InvitéInvité |  Sujet: Trois notes de musique et un problème. (Transition)  Mar 4 Sep - 13:09 | |
| La nuit venait à peine de tomber sur Londres, recouvrant la ville d'un épais voile d'un noir d'encre. Pourtant, Wynn était éveillé depuis plusieurs heures déjà. Sa chambre était plongée dans une obscurité quasi totale à cause des lourds rideaux sombres qui calfeutraient les fenêtres. Seule une bougie posée sur son bureau éclairait faiblement l'énorme pile de feuille qu'il avait à côté de lui. Cette faible lueur vacillante lui suffisait pour écrire, et sa plume s'agitait rapidement à la surface du papier. Il aurait bientôt terminé la commande du Comte... Plus que le final, et il pourrait tracer la double barre de mesure qui faisait office de point de conclusion sur une partition.
Le vampire avait su mettre toute sa rancoeur de côté pour terminer à temps son oeuvre. Rien ne pouvait interférer avec sa musique, et il aurait pu haïr l'aristocrate de tout son coeur qu'il serait quand même allé au bout de son écriture. Ce final serait grandiose, et l'on s'émerveillerait devant la richesse orchestrale d'une pièce romantique ambitieuse et pleine de puissance. Wynn n'en avait pas l'air, avec son caractère renfrogné et solitaire, mais il aimait autant la démesure en musique que la virtuosité d'un soliste.
Il était un peu plus de onze heures, et trois coups furent frappés à la porte. Wynn venait tout juste d'achever la plus longue partition de sa «carrière» de musicien. Ramassant les feuilles soigneusement rangées, il descendit ouvrir la porte et tandis à Maria le lourd porte document. Elle pourrait ajouter à cela l'ouverture que Wynn avait déjà rendu. Ils n'échangèrent pas un mot, juste un bref hochement de tête, puis le vampire referma la porte du manoir.
Il poussa un profond soupir en se passant une main dans les cheveux. Une bonne chose de faite, mais il lui en restait une, bien plus ingrate et inconvenante. Comment diable allait-il éduquer un vampire dont il ne savait rien, qui feulait et crachait au moindre mot et qui semblait prendre un malin plaisir à l'énerver? Il allait devoir prendre Elizabeth avec des pincettes, et ce ne serait pas une partie de plaisir. Wynn retournait la question dans tous les sens depuis la veille, mais il avait beau chercher, il ne voyait pas d'issue. Si la jeune femme ne se montrait pas un peu docile, il n'en tirerait rien, même avec beaucoup de bonne volonté. Que pouvait-il lui apprendre...? Après tout, chaque vampire était différent, et tout deux l'étaient particulièrement. Wynn n'était pas idiot et avait bien comprit que limer les crocs d'Elizabeth sur les pavés ne ferait que renforcer son animosité à son égard. D'autant qu'il avait interdiction de lui faire quoi que ce soit... Elle était bien bonne, celle là! Si la furie décidait de le poignarder dans le dos, il n'avait pas l'intention de se laisser faire sans rien dire, quitte à devoir finir emmuré par la suite. Pourtant, cette menace qui pesait au dessus de sa tête l'inquiétait plus qu'il ne voulait l'admettre. Le Comte espérait-il que la patience de Wynn aurait raison du tempérament furieux d'Elizabeth? Le violoncelliste n'aimait pas particulièrement qu'on joue avec ses nerfs, et les évènements de la soirée passée ne l'aidait pas vraiment à changer son attitude de vampire solitaire. Il n'avait jamais éduqué qui que ce soit... Il se souvenait juste de la manière quelque peu musclée dont s'était passé son entrainement. Il allait devoir user d'autres méthodes mais lesquelles?
Il soupira de nouveau. Les nuits prochaines promettaient d'être intéressantes mais aussi très fatigantes. Une fois qu'il serait débarrassé de tout ça, il rendrait au Comte sa précieuse petite furie et ne serait certainement pas fâché de cela! Bien sûr, s'il avait été un peu plus sournois, Wynn aurait pu chercher à aiguiller Elizabeth sur un autre chemin pour la pousser à se retourner contre l'aristocrate. Mais c'était ainsi, malgré tout son manque de motivation, Wynn s'en tenait toujours à ce qu'on lui demandait, et il n'avait aucun intérêt à faire cela. Elizabeth n'avait pas l'air idiote, elle devait probablement savoir où étaient ses intérêts.
Des coups secs frappés au carreau du salon attirèrent l'attention du vampire, qui s'en approcha pour ouvrir la fenêtre. Un gros corbeau noir entra dans la pièce en croassant, et alla se poser sur le rebord de la cheminée. Un sourire vint éclairer le visage de Wynn. Son animal de sang était probablement la pouvoir le plus utile qu'il possédait. C'était un oiseau commun dans cette ville, qui pouvait facilement passer inaperçu. Peu après son départ de la ruelle, où il avait laissé le Comte et Elizabeth, Wynn avait laissé l'animal suivre la jeune femme, loin au dessus d'elle. C'était un pouvoir qu'il ne lui avait pas dévoilé, et elle était sûrement trop jeune pour avoir sentit son aura sur l'oiseau. Elle pensait certainement pouvoir se cacher et se faire oublier, mais le vampire ne l'entendait pas de cette façon. Le corbeau l'avait suivit jusque chez elle, puis était venu retrouver son maître. Celui-ci lui remit une minuscule lettre, sur laquelle n'était écrit que deux mots: Suzanne's Park. C'était un lieu suffisamment peu fréquentés pour qu'ils puissent y discuter tranquillement. Et il était suffisamment à l'abandon pour que personne ne soit alerté au cas où les vampires décideraient de se battre encore une fois... Ce qui ne faisait pas partie des projets de Wynn. Il n'avait pas l'intention de la laisser l'énerver une fois de plus. Il devrait prendre sur lui, mais il finirait bien par être totalement blasé de son attitude envers lui. Elle le haïssait? Soit. C'était son droit. Et songeant à cela, le vampire serra les dents. Il avait prit l'habitude de ne se soucier de rien ni de personne, mais elle l'avait poussée à bout, avait tant jouer avec ses nerfs qu'il l'avait sentie, cette haine. Elle était bien loin de la haine qu'il portait au vampire qui l'avait transformé, mais il ne parvenait pas à rester totalement indifférent face à Elizabeth. Elle l'exaspérait rien qu'en ouvrant la bouche, et cette situation semblait beaucoup lui plaire.
Wynn relâcha l'oiseau par la fenêtre et remonta dans sa chambre. La bête avait pour mission de laisser le pli dans un endroit où la jeune femme pourrait le trouver, mais sans pour autant dévoiler sa présence. Wynn tenait à garder l'existence de son animal de sang pour lui. Une fois dans sa chambre, il se changea, prêt à sortir. Il avait jeté la chemise maculée de sang qu'il portait la veille, ainsi que sa veste sombre. Enfilant son long manteau noir accroché à une patère dans l'entrée, le violoncelliste quitta son manoir pour la nuit londonienne. Préférant pour une fois la marche, il garda sa forme humaine et se dirigea vers le parc, espérant qu'Elizabeth viendrait l'y rejoindre. C'était dans son intérêt, de toute manière, et Wynn avait aussi choisit ce lieu pour éviter d'avoir à la convier directement chez lui.(Suite à Suzanne's Park: Dans l'ombre du vampire demeure la rancoeur) |
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