L'Ombre de Londres
Bienvenue sur l'Ombre !

La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !

Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

Bon jeu !
L'Ombre de Londres
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Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...

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Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
 
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Seuil [25/06/42] [Comte Kei]

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Comte Keï
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Comte Keï
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MessageSujet: Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Icon_minitimeVen 10 Mai - 13:43

[HRP/ Suite de "Nouvelle Rage"./HRP]



Seuil

Comte Kei

"Au seuil d'une nouvelle existence,
Mon coeur palpite, saigne, balance :
Que dois-je faire face à la violence
De ces vils démons en transe ?"


Dans la salle de lecture
premier étage, aile Est
25 juin 1842.


Sous la pâle lueur de la lune gibbeuse, le grand marronnier du parc déployait son armature végétale tel un réseau de mains tendues vers leur destinée. Jirômaru songeait. Son esprit, emprunt de poésie nocturne, vagabondait entre les rameaux enchanteurs et les feuilles caduques hérissées de pointes. Son regard était celui d'un homme blessé, mortellement mélancolique.
Dans ses mains, un livre ouvert, abandonné sur son giron :
Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Un classique. Délaissées, ses pages s'étaient tournées toutes seules sous l'effet de la pesanteur et de la petite brise qui entrait par la fenêtre ouverte. Les fins rideaux de soie caressaient les arrêtes de cuir de l'ouvrage, comme pour inciter son possesseur à ramener son attention sur le précieux objet.
Le Comte respirait l'air chaud de la nuit qui venait de tomber. Des centaines de fragrances flottaient en son sein. Les odeurs du jour demeuraient et le vieux Vampire les absorbait avec nostalgie. L'odeur du soleil, qu'il ne reverrait jamais. L'odeur du marché désormais fermé. L'odeur des pavés martelés par des milliers de souliers. Toute l'effervescence des vivants sous le ciel bleu. Tous ces instants perdus, interdits, bannis de son existence à lui...

Le livre tomba. Dans un bruit mat, il heurta le tapis chatoyant dont les couleurs avaient disparu au coeur de l'obscurité qui régnait dans la pièce. Jirômaru tourna lentement son visage d'albâtre et laissa son regard glisser sur l'objet au sol. Il s'était refermé et présentait son dos dénudé.
Le vide. Était-ce ce qui allait désormais le définir ? Le Comte se passa une main sur le visage en grognant et se pencha pour ramasser l'ouvrage. Il l'observa sans bouger durant quelques longues minutes, comme pris de vertige. Puis, il l'ouvrit. Le hasard, ou la fortune, voulut qu'il l'ouvre sur la première scène de l'acte III.


BOTTOM. — Sommes-nous tous rassemblés ?

QUINCE. — Oui, oui ; et voici une place admirable pour notre répétition. Ce gazon vert sera notre théâtre, ce buisson d’épines nos coulisses ; et nous allons jouer la pièce tout comme nous la jouerons devant le duc.

BOTTOM. — Pierre Quince !

QUINCE. — Que dis-tu, terrible Bottom ?

BOTTOM. — Il y a dans cette comédie de Pyrame et Thisbé des choses qui ne plairont jamais. D’abord, Pyrame doit tirer son épée et se tuer. Les dames ne supporteront jamais cela. Qu’avez-vous à répondre ?

SNOUT. — Par Notre-Dame, cela leur fera une peur affreuse.

STARVELING. — Je crois que nous ferons bien de laisser la tuerie de côté quand tout sera fini.


Jirômaru soupira et referma le livre. Son regard reprit le chemin du parc.

- "Les dames ne supporteront jamais cela", répéta-t-il dans un murmure à peine audible. "Je crois que nous ferons bien de laisser la tuerie de côté quand tout sera fini..."

Un étrange sourire fendit la comissure de ses lèvres. Oui, il aspirait à la paix. Mais pour cela, il avait encore beaucoup à faire...
Abandonnant définitivement la pièce de théâtre sur une petite table, le grand Vampire s'enfonça dans son fauteuil. Un coude posé sur l'accoudoir moelleux, la tête dans sa main, il se mit à faire le bilan de la situation.

Sa première pensée fut pour Sarah, la belle héritière des Spencer. Il s'attarda sur leurs amours tumultueuses. Elles avaient été le point de départ d'une série d'événements fâcheux qu'il n'aurait pas eu à affronter s'il avait poursuivi sa quête sans se soucier d'elle. Pourquoi avait-il jeté son dévolu sur cette humaine ? La jeune femme était certes d'une beauté incomparable à ses yeux, mais c'était également une chasseuse de Créatures de la Nuit et une magicienne. S'il l'avait ignorée ou tuée, tout aurait pu être différent. Au lieu de cela, il l'avait attaquée, puis désirée, enlevée et tour à tour aimée et rejetée. Elle-même n'avait su prendre de position claire vis à vis de son agresseur : elle l'avait fui, sauvé, blessé, réclamé, rejeté...Elle l'avait sans doute aimé aussi. Jirômaru se plaisait à le croire en tout cas.
Doucement, sa main vint frôler son sternum où une légère cicatrice demeurait depuis que la belle avait laissé échapper dans son col un pendentif d'argent. Il sourit faiblement. Décidément, leur relation était étrange. Il l'avait même demandée en mariage avant de la libérer de son emprise. Et elle, qui chassait les Vampires, lui avait récemment demandé de la transformer, de lui offrir la malédiction de l'immortalité pour pouvoir vivre à ses côtés. C'était à devenir fou !
Sa main glissa sur sa hanche puis son genou droit. D'autres blessures, qui ne disparaîtraient jamais, étaient encore l'oeuvre de la chasseuse. Elle lui avait tiré dessus à l'arme noire des Hunters. Oui, elle était allée jusque là. Combien avait-il souffert de ces coups de feu ! Mais plus encore de son geste...


- Tu as été bien cruelle toi aussi...fit-il dans un soupir.

Où était-elle en cet instant ? Sans doute dans son lit, prête à se laisser aller au doux sommeil offert par la nuit. Pensait-elle à lui, parfois, dans les ténèbres de sa nouvelle vie ? Maintenant qu'elle ne souffrait plus de son ombre, elle était écrasée par celle de son défunt père et par celle de Vincento.
Le Comte serra les dents. Avait-elle trouvé son message ? Il était urgent qu'elle comprenne le rôle que tenait son fils. Il fallait qu'elle se protège ! Comment pourrait-il l'aider davantage, alors que Vincento surveillait tous ses faits et gestes et qu'il prenait un malin plaisir à considérer la jeune femme comme un précieux otage ? Sarantuyaa, Sarah, les Sept...il avait tant de cartes dans sa main !


Et lui, que lui restait-il à jouer ?
Jirômaru réfléchit. Il passa en revue ses alliés sur Londres.


Sébastian Anglestone avait un statut ambiguë. Malgré leur pacte, il avait brillé par son absence au théâtre lors de l'attentat des Hunters. Depuis, il s'était excusé et avait fait profil bas. Que mijotait-il en cette heure ? Cela faisait bien des mois qu'il ne l'avait pas revu...Compter sur lui était impossible.

Fiora Hagane, membre du Protectorat, avait tout bonnement disparu. Elle aussi avait eu un statut ambiguë. D'après ses sources, elle s'était enfuie après avoir compris qu'il était au courant de ses désirs de trahison. Sage décision qui lui avait évité l'emmurement. Un jour, il la retrouverait, si cela lui était permis, et lui ferait la peau.

Quant à Glen O'Sulliwan, son dernier amant en date, il avait également quitté la ville. Mettant un terme à leurs liens privilégiés pour vaquer à ses occupations personnelles, il avait laissé une simple lettre derrière lui. Jirômaru ne lui en avait pas tenu rigueur et avait accepté de le perdre. Leur belle histoire s'était ainsi achevée aussi soudainement qu'elle avait commencé. Le mettre en danger était hors de question.

Wynn Leichenhalle, le violoncelliste, s'occupait de l'éducation d'une jeune consœur. Il était parti lui aussi pour l'éloigner de Londres où elle avait prévu de sévir dans les hautes strates. Inaccessible donc.

La duchesse de Mehring et miss Runaway n'avaient plus donné de nouvelles et Jirômaru ne les connaissait que trop peu pour pouvoir leur demander de l'aide. La belle lady Orlov, elle, était simplement venue se présenter à lui.

De son côté, Chastity Stephenson était cachée et il était inimaginable qu'elle participe à cette guerre. Elle portait son enfant, son dernier enfant biologique, et devait à tout prix éviter de croiser la route de Vincento. A ses côtés, Agniès veillait et l'aidait à travailler sur les Blood Tablett et la dégénérescence des Vampires. Arnoldo les accompagnait. Le petit calice avait été sauvé de peu lui aussi.

Ludwig et les autres calices étaient là et pouvaient l'aider à transmettre des messages. Mais leurs moyens étaient limités et leurs gorges bien trop tendre pour éviter les drames s'ils se faisaient prendre. Ludwig était le seul que Jirômaru employait encore pour contourner l'attention de Vincento, même s'il risquait sa précieuse vie.

Que restait-il donc des Sept ? Huymann, Salluste et Arath étaient morts, Maria était passée à l'ennemi, Agniès était cachée, Marco et Manouk étaient détenus sous l'Opéra. Autant dire rien.

Jirômaru pensa alors à ses domestiques et notamment Cécilia Porter qui avait été tuée par Vincento et ses acolytes, mais aussi à Elwood encore en convalescence suite à leur attaque. Le Comte fronça les sourcils : il les vengerait tous.

Ses pensées sautèrent d'idée en idée et finirent par toucher du doigt Elias Fortunato, son médecin personnel. Le pauvre homme avait désormais oublié tout lien qu'il avait pu avoir avec lui, Jirômaru ayant pris soin d'effacer sa mémoire lorsqu'ils avaient appris ensemble que Chastity était bel et bien enceinte. C'était trop tard pour revenir en arrière et lui demander de jouer un rôle dans cette histoire. Quant à Liam Cooper, ce médecin qu'il avait rencontré dans les bas-fonds, il ne l'avait jamais revu.

Avec dégout, le Comte finit par penser à la Sorcière qui lui avait rendu son bras droit. Il conservait de leur entrevue une marque en forme de croissant de lune sur l'épaule droite, symbole de sa soumission à ses exigences loufoques, symbole de sa perte de fertilité. Qui servait-elle réellement ? Pourquoi exiger un tel prix ? Elle faisait partie de ces étranges personnages qui hantaient Londres et échappaient à son contrôle.

Cette fois, il pensa au Conservateur. Alastor Drake était susceptible de l'aider mais sa volonté de demeurer détaché des affaires vampiriques le rendrait particulièrement pénible à convaincre. Et puis, il avait permis à Veneziano de s'enfuir...


- Veneziano...pouffa le Comte.

Les Hunters...Veneziano, Von Ravellow...D'étranges idées germaient dans son esprit. Dos au mur, acculé comme il ne l'avait jamais été, Jirômaru commençait à songer à des solutions extrêmes.

- Je deviens complètement fou...fit-il en se levant soudainement.

Debout face à la fenêtre ouverte, les mains jointes dans le dos, le grand Vampire scruta à nouveau le parc.

Les seules personnes qui lui avait fait du bien ces derniers temps étaient de simples Humains : Sir Charles Barry, l'Architecte et Katherine Thornes, l'actrice qui jouait sa Cléopâtre. Barry était un ami précieux qui lui écrivait souvent et Katherine l'avait beaucoup touché par sa douceur et son jeu. Seulement, même s'il avait déjà songé à mettre Barry dans la confidence, il doutait que cela n'altère leurs liens. Et puis, il ne voulait pas le mettre en danger. Vincento s'y intéressait déjà à cause des lettres qu'ils échangeaient. Quant à Katherine, il ne la connaissait pas réellement. Que pouvait-il espérer d'elle ?

Jirômaru soupira à nouveau et s'appuya contre le rebord de la fenêtre. Que faisaient les Sectes pendant ce temps-là ? Le Sabbat avait été décimé mais Jirômaru savait que certains de ses membres étaient restés cachés dans la capitale et ses alentours pour pouvoir revenir un jour les hanter. La Camarilla, elle, était apparemment divisée en deux factions : une qui suivait Crimson dans son désir de dominer Londres et de le surpasser, et une deuxième qui demeurait plus ou moins neutre et dont quelques membres avaient accepté sa domination. Y avait-il de l'espoir de ce côté-ci ? Peu. Mais il fallait creuser la chose...


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MessageSujet: Re: Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Icon_minitimeLun 13 Mai - 21:08

Seuil

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Des pas dans le couloir. Pas de velours. Le Comte se détourna de la fenêtre et croisa les bras. Son regard fixa intensément la porte close. Quelques coups secs.

- Entre.

La poignée qui pivote sur son axe. Un visage familier.

- Permettez...

C'était Alphonse Oaken, l'un des domestiques. Il portait entre ses gants blancs un grand plateau oblong sur lequel tenait en équilibre un unique verre de cristal. Au creux de ses facettes, une lueur vermeille dansait.
Le Comte se réinstalla dans le fauteuil tapissé d'un brocart fleuri. Lentement, il tendit la main droite pour saisir le récipient que lui proposait humblement son confrère Vampire.


- C'est celui de miss Magdanel, fit l'homme aux cheveux d'ébène.

- Je l'ai senti de loin, répondit le Comte avant de tremper ses pâles lèvres dans le liquide encore chaud.

Alphonse observa son maître puis, voyant que ce dernier lui jetait un coup d'oeil par-dessus le cristal, il baissa les yeux. Jirômaru ne put s'empêcher de tiquer. Si Alphonse n'avait pas fait preuve d'impertinence quelques mois auparavant, il serait déjà promu membre des Sept pour remplacer Huysmann. Cependant, l'imbécile avait cru intéressant de laisser son aura l'écraser alors qu'il souffrait mortellement, et avait même osé s'opposer verbalement à lui. Il l'avait terriblement provoqué ce jour-là, presque défié dans son rôle de chef. Et ça...plus d'un aurait péri à sa place.

Arrivé à la moitié du verre, Jirômaru marqua une pause. Il croisa les jambes et obligea Alphonse à le regarder dans les yeux.


- Elwood va-t-il un peu mieux ? demanda-t-il doucement.

Alphonse parut gêné de croiser les iris grises de son maître. Il joignit ses deux mains et esquissa une courbette l'air navré.

- Monsieur Tempel et moi-même faisons tout pour que Monsieur notre majordome se rétablisse au plus vite. Mais...c'est un vieil homme et si ses blessures physiques sont déjà graves pour quelqu'un de son âge, ses blessures psychologiques nous inquiètent davantage...

Le Comte soupira. Il tenait beaucoup à ses domestiques et disciples. Elwood était un vieil Humain à son service depuis maintenant près de trente ans. C'était un homme à la main de fer dans un gant de velours. La crème des gentlemen, la bienséance même, un féru des règles les plus pointilleuses de la société anglaise. Procédurier, ferme, et néanmoins particulièrement paternel avec les domestiques placés sous ses ordres, il savait comme personne faire de la demeure un cadre d'exception. Sans lui, l'ensemble fonctionnait encore, évidemment, mais l'atmosphère des lieux, leur âme, disparaissait peu à peu.

- Faites au mieux.

- Bien sûr, Monseigneur.

Jirômaru vida sa coupe et l'abandonna sur le plateau que tenait toujours Alphonse.

- Maître...se risqua le domestique. Je pense que je dois vous informer...

Le Comte fronça les sourcils, soudainement inquiet de voir Alphonse aussi hésitant.

- Eh bien ? Parle ! grogna-t-il avec une pointe d'impatience.

Alphonse se permit de poser le plateau sur la table basse et de se rapprocher de son maître. Il jeta un regard vers la porte, comme pour être certain qu'ils étaient seuls, puis se mit à chuchoter :

- Miss Hamsfield va revenir au manoir dès demain.

Jirômaru sentit son coeur manquer un battement. La colère monta alors, sourde, brutale. L'idée de vengeance revint sinuer dans ses veines. Maria...Maria allait de nouveau se trouver à sa portée, Elle, la traîtresse à l'origine de toute cette grotesque mise en scène avec Vincento. C'était elle qui avait offert à l'infâme comploteur de le renverser et de prendre un malin plaisir à le tourmenter.

- Monsieur De Santis a ordonné qu'elle revienne pour l'assister ici dans ses affaires. Elle n'a pas pu refuser car il détient Monsieur Imker...

Un sourire presque sadique rendit la vie aux lèvres du Comte. Ah oui ? Elle savait donc ce que c'était que d'avoir les mains liées à cause d'un otage. Quel dommage pour elle...

- Il est prévu qu'elle reste dans l'aile Ouest, là où votre fils et ses...

- Ne l'appelle pas comme ça ! tonna soudain le Comte en se relevant.

Alphonse s'écrasa un peu sur lui-même et déglutit. Le grand Vampire lui faisait face. Il était tout près, trop près. Il pouvait même sentir ses longs cheveux d'argent lui caresser le bras.

- Je...Ou..Oui, Monseigneur. Je ne le ferai plus ! Pardonnez-moi ! fit-il dans un glapissement.

Le Comte se relâcha peu à peu et se laissa tomber de nouveau dans son fauteuil. Il avait senti la peur de son confrère et venait de comprendre qu'il avait quelque peu laissé échapper son aura. Alphonse mit une bonne dizaine de secondes à se sentir capable de continuer.

- Elle va s'installer où Monsieur De Santis et ses acolytes ont pris leurs quartiers.

Le Comte réfléchissait. Son regard s'était perdu dans le vide et ses doigts pianotaient sur les accoudoirs de son assise.

- Monsieur, prenez garde : vous venger d'elle, ici, serait...

- ...complètement idiot. Je le sais bien ! Je ne suis pas encore sénile au point d'accorder à ce misérable ce qu'il espère ! C'est un piège, un vulgaire piège ! Ce crétin veut me voir sortir de mes gonds, éliminer cette traîtresse, comme ça il pourra prendre cette excuse pour faire la peau à Sarah ! Je ne suis pas stupide, Alphonse.

Il ferait payer à cette garce en temps voulu. Pour l'heure, il allait la torturer autrement...

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MessageSujet: Re: Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Icon_minitimeLun 29 Juil - 16:21

Seuil

Comte Kei



Les heures s'égrenaient, lentement, invitant la lune à escalader les cieux pour répandre sa froide lumière sur les noctambules de ce côté-ci du globe. Jirômaru avait observé un temps ses pâles rayons s'inviter dans la bibliothèque. Ils s'étaient écoulés en minces filins d'argent sur le bord de la fenêtre, puis sur sa peau glacée, avant de toucher la table où reposait Shakespeare. Le lord s'était alors détourné du spectacle pour retourner à sa lecture abandonnée.
Plongé dans l'ouvrage qu'il connaissait par coeur, le vieux Vampire laissa ainsi ses sombres pensées se dissoudre et être remplacées par des vers d'anthologie. Il aurait bien le temps de songer à ce que son serviteur lui avait appris au sujet de Maria. Son ancienne maîtresse ne perdait rien pour attendre. Sans doute était-elle déjà pétrifiée à l'idée de le croiser dans un couloir...La peur, elle le savait, ne faisait que commencer...Jirômaru attendait simplement le bon moment pour frapper...

Vers 2h30, le lord referma
Songe d'une nuit d'été. Il demeura quelques minutes assis au fond de son fauteuil, sans bouger, comme pour réfléchir, avant de se lever et de ranger l'ouvrage dans sa bibliothèque. Ses longs doigts opalins caressèrent les tranches de quelques uns de ses volumes d'exception puis quittèrent définitivement la belle littérature que le Vampire affectionnait tant.
Etonné que Vincento ne vienne pas le tourmenter cette nuit, l'immortel appréciait la paix dont il jouissait. Les mains dans son dos, il se promena un peu dans la bibliothèque, frôlant de ses cheveux de neige les objets de collection. Il laissa ses yeux presque translucides d'abord courir sur les tableaux qui ornaient les murs lambrissés puis sur les fresques du plafond.
Les Métamorphoses d'Ovide y étaient exécutées dans le plus grand art. Jirômaru avait fait venir d'Italie des peintres qui auraient pu faire rougir Michel-Ange. Le Prince s'en félicitait à chaque fois qu'il entrait dans cette salle d'exception.

Le regard du grand Vampire passa des Danaïdes à Arachné et finit par toucher la représentation de Lycaon. Ce roi prétentieux, qui se croyait au-dessus de Zeus, avait été maudit par l'Olympien, condamné à se transformer en loup. C'était en partie de cette légende que provenait le mythe de l'origine des Loups-Garous. Jirômaru s'arrêta et observa attentivement chacun des détails qui constituaient cette formidable fresque. Sur la droite, Zeus en majesté, levait d'un geste impérieux son attribut, l'éclair, et foudroyait du regard son interlocuteur. Pointé du doigt par dessus la table de banquet à semi renversée, Lycaon était en pleine transformation. Châtié, il se tordait en tout sens, son visage canin déformé par une grimace de douleur et de rage. Ses mains griffues déchiraient son cou et son torse, arrachant une partie de ses vêtements sous-lesquels d'horribles touffes de poils noirs surgissaient. La scène était bestiale et pitoyable.
L'ancien samouraï tiqua. Parfois, il lui arrivait de plaindre cette sale engeance et de penser que les éliminer tous n'était pas la solution. Mais, sa part d'humanité, qu'elle soit sa faiblesse ou sa force, ne suffisait pas à l'adoucir complètement à leur sujet. A ses yeux, ils ne valaient pas grand chose, encore moins que les siens, et ils ne représentaient qu'un danger permanent pour les Humains qu'il défendait en secret.
Jirômaru songea à Sarah, encore, et se demanda ce que la jeune femme pouvait bien penser des Lupins. Elle les chassait sans aucun doute, mais les haïssait-elle vraiment ? Était-elle sensible à leur détresse ou, comme lui, ne voyait-elle en eux qu'un mortel danger à éliminer ?


"Le Bien et le Mal ne sont que des points de vue. Le jour où tu le concevras réellement, ton univers s'ouvrira."

Jirômaru serra le poing et ferma les yeux. Salluste le hantait encore. Après tout, cela ne faisait que deux mois que son plus fidèle acolyte était mort...

- Qu'aurais-tu fait maintenant, mon frère...?

Tourmenté par sa situation, Jirômaru replongea dans les méandres de ses pensées. Il fallait qu'il s'organise, qu'il soit particulièrement stratégique dans les mois à venir. S'il voulait sauver Sarah et Sarantuyaa, libérer ce qu'il restait des Sept et ramener son autorité au sein de la communauté vampirique, notamment anglaise, et s'il voulait pouvoir reprendre sa quête du Père et de la Mère, il allait devoir la joue fine. Il y avait tant de vies en jeu, tant de ressorts politiques qui découlaient de cette farce du destin ! Heureusement que Vincento ne semblait pas s'intéresser au pouvoir outre mesure et qu'il ne s'était pas encore mis en tête de jouer dans les plus hautes strates de la société ! Heureusement qu'il n'avait encore jamais évoqué la reine, tout occupé qu'il était à se venger de lui !
Le Comte se mit à tourner en rond comme un fauve enfermé dans une cage. Il se sentait pris dans un piège inextricable ! Comment allait-il parvenir à tuer son fils sans risquer de perdre tout ce qu'il possédait ? Ses sbires tenaient Sarantuyaa. S'il agissait directement, s'en était fini d'elle ! Il avait donc bien les mains liées. Même s'il tuait Vincento sur un coup de tête, sa fille était condamnée. C'était d'autant plus rageant qu'il le tuerait d'un battement de cil...Ce crétin insolent n'avait aucune réelle idée de l'étendue de ses pouvoirs...

Trois coups bien distincts furent frappés à la porte. Jirômaru s'arrêta net dans son agitation et se redressa. C'était Ambre.


- Entre...fit-il d'une voix légèrement éteinte.

- Maître, vous m'avez demandée ? interrogea la belle rousse en entrant.

Le Comte resta interdit. Il la fixa comme s'il sortait d'un rêve et ne parvenait plus à distinguer la réalité du songe.

- Je...Non. Répondit-il sur le ton de la surprise.

Sentant la détresse de son maître, Ambre referma la porte derrière elle et vint se placer devant lui. Elle n'hésita qu'une seconde avant de poser l'une de ses mains sur le bras du colosse blanc.

- Mon seigneur, vous êtes fatigué...

Le Comte reprit sa respiration comme un nageur qui remonte à la surface. Il fit pivoter son bras pour que sa main puisse saisir doucement celui de sa consoeur.

- As-tu tout entendu ?

- Non...J'ai plutôt "senti" votre appel.

- Je ne t'ai pas appelée.

- Je suis sensible à vos émotions. Je n'ai pas perçu de pensées claires, mon seigneur.

Jirômaru dévisagea la jeune femme comme s'il la découvrait pour la première fois. Le Don Obscur d'Ambre avait toujours été très particulier et la belle avait un sens de la communication extraordinaire. Mais c'était la première fois qu'elle lui expliquait qu'elle "sentait" ses émotions de loin.

- D'autres peuvent...

- Non.

Interrompu, le lord s'étonna de l'attitude de sa disciple. Ses grands yeux verts plongèrent dans les siens et le firent frissonner. Elle s'était rapprochée de lui et sa deuxième main était maintenant autour de son cou.

- Que t'arrive-t-il ? souffla-t-il avec inquiétude.

Les lèvres de la belle se tendirent vers les siennes tandis qu'elle pressa sa poitrine contre lui. Elle lui caressa le torse et l'invita à se pencher sur elle.
Alors, Jirômaru lui attrapa brutalement le cou d'une de ses mains de géant. Ambre émit un gémissement de surprise et de douleur en ramenant ses deux mains sur celle qui était désormais en train de l'étrangler. Le regard fou de colère, le Comte lui montra ses canines et la domina de toute sa hauteur. Ambre avait beau gesticuler, la poigne de son maître était trop forte. Déjà, le souffle lui manquait et son cou allait bientôt se briser. Le grand Vampire la ramena vers lui pour se retrouver nez contre nez.


- Tu iras dire à mon "fils" que ses petits jeux commencent à sérieusement m'agacer...fit-il entre ses dents.

Les larmes aux yeux, sa consoeur tenta de répondre mais elle ne pouvait émettre aucun son. Soudain, Jirômaru la jeta en arrière et la créature alla heurter brutalement la porte d'entrée. Hoquetant, crachant, la jeune femme reprit son souffle dans une série de borborygmes rauques. Alors, son apparence changea : ses cheveux ondulés devinrent lisses et bruns, ses yeux prirent la teinte des noisettes au printemps, sa taille se fit plus épaisse et toutes ses taches de rousseur disparurent.
Le Comte regarda la métamorphe avec une haine farouche. En deux pas, il fondit sur elle pour l'attraper par le col de sa robe, la souleva, ouvrit la porte et la jeta dans le salon adjacent avant de claquer la porte avec rage.


*********************

L'envie de tuer ne le quittait plus. Incapable de faire l'impasse sur l'affront qu'il venait de subir, Jirômaru ruminait sa colère. Vincento et ses imbéciles de sbires jouaient avec lui comme des enfants s'amusent avec un molosse enchaîné. Leurs coups de bâtons répétés le faisaient écumer de rage et, à force de tirer sur sa chaîne, il finirait par la briser. Mais il n'était pas idiot : c'était ce que cherchait son crétin de fils et il ne lui donnerait pas ce plaisir. Jamais.

De nouveau à la fenêtre, comme s'il manquait d'air, le grand Vampire plongea son visage dans une de ses mains. Il était au bord de la crise de nerfs. Observer le parc de son domaine ne suffirait plus à le calmer.
Il se dirigea vers la plus grande des fenêtres, l'ouvrit et en enjamba le bord. Il sauta ainsi lestement du premier étage et atterrit dans les gravillons du petit chemin en contrebas. La hauteur aurait brisé les jambes d'un humain normal mais, pour lui, ce n'était qu'un exercice enfantin.


*********************

Dans le parc du château.

Les sens envahis de mille et unes fragrances, Jirômaru s'était éloigné du château et errait désormais sous les hauts arbres du parc de son domaine. Sous un tilleul âgé d'environ 140 ans, la Créature de la Nuit rêvait à son avenir, ou du moins à celui de l'humanité. Une fois qu'il se serait débarrassé de son fils et de ses complices, il reprendrait la main sur les Sectes, trouverait le Père enfoui sous la capitale, le tuerait à son tour et chercherait la Mère avec d'autant plus de convictions qu'elle serait le dernier obstacle de la longue quête qu'il avait entreprise il y avait de cela plusieurs siècles. Enfin, il pourrait laisser les Hunters profiter de l'affaiblissement du Don pour faire la peau aux créatures surnaturelles et mourir dignement. Mourir...Combien de fois cette pensée l'avait-elle traversé ? Mais peut-on mourir sans avoir accompli ce pourquoi l'on vit ? Fallait-il tout abandonner pour obtenir cette paix si désirée ?

Des pas dans l'herbe couverte de rosée le firent sortir de son état de transe. Cette fois, la véritable Ambre lui faisait face. Elle était vêtue d'une robe blanche aux notes violines. Ses cheveux, portés librement, flamboyaient sous la lune qui perçait le feuillage dense du grand arbre.


- Bonsoir Maître. J'ai appris par Astorre la mascarade dont vous avez fait l'objet...Je suis navrée que cette femme ait pu vous tromper avec mon visage.

Jirômaru lui sourit doucement, malgré la résurgence de sa colère à l'évocation de la misérable scène dont il avait été victime.

- Bonsoir, Ambre. Répondit-il d'un ton neutre. Elle ne m'a pas longtemps trompée...ne t'inquiète pas.

Lentement, il vint à sa hauteur et la dévisagea pour se plonger dans l'éclat émeraude de ses yeux. Avec une tendresse affichée, il lui souleva le menton et se pencha pour l'embrasser. Aussitôt, Ambre le repoussa et recula d'un pas. Leurs lèvres n'avaient pas eu le temps de se toucher. Jirômaru éclata de rire. Ambre, elle, rougit et baissa la tête.

- Quoi ? Tu n'as pas envie de m'embrasser ? Demanda-t-il d'un ton emprunt de déception.

- Non. Enfin, si ! Mais...Je...Vous jouez ! Vous n'en avez pas envie ! Elle hésita. Si vous me le demandez, je ferais ce que vous voudrez.

Jirômaru fronça les sourcils. Il respectait énormément Ambre et s'agaçait de la voir servile.

- Ambre...Tu me connais. Je ne faisais que te tester.

- Je sais.

Le Comte tendit son bras à sa disciple et, ensemble, ils s'enfoncèrent dans le parc.

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Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Comte_16

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Seuil [25/06/42] [Comte Kei] Icon_minitimeSam 10 Aoû - 18:31

Seuil

Comte Kei



- Ne faites plus jamais ça...

Ambre s'était arrêtée. Le son de ses escarpins froissant l'herbe fraîche du parc firent tiquer le Comte. Son ton également. Ambre n'utilisait jamais l'impératif avec lui. Interloqué, le grand Vampire la dévisagea, un sourcil levé. Puis, face au regard accusateur de sa disciple, il s'adoucit, esquissant un sourire navré.

- Excuse-moi, Ambre...Je voulais être certain...

La belle actrice ne sembla guère conquise par ces excuses lacunaires et fit une moue boudeuse. Elle n'avait pas repris la promenade et ses grands yeux verts brillaient d'un éclat de défi.

Jirômaru soupira :


- Je te connais par coeur mais en ces temps troublés...Comment puis-je aveuglément m'appuyer sur vous alors que les uns meurent de ma main tandis que les autres me trahissent sciemment ? Tu sais bien que je doute déjà de moi-même...

Une ombre passa dans le regard de la belle rousse. Elle finit par baisser les yeux. Lentement, elle saisit les deux mains de son maître et les porta à ses lèvres pour les baiser avec douceur. Le Comte la laissa faire, même s'il n'était pas habitué à ce genre d'attitude venant de sa part.

- Vous pourrez toujours compter sur moi, maître. Et si je devais mourir en vous suivant, même si cela était de votre main, alors je serais heureuse de vous avoir servi jusqu'à la fin.

Jirômaru dégagea ses mains avec une pointe d'impatience et lui tourna le dos pour continuer sa route, seul. Le claquement qu'émit sa langue contre son palais matérialisa sa colère.

- Je déteste quand tu te soumets, Ambre. Fit-il dans un grognement sourd.

Alors que la belle avait amorcé un mouvement pour le suivre, il fit volte-face et l'attrapa par les deux bras pour la presser entre ses puissantes mains. Ses longs cheveux d'argent l'encadrèrent et son visage frôla le sien.


- Combien de fois t'ai-je dit que tu étais libre ? Libre ! Comment de fois ?! Ambre ne se débattit pas le moins du monde mais son visage recula un peu. Tu ne me dois rien ! Je veux pouvoir te faire confiance sans m'appuyer sur aucune soumission de ta part !

L'ancien samouraï s'adoucit soudain et desserra son étreinte. Ambre passa alors ses mains par-dessus les bras du lord pour inverser la prise. Froissant légèrement sa chemise sombre avec ses doigts d'une grande finesse, elle lui sourit avec chaleur.

- Alors laissez-moi être libre de vous suivre.

Exaspéré, le Comte s'affaissa un peu sur lui-même, laissant retomber ses larges épaules. Il baissa la tête, fatigué. La belle perdit son sourire.

- M'aimes-tu, Ambre ? demanda soudain l'ancien samouraï d'une voix lasse. Son regard s'était presque fait implorant.

Frappée par l'infinie détresse qu'elle percevait chez son maître, Ambre hésita. Elle ne comprenait pas le besoin qu'il avait de lui imposer autant de distance. Avait-il peur de créer un lien trop fort entre eux et qu'elle devienne une de ses faiblesses ? Avait-il peur de la briser en lui avouant qu'il ne pouvait l'aimer du même amour qu'il éprouvait pour Sarah ? Prenant son courage à deux mains, elle lui répondit d'un ton ferme et résolu :


- Je vous aime, oui, comme une disciple aime son maître, comme une femme aime un ami sage et protecteur, comme une soeur qui partage les plus sombres secrets de son aîné...

Jirômaru eut un rictus. Que savait-elle réellement de ses "plus sombres secrets" ? N'était-ce pas de l'orgueil de croire qu'il lui avait tout révélé de son passé, de ses aspirations et de ses desseins ? Ambre fit mine de n'avoir rien remarqué et continua :

- Pourquoi vous tourmentez-vous ainsi ? Pourquoi vous soucier autant des autres ? Jirômaru...Le Comte faillit reculer mais il la laissa finalement l'enlacer. Sa tête contre son torse, Ambre murmura : Laissez ceux qui vous aiment prendre un peu de votre fardeau. Cessez de culpabiliser pour les aléas de ce monde. Vous n'êtes pas responsable de tout ce qui touche vos proches. Nous connaissons les risques et nous les acceptons alors...acceptez nous tels que nous sommes et acceptez vous tel que vous êtes.

L'Irlandaise resta ainsi, lovée dans les bras du grand Vampire qui s'était figé. Elle patienta jusqu'à ce qu'elle sente son souffle dans sa nuque. Jirômaru laissa sa tête tomber sur l'épaule de la jeune femme et s'abandonna un peu. Les yeux fermés, il soupira, se libérant d'un poids qu'il n'avait pas imaginé.

- Je suis fatigué...gémit-il d'une voix éteinte.

- Vous avez besoin de repos et surtout de meilleure compagnie que ces vautours qui ont envahi votre domaine.

Le Comte sentit dans la voix d'Ambre une froide colère à l'encontre de Vincento et de ses mignons. Elle non plus ne supportait plus toute cette mascarade. L'air du manoir était devenu irrespirable.

- Je le tuerai...grogna le grand Vampire. Les dents serrées, il tremblait contre son épaule.

- Nous le tuerons, corrigea-t-elle.

*********************

Vers 3h30, le duo s'était assis sur un banc à l'ombre de la roseraie. Jirômaru observait les roses dont les boutons s'étaient en partie refermés à cause de la nuit. Il distinguait leurs différentes teintes, même s'il savait pertinemment que leurs nuances véritables étaient altérées par l'obscurité et son Don Obscur. De son côté, Ambre gardait les yeux fermés et respirait doucement l'air chargé de parfums.

- Te souviens-tu de la chaleur du soleil, Ambre ? demanda le Comte, emprunt de nostalgie.

L'actrice rouvrit les yeux et chercha la lune dans le ciel étoilé. Elle était pleine mais dissimulée par de nombreux nuages qui s'étiraient en lambeaux grisâtres au-dessus de leurs têtes.

- Je m'en souviens, mais c'est assez diffus...

Le Comte caressa du bout des doigts la tige d'un rosier, s'arrêtant sur chaque épine, chaque noeud que lui offrait la plante. Son coeur se serra.

- Cela fait 589 ans que je ne l'ai pas vu...

Ambre sourit, pleine de compassion. Elle posa une main sur son épaule.

- Je ne me souviens plus de sa chaleur, Ambre.

- C'est normal...

- As-tu déjà pensé à t'exposer à sa morsure ?

La belle rousse crispa un peu la mâchoire, craignant la suite de la conversation. Jirômaru avait toujours été pris d'excès de nostalgie, et cela était dangereux.

- Bien sûr, comme tous ceux de notre race, je suppose...Mais je ne le regrette pas vraiment. La lune nous renvoie sa lumière et la nuit est si belle elle aussi...

Jirômaru chercha à son tour l'astre de la nuit. Une pensée étrange le frappa soudain.

- Elle nous renvoie la lumière du soleil...Ambre...N'est-ce pas étrange qu'elle ne nous réduise pas en poussière elle aussi ?

- Mmm...J'ai déjà eu cette discussion avec Salluste. Il me disait que l'intensité de la lumière étant nettement inférieure nous y résistions facilement. De la même manière, nous pouvons sortir les jours de pluie et d'orage. Certains osent même sortir sous un ciel dégagé avec toute une panoplie de chapeaux, gants et capelines, mais le danger est bien trop élevé si vous voulez mon avis...

- Oui, je sais tout cela. J'ai eu le temps d'y penser. Mais...Et s'il y avait un remède ?

Ambre jeta un regard triste à son maître. Il lui avait souvent évoqué ce désir de retrouver la douceur du soleil sur sa peau. C'était ce qui poussait les Vampires à apprécier le plaisir de la chair avec les Humains : la chaleur. Même s'ils adoraient la fraîcheur et que les neiges les plus glacées du monde ne les dérangeaient pas, cette sensation leur manquait cruellement.

- Je doute sincèrement qu'il faille se raccrocher à ce genre d'espoir, Monseigneur, fit-elle avec une pointe d'amertume. Les progrès scientifiques sont importants depuis quelques décennies mais je ne pense pas que le Don puisse être dompté à l'aide d'une quelconque science...

- Et par l'Alchimie ? Tu sais...ces gens qui jouent avec les éléments ?

Ambre resta muette un instant, perturbée par le sujet. Jamais son maître n'avait évoqué l'Alchimie autrement qu'en des termes violents pour dénigrer cet "art" étrange. Allait-il réellement s'y intéresser maintenant ?

- Et pourquoi les Garous ne craignent-ils pas le soleil mais plutôt la lune ? Qu'est-ce qui différencie réellement ces deux astres et oppose nos deux races ?

- Maître...Vous devriez vous reposer. Ces questions sont intéressantes mais si complexes que...

- Tu crains ma mélancolie. L'interrompit le Comte d'un ton sec.

Ambre baissa la tête et ses yeux s'embuèrent légèrement.

- Oui...

Jirômaru la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il lui releva le menton et lui sourit sincèrement. Doucement, il l'embrassa sur le front avant de la serrer un peu plus fort contre lui, une de ses mains avait glissé dans ses longues boucles rousses pour presser un peu sa tête.

- N'oublie pas que j'ai une mission à accomplir...Rien ne pourra m'arrêter, pas même la nostalgie ou la mort.

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[HRP/ Fin du RP. Suite dans "L'audace d'une remontrance"/HRP]


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