La capitale vit dans le chaos : les Vampires complotent toujours, les Hunters s'allient et s'organisent, les Alchimistes se révèlent, les Lycanthropes se regroupent et les Loups-Garous recommencent à tuer !
Citoyen de l'Ombre, te voilà revenu dans nos sombres ruelles...
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L'Ombre de Londres
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Forum RPG - Londres au XIXème siècle. Incarnez Vampires, Loups-Garous, Lycanthropes, Homonculus, Chimères, Alchimistes, Hunter...et choisissez votre camp dans une ville où les apparences n'ont jamais été aussi trompeuses...
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Sujet: L'aube d'un nouveau jour [28/06/42] [Van-Michael] Jeu 26 Sep - 13:53
Du haut du London Bridge, l’aube naissante se levait encore timidement sur la ville de Londres, offrant, à sa vue un spectacle magnifique. Tout était encore calme et désert à cette heure du jour, les derniers noctambules avaient finis par déserter les lieux afin de regagner leurs logis, quand aux autres, ils n’allaient plus tarder à s’éveiller à leur tour pour démarrer leur pénible journée. Fermant les yeux pendant quelques minutes, Van se laissa bercer par le clapotis des vagues. Malgré l’odeur malodorante qui régnait et à laquelle il pensait bien ne jamais parvenir à s’habituer, Van parvint pendant un instant, à faire le vide autour de lui. Il pouvait sentir le vent humide s’engouffrer dans ses cheveux et soulever légèrement le pan de sa cape derrière lui. Que ce soit à proximité des docks ou du haut des nombreux ponts qui le chevauchait, Van aimait se trouver à proximité de ce long fleuve qui lui apportait un sentiment de bien être et de sécurité. Un sentiment qui pouvait paraître bien paradoxale pour quelqu’un qui fuyait la foule comme la peste sachant que la Tamise regorgeait d’activité humaine. On y tirait son eau, sa nourriture et son énergie sans oublier qu’il s’agissait d’une voie commerciale majeure. Pourtant il aimait ces lieux, il aimait s’y réfugier car le fleuve et ses abords malgré ses odeurs et ses dangers, lui apportaient cette sensation de sécurité et de liberté. Rien ni personne ne pouvait arrêter ce cours d’eau, car nul ne pourrait jamais le dompter,... ni l’enfermer.
Un frisson le parcouru lorsque l’obscurité des mines s’imposa dans son esprit. Une image issue d’un passé dont malgré tous ses efforts il ne parvenait pas à se défaire. Un frisson qui l’incita à ouvrir à nouveau ses paupières. Le vert de ses yeux balayèrent pendant un instant son environnement pour s’assurer qu’il était toujours seul et qu’il n’avait rien à redouter. Une fois conforté, il fixa son regard sur un point invisible à l’horizon, droit devant lui là où le fleuve ne faisait plus qu’un avec le ciel encore obscure. Bien qu’il n’avait jamais réellement quitté Londres et ses environs, il savait que le fleuve s’écoulait inéluctablement jusqu’à la mer du nord. Il lui aurait suffit d’embarquer à bord de l’un de ces nombreux navires marchands qui le traversait pour que le monde lui ouvre ses bras. Quitter Londres, parcourir le monde, c’était un projet auquel il avait, pendant un temps, sérieusement pensé. Ici, chaque jour passé dans cette ville mettait sa vie en danger. Si les alchimistes venaient à découvrir qu’il avait survécu, il ne faisait aucun doute qu’ils lui feraient amèrement regretter de ne pas avoir périt dans cette explosion qu’il avait lui-même provoqué, comme tout le monde le pensait. Il avait trahit et violé toutes les sacro-saintes règles des alchimistes sans l’ombre d’une hésitation tout cela pour asseoir ses seules ambitions et ses désirs de vengeances. Pire encore, il n’avait eut aucun scrupule à éliminer froidement quiconque osait se mettre en travers de son chemin, ce, même si ces personnes étaient eux aussi des alchimistes… ou des amis. Il ne faisait aucun doute que s’il avait le malheur de tomber entre leurs mains, son agonie serait indiscutablement aussi lente que douloureuse…
Alors, pourquoi rester ici où après tout, rien ne le retenait si ce n’était une mort certaine et de très mauvais souvenirs ? La réponse était évidente : parce qu’on avait besoin de lui. Il aimait prétendre être libre et sans attache mais dans le fond, il savait très bien que tout cela n’était qu’un mensonge de plus qui n’avait que pour seul but de s’en convaincre lui-même pour se rassurer. Mais la vérité était tout autre, il avait changé et désormais, des gens comptaient sur lui ici, à commencer par toutes les occupantes de « L’antre des anges » dont il était devenu le médecin attitré. Outre le fait qu’elles avaient besoin de lui pour ne pas se retrouver entre les mains de charlatant qu’il avait désormais la responsabilité de toutes ces pensionnaires, il s’avérait qu’étonnement lui aussi avait besoin d’elles. Accoudé contre la rambarde, un sourire fendit ses lèvres alors que sa tête s’inclinait vers le sol et que son regard se perdait à présent dans la contemplation de ces bottes. Parmi toutes ces personnes qu’il côtoyait désormais régulièrement, se trouvait quelqu’un en particulier qui avait bien plus d’importance à ses yeux que toutes les autres et cette personne n’était nulle autre qu’Azami, la tenancière de l’antre. Une femme à la fois fascinante et cultivée, aux multiples facettes, dont il était devenu l’amant. Oh il ne se faisait aucune illusion sur leur relation, il savait très bien qu’il n’était pas le seul mais il savait que pour Azami, il était spécial et ça lui suffisait. C’était un sentiment nouveau pour lui de se dévoiler à elle comme il l’avait fait. Il y avait quelque chose d’effrayant à se mettre à nu de la sorte, car même si ce n’était qu’en parti, les quelques révélations qu’il lui avait faite à son sujet le mettait en danger et de ce fait, le rendait vulnérable. Mais paradoxalement c’était aussi grisant et réconfortant d’avoir enfin une personne auprès de laquelle il pouvait se confier et s’appuyer. D’ailleurs, elle était la seule personne à qui il avait révélé son véritable prénom. Pour tous, il était le Docteur Liam Cooper, c’était l’identité qu’il avait prise lors de ce qu’il appelait sa renaissance. L’alchimiste Van Collins n’était plus… sauf pour Azami.
Qui plus est, s’il avait bel et bien commis des erreurs, qu’il les reconnaissait et les regrettait, du moins pour la plupart d’entre eux, s’il voulait avancer et avoir un avenir, il devait les assumer pour ne plus jamais les répéter. Van voulait croire en la rédemption, et s’il avait parfaitement conscience qu’il ne pouvait pas effacer le passé, ni le mal qu’il avait pu faire, il espérait au moins, pouvoir racheter ces pêchés et une partie de ces crimes en se consacrant à ceux qui en auraient le plus besoin. Aujourd’hui, il offrait ses services en tant que médecin aux plus démunis en échange de ce que ces derniers pouvaient lui offrir. Il n’était pas regardant, cela pouvait être un bol de soupe, un toit où dormir, de l’argent s’ils en avaient mais pour ce dernier cela restait assez rare. Très souvent, ces miséreux ne pouvaient rien lui offrir en échange de ses services, si ce n’était le peu qu’ils possédaient alors Van les aidait sans leur demander quoi que ce soit en retour. Cela faisait un an à présent qu’il vivait ainsi et il avait conscience que face à sa générosité et son dénuement, certains le prenaient pour un Saint… s’ils savaient ! Il n’avait rien d’un Saint et au moment du jugement, il finirait en enfer. Son regard se leva à nouveau sur le vaste ciel qui s’étendait devant lui. Sous les teintes ocres et vermeilles, le ciel nocturne paraissait s’être embrasé, comme si les cavaliers de l’apocalypse s’apprêtaient à fendre le ciel pour descendre sur terre. Dans le fond, soupira-t-il dans un sourire amer, Londres, n’était-il pas déjà un avant-goût de cet enfer qui l’attendait ?
Les révélations que lui avaient faites Jun, mais également cette femme Gabrielle, continuaient de résonner en lui. Jamais il n’aurait cru une seule seconde à ces fariboles s’il n’avait pas été lui-même confronté de prêt à tous ces récits. Le premier, Jun, était lui-même l’une de ces créatures que l’on aurait pu penser sorti tout droit de la littérature fantastique, un vampire âgé d’un demi-millénaire. Il avait eut droit à un petit aperçu de ce dont ils étaient capables, pourtant, à aucun moment il ne s’était senti en danger en sa présence, excepté lors de l’arrivée de cet homme à la peau d’ébène, Manouk. Jun lui avait également beaucoup apprit sur la manière de combattre ces créatures. Van devait bien le reconnaître, il avait apprécié leur échange et Jun, bien que très affaiblit au moment de leur rencontre, c’était avéré un être... fascinant. Un vampire qui chassait les vampires… Voilà qui devrait faire un allié des Hunters, cet ordre de chasseurs dont lui avait parlé Gabrielle, cependant, si Van était bien des choses, il n’était pas pour autant naïf. Bien que Jun et les hunters avaient des objectifs communs, ils restaient des ennemis par nature, et finiraient tôt ou tard par s’entre-tuer… Curieusement, il espérait que le moment venu, Jun parviendrait à s’en sortir. Il ne s’inquiétait cependant pas trop pour le vieux vampire, tout au fond de lui, quelque chose lui disait que le jour où Jun mourrait ce serait quand lui, en aurait décidé ainsi, et certainement pas avant. Mais les vampires n’étaient pas les seules créatures dont il venait de découvrir l’existence et dont il devait à présent se méfier. L’existence des loups-garous lui avait été révélé par Gabrielle dont il avait croisé la route lors de l’une de ces nombreuses balades nocturnes où il errait sur les quais. L’existence de ces créatures que l’on pourrait penser tout droit échappés de la bouche même des enfers, consistaient une menace qu’il ne fallait surtout pas sous-estimer tant leurs forces et leurs pouvoirs n’étaient surtout pas à négliger, même pour quelqu’un comme lui.
Il devrait en avoir peur pourtant sa curiosité naturelle l’emportait sur ce sentiment, malgré lui. Il avait envie d’en savoir plus sur ces créatures qui vivaient parmi eux. Il espérait même croiser à nouveau la route de Jun et engager avec lui cette fameuse partie d’échec. Van avait bien conscience que la curiosité était incontestablement un vilain défaut, il avait payé cher pour le savoir, mais il fallait croire que ça ne lui avait toujours pas servit de leçon. Il avait eut de la chance jusqu’ici, mais un jour, à trop la mettre à l’épreuve, elle pourrait bien finir par se retourner contre lui. A trop jouer avec le feu, on finissait par se brûler… Cela avait bien faillit se produire du reste, le jour où il avait manqué de prudence et que deux alchimistes l’avaient reconnus dans cette petite pharmacie. Ils l’avaient suivi avant de le coincer dans une ruelle peu fréquentable. Van était parvenu à en réduire un au silence quand au second, il avait bien faillit avoir sa peau, mais sa bonne étoile ne l’avait pas encore quitté et cet homme fut éliminé tout aussi sûrement que son partenaire, à la seul différence que ce n’était pas par lui… Non sa survit, il la devait à une femme peu commune. C’était ainsi que sa route avait croisé celle de cette femme surprenante du nom de Katherine. Une femme qui était intervenue et l’avait protégé parce qu’il était en difficulté. Toutefois, il ne faisait aucun doute que si elle avait eut tous les éléments en main, si elle avait su pour quelle raison ils avaient essayé de le tuer, ce n’était sûrement pas lui qu’elle aurait choisi d’aider. Sa courageuse intervention lui avait certes sauvé la vie mais cela ne s’était pas fait sans dommage pour elle, qui avait été sévèrement blessé au cours de sa lutte. Van s’était alors à son tour occupé d’elle, et ils avaient eut le loisir de faire un peu connaissance. Bien sur, il n’avait pas tout à fait été honnête avec elle, se gardant bien de lui révéler qu’il connaissait ses agresseurs et se présentant à elle sous sa nouvelle identité. Il lui arrivait souvent de penser à elle, particulièrement après sa rencontre avec Gabrielle, car tout comme elle, Katherine était une femme forte qui savait se battre, ce qui n’était pas commun, il fallait bien le reconnaître. Se pouvait-elle qu’elle appartienne elle aussi à cette confrérie de Hunters ? Plus il y pensait, et plus ça lui paraissait plausible, mais il n’en saurait jamais rien car il était peu probable que leurs routes se croisent à nouveau.
Alors quitter Londres ? Oui, il y avait pensé, mais il savait qu’il n’en ferait rien. Plus aujourd’hui. Il y avait désormais beaucoup trop de choses et de personnes qui le rattachaient à cette ville. Fuir n’avait jamais été dans sa nature, et s’il devait périr à cause de ses crimes qu’il en soit ainsi. Il était prêt à l’accepter mais ça ne se ferait pas sans conséquence. S’il on voulait sa peau, il fallait être prêt à en payer le prix. Se détachant de la rambarde, il s’apprêtait à s’en aller lorsque le bruit d’une bouteille vide, roulant sur les pavés le figea sur place. Immobile pendant un instant, il referma sa main droite sur le manche de son couteau avant de jeter un œil par-dessus de son épaule. Ce qu’il vit alors le détendit et le soulagea presque instantanément. Un jeune chaton sorti de l’ombre et poussa un petit miaulement tout en donnant un nouveau coup de patte sur la bouteille qui roula à nouveau dans sa direction. Relâchant son arme, Van s’accroupit devant le petit félin et tendit sa main vers l’animal qui le renifla pendant un instant sans trop de méfiance avant de se laisser attraper. Se relevant doucement, Van sourit à l’animal tout en plongeant son regard dans le sien.
- Alors c’est toi qui fait tout ce boucan ? Non ce n’était pas seulement lui… il pouvait sentir une autre présence dans son dos. Van lâcha le chaton qui bondit de ses mains avant de disparaître en se fondant dans les ombres inquiétantes de la nuit. Ami ou ennemi, il n’allait pas tarder à le découvrir.
Michael Nadasdy
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Sexe : Nombre de messages : 9 Date d'inscription : 21/09/2024 Race : Lycanthrope Classe sociale : Aristocrate - Duc de Somogy Emploi/loisirs : Hunter - Majordome au service de la Comtesse Thornes Age : 432 ans Age (apparence) : 33 ans Proie(s) : Vampires, Loups-Garous, Assassins, Créatures immondes et surnaturelles Entité n°2 : Puma noir - Kura Crédit Avatar : A venir
Sujet: Re: L'aube d'un nouveau jour [28/06/42] [Van-Michael] Lun 30 Sep - 12:22
Les mains dans les poches, le Lycanthrope déambulait dans la ville. La nuit avait recouvert les habitations comme un couvercle au-dessus de la population. Son épais manteau noir faisait scintiller de mille feux les lanternes incandescentes. Là, dans cette obscurité, les capes des nobles et les guenilles des plus pauvres apparaissaient sous un nouveau jour. Les dentelles n’étaient plus aussi somptueuses et les tissus de soie et de satin n’apparaissaient plus aussi brillants et luxueux. La main gantée du jeune homme se glissa dans ses cheveux, repoussant vers l’arrière quelques mèches rebelles qui avaient pris l’habitude de caresser ses joues. Au loin, quelques mélodies, jouées à l’accordéon et à l’harmonica allégeaient l’atmosphère plombant de la ville ensommeillée. Les derniers badauds encore ivres dans les bars n’allaient pas tarder à rentrer chez eux ou partir travailler, le cœur encore ivre de leurs boissons abrutissantes.
Ses yeux verts perçants ce voile sombre se posa sur l’horizon. Doucement les lueurs matinales commençaient à poindre. Ce qui était quelques minutes auparavant étouffant devenait désormais fort agréable et voilà que quelques agents de mairie se déplaçaient de lanterne en lanterne afin de les éteindre. Michael les observa faire, le cœur lourd. Il ne savait pas encore comment il avait eu la force de marcher, le courage de la laisser. Après ce qu’elle avait fait, il craignait de la retrouver sans vie. La veille, Katherine avait attenté à sa vie. Le pistolet sur la tempe, elle avait tiré une fois, s’apprêtant à appuyer une seconde fois. Heureusement, Michael était intervenu et lui avait ôté l’arme des mains. « Ne me quitte pas » avait-il alors pensé si fort… La gorge nouée, il baissa les yeux. Quelques larmes se mirent à rouler le long de ses joues. Il avait failli la perdre. Cette perspective détruisait en lui chaque fragment de son être. Ses entités s’étaient pourtant voulues rassurantes et c’est Kura qui, sagement, lui avait suggéré d’aller marcher afin de décompresser. Katherine s’était profondément endormie et ne devrait pas risquer une nouvelle fois le suicide.
Durement, un premier rayon agressa ses pupilles. Le Lycan ferma un instant les yeux et se détourna. Il était fatigué et surtout très inquiet. Son cœur se serrait un peu plus à chaque pas qu’il faisait. Qu’était-il parti chercher ? Du réconfort ? De la tranquillité ? De l’aide ? Pour la première fois depuis des décennies, le Hongrois se sentait perdu, désœuvré. Katherine n’arrivait pas à remonter la pente et malgré tous ses efforts pour lui arracher un sourire et soigner son cœur, elle se perdait dans les méandres de sa mélancolie. Si, lui, s’était fait une raison quant au temps qui passe et à la Lutte, elle, n’avait jamais réussi à apprécier les ravages des siècles.
A côté de lui, un enfant passa en sautillant, une liasse de journaux dans les bras. Il partait les distribuer. Gentiment, le majordome l’arrêta. Il lui tendit une pièce et récupéra un exemplaire qu’il feuilleta rapidement avant de l’enrouler et de la garder à la main. Il avait pris l’habitude de lire les nouvelles dès le développement de la presse. C’était important pour lui de se rattacher à l’instant présent, de s’ancrer dans une réalité qui ne leur appartenait qu’à peine. Petit à petit quelques portes s’ouvrirent laissant passer des pères de famille partis travailler afin de ramener quelques pièces pour leur foyer. Au loin, deux jeunes gens marchaient. L’un d’eux sautillait déjà, apparemment heureux de commencer cette nouvelle journée. Le plus jeune percuta alors le bras du noble et le plus âgé grogna de mécontentement :
- Excuse-toi, Nat.
Le garçon s’inclina expressément :
- Excusez, Messire.
- Ce n’est rien, bonne journée Messieurs.
Un sourire fendit les lèvres du Hunter. Cette jeunesse innocente et inconsciente lui manquait. Mais l’avait-il un jour été ? Avec un léger salut, les deux ouvriers passèrent leur chemin. Les pas du chasseur le menèrent jusqu’au Pont de Londres d’où il put admirer le soleil se lever gracieusement. Les rayons s’étaient faits déjà plus persistants et tentaient de percer l’épaisse couche de brouillard qui étouffait la ville depuis son industrialisation. Telle une ombre, Michael se déplaçait sans bruit ou presque, vilaine habitude tirée de son félin et qui pouvait en surprendre plus d’un. Dans ce clair-obscur, un homme laissa s’échapper un petit chat qu’il tenait entre ses mains.
* Eh ! Tu l’as reconnu ? C’est ton ami !* * Mmh, mon ami ?* * Mais si ! Il a la même cape* * Tu sais, beaucoup d’hommes portent des capes* * Oui mais la sienne, elle a cette petite tâche en bas ! * * Tu as raison !*
Le Lycan fit quelques pas et se plaça à ses côtés :
- Je ne savais pas que vous aimiez les chatons, Liam ! La ville en regorge si vous souhaitez vous plonger dans l’adoption d’une de ces petites boules de poils. Ses yeux trouvèrent les siens. Michael était fatigué c’était évident. Il n’avait pas dormi de la nuit et la précédente n’avait pas été plus reposante. Cependant, heureux de le retrouver, il lui tendit la main et lui offrit un sourire chaleureux :
- Comment allez-vous ? Je ne pensais pas que vous étiez aussi matinal. Enfin, vous partez peut-être travailler. Je ne veux pas vous retarder.
Le jeune homme sortit une boite à cigare de son manteau et en ouvrit le couvercle. Il en sortit un puros, compagnon silencieux des moments précieux et craqua une allumette afin d’en enflammer l’extrémité. Les feuilles brunâtres se consumèrent doucement tandis qu’il portait le cigare à ses lèvres. Il en prit une bouffée puis relâcha la fumée lente, épaisse et sinueuse. Elle couvrit son nez et enveloppa les deux hommes d’une odeur empreinte de bois. Chaleureusement, il lui tendit sa boite et souffla :
- Prenez-en un, ils sont de La Havane. Inspirant une nouvelle fois, il relâcha la fumée tout en continuant : Comment allez-vous ? Je n’ai pas eu le loisir de vous recroiser depuis la dernière fois… Je m’estime chanceux que nos chemins se rejoignent à nouveau. Liam était un médecin fot agréable que le Lycan avait rencontré lors de son passage dans une auberge. Autour d’un verre, les deux hommes avaient discuté, ils avaient sympathisé avec beaucoup de légèreté avant qu’une bagarre entre badauds ne les coupe et remette à plus tard la suite de leur conversation. La soirée avait été des plus tumultueuses, s’en était suivi une étrange altercation durant laquelle Liam avait usé d’une drôle de magie. Un étrange sentiment de bien être l’envahit. Michael faisait confiance à cet homme, ils s’étaient battus côte à côte. Soudain, il réalisa une chose et se tourna vers lui :
- Vous tombez à pic, Liam ! Si cela ne vous dérange pas… j’aurais grand besoin de votre aide. Vous êtes médecin, c’est bien ça ? Sa gorge se serra.
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Van Collins
Citoyen habitué
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Sujet: Re: L'aube d'un nouveau jour [28/06/42] [Van-Michael] Mer 2 Oct - 19:30
La silhouette, de cette présence qu’il avait senti dans son dos, se détacha lentement des ombres de la rue, sans chercher à se dissimuler dans la pénombre ambiante, ni précipitation aucune. Son attitude n’avait rien de menaçant mais Van, qui n’avait pas bougé d’un pouce, préféra rester sur ses gardes. Son éphémère petit compagnon avait, quand à lui, détallé rapidement, comme apeuré par cette présence qui ne paraissait pourtant pas hostile. Pour sa part, il n’avait aucune raison de fuir ou de s’en aller, après tout, normalement personne ne le recherchait et puis il aurait fallu une excellente vu à cet homme pour parvenir à l’identifier de là où il se trouvait, il n’avait donc a priori, aucune raison de le redouter. De toute manière, même s’il l’avait voulu, Van n’aurait pas pu aller bien loin car l’homme avait surgit de nulle part avec la discrétion d’un félin. Il n’était qu’à quelques mètres à peine de lui lorsqu’il avait perçu sa présence. A qui appartenait cette silhouette qui s’approchait ainsi, le pas mesuré ? Etait-ce quelqu’un qu’il connaissait ou un simple passant ? Le peu de lumière qui éclairait encore la ville, ne lui permettait pas de voir son visage. Cet homme se déplaçait avec beaucoup de discrétion sans pour autant chercher à se dissimuler, bien au contraire. Ce ne fut qu’une fois arrivé à sa hauteur que Van pu l’identifier et le reconnaître avec un certain soulagement, il était certain, mais aussi de la surprise dans le regard et surtout un réel plaisir. Un sourire se dessina sur ses lèvres fines en reconnaissant l’homme qui se tenait à présent devant lui. Face aux premières paroles que l’homme prononça, son regard se perdit en direction de la ruelle que le petit chat avait emprunté avant de disparaître dans les ombres du jour levant. Reportant à nouveau son attention sur son interlocuteur, il lui sourit avec gentillesse
- Non, je ne peux pas m’occuper d’un animal,…
Pour autant, ça ne lui déplaira pas d’avoir un peu de compagnie, chat ou chien peu lui importait, il n’avait pas réellement de préférence, mais il ne voulait pas que qui que ce soit, et c’était encore plus vrai pour un animal, dépende de lui. Pas avec la vie qu’il avait choisi de mener, alors il n’était pas certain de pouvoir rentrer chez lui
- Et puis, personne ne devrait être privé de sa liberté, pas même un animal, fut-il un chat.
Etre enfermé, privé de liberté, dépendant du bon vouloir d’un maître… il ne souhaitait cela à personne et surtout pas à un animal qui avait prit l’habitude d’aller où bon lui semblait. Relevant son regard sur son vis-à-vis, il observa l’homme qui lui faisait face un peu plus attentivement. Comparé à la dernière fois où ils s’étaient rencontrés, Michael paraissait étrangement éprouvé et fatigué. La nuit semblait avoir été longue pour lui. Comme si Michael souhaitait couper court à ses observations personnelles, il lui tendit une main amicale que Van s’empressa de serrer dans un échange de poigne ferme et fraternelle.
- Vous ne me retardez en rien, je n’ai aucune obligation envers qui que ce soit si ce n’est moi-même. Et pour répondre à votre question, je ne suis pas réellement matinale, c’est plutôt l’inverse à dire vrai, je suis insomniaque. De toute manière, cela fait beaucoup trop longtemps depuis la dernière fois que l’on s’est vu pour que je me prive déjà de votre compagnie alors que nous venons à peine de nous retrouver.
Une lueur complice traversa le vert de son regard, une lueur que Michael était le seul à pouvoir comprendre. Leur rencontre n'avait rien eut de ce que l’on pouvait appeler de « conventionnelle ». Mais c’était indéniablement grâce à cette dernière qu’il en était ressorti cette confiance qu’il éprouvait à son égard. Van n’avait jamais fait spontanément confiance aux gens, tout d’abord parce qu’on l’avait trahit très jeune et aussi parce que Brain lui avait enseigné que c’était là une faiblesse et qu’il valait mieux être celui qui trahit que celui qui se faisait trahir. Bien qu’il avait complètement changé de perspective à ce sujet, qu’il apprenait à se montrer plus ouvert avec les autres désormais sans plus chercher à obtenir quelque chose en retour, la confiance demeurait quelque chose qui se méritait et cela prenait du temps pour établir ce genre de lien, particulièrement pour quelqu’un comme Van, qui avait été recherché. Michael cependant, fut cette exception qui confirmait la règle, et ça, il le devait au fait qu’ils s’étaient battus côte à côte.
- Je vais bien merci et vous-même ? Le questionna-t-il en plongeant son regard dans le sien, comme s’il cherchait à lire en lui.
Michael paraissait clairement éprouvé. Avait-il des soucis ? Tout portait à le croire et Van en était navré pour lui. De ce qu’il savait de lui, Michael n’était pas le genre d’homme à se plaindre alors si quelque chose le préoccupait c’est que ce n’était pas anodin, mais peut-être ce dernier ne se sentait pas l’envie, ni peut-être même le courage de s’en ouvrir à lui. Après tout, il avait sûrement des amis plus proches de lui qu’il ne le serait jamais, de plus, lui-même préférait garder ses propres préoccupations pour lui-même. Si Michael faisait le choix de prétendre que tout allait bien, alors il ferait comme s’il n’avait rien remarqué. Il n’insisterait pas et acquiescerait à son mensonge. Cependant, plutôt que de lui répondre ou de lui mentir, Michael ignora sa question et lui proposa un cigare. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Van qui déclina son offre, comme la première fois, dans cette taverne où il lui avait proposé un verre d’alcool.
- Je vous crois sur parole, lui assura-t-il alors que son ami lui vantait la qualité de ces derniers, mais je ne fume pas non plus. Je dois vous paraître bien ennuyant, plaisanta-t-il tout en s’accoudant à nouveau sur le rebord de pierres qui encadrait le pont.
Ne pas boire, ne pas fumer,… Van fuyait la moindre dépendance comme la peste. Il devait constamment rester en alerte, il ne pouvait pas se permettre de laisser l’alcool ou quoi que ce soit d’autres amoindrir ses sens et sa réactivité. Déjà que les effluves de l’opium qui embaumaient l’antre des anges avaient eut raison de lui au point de lui faire perdre connaissance… Aujourd’hui, il commençait à peine à s’habituer et à montrer de légers signes de résistance à son parfum qu’il ne faisait pourtant qu’inhaler indirectement.
- J’imagine que nous étions très occupés l’un comme l’autre, chacun de notre côtés…. C’est vrai que nous sommes chanceux, approuva-t-il cependant dans un franc sourire, Londres est si vaste, nous aurions très bien pu ne jamais nous recroiser. Je suis bien heureux qu’il n’en soit rien.
Alors qu’il s’apprêtait à lui demander s’il vivait dans le quartier, ou à défaut, quelle bonne fortune l’amenait jusqu’ici, il n’en n’eut pas le temps car son ami le devança en prenant la parole le premier. Michael semblait s’être souvenu de quelque chose le concernant et c’est avec une certaine surprise dans le regard que Van l’entendit lui réclamer son aide. S’il ne faisait aucune doute que Van aurait accepté de lui en venir en aide les yeux fermé, dans la mesure de ses moyens, ce n’était pas à l’homme que Michael s’adressait en cet instant mais au médecin.
-Vous êtes médecin, c’est bien ça ?
Van le fixa avec stupeur. Pourquoi avait-il besoin d’un médecin ? Et surtout pourquoi lui ? Michael avait les moyens de payer n’importe quel médecin de la capitale, il le savait. La personne qu’il servait vivait dans le confort et les habits qu’il portait reflétait son statut social, alors… pourquoi lui ?
- Oui, répondit-il malgré tout. En effet.
Du moins, Liam Cooper, cette nouvelle identité qu’il avait choisi d’endosser pour fuir son passé, l’était. A aucun moment il ne s’agissait d’un mensonge éhonté ou d’une usurpation d’identité. Bien qu’il n’ai jamais obtenu le moindre diplôme dans cette science, Van avait étudié la médecine probablement autant que l’alchimie et il avait toutes les compétences requises auxquels un homme de médecine pouvait prétendre. Il ne s’agissait pas de prétention ou d’orgueil mais il pouvait l’affirmer sans rougir qu’il était tout aussi compétant dans ce domaine que n’importe quel médecin diplômé, ou du moins, presque. Il avait ainsi pu soigner, opérer et sauver de nombreuses vies grâce à ses talents. Bien sûr, il ne cessait jamais d’apprendre, que ce soit à travers les livres ou en fréquentant des étudiants de médecines. Alors il n’avait peut-être pas de diplôme, il n’avait peut-être pas suivi la voie normale et il pratiquait la médecine illégalement, cela étant, il ne mentait pas quand il disait qu’il était médecin, car c’était le cas.
- Quelque chose ne va pas ? Vous êtes souffrant ? Ce qui expliquerait ce teint cireux et ces traits tirés. Vous le savez, si je peux vous être utile, je le ferais mais, ne le prenez pas mal,… Peut-être serait-il plus sage pour vous de consulter votre médecin de famille… Je suis peut-être médecin mais je vous rappelle que je n’ai absolument aucune autorité en la matière. Rajouta-t-il avant de détourner son regard et de serrer ses mains Une manière pour lui de lui rappeler, ou de lui avouer à demi-mot, qu’il pratiquait sans diplôme. Venir en aide et soulager ceux qui étaient dans le besoin et n’avaient d’autres moyens de se soigner, ne portait pas à conséquence, mais une personne qui avait les moyens et qui avait déjà son propre médecin personnel, ce n’était pas forcément judicieux, à moins de vouloir attirer l’attention sur lui, ce dont, à vrai dire, il n’avait nul besoin.
Michael Nadasdy
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Sujet: Re: L'aube d'un nouveau jour [28/06/42] [Van-Michael] Sam 12 Oct - 18:46
"L'aube d'un nouveau jour"
Van Collins et Michael Nadasdy
Ça alors ! Si Michael s’était attendu à recroiser ce jeune homme.. ! En voilà une belle surprise qui le réjouissait au milieu de tout ce désarroi. Un sourire avait fendu ses lèvres qui s’étiraient joyeusement et bien que calme, le ton de sa voix s’était fait chaleureux et drôlement agréable. Contrairement à ce que pensaient les Hunters, le Lycanthrope était loin d’être un homme violent et lunatique. C’était quelqu’un de calme, qui passait beaucoup de temps à écouter quitte à ne pas parler, qui appréciait la douceur des instants et leur frivolité mais qui évitait de prendre part aux excentricités. Alors certes, il avait agressé Raphaël, prêt à le tuer pour sa nature vampirique. Il avait très peu apprécié qu’on leur cache, à Katherine et à lui-même, que l’un des Hunters soit un véritable ennemi par essence. Il n’aimait pas les mensonges, les cachotteries et son agacement était d’autant plus palpable qu’à ce moment-là, Katherine, insouciante, profitait de sa soirée avec son amant. Le Hongrois s’était donné un objectif depuis maintenant plus d’un siècle. Il protègerait cette femme quoi qu’il puisse arriver et il ne pouvait pas être serein en la laissant dormir non loin d’un Vampire. Qui sait si jamais il se décidait à attaquer en pleine nuit .. ? Ces créatures, à la puissance démesurée, savaient faire preuve d’une immense folie. Sa mâchoire se crispa un instant en y repensant. Que « Son Père » crève la gueule ouverte…
Arrivant à la hauteur du jeune homme, Michael s’amusa un instant de son étrange petite compagnie. Il sourit doucement à ses propos et souffla :
- Contrairement à ce que vous pensez… Il suffit simplement d’avoir du cœur pour en prendre soin. Vous en êtes sûrement plus capable que la plupart des hommes ici.
Michael glissa une main dans ses cheveux qu’il repoussa un peu vers l’arrière. L’humidité les alourdissait et cela le chagrinait un quelque peu mais ce matin-là, ce qui lui serrait un peu plus le cœur ce n’était sûrement pas sa mise, ni son allure, ni même l’image qu’il renvoyait au pauvre médecin. Ce dernier devait sûrement se demander ce qu’il faisait par-là si tôt, n’était-il pas sensé retourner auprès de sa maîtresse ? Haussant les épaules, le majordome regarda l’horizon, se détournant ainsi de la rue qu’avait pris le chaton en fuite.
- Je dirais que cela dépend… Ce chat vit-il correctement ? Répond-il à ses besoins ? Mange-t-il tous les jours ? D’autres ne s’amusent-ils pas à le malmener ? les rues, parfois sources de liberté, peuvent aussi être criminelles… Si cet animal n’a connu que la rue, nul doute qu’il apprécie son mode de vie mais s’il a connu la chaleur d’un foyer et les mains des enfants, ne peut-il pas en ressentir le manque ? A chaque être, une expérience différente…
Il plongea ses yeux de jade dans les siens et écouta son interlocuteur. Liam ne semblait pas être pressé et apparemment il appréciait tout autant sa compagnie. Il était, selon lui, insomniaque et c’était pour cette raison qu’il déambulait de si bonne heure dans les rues de la capitale. Micha hocha la tête, les doigts serrés autour du journal qu’il venait d’acheter.
- Alors voilà qui nous rassemble tous deux. Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil cette nuit. Il afficha un triste sourire. Vous avez raison, profitons un peu. Si cela vous dit, je vous inviterais bien à petit-déjeuner en ma compagnie quand les cafés seront ouverts.
Bien vite, les deux hommes s’enquirent de l’un et l’autre. Allaient-ils bien ? Liam ne paraissait pas avoir de soucis particuliers. Michael, lui, en revanche, n’avait pas le cœur à la fête. Katherine avait tenté de se suicider la veille. Elle avait trouvé le sommeil bien tôt et il l’avait veillé jusqu’à ce qu’il étouffe dans cette chambre et décide de prendre l’air. Il avait chargé Judith de garder un œil sur elle au petit matin et surtout de ne pas la laisser s’approcher d’une arme. Simplement, sans trop vouloir attirer son attention sur son mal, le Hunter répondit à son ami :
- Je vais bien également, merci. Ces dernières semaines ont été mouvementées, je songe à un futur proche plus paisible. Comme beaucoup d’entre nous je suppose.
Pour se donner contenance, l’aristocrate sortit de son manteau une boite à cigares venus tout droit de la Havane et en alluma un pour lui. Poli, il en proposa un au médecin et rangea la boite face à son refus.
- Détrompez-vous… C’est une grandeur d’âme que je n’ai pas.
Il lui offrit un petit clin d’œil complice et tira sur son rouleau de feuilles. La fumée s’engouffra immédiatement dans sa bouche, enrobant sa langue et s’enroula autour de ses poumons. Lorsqu’il la recracha, son corps se sentit soudainement plus léger et apaisé. Le tabac avait cela de bon, il allégeait son cœur et calmait sa nervosité. Avec tout ce qu’il vivait auprès de Katherine, c’était un miracle qu’il ne se soit pas encore noyé dans l’alcool.
- Vous avez raison. Tenez, je vous propose une chose. Échangeons nos adresses si vous le voulez bien afin que nous puissions garder contact. Nous aurions très bien pu ne plus jamais nous revoir et le réaliser me porte un coup au cœur je dois bien l’avouer. Il sortit alors d’un poche intérieur un crayon, écrivit sur le journal qu’il tenait et en arracha un bout pour le tendre à Liam. Voici mon adresse. Je vous en prie, venez quand bon vous semble je saurais trouver un moment.
La discussion prit une nouvelle tournure lorsque Michael demanda confirmation à propos de son activité. Il se rappelait d’avoir discuté un peu de médecine à ses côtés, en tout cas d’être au courant de ses activités. Et c’est en réalisant soudainement qu’il pouvait l’aider qu’il posa la question. Cela prit au dépourvu son interlocuteur. Il sentit son hésitation, ses questions silencieuses qui le bouleversaient et brusquement le Hongrois se mit à rougir. Avait-il été trop direct ? les yeux de Liam le transperçaient comme mille petites aiguilles. Son cœur s’emballa. Au fond, était-il raisonnable de se livrer sur ses tourments ? Sentant la perplexité du majordome, le médecin continua. Il le questionna sur son état de santé, à plusieurs reprises, avant de le rediriger vers un médecin officiel, qui avait suivi, de toutes évidences, les études appropriées et avait obtenu son diplôme dans les règles de l’art. L’entendre prendre autant de précautions à ce sujet rassura Michael. Liam était honnête et fiable. Il pouvait lui faire confiance et pour rien au monde il n’en aurait parlé à un autre médecin que lui.
- Oh non, ne vous en faites pas, je vais bien. Ce… Ce n’est pas pour moi que je vous demande cela. J’entends votre inquiétude et vos raisons mais il m’est impossible de faire appel à notre médecin. Un peu mal à l’aise, il tira à nouveau sur son cigare puis évita son regard. Il s’appuya contre le pont, les mains sur la barrière et scruta l’horizon qui s’éclaircissait. Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais… Je vous ai dit que je travaillais pour quelqu’un. Une jeune femme à vrai dire. Et elle est souffrante. Il secoua la tête, perplexe puis riva ses yeux dans les siens. C’est plus compliqué que ça. Je l’aurais fait si les circonstances avaient été autres. Ce n'est pas l'autorité que je recherche mais vos compétences et je sais, que je peux vous faire confiance. Visiblement, Michael était mal à l’aise. Il ne savait pas s’il pouvait l’embêter avec de telles histoires ni même s’il accepterait de l’aider en apprenant ce qui se tramait. Il ne voulait pas non plus que Liam pense qu’il s’adressait à lui seulement pour requérir son aide précieuse. Sa main gantée se crispa. Il soupira.
- Ma Dame est une aristocrate. Sa réputation est déjà suffisamment… Enfin, il se coupa, le cœur en berne. Elle est rongée par un grand mal intérieur et j’aimerai que vous l’aidiez. Hier matin, elle a attenté à sa vie. Ce n’est pas la première fois, je me sens impuissant.
Ses yeux brillaient désormais d’un nouvel éclat. Un petit sourire, triste mais plein d’espoir, se dessina sur ses lèvres.
- Pourtant elle aime la vie. Je le sais. Je dois lutter pour elle, pour qu’elle n’abandonne pas ce qu’elle chérit tant. Je ne sais pas si vous pourrez faire grand-chose mais j’ose espérer qu’elle vous entendra. Mes mots ne sont plus suffisants et n’arrivent plus à la sortir du néant.
D’un regard entendu, Michael invita son ami à marcher à ses côtés. C’était toujours difficile pour lui de rester statique lorsqu’il expliquait des choses douloureuses. Il avait besoin d’évacuer sa nervosité et il le faisait en se promenant. Il arrangea un instant sa mise et posa à nouveau ses yeux sur lui :
- Il y a autre chose. Je crains qu’elle n’en garde des séquelles physiques. Seriez-vous prêt à l’ausculter ? Ne vous sentez pas obligé, loin de là. Hm... C'est à une petite heure à pied d'ici...
Ses yeux attendaient son accord. Il ne voulait pas l’entraîner dans une histoire qui pourrait s’avérer embêtante mais il ne connaissait personne de mieux désigner que lui pour l’aider. Ses pas résonnaient dans la rue qu’ils traversaient. Ses chaussures étaient pourvues de légères talonnettes qui faisaient sûrement son effet dans les salles d’un manoir mais juraient étrangement dans les couloirs urbains de la ville.
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Van Collins
Citoyen habitué
Nombre de messages : 212 Date d'inscription : 03/09/2013 Race : Alchimiste libre Classe sociale : ouvrière Emploi/loisirs : Medecin au noir /l'Alchimie Age : 24 ans Age (apparence) : Il fait son âge Crédit Avatar : Inconnu, image récupéré sur Pinterest
Sujet: Re: L'aube d'un nouveau jour [28/06/42] [Van-Michael] Ven 18 Oct - 22:25
Le ciel était en feu désormais, il n’avait suffit que de quelques minutes pour que le ciel nocturne se fasse de plus en plus grignoter par la lueur de l’aube naissante, faisant disparaître peu à peu, avec lui, les ombres inquiétantes de la nuit. Bien qu’on était encore loin d’y voir comme en plein jour, Van se fendit d’un sourire mélancolique sur le visage, qui, il l’espérait après en avoir pris conscience, avait pu être dissimulé par les ombres encore bien présentent. Avoir du coeur… C’était étrange d’entendre ces mots pour parler de lui, car pour être honnête, ça n’avait pas toujours été le cas le concernant. Pendant de nombreuses années, il en avait même été dépourvu, mais aujourd’hui, en effet, il s’y employait, à retrouver cet enfant généreux et soucieux des autres qu’il avait été avant que les mines ne le brise totalement. C’était agréable d’être vu de la sorte, même si au fond de lui, il savait que c’était très loin d’être vrai. Sa part de ténèbre était toujours là, en lui, bien dissimulée, mais elle était toujours là. Il était loin d’avoir autant de coeur que Michael le pensait. S’il avait choisi de venir en aide à ceux qui en avait besoin n’était-ce pas avant tout pour lui ? Pour tenter de se racheter une conduite pour toutes les souffrances qu’il avait causé ces dernières années ? S’il agissait ainsi n’était-ce pas avant tout pour lui-même ? Pour tenter de trouver le chemin qui menait à la rédemption, si tant est que ce fut possible. Quand il entendait ces gentillesses qu’il ne méritait pas, il avait l’impression d’être un imposteur qui trompait son monde, et dans le fond, n’était-ce pas ce qu’il était réellement ? Cela étant, toute considération faite sur ce qu’il était ou n’était pas, cela n’avait rien à voir avec son refus de prendre un petit animal avec lui. Pour l’avoir vécu pendant trop longtemps, il ne savait que trop ce que cela signifiait d’avoir un maître et d’être privé de liberté, et il ne voulait imposer cela à personne. C’était une réaction psychologique qui n’avait rien de physique, il en avait parfaitement conscience et pourtant, à chaque fois qu’il repensait aux mines, il pouvait sentir les cicatrices de son dos le brûler. Et puis prendre un animal avec lui, lui offrir un foyer, c’était une responsabilité qu’il ne se sentait pas capable de prendre, parce qu’il avait parfaitement conscience qu’il pouvait disparaître à tout moment, du jour au lendemain. Abandonner une nouvelle fois un petit être qui avait appris à vous faire confiance et avait besoin de vous pour survivre, même involontairement, était un acte bien trop cruel à ses yeux pour qu’il s’autorise à en recueillir un uniquement pour briser sa solitude. Non décidément c’était quelque chose à laquelle il ne pouvait se résoudre.
- Vous n’avez pas tort, reconnut-il dans un sourire désabusé. Cela donne matière à réfléchir, je vous le concède
Van voulait bien reconnaître que Michael n’avait pas tort. Si un animal sauvage se retrouvait privé de la liberté qui avait été si souvent la sienne, il serait incontestablement malheureux coincé entre quatre murs, où du moins l’adaptation serait longue et difficile pour lui avant d’être domestiqué. A contrario, un animal qui avait toujours connu la douceur d’un foyer et qui s’en retrouvait soudainement privé, à la merci de la rue, serait tout aussi malheureux riche de cette liberté qu’il n’avait pas demandé. Seuls les plus forts et les plus débrouillards finiraient par s’adapter et survivre. Les autres … n’auraient pas cette chance. Dans le fond, les chats, les chiens, c’était un peu comme l’espèce humaine, il y avait les faibles et il y avait les forts. Ceux que l’on écrasait et ceux qui dominaient. Tournant son visage vers la droite, son regard se perdit pendant un court instant dans la ruelle que le petit chaton avait emprunté un peu plus tôt. Qu’il survive dans la rue ou qu’il trouve quelqu’un capable de s’occuper de lui, peu importait, mais Van souhaitait à cet animal de parvenir à s’en sortir. Ce ne serait juste pas avec lui.
Glissant son regard olive en direction de son infortuné ami, Van l’écouta en silence. S’il ne disait mot, il analysait tout ce que lui révélait Michael. Prétendre qu’il était insomniaque était une demi-vérité. Il avait choisi de devenir un noctambule parce que c’était beaucoup plus facile pour lui de passer inaperçu sous couvert de l’obscurité qu’en plein jour au milieu d’une foule hétéroclite et compact. Dans les rues désertées, il pouvait garder un oeil sur tout ce qui l’environnait alors qu’en pleine journée c’était quasi impossible d’avoir les yeux partout. En pleine journée, il devait redoubler de vigilance car n’importe qui pouvait le reconnaître. Bien sur, cela ne voulait pas dire qu’il ne sortait jamais à la lumière du soleil, en hiver c’était même plus facile pour lui car il pouvait dissimuler une partie de son visage en s’enroulant dans une écharpe bien chaude qui le protégeait du froid, mais en été ce n’était pas possible d’user d’un tel subterfuge alors, il y avait des horaires durant lesquelles il préférait éviter de mettre le nez dehors, sauf s’il n’avait évidemment pas le choix. Cependant, entendre Michael lui avouer qu’il avait peiné à trouver le sommeil était des plus révélateur. Il n’avait pas la prétention de le connaître mais la première fois qu’il l’avait rencontré, il avait fait la connaissance d’un homme qui ne paraissait pas avoir de problème, un homme qui paraissait même heureux…. Aujourd’hui, il avait beau faire bonne figure, Van voyait bien qu’une profonde tristesse l’habitait, qu’il portait un poids sur ses épaules qui paraissait l’écraser. Le fait qu’il ne soit pas parvenu à trouver le sommeil de son propre aveu, ne faisait que renforcer ce sentiment que quelque chose le tourmentait. Sans trop en dire sur le mal qui le rongeait, Michael lui avoua cependant qu’il attendait des lendemains plus paisibles. Van n’avait rien répondu à cela, se contentant de fixer l’horizon alors que la bise soulevait légèrement ses cheveux qui avaient un peu poussé depuis la dernière fois qu’il s’étaient croisés. Des lendemains paisibles…. Il n’y avait pas de futur pour un homme comme lui, alors autant profiter du moment présent. A chaque jour suffisait sa peine…. Par le passé, Van était un homme qui planifiait absolument tout : ses vengeances, ses prétendues amitiés, son travail, son plan de carrière…. Rien n’était laissé au hasard et tout était programmé avec une précision d’horloger. Depuis qu’il avait changé de vie et d’identité, il se contentait simplement de regarder le soleil se lever, conscient de la chance qu’était la sienne de pouvoir voir une nouvelle journée débuter, en toute liberté. Et quoi de mieux que de la débuter en compagnie d’une personne qui appréciait votre compagnie ?
S’il accepta avec plaisir l’offre de Michael de prendre un café dès que les heures seraient plus propices à l’ouverture des commerces, Van déclina sa proposition lorsqu’il lui proposa un cigare par politesse alors que lui-même s’en choisissait un. Ce fut donc en solitaire que Michael savoura sa petite addiction, pendant que l’odeur de tabac qui s’en échappait ramenait Van à un passé qui lui paraissait appartenir à une autre vie et qui pourtant n’était pas si lointain. Le cigare et ses veloutes le ramenait auprès de Brain, son maître qui avait toujours cette odeur très forte sur lui, mais également au salon des alchimistes, qui aimaient s’y retrouver pour pérorer sur leurs actes qui s’avéraient en règle général bien moins héroïques que ce qu’ils prétendaient ou pour jacasser comme les imbéciles qu’ils étaient. Peu d’hommes réellement intéressants fréquentaient ces fumoirs pourtant Van s’y rendait régulièrement, car il y avait toujours quelque chose à en tirer, et c’était bon pour son image. Se remémorer ce genre de souvenir le ramenait forcément à celui qu’il était jadis, mais également à ses actes et leurs motifs. Tout ceci appartenait à une existence passée auquel il lui déplaisait de penser et qui pourtant restait malgré lui très vivace dans son esprit. Il ne se passait pas un jour sans qu’il n’y pense. C’est que les regrets étaient nombreux. Ce fut la voix de Michael qui le ramena à la réalité et qui l’extirpa des souvenirs de son passé. Avait-il bien compris ce qu’il venait de dire ? Les paroles prononcés étaient belles et bien entrées dans ses oreilles mais elles avaient mises un peu de temps à atteindre son cerveau. Décidément cet homme était dotée d’une personnalité aimable et douce. Van ne doutait pas de la sincérité de ses mots, malgré tout il avait du mal à imaginer que quelqu’un soit en peine de ne plus avoir l’occasion de recroiser sa route. Si le hasard ne les avait pas réunis sur ce pont aujourd’hui, tout deux auraient poursuivis leurs chemins sans penser à l’un ou à l’autre. Peut-être aurait-il un beau jour songé à lui, comme un bon souvenir. Il était cependant d’accord avec lui, vu que le destin les avait à nouveau réuni, autant essayer cette fois-ci de ne plus se perdre de vu. Sans réellement réfléchir, Van pris le bout de journal sur lequel Michael venait de griffonner son adresse d’une écriture fine et élégante. Il la lu avant de relever son regard sur celui qui attendait à présent qu’il fasse exactement la même chose en retour… sauf qu’il ne pouvait pas.
- Vous donner mon adresse actuelle serait inutile. Je ne reste jamais longtemps à la même place, mais ainsi je saurais où vous trouver.
Il pouvait deviner la déception dans le regard de Michael, ou peut-être interprétait-il mal ce regard, peut-être, et il était tout à fait en droit de le penser, s’imaginait-il qu’il ne lui faisait pas suffisamment confiance pour lui transmettre à son tour son adresse.
- Mais… si jamais vous avez besoin de moi, vous pourrez laisser un message à l’Antre des anges. N’y venez que si c’est réellement important, je ne pense pas que la personne qui tient cet endroit apprécierait beaucoup que je me serve de son établissement pour réceptionner mon courrier ou faire passer des messages.
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres en songeant à Azami la divine, à leurs échanges, à leurs étreintes enflammées… Pour sur elle n’apprécierait pas, et il ne pourrait même pas l’en blâmer. Elle aurait raison de s’insurger et de se mettre en colère, toutefois, il savait aussi que si c’était exceptionnel et important, elle pourrait fermer les yeux… A condition que cela ne devienne pas une mauvaise habitude
- J’insiste vraiment. Si je vous parle de cet endroit c’est parce que je vous fais confiance, alors, ne le faite qu’en extrême nécessité.
Glissant le morceau de papier sur lequel Michael avait écrit son adresse dans la poche de sa veste, il releva un regard surprit sur son ami lorsque ce dernier formula une question en lien avec ses activités. Van Collins avait été alchimiste d’État, mais cet homme était mort aujourd’hui et Liam Cooper avait prit sa place. Alors, oui, ce n’était pas mentir que de prétendre qu’il était médecin désormais. Pas un médecin comme on l’entendait avec leurs diplômes, leurs cols blancs, leurs chapeaux haut de forme, leur petit nécessaire de médecine soigneusement rangés dans leurs mallettes, leurs bureaux ou encore leurs belles voitures et leurs belles maisons. Non, Van était différent de ces médecins. Pour commencer il n’avait pas de bureau, et surtout, il soignait ceux qui n’avaient pas les moyens de faire appel à un véritable homme de médecine et qui malheureusement mettaient bien trop souvent leurs santés et même leurs vies, aux mains de charlatans sans scrupules. Venir en aide à ceux qui en avait le plus besoin mais qui n’en n’avaient pas les moyens, c’était ça, le chemin de la rédemption qu’il avait choisi d’emprunter. Au lieu de prendre des vies, il essayait désormais d’en sauver, quitte pour cela, à pratiquer la médecine de manière illégale. Il n’avait aucun diplôme toutefois il savait très bien ce qu’il faisait, il en faisait même beaucoup plus que ce qu’on attendait d’un médecin. Van était un de ces hommes qui pratiquait la médecine comme il l’entendait quitte à s’opposer aux lois stupides et rigides qui régissaient leur pays à l’image de ces lois contre l’avortement, prises par des personnes qui n’étaient pas confrontés à leurs réalités et ne le seraient jamais. Comme il l’avait déjà expliqué à Azami, Van se retrouvait dans un courant de pensée que l’on appelait communément « néomalthusien ». Selon eux, la loi contre l'avortement était aussi absurde que l'abstinence. Les femmes devaient pouvoir agir sur leur corps comme elles l'entendaient. De plus, il y avait assez d'enfants malheureux dans leurs rues, il était inutile de leur donner la vie si c’était pour les sacrifier juste ensuite en les regardant mourir de faim, devenir de la chair à canon, ou en les transformant en une main d’oeuvre bon marché pour l'exploitation patronale de ces maudits bourgeois. Loin de dissuader les femmes d’avoir recours à l’avortement, cette loi ne faisait que les contraindre à se tourner vers n’importe qui en mesure de les délivrer. Se faisant, elles risquaient leurs libertés et leurs vies en confiant leur sort à des personnes peu scrupuleuses. Les véritables médecins ne s’aventuraient pas à défier la loi, ils avaient bien trop à perdre et les rares qui acceptaient étaient ceux qu’une prostituée n’aurait jamais les moyens de s’offrir. Alors il y avait tous ces charlatans et autres bonimenteurs. Il y avait des femmes aussi parfois. Tous prétendaient être capables de les délivrer, et en cas d’échec, ils revendaient le corps des défuntes à des étudiants en médecine, pour s’en débarrasser en toute impunité, sans s’attirer de problème. Double bénéfice…
En un an, Van était parvenu à se forger une solide réputation, celle d’un médecin de confiance et généreux, mais ce genre de réputation avait également son revers de la médaille. Il faisait de l’ombre aux arnaqueurs et ses prouesses ne lui valaient pas que des amis…. En écoutant Michael parler de la jeune femme pour qui il travaillait, Van s’était demandé si ce n’était justement pas pour ses talents en la matière qu’il avait commencé à lui poser des questions sur ses activités professionnelles. Il parlait à demi mot, de « réputation », de son « impossibilité à faire appel à leur médecin de famille ». Van voyait bien qu’il était mal à l’aise, mais surtout qu’il était profondément inquiet pour sa jeune protégée. Si Van avait un instant pensé que la dame en question avait accordé ses faveurs à une personne qui ne les méritaient pas et portait désormais en son sein le fruit de leur péchés, il découvrit rapidement qu’il n’en n’était rien et la stupeur se lu dans son regard lorsqu’il découvrit que la jeune femme avait attenté à ses jours, pas une fois mais déjà plusieurs. Il comprenait mieux pourquoi le médecin de famille ne pouvait pas être mis dans la confidence au vu du scandale que cela aurait pu provoquer si cela venait à se savoir. Toutefois, il ne voyait vraiment pas pourquoi elle écouterait un illustre inconnu plutôt que l’un de ses proches. De plus, le jeune médecin n’avait pas réellement envie de se frayer un chemin vers les gens de la haute, il craignait à juste titre, que cela attire l’attention sur lui et par conséquent plus d’ennuis qu’il n’en n’avait déjà. De plus, il n’avait guère de sympathie pour cette petite aristocrate gâtée par la vie qui vivait dans le luxe et l’opulence grâce à l’exploitation des masses populaires. Comment pouvait-on vouloir mettre fin à ses jours quand on avait tout ? C’était un manque de respect envers tous ceux qui luttaient chaque jour pour survivre dans cette vie de misère qu’était la leur au quotidien. Le genre de personne qu’il méprisait mais Van se garda bien de partager ses véritables pensées, Michael n’avait pas besoin d’entendre ça, il était suffisamment meurtri par toute cette histoire, et s’il y avait bien une chose qu’il ne souhaitait pas, c’était de le blesser. Peut-être son ami s’en voulait-il de n’avoir rien pu faire pour l’empêcher de commettre cette folie. Posant un main réconfortante sur le bras de son ami, il chercha le regard de celui-ci
- Quoi qu’il se soit passé, vous n’y êtes pour rien. Vous m’entendez ? Ce n’est pas de votre faute.
Van voyait bien que l’homme qui se tenait face à lui était rongé par l’inquiétude, le chagrin et, le pensa-t-il, un soupçon de culpabilité. Plus que le médecin, l’ami voulait avant tout qu’il comprenne bien qu’il n’avait rien à se reprocher. Il n’était certes pas présent au moment des faits et ignorait tout des conditions dans lesquelles s’était déroulé ce drame mais il savait que les proches étaient souvent rongés par un sentiment de culpabilité et d’impuissance.
- Ce qui compte c’est que vous soyez là pour elle maintenant, et puis, en ce qui concerne votre jeune protégée, je dirais que c’est plutôt un appel à l’aide qu’une réelle envie d’en finir. Je veux bien venir avec vous si vous pensez qu’elle me laissera l’ausculter. Pensez-vous que ça ne posera pas de problème ? Ni avec sa famille ?
Pour sa part, il en doutait fort. Il était jeune, ce qui pouvait laisser entendre qu’il était inexpérimenté et il était évident qu’il n’appartenait pas à leur caste social. Il n’avait certes rien d’un mendiant, mais ses vêtements n’avaient clairement pas été conçu dans les étoffes les plus fines et délicates du royaume. En temps normal, Van aurait décliné cette invitation. A dire vrai, il se contre fichait un peu du sort de cette pauvre petite fille riche. S’il voulait bien apporter son aide à cette personne, si tant est qu’on l’y autorisait, ce n’était certainement pas pour elle mais par amitié pour Michael. Son ami avait été terriblement marqué par l’acte inconsidéré de sa protégée et si ça pouvait le rassurer ne serait-ce qu’un peu, alors il n’y avait pas à hésiter.
- Montrez moi le chemin, l’invita-t-il. Je vous suis.