour avoir prit soin de toutes ces choses aristocratique. De plus, il faudrait aussi faire de même à madame Thanas, qui venait de lui offir une cape de grande valeur.

- Je suis heureux que votre famille se soit aussi vite occupé de cette affaire, pour tout vous dire, les tâches aristocratiques qui me seraient incombées m'auraient beaucoup chagriné, il baissa la voix, je n'aime pas jouer des coudes pour me faire entendre. Puis il regarda Julia dans les yeux en prenant cérémonieusement la cape entre ses mains. Vous direz à votre grand mère que je l'en remercie grandement, de même pour votre mère. Mais, je tiens à vous dire que ce n'était pas la peine de me faire un tel présent, si l'étiquette me le permettait, je vous la rendrait sur le champ, car elle ne me revient pas de droit. Cependant je la garderait tout de même, avec plaisir... Il frôla la cape avec une main, elle est magnifique, j'aime surtout la teinte.

Avant qu'il n'eût put prononcer une autre parole, il rencontra de nouveau le regard de la demoiselle, qui le remercia chaudement. Il inclina la tête. Puis regarda lui aussi à l'endoit ou la balle s'était fichée dans ses chairs et dit:

- Ne vous inquiétez pas, le fait d'avoir dormi une jounée m'a fort requinqué et puis je suis robuste, il en faut plus pour me tuer. Le mensonge était flagrant, mais il ne s'en souciait pas. En tous les cas, sachez que je n'aurais pu laisser une femme se faire,... Embrasser, contre son gré, alors que j'étais présent. Il fit une courte pause, réfléchissant q'il allait dire ou non ce qui suivt. A vraie dire, je ne savais pas que c'était vous au début, je suis intervenu parce que je trouvait cela malséan de faire ceci au coin même d'une rue.

Il évitait de croiser les yeux de la jeune femme, car parler de cela le gênait un peu envers elle. Il posa la cape sur la table près d'eux.

- Installez vous, lui dit-il en tirant une chaise pour qu'elle prenne place. J'ai demandé à dinner, voulez-vou manger quelque chose?

Gaspard prit une petite cloche entre ses mains et la fit tinter. Il s'assit lui aussi et posa ses avants-bras sur la table et croisa les doigts. Il hésitait à parler tout de suite de la conversation qu'il avait entendue quand il était au Salon Fitzrovia. Il se retint et dit seulement.

- Les évènements que vous avez vus, ne vous ont-ils pas trop choqués?

A ce moment la, le major-homme arriva et attendit une réaction de l'aristocrate.

- André, voulez vous nous approter de quoi manger? Demanda-t-il, l'homme acquiessa et sortit.

Julia se sentait étrangement gênée à chaque fois que le regard de braise du bel aristocrate croisait le sien. Réellement heureuse de voir qu'il allait mieux, elle fut d'autant plus contente de voir que le présent de sa famille lui plaisait même s'il venait de lui dire qu'il l'aurait refusé en d'autres circonstances. Julia était surprise par la grande force de Gaspard. En une journée il avait retrouvé ses forces, lui qui lui avait paru si mal en point dans le fiacre en revenant du Fitzrovia, il lui apparaissait ce soir comme un homme en pleinne possession de ses moyens à moins qu'il ne sache bien jouer la comédie et faire passer pour vrai ce qui n'était en réalité que vraisemblance. Malgré ses interrogations et son secret désir de voir sous la chemise de son sauveur une blessure qu'elle imaginait moins conséquente que ce qu'elle avait pensé le soir du drame, qui d'ailleurs n'en était pas un en vérité. Finalement, tout allait bien: Antony était gravement blessé mais il allait s'en sortir, aucune plainte n'avait été déposé contre Monsieur Sorel et ce dernier n'était pas aussi mal en point que ça.

De plus, sa mère l'avait autorisée à aller voir l'aristocrate ce soir pour le remmercier: il était tard, jamais elle ne l'aurait laissé sortir après une telle aventure si la jeune femme ne lui avait pas fait croire qu'elle dormait chez le jeune homme. Sa mère en avait certainement directement déduit que les deux jeunes gens s'étaient éprit l'un de l'autre: elle avait aussitôt donné son accord. En ce temps-là, les mésalliances étaient de plus en plus courantes: les aristocrates se mariaient volontier aux bougeois presque toujours plus riches qu'eux mais dans le cas des Thanas, famille aisée mais sans plus, s'il s'avérait que si Julia épousait un aristocrate, la mésalliance leur serait bien utile financièrement.
Sans avoir de tels projets en tête, Julia avait ainsi mentit à sa mère juste pour pouvoir sortir tard: la nuit était vraiment pour elle d'une importance capitale, surtout en cette période...L'appel de la lune bientôt pleine...l'appel des douceurs et des ombres de la nuit la rendait plus vive que d'habitude et pour apaiser ses désirs ardents de liberté, elle avait besoin de sortir et de sentir sur sa peau l'air frais du soir.
Consciente des dangers qu'elle encourait, Julia comptait rester un moment en compagnie de Gaspard Sorel avant d'affronter les ténèbres et de se laisser bercer par la brume des rues noires de Londres...

La jeune femme sentit la gêne du jeune homme lorsqu'il évoqua l'acte de La Phalère. Un tel sujet était bien entendu difficile à aborder dans une telle situation: il était aristocrate, elle était bourgeoise, c'était un homme et elle une femme...certaines règles de bienséances étaient tellement encrées dans les moeurs qu'il était difficile de s'y soustraire même en tête à tête avec la personne concernée. Légèrement perdue dans ses pensées, Julia sentit en elle monter une étrange confusion.

- Je...oui, ce qu'il a tenté de faire...je...j'ai eu de la chance que vous soyez-là et, rassurez-vous, votre intervention avait tout ce qu'il y avait d'honnorable. Même si ce n'eû pas été une personne déjà vue, vous seriez donc intervenu ! Cela montre toute la grandeur de votre coeur...

Avec plaisir, Julia accepta de diner avec Gaspard. Accueillant son invitation avec un joli sourire, elle prit place en face du jeune homme. Relevant un instant ses jupons pour s'installer correctement, la jeune femme remit une mèche derrière son oreille et répondit à Gaspard:

- Non j'ai eu un petit moment de frayeur mais je ne suis pas de ces femmes qui s'évanouhissent très facilement. J'avoues avoir été chocquée par le comportement de...mon ami, mais j'ai déjà assisté à bien pire ...
Ce sont les conséquences judiciaires qui m'effrayent le plus: cette affaire n'aurait pas été étouffée, je doute que nous nous serions revu de si tôt.
Je veux dire que j'aurais paniqué et que sans aucun doute je serais restée chez moi à pleurer...

Julia eu un petit rire d'auto-dérision et elle leva les yeux au plafond:

- Que voulez-vous, je suis une femme après tout !

Gaspard détourna les yeux. *Cela montre toute la grandeur de votre coeur* Cette phrase résonna dans son esprit. Qui avait-il de grand à ne pas laisser une femme se faire violenter ? C’était absurde, mais tellement réel. De nos jours, de nombreux hommes, par peur de représailles, auraient poursuivit leur chemin en faisant mine de ne rien voir. C’était une décadence énorme aux yeux de l’aristocrate, pour lui toute personne en danger méritait qu’une autre lui vienne en secours. Même La Phalère, ce traitre, avait été secourut. Remarquant qu’il devait avoir l’air vraiment sombre à penser ainsi, il remit ces divagations à plus tard et reprit le cours de la conversation.
Donc cette jeune femme avait simplement été choquée. Cela montrait quand même une grande force de caractère, car de nombreuses personnes (femmes ou hommes), se seraient mises à hurler au secours en voyant une telle chose se produire. Et ce n’était pas tout, Julia avait assisté à bien pire… Qu’entendait-elle par la ?

- Nombreuses sont les personnes qui se seraient enfuie en voyant notre combat, mais vous êtes tout de même restée, cela montre que vous avez de la personnalité. Il se tut. Vous savez, je ne considère pas qu’une femme puisse être moindre à un homme, j’essaye de nous regarder sur un même pied d’égalité. Comment dire… L’Homme en général est capable de tout, je ne vois pas pourquoi les femmes seraient épargnées, par le pire ou le meilleur. Gaspard sourit à la demoiselle. Et puis, cela arrive à tout le monde d’avoir de durs moments et de pleurer…

Il cessa étrangement de parler, comme s’il se rappelait d’une chose enfouie dans sa mémoire. Oui, tout le monde avait ses faiblesses, même lui.

- Je suis peut-être indiscret, mais qu’entendez vous par avoir vu pire qu’un combat ensanglanté entre deux hommes ? Ne vous sentez pas obligé de répondre surtout.

L’aristocrate ne voulait surtout pas forcer Julia à parler, ces affaires ne la regardaient pas. Et puis, ils ne se connaissaient que depuis une journée tout au plus. D’ailleurs il trouvait fort étrange que mère et grand-mère Thanas acceptent de laisser leur fille allez chez un inconnu, même s’il était son sauveur, à une heure aussi tardive. Certes, la jeune femme lui apportait un présent de reconnaissance, mais elle aurait pu revenir le lendemain.
André, le major d’homme, vint déposer leurs couverts en silence, ainsi que leurs assiettes d’où échappait un délicieux fumet. Gaspard lui pria d’amener une bouteille de vin et de se retirer. Il regarda ensuite ce que constituait ce soir son repas. C’était du coq cuit au vin blanc, avec quelques lardons et champignons, tout cela servit avec des haricots verts. Ca avait l’air appétissant. Le Lycan prit soin de servit Julia en vin, puis fit de même avec son verre.

- Comment se fait-il que votre famille ait acceptée que vous restiez en ma compagnie ce soir ? Ils me sont peut-être reconnaissant, mais vous laisser aller seule sans même une gouvernante, chez un homme…

Il laissa sa phrase en suspend, ne trouvant pas les mots juste à ajouter.

Le repas fut servit et Julia remmercia avec courtoisie Gaspard qui lui servit du vin et le majordome qui prit congé une fois son travail terminé.
La jeune femme sourit à l'aristocrate lorsqu'il lui parla des pleurs: il la comprenait et lui pardonnait ce genre de faiblesses humaines. Julia en fut plus à l'aise. Elle commença à manger comme son hôte et son teint rosit lorsqu'il lui demanda ce qu'elle avait bien pu voir de pire. Elle venait alors de réaliser que cette phrase lui avait échappée tout à l'heure et qu'elle ne voulait pas la justifier. Par politesse et peut-être aussi pour ne pas le vexer, elle répondit les yeux baissés sur son assiette:

- Disons que...j'ai déjà assisté à un meurtre...

Il était clair d'après le silence qui s'en suivit qu'elle ne voulait pas en parler d'avantage et que ce souvenir la blessait. Heureusement Gaspard changea de sujet mais ce dernier n'était pas non plus des plus agréables pour la jeune bourgeoise.

- Ha ! Je suis gênée Monsieur Sorel...répondit-elle réellement confuse. Je pense que ma mère imagine que nous nous connaissons depuis un moment dans le secret...Et puis vous êtes un aristocrate...Doit-on juger un homme sur sa classe sociale et sur un seul acte héroique ? Je ne pense pas mais...ce n'est pas pour ma mère que je suis revenue...

Les joues empourprées, la jeune femme qui avait relevé les yeux dans ceux de son sauveur détourna le regard et n'osa plus manger quoique ce soit tant que Gaspard n'aurait pas repprit la parole.

L’aristocrate se rendit compte que sa question avait vraiment mit Julia dans l’embarras, le pire était qu’il avait prit soin de préciser qu’elle n’était pas obligée d’y répondre. Il aurait du se douter qu’elle allait se contraindre à répondre pour ne pas paraître impolie et lui s’en voulait de son manque de tact. Au moins, il était passé à un autre sujet, mais il s’avéra qu’il n’était pas bien meilleur. C’est donc avec une gêne forte apparente que la jeune femme lui répondit. Gaspard lui, fut très étonné de ce qu’elle lui dit. Tout de même s’imaginer une chose pareille ! Mais avec un peu de réflexion, le lycanthrope se dit que les mœurs avaient changées depuis sa naissance, il avait du mal à s’inculquer les nouvelles… La dernière phrase de mademoiselle Thanas interrompit son flot de pensées. Alors qu’il était en train d’apporter sa fourchette à sa bouche, il stoppa son geste et releva la tête, surprit. Il cligna des yeux plusieurs fois et s’étonna à sentir ses joues s’enflammer, il déglutit puis prit enfin la parole.

- Hum, oui, tout est imaginable de nos jours,… On ne devrait surtout pas juger une personne que l’on n’a pas encore eût en face, il remarqua alors que sa phrase sonnait comme une réprimande, il se reprit donc. Enfin, je veux dire par la qu’il vaut mieux jauger quelqu’un soi-même, que par des on dit… En tous les cas, croyez-moi, je suis heureux que vous soyez venu de votre plein gré, plus que sous la demande de votre mère.

Et ceci n’était que pure vérité. Gaspard ne voyait pas l’intérêt de recevoir une personne chez lui, alors qu’elle n’en avait aucune envie. Il but une gorgée de vin et reprit son repas. Au bout de deux bouchées, il n’en put plus.

- Cela va vous paraître encore plus indiscret que mes questions précédentes, mais je suis de nature curieuse, alors au salon Fitzrovia, j’ai surprit une partie de votre conversation et vous aie donc entendu parler des créatures de la nuit, des vampires plus précisément. Il la regarda de ses yeux ardents. Croyez-vous réellement en ces êtres ?

Julia pouvait lui mentir, il le savait, surtout que ce sujet était souvent raillé par les hautes strates de la société. Mais il y avait des personnes qui y croyaient dur comme fer, Gaspard en tant que Lycan n’échappait pas à cette catégorie.

- Avant que vous ne répondiez, sachez que je crois en ces créatures.

L’aristocrate avait ajouté cette dernière phrase pour à la fois la mettre en confiance, mais aussi pour bien lui montrer que lui, avait confiance en elle.

Julia eu du mal à cacher ses rougeurs et c'est avec maladresse qu'elle reprit ses couverts en mains pour terminer son assiette de coq au vin. Elle ne savait pas si ce que venait de lui dire l'homme en face d'elle était en relation avec une quelconque politesse mais elle fut heureuse de l'entendre. Ainsi, il semblait ravie de savoir qu'elle n'était pas venue juste sur ordre de sa mère.
Julia ne répondit rien et se contenta de continuer de manger avec distinction. Il était flagrant que quelque chose l'empêchait d'être elle-même et sa maladresse révélait assez bien une gène dont elle n'arrivait pas à se défaire.

Soudain, Gaspard lui demanda si elle croyait en les Vampires. Elle redressa la tête, s'arrêtant de manger et croisa le regard de braise du bel homme de ces yeux turquoises.
L'aristocrate voulu la rassurer en lui affirmant son avis propre sur le sujet mais même s'il ne l'avait pas fait, la réaction de Julia aurait été la même...
Elle serra sa fourchette dans sa main et lui dit d'un air déterminé:

- Monsieur Sorel, je ne crois pas aux créatures de la nuit, je suis persuadée de leur existence. Les Vampires ne sont pas les inventions d'un fou divagant: ces êtres attaquent chaque nuit les noctambules et, au risque de vous déplaire, je vous dirais que je suis croyante seulement d'apparence et que je suis plutôt de nature rationnelle: je crois ce que je vois, je les ai vu à l'oeuvre, leur ai échappé et ne puis nier ce que j'ai vécu.

Julia garda ses yeux dans ceux de son hôte: malgré elle, elle était choquée intérieurement de ce qu'elle venait de dire. La jeune femme venait de révéler à Gaspard Sorel, un inconnu à la belle étiquette, un aristocrate, un homme chez qui elle dînait si tard, ses plus intimes convictions et ce que même sa mère et sa grand-mère ignoraient: la perte de sa foi et sa rencontre fortuite avec un de ses pires ennemis un soir d'hivers alors qu'elle revenait seule de leur boutique.
Les pensées douloureuses, Julia songea à ce qu'elle allait bientôt devenir...D'ici quelques nuits, la pleine lune l'accablerait de ses rayons et elle serait de nouveau enfermée par ses parentes à la cave. Ce lourd secret qu'elle partageait avec sa mère et sa grand-mère la tourmentait.
Elle releva les yeux vers Gaspard et lui sourit comme pour palier à son air qui devait être nostalgique et déprimant depuis près d'une minute qu'un lourd silence s'était installé.

- Cela ne vous dérange pas si je ne finis pas ? demanda-t-elle en parlant de son assiette. Je n'ai pas l'habitude de manger autant...

*Sauf ces nuits maudites...* Elle posa sa fourchette et baissa les yeux sur elle comme si l'ustensile avait soudainement un intérêt notoire.

Gaspard s'étonna de la détermination de la demoiselle quand elle lui répondit, elle n'évait apparament pas hésité une seconde à lui révéler qu'elle était persuadée de l'existance des Vampires. Cette révélation, qui ne surprit que peu le Lycan, fit naître un sourire étrange sur son visage. Peu de ses connaissances affirmaient d'une telle manière leur croyance, mais Julia avait de bonnes raisons de le lui dire car elle avait rencontré un ou plusieurs Vampires. Gaspard, même avec toutes ces années de recherches, n'en avait jamais approché, pendant un instant il envia la jeune femme. Puis il se dit que cette confrontation n'avait pas dû être des plus facile, ce qui calma ses sentiments.
Tout au long de sa réplique, le regard de Gaspard n'avait pas quitté celui de Julia, puis le charme se brisa et ils détournèrent tous deux les yeux. S'en suivit un long silence. L'aristocrate se demandait comme elle avait pu échapper à des êtres de la nuit, ils étaient pourtant réputés pour ne pas laisser leurs proies s'échapper. L'espace d'une seconde, l'homme se demanda si Julia ne pouvait pas faire partie... Non c'était absurde, elle ne pouvait être qu'humaine, si elle vait été Vampire, elle aurait surement sentie que Gaspard était une anomalie de la nature. Tellement perdu dans ses pensées, il sursauta légèrement quand la demoiselle reprit la parole.

- Faites comme il vous plait, lui dit il, en voyant qu'elle avait l'air plutot génée, il ajouta, je vous asure que ça n'a pas d'importance.

Son assiète à lui était vidée de toute nourriture, c'était à peine s'il restait de la sauce. Pour ne pas retomber dans le silance, il continua de parler, mais moins fort.

- J'apprécie votre franchise. Moi, personnellement je n'ai jamais eût la chance, ou la malchance, de rencontrer l'un d'entre eux, ça n'empêche pas le fait que je sois persuadé de leur existance. D'ailleurs, leur présence explique beaucoup de chose en ce monde, à commencer par ces meurtres... Il fit une grimace. Excusez moi, nous venons à peine de finir de manger que je vous parle de choses horribles.

Gaspard se dit qu'il était peut être temps de revenir sur des sujets plus anodins, il avait eût ce qu'il vouleit savoir et ne voulait tourmenter plus longtemps la jeune femme.
Il fit sonner la petite cloche pour que l'on vienne débarasser leur table et se leva. Son mal de ventre le reprit un peu, mais le fait d'avoir mangé lui avait redonné des forces.
A travers les murs on entendit résonner les cloges de l'église voisine. Il était deux heures.

Julia détourna son regard de sa fourchette tandis que Gaspart reprenait la parole.

- Ho non je vous en prie cela ne me choque pas du tout que vous parliez de ces meurtres...

Pendant qu'un domestique rangeait la table et lui prenait son assiette, la jeune femme continua sur le ton de la conversation:

- Les hommes entre eux s'assassinent régulièrement pour des motifs qui ne sont pas toujours valables et si les créatures dont nous parlons sont plus subtiles, elles n'en sont pourtant pas plus folles...J'aimerais les connaître mieux et les comprendre mais leur violence est sans égale envers certains...humains.

L'église alentour sonna deux coup et cela déclencha chez Julia un réflexe brusque. Elle se leva de sa chaise et s'exclama:

- Deux heures ?! Déjà ?

Elle fit une petite courbette et s'excusa:

- Je suis confuse Monsieur Sorel mais je dois rentrer chez-moi...Les heures ont passé si vite en votre compagnie que je n'ai pas prêté attention au temps qui s'écoulait tandis que nous parlions.

La jeune femme lu dans le regard de l'homme une chose étrange qu'elle prit pour de l'inquiétude.

- Ne vous en faites pas je saurais retrouver ma maison, lui fit-elle avec un sourire. Et puis, les Vampires sont rares...

Etait-ce vrai? Oui, il se pouvait qu'elle ne soit pas choquée, mais de toute manière, ce n'était plus la peine de parler de vampire et de meurtre. Gaspard regarda la jeune femme du coin de l'oeil quand celle ci avoua qu'elle aimetrait mieux comprendre ces êtres. Il trouvait cela étrange. Mais d'une certaine manière, vouloir comprendre queqlu'un permettait parfois d'apaiser des souffrances et aussi de mieux contrer leurs attaques.

- Même s'ils ne vivent pas en harmonie avec les humains, j'ai l'impression que nos coutumes se sont tout de même ancré dans certaines de leur moeurs.

Les cloches sonnèrent. Julia se leva brusquement, ce qui surprit grandement l'aristocrate. Oui, il était deux heures. Allait-il la laisser rentrer seule chez elle? Gaspard voulut lui proposer de la faire ramener, mais elle voulait apparement rentrer seule. Même si c'était dangereux, l'aristocrate respecta son choix.

- Permettez moi de vous reconduire jusqu'à la porte, le Lycan lui fit signe d'avancer, une fois qu'elle fut près d'elle, il la mena jusqu'à l'entrée.

Le mojor d'homme les attendait avec la cape de Julia. Une fois revêtue, Gaspard dit à la jeune Dame en lui faisant un baise-main.

- Si un jour vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à venir me soliciter.

André ouvrit la porte.

[HRP/ Premier post d'Alexender /HRP]

La porte reçu un choc et s’ouvrit brusquement. Le majordome poussa un cri de surprise en se voyant aussi soudainement poussé en arrière. Un homme entra en titubant, la respiration rapide et bruyante, il s’avança courbé sa main droite tenant fermement son épaule gauche. Sa longue cape de cuir noir frôla le mur et la garde d’un sabre japonais dépassa de celle-ci en cliquetant sur son flanc gauche. Derrière un rideau de longs cheveux roux en bataille, une voix vibrante et douloureuse se fit entendre :

- Gaspard…Mon ami…Ha…

La main gauche en avant cherchant un appui, l’homme qui était trempé redressa la tête une fois qu’il eût trouvée le bras du maître de la maison. Il fit les dents serrées et les yeux rageurs :

- Je les aurais tous…Je les aurais tous jusqu’au dernier ! Ha Gaspard… il a bien failli m’avoir celui-là…

L’homme enleva sa main de son épaule et regarda ses doigts couverts de sang coagulé. Son regard croisa alors celui d’une jeune femme qui se tenait là apparemment prête à partir. Il détourna les yeux et serra le poing pour enlever de sa vue sa paume ensanglantée. L’homme leva les yeux vers son ami.

- Ne la laisse pas sortir…ils rôdent alentour et sortent en masse depuis quelques jours…et puis il pleut…ajouta-t-il avec un semblant de sourire.Ha aide-moi...

L’homme se redressa et s’appuya sur Gaspard tout en maintenant son épaule. Du sang coulait sur sa main et ses bottes laissaient beaucoup de boue derrière lui. Une flaque d’eau agrémentait maintenant le vestibule. Le blessé jeta un regard au majordome puis à la jeune femme pour la saluer :

- Désolé André…Mademoiselle…

Gaspard recula en voyant la porte s’ouvrir et entraina Julia dans un geste défensif. L’ombre d’un homme. Alexender était sur la porte. A l’instant où il le reconnu, le Lycan le soutenu de son bras. Il avait l’air d’être en piteux état, mais ce n’était pas qu’apparence, car quand le hunter prit la parole, on sentit qu’il souffrait de sa blessure. L’aristocrate déglutit difficilement. Il savait qu’il en faudrait surement plus pour tuer Alexender, mais le voir ainsi le révulsait, il jouait avec le feu…

- André referme cette porte. Le major d’homme s’exécuta, puis attendit comme les autres. Ils t’ont bien amoché à ce que je vois, dit Gaspard d’un air sombre en contemplant l’épaule de l’humain, puis sa main ensanglantée.

Il se tourna à demi pour voir Julia, il était trop tard pour lui mentir. Avec ce qu’elle venait de voir, elle allait se poser des questions et cela porterait des rumeurs. Ce n’était pas bon. L’aristocrate se promit de lui parler dès que possible, mais pour le moment, ce qui importait c’était la santé Alexender, qui d’ailleurs avait reprit la parole. Gaspard acquiesça et dit en regardant la jeune femme dans les yeux.

- Elle ne sortira pas d’ici.

Il avait parlé calmement, mais il se doutait bien que Julia comprendrait qu’il y avait un problème, qui ne l’aurait pas vu ? Il se retourna vers son ami.

- Mais à la seule condition que tu cesse de faire de l’humour, ça te vas mal… dit le Lycan d’un air mi-figue mi-raisin.

Dans un moment pareil, Alexender parvenait encore à faire comme s’il allait bien et n’oubliait pas les convenances. Gaspard soupira. Il était pourtant passé à deux doigts de se faire tuer.

- On va te retirer ça.

A ces mots, l’aristocrate aida le rouquin à retirer son long manteau noir, puis il le tendit à André, qui eût un peu de mal à réagir. Il devait être un peu choqué par cette entrée fracassante. Au fond de lui, le Lycan espérait que les Vampires ne viendraient pas chercher Alexender dans sa maison, non pas qu’il eût peur d’eux, mais il savait que s’ils venaient à plusieurs, lui seul ne pourrait les repousser. De plus il y avait la jeune femme.

- Julia, je suis profondément désolé. Il hésita puis dit. Des Vampires rodent non loin d’ici, je ne voudrais pas qu’il vous arrive du mal. Restez ici au moins cette nuit, je vous en prie. André s’occupera de vous. Il s’adressa ensuite à son ami. Je t’emmène à la bibliothèque.

Sans attendre, ils se dirigèrent vers l’escalier.

Julia venait de remettre son manteau de fourrure blanche et rougissait quelque peu du baise-main de Gaspard lorsque la porte s'ouvrir avec fracas. Elle poussa un petit cri de surprise et l'aristocrate la fit reculer aussitôt pour la protéger d'un éventuel danger. En retrait, la jeune bourgeoise vit avec effroi un homme habillé de cuir noir entrer en titubant. Son long manteau de cuir noir l'impressionna et lorsqu'elle vit qu'il était armé, sa crainte grandit au point qu'elle agrippa le bras de Gaspard dans un mouvement de panique.

L'homme s'avança et Gaspard l'aida à tenir debout dans un geste salvateur. Soulagée de voir que l'aristocrate connaissait l'homme, Julia ne pu que reculer pour leur laisser de la place dans le vestibule. L'homme était blessé, cela était flagrant, mais ce qui crispa Julia, ce fut de voir à quel point il saignait et surtout, de croiser son regard.

Citation :

Ne la laisse pas sortir…ils rôdent alentour et sortent en masse depuis quelques jours…et puis il pleut…
Elle ne sortira pas d’ici.
Des Vampires rodent non loin d’ici, je ne voudrais pas qu’il vous arrive du mal. Restez ici au moins cette nuit, je vous en prie.

Paniquée intérieurement d'entendre l'échange de paroles des deux hommes, elle ne fit qu'un "oui" de la tête pour répondre à Gaspard et elle les laissa passer. Elle ne répondit pas aux salutations du blessé tandis qu'il s'éloignait avec son hôte qui le soutenait: elle était profondément choquée par ce qu'elle venait de voir et d'entendre.

Laissée dans le vestibule avec le majordome André que semblait connaître l'étranger, Julia s'embrouilla dans un flot de pensées: qui était cet homme ? A quel jeu jouait donc Gaspard ? Il lui avait affirmé dans la soirée qu'il croyait fermement à l'existence des Vampires et voilà qu'elle découvrait qu'en réalité il fréquentait un...tueur ? Un tueur de Vampires ? Cet homme venait de dire qu'il les tuerait tous jusqu'au dernier: une rancœur infâme parcourrait donc ses veines et en avait fait un tueur ?
Mais que faisait-elle là ? Elle ne connaissait pas réellement son hôte, elle n'avait pas encore confiance en lui et maintenant elle était coincée dans sa demeure avec un nouvel arrivant des plus effrayant ! On venait de lui dire que des Vampires rôdaient en groupes, il pleuvait, il était près de deux et demi du matin...Julia n'en pouvait plus.
Paniquée, elle resta contre le mur du vestibule et tremblait sous le choc: sa situation était stupide ! Jamais elle n'aurait dû rester aussi longtemps en la compagnie du beau Sorel...

- André...je..non laissez, je vais dans ma chambre...merci.

Elle aurait voulu sortir mais jamais le majordome ne l'aurait laissé partir: il avait des ordres et de son point de vu, la jeune femme était bien plus en sécurité à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Julia remonta dans sa chambre en essayant d'éviter de regarder les gouttes de sang qui parsemaient le sol. Elle ferma sa porte et se rendit compte qu'elle avait gardé son manteau sur ses fines épaules. Elle regarda par la fenêtre: l'idée de s'enfuir par-là lui traversa l'esprit mais sa raison l'en empêcha. La jeune bourgeoise enleva son manteau et le déposa sur une chaise. Elle s'assit sur son lit et, les yeux dans le vide, elle se perdit dans ses pensées...

Ha qu'il n'aimait pas ça laisser sa cape derrière lui...Le Hunter avait quelque peu grogné tandis que son ami l'aidait à l'enlever mais c'était aussi la douleur de sa blessure à l'épaule gauche qui lui avait fait serrer les dents. Heureusement qu'il combattait toujours avec sa cape ouverte sinon en plus de sa chemise et son épaule, sa belle veste en cuir aurait été trouée !
En montant difficilement l'escalier, Alexender ne pouvait s'empêcher de causer à Gaspard malgré sa fatigue. Couvrant le cliquetis de son sabre qui se balançait sur son flanc, il recommença à faire de l'humour:

- Ha j'te jure...Ma veste a failli y passer...Heureusement qu'André viendrait à bout de...de n'importe quelle tâche...haha...

On sentait dans la voix du Hunter une difficulté à rire et surtout une volonté de détourner l'attention de son ami sur autre chose que son état qu'il jugeait déplorable. Au regard de Gaspard, il retrouva un air sérieux et douloureux.

- J'aurais dû te prévenir que j'étais revenu de la Nouvelle-Orléans avant de reprendre mon...devoir. Là-bas ils sont tenaces mais ici ils sont nombreux et ils se déplacent de plus en plus en groupe...Je ne sais pas ce qu'il ont derrière la tête mais leur attitude est différente depuis une demi-douzaine de mois.

Alexender ne se rendit compte du trajet qu'ils avaient fait qu'une fois qu'il reconnu l'immense bibliothèque de son ami. La vue du Hunter se brouilla et il n'entendit pas Gaspard ouvrir le passage secret dont il connaissait évidement l'existence. Le front couvert de sueur et le pas lourd, il tomba à genoux.

L’aristocrate s’était mit du coté du mur pour que Alexender puisse à la fois s’appuyer sur lui et sur la rampe d’escalier, s’il venait à perdre pied. Tout en gravissant les marches, son ami s’essoufflait à vouloir paraître drôle et léger. Mais Gaspard savait que derrière cet humour, se cachait une souffrance sans nom. Lui-même avait ressentit la même chose deux nuit auparavant. Cependant, Alexender ne pouvait pas récupérer ses forces aussi vite que lui-même. C’était les risques du métier.

- Heureusement que oui, sinon mon costume serait fichu…

Le lycan se dit alors que le Hunter ne savait pas ce qu’il s’était passé avec la demoiselle Thanas. Lui-même n’était pas au courant de la raison pour laquelle son ami était revenu de la Nouvelle Orléans, il venait seulement de prendre conscience que Alxendender devrait y être en ce moment. A cause de toute cette agitation, il n’avait pas eût le temps de se poser la question. Et alors qu’il voulait enfin la lui demander, le hunter y répondit.

- Tu me raconteras ça quand tu seras remit, t’as vraiment une tête affreuse… Dit l’aristocrate en ouvrant le passage. Pour le moment on va te soigner.

A peine avait-il finit sa phrase, que son ami tomba à genoux sur le parquet. Gaspard lui prit fermement le bras pour qu’il ne tombe pas plus bas, et le passa au dessus de son épaule. Il porta à moitié Alexender jusqu’à son fauteuil devant son bureau et l’y assit. L’aristocrate fit quelques gestes devant les yeux de son ami, mais il n’eût pas de réponse. Il lui mit une petite claque, qui eût seulement pour effet de faire dévier sa tête. Alexender était inconscient.
Gaspard se mordilla les lèvres, vraiment troublé par l’état du hunter. L’aristocrate profita qu’il soit dans les pommes pour regarder sa blessure. Apparemment, derrière tout le sang qui en coulait encore, il y avait une plaie très profonde. Il n’était plus temps de lambiner. Gaspard se mit en chemise, retroussa ses manches et partit vers ses nombreuses armoire. Il n’avait pas besoin de regarder dans le livret de son bureau pour trouver l’emplacement des médicaments, car il s’en était servi quelques nuits auparavant.
L’aristocrate partit les chercher et revint, les bras plein de pansements et de fioles étranges. Son bureau n’étant pas rangé, il poussa la moitié de son contenu sur le sol, et sans se soucier des feuilles qui volaient, Gaspard déboucha un flacon d’alcool puis en mit sur une compresse. Il se dit alors qu’il faudrait de l’eau pour laver la blessure. Ainsi, il laissa Alexender seul, dévala les escaliers et dérangea la cuisine ou il n’entrai pratiquement jamais pour trouver un récipient afin de le remplir d’eau. Il n’avait pas le temps de la chauffer, alors il remonta en faisant attention de ne pas trop en renverser sur son passage.
Enfin, il arriva à la bibliothèque et ouvrit la porte secrète.

Julia s'était réveillée en sursaut. La tête sur ses genoux rassemblés, elle s'était endormie quelques minutes. épuisée, elle se rendit compte qu'elle était assoiffée. Elle se leva et alluma une bougie. A la faible lueur de la petite flamme, elle trouva la cruche d'eau que lui avait laissé André lorsqu'il avait préparé sa chambre et se servit de l'eau dans un verre prévu à cet effet.

Ses pensées lui revinrent et elle frissonna: mais que faisait-elle ici ? Il fallait qu'elle parte ! Oui qu'importent les Vampires, qu'importe la pluie, c'était urgent qu'elle quitte les lieux ! Par la fenêtre elle voyait la lune entre deux gros nuages noirs répandre sa froide lumière d'argent sur leur sommet brumeux. Elle était ronde, presque parfaitement ronde...C'était pour demain soir...elle le savait....elle l'avait ressentit durant ces trois derniers jours et son cœur s'était accéléré encore plus aujourd'hui. Cette nuit, elle ne trouverait pas le sommeil: son état ne lui permettrait que quelques instant de repos. Fatiguée, elle l'était mais en réalité elle était bien plus énervée qu'autre chose. Sa conversation avec Gaspard lui avait fait oublié un moment sa situation mais l'arrivée de cet homme blessé l'avait condamnée à rester là et à songer à ce qui pourrait arriver. Ce n'était qu'à la pleine lune que son corps se transformait mais ses instincts revenaient avant...

D'un geste vif elle prit son manteau et le jeta par dessus son épaule. Elle couru à la fenêtre et l'ouvrit. Après s'être glissée sur le rebord, elle chercha un moyen de descendre mais elle était au premier étage et rien ne pouvait l'aider. C'était trop haut et son corps de femme ne lui permettait pas de sauter d'ici. Ne s'avouant pas vaincue, Julia referma la fenêtre et alla ouvrir discrètement sa porte. Dans le couloir elle enfila son manteau et à la lueur de la bougie qu'elle avait emporté avec elle, la jeune femme suivit le couloir et atteignit l'escalier sans rencontrer personne. Elle descendit quelques marches lorsqu'elle entendit du bruit derrière elle à l'étage. Elle souffla la bougie et fini de descendre les marche en courant aussi discrètement que possible.
Cachée derrière un grand vase, elle vit Gaspard descendre l'escalier à toute vitesse et disparaitre dans une pièce.
Essoufflée et complètement tétanisée sur le coup, Julia hésita: allait-elle sortir ou bien allait-elle voir Gaspard et lui parler ? Non c'était stupide jamais il ne l'aurait laissé partir ! Mais que faisait-il ? La curiosité de Julia fut trop forte: elle sortit de sa cachette pour aller voir ce que l'aristocrate était en train de faire mais à peine eut-elle fait trois pas qu'elle du se cacher de nouveau. Gaspard remonta les escaliers. Julia lui emboita aussitôt le pas et le suivit de loin après avoir posé sa bougie sur une marche.

Lorsqu'elle arriva dans la bibliothèque, la jeune femme faillit renverser un pot de fleur sur une colonne décorative mais heureusement ses réflexes étaient déjà en train de se surdévelopper. Elle redressa le pot sans bruit et vit avec stupéfaction Gaspard ouvrir un passage secret.

- Ha !

Les mains plaquées contre sa bouche, Julia n'avait pu retenir son cri de stupeur. Aussi elle s'approcha de son hôte les joues empourprées et lui fit une petite courbette.

- Excusez-moi Monsieur Sorel mais je...

Ses mots restèrent dans sa gorge trop confuse pour même regarder Gaspard dans les yeux. Ce qu'elle venait de découvrir était peut-être trop important pour lui...Soudain elle songea qu'il pourrait vouloir la supprimer pour cela et elle recula visiblement affolée.

- Excusez-moi je ne savais pas ! Je n'aurais jamais dû vous suivre...

Alexender remua et sa tête roula sur le côté du dossier du fauteuil sur lequel l'avait installé Gaspad. Lentement, il se réveillait. Il papillonna des yeux et serra les dents. Le Hunter venait de sentir la morsure de l'alcool sous son bandage et à fur et à mesure que sa conscience lui revenait, la douleur refaisait surface.

- Ahr...

Il grimaça et tourna la tête là où il venait d'entendre du bruit. Bientôt sa vision redevint nette et il pu voir Gaspard à ses côtés.

- G...Gaspard...Tu devrais dormir ou nourrir les poules...il doit être très tôt ce matin...

Alexender sourit et se redressa en grimaçant. Il porta une main à son épaule gauche et sentit avant de voir les bandelettes que l'aristocrate avait réussit à lui mettre.

- Hé bien...je ne te savais pas des compétences d'embaumeur...

Devant le regard de son ami, Alexender haussa les épaules et subit les conséquences involontaires de son mouvement.

- Ha ! Quel imbécile...

Après avoir pressé son épaule, il décida qu'il valait mieux qu'il n'y touche plus et posa ses mains sur les accoudoirs du fauteuil. Il reconnu la pièce dans laquelle il se trouvait: le bureau secret de Gaspard, son lieu de travail, sa cachette préférée.
Après un long soupir, Alexender sembla reprendre l'air mauvais qu'il avait en arrivant. Il posa son coude droit sur l'accoudoir et se frotta les yeux l'air fatigué.

- Combien de temps suis-je resté inactif ?

Cela avait toujours été chez Alexender: il avait horreur de la perte de temps et pour lui rester évanoui ou endormit était de la paresse ou de la faiblesse. Jamais il ne flânait hors de son jardin ou alors c'était en agréable compagnie et s'il organisait des bals le jour ce n'était pas uniquement par amour de la danse et des rencontres mais pour avoir quelque chose à faire. Lorsqu'il était seul chez lui, il passait son temps à étudier la philosophie et les sciences, à préparer des discours ou des sujets de discutions pour les salons mondains. La faiblesse...Ha comme il haïssait son état à ce moment précis !

La bougie se consumait lentement, tout comme le temps. Gaspard patientait, pas vraiment fatigué, simplement anxieux de l'état de son ami qui tardait à se réveiller.
Pendant que celui-ci dormait, l'aristocrate avait eût tout le temps de se calmer de son entrevue avec Julia. Maintenant il s'en voulait de l'attitude qu'il n'avait su réprimer. Il sentait qu'il était allé trop loin, mais d'une certaine manière, la jeune bourgeoise avait ainsi comprit qu'elle n'était pas chez elle. Surtout qu'espionner comme elle l'avait fait était tout sauf le comportement d'une Dame et réagir comme l'aristocrate l'avait fait était tout sauf le comportement d'un honnête homme. Demain, s'il lui en venait l'occasion, il s'excuserait de sa conduite. Mais comment expliquerait-il l'accès à une pièce secrète dans sa bibliothèque? Il ne savait si Julia était capable de garder un secret. A un moment, l'idée de la tuer lui vint à l'esprit, cependant il se dit que cela n'était pas la meilleure chose à faire, car on le soupçonnerait bien vite. Et puis, il n'avait aucune envie d'avoir le sang de cette bourgeoise sur les mains. Comment pourrait-il la faire taire? Il faudrait soit lui raconter la vérité, qui serait surement trop grosse pour son jeune esprit, soit lui raconter un mensonge bien élaboré, pour qu'elle n'ose en parler et qu'en même temps, elle ne se sente pas trop curieuse pour demander plus de détails. Le lycanthrope était perdu. Il pourrait bien sur mentir, mais restait à savoir quel sombre histoire il allait inventer. Il soupira. Voila ce qu'il advenait quand on voulait sauver une femme. Elle s'immisçait dans votre vie et n'en sortait que difficilement.
Quelques minutes passèrent encore, sans qu'il ait de pensées distinctes. Ce fut Alexender qui le tira de cet enchantement. Gaspard reporta son attention sur lui et attendit qu'il se réveille complètement.

- Les poules se nourrissent sans moi et cela depuis des siècles et oui, il est tôt.

L'aristocrate regarda son ami trifouiller à son bandage. Il sourit faiblement. L'absence de Alex et ses vieux commentaires lui avait étrangement manqué.

- A ce que je sache, tu n'es pas encore mort, même si tu n'es pas passé bien loin.

Le hunter haussa les épaules et fit un commentaire on ne peut plus véridique. Cependant Gaspard s'abstint d'acquiescer à sa remarque. Il bailla sans même prendre le soin de mettre la main devant sa bouche.

- Oumf... Quelques heures à peine. Je n'ai pas compté. Il regarda Alexender dans les yeux. Maintenant que tu es réveillé, peux-tu me dire pourquoi tu es si soudainement revenu de la Nouvelle-Orléans. Tu dois bien avoir une raison autre que venir voir la vieille loque que je suis devenu.

Gapsard se souvint encore que Alexender n'était pas au courant de ce qu'il s'était passé il y a trois nuits.

- Enfin, je t'expliquerais pourquoi je dis ça. Avant, allons manger. Je ne sais pas pour toi, mais toute cette agitation m'a donné faim. Il fit une pause. Tu es capable de te lever j'espère?

Il n'en doutait pas, mais préférait demander. L'aristocrate se leva et partit prendre une lampe à huile qui se trouvait dans un recoin de la pièce. Il l'alluma et se retourna vers son ami, la mine plutôt sombre.

- La demoiselle que tu as vue en entrant... Elle m'a suivit pendant que tu étais inconscient, c'était au moment où je remontais de l'eau, il dédaigna le récipient près de bureau, et a découvert cette pièce. Gaspard se passa une main dans les cheveux, soucieux. Je me demande bien ce que je vais lui raconter comme mensonge pour qu'elle n'aille pas crier sur tous les toits sa découverte.

Le lycanthrope ouvrit le passage, sans regarder au dehors, sans voir alors qu'une lumière s'éteignait dans la bibliothèque.

- Descendons.

Il s'approcha du hunter et lui proposa son bras, au cas ou il serait encore trop faible pour se déplacer seul. Gaspard savait qu'il détestait la faiblesse, mais son métier de chasseur était dangereux. Il fallait bien qu'un jour il se fasse pendre. Il n'était qu'un humain, vigoureux et intelligent certes, mais un simple humain contre des vampires sans coeurs pour beaucoup.
Les deux amis descendirent donc dans le petit salon et attendirent que le petit déjeuné fort matinal leur soit servit.

Alexender sourit à la réponse de Gaspard à son histoire de poule puis il prit un air réellement réjouit à la question qu'il lui posa.

- Ha ! Si je suis revenu de la Nouvelle-Orléan c'est parce que j'ai réussit, enfin, à débarrasser ma ville natale de ces foutus charognards !

Il leva le poing et serra ses doigts avec force tandis qu'un sourire triomphant se dessinait sur son visage tourmenté.

- Tous ! Je les ai tous eu un par un !

Le Hunter s'étendit dans son fauteuil et dit d'une voix plus calme:

- Il n'y a plus de serviteurs de ce Lilian...Enfin mon village est vengé...purifié...

Durant un instant, l'aristocrate sembla perdu dans ses pensées et à ses sourires sadiques, il était clair qu'il revivait quelque scène de tuerie. Il réagit seulement lorsque Gaspard lui proposa de manger.

- Oui c'est vrai que mon estomac gronde depuis hier...Allons-y bien sûr que je peux me lever !

Alexender se releva, fit une grimace et sembla attendre que ses sens réagissent pour entamer sa marche sans risquer de tomber.

- Je suis juste un peu fatigué...Cet enfoiré...Raa

Pendant que Gaspard prenait une lanterne, le Hunter continuait la discussion et vérifiait que son sabre était toujours à son côté:

- Une loque...ha mon pauvre ami que t'arrive-t-il donc pour que tu sois si dur avec toi-même ?

Alexender écouta Gaspard lui faire part de ses inquiétudes à propos de la jeune femme qu'il avait vu en entrant et ne lui en voulu pas le moins du monde de changer de sujet de conversation: il savait qu'il lui en parlerait tranquillement à table. Le Hunter fronça les sourcils:

- Ha oui en effet c'est un problème...Bah en même temps si tu dors avec elle comment veux-tu qu'elle te lâche ensuite ?

Au regard de Gaspard le jeune chasseur se rattrapa:

- Je rigole je rigole...

Tout en marchant, Alexender cherchait une solution à la situation:

- Un mensonge s'impose mon ami...A moins que tu ne veuilles te marier à elle, tu ne peux pas lui faire confiance. Mais d'un autre côté tu peux aussi ne plus en parler et la laisser sans explications. Après tout tu peux aussi lui dire que tu as là un bureau qui te sert à me soigner...Maintenant qu'elle sait ce que je fais...Qu'elle y croit ou non...ce serait proche de la vérité...

Le passage s'ouvrit et Alexender sentit aussitôt la chaleur et l'air confiné de la bibliothèque.

- Non merci ça ira, dit-il à son ami lorsqu'il lui tendit le bras.

Sans savoir que la jeune demoiselle concernée était dans la même pièce, il continua:

- Bon après tu peux la menacer mais ce n'est pas très gentleman...Gnh Après un grognement, Alexender porta à nouveau sa main sur ses bandages. Tu sais que c'est un humain qui m'a fait ça ? Avec un fleuret...Ces foutus Vampires emploient de plus en plus d'hommes pour se débarrasser de ceux qui les gênent dans leur plans infernaux...Hey mais t'as déchiré ma chemise ! Vil gredin !

Après une tape amicale sur l'épaule de Gaspard, le Hunter disparu dans le couloir avec lui et se rendit au petit salon.